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Full text of "BdE 20.1 Alliot, Maurice - Le culte d'Horus à Edfou au temps des Ptolémées (1949)"

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20-1 


INSTITUT 

FRANÇAIS 

Archéologie 

ORIENTALE 


7391-1 

20-1 

INSTITUT FRANÇAIS D’ARCHÉOLOGIE ORIENTALE 
BIBLIOTHÈQUE D’ÉTUDE, TOME XX, PREMIER FASCICULE 


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LE CULTE D’HORUS À EDFOU 

AU TEMPS DES PTOLÉMÉES 

PAR 

MAURICE ALLIOT 

PROFESSEUR À LA FACULTE DES LETTRES DE LYON 



LE CAIRE 

IMPRIMERIE DE L’INSTITUT FRANÇAIS 

D’ARCHÉOLOGIE ORIENTALE 


LE CAIRE 
1949 


MCMXL1X 





BIBLIOTHÈQUE D’ÉTUDE 


TOME VINGTIÈME 
(PREMIER FASCICULE) 


INSTITUT FRANÇAIS D’ARCHÉOLOGIE ORIENTALE 
BIBLIOTHÈQUE D’ÉTUDE, TOME XX, PREMIER FASCICULE 


7391 1 
20 1 


LE CULTE D’HORUS À EDFOU 

AU TEMPS DES PTOLÉMÉES 

PAR 

MAURICE ALLIOT 

PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE LYON 



LE CAIRE 

IMPRIMERIE DE L’INSTITUT FRANÇAIS 

D’ARCHÉOLOGIE ORIENTALE 


MCMXL1X 



A 

ÉTIENNE DRIOTON 
Pierre LACAU 
Gustave LEFEBVRE 


HISTORIENS DE LA VIE RELIGIEUSE 
DANS L’ÉGYPTE ANCIENNE 


1 




INTRODUCTION. 


Bien des travaux, en matière de religion égyptienne, ont été con- 
sacrés à l’étude d’une seule divinité. La direction nécessaire de ces re- 
cherches dépend de la nature et de l’étendue des documents parvenus 
jusqu’à nous. Souvent, on ne peut qu'orienter l’examen dans le sens le 
plus général : on réunit et compare tout ce qui concerne tel ou tel 
dieu, du point de vue de la croyance et du point de vue du culte, en 
tous lieux d’Égypte et à toutes époques de son histoire. En d’autres 

cas, des textes plus explicites ont permis de se cantonner dans le do- 

maine théologique, mais non pour un seul lieu et pour un temps déter- 
miné. D’autre part, certains ont mis en valeur chez les Egyptiens le 
rôle social et instinctif que jouent les usages du culte, quand on les 
compare aux aspects raisonnés de la foi. On a alors examiné le service 

divin en général : l’unification relative du culte journalier, à partir 

d’une certaine époque, a permis de se placer sous cet angle quand 
les documents retrouvés en ont fourni l’occasion. Inversemeiit, d’autres 
ont étudié une face unique du service rendu à une divinité : diverses 
fêtes ont été examinées en elles-mêmes, dans la mesure où des scènes 
gravées aux murs des temples en ont conservé le souvenir. Mais ces 
représentations ne donnent qu’une image passagère des rapports qui 
joignent prêtres et fidèles au dieu dont ils accompagnent en. ces 
jours l’image. 

Les présentes recherches se placent sous un angle d’examen différent. 
H s’agit de tirer des scènes et des textes gravés sur les murs d’un, seul 


temple un tableau d’ensemble du culte rendu à la divinité maîtresse du 
lieu saint. 

Du point de vue du lieu, chacun de ces documents est presque 
toujours gravé en la place même qui vit se dérouler les cérémonies dont 
il atteste l’existence. 

Du point de vue du temps, les architectes qui aménagèrent la 
construction en raison des rites qu’elle abriterait, les décorateurs qui 
choisirent les scènes destinées à couvrir la pierre, les écrivains qui 
établirent les textes dans la forme que leur mise en place exigeait, 
vivaient a lepoque même où l’on rendait ce culte. Ils appartenaient 
au milieu même des prêtres chargés de ces cérémonies. 

Une telle étude réclame des conditions réunies dans l’Égypte ancienne 
à un seul moment de son histoiré : la période ptolémaïque, la 
plus récente de celles où le pays vivait selon ses usages religieux 
particuliers. Les rois macédoniens et leur entourage, au sortir de la 
domination persane, sont une fois de plus des étrangers. Mais ils ne 
régnent que sur la seule Égypte; ils ont la volonté, dans leur intérêt 
bien compris, d adapter leur gouvernement aux mœurs de leurs nou- 
veaux sujets. L attachement aux dieux du pays est toujours aussi profond 
parmi ceux qui habitent les champs et les bourgs. Les clergés locaux sont 
plus que jamais puissants; leur influence s’accroît même, au m e siècle 
avant J.-C., entre autres raisons parce que leurs rapports avec la 
royauté et ses conseils ont évolué. Ils représentent de plus en plus à 
eux seuls la tradition. En contact immédiat avec la masse du peuple, 
ils concentrent sur les dieux qu’ils servent une dévotion qui ne s’étend 
plus guere a la personne royale. Dans le même sens, les représentations 
cultuelles couvrent désormais les parois des temples, sans mélange 
de scènes à la gloire exclusive du roi. Celte mise en œuvre devient 
de plus en plus explicite, en des «registres» multipliés. Des formules 
plus longues, tirées des recueils sacrés, les accompagnent. On groupe 


XI 


souvent les tableaux gravés en un même lieu suivant un ordre systé- 
matique. Ainsi apparaissent, parlant aux yeux, les points principaux des 
cérémonies telles qu elles s’ordonnaient dans leur réalité vivante. On va 
plus loin : on intercale parmi les scènes sacrées, on grave même sur des 
surfaces réservées à eux seuls, des formulaires choisis pris dans les livres 
ce're'moniaux en usage au temple. Ce sont des guides : ils remplacent ce 
que le ciseau du sculpteur n’a pu rendre visible, faute de place. 

Parmi d’autres sanctuaires rebâtis à neuf au temps des Ptolémées ou 
des empereurs de Rome, celui d’Edfou est capable de faire revivre 
une part très importante des rites qui se déroulaient chaque jour, chaque 
mois, chaque année, à l’intérieur de ses murs comme dans son 
terrain sacré ou plus loin encore. Le temple d’Edfou est le mieux con- 
servé de tous les grands édifices antiques de l’Égvpte. Du point de vue 
qui est le nôtre, il présente encore une supériorité particulière. Seul 
de tous les temples renouvelés aux temps ptolémaïques, il possède 
intact, autour de son naos proprement dit, le mur de pierre qui l’entoure 
et vient s’appuyer aux deux ailes de son pylône. Grâce à ce mur, à la 
riche complexité de la décoration qui couvre ses deux faces, il est pos- 
sible de reconstituer deux des plus grandes fêtes annuelles de la liturgie 
d’Edfou. Le calendrier même de cette liturgie, c’est encore lui qui nous 
l’a transmis, dans l’embrasure et au montant d’une de ses portes. 

Les textes et scènes qui revêtent toutes les parois, intérieures et 
extérieures, de ce temple forment l’un des plus grands ensembles de 
matériaux utilisables, dans le domaine de la religion ancienne du pays. 
A l’intérieur de cette masse, beaucoup trop abondante pour une seule 
étude détaillée, je n'ai voulu me servir qpe de ce qui est son noyau 
central, et concerne le culte d’Horus à Edfou. 

Il ne s agit que du culte. J’ai donc éliminé tout ce qui a trait à la 
croyance raisonnée, c’est-à-dire au dogme, à la «théologie d’Horus». 
11 est évident que les textes mis en œuvre ici, et d’autres laissés de côté, 


B. 


XII 


fournissent beaucoup d’enseignements en matière de foi. Comment les 
prêtres d’Edfou ont-ils conçu la nature d’un dieu suprême, ses rap- 
ports avec les autres puissances divines ou le monde matériel, son 
action sur lame des hommes qui croient en lui? Cette recherche, 
si on l’entreprenait, ne pourrait se borner à l’examen des croyances 
locales : elles ne sont pas particulières à Edfou, à l’origine. Elles sont 
au contraire communes à tout un groupe de lieux saints voués au culte 
du dieu Bhdti ou Mini, associé à Râ-Harakhthès. Mais le travail plus 
récent de la pensée théologique donna à la divinité locale d'Edfou une 
physionomie très particulière. Ces faits doivent être l’objet d’une autre 
recherche, toute différente de celle que j’ai entreprise. 

Il ne s’agit que du culte d’Horas, possesseur du domaine sacré d’Edfou 
(nb Blid(‘t), ou : nb Afsn(-f)), à l’exclusion du service de toute autre divinité 
associée à lui dans son temple. Il existe à côté d’Horus, comme en 
tout lieu saint d’Egypte, une hiérarchie de puissances qui gravitent au- 
tour du dieu «maître». Hathor surtout, sous toutes ses formes, en parti- 
culier comme «maîtresse de Dendéra» ( nbt ’lmn-t), lui est si étroitement 
soudée par leur culte commun et le rôle de leurs images respectives, 
que ni les sanctuaires ni aucun lieu où pouvaient aller les statues ne les 
voyaient jamais l’un sans l’autre. Cependant un examen attentif des 
rites d’Edfou montre que jamais Hathor n’est placée sur le même' plan 
qu’Horus, mais toujours au-dessous de lui. Il en est de même, à plus 
forte raison, pour Harsomtom « maître de IH-di » , forme d’Horus beau- 
coup plus fortement liée à Hathor de Dendéra qu’au dieu d’Edfou, du 
fait du lieu qu’occupait son principal temple sur la rive orientale du Nil, 
en face de Dendéra. Quant à toutes les autres personnes divines paredre s 
au temple de Bhd-t, elles forment une ennéade innombrable : la cour 
de ce roi de l’univers. Certaines ont des chapelles particulières occupées 
par leurs images, au voisinage des deux sanctuaires centraux. Les autres 
sont adorées conjointement dans la chapelle du trône des dieux (ni 4 
ntr-w), et dans la salle de l’ennéade ( wilyt pift). Une'foule de questions 


XIII 


se posent sur leurs rapports, en matière de foi et de culte, avec la 
divinité suprême qu’elles accompagnent en effigie dans tous ses dépla- 
cements. Bien des détails importants sur la nature de chacune d’elles, 
sur les cérémonies qui s’adressaient à elles en propre au cours de l’année 
liturgique d’Edfou, sont livrés par les scènes et textes du temple. C’est 
pourquoi, là encore, j’ai dû écarter ces trop longues recherches. 

Il s’agit du culte d’Horus à Edfou seulement, et tel qu’on le rendait 
depuis le m e jusqu’au i er siècle avant J.-C., c’est-à-dire depuis l’époque 
de Ptolémée Evergète I er et Ptolémée Philopator, jusqu’à celle de Pto- 
lémée Aulète (287-57). J’ai donc passé sous silence toute question con- 
cernant les autres Horus locaux, si nombreux dans toute l’Egypte, dans 
la mesure où une influence étrangère ne donne pas à Edfou l’explication 
directe d’un fait liturgique. J’ai voulu aussi ne pas m’appuver sur des 
données antérieures souvent ambiguës, pour interpréter les cérémonies 
attestées à Edfou sous les Ptoléme'es. Au contraire, j’ai tenté, dans la me- 
suré du possible, de laisser à tout fait de culte la physionomie qu’il 
avait pour les prêtres et croyants de l’époque grecque en Egypte. 

Il eût été difficile d’entreprendre le présent travail, sans l’achève- 
ment presque complet depuis 1 9 3 4 de l’édition in extenso des textes 
et tableaux du tèmple d’Edfou par Chassinat. Cette œuvre, à peine ébau- 
chée par Rochemonteix quand Chassinat en reprit la charge à l’instigation 
de Maspero avec la volonté de la mener à son terme * (2) , comprend 


a) La publication du 2 e fascicule du tome X (= Mémoires publiés par les Membres de la 
Mission archéologique française au Caire, t. XXVII ), qui doit comprendre les planches au trait 
n os GXII à CCXII, est encore attendue. L’absence de ces planches, qui doivent donner 
l’assemblage des scènes décorant la grande cour du temple, toute la face interne et externe 
du mur d’enceinte, enfin le pylône, ajoute à l’heure actuelle une difficulté importante à 
toutes recherches concernant le temple d’Edfou. 

(2) Voir les «avant-propos» placés par Chassinat en tête de chaque volume, depuis 
1897 jusqu’à 1934. 

Bill . d ’ Étude , t. XX. c 


« 


XIV 


aujourd’hui quatorze volumes in-folio, dont huit de texte avec planches 
annexées aux deux premiers, deux de planches au trait, et quatre de 
planches photographiques. Chassinat a .confronté toutes les publications 
antérieures concernant le temple d’Edfou (1) avec ses propres copies et 
relevés directs sur le monument. Il a rendu à peu près inutiles ces 
publications antérieures, grâce au degré d’exactitude qu’il a su atteindre 
en son propre ouvrage. Enfin, plus de la moitié des textes que contient 
l’édition d’Edfou par Chassinat n’avaient jamais été publiés avant lui. 
On peut donc affirmer qu’une recherche d’ensemble sur la vie religieuse 
au temple d’Edfou n’est devenue possible que grâce à lui. 

Par ailleurs, les traductions et commentaires des inscriptions d’Edfou 
sont restés fort rares jusqu’à aujourd’hui. Ces travaux n’utilisent qu’une 
laible part de la masse des documents du grand sanctuaire de Haute 
Egypte, et toujours dans un but de recherche restreint (2) . 

Les textes hiéroglyphiques cités dans le présent ouvrage sont presque 
uniquement tirés de l’édition Chassinat. Un certain nombre de corrections 
sont proposées. Les unes proviennent de vérifications faites par moi 
sur place en 1987 et 1989. Les autres se basent sur l’examen des 
planches photographiques publiées aux tomes XI-XIV de l’édition d’Edfou. 


(1) Les deux principales publications de textes hiéroglyphiques copiés à Edfou après 
le déblaiement du temple par Mariette (1860-1861) sont : J. Dümichen , Altàgyptische 
Tempelinschriften in den Jahren i 863 -i 865 an Ort und Stçlle gesammelt, I. Weihinschrif- 
ten aus dem Horustempel von Edfu (Leipzig, Hinrichs, 1867, in-foL, ii 3 planches), 
et : J. de Rouge, Inscriptions et notices recueillies à Edfou ( Haute Égypte) pendant la mission 
scientifique de M. le Vicomte Emm. de Rougé (Paris, Leroux, 1880, in-4°. Tome I == 
pi. I-LXXX; tome II =pl. LXXXI-CLXIV). 

(2) Dans cet ordre d’idées, il convient de citer ici : i° Ed. Naville, Textes relatifs au 
mythe dHorus, recueillis dans le temple d Edfou, et précédés d’une Introduction (Genève et 
Bâle, H. Georg, 1870, in-fol. Introduction, p. 5 - 8 ; notices des planches, p. 9-27; 
planches I-XXV) ; 2 0 H. Brugsch, Die sage von der gejlügelten Sonnenscheibe ( Abhaiidl. d. 
hist.-phil. Classe d. Wiss. zu Gôttingen, Bd XIV (1870), p. 173-236); 3° H. Brugsch, 
Drei Fest-kalender des Tempels von Apollinopolis Magna in Ober-Aegypten (Leipzig , Hinrichs , 
1877, in- 4 °, x -p 3 o p., 10 pi.) ; 4 ° E. von Bergmann, Hieroglyphische Inschriften, 
p. 1 5-5 5 +pl. XIII-LXXIV (Inschriften aus dem Tempe! von Edfu) (Wien, Faesy und 


Les dernières sont des restitutions conjecturales placées dans les lacunes, 
compte tenu du nombre de cadrats disparus sur la pierre. Elles ne sont 
proposées que dans le cas où un contexte clair et des expressions 
parallèles m’y autorisent. Toutes ces corrections sont signalées à la 
fois dans le texte hiéroglyphique, sa transcription, et sa traduction. 
Elles sont presque toujours accompagnées de notés explicatives. La ma- 
jeure partie des matériaux utilisés dans la présente étude n’ont pas 
encore été traduits ni commentés. A cause des difficultés de l’épigraphie 
ptolémaïque, j’ai voulu prendre au complet mes responsabilités, en 
montrant quels mots égyptiens j’ai lus. J’ai pensé aussi faire œuvre utile 
en signalant mes lectures à qui voudrait avoir accès plus rapidement 
aux textes d’Edfou. C’est pourquoi j’ai donné, au moins pour la pre- 
mière partie, toutes mes transcriptions in extenso. Pour le reste de 
l’ouvrage, je transcris en entier les passages qui sont d’une importance 
primordiale en vue du sujet que je traite : tels sont, par exemple, les 


Frick, 1879, 4 °); 5 ° K. Piehl, Inscriptions hiéroglyphiques, Seconde série ; Planches 
(pi. I-CXXXVII) ; II. Commentaire, p. i-g 3 (Leipzig, Hinrichs, 1892 , deux vol. in- 4 °) ; 
6° Nombreuses citations des textes d'Edfou utilisées par H. Junker, dans ses études 
sur la religion égyptienne à l’époque ptolémaïque : Die Stundenwachen in den Osiris- 
mysterien nach den Inschriften von Dendera, Edfu und Philae (Denkschr. d. K. Akad. 
d. Wiss. in Wien, Bd. LIV (1910), 1 er fascicule). — Der Auszug der Hathor-Tefnut aus 
Nubien (Abhandl. d. K. Preuss. Akad. d. Wiss. zu Berlin, 191 1, 3 e fascicule). — Die 
Onurislegende (Denkschrift. d. K. Akad. d. Wiss. in Wien, Bd LIX (1917), i er -2 e fasci- 
cules) ; 7 0 A. M. Blackman-H W. Fairman, A Group oftexts inscribed on the façade of the 
sanctuary in the Temple of Horus at Edfu (Miscellanea Gregoriana, Roma, Tipografîa Poli- 
glotta Vaticana, 1 94 1 , p. 3 9*9-4 2 8) ; 8° A propos des textes de la fête de la Victoire à Edfou : 
A) Fairman (I), puis Blackman-Fairman (II-IV) , The Myth of Horus at Edfu, I =J.E. A. XXI 
(i 9 35 ), p. 2 6-3 6 II = /. E. A . XXVIII (i 9 4 a), p. 32-38 ; 111 = /. E. A. XXIX (i 9 43 ), 
p. 2 - 36 ; IV = /. E. A. XXX ( 1 944), p. 5-2 2 . B) Ét. Drioton, Nouveaux fragments de théâtre 
égyptien. Éditions de la Revue du Caire, 1948, p. 3 - 34 . C) Ét. Drioton, Le texte dramatique 
d’Edfou, Supplément aux A. S. A. E., Cahier n° 1 1 (1948), p. 1-1 48 . '9 0 Bibliographie 
moderne des textes et scènes du temple d’Edfou publiés en 1989 : B. Porter-R. Moss, 
Topographical Bibliography, t. VI. Up'per Egypt : Chief Temples (Excluding Thehes) (Oxford. 
Clarendon Press, 1939, p. 119-177). 


XVI 


extraits des livres liturgiques gravés aux murailles du temple. Les 
transcriptions ne sont que partielles, dans le cas contraire : il s’agit 
alors de phrases dune lecture difficile, et d’expressions ou de mots 
isolés, dont la nature exacte aide à mieux comprendre l’ensemble. 

De légères variantes existent encore entre les types modernes de 
transcription dont se servent les égyptologues. J’ai choisi celui qui fut 
adopté pour le Worlerbuch der Aegyptischen Sprache^. Une seule modifi- 
cation systématique y est introduite : la substitution de ijy à j, pour 
transcrire le « roseau fleuri» simple ou double. Les transcriptions du 
Worlerbuch, calquées avec juste raison sur la-forme écrite la plus an- 
ciennement attestée pour chaque mot égyptien, ne sont pas toujours 
adaptées aux formes récentes et aux variantes ptolémaïques. L’utilité 
pratique d’adopter une forme transcrite unique, quelles que soient les 
variations d’écriture, est cependant si grande que j’ai jugé nécessaire 
d’employer cette convention. 

Les relerences au femple d’Edfou de Chassinat sont ainsi indiquées : 

i° Le titre de l’ouvrage est abrégé en Edfou ; 2° Pour les références au 
texte, le tome de l’édition Chassinat est désigné en chiffres romains, 
puis la page et la ligne (ou les lignes) en chiffres arabes. Les lignes sont 
comptées, non pas suivant le numérotage employé par Chassinat (il cor- 
respond aux positions occupées par les lignes horizontales et colonnes 
verticales de texte dans l’ensemble de chaque tableau), mais d’une façon 
uniforme, suivant le nombre de lignes imprimées sur la page désignée 
par le chiffre précédent. Ces lignes sont toutes comptées, y compris celles 
qui ne contiennent pas de texte hiéroglyphique, et quelle que soit la 
taille des caractères d’imprimerie employés. 


*** A. Erman und H. Gràpow, Worterbuch der Aegyptischen Sprache, irn Auftrage der Deutschen 
Akademien (Leipzig, J. C. Hinrichs, 1926-1981, 5 vot.gr. in- 4 °). L’ouvrage est souvent 
désigné, dans tes publications récentes en français, par les expressions abrégées : le 
Dictionnaire de Berlin, ou : le Worterbuch ( ( Y b . ) . 


XVII 


Par exemple : « Edfou, V,- 363 , i 5 » signifie : Chassinat, Le temple 
d’Edfou, tome V, page 363 , ligne i 5 (comptée à partir de la première 
ligne imprimée au-dessous de celle qui porte le numéro de la page). — 
Les référencés aux notes de l’édition Chassinat sont ainsi rédigées : « Edfou, 
V, 369, n. 7»= Chassinat, Le temple d’Edfou, tome V, note 7 à la 
page 369. 

3 ° Les références aux planches sont indiquées, sans mention du tome, 
par v Edfou , pl. », suivi d’un chiffre romain pour les planches au trait, 
et par * Edfou, pl. phôt. », suivi d’un chiffre arabe, pour les planches 
photographiques. Exemple : « Edfou , pl. XLIV abv signifie : Chassinat, 
Le temple d’Edfou, planche au trait XLIV ab (annexée au tome II). 
«Edfou, pl. phot. 607» signifie : Chassinat, Le temple d’Edfou, planche 
photographique DCV 1 I (tome XIV). 

Un certain nombre d’abréviations ont été choisies pour désigner les 
références ^es plus fréquentes après celle de « Chassinat, Le temple d’Ed- 
fou ». Toutes sont couramment employées dans les publications égvp- 
tologiques récentes, y compris celles qui renvoient au Dictionnaire de 
Berlin, dont voici un exemple : 

«Wb., III, 22, 1 » =Erman-Grapow, Worterbuch der Aegyptischen 
Sprache, t. III, page 22, l’expression désignée par la référence aux 
fiches portant le numéro 1. Les références directes aux fiches du Wb. 
sont rédigées ainsi : 

Wb., Belegstellen, II, 61 5 , 11 =Erman-Grapow, Belegstellen zu W.B., 
Bd. Il, page 6 1 5 , référence n° 1 1 

Voici enfin les signes conventionnels employés pour les textes hiérogly- 
phiques cités, leur transcription, et leur traduction : 

Emplacement d’un fragment de texte non cité, ou non traduit. 

2 0 ( ) a) Texte cité pour mémoire, et non traduit (texte hiérogly- 

phique) ; , 


XY1II 


3 ° [ 

4 ° ( 



6 ° « 


b ) Un ou plusieurs signes hiéroglyphiques cités : ensemble 

fautif, non traduisible (texte hiéroglyphique) ; 

c) Un ou plusieurs signes restitués (par analogie, comme né- 

cessaires au sens de la phrase) : oubli du rédacteur ou 
du graveur anciens (texte hiéroglyphique) ; 

d) Lettre finale liée au déterminatif, avec rôle purement gra- 

phique (transcription) ; 

e) Un ou plusieurs mots ajoutés, comme nécessaires au sens 

de la phrase (transcription et traduction) ; 

f) Explication nécessaire au sens (intercalée dans la traduc- 

tion) . 

] Lacune du texte, laissée vide, ou garnie d’une restitution 
(totale ou partielle) proposée (texte, transcription, 
traduction) . 

) a) Signe ou groupe de signes superflus insérés dans le texte : 
erreur du rédacteur ou du graveur anciens ; 
b) Mot ou groupe de mots interpolés (texte, transcription, tra- 

Texte : nombre approximatif de cadrats correspondant à 
une lacune. 

» a) Lettre, mot ou groupe de mots présentant une particularité 
(transcription, traduction) ; 
b) Mot laissé en transcription dans un texte traduit. 


duction) 


On a souvent considéré sous un faux jour, depuis plus d’un demi 
siècle, l’intérêt que présente l’étude des monuments ou de l’écriture dits 
bien à tort « de basse époque ». L’importance des progrès accomplis dans la 
connaissance de la langue égyptienne aux premiers temps de son histoire 
écrite a beaucoup contribué à créer ce déséquilibre. Mais aujourd’hui 
ces progrès mêmes ont permis de discerner avec plus de précision que 
jadis la valeur des mots et la structure des phrases à l’époque de 'la 
langue la plus proche de nous. 


XIX 


En matière de religion, le progrès actuel des recherches est aussi 
frappant. On a tenté maintes fois d’éclaircir la signification des rites 
et la nature des croyances, en prenant pour seule base l’étude des textes 
datant de l’Ancien Empire. On s’est alors aperçu que les faits essentiels 
remontaient aux temps, inaccessibles par le document écrit, de la pré- 
histoire. C’est à ces époques plus lointaines encore que s’élaborait dans 
la conscience humaine ce dont les écrits les plus anciens ne montrent 
que le reflet. On a espéré atteindre le sentiment primitif, et l’on a 
identifié des compilations d’un caractère déjà savant et artificiel.'On a par 
ailleurs constaté que les textes des Pyramides concernaient surtout la 
seule «religion royale», et les croyances relatives au roi dans l’autre 
monde. Il s’agit là, très souvent, de «formules opératoires», qui sortent 
du monde des rapports normaux entre les hommes et la divinité, pour 
entrer dans celui où l’on croit agir sur les puissances surnaturelles. 

Cependant les plus anciens textes religieux que nous a jusqu’ici 
conservés 1 Egypte montrent aussi l’existence d’un culte d’adoration : la 
parole humaine y est une louange, l’acte n’est que l’espérance d’un don, 
et non un lien qui prétend entraîner le bienfait divin. 

De ces rapports entre dieu et l’homme pendant son existence terrestre, 
nous ne savons que peu de choses en Egypte, pour la période la plus 
lointaine de son histoire. Les temples de l’Ancien Empire ont presque 
tous disparu sous les reconstructions des âges postérieurs. Ce qu’il en reste 
a trait d’abord au culte royal. Les documents sur bois ou sur papyrus ne 
remontent pas à des époques aussi éloignées. Jusqu’à nouvelles décou- 
vertes toujours possibles, il nous faut contenter de juger des origines 
par ce que nous savons des époques plus proches. Or celles-là sont toutes 
d’une égale valeur documentaire : le mythe d’une dégradation progressive, 
à ce point de vue, n’est qu’une illusion. Parmi toutes ces époques, il n’en 
est pas de plus riche en témoignages que la période des rois macédoniens, 
grâce à ses édifices religieux presque intacts encore aujourd’hui. 

Certes, les écrits qu’elle nous transmet descendent de livres plus 
anciens. Us sont composés par des prêtres pour qui le respect des mots 


■ 


IX 

du manuscrit l’emporte parfois sur la connaissance vivante des usages 
antiques. Et cependant, il est'fréquent de trouver parmi ces «■ formules 
choisies» de longs passages rédigés dans la forme et dans la langue 
même des plus lointaines compositions religieuses retrouvées en Egypte. 

Quant aux éléments matériels des cérémonies : matières et objets em- 
ployés, nature des offrandes et sacrifices, gestes et attitudes des officiants 
ou assistants, temps et lieux consacrés, voix et chants, ordonnance des 
processions, on peut tenir pour certain que leur caractère inaltérable 
fut plus élevé encore. C’est surtout en eux, grâce à l’abondance des ren- 
seignements livrés sur eux par les temples rebâtis sous les Ptolémées, 
qu’on saisit la nature permanente des usages religieux du pays. 

Malgré la difficulté certaine du système d’écriture sur pierre employé 
par les écrivains de l’époque ptolémaïque — cet obstacle n’a pas peu 
contribué à la diminution du nombre des travaux dans ce domaine, mais 
on peul le dominer par l’exercice assidu de la lecture — il est sou- 
haitable que des spécialistes plus nombreux dirigent leur attention vers 
les documents d’époque récente. Qu’ils les examinent en eux-mêmes, pour 
leur temps propre. Qu’ils tiennent la balance égale entre leur témoignage 
et celui des documents plus anciens. Ainsi nous serrerons de plus près 
la vérité de la vie religieuse antique. 



. te temple d’Horus à Edjou .Tartie nord. Paprès Ciiass.E4jou,p] . I . 




PREMIÈRE PARTIE. 


LE CULTE «RÉGULIER» AU TEMPLE D’EDFOU. 

On a déjà mis en valeur, à l’heure présente, les caractères généraux, com- 
muns à l’ensemble des temples d’Égypte, du culte divin journalier. Au moins 
depuis le Nouvel Empire W» le service rendu chaque jour à la divinité princi- 
pale de chaque « palais divin» du pays était fondé sur la récitation d’un même 
ensemble de formules : le meilleur exemple en est donné par les rituels de 
Karnak , et la plus complète illustration par les tableaux et légendes des 
six chapelles divines du temple de Séthi I à Abydos Les études successives 
de Von Lemm ( 1 * 3 4 ) et de Moret ( 5 ) ont révélé cet aspect essentiel du culte rendu 
aux dieux d’Égypte. 

Les sanctuaires centraux des temples ptolémaïques sont décorés d’un choix 

de tableaux semblables à ceux des chapelles d’Abydos : le sanctuaire d’Edfou 

en est un exemple caractéristique. Il est évident que, si l’on s’en tient au seul 

déroulement des prières et des gestes de l’officiant en présence de l’image 

divine, la série d’Edfou doit être complétée par les ensembles cités plus haut, 
% 

(1) Vraisemblablement depuis le début du Moyen Empire, sans qu’on puisse en apporter la 
preuve matérielle, par défaut de documents. 

(t) Papyrus n oâ * 3 o 55 , 3 o 1 4 —h 3 o 5 3 du Musée de Berlin = Von Lemm, Dos Ritualbuck des 
Âmmondienstes (1882), et fac-similé dans Hieratiscke Papyrus ans den Koniglichen Museen zu Berlin , 
Erster Band, Rituale für den Kultus des Amon undfür den Kultus der Mut (1901). 

(3) Mariette, Abydos, description des fouilles, I, Le temple de Séti (1869). 

(4) Von Lemm, Studien zum Ritualbuche des Ammondienstes (1882). 

(fi) Moret, Le rituel du culte divin journalier en Égypte ( Annales du Musée Guimet, Bibliothèque 
d’Études, XIV, 1902). 

Bibl d’Études, t. XX. 


1 


—w( 2 ).«— 

beaucoup plus complets. Mais l’intérêt véritable d’une étude du culte jour- 
nalier au temple d’Edfou, c’est que les scènes du sanctuaire â-t wr-t (A) (*) 
ne fournissent qu’une faible part des renseignements de tous ordres donnés 
par les textes. La recherche peut ici s’élargir, dans toute la mesure où le 
permet la masse des documents conservés par le grand temple d’Horus, en 
toutes ses parties. Les parois des grandes sallês centrales; les portes disposées 
dans l’axe longitudinal du temple, celles qui sont ménagées dans les murs 
latéraux, celle du mur d’enceinte est, et celles de la cour; les salles de service 
latérales ; les portes du couloir qui dessert les chapelles du fond du temple ; 
enfin certaines de ces chapelles elles-mêmes : tels sont les lieux multiples, 
dont les renseignements permettent, avec ceux du sanctuaire central, de re- 
constituer la vie complète du culte, pendant chaque journée, dans le palais 
du dieu d’Edfou. 


(l) Les lettres majuscules citées entre parenthèses sont celles du Plan général du temple d’Edfou 
(Chassinat, pl. I). 


CHAPITRE PREMIER. 


LA JOURNÉE DU CULTE « RÉGULIER » (1) À EDFOU. 

SERVICE JOURNALIER ET SERVICE SOLENNEL AU SANCTUAIRE. 

Les anciens décorateurs ont suivi, en gros, cette règle, à 1 intérieur du 
temple : chaque indication écrite, chaque cérémonie figurée, est placée au 
lieu où le rite qu’elle concerne était réellement accompli. De même, s’il s’agit 
d’un lieu de passage construit en vue de tel ou tel acte du service divin ( 2 L 
Cependant, cette règle générale est loin d’être exacte partout : c’est le cas 
de nombreux textes concernant le culte rendu dans le temple, et en particulier 
de ceux qui sont gravés aux portes nord-ouest (H'-J' 2) et nord-est (H'-J' 2') 
de la cour, et sur la grande porte centrale du pronaos (C'-H'). Cela tient à 
une fiction qui, dans la rédaction officielle des textes, confond volontairement 
le réel «service journalier», rendu chaque jour avec le minimum d’apparat, et 
les «services solennels au sanctuaire », qui le remplacent à intervalles réguliers. 

Cette fiction est celle qui régit tout le rituel égyptien : le roi est le seul 
prêtre du culte officiel, et tout prêtre qui officie en premier devant l’image 
divine est considéré comme le «roi». D’où vient que toute sélection de for- 
mules appliquées à la décoration d’un temple est tirée des recueils concernant 
le véritable. service « royal» — qui s’accomplit solennellement, avec entrée des 

(1) En donnant au terme « régulier» le sens de mtr : service accompli au sanctuaire, soit chaque 
jour (« service journalier»), soit avec des additions, à intervalles réguliers dans le mois (« service 
solennel au sanctuaire», ou «service de fête au sanctuaire»), par opposition à la «fête» (hb ) , 
qui suppose une liturgie particulière, et qui ne revient, semblable à elle-même, qu’une fois par 
an (cf. Edfou, V, 343, i5)\ 

W: C’est aussi la même règle pour les formules prononcées, les hymnes psalmodiés au cours 
des divers services, et pour toutes explications concernant le dogme, l’intention théologique 
contenue dans les aménagements du temple, le symbolisme des rites figurés, etc. 


—b+*( h )« << »*- 

officiants par fa cour et la grande porte du pronaos ( hnty ), et usage, par le « prêtre 
du roi», du rituel des purifications personnelles au « purgatorium» (D), ou 
«maison du matin» W. Or les textes des portes latérales du temple apportent 
la preuve que tout le service ordinaire se faisait exclusivement par elles W. 

Il est donc permis de concevoir ainsi les rapports entre la disposition maté- 
rielle du temple et la nature des textes, et, d’autre part, l’exercice réel du 
culte journalier : 

i° Toutes les scènes ou textes gravés hors du trajet réel des officiants du 
service journalier concernent le « service solennel». Cependant leurs formules 
peuvent, pour certains d’entre eux, avoir été aussi employées dans le véritable 
service journalier ( 3 ). 

2 ° Les scènes ou textes placés, au contraire, sur ce trajet réel (les deux 
séries coïncident à partir du centre de la « salle hypostyle» {wih-t-K , W) con- 
cernent également, en principe, le «service solennel». Par exemple, la des- 
cription des offrandes qui entrent par le passage Y W n’est manifestement pas 
celle du simple service journalier. Mais les indications matérielles s’appliquent 
à ce qui s’y passait réellement. De plus, au moins par la disposition des scènes 
de l’office au sanctuaire central, on constate l’intention de séparer ce qui 
était service journalier réel de ce qui constituait les additifs du service solennel. 

3° Les portes nord-est et nord-ouest de la cour du temple, par lesquelles 
les offrandes sont censées entrer au temple, ainsi que la grande porte centrale 
du pronaos, donnant sur la cour, ne Sont ouvertes qu’en «service solennel». 
Les deux cellules spéciales construites dans le grand vestibule du temple : 
la «maison du matin» ( pr-dwi-t , D'), et la «bibliothèque» ( pr-mdi-t , E'), 
servent surtout à cette occasion ( 5 L 

à° Le service journalier se fait uniquement par les passages latéraux X et Y, 
donnant, à l’ouest et à l’est, sur 1 ’wéh-t-h', ainsi que par la porte I'-J' 


Voir plus bas. 

(5) Cf. Edfou, II, 1 3 9 , 7-9 ; II, 1 Ai , 12-1 5 (pour l’entrée du service par le passage X); 
II, i 53 , î-A; II, i 53 , i 3 -i 6 (pour l’entrée du service par le passage Y), etc. Voir plus bas, 

(3) Du point de vue dogmatique, il contenait en lui toute la vertu efficace du service solennel. 

(4) Cf. Edfou , II, 169, 11 à 160, i 4 . 

W Voir plus bas. 


K 5 


ouvert» dans le mur d’enceinte est. Donc, en service journalier, la purification 
corporelle du premier officiant ( va h néw-t) ne s’effectuait pas à la «maison 
du matin» du pronaos. Comme elle était nécessaire rituellement, et que les 
prières au sanctuaire la tiennent pour obligatoire avant chaque entrée, on 
est amené à penser qu’elle se faisait, comme celle de tous les prêtres « entrants » 
Çk’w), chaque matin, avant de pénétrer dans l’enceinte du temple, au lac 
sacré. C’est ce que confirme un double texte du temple de Kôm-Ombos W, 
dont la deuxième version, la plus correcte, est ainsi rédigée : 








a 


Formule de l’entrée au temple par h grand (prêtre-)pur « en son jour», lorsqu’il) 
fait sa purification au « lac pur», ( pour qu’)il fasse tous rites du service divin W. 


Ce texte décore la petite porte nord (par où le service journalier entrait 
au temple) du pronaos du temple de Kôm-Ombos. Quant au premier, il est 
placé sur la paroi de la salle par où les offrandes entraient au « mammisi » 
de Kôm-Ombos : 



Commencement des formules du service divin fait au temple d’Haroéris d’Ombos, 
chaque jour, par le grand (pré re-)pur « en son jour», quand il s’est purifié au lac, 
(pour qufil fasse tout son office du service (divin). Formule de l’entrée au temple W : 


H-t et h-t-nlr, dans les deux textes, doivent être traduits par «temple» (au 
sens restreint : la construction close, à l’intérieur du mur d’enceinte), et non 
par «sanctuaire», étant donnée la place où ces textes ont été gravés. Le 
« prêtre entrant » récitait ce même chapitre, aussi bien en pénétrant dans le 


Cf. de Morgan, etc., Catalogue des Monuments , etc t. ll — Kôm Ombos, I, p. 39 (n 0 36 ), 
col. i-2 et p. 1 6 5 (n° 210 a), col. 1. 

W Ryn c kr bt-ntr in w c b c l m hrwf, m~ht tr t bvof m s w*b, (ir-nf) trw nb n th>t-ntr, 

(3) Hl-t m r\-w n ’th-t-nlr , ir mpr Hr-wr nb Nbt, (1 m ) hft-hrw n(-t) nb, in w'b c l m hrwf, rti 
w c bf m s, ir-nftrwf nb th't. R> n pr r h-t: 

Bibl, d’ Etudes, t. XX. 


s 


«•( 6 ) 


temple qu’en entrant dans le sanctuaire. Le mot h-t-ntr s’emploie dans les 
deux sens. S et s w'b, en raison de la place des inscriptions à l’entrée même 
du service journalier dans le temple, désignent vraisemblablement le «lac 
sacre», toujours extérieur au temple proprement dit. Nous ne connaissons pas 
de vestiges de « bassin de purification » dans les cours intérieures des temples 
ptolemaïques ; le mot s est le terme propre pour le «lac sacré» d’un temple, 
à l’époque des rois grecs. Par ailleurs, on précise à Edfou et à Dendéra que 
c’est du lac sacré que venait l’eau de purification pour le «roi», c’est-à-dire 
le « prêtre du roi », premier officiant de tous les services divins : 

« Lac royal d'Edfou» M est son nom; on en apporte Veau au « palais du roi » ^ , 
pendant lafête-sed^h 

JJ I /MMW\ A j| H i J ^ ■* '**' 

On en apporte Veau au ( prêtre du) roi, pour qu’il (s) en purifie 


Erman < 5 ) interprète également cette même expression : s w’b, comme « le 
lac sacré de Karnak», à propos d’un texte commémorant la purification d’un 
nouveau prêtre à Karnak, sous l’un des rois Takélot ( 6 ). Le bandeau de sou- 
bassement du mur d’enceinte (face extérieure est) du temple d’Edfou déclare < 7 ) 
à propos de la porte ménagée dans ce mur (passage I'-J' 1 ) pour l’entrée 
journalière des offrandes : 

^ S M ZZ 

Les « ( prêtres-)entrants » y entrent, après être sortis du lac, pour accomplir leur 
office ( 8 L 


Et non : lac méridional d’Edfou : cf. traduction Chassinat, Mammisi d’Edfou, II, p. xm. 
(,) Un des noms sacrés du temple d’Edfou. 

P) Cf. Edfou, VI, i 84 , 1 1 : S-nsw-t n Bhd(-l') mf- ’lw-sn in mw ’mf r pr-nsw-t, m hb-sd. 
(4) Cf. Mariette, Dendéra, III, pi. 78 f, coi. 6 : tn-tœ mw imf n nsw-t, r sw'bf im. 

Cf. Erman, La religion des Égyptiens, 3 ' éd., trad. Wild, p. aa 3 . 

(,) Cf. Brugsch, Thés., 1072, 1 . 11. 

« Cf. Edfou, VII, 18, 3 . 

s(w) *k-vD, m-ht pr m s, r ir irw-sn. 


— «•( 7 )•«*— 

Or le lac sacré d’Edfou, d’après de nombreuses indications données par 
les inscriptions du temple, se trouvait précisément de ce côté est, et au sud 
des magasins Il semble donc préférable de penser qu’il n’existe plus, à 
l’époque ptolémaïque, de bassins de purification pour les prêtres dans la cour 
des temples; que les «lacs sacrés» les remplacent, dans l’usage journalier ; 
que les noms des «bassins de purification» des listes d’Edfou ^ et de Den- 
déra sont ceux de l’unique lac sacré de chacun de ces temples; que le lac 
sacré d’un temple est symboliquement double, parce qu’il est « royal »W; 
qu’on en apportait l’eau dans des vases spéciaux, mais seulement quand les 
ablutions du «prêtre du roi» se faisaient à la «maison du matin» ( pr-dw’,4 ), 
ou au «palais du roi» (pr(-u>f) néw-t), c’est-à-dire en service solennel ou au 
cours d’une fête particulière, et non en service journalier W. 

Le service journalier, dans son ensemble, se compose de trois entrées par 
jour (matin, midi, soir) pour l’eau et la résine de purification ( èntr kbhw), 
et de deux entrées par jour (matin et soir) pour l’offrande alimentaire (jitp). 
Les deux services n’en font qu’un, le matin et le soir : ils se rejoignent devant 
le sanctuaire, dans la «salle de l’autel» {wéh-t-htp, R); mais ils entrent au 
temple par ses deux faces latérales opposées (ouest et est). A midi, par contre, 
la purification parcourt seule les lieux qu’elle doit sanctifier. Les entrées se 
font, pour la purification, par le «passage ouest» (X), la «chambre du 
Nil» (A) (•), et l’aile ouest de Vwéh-t-h' (W); pour l’offrande alimentaire, 
parle « passage» du mur d’enceinte est (I'-J'), le «vestibule du trésor» (Y) W, 
et l’aile est de Vwéh-t-h\ 


Voir plus bas. 

« Cf. Edfou , I, 35 9 , i 5 . 

{3) Cf. Mariette, Dendéra , III, pl. 78/. 

{4} s nsw-t = s(-tw) hlb : «lac du roi » = «(double) lac de l’Hippopotame» : Edfou > I, 
35g, i5. 

(S ) Cf, l’opinion contraire de Moret, Rituel du culte divin journalier, p. 8,n. 1 ; p. a 3 ,n. 1; 
p. 79, n. 2. 

w Salle qui porte, dans les inscriptions, le nom peu significatif de hr-t-lb — (pièce) au centre 
(de deux portes), «vestibule», mais aussi celui de sn'w-w c b = cellier pur. 

W Appelé également hr-tAb, dans les textes, mais aussi êhw-Btk n stp-w = abattoir du Faucon 
pour les pièces (de viande) (littéralement : les choisies). 


Les trois services de la journée présentent un aspect fort différent l’un de 
l’autre.^ Le premier est de beaucoup le plus important par sa longueur, la 
complexité de son rituel parlé et de ses cérémonies, la masse des offrandes 
introduites devant le dieu : c’est 1’ «Offrande» par excellence, à Edfou comme 
danç tous les lieux saints de l’Égypte. Le second est le plus simple : il entre- 
tient, en cette heure spécialement importante de midi, la pureté rituelle de la 
maison divine, et celle des images principales du dieu et des divinités asso- 
ciées à son culte. Le troisième vient au second plan, après celui du matin. II 
est un hommage dû, au moment de la tombée du jour, à la divinité. Il 
prépare son séjour nocturne hors de la terre des vivants. 

Telle est la «journée liturgique» dans son ensemble : examinons-la dans 
la richesse de ses rites, qui faisaient, du clergé d’Horus d’Edfou «en son 
temps de service», un intermédiaire perpétuel entre la terre et son roi divin. 


CHAPITRE IL 


LE SERVICE JOURNALIER DU MATIN, OU GRAND SERVICE JOURNALIER. 

* 1. — ENTRÉE DE L’EAU. 

La vie du temple commence de bonne heure. Il faut que tout soit prêt 
pour la présentation des offrandes, qui donnera le signal du début de l’office 
matinal. Dès l’aube, des prêtres entrent au palais du dieu : c’est pour y ap- 
porter la première purification, sous la forme d’une aiguière d’eau ( hnm ). 
Cette aiguière est destinée à alimenter la réserve d’eau consacrée du temple, 
que l’on conserve dans une salle formant «vestibule», du côté ouest de 
rwêh-t-h* Ù). Une porte fait communiquer cette salle avec le grand «couloir 
de ronde» (phr(4)W; une autre, avec le centre du temple Toute la décora- 
tion de la porte extérieure, du corridor d’entrée, de la « sacristie de l’eau» (A') 
proprement dite, et de sa porte de sortie vers i , wéh-t-h\ concerne l’usage de 
l’eau lustrale, les manipulations qu’elle subit, les formules qui la consacrent. 

Avant qu’elle ne franchisse la porte extérieure, d’où vient cette eau? Nous 
le savons, grâce à deux indications précises, l’une fournie par un texte de 
bandeau de soubassement du mur d’enceinte (face extérieure est), l’autre 
par une inscription parallèle de la paroi intérieure (face ouest). Dans le pre- 
mier texte, il s’agit du- «couloir de ronde» (pAr(-t)W du temple d’Edfou, du 
mur qui le circonscrit, et des portes qui communiquent avec lui : « habilement 

“» Edfou, pl. XLIV a-b. 

<*> Edfou, pl. LXXXIV et XLI. 

(S) Edfou, pl. XL b (porte du sud). 

(4) Le mot est certainement masculin, dans son sens de « couloir entre un temple et son mur 
d’enceinte de pierre»; cf, Edfou , VII, 3, 5 : phr(*t) pn nfr . 


— w( 10 )•** — 

(construits) sont (ces) lieux, habilement (disposées) sont les ouvertures qui y 
mènent» Une première porte est citée, puis' : 

Une autre importe), ( qui est ) une merveille, à l’intérieur des fondations (du « couloir 
de ronde») (mène) au puits pur, pour [ alimenter (?) les vases à libation (?)] du 
cellier pur, et de l’abattoir du Faucon pour les pièces (de viande), afin que soit consacrée 
la libation (destinée) au temple en sa pureté, avec la table divine [du] « Rapace », 
à son moment (fixé) ( 2 ). * 

Le second texte énumère toutes les portes qui traversent le mùr d’enceinte 
du temple, et entre autres : 

(Il y a) une petite porte dans (le mur d’enceinte), qui (mène) au puits. Elle est 
construite sur les fondations du « couloir de ronde»-, on va par (ce «couloir») W 
jusqu’au cellier pur et à l’abattoir du Faucon pour les pièces (de viande), afin que 
soit consacrée la libation (destinée) au temple en sa pureté, avec l’Offrande divine, 
(composée) de tous les alimen ts ( 5 ) . 

Il est donc certain que l’eau destinée à toutes les purifications du service 
journalier (sauf celle des prêtres eux-mêmes) était tirée du « puits pur» du 

■ ■ -y - - 

(,) Edfou, VII, 18,* 3 . Ma traduction est très différente de celle de Piehl, Inscriptions hiérogly- ' 
phiques, II, a, p. 66, 1 . 9 (et note 3 ). 

m Edfou, VII, 18, 4-6 : Ky rn bit, m-hnw sntf, r hnm-t w'b(-t), n [sdft (?) kblyt] (?) sn'ir w’b 
hn shw-Bik n stp-w, r hnp kbhw r h-t-ntr m ’ bwf, lin’ wdhw-ntr [n] Drty, r trf. 

(3) dans l’expression s’,’ sm-tw imf, semble avoir perdu toute valeur sémantique : cf. Wbf 
IV, 4 0 9 , a : Spëtâth. ohne die Bedeutung : bis... 

(1) ’m-f représente smy(-t), qui, comme phr(-t), est masculin. 

(5) Edfou, VI, 8, i -3 : Sbi kt imf r hnm-t. éipy-tm hr snt n smy(-t) ; si* sm-tw imfrsn’ww’b 
fen' shw-Bik n stp-w, r hnp kbhw r h-t-ntr m ' bwf, hn ‘ htp-ntr n bw-nfr nb. 


( 11 )< 


temple d’Edfou. Ce puits est encore intact de nos jours M, et, comme le vieux 
texte le dit, c’est une merveille de taille et d’ajustage de pierre. Le porteur 
de l’aiguière y descendait, de l’intérieur même du «couloir de ronde» : 
ainsi rien d’impur ne pouvait l’atteindre, lui ou son vase, quand il remontait 
avec l’eau. Il franchissait la porte basse ménagée dans la fondation du mur 
d’enceinte, après s’être enfoncé en terre par l’étroit escalier parallèle au mur. 
Il descendait encore un second escalier, suivait un bref couloir horizontal, et 
débouchait dans le puits, certainement clos, aux temps anciens, en sa partie 
supérieure. Le corps de maçonnerie est circulaire; des marches basses sont 
encastrées au long de la muraille; elles descendent en spirale vers l’eau. 
Le puits est alimenté par l’infiltration du Nil, qui monte et baisse suivant la 
saison : ainsi, quel que soit son niveau, l’eau était toujours facilement acces- 
sible. Le prêtre porteur de l’aiguière la remplissait, la replaçait sur son épaule, 
et remontait au «couloir de ronde», où l’attendait le «prophète», chargé 
des prières au «cellier pur» ( 2 ). Tous deux faisaient le tour de la partie nord 
du temple, passant de l’est à l’ouest de la maison du dieu, et, toujours 
suivant le couloir, atteignaient la porte du cellier. 

Le rôle d.e la «sacristie de l’eau» est précisé par de nombreux textes, et 
tout d’abord par celui-ci, qui faisait partie du bandeau de soubassement est, 
à l’extérieur du mur d’enceinte : 



Tn^i-tjLCD 


gr rJ ~ ,ic I 

t-S.nHn ' 


jntiî: 




■ <4 ^ ^ T 1 i 

■ T f *- wK ri + + : 




“M 


Le vestibule qui est au sud (de V «officine ») a i3 (coudées) 'fi, sur à coudées 
[en] largeur; sa porte s’ouvre sur cette grande salle on revient aussi (par lui) 
jusqu’au « couloir (de ronde) pur». Sa muraille est décorée avec les (scènes) de consé- 
cration du vase à libation et les formules du garnissage de l’autel à eau : toutes 
(celles-ci) sont à côté (des premières), sur sa (paroi) orientale ( 4 ). 


{,) Cf. la coupe, publiée par Brdgsch, Thés., VI, 1 36 1 , et le plan, dans Chassinat, Edfou, pl. I. 
W Voir plus bas. 

C’est la salle hypostyle, wéfy-l-h\ 

^ Edfou , VII, 1 7, 6-8 : Hr-t-xb hr rsif, m {mh) 1 3 1 f hr mh 4[m] wsh ; ébî-s wbl r wsh-t. tn; 
sm-tw skrphr(-t) wb(-t). 3 Inb s ss-tw hr hrpkbhw, hn * rî-w n i c j wdhw, nty mh]w nn , rlw,hr tlbls. 



—*•( 12 )*— 

Quant aux autres textes, ils s’échelonnent dans le «vestibule» lui-même, 
depuis la face ouest (extérieure) de la porte d’entrée (F'-X) du « passage X», 
jusqu’à la face est de la porte de sortie (A'-W) de la «sacristie de l’eau» 
dans Vwéh-t-ff. Gomme toujours, il y a parmi eux deux catégories principales : 
les explications, ou commentaires, sur l’usage rituel de ces parties de l’édifice 
sacré, et les formules liturgiques, entières ou abrégées, que les officiants 
pouvaient avoir à réciter aux lieux où elles sont gravées. Les premières 
s’attachent directement à l’exécution du service; elles se trouvent de 
préférence aux bandeaux de soubassement ou de frise (sens horizontal), 
et aux montants des portes (sens vertical). Les secondes constituent le 
commentaire courant des scènes qui occupent le champ de toutes les parois 
des portes, des passages, des salles. Elles nous renseignent à la fois sur 
l’exécution matérielle du service, par l’ordre dans lequel elles sont placées 
sur le mur, et sur la valeur symbolique qu’on attribuait à chaque acte 
représenté. 

Il est nécessaire encore de tenir compte de la distinction, déjà établie plus 
haut, entre culte journalier réel, et culte de fête au sanctuaire. Les deux caté- 
gories de textes que nous venons de définir envisagent presque toujours le 
« service solennel», en réalité exceptionnel. Notre tâche critique est de réunir 
tous les indices permettant de classer ce qui revient à l’un et à l’autre, 
afin de serrer au plus près la réalité de ce qui se passait chaque jour au 
temple. 

La première partie du «service de l’eau» consiste, le matin, à introduire 
l’aiguière dans le snw w'b, et à remplacer ce qui manque, depuis le dernier 
service du jour précédent, dans les vases où l’eau était conservée. Puis on 
purifie et on consacre au dieu à nouveau l’eau et le lieu qui la contient. Les 
textes explicatifs et les légendes des scènes de la porte extérieure, des montants 
intérieurs du tableau de cette porte, puis du passage X, et des deux faces 
de la porte qui fait déboucher ce passage dans le «cellier pur», concernent 
cette première partie du « service de l’eau». Ils mentionnent cependant, comme 
il est normal, non pas seulement l’entrée du matin, mais les trois entrées 
de la journée. De plus, ils anticipent sur la suite du service, et décrivent déjà, 
par avance, l’introduction de l’eau consacrée vers les offrandes, en présence 


, ,f 1 1, , 

t 1 «J l 1 * 

du dieu, dans Vwéh-t-fytp (salie de l’autel, R). Voici la série descriptive de 
'ces textes : 

i>zü:î Ti 

1. — C’est la porte par où l’on présente (?) l’aiguière, trois fois par jour : une 
(fois) le matin, une seconde à midi, une troisième le soir. On y entre chaque jour 
pour'* 1 } remplir le dressoir (à eau ) du (dieu) d’Edfou. Le « prophète » vient en paix 
devant Lui®, (et) il encense (le dressoir) avec k « bras d’Horus » ( 3 4 5 * 7 ) ; (puis) il se 
rend à la « salle de l’autel» du Maître des dieux ; il consacre l’aiguière en présence 
de son Maître; il verse l’eau (de libation) (srf ) dans le bassin M, il rafraîchit le cœur 
du « (dieu)-aur-plumage-moucheté»W. 

« 

*1— *P a 1 — fU'A.L ’ — 1 A 

« S H P + 3 T 3 ® > 4- • P Si ! = S t - + _L F* £ - 

^r,v;:ivsa!P,;,-=\T= 

2. — C’est la porte par où s’avance le « chapelain » (iri-sh ) portant V aiguière 
du Maître des dieux, ( quand ) le « chef de l’éminent siège » W (va) faire encensement 
devant Lui W, pour rendre pure, de (ses) mains, l’eau qui est auprès de Lui. On 


Premier exemple de l’emploi, fréquent aux textes d’Edfou, de ♦ kr, pour r. 

(ï) Lui représente le dieu d’Edfou. 

(3) C’est-à-dire : l’encensoir. 

(4) Littéralement : le «toujours plein d’eau» (mn-hr-nwn ) . 

(5) Épithète rituelle courante d’Horus d’Edfou, dont le symbole vivant est un faucon « maillé», 
au plumage marqué de taches (voir plus bas, 5 e partie). Gî.Edfou,ïl , 189,7-9 : Sbî n k(r)p kbhw, 
sp hmt m r c nb : w c m bkl, snw (m) hr~ib, hmt m msrwfk'tw imf (m) hr't-hrw, ( k)r b*k wdhw n Bhdti. 
bm. tw m htp tn hm-ntr hr hî*tf,sntr»n-f s(w) m *-n-Hr ; sspf wsk‘t-htp n Nb-ntr^w ; skr nf hnm m-bîh 
nbf ; st-f srf r mn 4 (r)-nwn^ skbbnf ib n Sib-sw-t . 

(<t) Titre du « prophète» ( hm-nir ) purificateur, dans son rôle de substitut du roi (cf. Wb., III, 
3 o 5 , 1), 

(7) Lui représente le dieu d’Edfou. 




14 > 


passe par cette porte chaque jour, depuis le temps des dieux, sans cesse. Trois fois 
on y entre, à l’aube, à midi, et le soir. On rafraîchit « sa Majesté avec l’eau qui 
s’y trouve : ( celle de) la table d’autel chargée de {ce qu’)il boit. ( Quant aux) 
grandes divinités d’ (Edfou)- Wts(-t)-Hr, leurs Majestés boivent en même temps 

(«««) [ ] w - 




£== X _ 

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'TAÇinniT^xii-i^êsr 


, 4t;tf4ilT^X^=HXrj:+i«yt!>]J«-l»n[îi3dl 


3. — [Trois fois (?)] ^ est apportée la libation par « celui qui offre l’aiguière » : 
— c’est le grand (prètrefpur — ,pour laver V (autel)-h’w-t, pour garnir le bassin W, 
pour emplir le (rase)-spéy et la [jarre)- snb-t avec les grandes eaux qui sortent 
du Nom, avec ce qu’on apporte de la «salle du natron »< 5 ), avec V {eau de) Vie 
et prospérité qui sort d’Éléphantine, avec le fluide qui sort d’Osiris. On nettoie {ces 
vases sacrés) de (leur) impureté, on {les) rend purs de souillure; le mal est détruit 
sur eux et sous eux, pour rafraîchir le cœur de l’Image de Râ, Horus d’Edfou-le- 
grand-dieu, le « {dieu )-au-p lumage-moucheté » , pour apaiser le cœur de sa fille 
aînée, la grande Hathor de Dendéra. C’est le « chapelain » (iri-sh) qui fait son office, 

{1) C’est-à-dire : le dieu d’Edfou. 

(,) Edfou, II, 1 4i , î 2-1 5 : Sbl n skd n iri-sh hr hnm n Nb-ntr-w , « mr s>t hnt(-t) » tr snir h(r) 
hl*tf, (h)r twr m c -wi mw nt(y) m h(l)wf. Wdî-tw imf (m) hrt-hrw, m drw n/r-t v, n sk. Sp hmt 
c ktw m-hntf, (m) «grh-nbf », hr-ib, wh (J). éhb(b) hmf m mw imf: c bl k(r) s c m>nf. c hm-w wr(-w) 
knt Wt$(-tyBr , swr hm('w)-sn m- b [ ]. 

(3) Il est utile, pour les trois moments liturgiques de la libation, de préciser que la litanie qui 
précède ce texte se termine par l’évocation des trois états journaliers symboliques d’Horus-Râ : 
Horus d’ Edfou-grand- dieu-du-ciel, c } est un beau jeune garçon qui naît au matin ; c’est Râ à midi ; (puis), 
après être devenu très vieux (m-ht ilw wr ), il se couche dans « Mlnw», et le jour paraît quand il renaît, 
chaque jour. 

(4) Mn-hr-nwn — le toujours plein d’eau. 

{6) Ht-hsmn, qui existe dans tous les temples ptolémaïques, semble bien être un des nombreux 
noms du «cellier pur», où l’on faisait chaque jour la purification de l’eau par le sel de 
soude. ♦ 




< 15 .>€4* 


et le « prophète » qui conduit le rite; ils font leur office à la place du roi : car c'est 
l image de « sa Majesté» (?) W qu'un « prophète », pour [adorer] dieu 

Jn:tjrp*.n:i:ysH->P‘jr-\;,x==ci9T^Tk 

•Ta-s*TiTiTiim:siüa6T=ngsis+Tîy 


à. — C est l'endroit que son W cœur désire , c'est la belle salle, où Von offre Veau 
de libation pour rafraîchir le cœur des dieux en elle^\ en Veau divine qui sort des 
deux cavernes (du Nil ), en la « sueur » qui sort de Hâpi, en les grandes eaux qui 
sortent d Atoum, qui sont tirées des cuisses du (dieu de ) Z”Imh-t Les mains d' Ho- 
rus et de Thot sont sur (Veau)^, elles Vont purifiée, en détruisant son mal. On 
fait avec elle le service royal pour les deux puissantes (divinités) : Horus d'Edfou - 
grand-dieu-du-ciel , et Hathor de Dendéra «parèdre» à Edfou. Leurs âmes (kj) et 
Uurs images sont baignées dans (cette) eau, trois fois [chaque jour], et de même 
[aux solennités (?)] où [Lon officie (?)], avec (celles) des dieux qui [les accom- 
pagnent ](?) 

(l) « Sa Majesté» désigne ici le roi d’Égypte. 

w Edfou, II, i44, 4-8 ; publié par von Bergmann, H. I ., pi. LVIII, et traduit par lui, p. 4i . 
Je laisse de côté une courte litanie à la louange d’Horus d’Edfou (col. a), et ne cite que le texte 
de la colonne 3 : [Sp hmt (?)], in wdhw in hrp hbhw, m w'b *1, r t c hlw t, r b% mn-hr-nwn, r 4n ç 
spsy $nb(‘t) m mw wr.w pr m Nwn, m in n h t-hsmn, m c nh-wlspr m \bw, m rdw pr m Wsir . W c b tw 
r *b, twrtw r sdb ; dr dw-t hr-én hr*sn, r skb(b) tb n Snn-n-R c , Hr Bhdti ntr C J si b-sw-t, r shtp ib n 
sl’tf wrt H-t-hr wr4 nb t ’Iwn t. (l) * 3 * 5 6 In iri-sh hr ir irwf, hm-nir hr sêm hs : ir-sn irw'àn hr S't n nsw-t; 
in twt (?) [hm]f (?) hm-sitr, r[dwl] ntr. 

II s’agit d’Hathor de Dendéra. 

{4) im-sn représente hbhw, traité ici comme un pluriel (cf. Wb., V, 37 , i5). 

(5) Lieu sacré de l’autre monde, où le corps d’Osiris laisse s’écouler l’eau qui fertilise la terre 
(cf. BéNÉDiTE, Le temple de Philae, pl. XL, 2 e reg. (scène centrale), et*p. iq4, 18 à 126 , 3) : 
d’où l’adjectif « nisbé » : 3 Imht{y) — (Celui) de Y 3 Imh t : Osiris. 

(6) Le nom de substance mw est souvent traité comme un pluriel grammatical, à Edfou comme 
à Dendéra. Cf. Jünker, Gramm . d. Denderateæte, p. 60 - 61 . Il y a trois antécédents ici : mw ntri, 
fd‘t, mw wr-w. 

< 7) Edfou, II, 1 44, 1 6 à 1 45, 2 . Comme pour le texte précédent, la litanie à la louange d’Hathor 
de Dendéra (col. 2 précédente) est laissée en dehors. Von Bergmann (H. L, pl. LIX) a publié 


— +••( 16 ) * • - ■■ 

P'JlilSyîÈHiI-ïiSyTî:» 

5. — C’est la porte ( par où) l’on offre la libation au « Faucon de l’Or»M. On 
(l’en) purifie de toute souillure mauvaise W. 

Ces textes descriptifs ajoutent, comme on le voit par ces exemples, ce qui 
se passe au centre du temple à ce qui se fait dans le seul « cellier pur»; mais 
il semble possible d’en discerner les deux séries. Le texte n° 1 précise le 
moment où le prêtre sort vers la « salle de l’autel»; dans le texte n° 2, lors- 
qu’on rafraîchit sa Majesté ( Horus d’Edfou), c’est qiï’on se trouve en face du 
sanctuaire; aux textes n os 3 et 4, tout semble être 'accompli non pas dans le 
seul snw w'b, mais dans le temple tout entier. 

L’action liturgique se dessine mieux, pour la première partie du « service 
de l’eau», lorsqu’on suit la disposition des tableaux de la porte d’entrée 
extérieure. Les formules prononcées par l’officiant y sont groupées autour 
de chaque acte. Le grand texte double des montants de la seconde porte ( 1 * 3 * ) 
(entre le corridor X et le snw wb, A!) forme la récitation principale. 
Les indications matérielles des «textes descriptifs» précisent les gestes du 
rituel W. 

Les deux prêtres qui entrent sont : l’un, un finty-sh ( 5 6 ) ou iri-sh (6 ), appelé 
aussi firp kbhw < 7 ), et l’autre un hm-nlr (®), appelé aussi w c b ';(*). On peut 
traduire le titre du premier par : préposé à la chapelle, ou : celui qui s’occupe 


ce texte et l’a traduit (p. 4i-4a), mais seulement en ce qui concerne la litanie. B(w) pw ib ib-s, 
dry-t tn nfr-t n hrp kbhw, r skb(b) ib n ntr-w im-sn, m mw ntri pr m kr.ti, m fd-t pr m H'py, m mw 
wr-w pr m Htm, tn hr mn-ti ’lmht(y). '-vui Hr A»' Dhwty hr-sn, sm'b-n-sn s(y), dr sdb-sn. ’Ir-t(w) 
ih-t-nsw-t (?) n Shm-wi im-sn : Hr Bhdti ntr '1 nb p-t, H-t-hr nb-t ’lwn-t hr(-t)-ib Bhd(-t) . B c h ki-sn 
shm-sn im-sn, sp hmt m [r' nb], mit-t [ tp-w-tr (?)] n [ir ih-t-{nlr) (?)], An' ntr-w imi[-w-ht-s(n ) (?)]. 

(l) Épithète rituelle courante d’Horus d’Edfou. 

Edfou, II, 1 A 5 , 8-9 : Sb’, di kbhw n Bik-n-Nb; twr-tw r 'A nb dw. 

(S) Edfou, II, 9.3 1 et ‘>.3a. 

(4) Voir plus bas. 

« Edfou, H, i 3 9 , 8 (?) ; ihi, 12. 

(,) Edfou, II, 1 4 1 , 12; 1 44, 7. 

« Edfou, n, i44, 4. 

Edfou, II, i 3.9, 8; i44, 7 et 8. 

« Edfou, H, i44, 4, 


!-*•( 17 )•«-> 

de la chapelle, c’est-à-dire : chapelain Ù). Il est aussi : celui qui offre l’aiguière. 
Il s’agit là d’une fonction sacerdotale bien connue par son nom, et souvent 
citée dans les textes d’Edfou et de Dendéra. On peut la saisir ici dans l’exercice 
d’une de ses prérogatives : c’est manifestement le hnty-sh, prêtre de rang 
inférieur à celui du « prophète », qui est descendu au puits avec le vase hnm 
vide, qui l’a rempli et l’a apporté sur son épaule jusqu’à la « sacristie de 
l’eau», marchant devant le hm-nlr. Ce dernier est l’officiant principal (et à ce 
titre, il marche derrière) ( 3 ); son rôle est de conduire le rite ( ésm hs). Le titre 
caractéristique de grand ( prêtre)-pur (w'b ' 1 ), qu’il porte au texte n° 3 W, est 
précisément celui que portent les « prophètes » (hmr-nlr) en service comme 
« prêtres du roi» et « conducteurs du rite», en service journalier ( 5 L N’aurions- 
nous pas affaire, en la personne de ce prêtre de haut rang qui entre à l’aube 
avec l’aiguière au temple d’Edfou, et dirige la première purification de la 
journée, à celui qui va, quelque temps plus tard, entrer seul au sanctuaire 
comme « prêtre du roi » ? Nous essaierons d’éclaircir ce point, par la 
suite. 

Une fois les deux prêtres arrivés dans le «cellier pur», leurs actes et leurs 
prières semblent se succéder dans l’ordre même où les représentent les trois 
«registres» de la porte extérieure du corridor d’entrée, surmontés du lin- 
teau^. A droite et à gauche de la porte, les figures, les gestes, les objets 


(1) La lecture du titre iri-sh, par ir(-t) — la pupille de l’œil, est probable. Je partage l’avis de 

K. Piehl (Quelques petites inscriptions provenant du temple d’Horus à Edfou, p. 11, n. 2), en ce qui 
concerne les deux lectures épigrapbiquement différentes ; mais je pense qu’il s’agit de deux appel- 
lations, de sens très voisin, d’une seule et même fonction sacerdotale. 

m Grande aiguière de cuivre ou d’argent battu, à panse ronde, sans pied, à goulot mince et 
court, avec une seule anse large raccordée au bec verseur. Cf. Edfou, pl. phot. 4 1 3, par exemple, 

dans les mains du «prêtre du roi». 

(5) En procession, les prêtres marchent d’ordinaire dans l’ordre d’importance hiérarchique : 
le plus considérable, dans la cérémonie qui s’accomplit, vient le dernier. Cf., par exemple, le 
w'b nsw-t derrière .tous les autres, dans le défilé du Premier de l’An (Edfou, II, 3' fascicule, 
pl. XXXVIII e, et pl. XXXVIII 0). 

(t) Comme Von Bergmann (H. I p. 4i et n. 3), je traduis m par « avec», « accompagné de», 
pensant que hrp kbhw s’applique au hnty-sh qui apporte (in) l’aiguière, et ui'i'J au hm-nlr qui 
le suit. 

(6) Cf. les deux textes de Kôm-Ombos cités plus haut : >v'b ” m hrw-f. 

« Edfou, II, 1 3 7 à 1 43 ; Edfou, II (3* fasc.), pl. XLI. 

Bibl. d’ Etudes, t. XX. 


* 


3 


sont identiques, au même registre. Le commencement, selon l’ordonnance 
constante de l’ornementation des temples, est en bas (i er registre). La fin 
se trouve ici, non pas au 3 e registre (figure divine debout), mais au linteau, 
qui joue le rôle de 4 e registre (figure divine assise), au moins pour la double 
scene parallèle gravee au-dessus des montants Ô). Le culte s’adresse, quatre 
fois de suite (et même une cinquième fois, pour l’offrande représentée sur 
la paroi nord du corridor d’entrée) W, à Horus d’Edfou seul. C’est là le type 
régulier des représentations concernant le culte journalier (*). 

Le premier acte des deux prêtres est de « garnir le dressoir à eau du dieu 
d Edfou». Voici la double formule qui l’accompagne : 


Remplissage du dressoir a eau. (Z) ire) : «Je m avance vers Veau salutaire, quand on 
remplit le dressoir a eau du Dieu qui est dans Pe ! C 5 est pur ( ? ) , grâce au (?) natron, 
sur [tes] membres (?); (je) purifie (?) (tes) (?) membres de souillure (?)! M» 


(&î« !mf] *^r , ^T (T) *, , |^iiTl* 

( Variante ) : « [Salut] à toi, saint dressoir que remplit V (eau du) Noun (®) : c’est 


Le motif centrai, gravé au-dessus de ia porte elle-même, est détruit. 

^ Cf. Edfou, II, i 45 , figure. 

(3) Cf. le culte journalier au sanctuaire s-t-wrt : Edfou, pl. XI et XII (voir plus bas). 

(4) Edfou, II, i3g, 12 -i 4 : B'hwdhw.Ddmdw : N'-i r n-t rwi,m-d{r) (?) b'h (cf. Erman, Neuaegyp- 
tische Grammatik (a* éd.), p. 33o, S 664 : m-dr + infinitif ) wdhw n ntr hnt P; 'b (?) m (?) ksmn 
m ÿ.w[-k (?)] ; <ft(4) (?) *«.»(, k) (?) m 'b (?). 

(5) Noun = Nwn. Gardiner, Eg. Gramm . (1927), p. 5 i 4 , transcrit : nnw. Le Wb., II (1928), 
p. 21 4 , ne choisit pas entre : *nww (?), nwnw (?), et nnw . Drioton, Essai sur la cryptographie 
privée de la fin de la XVIII* dyn., dans Rev. d’Égyptol., I (1 g 3 tf), p. 5 , note a, déclare la question 
résolue en faveur de nww. Gardiner, Supplément to Gardiner’s Eg. Gr. (ig 35 ), p. 00, ajoute un 
«peut-être» à sa transcription nnw . On hésite encore aujourd’hui, à juste titre, semble-t-il, et 
1 on revient souvent à l’ancienne lecture de Champollion et Brugsch : Noun (cf. par exemple, 
Drioton- Vandier, L Égypte (1938), p. ii 5 f et Vandier, La religion égyptienne ( 1 g 4 4 ) , p. 3 â, 
2 35 ). La valeur nww a peut-être été celle de l’époque ancienne (voir encore récemment sur ce 
point : H. W. Fairman, Notes on the alphabetic signs, etc., dans Ann. Serv ., XLIII ( 1 g 4 3 ) , p. 2 4 g- 
260, note III). Mais, en fait, toutes les variantes hiéroglyphiques récentes convergent sur nwn 
~ nnw. Le copte n’atteste que «Noyn» (cf. Spiegelberg, Kopt. Hdwb., p. 77), et le grec : 
« Noov ». La concordance de ces deux dernières formes continue, à notre avis, à faire autorité 
sur la reelle prononciation, au moins à l’époque récente de la langue. 


_* 1 U A- . . 

• 1*1 X U f* • 

pur! Mes mains sont [tournées) vers toi, ainsi que (?) [celles) des dieux (?) 

[ F-» 

La scène montre le «prêtre du roi» offrant une aiguière [hnm) au dieu 
d’Edfou. Il arrive très fréquemment que les actes rituels représentés le sont 
en esprit, et non en fait ( * 2 ). C’est la prière qui est symbolisée ici par l’offre 
du vase. Il convient de se représenter le hnty-sh, libérant son épaule de l’ai- 
guière, et remplissant jusqu’au bord [b'h), parmi les vases conservés à de- 
meure dans le snw ufb, isolés, ou groupés sur un ou plusieurs « dressoirs» 
[wdfiw), ceux dont on allait faire usage pour l’office du matin, dans Ywéh-t-htp. 
Tandis que le «chapelain» s’acquittait de cette besogne matérielle, le w'b *j 
prononçait la formule préliminaire ci-dessus, les mains étendues dans l’atti- 
tude de la prière, au-dessus des vases. 

Puis il passait au second acte : il prenait dans chacune de ses mains un 
vase nmé-t^l plein d’eau, et les offrait au dieu, en prononçant pour chacun 
d’eux une phrase à peu près semblable. 

Offrande de V [aiguière)- nmé-t. (Dire) : ({Prends pour toi [ta tête (?)] ! [Je] t’ [ap- 
porte (?)] ton Œil; je sanctifie ton cœur avec ce qui sort du Noun; [ ] en 

toi (?); je réjouis ton cœur avec [ | ^ ». 


(1) Edfou, II, i 4 i,i 8 ài 4 a,i : [ 3 4 5 Ind] hr*k, wdhw spé b'h m Nwn ; iw w'b! c -tw*f r>k hr (?) 
nlr*w (?) [ ]. 

Les modèles de scènes rituelles conservés dans les ateliers des dessinateurs, et que l’on 
gravait sur les parois des temples selon le plan général de décoration, étaient en nombre limité. 
Ici c’est la prière, face au dieu, qui est l’acte le plus important. C’est pourquoi le remplissage des 
vases a été remplacé par l’offre du vase avec lequel on remplit les autres. 

^ Il s’agit ici des formes récentes de la nm$4, en métal. C’est la petite aiguière de cuivre ou de 
métal précieux, complétée souvent par le bassin à bords évasés. Cf. par exemple : Catalogue du 
Musée de Berlin , 2* éd. (1899), p. 261, fig. 52 : les deux pièces l’une dans l’autre, à droite. 
Voir, pour l’illustration des textes utilisés ici (à défaut de pl. phot.), les planches au trait : XLI 
(2* reg.) et XLIV a, paroi nord du sn'w w'b ( 3 * reg.). 

(4) Edfou, II, i 4 o, 7-9 : Nd-hr m nms-t . Dd mdw : Mn n-lc [tp-k (?)] ! [7n-t (?)] n-k ir-t-k;slhd 
îb-k m pr m Nwn; [ ] im>k; h"*i tb-k m [ ]. 


3 . 


* 


— «.( 20 ) 

(T:*T«î-0n«Js;C:PI'Tli^H1 

im- 




( Variante ) : « Prends pour toi ta tête! Je rassemble pour toi ton OEil ; je réjouis 

ton cœur par .cette eau; je réunis tes os; je purifie tes membres; je chasse [ ] 

autour de ta tête [ ] ®.» 


Banales paroles de l’offrande, éternellement répétées dans le rituel égyp- 
tien ( 2 H Seule est significative l’action figurée. Cet acte, avec celui qui le suit, 
est le centre du rite de la purification journalière. C’est la consécration de 
l’eau pure au Maître du temple : elle confère à cette eau sa vertu spéciale. 
Lequel des deux prêtres agissait alors? Il est difficile de le discerner. Les 
affirmations placées à la fin du texte n° 3 les placent, semble-t-il, sur le même 
rang : « Ils font leur office à la place du roi». Il est permis de supposer que 
le hm-ntr avait le temps, pendant que le hnty-sh remplissait les vases à eau 
du « cellier pur», de conduire le rite entièrement. Les formules sont courtes; 
l’élévation des vases, au fur et à mesure que le «chapelain» les garnissait, 
se faisait, semble-t-il, en un instant. 

Le troisième acte du service matinal au snw w’b est l’offrande du vase 
kbhw. Le prêtre en prend un, et le présente devant lui, à la hauteur de son 
visage : 

Consécration de l’ (aiguière)-kbhw. (Dire) : «Cette libation-ci est celle qui sort 
du Noun, c’est le fluide qui sort d’Osiris! J’élève vers ta Majesté V (eau de) libation 
que tu aimes ( 3 ) : sois prospère par elle, (et sois ) en joie (?) ! M» 

W Edfou, II, i 4 < 2 , îo-ifî : Mn n-k tp-k! Twt i n-k ir-t-k; énfr-i ib-k m mw ipn ; dmd-i ks-w-k ; 
%i ff-w-k; dr-t [ ] hl tp-k, [ ] * k . 

• W Cf., pour toutes formules semblables, l’exégèse de Moret, Rituel du culte divin journalier en 
Égypte (Annales du Musée Guimet, Bibl. d’études, XIV). 

{3) kbhw, pluriel collectif. Voir note, plus haut. 

( 4 ) Edfou, II, i4o, 19 à i4i , a : Erp kbhw . Dd mdw : Kbhw pf nn pr m Nwn , rdw pr m Wstr. 
S c r t n hm-k kbhw tb-k tm-sn . Wdî-k im, m sms-ib (?) ! 


— «** »( 21 ) *c* - • - 

« 

(Variante) : «Salut, 0 Noun ! Salut, Eau-(primordiale)\ Salut, Hâpy, père des 
dieux! Salut, (Eau)-obscure ! Salut, Osiris uni au Noun! Que ton beau visage 
me soit favorable ! ® » 

>fK 

(Variante) : « Tout dieu est en joie : (c’est) l’Ennéade entière (qui) vient! Ils 
consacrent Vie et prospérité à Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, (et) aux dieux et 
déesses qui sont dans (Edfou)-Nl ts(-t) ! Un htp-di-néw-t, (car) je suis pur!®» 

1 4 t 

Il s’agit bien d’une offrande de l’aiguière, et non d’une libation de l’eau 
de cette aiguière* : aux trois scènes gravées W, le prêtre élève le vase vers le 
dieu, d’une main, ou à deux mains. Il le tient droit, et n’en verse pas l’eau. 
Par ailleurs, les textes de l’ensemble du snw w'b distinguent soigneusement 
hnp (ou : hrp ) kbhw = consacrer (Veau de ) la libation , et di (ou : fr) kbhw = verser 
la libation. Le troisième acte du rite matinal au «cellier pur» paraît donc 
répéter le second, sous une autre forme. Il crée cependant un lien de plus 
avec la divinité, car c’est avec le vase kbhw que le prêtre va tout à 1 heure 
entrer au sanctuaire. 

Quand tout est prêt dans le snw wb pour la purification finale, le « grand 
(prêtre )-pur» saisit l’encensoir, qu’il vient d’allumer. C’ést en répandant pour 
la première fois le parfum du énlr qu’il termine la première cérémonie de la 
journée sacrée. Au-dessus des vases remplis, rangés dans leur dressoir, il 

W Cf. Edfou, I, & 70 , n-i3 : (Le prêtre consacre l’aiguière nms-t, et s’adresse à l’eau qu’elle 
contient) : « Salut, ô Noun, en ton nom de Noun ! Salut, Eau- (primordiale) , en ton nom d’Eau- 
(primordiale) ! Salut, Obscurité, en ton nom d’Obscurité!» 

W Edfou, II, i43, 5-7 : End hr-k, Nwn! End hr-k, nwy ! End hr-k, H c py it nlr-w! End hr*k , 
kkw! End hr*k, Wstr sml Nwn! Htp « t hr*k nfr! 

Edfou, II, i46, 3-5 ; figure, p. i45 : Ntr nb m A(ÿ), « mpsd-t dmd ! Hrp-sn c nh-wîs n Hr 
Bhdti ntr 'î nb p-t nlr-w ntr-w-t imi-w Wts(-t) ! Htp-di-nsw-t, iw(-i) w%kwi! 

Montants nord et sud de la porte extérieure, 3 * registre (pl. XLI) ; intérieur du passage X, 
paroi nord, i er reg. (Edfou, II, i45). 

Bibl. d’Études, t. XX. 4 



* — 4#*! 22 — 

fait monter la fumée : comme l’eau et le sel de soude, elle crée la pureté. 
Il psalmodie au même instant : 

pnt:ïTîJLiims:cz:3a©t:ïjg~v=ntrîï;iAi;T 

-iLnnnnHmp*at,-\K,:='ji!t--EHii] 

(■ Purification du dressoir à eau , par b résine W sur le feu . Le Roi "j dit ;) 

«Il est pur , il est pur , le saint dressoir d’IIorus d 5 Edfou-grand-dieu-du-ciel, par 
la résine sur b flamme! Sur terre (et} au ciel, auprès du Maître des dieux, c est 
LP ttr ] * Bois de ( son eau ), avec tes compagnons (divins} ! Que ton cœur se rafraîchisse 
par Veau fraîche! W» 

(intiïTTiîmgGzzDnstiï^i-VrîitzAâJtnn 

1 • [fil Z 2 t> m *.■ *+» si n trrtrai 

( Variante ) : «Il est pur, il est pur, le saint dressoir d’Horus d'Edfou-grand-dieu - 
du-ciel! Au ciel, sur terre, auprès du Maître des dieux, c'est [pur] ! Bois en (ses vases}, 
(pour} que tes membres aient vigueur! (C'est} le roi (qui} a tout fait, en ce qui l[es ] 
concerne! (?) W» 

Là se termine la première partie du service matinal au «cellier pur». En 
effet, il est préférable de ne pas classer dans le service ordinaire une formule 
gravée aux deux montants de la porte intérieure du corridor X, entre celui-ci 

(l} Pour V. Loret, sntr désigne la résine de térébinthe, et *ntiw Voliban (ou encens mâle) : cf. Flore 
pharaonique (a* édit., 1892), p. 96-97 = § 1 63 -i 64 ; rappel dans : Kêmi , III, â 3 (1980). 
Je me conforme à son avis, mais en abrégeant, par raison pratique, la première expression en 
résine. Cependant, encore aujourd’hui, ces identifications ne sont pas assez pleinement démontrées 
pour avoir rencontré l’adhésion de tous les spécialistes. Le Wb. préfère garder, pour 
la traduction «traditionnelle» de Myrrhen (1926), et, pour sntr , celle de Weihrauch (1980). 
De plus, il est nécessaire de conserver, pour sntr (nom) et sntr (verbe) , les traductions de encens, 
encensement et encenser, chaque fois qu’il s’agit d’une idée générale, et non d’une désignation 
concrète : cf. plus bas (exemples d’application de cette remarque). 

(,) Edfou, II, 187, 19 à i 38, 3 : (Sw*b wdhw m sntr hr h-t. Dd mdw in nswt-bitx cna;) W^b, 
w c b, wdhw sps n Hr Bhdti ntr nb p-t, m sntr hr sd-t! Dr idb p t, dr Nb-ntr>w, iw [w c à] ! S < m k 
im m- c b imi-w-htk! Kb ib k hr mw kb! 

^ Edfou, II, 1 38 , 1 3 -i 6 : W*b, w c b, wdhw spsn Ht Bhdti ntr nb p:t. Dr p*t, dr tl, dr Nb-nlr>w, 
iw [w e à] ! S*m-k tm.sn, rwd k c -w-k! Nsw-t (?) ir nb m <s*t*s[n] (?)! 


— » t >»( 2 3 )• #■♦«■'—- 

et le sriw w l b lui-même W. Cette formule est beaucoup plus développée que 
les courtes phrases citées jusqu’ici. Elle rappelle l’ensemble des actes accomplis, 
depuis leur entrée, par les prêtres chargés du « service de l’eau»; elle y mêle 
des allusions au symbolisme de l’eau d’offrande, et des assimilations entre 
l’officiant qui récite et les divinités d’où émane la vertu de purification. La 
dernière phrase est à dire quatre fois, comme c’est de règle courante en service 
solennel. II s’agit très vraisemblablement d’une adjonction finale, qui accom- 
pagnait l’encensement; elle fait partie du rituel de fête, et n’a pas sa place 
ici. Dès que l’on a franchi la porte A'-X pour pénétrer à l’intérieur du « cellier 
pur», le caractère des inscriptions change. Il ne s’agit plus de l’entrée de l’ai- 
guière, ou de la purification des objets contenus dans la «sacristie de l’eau», 
mais de celle des offrandes qu’on dispose en ce moment dans la «salle de l’au- 
tel». Tout, dans le snvow'b, anticipe sur l’action future : les formules qui sont 
gravées ici préparent les deux prêtres à leur entrée en présence du dieu. Ils 
les prononcent en se chargeant des objets nécessaires au sacrifice. Ils les récite- 
ront en purifiant l’offrande devant le dieu. Toutes les scènes représentées dans 
le « cellier pur» se passent en réalité hors de lui, soit pendant la cérémonie jour- 
nalière, soit au cours d’un service solennel ( 2 ). C’est là que nous devrons revenir, 
au moment où l’on fera la libation sur les tables servies dans Vwéh-t-ktp. 

Voici les seules indications qui concernent encore ce qui se faisait dans le 
snw w ( b : 

i° Usage principal de la «chambre du Nil» A' (bandeau de frise, dédicace 
de fondation) : 


•t— 

1 © « ni 




(l) Edfou, II, 23 i, 8 às 3 s, i 3 . Publié par von Bergmànn, H.L , II, pl. LVI, et traduit, p. 39>4o . 
w Cette disposition anticipée des formules et des actes rituels représentés est très fréquente 
dans la décoration du temple d’Edfou : ici, le service dans la « sacristie» est figuré sur la porte 
extérieure, et les parois du corridor; le service de l’eau à Vwsh-t-htp est représenté par avance, 
au lieu d’où il arrive. Ailleurs encore, toute la décoration extérieure des portes concerne ce qui 
se passe au delà, dans la salle à laquelle ces portes donnent accès. 


— m.( 24 >w — 

II® (lui) a bâti un portail W, (au) «sud» du (temple d'Edfou)-Mén(-t), en bonne 
pierre blanche et dure (degrés). Ses battants sont en (bois de) sapin (de Cilicie) ('s)W 
doublé de cuivre; c’est un travail accompli, pour l’éternité. On y consacre la libation, 
trois fois par jour, (et) à toutes (fêtes) solennelles où Von officie W. 


2° Usage de la porte de sortie (A'-W) du «cellier pur» vers le centre du 
temple (bandeau de soubassement) : 


I < i —j I » 1 j S! 


* D l“l 


Ce portail (sert) à garnir le dressoir à eau (destiné) A l’offrande journalière^. 


Cette dernière instruction est fort nette, dans sa brièveté. Nous manquons 
seulement de détails sur la sortie des deux prêtres, qui s’en vont vers les 
offrandes, à ce moment-là préparées dans la «salle de l’autel». Il est permis de 
penser que, selon l’usage, le « chapelain » sort en tête, tel qu’il entre au «cellier 
pur», et qu’il porte ce que l’on voit apporter par un prêtre devant le dieu, 
sur les parois nord et est de cette chambre W : un petit dressoir de bois à quatre 
pieds, fait de lattes minces, contenant un vase à pied (spéy, ou snb-t), une 
cruche de métal (hnm), et une aiguière nmé-t, qui montre ici la forme spéciale 
du ' nh . Le «grand (prêtre )-pur» qui le suit tient le vase à libation (kbhw) 
et l’encensoir allumé, pour purifier les offrandes dans la «salle de l’autel». 

t 

(l) «II» représente ici le roi d’Égypte. 

C’est le portail du « vestibule ». Le « sud» dont il s’agit aussitôt après est plus exactement le 
sud-ouest du temple. 

(3) Cf. V. Loret, Quelques notes sur l’arbre « âch » (Ann. Serv., XVI (1916), p. 33 - 5 1 ) . 

Edfou , II, 2Ù 1 , 3-5 : Hwsnf sbl réi n Msn(-t ), m inr hd nfr n rwd-t; *î-wtf m 's nbd mbii, m 
kVt mnh't n t nhh . Hrp kbhw vmf, sp^hmt m hrw, tp-w-tr nb n ir ih't-ntr. 

(5) Edfou , II, 236 , 1 1 : Mîh(-t) pn n s c l wdhw r mn n hr<t-hrw . Le mot mn, à lui seul, est le 
terme propre pour l’offrande journalière, la «perpétuelle». 

w Edfou , pl. XLIV a, paroi nord, i er reg. ; paroi est (série nord), 2* reg,, i flr tableau. Pour 
le premier exemple, cf. pl. phot. ùo 3 . La formule qui accompagne la première de ces deux scènes 
a pu être récitée par le w c b au moment où le « chapelain» entrait dans la « salle de l’autel» : 
Je viens chargé du dressoir qui protège l’Eau : que tout dieu se réjouisse quand j’ arrive ! Que (les dieux de) 
l’Ennéade soient au complet , pour la présentation de leur eau lustrale! Qu’ils apportent Vie et prospérité , 
(car) les mets d’offrande que je donne sont purs! (Edfou, II, 2 ù-6). 


< 25 )*+— 


2 . — INTRODUCTION DE L’OFFRANDE. 

Pendant le court office matinal de consécration de l’eau, une autre besogne 
sacrée, qui réclamait un personnel plus nombreux, s’accomplissait de l’autre 
côté du temple : c’était l’entrée de l’offrande journalière. Sur la face est de 
la grande enceinte de pierre, à la hauteur de l’angle nord-est de l’wéh-t-h,', 
une porte s’ouvre, encadrée par ses montants à quatre registres et son linteau, 
couronnée de la corniche où plane le disque ailé divin. C’est là que chaque 
matin, à l’aube, entrait la procession des porteurs, chargés des aliments et 
des boissons qu’on présente au dieu d’Edfou^. Presque en face de cette 
porte, une autre est construite dans le mur est du temple lui-même Celle-là 
conduit, par un bref corridor, vers une salle formant « vestibule» (Y) ( * (l) * 3 ), qui, 
à son tour, débouche dans l’angle nord-est de l’hypostyle ( 4 5 ). Par là les por- 
teurs, ayant traversé obliquement le «couloir de ronde», s’enfonçaient dans 
la pénombre de la «maison du dieu». 

Nombreux sont les passages, explicatifs ou destinés à la récitation, qui nous 
renseignent sur l’entrée des offrandes du matin au temple d’Edfou. Les portes 
successives qui voyaient passer chaque jour ces offrandes ne restent pas muettes 
aujourd’hui. Sur l’usage de la première d’entre elles, celle du mur d’enceinte, 
une phrase du bandeau de soubassement de ce même mur (à l’extérieur, face 
est), donne cette instruction : 

L’une (des quatre portes percées dans le mur d’enceinte) ( s’ouvre ) vers l’orient. Les 
(prêtres-)entrants y entrent, une fois sortis du lac, pour accomplir leur office ® . Les 
provisions (du dieu) sont introduites (au temple) par là, une fois marquées (du sceau ) , 


(1) Porte I-J : pl. phot. 607 et 608 ; textes : Edfou, VI, 34 i- 35 a. 

' « Edfou, pl. XG et XLII d. 

« Edfou, pl. XLII ab. 

(4) Edfou, pl. XLc (porte du sud). 

w Tous les porteurs d’offrandes doivent donc être des « purs», astreints aux ablutions jour- 
nalières rituelles dans l’eau du lac sacré. 


• ■•■**( 26 y ** — 

pour que les « chapelains » du « ( dieu)-au-plumage-moucheté » (en fassent ) la pré- 
sentation w. 


En effet, en dehors du temple lui-même et loin vers l’est, s’étendait le 
« domaine sacré». Il comprenait beaucoup de constructions diverses, dont les 
vestiges, aujourd’hui encore, gisent selon toute probabilité sous les maisons 
modernes d’Edfou. Il est évident que toute la partie centrale de cette enceinte 
renfermait ce que l’on a l’habitude d’appeler les « magasins» du temple W. Ils 
comprenaient les bâtiments où l’on conservait toutes les denrées, alimentaires 
ou autres, prélevées sous forme de taxes sur les « terres du dieu» et les villages 
lui appartenant. Ils comprenaient aussi les étables, où les animaux de ferme 
du temple étaient entretenus, et surtout les ateliers, où de nombreuses équipes 
d’artisans travaillaient à la confection des aliments et au tissage des pièces d’étoffe 
appartenant à la communauté sacrée. Un grand soin était apporté à tout ce qui 
devait paraître « sur la table du dieu», avant d’être distribué aux ayants droit 
du clergé d’Edfou. Un de ces bâtiments était l’abattoir pur (éfiw w l b) (*), 
où toute bête de boucherie était égorgée et découpée selon le rite. D’autres 
étaient les basses-cours, où l’on engraissait la volaille; d’autres encore les 
boulangeries, ateliers des brasseurs, et cuisines. C’était enfin les bâtiments 
d’habitation réservés au clergé de service au temple, aux très nombreux des- 
servants subalternes, au personnel des artisans, aux employés d’administra- 
tion, et à leurs familles. Ceux-ci possédaient des bureaux, où les comptables 
de la communauté enregistraient toutes entrées, toutes fabrications sur place, 
et toutes sorties. II faut encore tenir compte, en dehors ou au dedans de la 
«ville sacrée» enclose dans son rempart de briqué, des vignes, jardins et 
vergers, avec leur personnel. En effet, le vin, les légumes, les fruits et les 


(1) Littéralement : pour la présentation des « chapelains » du « (dieu)-au-plumage-moucheté». Edfou , 
VII, 18, 3-4 ; publié par Piehl, /. H., II- 1 , pl. XCIV, col. 2-3 , et traduit : Ibid., Il-a, p. 66 : 
w e r t ; 'ksw'k-w, m-ht pr ms,r ir irvu-sn. Sti tlfl ■ m bnf, m-ht ht, r ssm hntî-vo-sh n Slb-sw-t. 

m L’exemple le mieux conservé aujourd’hui est probablement la cité des «magasins» et 
ateliers du « Ramesseum». Là, ils entourent complètement le temple proprement dit, ce qui 
n’existait pas, semble-t-il, au terrain sacré du temple d’Edfou. 

(3) Cet abattoir était certainement placé loin du temple proprement dit. Il était donc complète- 
ment différent du shw-Blk n stp-m, ou : « abattoir du Faucon pour les pièces (de viande)». Celui-ci 
était le « vestibule » ( Y) du temple lui-même. 1 




f 


K 27 > 


fleurs paraissaient tous les jours sur la table divine. Les apports des domaines 
agricoles du dieu, souvent très éloignés du temple, ne pouvaient alimenter 
dans de bonnes conditions toute cette part de l’offrande quotidienne. 

Or, dans ces ateliers du domaine sacré régnait tous les jours, avant l’aube, 
une grande activité. Les boulangers et brasseurs, comme ceux de tous les 
grands domaines seigneuriaux ou royaux d’Égypte, sont les premiers à l’ou- 
vrage : ils fournissent la plus grande masse d’aliments et boisson pour la 
journée de la communauté, et la nature de leur travail est lente. Le boucher 
sacrificateur et ses aides doivent ensuite abattre la bête d’offrande. Les vo- 
lailles doivent être tuées et parées, les légumes et fruits prêts pour la présen- 
tation, les fleurs réunies en bouquets. 

Telle est la scène que décrit le montant sud du tableau de la porte d’entrée 
des offrandes, au mur d’enceinte : 


loc “ M de om. 9 5 f 1 "| ï 1S® JisTd I 

I lacune de 1 m. 65 H§j] | 

« «1 1 -Ûb » [®ffl £1* @ îSts® ! M 

* ■ * * 1.— — fÿ lacune de i m. 63 J|] 


1 • — Règle pour [introduire (?)] les offrandes dans les enceintes W du temple , chaque 
jour, (et) à toute(s ) ( fêtes) solennelle(s) où Von fait offrande (d’aliments) :Ala[i a e (?)] 
heure qui vient de nuit, on psalmodie ( 2 3 ) un appel [à V atelier ( ?)] ; (oii) ils sont en train de 
préparer leurs mets d’offrande , (où) le « (clerc-)préposé»W est en train d’accomplir tout 
[son service (?)] [ ] les offrandes. A là [i re (?)] heure qui vient [de jour (?)], 


{1) nw-t semble ici désigner chaque wsh t, ou : « (salle) large» du temple. 

< 5) Le terme nié s’emploie, dans la liturgie ptolémaïque, pour désigner tout débit de paroles 
scandées à voix haute, sur un ton soutenu (mi JjJcnw , par exemple), ou pour tout appel modulé 
de la même façon (mi c i). 

(3) fmi-i -f- c . C’est ici, semble-t-il, le chef des fabrications et préparations journalières pour la 
table divine (boulangerie, brasserie, etc.). Cette catégorie de prêtres paraît, d’une façon générale, 
s’occuper de la direction des travaux matériels, et non du culte divin proprement dit. Cf. Lefebvre, 
Histoire des grands-prêtres d’Amon de Karnak jusqu à la XXI * dynastie , p. 17. 


(c’est) l’appel à l’atelier, par le (clerc) chargé d’observer l’heure W : les artisans de 
l’atelier sont convoqués, avec toutes les pâtisseries (destinées) à l’offrande, chacun d’eux 
(ayant) avec (lui) sa fabrication. (C’est) alors (que) le «(prêtre-)pur de Sekhmet»® 
entre à l’abattoir pur. [ La victime (1)) est abattue; on purifie les quartiers de choix 
avec [ l’eau qui vient du « puits pur » (?)] ; [ ] . Le « (clerc-)préposé » prend l’en- 

censoir, et, (quand) on se met sur pied vers la porte de l’atelier, on encense l’Offrande. 
C’est le « gardien » surveillant des « magasiniers » qui [prend (?)] en charge l’Offrande 
en tout ce qu elle a de précieux : [ tous ses] pains, toute [sa bière (?)], [son] vin et 
[son] lait, (et) tous [ses (?) , sans fin ni cesse (?)], à jamais ! W 


La «règle» ci-dessus s’appliquait spécialement à la préparation et l’entrée 
des offrandes matinales. En effet, une seconde «règle» est disposée en face 
de celle-ci, au montant nord du même tableau. Elle concerne les offrandes 
introduites «au moment du soir». Voici dès maintenant ce deuxième texte, 
car il complète utilement le premier. En effet, les deux entrées d’offrandes du 
matin et du soir se préparaient de façon identique, et se disposaient, dans la 
«salle de l’autel» du temple, de la même manière : 




(?)]< 


; © ▼ 


ira 


k Win 


(?) 


ÏWLWTsr] ~ * i -V A S ;■ 1 î - Tl 0 â 



tmi-wnw't . C’est l’un des prêtres savants, observateurs du ciel, ou «astronomes», pro- 
bablement attachés à la Maison de vie (. Pr-*nh ) du temple. Il était chargé de régler le temps du 
service sacré et des travaux qui en dépendent, pour toute la communauté (cf. Gàrdiner, The House 
of Life, J. E. A XXIV (1988), p. 167-179). 

(î) ïitre connu d’un prêtre : c’est le premier sacrificateur et chef de la boucherie sacrée d’un 
temple. 

(3) Les deux citations données plus haut, sur le rôle de l’eau du « puits pur», semblent autoriser 
cette restitution. Il est vraisemblable que toutes les purifications, hors du mur d’enceinte de 
pierre comme dans son intérieur, se faisaient avec l’eau de ce puits. 

( 4 ) Edfou, VI, 346 , 2-8 ; le texte est particulièrement détérioré, et difficile à établir : Tp-rd n 
[s 7 i]p (?) htp-ntr r nw-w-t h-t-ntr, r c nb, tp(-w)-tr nb n ir ih-t-ntr : Wnwt [1 2]*f (?) n m grh, rits c s r 

pl sn*w (?), hr irhn-sn ; tmi-s-t-', hrir [irwf (?)] nb [ ] ih-t-ntr . Wnw t [tp-t (?)] « m [hrw (?)], 

c s rpl sriw inpi imi-wnw-t : nts ir’t-w-sn'w hr kfn-w nb n htp-ntr , vd nb im-sn hr hnf . 'k-hr w^-Shm-t 

r shwwb ; [hry-]t (?) di r t\; swb étp-w m [mw il m hnm-t w'b(4) (?)] [ ] ; tî (?) shtpy in 

imi-s-t- ; * 4 Y rl pî sriw, ir mtr n htp-ntr . Gs-dp, (s)hd (?) n n(>) sriw-w, [ssp/ (?)] hrp-t htp-ntr, 
m ssf nb, m t-w[f nb, m hk-t (?)], wp, nb, [m •/(?)] [ ,nskn mrh (?)], i-t! 


{ 29 >t* 


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S.]™ S h [77.m] 'SI? 1 [“•] ~ s Viïl 


2. — Règle pour présenter tous aliments dans [les enceintes (?)] du temple, afin de 
faire offrande au moment du soir : [Quand vient (?)] le « tournant » du jour, on 
appelle à l’atelier [ ] dans [son) mois (?) [ ] par le [chef des ] « magasi- 

niers». (Quand) tous les pains du dieu sont cuits, le nom de chaque homme est marqué 
(au cachet) sur sa fabrication. C’est alors que les « contrôleurs de V atelier »M se 
mettent sur pied : on met en ordre (?) [tous les produits (?)] de l’atelier; on entoure 
V Offrande divine® avec les fournées, (une fois) toute [ l’Offrande (?)] réunie sur des 
plateaux d’argent et d’or. (Alors) le (clerc) chargé d’observer l’heure s’en vient à nou- 
veau jusqu’ à [la porte) de l’atelier. La lumière (du jour) n étant pas (encore) [éteinte { ? )] , 

[ ) les artisans de l’atelier ;[....] avec ce qui est cuit, [.....], chacun d’entre 

eux avec sa fabrication. C’est le ( clerc-)préposé qui prend l’encensoir, pour encenser 
l’Offrande (sortant) de l’atelier, jusqu’à ce quelle arrive au temple. On introduit 
l’aiguière au temple, en face de l’Offrande. On introduit l’Offrande au temple sur 

les plateaux (?) [d’argent et d’or (?)], [ ]-, (car ce sont) (?) des offrandes 

éternelles, inséparables de(1) (leur) moment (fixé), chaque jour K Quelles viennent 
[sans) fin ni cesse, à jamais!® '» 


(1) Ce sont les scribes du contrôle des entrées et sorties. 

(S} Il faut, semble-t-il, comprendre que le centre de l’Offrande rassemblée est formé des pièces 
de viande, des légumes, des fruits, etc., et que les pains et gâteaux sont disposés tout 
autour. 

(3} Edfou, VI, 346, îo à 347 , 5 : Tp-rd n hrp ibtnb^t) r [nw-w-t (?)] h-t-ntr, [r (?)] ir ih-t-ntr, 

m trnrwhî : [m n (?)]pèr ni hrw, c s rp\ sriw [ ] m ibd[f (?) ] t[n (?) (s)hdn (?)] sriw-w . 

Ps t nb n ntr, htm-tw rn s nb hr hn-f * U-hr kri-w-$riw hn (?) [ih-t nb-t (?)] sriw; sn p\ htp-ntr 

mps(-w), [htp^)] nb * b hr ini-w n hd nb. iV['] m-whm r [rJ] sriw tnp(l) imi-wnw-t. Ssp tvn [ ] 

iri[.w-sn'w ] hr ps, [ ] w nb im-s(n) hr hnf-’Imi-s t - ssp shtpy, ( h)r sntr htp-ntr m sriw, r 

spr-f r[k-t-ntr ]. Shp wd r h-t-ntr, tp [m (?)] htp-ntr. Shp htp-ntr r h-t-ntr, [m] Int-w (?) [n hd nb (?) 
] htp-ntr mn, dmt r (?) nw n r-nb : it-sn [n s]k, n [m]rh, d-tl 


— 30 )«w — , 

Il est facile de reconnaître la modicité des offrandes énumérées ici : tout 
gravite autour du travail à la boulangerie — et il en était bien ainsi, dans la 
* vie de chaque jour au temple. Les listes de parts mensuelles sur l’offrande 
journalière, établies au Moyen Empire, ne s’occupent que du partage des 
pains et de la bière W. Les parts de viande semblent donc ne pas être un revenu 
régulier, pour un temple, il est vrai, de fortune modeste, comme celui d’Illa- 
houn. Cependant, il y a une bête d’offrande, et une seule, abattue chaque 
jour au temple d’Edfou : on ne peut, au texte n° 1 , relever la marque du pluriel, 
après la lacune [hry-]t (?), et on ne parle pas de travail à l’abattoir sacré, 
pour la préparation des offrandes du soir (texte n'a). Nous sommes d’autant 
plus portés à admettre l’exactitude, en matière de c tilt 6 journalier, des « règles » 
de la porte du mur d’enceinte, qu’un autre texte (gravé, celui-là au montant 
sud de la porte Y-W du «vestibule des offrandes») parle aussi de l’abattage 
des victimes avant l’introduction au temple, mais sur un pied qui ne peut 
convenir qu’aux services solennels : 

îC®tM>]>ii5jiiiïW~Trs— — pi— itîTis 

Z; V Z + > — V P 5 n S™ »<>> [■»*] V 1 ? 1 1 = = J 1 ’ f 

3 . — On purifie les grandes victimes, dont les testicules n’ont pas été coupés, «de date 
en date» en Vannée W. L’ « encenseur du Faucon » W les baigne [de] leurs parfums ; 
(puis) il les introduit à l’abattoir du Faucon. [On égorge] (alors) [les victimes (?)] 
[pour] Harakhthès et Horus d’ Edfou^grand-dieu-du-ciel : c’est leur « exécration »W 
qui va là où l’on chasse V exécration < 6 L On purifie avec l’eau [(tirée) des de] 

(1) Cf. Borchardt, Besoldungsverhàltnisse von Priestem im mittleren Reich : Z, À .S., XL ( 1 9 o 2- 1 9 o3), 
p. 1 i3-i 17 . 

(î) Il faut comprendre, semble-t-il : de date de fête en date de fête (annuelle) : c’est dire qu’il 
ne s’agit pas ici du service d’offrandes journalier. 

(3) C’est le titre, à Edfou, du purificateur spécial pour les bêtes de boucherie. 

W C’est-à-dire : les encensements qui conviennent aux victimes. 

{5) Bw t sn : ce que les dieux détestent (rituellement). 

(fl) C’est la valeur symbolique habituelle de la mise à mort des animaux d’offrande. Ce lieu 
où l’on se débarrasse de l’« exécration», en laissant couler le sang des victimes, c’est l’abattoir 
même. 


■ ■■" <# »( 3 1 )t t - 

la citerne (?). {Alors) leurs chairs sont saines : on les met sur V autel, pour [satis- 
faire (?)] le « {dieu)-au~plumage-moiicheté>)W. 

On aperçoit, à travers les trop brèves données des deux « règles», quelques 
aspects mal connus de la vie communautaire autour du temple d’Edfou. C’est 
le travail de nuit des artisans, et les appels chantés, qui les avertissent de 
l’heure. C’est le rôle de l’observateur sacré et veilleur de nuit, qui contrôle 
l’heure en mesurant la hauteur des astres au-dessus de l’horizon < 2 3 * * ). C’est 
la surveillance des tâches réparties aux boulangers W, et l’apposition d’un 
cachet personnel sur les pains de chaque fabrication. C’est l’abattage matinal 
de la bête de sacrifice, et la purification des pièces de viande, par l’eau du 
«puits pur». C’est le rassemblement de l’Offrande entrante et sa disposition 
matérielle, pour faciliter le contrôle des comptables du bureau; le chargement 
sur des plateaux de métal précieux W ; l’encensement donné, avant le départ 
des porteurs, par le chef des ateliers {îml-é4- ). A ce moment, les scribes ont 
dressé la liste détaillée de l’Offrande. Ils l’ont probablement communiquée 
à celui des prêtres gardiens du temple qui porte le titre de chef des hommes 
de service du « magasin», et qui prend sous sa responsabilité « tout ce qu’elle 
a de précieux», dès qu’elle sort de l’enceinte pour pénétrer au temple. Ceux 
qu’il commande font à ce moment office de porteurs W. Ils se forment en pro- 
cession, les plateaux sur la tête. Le gardien les précède, ouvrant les portes. 



Edfou , II, 159, 12-iù : c b [/*] r [ÿ'W] 'l-vo, n hms hr-wt-én , m nw r nw m rnp t. \T*n str-Bik 
[m] hnmw sn; shp-nf sw r shw-Bîk. SfmLtor (?) hry\t (?) [n] Hr-lhti, Hr Bhdti-ntr-î~nb-p't; bw t sn 
pw r é-t h'î bw-t. Swb m mw hr [ ] sd l. 'd iwf*sn : rdt hr hîw-t r [shtp (?)] Sïb-sw t. 

L’observateur se sert de l’instrument de visée mrfy t. De jour, il exerce le même contrôle 
par le cadran solaire égyptien, ou la clepsydre à eau : cf. Borchardt, Altâgypt, Sonnenuhren : Z.Â.S . 
4 8 ( 1 9 10 )î P* 9" 1 7- 

(3) La même surveillance s’appliquait probablement aussi aux brasseurs-, par quelque autre 
procédé. 

(4) Ces plateaux ( tnt ) avaient la forme de larges bassins à bords évasés, assez profonds : les 
batteurs d’argent modernes en martèlent encore aujourd’hui de semblables, en Égypte. 

w II convient de ne pas confondre les triw-sn'w : artisans des ateliers, chargés des fabrications 
(boulangers, brasseurs, etc.), avec les sriw.w : « magasiniers», chargés ici, entre autres besognes, 
de porter les charges qui constituent l’offrande journalière. Quant aux hrhw-sriw, ils jouent 
certainement ici un rôle de contrôle (An). Le service du imï-s-t- : chef de la fabrication des ateliers, 
dont il est question dans ce texte, est également bien mis en lumière. 


—*( 32 >«- 

Ils entrent au «château du dieu», par la porte du mur d’enceinte, entre les 
deux montants où sont gravées les «règles» de leur service. Ils défilent au 
long du bandeau intérieur de la porte, qui avertit le lecteur de l’usage de 
cette entrée : 

I V- V 1 1- = K53 £ -7.] cri <1 a» 

4. — Porte d’introduction de l’Offrande divine au « château-d ’ Horus-victorieux » , 
matin et soir, pour (?) [les Maîtres (?)] du « château du dieu » h) . 

Ils traversent le « chemin de ronde », laissant derrière eux le portail inté- 
rieur du mur d’enceinte, dont les montants s’ornent d’une double et curieuse 
composition mi-poétique et théologique, mi-morale M . 

Certaines de ses phrases rappellent encore le rôle de cette entrée : 

C’est (ici) son « chemin de ronde» pür, avec sa W porte pour introduire sa « grande 


C’est (ici) le portail où pénètrent les « prophètes» du (temple d’Edfou-) Wts( • t)-H r , 
pour faire offrande aux grandes divinités, à chaque (fête) solennelle, sans cesse ^). 

V — S ' 

ITo { I I .1 t I I ^ — 

C'est {ici) la porte par où passent les <l prophètes », les « pères du dieu» du «grand- 
siège »W ; c'est le chemin des serviteurs de V atelier , chargés de l'offrande journalière, 


(5) Edfou , VI, 349 , i4 : Sbl n shp htp-ntr r h t-Hr-nht , m dt-f-h-t^f), n (?) [nb-w (?)] bt-nijr . 
(î) La place de cette composition n’est pas ici, mais avec un groupe de textes du même style, 
qui seront cités plus loin. 

(3) L’antécédent du pronom est : h-t-ntr (phrase précédente). 

(4) Périphrase fréquente pour : le repas divin. Cf. 'bw-rl : Wb., I, 176 , 19 , et ( bw wrw, 
Ibid., 20 . Edfou, VI, 348, 11-12 : Pkr(-ty$ pw w ( b, m rw-t-s, r shp *bw-s wr . 

(5) Edfou, VI, 348, i3 : pw *htw m-hntf in hm-w-ntr n Wts(-t)-Hr, r ir iht n ntr-w wr-w, 

tp-tr nb , n ib. 

(#) S-t-wr-t désigne ici, comme c’est fréquent, le temple d’Edfou tout entier. 


4 


— • «♦ > •( 3 3 )*€ 1 » * " ■■ 

pour nourrir le Maître des dieux, (pour que) les divinités (d’Edfou) prennent leurs 
aliments après lui W. 

Plusieurs prêtres de haut rang accompagnaient-ils réellement l’Offrande, 
en sa double entrée de tous les jours? La nature spéciale des textes dont ces 
extraits sont tirés nous permet d’en douter : ils s’adressent aux prêtres les 
plus importants, pour les besoins d’une cause particulière, que nous exami- 
nerons plus loin. Cela n’a rien de commun avec la mention exacte de ceux 
qui franchissaient la porte, en service journalier. Les «règles» des montants 
extérieurs, au contraire, ne citent aucun prêtre important comme chargé d’in- 
troduire l’Offrande. L’incertitude semble levée par un texte gravé dans l’épais- 
seur du montant de la porte est du « vestibule» W. Le prêtre qui présente 
les offrandes au dieu, et qui les lui consacre par le geste fi-ih-t, est nommé 
par son titre : c’est le hm-Hr, ou : «serviteur d’Horus » ( (l) * 3 >. Si on le trouve 
dans ce rôle à la «salle de l’autel», tandis que le «prêtre du roi» entre au 
sanctuaire, c’est que, selon toute vraisemblance, il est venu derrière la pro- 
cession des porteurs, de même que le «prêtre du roi» est entré, de l’autre 
côté du temple, derrière le «chapelain» qui porte l’aiguière. Il est chargé, 
comme- lui, de «conduire le rite» : c’est lui qui prie pendant le parcours, 
comme tout à l’heure, par ses formules, il va consacrer l’Offrande au dieu 
d’Edfou. 

La procession des porteurs, conduite par le gardien, s’engageait dans le 
corridor (Y-F'), et débouchait dans le petit «vestibule» des offrandes (Y). 
Au Sud de ce « vestibule» s’ouvre un « trésor» (pr-hd), où l’on conservait les 
ustensiles de culte et les parures sacrées faites de métaux précieux. Il y a lieu 
de penser que la porte en restait close, les jours de service ordinaire, car ces 


(l) Edfou, VI, 3 à 9 , 6-7 : Sbl pw pr-tw imf in hm-w-ntr it-w-nlr n S-t-wrl, mi-t pw n hm-w 
sn'w hr htp-ntr n r r -nb, r ir ih-t n Nb-nlr-w , ssp ' hm-w sn-w m-ht-f. 

« Edfou, II, i53, i5. 

Le prêtre du premier rang ( hm-nir , ou it-nlr) qui portait ce titre à Edfou est bien 
connu par les textes du temple : il marche, par exemple, en tête de la procession du 
Premier de l’An (cf. Edfou, I, 538, 1 et 563, 5; pl. XXXVII a et XXXVIII j), derrière le roi 
Ptolémée. 


Btbl. d’ Etudes, t. XX. 


5 



objets ne servaient pas ces jours-là* 1 ). De plus, il est difficile de supposer 
que les porteur^ de l’ Offrande s’arrêtaient au « vestibule», en temps normal * 2 ). 
Chargés de leurs plateaux, ils continuaient vers l’intérieur, débouchaient par 
la porte Y-W dans Vwéh-t-fi, traversaient l’hypostyle obliquement, et, fran- 
chissant le grand portail central de la «salle de l’autel», déposaient leurs 
fardeaux sur les divers autels, sur les supports de jarres, sur les dressoirs 
qui formaient le mobilier de la salle. Le «vestibule» ( hr-t-îb ) des offrandes 
n’étaient donc ordinairement qu’un lieu de passage, où les offrandes ne pou- 
vaient stationner : contrairement au «vestibule» de l’eau lustrale, où cette 
dernière recevait la consécration au dieu du temple. La conséquence, pour les 
prières et les textes explicatifs gravés sur ses parois*, est encore plus frappante 
que pour l’entrée de l’eau : ils ne s’appliquent pas à ce qui se passe dans la 
salle même, mais à ce qui va se passer aussitôt après, dans la «salle de l’autel», 
quand les offrandes seront en présence du dieu. 

1 fT ' r ' ' ' '* ' *” " 1 -î •“ 1 " ■ ' ' ! — 'l J 1 “ ' s i 1 — 

(l) H suffit d’examiner les divers exemples d’objets précieux figurés aux tableaux du pr-h$ (tous 
mentionnés dans 1 ’act e de dédicace , par le « prêtre du roi », à Horus d ’Edfou ou à ses « parèdres ») , 
et de les comparer aux objets de culte dont on se servait réellement pour le service journalier au 
sanctuaire (voir les tableaux du sanctuaire, étudiés plus bas). Aucun de ces instruments et bijoux 
n’est représenté au cours de ce service. Au contraire, ils le sont, dès qu’il s’agit des services 
solennels (partie du sanctuaire réservée au «grand sèrvice»; scènes d’offrandes, dans toutes 
les autres parties du temple). Les inscriptions du grand linteau extérieur de la porte du « trésor» 
(Edfou, II, 269, 9) renforcent également cette hypothèse. Elles constituent une sorte de dédicace 
générale de tout ce qui était conservé dans le «trésor». Or le titre en est : « (Le Roi) offre les 
objets sacrés de l’Ennéade à son Père vénérable : (ils sont) en (or-)#m et argent» (Hnk dbh-w n 
p$d-t n itfspê, m d'm hn 'rk-wr). En effet, c’est la « triade » d'Edfou (Horus, Hathor ‘Harsomtous) 
qui reçoit l’offrande ; c’est le Roi, assisté de la Reine , qui la présente. Or les tableaux de ce modèle 
(voir plus bas) concernent toujours les services solennels, et non le culte journalier. D’autre * 
part, le montant est du linteau (Edfou, II, 270, 6 ) est dédié à Imhotep (fils de Ptah ) , « le cérémo - 
niaire en chef » (hry-hb(-t) hry-tp ). Or il n’y a pas de hry-hb(-t) en service dans les offices du culte 
journalier (voir plus bas). 

{i) En effet, tout arrêt suppose la mise en place, par avance, des tables d’autel et dressoirs 
indispensables au déchargement des plateaux : les offrandes alimentaires ne sont jamais repré- 
sentées, dans les tableaux du temple, posées directement sur le sol, sauf, bien entendu, quand 
il s’agit de bêtes de sacrifice qu’on vient d’abattre. Or ce mobilier restait à demeure au centre de 
Ywsbt-htp, en face du sanctuaire. Il aurait difficilement tenu dans l’espace très restreint du 
« vestibule» Y (environ 2 m. 5 o X 5 m.). L’y prendre à chaque passage de l’Offrande pour l’y 
ramener à chaque sortie aurait représenté une perte de temps et un nombre de porteurs supplé- 
mentaires peu en rapport avec le caractère simple du service journalier. 


— • ■ < *»( 35 1 

Les formules des tableaux de linteau des portes traversées présentent toutes 
un type semblable : elles s’adressent à tous les dieux d’Edfou, ou du moins 
à des groupes nombreux. Les scènes gravées correspondent à celles de tous 
les linteaux de porte du temple par où une offrande est censée passer : c’est 
dire que ces motifs ne sont pas adaptés à l’usage précis pour lequel ces portes 
ont été construites. 

Le linteau extérieur de la porte du mur d’enceinte* 1 ), très mutilé, montre 
le «prêtre du roi» consacrant une table d’offrandes complète devant la 
«triade» d’Edfou et Dendéra* 2 ), derrière qui trônent Chou et Nekhbet : 

Je viens devant vous, ô (divinités de l’^Ennéade d’ (Edfou-}Mén(-t} ! Faites votre 
nourriture de ce que mes mains (vous consacrent ) ! * 3 ) 

Au linteau intérieur de la même porte, le «prêtre du roi» présente l’Of- 
frande (MJ-t) à un autre groupe divin, les dieux justes, qui détestent l’iniquité 
(nb-w MJ 4, bw4-én îsf-t ) * 4 ) : C’est l’offrande de Maât à ses maîtres, pour que le 
pays vive (à jamais ) par elle * 5) . 

Le linteau extérieur est du «vestibule des offrandes» consacre l’offrande 
(ém’i c ?ô-f) à la «triade» d’Edfou, par l’office du couple royal* 6 ). Son linteau 
intérieur est montre la même consécration, par le roi seul, au couple divin 
Horus et Hathor, assisté de trois couples de divinités choisies parmi celles 
qui créent les diverses parties de l’Offrande* 7 ). 

Quant au linteau de la porte intérieure ouest, il donne la réplique à ce 
dernier *•). On y présente la même offrande (hrp *lb-t), et e’est le couple royal 
qui de nouveau vient rendre hommage à un groupement semblable de divi- 
nités d’Edfou : Horus et Hathor, puis trois couples divins, maîtres des aliments 
terrestres. 

(,) Cf. Edfou, pl. phot. 607. 

(,) Cette « triade» comprend Horus, Hathor, Harsomtous (pour Edfou), et Ihy (pour Dendéra). 

< 3 > Edfou , VI, 34 1, i 3 . 

<*> Cf. Edfou, VI, 348 , 5 , et pi. phot. 608. 

(*> Edfou , VI, 34 7 , 16. 

W Edfou, II, i 4 7 , 8, et pi. XLII d. 

« Edfou, II, 1 63 -i 64 , et pi. XLII6. 

« Edfou, II, 167-169, et pi. XLII a. 


5 . 


Cette série se termine par une petite scène de pure décoration, intercalée 
sur la paroi est de l’hypostyle, au-dessus du linteau de la porte extérieure 
ouest du «vestibule des offrandes» : douze formes d’Horus, qui sont là 
douze aspects divers du seul Maître d’Edfou, reçoivent le plateau d’offrandes 
des mains du roi agenouillé M. 

Peu d’enseignement sort donc de ces scènes, pour tout ce qui regarde le 
service journalier de l’offrande. Il en est de même pour les tableaux des 
montants des portes, ou pour ceux des parois du «vestibule» lui-même. Un 
certain nombre d’entre eux concernent assurément le service solennel. Un 
manque d’unité apparent fait comprendre qu’il s’agissait là de décorer une 
salle où ne se déroulait pas, en réalité, d’action liturgique. Le simple passage 
régulier des offrandes est signalé par quelques textes explicatifs. Ils empiètent, 
comme il est naturel, sur la suite de l’action, qui va se dérouler plus loin, 
au cœur du temple. Voici les «titres» des deux portes : 

1 . — Porte [qui sert) à donner (sa) nourriture au «( dieu)-au-plumage-moucheté ». 
(Elifi est) purifiée par Horus et Thot; (elle) est encensée par (le dieu)-&r f 2 ' 3 * 5 * ). 

2. — Porte ( qui sert) à introduire ( V offrande-jbb W, pour garnir la (table-)' b 1 , 
du Maître des dieux en toutes bonnes choses qui sortent de l’atelier, (pour que) sa 

Majesté en fasse son repas! 

* 

<>> Edfou, II, 158 , et pl. XL c. 

t5} Ce titre de Sr : «le Prince», n’est pas seulement donné à Osiris, à l’époque ptoiémaïque, 
mais à Râ d’ Héliopolis, à Horus de Bouto {Sr 3 Im t est probablement V Horus de Tell Nebêcheh , et non 
celui de Bouto, contrairement à l’opinion admise par Wb., I, 78, 12-1 5 ; cL Edfou , VI, 64 , 
4 ), à (Horus-)Dwn-n-wi de la ville de S pi (18 e province de Haute-Égypte), dont le temple faisait 
partie, semble-t-il, de la même communauté cultuelle que celui d’Horus d’Edfou. 

(3) Edfou , II, 1 54 , 5 (bandeau de soubassement dans l’embrasure sud de la porte est du 
« vestibule» : Sbî n di dfi n Sîb-iw-t : wb(-f (?)) in Hr hn Dhwty y sntr-twf-f (?)) in Sr . 

l4) Hb : le gibier composé d’oiseaux et de poissons ; c’est une partie de l’offrande complète, 
citée ici pour le tout. 

(5) Littéralement : pour que sa Majesté s’asseye (hms) et se délasse (rf), grâce à elles (tm-sn = m 
ih-t nb-t nfr-t), „ * 

(#) Bandeau de soubassement, dans l’embrasure nord de la porte ouest du «vestibule»: Edfou, II, 

161, 8-9 : Sb , n stl hb, r sdfl * bl n Nb-ntr-w , m ih-t nb(-t) nfr{-t)pr m sriw : hms hm-f wK-f tm-sn. 


— >» •( 3 *1 


Quant au « vestibule » lui-même, voici les dédicaces qui rappellent le souvenir 
de sa fondation, aux bandeaux de soubassement et de frise : 

$ 


Vive le dieu bon ( ) V) ; il a bâti un « vestibule » au Disque-ailé divin, à 

l occident (sic) — de son temple. La porte (de ce « vestibule ») s’ouvre sur la grande 
« (salle-)large», pour qu’on en ^ sorte, chargé de l’offrande, au moment du ma- 
tin (?), pour faire. parvenir par lui toutes bonnes choses à son « âme » (kj), trois 
fois par jour M. Puisse Horus d’Edfou lui® donner le Sud et le Nord en paix sous 
(sa) couronne, sur le trône d’Horus, en tête des dieux, à jamais! W 


^ gtî] 

J ^ ^ ^ — | © 

Vive le dieu bon ( ) : il a fondé un « vestibule» pour son père vénérable Horus 

d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, à l’orient de son sanctmire. La chapelle qui s’y trouve 
est pour réunir ce dont on a besoin pour faire offrande à sa Majesté, chaque jour, (et) 
à chaque (fête) solennelle où l’on officiel 7 ). 




m « 


1 ra 1 


*** w «s ***: 


cïsurnzsà 



01 Toujours le roi d’Égypte. Ici, Ptolémée Philométor. 

(,) Confusion du rédacteur de ce texte. Le « vestibule des offrandes» est à l’orient (ou gauche, 
tl-wrt ) du temple, et non à l’occident (ou droite, imi-wr-t). 

W .s = hr-t-ib. 

(4) En comptant le service sntr-kbh de midi (?). 

(6) •/ représente le roi. 

(#) Edfou , II, 171, 7-1 0 ; ' nh ntr nfr ( ) ! Hws-n-f hr-t-ib n ' py-ntri , hr imi-wr-t n h-t-nirf. 

'l-s$s-twrwsh-t'î-t, (h)rpr(-tw) tm-s hr htp~ntr,r tr nhp (?), (h)r shp ih-t nb-(t) nkl-fm-m-s , sp hmt 
m r nb . Dt f nf Sm'w-Mhw m htp hr shm-ti, hré-t Hr, hnt nlr-w, d-t! Il y a confusion ptoiémaïque 
entre nhp et nhp. Cf. Wb., II, 296, 10-11, et 284, 5-12. 

(’) Edfou, II, 171, 1 2-i 4 : nh ntr nfr ( )! àntf hr-t-ib n itf sps Hr Bhdti-ntr- i-nb-p-t, 

hr *iîbti n shm-f. Sh m-hnt-s, n 'b dbh-w r ms n hm-f m hr-t-hrw, tp-tr nb n ir ih-t-ntr . 

Bibl. d> Études, t. XX. 


6 


,( 38 > 


Vive (le roi Ptolémée ) : il a créé un splendide monument pour son père Horus 
d Edfou-grand-dieu-du-ciel . Il a construit un « vestibule » à l’intérieur de su demeure, 
au sud (sic) W de son temple, en bonne pierre blanche de (grès) dur : (c’est) un excel- 
lent travail d éternité, afin qu’on y consacre l’offrande, jusqu’aux époques au delà des 
temps des (étoiles) circumpolaires I Tout [ ceci (?)], Il W (le) décrète pour son fils, en 
récompense de ce sien monument : cette (sienne) vie® sera la vie de Râ au ciel; il 
sera le bon Faucon sur le (trône)-é rh, en tête des dieux, à jamais! (*) 


f ssnsMVrsinz::- 


'* '«f * 
u n 


‘fiQ'î+rtni 


Vive (le roi Ptolémée) : il a créé ce beau monument pour son père Horus d’Edfou- 
grand-dieu-du-ciel, (qui est) dans (Edfou-) Wts( • t) -1.1 r . Il a achevé un « vesti- 
bule » a l intérieur de son temple, a l orient de sa (toaîsoji], afin qu’on consacre 
l’offrande à son âme (kl), trois fois par jour. Qu’lia lui donne (en retour) la 
durée de Râ au ciel, en tête des dieux, à jamais! (°) 


Il reste, au «vestibule» des offrandes, deux textes doubles, beaucoup plus 
significatifs que les précédents. Le premier est gravé dans l’épaisseur des 
montants de la porte est, qui donne sur le «couloir de ronde»; le second 
1 est aux montants de la porte ouest, qui s ouvre sur Vwéfi’t-h! . On y entrevoit 
le déroulement complet du service de l’offrande matinale : 

t s?— [<N” 


{1) G’est-à-dire : au sud-est. 

(2) « Ii » = Horus d’Edfou. 

(3) G’est-à-dire : la vie du roi. 

Edfou, II, 171, 17 à 172, 5 : ’nh ( )! > Ir-nf mnw Ih n it-f Hr Bhdti-nlr-'i-nb-p-t ; 

yk-nf hr-t-ib m-hnw iwn-t-f, hr rsi n h-t-nlr-f, m ïnr hd nfr (w) rwd-t, m kl (-t) mnh(-t) n nhh, r wdn 
bip ’tm-s, r tr-w m-ht hnti n ’lkm-w-wrd! [IV» (?)] iry ir-nf n sif m fkl » mnwfpn : hlwpw hlw 
R c m p-t; tœf m Btk nfr hr srft, hnt ntr-w, d-t! 

»■ Horus d’Edfou. ’ * 

Edfou, II, 172,7-11 :'nh ( ) : ir-nf mnw pn nfr n itfHr Bhdti-ntr-i-nb-p-t hnt Wts(t)-IIr. 

Kn-nf hr-t-ib m-hnw h t f, hr bl h n [pr]fpn,rwdnihink‘,f, sp hmt m hr-t-hrw. Difn-f'h'w B' m 
p-t hnt ntr-w,- d-tl 


( 39 




' V c 

. « % 


la. — Cette belle porte du « grand-siège » (*) (sert) à fournir à la table d’autel 
du Maître des dieux toutes bonnes choses qui viennent de (la deme)-Npv-t M : (ce 
sont) les pains (d’offrande) par milliers, les mets (d’offrande) par centaines de mille, 
sortant de l’atelier, [chaque fois (?)] que l’on « découvre la Face (divine)». Ce sont 
aussi les ( bœufs)-ivr , , les (bœufs)-wndw et les oiseaux qu’on engraisse pour tous les 
[(autels~ybi] et hjw-t. du « (dieu)-au-plumage-moucheté», afin de baigner sa de- 
meure de leur parfum, afin d’emplir son (autel)-h’,w-t de vin et de moût, afin de lui 
offrir les (huiles-)md'ï et sti-hb, (afin de) brûler pour lui l’oliban et la résine sur 
le feu, qui sont les dons de (la rfees$e-)Nb(*t)-f ■ g . w 


^n:(SHivis;sî^n<ïv,î^j))TiiAnV3<m'ï£î 
-k w w t ;r: 3 + v — ! v ^ ® 4 î = s 1; + V H 1 * 3 4 ï £! ! il $ 3 3 

iill 


1 b- — Ce beau portail du Château-du-Faucon (sert) à garnir T (autel )- wdliw du 
(dieu) d’Edfou des abondantes nourritures de la glèbe : (ce sont) les millions sur les 
cent-mille, les dix-mille sur les mille, les cent et les dix, en toutes bonnes choses qui sont 
fournies par l’atelier, chaque jour. La viande est purifiée et ses parts sont rendues 
pures (c est ce qui est apporté de V abattoir pur) ; (la fumée de) leur graisse, elle atteint 
le ciel (*), elle monte jusque dans V « horizon » (*) ! Des pains, des (jarres) de bière 
sans nombre sont sur l (autel-) b;, chaque jour. On confie cela au « serviteur d’ Horus » 


Le temple d’Edfou. 

(5) Forme féminine du dieu des grains Npr . 

(3) G’est-à-dire : Nekhbet, la «griffue» (la déesse-vautour d’El-Kâb). Edfou, II, i 53 , 1 -k : 
Sbl pn nfr n S>t-wr-t r sdf> c bi n Nb-ntrvo m th*t nb(-t) nfr (-t) pr m Npy-t : hl m kî-w, hfnw m 
htpprmsnw, n [sp(?)] wn-hr nb ; mit-t-iri hoî-w wndw'W îpdw , ddl-n én r [ ( bi (?)] nb, hlw t (nb) n 
Sîb-swt, r bhd iwn(-t)f m kurnw-sn, r b'h nf hîw-t m irp sdh, r di nf md-t sti-hb, (r) klp nf 'ntiw 
mtr hr sd-t, m tn n Nb('t)-f'g! 

(4) Terme symbolique, ici, pour : le plafond du temple (qui tient lieu de la voûte du ciel). 

(6) L’« horizon» désigne aussi le plafond du temple. 


6 . 


(hm-Hr) W ; avec cela, on fait l « élévation des offrandes » ( ?) ( 2 ) ; (puis) on retourne ® 
cela au personnel de sa Majesté W, après que le dieu sen est satisfait M. 


p a s e 3 °j i [^ (,) ] * [SJ ^ [ 0 > t$w 39 [j 


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éTV [Cf. texte n" 3 , 

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tf^dunm 




2 a. — C’est la porte par où l’on introduit les (pièces de viande) choisies vers le 
« Sanctuaire du (Faucon-fa w* *W, ^ar (l’office des) sacrificateurs qui «font leur 
heure» ® à l’abattoir du Faucon, (quand ils viennent) avec leurs W pièces de viande, 

pour la «révélation de la Face»® du Faucon. ( )(«). On dispose [les oiseaux (?)] 

engraissés [ ] ; ce sont leurs pièces (de choix} 11 ) (destinées) à mettre en fête tous 


* * Titre spécial, à Edfou, d’un prêtre de haut rang : cf. plus haut. 

H s d un geste précis du prêtre, dont il sera question pins bas. 

(3) C’est le retour des offrandes présentées au temple, pour être partagées, sous forme de « rente 
en nature» (c’est le sens du subst. wdb = retour, d’où : rente), aux ayants-droit du clergé d’Edfou. 

Cf. Wb., I, 4 o 8 , 12-1 5 = Pyram., n 5 ,c (wdb htp-ntr)-, Gura, Teti pyram. cemet. ia5 (note 
G. Lefebvre). 

C’est-à-dire : ie clergé du temple, 

(6 > Edfou, II, i 53 , i 3 -i 6 : Mlh(-t) pn nfr n ht-Bik, r htm wdhw n Bhdti m dfl-vo wr-w n ih-t : 
hh hrhfn.w, ib'-w.hr fi-w sn-w-t md-w m ih-t nb(-t) nfr(-t) 'h-én m ïriw, r ' nb. W’b-t w'b-lw, 
hr kbh-sn twr-tw, m in m shw-w'b; hpn-sn ph-n-f hr-t, s'r-f r-hnw \h-tl T hk-t n drw-sn hr <bî 

r'-nb. Di-n-sn sw « hm-Hr ; ir-tw fi-ih-t (?) im-én; wdb-n-m (?) èw n émd-ï hm-f, m-ht htp nt’r 
hr-én. * " * r 

W La périphrase s’applique ici à l’ensemble du temple d’Edfou. 

(,) C’est-à-dire : qui sont de service. 

m stp-w-f : le pronom singulier semble être une erreur du rédacteur, au lieu de son pluriel ; 
■sn. Il s’agit des pièces de viande préparées par les sacrificateurs (imnh-œ). 
m Cf. [sp] wn-hr nb, plus haut. . 

* Ici s’mtercale la partie du texte déjà citée plus haut, à la suite des deux règles pour introduire 
les offrandes (texte n° 3, page 3o). 

{U) (Les mets de choix) des divinités d’Edfou? 


les (autels-)\y,w-t. On fait hohcauste de leurs quartiers; (quand à) V « huile » W, on 
(V)exprime (X) en un vase de pierre dure, (qui est) dans la « ( cour de) réunion des 

offrandes»®, pour (faire) l’onguent de l’année. L’ «huile», et le [ ] qui s’y 

trouve, c’est pour fabriquer tous les baumes (qui paraissent) sur les autels (?) du (dieu) 
d Edfou. On fait sa « grande Offrande »® avec (des bœufs (?)] , (symboles de) ses enne- 
mis, (avec) des bubales, des oryx, des bouquetins, qui les suivent à l’abattoir du Faucon. 
(Puis) la (viande) choisie, du « mois» (?), la (ehair) à rôtir (fixée par) fonda- 
tion (?) (est placée) sur les (autels-) hjw-t du (temple-)Mén(-t), en présence d’Horus 
d’Edfou; on en donne une portion à chaque desservant (?) vénérable, chaque fois 
qu’on fait le compte de l’Offrande®. Viens, d (dieu) d’Edfou, (quand) on la rôtit, 
(toi) et Hathor de Dendéra! — Qu’Ils donnent vaillance et victoire à « celui qui sort 


d’eux», au fils de Râ CPtolémée Philométor 


! (s) 


«nasii!'=ù*:i;î3'.,-iiz J sî:';'ïïîv:îAîti.,u’]E 


C est-a-dire la graisse fondue des oiseaux d’eau (canards, oies) élevés dans les basses- 
cours du temple. Pour la lecture mrh-t , cf. Wb., II, m, 8, à rapprocher de Wb., II, 209, 5 
(variantes graphiques). Pour la correction proposée du groupe suivant (nmd), cf. le verbe 
nwd écrit : ^ J, en Edfou, I, 45 , 16 ( Wb., II, 226, 8). 

m C’est la cour à ciel ouvert devant la chapelle w'b-t (P, par erreur pour Q, au plan général 
du temple d’Edfou). 

* } Littéralement : «son grand Œil». Il s’agit ici des services solennels du mois, par opposition 
à l’offrande tmny-t du service journalier. 

^ est-a-dire, probablement, chaque fois qu’on rapporte la viande vers les dépendances 
du temple, quand on dessert la table du dieu. Cf. plus haut, la « règle pour introduire les 
offrandes» (texte n° 2). 

( * Edfou , II, 169, 11 a 160, k : Sbl $b stp*w r ssd-t-n-Stlw tn imnh(-w) tr wnvo-t^én ni shw-Btk, 

m stp-wf (sic) n wn-hr Btk.( ).Hts [Ipd-w (?)] ws] [ ] ; étp w-snpw r èhh hîw t nb(-t ). 

Sb-(nysd-t m sb(-w)-sn ; mrh-t , nwd-sn (?) r c n 'î-t m ' b-dfî, r nwd n rnp-t; mrh-t , [ ] wnnf 

m-hnt-s y r ir mi{-t) nb hr htp-w (?) Bhdti. 7 r ’lr-tfwr-t, m [i/* w(?)] r hfti-wf; ssî-w m\(-w), 
ni\-w, m-ht-én r shw-Bik. Stp-t n (?) tbd (?), îsr n émn (?) hr hiw-t n Msn{-t) r-hft n Hr Bhdti 
rdi w'b im-sn r imi-ht (?) nb sps , hr tr nb n ir hn-t ’Ir t-Hr. Mi, Bhdti, Isr im-én , Hthr nb(-t) ’Iwn-tl 
Di-én kn-nht n [pr]-n[-f im]-én (?), n ( .). 


f P A “ T l L - (à T- 4- 4* T =1 * »' 1 1 'Æ — 1 fri w 1 1 i 

n - V'r'E s (reUmlSna 

2 b. — C'est le portail par où Von va vers (le tempfe-)Wts(-t), portant ce qui 
compose le repas divin : (quand) le repas sacré est en face de l autel, Ra (qui est) 
au ciel, c'est le (dieu) d'Edfou! f 1 ) Les herbes sont introduites aux mains des porteurs 
(de l'offrande ), (et) toutes les fleurs des champs : c'est (V offrande)-mà y A (présentée) 
dans son (rnios-)hd, afin que la terre soit offerte à ta Majesté, o Horus d Edfou-grand- 

dieu-du-ciel ! ^ C'est ce qui pousse pour le Sei[gneur (?), ] hors de l eau. 

Le sanctuaire est encensé de tous les encens ^ [ ] ; Qn fait la libation par deux 

et trois fois W, (car) les (î)ÆS6$-)niïié*t sont nourris par le Noun sur ton dressoir f \ 
et ton (aiguière-) hnm contient (son) eau nouvelle . Un «prophète» est devant toi, 
(occupé) à lire le livret; un autre (prêtre-)pur de haut rang (?) est à côté de lui, 
faisant l'encensement et la libation ^ : porter (la charge de) l office (sacre ) , 
en tous points (du rite), c'est (là) leur service . 0 «(Toi) qui es sur (le trone-)é rh», 
* l'autel est purifié par la libation (?); ton âme (kî) est joyeuse, grâce a l encens 
et aux essences (parfumées)* Des (prêtres)-purs, chargés du livre, sont places a droite 
et à gauche, donnant la réplique aux « prophètes », aux moments (voulus)* Le sanc- 


( l ) Allusion à l’une des explications théologiques de la vertu du sacrifice, dans le rite d Edfou. 

(») Cf. Edfou, I, 471, 17 à £72, 10, et la pï. phot. 355 , pour la figure gravée du naos. La 
présentation réelle de légumes et de fleurs dans une petite chapelle portative semble avoir fait 
partie du rituel particulier de certaines fêtes. Mais l’ensemble des végétaux apportés avec toute 
offrande devant le sanctuaire pouvait être tenu pour un mdîi. 

( 3 ) Pour traduire ici le substantif sntr, je choisis le terme : encens , avec la valeur générale qu’il 
possède en français : toute matière servant à encenser. Les Égyptiens emploient souvent ainsi sntr . 
Ici, le mot fait allitération avec le verbe sntr; il est manifestement pris dans un sens générique : 
tous les encens. Un peu plus loin (L 10 du texte hiéroglyphique), mnwr a le même sens général 
d’encens. Cf. plus haut, p. 22, n. (1). 

( 4 ) Cf. la grande libation quadruple de la « salle de l’autel» : Edfou, I, /18&-&86, et pi. XXXV b, 
XXXV c. 

< 5 > Il semble préférable de corriger ici : wd en wdh(w), qui emploie le même déterminatif. 

l*> Donc, des hry w-hb(*t ), ou « cérémoniaires», portent le titre de «prophète» ( hm-nlr ). 

( 7 ) Donc, le titre de wb ou « (prêtre-)pur» s’étend aux «prophètes» et aux hry^w-kb(4). 


tuaire est purifié, à portes ouvertes; on fait la seconde entrée; on donne le repas d'of- 
frande (au dieu ) ; on fait encensement, (et) de même après que Von a mis le ruban 

(de papyrus). Alors [ ] de leurs bouches [ ]. [O Horus d’ Edfou-grand- 

dieu-du-ciel (?)], et Hathor de Dendéra, qui reste à ton côté, qui est ton [diadème (?)], 
et tous (les dieux de) ton [Ennéade (?)] : Buvez (?) et mangez (?), vivez et prospérez 
par (ces offrandes)! — O Dieu et [Déesse] du Château du Faucon, et (vous). Cour 
divine d’Edfou, (vous êtes) la protection du Roi ÇPhilométor^ ! (1) 

Voici donc l’offrande au centre du temple, dans la salle qui porte le nom de 
«salle de l’autel». Le bandeau de soubassement du mur d’enceinte, traduit 
par K. Piehl, ne donne que des renseignements assez vagues sur elle : 

La « salle de l’autel », (qui vient) après elles mesure a 5 coudées, sur 8 coudées 
de large. On a gravé dedans (des représentations tirées) du « service de l’offrande », 
et toutes les prescriptions qui sont convenables pour elle W . 

Deux textes semblables ajoutent quelques précisions : 

fUsswïÊviëi ■ 

La salle (d’apparat) (qui suit) en dehors d’elle W est (la salle) du repas (du 
dieu) : on (la) garnit de toutes bonnes choses W. 

— — — , x i r 

0) Edfou, II, 1 6 o , 6-i k : Ml h{-t) pw n wdl r Wts(-t ) , hr ivndw n htp-ntr. Htp-ntr sps m-kft htp, 

R ( m p4 m Bhdti . Ms smw m '• wi klw'W, krr4 nb n >h4 : mdU m-knt hdf , r ms t,n hmk , Hr Bhdti - 

ntr-î-nb-p-t! Rd pw n Rp c [<t ]m nwy. Sntr S-t-wr-t m sntr nb Di kbh tp sn-nw, 

hmtnw, nmswt sdfi'tw m Nwn tp wd(hwyk, hnm[-khr (?)] mw rnp! Hm-nlr m-blk-k, hr M «ï ; 
ky 



ntr-î-nb-p-t (?)], Hthr nb(*t) 3 Iwnt mn r gé-k [m hri-tp-t]-k (?), psd-t-k (?) iry : th'tn (?) nh-tn (?) 

im.én ; sdb-tn, wdün im[>] / Nlr[ntr-t (?)] U Bik, snw4n Hr Bhdti, m [mk (?)] n néwt-biti. ( ) . 

W C’est-à-dire : après la «salle centrale», la chapelle de Min, et la «(cour de) reunion des 
offrandes» avec sa chapelle w b-t, qui viennent d être décrites plus haut. 

l 3 ) Bandeau extérieur est : Edfou, VII, 16, 5-6 = K. Piehl, I. H., II-2, p. 65 : I \ sh-t-htp 
m sî'Sn m mh a 5, wéh m mh 8 ; (t t m-knt'à m irw n ih't-ntr, hn tp-rd nb stwt n*s. 

V En dehors de la «salle centrale» : l’énumération va du centre vers le dehors du temple, 
t®) Bandeau de soubassement extérieur est du temple proprement dit (nms). Edfou, IV, i 3 , 
i3-i4 : Hly t m-rw4-s, n * h'-hms : è df>4w m i h-t nh(-t) n/r(.f). 


— ++( 44 )•#*— 

La « salle de l’autel» (< qui vient ) après elle contient le mobilier de l’Offrande 
divine; elle (mesure) a 5 ( coudées ) 5j6 sur 8 ( 2 * ). 

Le travail matériel qui consistait à décharger les plateaux contenant l’Of- 
frande demandait certainement quelques délais. Il est probable que, pour 
gagner du temps, on déposait ces plateaux sur la tablette supérieure des autels. 
Ces derniers étaient, les uns de vraies tables ou dressoirs rectangulaires, en 
bois léger, à quatre pieds (htp, c b’,, wdfiw). Les autres, en métal, étaient faits 
d’un unique piédestal circulaire ( h’,w-t ), capable de soutenir un seul plateau 
en équilibre sur sa coupe supérieure. Quant aux jarres contenant les boissons 
pour la journée du temple : bière, vin et lait, elles étaient rangées derrière 
les tables, sur des supports dans lesquels leurs bases étroites s’ajustaient. 
Puis on disposait les légumes en bottes, les fruits en corbeilles autour des plats 
chargés de pains et de pièces de viande. Les fleurs, liées par leurs tiges en 
bouquets, étaient couchées au bord des tables, ou restaient debout, appuyées 
au flanc des vases. C’était là la disposition la plus simple de l’offrande. 

>A droite et à gauche de Vwéh-t-htp, deux portes de bois plaquées de 
feuilles de cuivre W restaient fermées, les jours ordinaires W. En face, au 
centre de la paroi nord, un vaste portail en saillie, surmonté d’un double 
emblème du « Disque ailé», s’ouvrait à deux battants sur une autre salle et 

Même remarque que page 43, note 2 . 

W Bandeau de soubassement extérieur ouest du temple proprement dit (naos). Edfou , IV, 
6,3: Wsh't-htp m sl»è, hr dbk-w n ih*t-ntr, m (mh) 2 5 5 /s r 8. Le mot : dbhw signifie, d’une façon 
générale : « ce dont on a besoin», ’lh-t-ntr implique qu’il s’agit de ce que réclame le service des 
offrandes alimentaires. 

C’est le type général de toutes les portes du temple. Cf. par exemple, Edfou, YII, 19 , 9-1 o. 

(4) Elles conduisent aux deux escaliers qui mènent à la terrasse du temple. 

(6) Cette porte n’était peut-être pas fermée chaque soir, car les trois salles wsh t-h wsh't-htp 
et wsh't-psd-t formaient la demeure particulière du dieu d’Edfou, et pouvaient rester en commu- 
nication constante entre elles pour le service journalier. Au contraire, tous leurs débouchés vers 
le dehors : les deux entrées latérales de service, et la porte centrale vers le pronaos (ouvert en 
façade), étaient sûrement fermés chaque soir et ouverts chaque matin : cf. Edfou, IV, i3, 3-4 : 
S'W'S hr c l'W'S hr tn, ss ir psd ttn {r}htpf — Les verrous (de bois) (des portes du temple) qui sont sur 
leurs battants, en (position de) fermeture, on (les) ouvre depuis le lever du soleil (jusqu à) son coucher . 


_«.( 45 )**— 

sur une autre porte, celle-là encore fermée. Quatre marches, puis une autre, 
isolée, faisaient monter vers le dieu celui qui suivait ce chemin. La porte 
fermée est celle du sanctuaire d’Horus ( é-t-wr-t ); la salle qui le sépare du 
lieu où l’Offrande est servie, c’est la «salle du centre» ( wêh-t-hri-îb ), ou 
« salle de l’Ennéade» (wéh-t-péd-t). Chaque divinité y possédait un naos, con- 
tenant son image, et, quand le prêtre élevait symboliquement 1 offrande vers 
Horus, c’est aussi vers ces dieux qu’il la tendait : car ils sont les « enfants 
de Râ» (mé-w-R c ) f 1 ), qui vivent des aliments de leur père. 


(C’est) la « salle du centre » ( qui vient) après elle M : on lui donne le nom de « Lieu 
de repos des dieux», (et de) «Château où demeure le Vaillant». Sa langueur est de 
a 3 coudées a \ 3, sa largeur de g coudées. Les naos qui sont là sont ceux des dieux 
dont on adore la beauté W; l’Ennéade d’ (EdJou-)^\én(-t) est (représentée) sur ses 
parois W. 

Le texte parallèle du bandeau ouest du temple proprement ditW donne 
une seule variante intéressante. Il ajoute à la fin du texte precedent : 


[Les naos qui sont là sont ceux des dieux dont on adore la beauté ) : [ils sont re- 
couverts) d'argent, d 9 (or-) « deux-tiers », et de [ pierres ) fines (m c rk-wr, &wi, >*t) (6 >. 


Edfou, I, 38a, 4-i 5. 

( 5 ) C’est-à-dire : après la «grande-place» le sanctuaire central du temple. 

^ Périphrase qui, dans la phraséologie religieuse traditionnelle, revient à dire : « dont on 
adore la personne» (présence personnifiée par la statue divine). 

< 4 > Bandeau de soubassement du mur d’enceinte, face externe est — Edfou, VII, i5, 7-9 : 
Wsh't hri-ib hr si -s : S't-sndm-ntr'W , H't-méhn‘t-Knw, kl'tw m m-s. Kl -s m mh fi S s /s; shh'S m 
mh g; gllw t im-s n ntr-w, dwl nfrW'ên ; psd-t n Msn('t) kr él4'S . 

(*) Bandeau de soubassement du naos. 

W Edfou, IV, 5, 12 à 6 , 1 . 


— *#*( 46 )•** — 

Enfin le bandeau est désigne exactement ces images des dieux : 

s®v,fD-în«ia!-fc:T-s§[> 

La t salle de l’Emfaderest la mile qui contient les statues des dieux : on lui 
donne le nom de « l'Heureuse enceinte» W. 

3. — PURIFICATION DE L’OFFRANDE. 

r Tel est le cadre où va se dérouler l’acte central du service journalier : 
l’offrande du matin. Au moment où les tables sont servies, arrivent les deux 
prêtres qui viennent d’introduire et de consacrer i T eau. Les textes sont muets 
sur ce que font alors les porteurs de l’Offrande et leur chef, le gardien ( 2 ); 
mais il est certain que les deux principaux acteurs sont désormais le w'b *>„ 
ou grand (prêtre-)pur, venu devant les dieux avec l’eau et l’encens, et le hm-Hr, 
ou serviteur d'Horus, venu avec l’Offrande. Aucun autre prêtre de haut rang 
ne semble être là à côté d’eux, dans la réalité de tous les jours. Seul, le hnty-slj, . 
ou « chapelain», qui portait tout à l’heure l’aiguière, a pénétré dans la « salie 
de l’autel» avec le dressoir à eau fraîchement garni. Il est probable que son 
rang dans la prêtrise d’Edfou lui permettait d’assister les deux officiants, et 
d entrer dans les «chapelles» (sh) closes, qui servaient de sanctuaires aux 
« parèdres» de la Cour divine d’Horus. Quant au nombreux personnel sacré 
décrit par le texte traduit plus haut (2 b), il ne se réunissait à la «salle de 
l’autel» que pour les « services de fête». Dans le sanctuaire même, le «prêtre 

du roi» ne pénétrait jamais que seul, au cours du service journalier propre- 
ment dit< 3 ). r 

A) La première phase de l’office est la purification de l’Offrande, par le 
grand (prêtre-)pur. Il prend, dans le petit dressoir apporté par le « chapelain», 

T — -r : „ r— ---- 

(1 > Edfou, IV, i3, 1 3 : Wsht-péi-t , msh-t hr shm-w ntr-w : sbh t-m'r t hrtw m m-é 
” 11 est .P ermis de su PPoser qu’il n’est pas dans leur rôle de prendre une part active à l’office : 
peut-être se retirent-ils momentanément- du teipple, ou du moins de Vvosh-t-htp. 

(S) Rien, dans l’ensemble des textes d’Edfou, ne permet de modifier sur ce point l’opinion de 
Moret, basée sur le rituel de Karnak et celui d’Abydos (cf. Moret, Rituel du culte divin journalier, 
p. 8-9) : mais cette opinion ne vaut que pour le véritable service journalier. 


— 47 )•** — 

le vase à libation (kbftw), de forme haute, muni d’un bec verseur à «col de 
cygne». Il le saisit par son pied mince, qui sert de poignée. Passant au long 
des tables servies, il asperge de gouttelettes le contenu des plateaux posés 
sur les autels W. Il prie, en même temps, le visage tourné vers la porte encore 
fermée du sanctuaire, au fond de la « salle de l’Ennéade». Nos renseignements 
sur cette partie de l’office se trouvent dans le «cellier pur», et aux portes 
qui le relient avec 1 intérieur du temple : par anticipation, le grand ( prêtre-)pur 
y est déjà représenté en route vers l’Offrande. Le titre général, c’est celui des 
montants do la porte du « collier » : 

Purification de toute offrande entrant au temple d’Horus d’Edfou (*). 

La prière du w c b *j sur le trajet entre la «sacristie de l’eau» et la «salle 
de 1 autel» est donnée par le bandeau de soubassement de la première de 
ces deux salles : 


ÎÎJJ£ 
Z \ V> 


[Le «grand (prétre-)pur> (?)], a, mi d’Horus d’Edfmo-grawUieuulnaùel et de 
son Ennéade [dit], quand il yW prend le vase à libation : C’est pur! Que leurs W 
cœurs soient rafraîchis W... etc... Que mes pieds s’avancent ( jusque ) dans la 
«grande salle», (ayant) la « grande déesse » W sur mes mains! Quelle W soit sans 

~ « ■ — . — .... 

' ’ Cf ' par exe “P le > l’aspersion des offrandes, quatre fois de suite, par le (vas e-)kbhw : Edfou, 
pl. XLIV a = « chambre du Nil», paroi est. i” reg., tabl. sud, et pl. phot. 4o 7 . Le plateau 
contenant les pains est posé sur un autel-piédestal (hîw-t). 

™ 23? ’ ‘ 9 ‘ 2 ° 6t 2 ' 38, 7 ‘ 8 : ni (-0 '* r b-t-nlr n Hr Bhdti. 

Le w b > est censé prendre lui-même le vase à l.bat.on dans le «cellier pur», pour l’apporter 
dans la «salle de l’autel». r 

(4) D s’agit des cœurs d’Horus et de son Ennéade. 

^ C’est-à-dire : «réjouis». 

(,) Épithète de l’eau de purification, personnifiée en Hathor-Maât. 

( ” 11 est P référ able de supposer une faute de rédaction : ivo, pour sy (= lh-t vor-t) , la confusion 
est courante, depuis l’époque de la XIX' dynastie. 




»-*•( 48 )•« 


fin ; que l’Offrande divine (?) soit sans fin! Je viens en paix; je viens (et) je l’ap- 
porte en paix ; mes mains l’apportent en paix! ( Il ) est pur, le vase à libation du 
Roi (jPtoUmée Phibpator^ , le souverain aimé des dieux! Un htp-di-nsw-t, (car) 
je suis pur! W 


! H " z u ai ~ r i x M f & 0 : * ^ tv ~ % i : 


I ** I I I t a * 




Dire : On t'apporte la libation qui sort du Noun. Tes (mses-)nmé-t sont d’ (or-) 
d'm, tes (mses-)kbhw sont d’(or~) nb, (enrichis) de lapis-lazuli. Tes desservants (?) 
vont (et) viennent, en train de purifier ton temple et « ta beauté » ( 2 ) ! Râ lui-même 'te 
purifie; son Ennéade t’encense W. Tes (mses-)nmé-t sont pleins d’eau nouvelle : (ce 
sont) les fils de Hâpy ( qui t’)apportent leurs dons. On t’amène l’eau fraîche qui sort 

du Noun, et ce qui naît de , dans Héliopolis. (C’est) pur, (ce qui se trouve) sur 

les mains (du Roi Ptolémée Philopator, et de la Reine Arsinoé, &sol <pikoiré.Topss) ! W 


B) Le grand (prêtre-)pur pose le vase à libation ; on le lui remplit à nouveau, 
afin qu’il soit prêt pour l’entrée au sanctuaire. Il prend à sa place l’encensoir 
tout allumé, le tend au-dessus des offrandes, et jette sur les charbons qui 
brûlent dans le vase à feu de l’encensoir une pincée de poudre d’encens : le 
parfum enveloppe les mets du dieu, et les divinise (êntr) W. 

(l) Edfou, II, a 3 (), i4-17 : [Dd-mdw in w'b ” (?)] mri n Ifr Bhdti ntr 'i nb p-t hn psi-t-f, 
sspf kbhw imf : ‘Iw w'b ! Kb ib-sn, shmw-t rl» . Phr rd-wi-i m-hnw n wsh-t, ’,h-t wr-t hr'-wi-i : nsk 
sw (sic), n sk hnk-t (f )-ntr ! ’lw-t m htp, iw-t hr-s m htp, '■ wi-i hr-s m htp! ’Iw w'b, kbhw n nsw-l- 

btli ( ), ity mri ntr-w. Htp-di-nsw-t, iw-i w'b-kwi! 

C’est-à-dire : «toi-même», sous l’apparence de ton image. 

ntr est une abréviation connue de sntr (verbe) : cf. Edfou, VI, 93,4. 

(i) Edfou, II, a 4 o , 2-9 : Dd mdw : ’ln-tw n-k kbhw pr m Nu m; iw nms-w-t-Lm d'm, kbh-w-k m 
nb hr hsbd. ’Iw imi-w(-ht)-k (?) hr pr-hl, hr sw'b pr-k m nfrw-k! Sw'b-n Iw R' dêf; ntr (sic) tw 
psd-l-f ; iw nms-w-t-k mh m mw rnp; ms-w H'py hr inw-sn; in-tw n-k kbhw pr m Nwn, hp(r) w m 
(..(?).), m 'Iwnw. W'b hr' •wi ( ) ! 

(6) L’allumage du charbon de bois a déjà été fait au sn'w w'b, où un encensement a déjà eu lieu 
pour l’eau. Quand le «chapelain» soulevait à deux mains le dressoir pour aller à Vwsht-htp, 
le grand (yrêtre-)pur le suivait, tenant l’encensoir allumé. 




M*( 49 )* 


La prière qui accompagnait les deux phases de la purification de l’ Offrande 
dans la «salle de l’autel» n’est pas spécialement désignée, dans les textes 
d’Edfou. Il est probable qu’elle s’adressait, non à Horus seul, mais au Maître 
du temple et a sa Cour divine , car le dieu n ’est pas seul à recevoir le^aliments , 
en ce lieu : c est une différence frappante avec le rituel du sanctuaire. Toutes 
les divinités du temple ont comme lieu de réunion la «salle de l’Ennéade», 
aux pieds du trône de leur seigneur, et il était nécessaire de les inviter à par- 
tager le repas du Souverain d’Edfou. La première partie était vraisemblable- 
ment proche de cette prière, qui accompagne une purification des offrandes 
par l’eau et l’encens dans la «salle de l’autel» : 


-an ü 



HP* 


(Purification de l’Offrande) : Je divinise ton autel au ciel, par la résine, et par 
l eau de libation, sur la terre. Mes mains sont pures pour prier ta Majesté. C’est 
pur sur mes mains, (quand) je répands (l’eau sur) tes aliments (tandis qu’)ils 
entrent au temple : c’est l’offrande de Thot pour ton âme (kî) ! W 

La seconde partie a pu ressembler à cette formule, qu’on récitait pendant 
la double purification de l’« Ennéade» d’Edfou, dans la « salle de l’Ennéade» 
' même : 


*.*.! 


IJ: T-ïiteturrî I I LnS.J IL a» K ri fl Z 


a T 'fa 'ét 


(tic) 


■PI. 


(?) 


■ * i 


(Encensement et libation) : La résine au feu (et) la libation, (c’est) pour votre 
ame (kl), 0 (vous) tous les dieux qui êtes sortis de Râ! Recevez la libation de 
votre pere Horus d Edfou-grand-dieu-du-ciel ! Nourrissez-vous de son parfum buvez 
son eau (?), (et) que vos narines respirent /(») 


(1) Edfou, I, 486 , 16 à 487, q (cf. pl. XXXV b, paroi est, 1“ reg.) : (Sw'b htp-nlr) .* Sntr-n-i 
'bi-k drp-t m sntr, m kbhw sk dr tî : ’-wi-t twr ( h)r nis n hm-kl W'b m ’-wi-i, b'h-i ih-t-k ’k-sn r h-t- 
ntr : wdn n Dhwty n ki-k! 

m Littéralement : «de sa sueur». Le mot” ( Wb., I, 169, 1) est un très rare synonyme de fd-t, 
le terme couramment employé pour l’encens et les parfums offerts aux dieux. 

(S) Edfou, I, 38 a, 4-7 : (’lr sntr kbh) : Sntrhr ht, kbhw n ki-tn, ntr-w iry (?) hp(r) m R'! Ssp-tn 
kbhw m it-in Hr Bhdti-ntr- i-nb-p-t ; wnm-tn m ”-f, s c m-tn mw/(?), nsp h(n)m(-ti)-tn! 

Bibl. d’ Eludes, t. XX. 


7 


4 . — CONSÉCRATION DE L’OFFRANDE. 

RÔLES DU «PRÊTRE DU ROI» ET DU «SERVITEUR DHORUS». 

Voici donc que l’eau pure, l’encens divin et les prières, ont fait de l’Offrande 
une matière divine. Cette matière est de même nature que la personne (kl) 
des dieux. Tout être divin peut la recevoir. Le geste qui la leur communique 
est celui de l’« élévation des offrandes» (fl-ih-t). Est-ce le grand ( prêtre-)pur , 
prêtre du roi, entré avec la libation, qui va accomplir ce geste, ou bien le 
serviteur d’Horus, venu avec les aliments ? (*) 

La phrase : di-n-én éw n hm-Hr, traduite plus haut (texte 1 b), semble 
décider sur ce point. Di-n-én éw est parallèle à wdb-n-én éw du même texte. 
H. s’agit bien, dans les deux cas, de la tournure impersonnelle ( (I) 2 * ) : on donne 
[cela); on retourne (cela). Sw ne peut représenter ici que toute l’énumération 
précédente : toutes bonnes choses (ili-t nb-t nfr-t), c’est-à-dire : la viande (w'b-t), 
les parts de viande ( kblt-én ), la graisse (hpn-én), les pains (t), les jarres de 
bière ( hk-t ). On donne (cela) au « hm-Hr » s’oppose à : on retourne (cela) au per- 
sonnel de sa Majesté. En d’autres termes : à l’entrée du temple, l’Offrande est 
mise sous la sauvegarde du hm-Hr ; à la sortie du temple, elle est rendue (en 
revenu) à tous les prêtres qui ont droit sur elle. Or, dans l’intervalle, îr-tw 
fl-ih-t^ est le seul acte mentionné : il est naturel d’en attribuer la responsabi- 
lité au prêtre qui vient d’être nommé, à qui l’on vient de confier les aliments. 
Quant au «prêtre du roi», il n’est cité nulle part ici. Il n’est question, en effet, 
que de l’Offrande en sa totalité, telle qu’elle est déposée sur les tables de la 
«salle de l’autel», et non de l’acte dî îh-t accompli par le «prêtre du roi» au 
sanctuaire, avec le plateau qu’il introduira plus tard ( 4 > en présence du dieu. 

La présence du hm-Hr est assurée par le texte traduit plus haut (Edfou, II, 1 5 3 , 1 5 ) . L’écriture 
du titre porte par le prêtre est exactement celle qu’on trouve dans tous les passages connus du temple 
(tels ceux des processions des escaliers) ou le hm-Hr est cité, et représenté sur les bas-reliefs. 

(,) Troisième personne du pluriel = on. 

m ’ Ir-tw est établi par la meilleure correction possible du signe kl suivi du trait vertical : la 
phrase, telle qu’elle a été copiée, ne présente aucun sens intelligible, dans la suite des idées 
exprimées (cf. Edfou, II, i 53 , i 5 : jj ( ). Quant à l’expression graphique abrégée de fl-ih-t, 
elle est régulière dans les textes d’Edfou : cf. Edfou, I, 6o, 3 ; 6i, i 3 ; V, ia5, 4 , etc. 

(4) C’est-à-dire : après la consécration des offrandes (fl-ih-t). Voir plus bas. 


— **.( 51 ).«— 

Il semble donc préférable de voir l’action rituelle scindée en deux, et con- 
duite parallèlement par les deux prêtres de haut rang qui dirigent chaque 
jour le sacrifice. L’un d’eux, qui vient de purifier les offrandes, va monter 
de suite au sanctuaire, seul à seul, dans son rôle du «roi». L’autre, respon- 
sable des offrandes introduites, assurera pendant ce temps tout le service à 
l’extérieur du sanctuaire : ce sont les présentations d’aliments (ou plutôt leur 
équivalent rituel : l’encensement et la libation) aux divinités «parèdres», qui 
ont des naos ou des images dans les salles du temple W. 

Le grand (prêtre-)pur, qu’il vaut mieux désormais appeler prêtre du roi, 
vient donc de purifier par l’eau et l’encens l’Offrande entière. Laissant au 
«serviteur d’Horus» le soin de la consacrer sur place au dieu d’Edfou, il 
prend de nouveau le vase à libation rempli, dans sa main droite, et garde 
dans sa main gauche l’encensoir allumé ( 2 L II se tourne vers la porte ouverte 
de la « salle de l’Ennéade». Il est prêt à gravir les quelques marches qui le 
séparent de la porte du sanctuaire. Il va accomplir 1 ’ entrée du roi (bé néw-t). 

A ce moment, chantait-on chaque jour, comme le pense Erman, le chant 
du matin, qui « éveille les dieux en paix»? Il est certain que la vieille tra- 
dition s’en est conservée avec soin, dans les temples reconstruits à l’époque 
ptolémaïque la litanie psalmodiée Éveille-toi, Horus d’Edfou, en paix! Que ton 
réveil soit paisible ! occupe toute la partie supérieure des deux panneaux qui en- 
cadrent le grand portail du sanctuaire, dans la « salle de l’Ennéade» W. C’est 
précisément cette importance prise par le chant du matin au temple d’Edfou qui 
rend improbable son exécution journalière. Même si l’on en chante seulement 
un abrégé, l’hymne suppose un motif variable psalmodié par un soliste, et 
un refrain repris en chœur. Or il n’y a pas de choristes dans le simple service 
de chaque jour : les textes n’en ont conservé aucune trace. Au contraire, en 

(I) Y compris les images des rois divinisés : voir plus bas. 

(,) C’est l’attitude indiquée par toutes les représentations des bas-reliefs, quand un prêtre 
tient à la fois le vase à libation et l’encensoir. Cf. par exemple : sanctuaire, paroi est, î " reg., 
4 ' tableau = Edfou, pl. phot. 2 2 5 , et spécialement, dans le cas précis où nous sommes : Mariette, 
Ahydos, description des fouilles, I, p. 34 (Appendice A, 1" tableau, chapelle d’Horus). 

(J) Cf. Erman, La religion des Égyptiens, 3" éd.,trad. Wild, p. 2 1 1-2 1 2. Les Hymnen an dasDiadem 
ont été publiées en 1911 (Abhandl.Berl.Akad., 19 1 1 ,p. 1 5). Voiraussi : Erman, Literatur, p. 37-38. 

(4) Edfou, I, i 4 -i 8 , et pl. XXXI a. Cf. Blackman-Fairman, dans : Miscellanea Gregoriana, 
p. 399-428, Rome 1941. 


7.* • 


« service solennel », tous ces éléments sont là : on mentionne W plusieurs 
cérémoniaires ou « chargés du livre », à droite et à gauche, pour « donner la 
réplique aux prophètes, aux moments voulus» ( 2 h Cette réplique était sûre- 
ment donnée, en premier lieu, quand on psalmodiait le chant du matin. 

Nous avons par ailleurs, en dehors d’Edfou, une formule spéciale, qui n’est 
pas un hymne, mais qui semble composée pour en tenir lieu au cours de 
l’office journalier. Elle se trouve aux rituels de Karnak, dans la première partie, 
sous le titre peu significatif de ky r; : «autre formule». Elle n’est pas une 
simple variante de celle qui la précède, contrairement à ce qu’en a pensé 
Moret ( 3 ) . Elle débute par : ré-t nfr m htp, ’lp-t-é-w-t, hnw-t r’-w-prw ntr-vo 
nir(-w)-t îm-él et se termine par : rs-tn htp-tn; rbln nfr m htp! 

Éveille-toi bellement en paix, Karnak, souveraine des demeures des dieux et déesses 
qui sont en elle! Éveillez-vous, soyez en paix; éveillez-vous bellement en paix! 


Sur le modèle de cette formule, rédigée pour la liturgie particulière du temple 
d’Amon à Karnak, une prière semblable pouvait exister à Edfou comme dans 
chaque temple égyptien, adaptée au service journalier. Elle remplaçait alors 
l’exécution solennelle du vieux cantique, conservé dans sa forme première par 
les Textes des Pyramides. Il vaut donc mieux supposer que le « prêtre du roi», 
dès qu’il a purifié l’Offrande, marche vers le sanctuaire, précédé par le « cha- 
pelain». 

Celui-ci arrive le premier à la porte fermée. Il tire le verrou, il ouvre un 
battant. Le « prêtre du roi», portant l’encensoir et le vase à libation, s’arrête 

(1) Cf. texte 2 b — Edfou, II, 160, 6-1 à. 

(,) Les particularités qui différencient le culte solennel et le culte journalier au sanctuaire 
seront étudiées en leur place, plus bas. La «salle de l’Ennéade» d’Edfou a conservé jusqu’à 
nous, en plus du chant du matin, plusieurs des hymnes psalmodiés dans le rite local, au cours 
des grands offices en face du sanctuaire. 

Cf. Moret, Rituel du culte divin journalier, formule n° 6 (p. 26-28), et p. ai, 1 . 20 : Le 
chapitre V et sa variante le chapitre VI. Moret n’a été frappé que par le développement central de 
la prière, et non par son encadrement caractéristique, emprunté au chant du matin . 


— «*.( 53 )***— 

un instant pour prier. Puis il franchit le seuil. Le «chapelain» referme alors 
le battant derrière lui. Le «prêtre du roi» reste seul, en présence du dieu, 
pour toute la première partie de l’office au sanctuaire. 

Du fait que le prêtre entrant au temple avec l’eau pure est aussi celui 
qui pénètre au sanctuaire, faut-il conclure que lui seul agit, pendant tout 
l’office, au nom et en la place du roi? Les montants intérieurs nord des deux 
portes du « vestibule des offrandes » nous donnent là-dessus des indications 
caractéristiques W. On y voit le « roi» au moment de l’ouverture des portes. 
Il est debout, les deux bras tendus vers le sol, les mains ouvertes, doigts 
joints, paumes tournées vers le bas. Sa coiffure n’est pas la couronne royale 
d’Égypte, mais la coiffure hprs ou nmé®. Les deux légendes se font suite, 
de l’extérieur vers le centre du temple : 

(«te) 

i° Tirage du verrou . Dire : Je détache le doigt de Seth (?); je guéris VOEU 
( d’Horus ) de sa douleur / ( 3 ) 

2 0 Ouverture de la porte. Dire : ( Jfouvre la porte de ta demeure et (j’)exalte ta 
beauté, (quand!) le pays s’illumine de tes rayons ! M 


Le double texte gravé au-dessus des deux figurés du roi précise la portée 
de tout ce que va faire au temple celui qui entre avec l’Offrande : 


0 ) 


Edfou, II, i 65 , io-11, et pi. XLIIi; II, i 7 o, 11-12, et pl. XLII a. 

(,) Coiffures de l’« héritier royal». Cf. Edfou, pl. phot. ai 3 , pr r rmd (au sanct«aire), etc. 
(3 > Cf. Edfou, I-, 25 , 11-12, et Moret, Rituel, p. 4 a (texte); p. 43-48 (commentaire) : St_‘ 
s. Dd-mdvo : Sfh-i db' n Sis (?) ; snb-’t wdl-t m l hw -s ! 

(4) Cf. Edfou, I, 4 o, 1 6- 1 7 , et Moret, Rituel, p. 49 (texte) ; p. 5 o -55 (commentaire) :Ss'l. Dd 
mdw : W'h(-f) 'l-wi pr-k wls(-i) nfrw-k, hly tî-wi m hddœ-t-k! 

, (5) II s’agit d’une prière de conjuration, qui s’adresse aux esprits du mal. 

\ Bill. d’Études, t. XX. 


8 


III < 


54 y 


i n ! a b s - 'à ±< ** r, ;■ r t ; t ~ ^ ï\ 

s . 

ouvre (b porte) comme (Thot)-’ Iédn; il ouvre les . 
routes comme (OpAoïs-)’Iéds ! Pas de mort qui (le) repousse (?) ; pas d’ « égorgeurs » 
qui le mutilent; pas d’ «agresseur» qui se dresse sur son chemin ! Il vient ici, 
avec b pureté du (Nil-)Wpy, il s'avance vers (le temple-)é- t-wr-t, pour emplir 
les (autels-) h;w-t d’Horus d’Edfou, pour mettre en fête les (autels-)wdhw d’Ha- 
rakhthès, pour multiplier ses aliments, pour faire prospérer ses offrandes, pour «faire 
l’élévation » en présence de son (image-)s ( h, pour emplir sa demeure, pour doter son 
temple, pour consacrer l’offrande à sa (personne-)^,; pour adorer son (âme-)b î , 
pour glorifier sa statue, pour satisfaire sa Majesté par la prière! Gardez-vous donc de 
(vous) attaquer à lui, de faire rien de mauvais contre lui, à jamais! d) 


Le fils de Râ Ç Philométor ^ 


= r a ; t ™ r -h 0 a 2 1 * r, - ” ï s- - £ l ~ ï * 


2 0 Le fils de Râ ( Philométor y ouvre la porte comme Thot; il parcourt le 
chemin comme le « directeur du pays» P 1 2 ) Pas d’esprits qui l’arrêtent; pas d’enne- 
mis qui le détournent! (Quand) (il) (?) officie®, pas de [ ] en sa marche! 

Il vient ici, (après) s’être purifié dans le Noun; il entre au (tempfe)-Mén(-t), en 
(état de) pureté, pour garnir l’ (autel-fb 3 , d’Horus d’Edfou, pour approvisionner b 


(1) Edfou, II, i 65 , 16 à 166, h : Wn-n si -R' ( ) (' j) mi ‘Isdn ; wp-nf wl-w-t mi ’lsds; iwti 

su* (?) mw- 4(?) ; n bhn s(w) imnhy-w n 'h' d’yw m ri-wl-tf! ’li-nf di, m e bw n H'py ; iwfwd’, r 
S-t-wr-t, r b'h hiw-w-t n Hr Bhdti, r shb mdhw nllr-lhti, r wlh sb-mf, r srwd hr-tf r fl -ih-t hr s'hf, 
r mh prf, r sps h-t-ntr-f, r smV htp n kl-f, r dwl blf r slh shmf, r shtp hmfm sns..Ifr-tn irf, m 
tkn imf, m ir t h-t nb(-t ) dw{-t) rf, d-t! 
m Épithète de Thot-/srf», à Edfou. 

(3) Expression parallèle à : ir ih-t. 


55 


table du Disque-ailé divin, pour emplir sa demeure, pour enrichir son temple, pour 
accroître son service journalier, pour offrir le pain, pour augmenter ses aliments, 
pour «faire l’élévation » de l’offrande par devant sa (personne-) kj, pour adorer sa 
statue, pour vénérer son image, pour acclamer sa majesté! Gardez-vous donc de (vous) 
[attaque r (Vf) à lui, de faire rien de mauvais contre lui! Un htp-di-néwt, (car) le fils 
de Râ f Philo métor^ est pur!® 


On voit que ie grand (prêtre-)pur entré avec l’aiguière matinale n’est pas 
le seul à mériter le nom de prêtre du roi : le serviteur d’Horus agit lui aussi 
en son nom. Quand le gardien, introduisant les porteurs d’offrandes au 
temple, ouvre devant eux les portes du «vestibule», les prières du serviteur 
d Horus qui probablement ferme la marche sont toutes semblables à celles que 
prononcera l’officiant du sanctuaire, quand il ouvrira la porte du naos divin 
Les formules de conjuration qui suivent mettent, avec plus de force encore, 
le prêtre qui les prononce dans le personnage du roi d’Égypte. Il y a donc 
plusieurs officiants, et non pas un seul, qui, pendant tout le service, se par- 
tageront ce rôle ®. Mais ils n’agissent pas au même lieu; leurs tâches, en se 
complétant, ne sont pas semblables. 

L’office de celui qui vient avec l’Offrande est défini par les conjurations 
des portes du «vestibule» : il introduit les aliments, les fait placer sur les 
autels, les présente tous ensemble. Puis il en emplit b demeure du dieu (hn 
prf), c’est-à-dire qu’il les fait parvenir W à toutes âmes divines qui possèdent 
une statue dans le temple. Enfin, il dirige la prière dans le temple. Il n’y a en 


(1) Edfou, II, 170, 17 à 171, : Ss-nsl-R'( ,.) ' j mi Dhwty ; phr-nf mtn mi Hrp-tl-wi; n ht 

s (w) ,h-w; n n s (w) sbi-w ; s’ h' ih-t, n[ ] m hé fl ’li-nf di, twr-nf s (w) m Nwn ; iwf'k r Msn(-t ) 

m ’bw, r drp ’bi n Hr Bhdti, r sdfl t-t n ’py ntri, r hn' prf, r swU h-t-ntr-f, r rdi hlm hr mn f, r wdn 
t, r swr hr-tf, rfl htp hr kl-f, r dwl éSmf, r éwls irwf r rdi ilw n sfy-tf. Hr-tn ( i)rfm [tfcn] (?) 
imf m ir ih-t nb(-t) div(-t) rfl Htp-di-nsw-t ! ’Iw sl-R'( )w'b! 

( ) Dê ce caractère commun des prières pour l’ouverture de toutes portes dans le temple, on 
peut conclure que des formules identiques accompagnaient aussi, selon toute vraisemblance, 
1 ouverture des portes du sanctuaire S-t-wr-t, dans la bouche du « prêtre du roi». 

( 1 De 1 autre côte du temple, non seulement le grand (prêtre-)pur, mais encore le chapelain 
agissent tous les deux au nom du roi. Cf. Edfou, II, ihh, 7-8 (traduit plus haut) : « ils font leur 
office à la place du roi». 

(i) Par le rite de l’encensement et de la libation (voir plus bas). 


8 . 


tout cela aucune allusion au service qui se passe dans le secret du sanctuaire 
(é-t-wr-t) : le rôle du serviteur d’Horus est dans le temple tout entier. C’est 
la une nouvelle raison de penser que l’officiant du sanctuaire est bien le 
« prêtre pur», qui vient par le côté opposé avec la libation, purifie l’Offrande, 
puis, entre seul en présence de dieu, laissant son collègue diriger partout 
ailleurs, pendant ce temps, le culte divin. 

Telle est la dualité de l’action liturgique, à partir du moment où commence 
l’office dans le sanctuaire. Avant de concentrer nôtre attention sur ce qui se 
passe derrière les portes closes de la é-t wr-t, achevons d’examiner les paroles 
et les actes du serviteur d Horus, au début de son service. Dès que l’Offrande a 
été purifiée, il prie en ces termes, la face tournée vers l’entrée du «saint des 
saints» : 


ferrai 


Je viens devant toi , Horus d Edfou-grand-dieu-du-ciel . Je te jais parvenir V offrande , 
pour enrichir ton autel. J’ouvre ta bouche W avec l’OEil d’Horus. J’ai réuni pour 
toi le ciel , j’ai réuni pour toi la terre, ( pour que) ton [âme-jk’, soit satisfaite de ce 
que j’ai fait pour toi! ( 2 ) 


îfcfltKïi'.-Hïii" 

Je viens devant toi, o « Horus d Edfou- sur-son- grand-siège » . Je t’ apporte les aliments, 
je te consacre Us mets, comme Chou fils d’Atoum®. J’jexalte ta [personne -] kf par Us 
provisions et Us offrandes. Je divinise ton [ame-jbl par la prière : [cela] me revient, 
[à moi) qui sors de toi! ( 4 ) 


( 1 Expression du rituel funéraire. Je supprime n-k = pour toi (pléonasme, dans la traduction). 
() Edfou, II, 169, ii-12 : ’h-n-i hr-k, Hr Bhdti-ntr-'l-nb-p-t ; shp-in-k htp,r swîdwdhw-k. Wp(-ï) 
n-k rl-k m ir-t-Hr ; ’b-i n-k p-t, 'b-i n-k tl, htp kl-k hr ir-n-i n-k! 

(J) C’est-à-dire : comme le fait Chou pour son père Atoum. 

1 ' Edfou, If, 1 70, i -3 : ’lt-i hr-k, Hr Bhdt t-hri-s- t-f-wr-t; in-i n-k sb-w, sml'-î n-k snw, mi Siv 


h( 57 )*H 


Ainsi parlant, le serviteur d’Horus reçoit les bénédictions des dieux, de qui 
toutes nourritures dépendent sur terre. Ils fourniront à jamais au roi, par 
son intermédiaire, de quoi continuer à les honorer : 

Horus d Edfou-grand-dieu-du-ciel, U « [Dieu)-au-plumage-moucheté » qui sort de 
l’Horizon, le vénérable « Disque-ailé » en tête de tous Us naos [divins), [c’est le dieu ) 
nourricier, qui multiplU Us offrandes. [Il est) grand en aliments, il est U maître 
de la tabU [servie), il offre le pain des divinités, il dirige Us vivants, il a U soin de 
[tout) ce qui est ou n’est pas [ encore)]. — Puisse-t-il tendre Vie et prospérité vers 
ton visage < * l ) vénérabU, 0 Roi Çphilométor" 


! M. 


41 — "ô"* ^ ® ^ H - 

Vive U dieu bon, U roi dans son palais, [U dieu) Hou dont la sentence est durabU! 
Puissent lui donner Uurs mains Us « Maîtres des aliments », [que sont) tous Us dieux 
de Dendéra! Qu’ils fassent fructifier pour lui Us champs, qu’ils moissonnent pour lui 
leurs étangs, qu ils lui amènent Us bœufs, lui engraissent les oiseaux, et fassent ver- 
doyer Uurs fleurs pour lui, U fils de Râ ÇPtoUmée ^ J ! ( 3 ) 

Alors, au centre de la « salle de 1 autel», debout, les deux mains tendues 
vers la porte refermée du sanctuaire, et vers la «salle de l’Ennéade» où 
résident les âmes des dieux compagnons d’Horus, le serviteur d’Horus fait 
l’« élévation» de l’Offrande vers la Majesté du dieu d’Edfou : c’est l’acte du 


(l) Littéralement : «ton nez». 

( * Edfou , II, 176, 4-6 : Hr Bhdti ntr- c l-nb-p‘t slb-sw4 pr m îh't> c py sps hnt gly-w nb»w, vurkl-w, 
wlh mw. sb -w, nb htp , drp t ntr-w > ssm 'nhw, ir mhr-w n nt-t-iwt't : lw-nf'nh-wîs r fnd-k sps, 

Edfou > II, 1 76, 7-9 : 'nh ntr nfr, nsw-t m 'hf Hw rwd tp-rlf ! Rdi nf'-wlsn in Nbw kl-w> 
nlr*w nb'W Iwn t! Srd-sn nf Ih-t, 'wî *sn nf^s-sn, shp>$n nf iwlf-w}, ddl-sn nf Ipd'W, wrh’sn 
nf hrr t-sn , si R' ( ! 



( 58 ) * < > • ■ 


f ’-îh-t. Les tableaux qui montrent le prêtre dans cette attitude lui chargent 
les mains d’un plateau contenant des pains d’offrande. Telle est la scène qu’on 
peut voir dans l’embrasure sud de la première porte du vestibule des offrandes. 
Le dieu est là, debout, seul, en face du hm-Hr®, qui lui adresse la prière 
de chaque jour, celle qui «élève l’offrande» vers son Maître divin : 


s. ï i fi» r; s fin * n i J : su i i r u • l iï i s - s t 

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■=»= i "» f «III il LJ I I I JH M 111 I 


î T Æ_I 


Élévation de l’Offrande. Dire : Prends toute l’Offrande , qui sort du « Seigneur » 
(ér) ! ( Elle est ) ce qui est fait par les mains d’ (Isis-)\fbi-t < 2 > : (ce sont ) les grandes, 
les bonnes provisions pour ton (âme-) k’, ô Horus d’ Edfott-grand-dieu-du-ciel ! (C’est) 
là ton « OEil» W, et (celui) de tes Compagnons (divins) : partage les mets de la 
Grande Maîtresse ! W (Ce sont) % les aliments précieux, les nourritures de la glèbe , 
(qui viennent) pour ton offrande de tous les jours ! ( 5 ) . 


Le serviteur d’Horus ajoutait peut-être encore, chaque jour( G ), cette seconde 
prière d’élévation : elle s’adressait à un groupe de douze divinités, qui sont 


(1) Cf. Edfou , II, i5ù, tableau au trait. 

W Dans cette prière, peut-être conservée telle quelle depuis l’ancien rite royal de Bouto (cf. 
Bergmann, Sarcophag des Panehemisis, p. 1 1 ), les deux divinités créatrices de l’offrande sont l’Osiris 
(Sr) de Bouto (probablement le même que celui d’Héliopolis), et l’Isis de Ghemmis -Hb, associée 
à son culte. Cette dernière porte ici le titre rare de Hbi-t — « Celle de Hb» (ou Ih-blt), 

f 3) Graphie sans • t , plus rare que xr t , dans les textes d’Edfou. C’est la substitution courante 
pour désigner l’Offrande. 

(4) Ici l’épithète, fréquente pour Hathor d’Edfou, semble s’appliquer à l’Isis de Chemmis 
invoquée plus haut. 

W Edfou , II, 1 55, 5-8 : Fî-ih t . Dd mdw : mn nk ik-t nb(-t) pr. m Sr, mirm c -wl Hblt; dfî-w 
wr-w nfr-w n kî-k, Hr Bhdti-ntr- l-nb-p • t ! 3 Ir(-t)-k tm hn tmi-w-ht-k : pss-k sn-w n Nb(-t)-wr-t! 
Kî w sps-w, îh-w n îh-t, r mn-k n hrt-hrw! 

w Cf. Edfou, II, 234, 7 : «r tr ih-t im, r-nb » = (Je suis pur de ma/), « pour faire offrande ici, chaque 
jour», La prière dont il s’agit ici semble importante pour le service journalier, car deux versions, 
voisines l’une de l’autre, en ont été gravées des deux côtés du temple, au-dessus des deux portes 
par où entraient dans l’hypostyle la libation (à l’ouest) et l’Offrande (à l’est). Chacun des deux 
tableaux de linteau montre un groupe de douze divinités, siégeant trois par trois, pour recevoir 
l’offrande que le « prêtre du roi» leur consacre, agenouillé devant elles, dans l’attitude du fl-ih-t. 
Cf. pl. XL i et XLr. Je ne cite ici que la formule de l’ouest. 


les « Horus» du temple d’Edfou, c’est-à-dire les Compagnons divins d’Horus, 
conçus, comme formés de la même substance que lui-même W : 


1 I I I Ç Ç ï I 1 I I 1 ! A-W 1 I ü i _i— /W* I I I I 


Je viens devant vous, ô grande Ennéade qui êtes dans Edfou! Oui, c’est moi 
qui viens, chargé de l’offrande divine : «grand pain», « pains de cinq»®, (pain-) htl, 
«pain blanc», (pain-) pé-trr, et toutes les grandes (pièces de viande) choisies, dont le 
nombre est million et cent mille, pour la satisfaction de vos (âmes-) k; ! ® 


A partir de cet instant de 1’ « élévation», la première partie du service général 
dans le temple est terminée. Le serviteur d’Horus reste devant l’Offrande, 
assisté du « chapelain». On prépare le plateau chargé de pains, que le «prêtre 
du, roi» introduira tout à l’heure en face de la statue secrète du naos. L’action 
sacrée est commencée dans le mystère du sanctuaire : examinons-la main- 
tenant. 

5. — L’OFFICE JOURNALIER AU SANCTUAIRE. 

L’office matinal du «prêtre du roi» dans le sanctuaire est la seule partie 
qui soit actuellement bien étudiée, dans tout le service divin journalier» Ce 
dernier, tel qu’il apparaît dans l’ensemble des textes du temple d’Edfou, est 
beaucoup plus ample que ce seul office, puisqu’il comprend, aux divers 
moments liturgiques de la journée, trois purifications et deux offrandes d’ali- 
ments. Mais les renseignements qui permettent de tenter sa reconstitution sont 
épars, et d’accès difficile : nous avons, depuis le début de cette étude, essayé 
de les ordonner. Des éléments plus homogènes et propices à la comparaison 


Ce groupe des douze «personnes» du dieu d’Edfou est d’ailleurs appelé Ennéade, tant la 
valeur étymologique du mot s’est alors affaiblie. La première personne des Douze {Edfou, II, 
i58, 9 ) est l’« Horus des Horus» ( HrHr w ) ; toutes les autres sont qualifiées des noms divers 
sous lesquels on adorait le dieu-faucon à Edfou. 

<’> Cf. Wb., V, aïo, 10 : t-t-wi «pain de deux». 

<’) Edfou, II, 2 3 A, i-5 : ît-n-i hr-tn, psd-t ' l-t tmi-rn Bhd-t • ’I rn nwt spr hr htp-ntr : t-wr, t-diw, 
ht’,, t-hd, ps-lrr, stp-w wr-w mi * sl-sn , tnw-én tri m hh hfn-m, r shtp-ib n kl -In! 




se présentent au contraire maintenant. Ils sont à mettre en parallèle avec 
les documents commentés par Moret. Dans cette étude, déjà souvent citée 
ici, on trouve la synthèse des renseignements fournis, les uns par les ma- 
nuscrits de Karnak, les autres par les parois des chapelles du temple de 
Séthi I er à Abydos. Il n’est pas douteux que l’office au sanctuaire d’Edfou, 
comme tous les offices au sanctuaire à l’époque ptolémaïque (û, ne se soit 
déroulé d’une façon tout à fait semblable, et avec des prières équivalentes 
à celles que nous trouvons déjà, au Nouvel Empire, en usage dans tous les 
temples. L’unification de ce rituel est un fait durable : la religion égyptienne 
a vécu sur ce fonds jusqu’à ses derniers siècles d’existence. La contribution 
utile d’une nouvelle étude sur les textes et tableaux d’Edfou est d’une autre 
nature : c’est le décor du culte, et non ses symboles, qui peut en être précisé. 
L’exégèse théologique, telle que l’a fournie Moret, en sera peu modifiée; 
mais l’exécution matérielle des services pratiqués au sanctuaire peut en devenir 
plus concrète pour l’esprit. 

I. — LA «PREMIÈRE ENTRÉE». 

A) Actes préliminaires. — Quand le «prêtre du roi», le vase d’eau lustrale 
et l’encensoir en mains, avait franchi la porte du sanctuaire, il se trouvait 
dans l’obscurité. Pour se guider dans sa marche et dans ses gestes, il lui 
fallait une source de lumière, si faible soit-elle. Or le lieu sacré ê-t-wr-t est 
dépourvu de toute ouverture qui puisse y laisser entrer l’éclat du jour, quand 
la porte est refermée ( 1 2 ). Les tableaux du sanctuaire ne nous donnent pas 
l’explication désirée. Ils ne montrent que le prêtre et le dieu face à face, au 
tabernacle, et non pas ce qui se trouvait dans l’ensemble de la salle, pendant 
l’office. Mais il ne pouvait en être autrement à Edfou que dans les sanctuaires, 
également obscurs, des autres temples d’Égypte : un cierge y brûlait pendant 
le service, éclairant les gestes du prêtre. C’est là une coutume fort ancienne, 

(1) La meilleure preuve en est apportée par les textes et tableaux du sanctuaire d’Hathor à Den- 

déra, qui correspond exactement à celui d’Horus à Edfou. 

m C’est par erreur que Steindorff ( Baedeker , 1928, p. 36 e) signale «trois petites ouvertures 

rectangulaires dans le plafond». Ces ouvertures sont modernes. 


^ — *•*•( 61 )» «» •• 

attestée déjà au Moyen Empire, en matière de culte funéraire. On fonde à 
cette époque, par contrat, auprès du clergé chargé d’entretenir le culte dans 
les tombes, une fourniture de cierges. Ces cierges, acquis sur un revenu 
foncier spécialement affecté à cet usage, éclairaient le service dans la chapelle 
de la tombe, aux fêtes où l’on devait le célébrer W. 

La meilleure preuve de l’usage journalier d’un cierge au sanctuaire d’un 
temple est fournie par un texte, publié et traduit depuis longtemps. Mais 
les quelques phrases caractéristiques sur lesquelles on peut aujourd’hui se 
fonder n’étaient pas correctement comprises par les premiers commentateurs ( 2 ). 
Plusieurs publications récentes montrent que le passage a retenu aujourd’hui 
l’attention ( 3 L II s’agit de la stèle de granit noir dédiée par Thoutmosis III 
dans le temple de Ptah à Karnak, pour commémorer sa reconstruction et le 
renouvellement de ses services d’offrandes. A la fin de la liste des nouvelles 
fondations, qui seront fournies journellement! 4 ), «aux frais du trésor de 
Pharaon», pour Ptah de Karnak, on trouve : 

TXin 

t 

«wih m htr r tnw rnp-t : tkl vu m-b\h ntrpn, m hr-t-hrw n-t r c nb» = (et), fondé 
sur la redevance (due) pour chaque année : un cierge en présence de ce dieu, en four- 
niture journalière. 

Quelques lignes plus loin, à la fin de la liste des offrandes destinées à 
l’Hathor de Thèbes, au même temple : (et) un cierge en présence de cette déesse, 
en fourniture journalière. 

* 

W Cf. Scharff, Briefe ans Illahun (Z. A. S., LIX, 32 ). Il s’agit là d’un revenu affecté au service 
d’un cierge en propriété funéraire, au bénéfice d’un particulier, auprès du clergé de Sobek. 
Même usage à Siout, sous la XII 8 dynastie (clergé d’Ànubis), en faveur d’Hâpidjefa (Griffith, 
The inscriptions of Siût, pl. 7, col. 296, etc.). 

^ Maspero, C. R. Acad. I. et B.~L., 1900, I, ii 3 , etc.; Legrain, Ann. &erv., III, 107, etc. ; 
Breasted, A. R., II, p. 2 4 7-2 48 (1906); Sethe, Urk., IV, 770-772 (texte correct : 1907). 

Gardiner, Egyptian Grammar, p. 267, 1 . 10-11 ; Wb., II, 267, 10 : la phrase est citée 
en entier dans Belegstellen, II, 267, 10 (—p. 733), d’après Urk., IV, 772. 

(4) Cela ressort de la comparaison avec le volume déjà important des offrandes énumérées 
aussitôt avant celles-ci, pour le service journalier, et rien que pour la statue de Thoutmosis III 
placée dans le temple de Ptah. 



—*+#*( 62 )» < ■>• — 

A la dernière ligne du document, on lit enfin : 

J î ] ^ ^ .h ^ eu' 

«wd lim-î îr-tw ir-t nb(-t) m r’-prpn m t\ ’,4 < nfr pw mC tki imh = ma Majesté 
a ordonné qu’on fasse tout ce qui devait être fait dans ce temple , à l’instant : (car) il 
ri y avait là (même) plus l’offrande d’un cierge ! — ((Et) c’est moi qui ai fait à 
nouveau [ ]) ('). 

Il y a beaucoup de chances pour que m-bih signifie ici, comme cela est 
très courant : «en présence (immédiate) du dieu», c’est-à-dire : «devant 
sa statue du sanctuaire.» Et d’autre part, s’il était besoin d’un cierge au 
moins, chaque jour, dans un temple, c’est bien dans le sanctuaire plus que 
partout ailleurs, afin d’y rendre possible l’office journalier. C’était le mini- 
mum indispensable qu’on devait assurer pour éclairer la maison d’un dieu W. 

Si le temple d’Edfou ne nous montre pas le «prêtre du roi» officiant à la 
lueur du cierge du sanctuaire, au moins nous donne-t-il un curieux renseigne- 
ment sur sa nature et sa couleur. Tous les cierges employés dans le temple 
devaient être d’un modèle uniforme. Ils étaient faits de la graisse d’un taureau 
élevé pour le sacrifice, et tué dans des conditions particulières de pureté. 
On mélangeait à cette graisse diverses substances aromatiques, et on la co- 
lorait avec le suc extrait de la racine de l’orcanette (nétîw) ( 1 * 3 * ). Ainsi le cierge 
du sanctuaire, comme tous ceux qu’on allumait ailleurs dans le temple d’Edfou, 
était de couleur rouge W, et dégageait un parfum en brûlant : 

<dr4w md pn r tki nb ét m- hnw h^t-nlr» ( 5 ) = on fabrique cette graisse pour tous 
les cierges {(qui sont) allumés à V intérieur du temple ( 6 ). 

(1) La fin du texte est détruite. 

w Erman {Religion égyptienne , 3 e éd., trad. Wild, p. 2o3, 1 . 5 - 6 ) a fort bien précisé ce point; 
mais il est probable qu’il s’agissait d’un cierge, et non d’une lampe. 

Edfou , II, 227, 3 -i 6. La recette de fabrication de ce corps gras parfumé est gravée sur la 
paroi nord de l’« officine» (t$), au tableau du 9* registre (pi. XLIII b). 

La couleur rouge était le symbole de toute offrande à Horus, en mémoire de ses victoires 
sur Setb. Les cierges brûlant, de par leur fabrication spéciale, sont comme des victimes offertes 
au dieu d’Edfou. 

{5) Edfou, II, 997, 19-1 3 . 

Cf. Loret, Orcanette et garance {Kêmi, III [19 3 0], p. 23-28). 




1 


— *+( 63 )**— 

Si tel était le moyen d’éclairer le sanctuaire W, il faut supposer que le prêtre 
allumait le cierge quand il entrait : la durée limitée d’un cierge qui brûle, 
même s’il est de grande taille M, interdit de penser à une présence perpé- 
tuelle de la lumière dans l’intérieur du sanctuaire. Le «prêtre du roi» seul, 
une fois par jour seulement venait en présence du dieu. Lui seul donc, une 
fois en vingt-quatre heures, en temps ordinaire, était en mesure de prendre 
soin de l’éclairage nécessaire à son service W. 

C’est à ce moment que le prêtre récitait (et c’étaient ses premières paroles 
dans le sanctuaire) la formule placée en tête du rituel de Karnak ,: «2L n sh 
st]» = Formule de l’allumage du feu. 

Cette formule s’appliquait, non au premier allumage du feu le matin au 
temple (c’était probablement celui du charbon de bois pour l’encensoir, à la 
sacristie de l’eau), mais à celui de la lumière en présence du dieu. Cette lumière, 
c’est celle du cierge, qui brille comme Râ (sortant) de l’Horizon , et devant qui se 
cache aussitôt la puissance de Seth M . Les termes de la prière ne prennent toute 


Et non plusieurs cierges dans un candélabre à branches multiples, comme on pourrait 
aussi le croire possible. Il est permis dépenser qu’au cours du service journalier ordinaire, l’usage 
de l’époque d.e Thoutmosis III s’était conservé dans sa simplicité traditionnelle. 

(SJ Cf. la taille des cierges tkî aux mains des prêtres de Soleb, pendant la cérémonie de dédi- 
cace du temple : Lepsius, Denkmâler, III, 84 a. La scène prouve bien qu’il s’agit, au moins 
dans ce cas, de cierges et non de lampes. 

(3J Voir plus bas. 

t4) Si un cierge devait être brûlé entièrement chaque jour devant le dieu, il faut supposer qu’une 
provision en* était déposée dans le sanctuaire. Le prêtre prenait donc un fragment de braise brû- 
lant dans le vase à feu de l’encensoir, allumait le cierge et le plaçait sur son support, avant 
que le « chapelain» n’ait refermé le battant de la porte. Lorsqu’il sortait du sanctuaire, l’office 
terminé, il laissait ce qui restait du cierge se consumer et s’éteindre seul. 

(5) Le sens propre de l’expression sh stl est certainement : « battre le feu», c’est-à-dire l’allumer 
en frappant la pierre à feu, et non pas en frottant deux pièces de bois. Dans ce dernier cas, l’ex- 
pression exacte est au contraire sin mdw — « frotter le bâton (à feu) » : le sens n’en a pas été recon- 
nu par Moret {Rituel, p. 10, note 2). Mais il faut se garder de la prendre au sens littéral, 
comme semblent le faire Von Lemm, et à sa suite Moret : les expressions rituelles * conservées 
par la force de la tradition, souvent ne correspondent plus à la réalité de l’acte. On dit aussi : sh 
h -t, littéralement « battre la mèche», pour : allumer la mèche {d*un cierge) ; cf. Wh., III, 467, 9 . 
Cette opération se faisait probablement chaque jour au sanctuaire, non en battant le silex, mais en 
se servant d’un charbon d’encensoir. L’officiant n’en était pas moins censée par la vertu de sa 
prière, avoir fait naître une flamme entièrement nouvelle. 

w Cf. Moret, Rituel, p. 9. 





leur valeur que s’ils s’appliquent a ce premier acte de l’officiant dans le 
sanctuaire même. Alors vraiment la lumière peut être comparée au soleil 
levant, et chasser l’obscurité hostile où se cache Seth, autour du tabernacle 
du dieuW. 

Quand le cierge commence à brûler, sa lueur éclaire la chambre obscure 
où repose le dieu. Étant à la fois lumière et parfum, il est la première purifica- 
tion qui va permettre à Y Ame divine de se joindre à son corps : la statue du 
naos. Que voit alors le «prêtre du roi», dans le lieu redoutable où lui seul 
peut entrer? Les textes d’Edfou nous ont conservé quelques détails sur les 
objets principaux qu’il contenait : 


n*jïïi=siJSn ,: ?’Sîf-“infeA:5i 


Il Jttthiï n ?É! 



1 m — (Toutes leurs portes ( 2 ), qui s’ouvrent sur le couloir, ont 3 coudées sj3 sur 6). 
La « grande place » (qui est ) au milieu d’elles, (et) qui contient (la barque-litière-) 
Wts-nfrw, (c’est) le sanctuaire , (qui est) au centre (du couloir). Sa longueur W est 
de t g coudées 5/6 , et (sa) largeur de îo î/3 . Il y a un grand naos de pierre de 
couleur noire, au dedans : c’est chose merveilleuse à voir! Le portail du couloir (qui 


t 1 ) Je me sépare sur ce point de l’avis de Moret (Rituel, p. îo), qui n’a pas essayé de préciser 
le mode d’éclairage du sanctuaire, chaque jour. Ni les tableaux d’Abydos, ni ceux d’aucun temple 
donnant la série des actes du prêtre au sanctuaire, en service journalier, ne représentent l’allu- 
mage du cierge. Moret en conclut que les premiers « chapitres» étaient récités avant l’entrée au 
« saint des saints», et qu’il s’agit d’un allumage de feu préliminaire (Rituel, p. îo, 5 - 8 ). Cepen- 
dant la lumière n’était pas apportée du dehors ; au i er tableau d’Abydos, le prêtre entre avec 
l’encensoir et le vase à libation (Mariette, Abydos, p. 6 A, chambres d’Horus et de Ptah). Nulle 
part, nous ne le voyons apporter du dehors au sanctuaire un moyen quelconque d’éclairage. 
Il est préférable de penser qu’on allumait la lumière au dedans, avant toutes autres opérations 
rituelles. Cela seul correspond à la présence deia formule n sh ét\ en tête de toutes les autres. 
Cela seul aussi garde leur unité aux rituels de Karnak, où tout se passe ainsi dans le sanctuaire, 
en présence du dieu. 

W Il s’agit des portes des chapelles (i h-w) qui entourent le sanctuaire d’Edfou. 

(3) Le pronom possessif est accordé avec é-t-wr*t . 


est) a sa droite (et sa) gauche est (fait) pour donner accès aux chambres secrètes qui 
l’entourent W. 

iô^îiiz;în^ssf-r;T“îii:mnr4-+~>iUf 

2 • . — La « grande place » est au milieu d’elles : le sanctuaire qui est en son centre 
a 1 9 (coudees) 5j6 sur 10 i/3 ; le portail du couloir [(qui est ) à (sa) droite ( et ) sa gauche 
est (fait) pour donner accès aux chambres qui l’entourent. La (barque-litière-) Wts- 
nfrw du « (Dieu)-au-plumage-moucheté », son P) saint tabernacle qui repose à côté 
d’elle < 3 4 ), (et) son grand naos de pierre noire ( qui est) à côté (de ces deux objets) : 
ce sont là choses merveilleuses à voir! (La «grande place»), c’est la « Place de 
sa serre» W, au ciel ; c’est sa (demeur e-)hyn, sur la terre; c’est son (siège-) dm-t, 
dans le ciel inférieur! Autour d’elle < 5 ) est la représentation de l’Ennéade de la pro- 
vince. On célèbre dans (le sanctuaire) le service du Maître (divin) : « révélation de 
la face du dieu»; « offrande de Maât à Celui qui l’a créée»; « encensement de (la 
barque-litière-) W ts-nfrw » W . 


01 Edfou, IV, 5 , 9-11 : ( Sbi-wsn iry, wbi r smy(-t), [n] mh 3 f 3 r 6 .) St-wr-t imitw-sn hr 
Wts-nfrw , km pn rn-kl bf îw-s m mh 1 y B fe, wsh m 10 fs. K’,r wr m inr km iwn m-hnt-f : bii pœ 
dg-twf! Hlli n smyft) hr imn t ilb tf, r f sbh-w stUw nty m snwf. L’orthographe récente smy 
est employée ici pour hm, dans l’expression hm pn m-tçlbf : cf. sm(-t) =hm, cité par Wb., III, 
280, 11. Il y a confusion de prononciation et d’écriture, à l’époque ptolémaïque, entre hm = 
sanctuaire, et smyft) = couloir, passage, tous deux substantifs du genre masculin. 

m «Son» se rapporte à S’b-Sw-t, c’est-à-dire Horus d’Edfou. 

(’) Wil (=la barque divine) est du genre masculin. 

(4) Il s’agit de la «serre» du Faucon divin qu’est le dieu d’Edfou. 

(5) « Elle » représente la grande place. 

W Cf. la traduction de Piehi, /. H., II, 2,p. 6/1. Texte : Edfou, VII, i 5 , 3-7 : St-wr-t r mtr-sn : 
smyft) pn m-kîb-s, m (mh) 1 y 5 fe r 10 '/s; hUi n smy(-t) hr imn t ub-tf. r 'A ibh-w nty m snwf. 
Wts-frw n Slb-swn hdf sps htp r gs-f, kirf wr n inr km (?) r gs-sn : bii pw dg-tw-sn. S-t-'n-tfrn p-t, 
hynf m t 1 ,, dm-t-f m-hnt Nn-t! Sphr n psd-t n sp-t msnw-s; iwsirw n Nbim-f: «ivn-hrhr ntr»; 
« hnk MY-t n ’lr-.s (ij) >> ; « kîp sntr n Wts-nfrw». 

Bibi. d’Etudes, t. XX. 


9 


— *-**( 66 )» <* * « 

Il est possible, d’après ces deux textes comparés à ce que nous montre l’état 
actuel du temple, de se représenter ainsi, d’une façon sommaire, les prin- 
cipaux objets sacrés du sanctuaire : 

i° Au long du mur ouest b), fa « barque-litière» d’Horus, pour les sorties 
en procession. Deux barres de portage permettent de la soulever. La taille 
de ces barres est telle qu’une fde de quatre à six porteurs puisse se placer 
sous chacune d’elles ( (I) 2 * 4 ). La barque est posée sur un escabeau : on en voit un 
semblable gravé au tableau qui montre l’arrivée de la procession d’Hathor au 
sanctuaire, a la fête du mois d’Ëpiphi W. Sous cet escabeau placé en son centre, 
est construite une estrade de bois rectangulaire. Elle supporte, à ses quatre 
angles, par des colonnettes rondes à chapiteau, une toiture légère faite de 
bois également, qui recouvre entièrement la barque. Une frise d’uraeus est 
sculptée autour de cette toiture, faiblement arquée en sa partie antérieure, 
selon la coutume pour les toits des naos. On monte sur l’estrade par un large 
escalier de bois, fait de trois marches basses. Les colonnettes étaient assez 
écartées de la litière pour que les porteurs puissent se placer èntre elles et les 
barres, quand on faisait descendre la «barque» de sa plate-forme. Autour 
de l’escabeau, l’estrade était probablement vide, en temps ordinaire. On n’y 
plaçait les objets visibles aux bas-reliefs du sanctuaire que pendant les offices 
auxquels participaient les «barques» divines et les statues contenues dans leurs 
naos. Ces offices étaient ceux des fêtes au sanctuaire, ou des fêtes annuelles. 

2 ° A côté de la plate-forme, à la hauteur de la cabine de la barque, et par 
conséquent plus près du centre de la salie, un autre escabeau, de faibles di- 
mensions, porte le «tabernacle» ( hd ) du dieu d’Edfou. C’est un bâti carré 
en bois léger, dont les quatre côtés sont fermés par des voiles W. C’est lui 


(I) Sur lequel la barque-litière d’Horus est gravée (cf. Edfou, pl. XI). Pour la « barque» d’Ha- 
thor au mur est, cf. Edfou, pl. XII et XIV. 

(S) Cf. Edfou, pl. XL f et XL g; pl. phot. 38 o. Sur le nombre de barres au moyen desquelles on 
portait cette litière, cf. plus bas, page 67 (note 3). 

(5) Cf. Edfou, pl. phot. 474 et 476. Peut-être y avait-il vraiment un panneau plein, comme 
l’indiquent par convention les bas-reliefs du sanctuaire : cf. Edfou , pl. XI, XII, XIV. A Dendéra, 
les escabeaux sont à jour : cf. Chassinat, Dendéra, pl. LV et LVI. 

(4) Cf. le tabernacle de bois garni d’attaches de bronze, n° 8708 du Musée de Berlin (Aus- 
führliches Verzeichnis der âgypt . Altertümer [1899], p. 249), et la figure n° 77, dans : Erman, 




1 


— •**•( 67 )■ « ■ — 

que l’on peut voir, porté par deux prêtres, monter l’escalier est qui mène 
à la terrasse du temple d’Edfou, puis descendre l’escalier ouest W. 

3° Au fond du sanctuaire enfin, dans l’angle nord-ouest, est posé encore 
aujourd’hui sur le dallage le grand mos (kir) monolithe de syénite noire de 
Nekhtarehbe, ou « Nectanébo II» W. Sa place antique était probablement sur 
la ligne médiane, au centre de la paroi de fond du sanctuaire, et à une 
distance de cette paroi assez grande pour que l’officiant puisse faire le tour 
( phr hl) du naos . Un escalier en bois, de trois marches, permettait de se 
tenir debout à la hauteur des battants de sa porte W. 

La religion des Égyptiens ( 3 * éd., trad. Wild), p. 21 4 . Cf. aussi la description, malheureusement 
mutilée, du tabernacle d’Horus porté au temple d’Edfou pendant la « procession du Nouvel-An» : 
Edfou, I, 55 1, 7-8. 

tl) Cf. Edfou, pl. XXXVIII 0 et XXXVII b . Le dessin égyptien ne permet pas de se rendre compte 
de la nature réelle du tabernacle. Un tabernacle hd en bois recouvert d’argent doré a été re- 
trouvé à Dendéra, et se trouve au Musée du Caire (note P. Làcaü). 

w Cf. Edfou, I, 9-11 (fig. 2). 

(3) Cf. Edfou , pl. phot. 21 3 , sous le pied gauche de rofficiant. La brève reconstitution archéo- 
logique qui précède est, sur de nombreux points, en désaccord avec celle de Legrain (Le logement 
et transport des barques sacrées, etc., B. I.F . A, O,, XIII [19 17], p. 1-76, et pl.I-VII). Cf., sur Edfou, 
les pages 67 à 70 ; sur Dendéra, les pages 70 à 73. Il est peu probable que les barques-litières, 
dans ces deux temples, aient comporté des pavois de portage à cinq barres, mesurant chacun 
i m. 885 de largeur au minimum. Je crois préférable de tenir le dessin à cinq profils de porteurs 
de front, aux deux bas-reliefs de la salle hypostyle d’Edfou (cf. Edfou, pl. phot. 38 o : « barque» 
d’Hathor) pour conventionnel, et calqué par tradition d’atelier sur les motifs semblables du 
Nouvel Empire. Les pavois des barques-litières à Edfou et Dendéra, à l’époque ptolémaïque, 
n’étaient probablement qu’à deux brancards, et à douze ou même huit porteurs (cf. les litières 
de la fête du voyage d’Hathor vers Edfou, enEpiphi : Edfou, pl. phot. 45 i, 45 a, 473 ; la «barque» 
d’Hathor gravée en face de sa place réelle, dans le sanctuaire de Dendéra : Chassinat, Dendéra 
pl. phot. LV. Ici, les extrémités antérieures des deux barres sont indiquées sur le bas-relief). 
Il y avait, par contre, deux estrades avec «dais» semblables dans le sanctuaire d’Edfou, et non 
une seule pour les deux « barques» (cf. Legrain, op . cit., fig. 5 , p. 69). La présence du « taber- 
nacle» portatif hd d’Horus, à côté (r-gs) de la litière et de son estrade, affirmée par un texte (Edfou, 
VII, i 5 , 5 ) dont Legrain ne tient pas compte, rend son schéma (fig. 5 ) difficile à concilier avec 
la largeur (5 m. 62) du sanctuaire d’Edfou : les officiants se dirigeant yers le grand naos de 
pierre du fond du sanctuaire n’auraient pas eu une largeur d’accès suffisante, entre l’une des 
deux estrades, et le socle du tabernacle hd, placé entre ces deux mêmes estrades. A Dendéra, 
par ailleurs, l’existence probable d’un naos de pierre gli-t (cf. « Calendrier d’Hathor à Edfou» : 
Edfou, V, 349, 9, etc.), en plus des quatre barques-litières, rend également très peu vraisem- 
blable la reconstitution avec des pavois à cinq barres (Legrain, op , cit., fig. 6, p. 71). 


9 * 


— **•( 68 )•** — 

4° La partie est du sanctuaire é-t-wr-t était réservée à Hathor «parèdre 
à Edfou» ( hr(-t)-îb Bhd-t). Elle y possédait, semble-t-il, une barque-litière, 
placée sur une estrade semblable à celle d’Horus. Le bas-relief du « saint des 
saints» montre cette litiere et la statue qu’elle renferme recevant les mêmes 
honneurs que la litière et la statue du Maître du temple, en temps de fête. 
La scène gravée dans l’hypostyle la fait voir sortant en procession en même 
temps que celle d’Horus. Hathor possédait aussi, probablement dans le sanc- 
tuaire, son tabernacle hd, que les scènes des parois des escaliers est et ouest 
de la terrasse montrent, porté côte à côte avec celui d’Horus. Par contre, rien 
ne nous permet de penser qu’elle ait jamais eu, dans le sanctuaire, un naos de 
pierre kir, semblable a celui du dieu d Edfou. Malgré le dualisme voulu dans 
la disposition du materiel sacre, Horus d’Edfou tient le premier rang ici 
comme en tous lieux de son temple. Son seul office journalier est gravé sur 
les deux parois de la « grande place», et certainement ce service ne s’adressait 
qu’à lui seul. Hathor n’est représentée, dans le sanctuaire, qu’aux scènes qui 
décrivent le service solennel. 

5° Le reste des objets nécessaires à l’office consistait probablement en petit 
mobilier : une table d autel ( ôj) devant le grand naos, au centre du sanctuaire ; 
un coffret ( mr-t ) contenant les quatre pièces d’étoffe rituelle, avec les vases 
pour l’oliban (ntiw) et l’huile parfumée (md-t), pour la résine (éntr) et le 
natron (bd). Le dallage constituait à proprement parler la « grande place», et 
était comme tel particulièrement sacré W. II était, semble-t-il, comme le sol des 
pièces d apparat dans les maisons les plus luxueuses^, couvert de- larges 
nattes. La lumière du cierge allumé faisait luire dans l’ombre les parties 
dorees des bas-reliefs peints, les feuilles d’or qui recouvraient le mobilier 
sacré ainsi que les portes de bois du grand naos de granit noir ( * 1 * 3 J. 

Le premier geste du pretre était alors 1 encensement, qui suit l’allumage 
du cierge aux rituels de Karnak. Prenant l’encensoir un moment déposé sur 

■■ ■ ■ ■ . in 

(1) Cf. plus haut (texte î sur le sanctuaire) : é-t-wr-t hr Wts-nfrw = Littéralement : « la grands 
place (située) sous la (barque-litière-) Wts-nfrw » , c’est-à-dire : qui porte la (barque-litière-) 

• Wts-nfrw. 

m Cf- par exemple, Newberry, Rekhmara, pi. h et 1 1 , etc. 

(3) Cf. Edfou, I, îo, col. a : «son saint naos de granit (mil), dont les battants (de porte) 
sont en (bois de) cèdre (mrw), doublé (nbd) de cuivre (bil) recouvert ( rnk ) d’or (ni).» 


— ►*•( 69 )* 4 — 

la table d’autel, il disait la première formule : Ri n ti éhtpy ô). Puis il plaçait 
dessus le vase à feu, et récitait la seconde : R i n vu’, h ïb hr éhtpy Enfin, 
projetant une pincée de résine de térébinthe sur les charbons, il prononçait la 
troisième : Ri n rdi- 1 éntr hr éd- 1 ( 3 ). La fumee odorante venait, après la lumière, 
toucher la porte encore scellee du tabernacle. Elle préparait l’arrivée du prêtre 
en la presence reelle du dieu d Edfou. L officiant posait alors son encensoir, 
et, les deux mains vides, récitant la dernière des formules préliminaires : 
Rl n nmt r bw dér^\ il «s’avançait vers le lieu saint». v 

B) Révélation de la Face divine. — Cet endroit sacré, c’est celui où se trouve 
la -statue divine. On a souvent pensé que, dans le sanctuaire des barques, cette 
statue était la statuette portative que contenait le tabernacle placé dans la 
cabine de la barque-litière d’Horus; que cette statuette y restait en perma- 
nence, et que par conséquent l’office journalier se déroulait sur l’estrade de 
bois, devant la litière. La cabine de la barque aurait donc contenu le taber- 
nacle central, le plus vénéré dans tout le temple. Un fait, à Edfou, vient à 
1 appui de cette opinion. C est la rédaction du premier titre d’acte liturgique 
représenté dans le sanctuaire. Nous y arrivons maintenant : 

— S ïiii = 2 P * ¥ i ~ ï J. » ±- = K S n T S txk -L S , H 

1° Montée à l’escalier. Dire : Je gravis l’escalier, je m’avance vers la barque, 
pourvoir Horus dans la barque. Mes mains sont lavées, mes pieds sont purs, tous 
mes membres sont sanctijiés ! (®) 


II est hors de doute que, dans le texte choisi par les scribes sacrés pour être 
grave au sanctuaire, il s agit d’un début d’office devant une «barque» divine. 
Cependant, cette opinion, en ce qui concerne le culte journalier d’Horus, se 
heurte à plusieurs objections : 

i° Edfou est seul à mentionner la barque comme habitation du dieu, 
pendant l’office de chaque jour. Dendéra, au tableau parallèle de la série 




{,) Moret, Rituel, p. 19-20 (n° 3 ). 

(3) Moret, Rituel, p. 20 (n° 4 ). 

(4) Moret, Rituel, p. 20-26 (n° 5). 

( * Edfou, I, 24 , 16-18 ; pi. XI ; pL phot. 2 1 3 : Pr r r(w)d . Ddmdw : Ts-n i r r{w)d, su 
r wt>, mîî-t Hr m wil . 1 m c bw, rd wi-i m twr, *-w-t t nb(-t) m d-srw ! 

Bibl. d* Étude* \ t. XX. 




10 


gravée dans le pr-wr M, parle d’un «tabernacle» : hd < * 2 ) . Le texte semblable 
de Dendéra, au sanctuaire é-t-wr4, ne donne pas de précision sur ce point (3 >. 
Celui du rituel de Karnak n’en fournit pas non plus W. 

2 ° Toutes les ligures montrant les statues divines dans leurs naos, en culte 
journalier, à Abydos, Philae < 5 ), Edfou, Dendéra, font voir des habitacles plus 
grands que la taille humaine de l’officiant. Il est évident que ces proportions 
peuvent être conventionnelles, et que les naos représentés ne correspondent 
probablement à aucun édicule sacré réellement mis en place dans le temple. 
Ainsi, toutes les toitures figurées ont la pente et le fronton arrondi tradi- 
tionnel des naos de bois, alors que, par exemple, le grandir de pierre noire 
d’Edfou possède une toiture à coupe pyramidale^ 6 7 8 ), très différente. Cepen- 
dant, au moins à Edfou et Dendéra, la hauteur des habitacles divins a été voulue 
plus grande que celle des statues représentées à l’intérieur, et correspond 
mal à celle du petit tabernacle qu’on plaçait au centre d’une barque-litière. 

3° Pratiquement, les manipulations diverses : attouchements, habillements, 
onctions M,- que devait pratiquer le prêtre sur une statue contenue dans le 
tabernacle d’une cabine de barque-litière, auraient été fort difficiles pour un 
officiant obligé de se placer, comme c’était le cas dans le sanctuaire, en face 
de la « barque», entre les barres de portage de la litière W. 

4° Il est naturel de se représenter : d’une part, la barque-litière, ne rece- 
vant pas l’hpmmage principal du culte en temps habituel à Edfou, puisque 

ll) Le sanctuaire Pr-wr correspond, par son emplacement architectural à Dendéra, au sanc- 
tuaire Msn(-t) d’Edfou. 

(2) Cf. Ghassinat, Dendéra, III, 6 4 , 3-5 ; pl. 180 et pl. phot. 186 : nPr r hnd. Dd (mdw) : Tsir 
hnd n Nb-t m kb-nmt-t, r mil Hm-t'é m hd*s» = Montée à V escalier. Dire : Je gravis V escalier de Nb t 
( Hathor ), à pas lents, pour voir sa Majesté dans son tabernacle . 

(3) Cf. Chxssinat, Dendéra , I, h o, 4-6 : «Tsd r hnd n Ihti-t, m hm-s; 'r-i îh-t, r mil Nb-t!» — Je 
gravis V escalier d’ (Hathor-) Ihtvt, dans son sanctuaire ; je monte à Vu horizon », pour voir la Maîtresse! 

(4) Cf. Moret, Rituel, p. io 4 -io 5 . 

(5) Cf. Bénédite, Philae, pl. VIL 

(3) Voir Edfou, I, 9, fig. 2. 

(7) Cf. Mariette, Abydos, tableaux 6-1 i, 1 4 . 

(8) Étant donnée la longueur de proue des « barques» divines, et la présence des figurines de 
bois qui occupaient leur pont, le tabernacle déposé dans leur cabine n'était guère accessible de face. 

On ne pouvait atteindre avec les mains ce tabernacle qu’en se plaçant sur l'un des côtés de la litière. 


son usage propre est celui de la procession du dieu, qui se produit à inter- 
valles espacés; d’autre part, le grand naos de pierre, fondé spécialement pour 
la commodité de l’office journalier, et contenant en permanence la statue à 
qui ce culte s’adresse. L’inverse se conçoit mal : à quel usage approprié à son 
importance aurait servi dans ce cas le naos k’,r, que tous les textes de fondation 
du temple citent comme la grande « merveille» renfermée dans le sanctuaire? 

Nous préférons donc supposer qu’à Edfou du moins W, l’office journalier 
se passait devant le grand kir de syénite de Nekhtarehbe ( 2 ). Ce qui n’em- 
pêche pas le rituel employé de faire allusion à l’arrivée du prêtre devant une 
barque-litière : il est fort vraisemblable que les «formules» d’Edfou (comme 
celles de Karnak, ou toutes autres) ne formaient pas un ensemble homogène, 
mais que les recueils en usage réunissaient des textes de provenances diverses. 
La première formule d’Edfou peut avoir été appliquée, prise individuelle- 
ment, à une adoration à la barque, en service de fête. Peut-être encore le 
tabernacle de bois (hd) dont il est question au texte traduit plus haut (texte a : 
«son saint tabernacle qui repose à côté d’elle»), pris symboliquement pour 
la cabine de la barque solaire, était-il l’habitation permanente de la prin- 
cipale statue du sanctuaire d’Horus, avant qu’un grand naos de pierre, luxe 
des temples à l’époque des Ptolémées, n’ait été consacré au Maître de ce 
lieu ( 3 4 ). 


(l) C’est à Edfou que nous avons la meilleure preuve de l’existence d’un grand naos, puisqu’il 
s’y trouve encore aujourd’hui, déplacé vers l’angle nord-ouest du sanctuaire. 

Moret semble avoir incliné vers une solution semblable, quand il écrit (Rituel, p. 106 , 
1. 1 5-i 8 ) : Les naos des temples sont souvent élevés de deux mètres et plus; on comprend qu 9 un escalier 
portatif ou fixe était parfois nécessaire pour que le prêtre pût ouvrir les portes et prendre la statue dans ses 
bras. Moret n’examine pas, d’ailleurs, le problème plus à fond. 

(3J Cette hypothèse s’applique aussi au hd cité dans la prière parallèle de Dendéra. Par ailleurs, 
il est probable que le tabernacle placé dans la cabine de la barque-litière Wts-nfrw contenait, 
de façon permanente, une statue d’Horus. L’âme du dieu l’animait aussi chaque jour, dans la 
croyance : elle se joignait à elle, en même temps qu’à toutes ses autres images dans le temple. 
Cf. Edfou, I, 22 , i3 : il s 9 unit à sa statue dans sa (barque-) Wts-nfrw, etc. Quant au tabernacle 
portatif hd, placé à côté de la barque, il semble au contraire être resté vide d’image divine, en 
temps ordinaire. Ce n’était qu’une litière simple, de petite taille et de faible poids, sans barres de 
portage, mais munie d’anneaux aux quatre angles de sa plate-forme inférieure (voij plus bas, 
3 e partie). Elle était destinée aux processions dans l’intérieur du temple, et, en particulier, vers 


— «.( 72 >«— 

Le prêtre a donc récité la prière de l’escalier. II a monté lentement W, ayant 
posé le pied gauche sur la première marche^), les deux degrés qui conduisent 
vers dieu. Ses bras tombent vers le sol, ses mains sont ouvertes. Il est sur la 
plate-forme de bois, à la hauteur de la porte fermée du naos. Il va rompre le 
sceau qui condamne cette porte depuis la fin du service matinal de la veille : c’est 
le second acte représenté sur la muraille intérieure du sanctuaire d’Edfou. 

Le moment est venu d’examiner la disposition des scènes de culte que con- 
tient la «grande place» du temple d’Horus. Ces tableaux ont été utilisés 
par Moret : ils lui ont fourni des comparaisons avec la marche du service aux 
manuscrits de Karnak et aux parois des chapelles d’Abydos. La planche III 
de l’ouvrage de Moret reproduit la planche XII de la publication Chassinat, 
c’est-à-dire la paroi est du sanctuaire d’Edfou. Il semble cependant qu’une 
recherche plus complète et précise conduit, pour Edfou, à des résultats diffé- 
rents de ceux qu’il a obtenus. L’ensemble des tableaux des parois ouest, est 
et nord du sanctuaire d’Horus forme un ensemble complexe, qui se divise 
ainsi ® : 

i° Office journalier : 19 tableaux, qui se succèdent dans l’ordre habituel 
(«sens de l’adoration»), de la porte d’entrée vers le fond de la chambre, 
et du premier registre (en bas) vers le troisième (en haut). De plus, il existe 
un ordre alterné, très caractéristique, entre les deux parois. Le premier acte 
liturgique est gravé au bas, à l’extrémité sud de la paroi ouest : pr r rwd, 
déjà examiné. Le second est gravé en face de lui, sur la paroi est, à la place 
correspondante : éti îtr. Le troisième est éfh, db\ de nouveau à l’ouest : c’est 
la deuxième scène du registre d’en bas. Le quatrième est wn hr, dwi hr : 
c’est le second tableau du registre inférieur de la paroi est. Le cinquième est 
à la suite, à l’ouest : mil nir. Le sixième est en face du cinquième, à l’est : 
dmi nir, sp fdw. 


la terrasse : l’étroitesse des escaliers qui y conduisaient interdisait l’usage de la grande barque- 
litière. Il est probable que, pour ce genre de procession, on garnissait cette litière avec le 
tabernacle conservé dans la chapelle Msn(-t). 

(I) M kb nmt-t. C’est l’expression du texte parallèle de Dendéra, pour le sanctuaire pr-wr. 
Cf. la traduction, plus haut. 

W Cf. Edfou , pl. phot. 2 1 3 . 

« Cf. Edfou, pl. XI, XII, XIII b. 


1 


Les scènes du service journalier n’occupent pas plus loin vers le nord les 
premiers registres ouest et est. Les quatrièmes tableaux, à droite et à gauche, 
complétés par les quatrièmes tableaux du second registre, placés au-dessus 
d’eux, forment une enclave spéciale dans l’ensemble des scènes de l’intérieur 
du sanctuaire : ils sont consacrés au culte du roi régnant et de ses ancêtres 
(parents et grands-parents). Le septième tableau de la série du culte journalier 
est donc le premier (au sud) du second registre ouest : smé * ntîw n ît-f. Le 
huitième est son vis-à-vis, sur la paroi est, et ainsi de suite jusqu’aux troi- 
sièmes scènes des troisièmes registres ouest (n° 17), puis est (n° 18). II 
restait une 19 e scène à représenter : l’acte final important, qui clôture tous 
les offices journaliers, à Karnak et à Abydos. C’est la dernière purification 
par la résine sur la flamme, répétée quatre fois W. Le décorateur a ajouté ce 
tableau, par dérogation à la règle d’alternance qu’il s’est fixée, à la suite de 
la scène n° 18, à l’est W. 

2 0 Le reste de la décoration des parois ouest, est et nord se compose : 

a) Comme nous l’avons déjà indiqué, des deux tableaux ouest (quatrième 
du i er registre, et quatrième du 2 e registre), et des deux tableaux est (symé- 
triques des deux premiers, par rapport à l’axe longitudinal du sanctuaire), 
qui concernent le culte du roi et de ses ancêtres. 

b) De cinq tableaux à l’ouest (2 e registre : 5 e et 6 e tableaux; 3 e registre : 
4 e , 5 e et 6 e tableaux) et de quatre tableaux à l’est (2 e registre : 5 e et 6 e ta- 
bleaux; 3 e registre : 5 e et 6 e tableaux), qui constituent une adjonction au 
service journalier ( 3 b II s’agit du service solennel au sanctuaire. Ce sont les 
présentations d’objets précieux (bijoux, couronnes, accessoires symboliques) 


(1) Par opposition aux purifications précédentes, qui sont des présentations de grains de natron 
ou de résine de térébintbe. 

(5) Le «prêtre du roi», dans ces 19 scènes de l’office journalier, est toujours représenté en 
roi portant seulement les coiffures nms ou hprs, et non pas la couronne d’Égypte shm-ti. C’est 
l’inverse pour les quatre scènes du culte royal, pour les deux encensements des barques divines, 
et pour les six scènes du mur de fond, où la couronne shm-ti est de rigueur sur la tête du roi. 
Dans les premières, le roi est Horus l’héritier, le successeur désigné de son père. Dans les secondes, 
il a reçu 1 héritage (im-t-pr) . Il règne sur l’Égypte : il est pareil à celui qui l’a engendré (« twt 
sw r kml sw »). 

m Le «roi» ne porte là, comme dans l’office journalier, que les coiffures nms et hprs. 


— *■»•{ 74 )•** — 

qui s’ajoutaient à l’« habillage» des statues, et s’adressaient non plus à Horus 
seul, mais à la «triade» divine d’Edfou. 

c) Des deux grands tableaux montrant l’encensement de la barque d’Horus, 
puis de celle d’Hathor, par le roi couronné du «pschent» (i er registre, 
5 e tableau à l’ouest et à l’est). 

d) Des six tableaux occupant le mur de fond (nord). C’est un rite solennel, 
s’adressant, par l’action du couple royal d’Égypte, au couple divin d’Edfou. 
Les présentations sont doubles (roi du Sud, puis roi du Nord). Ce rite 
appelle des bénédictions particulières sur le roi du pays. 

Ces adjonctions et ces rites spéciaux M n’étaient *pas utilisés en service jour- 
nalier. On ne s’en servait que pour les services de fête, célébrés à intervalles 
réguliers dans le sanctuaire. Il en sera question plus loin ( 1 2 >. 

Il est facile de montrer que l’ordre alterné des tableaux de l’office journalier 
correspond exactement à l’ordre des rituéls de Karnak. Par exemple, en ce 
qui concerne la succession logique des gestes de l’ouverture du naos : la 
montée de l’escalier (à l’ouest) précède de toute évidence les autres opérations 
rituelles. Puis on délie le lien de papyrus (à l’est), avant d’enlever le sceau (à 
l’ouest), et de découvrir la Face (à l’est). On voit le dieu (à l’ouest), puis on 
récite les adorations (à l’est). C’<est l’ordre même des «rituels d’Amon et de 
Moût», compte tenu de l’anomalie du «chapitre de monter sur l’escalier», 
rejeté au début de la seconde entrée (Moret, Rituel, n° 2 5 , p. io 4 ) : n° 7, 
p. 35 (« rompre le lien du sceau») ; n° 9, p. 42 (« délier le sceau») ; n° 10, 
p. 4 9 (« découvrir la face du dieu»); n° 11, p. 55 («voirie dieu»); n° 18, 
p. 67 («adorer le dieu»). 


(,) Ces derniers sont annoncés à part, dans le résumé sur le sanctuaire traduit plus haut (Edfou, 
VII, 1 5 , 3-7) : après wn-kr hr ntr, qui est l’office de tous les jours, c’est : hnk Mî'-t n ’Ir-s(y), 
c’est-à-dire l’offrande de Maât à son créateur, qui désigne la cérémonie royale du mur nord, et : 
«klp sntr n Wts-nfrw» = encensement de la barque, qui s’applique aux deux grands tableaux des 
angles nord-ouest et nord-est. 

(S) Contrairement âu commentaire donné sur la paroi est du sanctuaire d’Edfou par Moret 
( Rituel , sur la planche III, entre les pages 216 et 217). Moret ne tient aucun compte de la phy- 
sionomie spéciale de chaque ensemble de tableaux, et les fait tous rentrer dans l’office journalier, 
y compris les scènes du culte royal : par exemple, le roi Ptolémée III Ëvergète divinisé est con- - 
fondu avec le dieu Horus d’Edfou, etc. 


— •+( 75 )**— 

Pour un autre passage de l’office : l’ordre dans lequel sont offertes les 
pièces d’étoffes de couleur, la même correspondance est remarquable, à con- 
dition de suivre les tableaux d’Edfou avec alternance entre les parois ouest et est. 
Après l’offrande de l’oliban Çntîw), au deuxième registre ouest, c’est la 
présentation de la bandelette blanche ( db ’ mnh-t hd-t), à l’est = Moret, Rituel, 
n° 49 (p. 1 79), rj n mnh[-t) hd[-t ) ; puis la présentation de la bandelette bleue 
( db i mnh-t îrtiw), à l’ouest = Rituel, n° 5 o (p. 181), ri n db ’, mnh-t W; puis 
celle de la bandelette verte ( db’, mnh-t wîd-t), à l’est = Rituel, n° 5 1 (p. 1 84), 
ri n db i mnh-t vo’,d[-t); enfin celle de la bandelette rouge (db’, mnh-t îdmi), à 
l’ouest = Rituel, n os 52 et 53 (p. 1 85 et 187), ri n db’, mnh-t înéy (ou îdmi) W. 
La série se termine par la présentation de l’huile de sacre [hnk md-t), à l’est, 
exactement comme à Karnak : Rituel, n" 55 (p. 197), ri n hnk md-t n îmny-t ( 3 4 5 L 

Cette disposition alternée des tableaux du sanctuaire d’Edfou correspond, 
d’autre part, à celle des scènes gravées aux deux sanctuaires de Dendéra : ce 
sont les phases de la même cérémonie : 

a) Dendéra, sanctuaire des barques ( é-t-wr-t )M : i° (est) : pr r lj,nd = 
monter à l’escalier; 2 0 (ouest) : ét’, itr = délier le lien de papyrus; 3° (est) : 
éfh dF-t = enlever le sceau ; 4 ° (ouest) : wn hr, n [d-t (?)]•/, n [mü (?)] Wér-t = 
découvrir la Face, de sa [main (?)], pour [voir (?)] la « Puissante»; 5 ° (est) : 
mü ntr[- 1 ) = voir la déesse; 6° (ouest) : dw’, nfr(-f) = adorer la déesse. 

b) Dendéra, sanctuaire du fond ( pr-wr ) : i° (est) : pr r fond; 2 0 (ouest) : 

ét’, îtr; 3 ° (est) : éfh ÿf-t; 4 ° (ouest) : wn hr n Nb‘t m hd-é spê = découvrir 
la Face d’Hathor dans son tabernacle vénérable; 5 ° (est) : mi; ntr[-t) ; 
6° (ouest) : dw’, ntr(-t). 

Il est donc permis de penser que les rituels liturgiques en usage aux époques 
ramesside (Abydos) et bubastite (Karnak) étaient très proches de ceux qui 
donnèrent naissance à la décoration des sanctuaires ptolémaïques. Quant à la 


(1) C’est la seule des quatre bandelettes dont la couleur ne soit pas précisée, aux rituels de Karnak. 

C’est aussi, parmi les quatre, celle qui est passée sous silence, aux tableaux des chapelles d’Abydos. 
Ce sont les deux variantes du nom de la «bandelette rouge». 

<3) C’est-à-dire : Présentation de l’ (huile-)md-t d’(offrande ) journalière. 

(4) Cf. Chassinat, Dendéra, I, p. 4 o- 42 , 58 - 6 o ; pl. 5 i- 54 , 02 - 64 . 

(5) Cf. Chassinat, Dendéra, III, p. 64 - 66 , 76-77, pl, 180, 186-187, 190-192. 


— m*( 76 )*** — 

disposition alternée, toute différente de celle qui a été employée au temple 
d’Abydos, elle permet un meilleur équilibre décoratif, et rend la suite des 
scenes plus facile a suivre qu’elle ne l’est dans les chapelles du monument 
de Séthi I er . Employée dans les deux grands sanctuaires alliés d’Edfou et de 
Dendéra, dont les reconstructions successives s’inspirèrent fortement l’une 
de l’autre, cette disposition est un perfectionnement certain sur la méthode 
choisie par les décorateurs de la XIX e dynastie* 1 ). 


(1 > Je ne partage pas l’opinion de Mariette (Abydos, p. 17-18, § 5i), suivie par Moret (Rituel, 
p. 1-2), sur l’ordre de succession des tableaux d’Abydos. Il est peu probable que le prêtre ait 
accompli son office en faisant le tour des chapelles, de droite à gauche, pour réciter les formules 
dans cet ordre, depuis son entree jusqu a sa sortie. L’office se déroulait toujours devant un (ta- 
bernacle-)/^ fixe, ou bien un (naos-) 4 ’r placé quelque part dans chaque sanctuaire. Les multiples 
représentations de ce naos, à Abydos même, en font foi. D’autre partie dieu, en toutes scènes sacrées 
gravées aux parois des temples en Égypte, est censé résider au fond et au centre de chaque salle. 
C est vers lui que le prêtre tourne toujours la tête ; l’ordre des cérémonies va toujours de l’entrée 
vers le fond. La disposition des personnages aux 36 tableaux d’Abydos n’échappe pas à cette 
règle. Le prêtre, de 1 à 1 o et de 2 1 à 28, fait face à gauche. De 11 à 19 et de 29 à 36 , il fait 
face à droite. Seul le tableau 20 fait exception, et à juste titre, puisqu’il représente le prêtre 
sortant de la chapelle, le dos tourné à la divinité. Je propose de suivre le déroulement de l’office 
à Abydos dans l’ordre suivant : de 1 à 10 (sens des chiffres de Mariette) , puis de îg à 11 (sens 
inverse des chiffres de Mariette), puis de 36 à ag (sens inverse) , et enfin 20 (fin de l’office, et non 
fin de la première entree). Les scenes 21328 (sens des chiffres) sont des scènes complémentaires 
des scènes 1 à 5 , groupées à la même place que les chapitres 2 5 à 43 des « rituels de Karnak » 
(chiffres de Moret, Rituel), et semblables à ces chapitres. Tout se passe comme si le décorateur, 
ayant achevé son premier registre de droite jusqu’à l’axe central du fond, et ayant déjà entamé 
les scènes de la « toilette» du dieu, était revenu en arrière pour mettre en place, de l’entrée au 
fond, son second registre de droite, sur une longueur égale, avec un choix fait dans les chapitres 
d’un manuscrit correspondant exactement comme disposition matérielle aux n°‘ 2 5-43 des 
« rituels de Karnak ». Puis il a repris la suite du service, à gauche des chapelles, en ménageant 
l’espace d’un tableau près de la porte pour la scène finale, en bas. Il a terminé, de l’entrée au 
fond, le premier registre de gauche avec les scènes de «toilette»; puis, revenant en arrière, et 
toujours de 1 entree au fond, le second registre de gauche avec les scènes de purification finales. 
Si 1 on admet cette disposition, on peut en tirer ces conclusions importantes : le registre inférieur 
ne correspond pas dans son entier à la seule 1” entrée du prêtre, mais au contraire, celle-ci se 
termine (sans que la 1" sortie soit représentée) entre les tableaux n” 5 (complété par 27-28) 
et 6. Le tableau n" 6 (rîndfî pr-wr) est le « repas divin», premier acte de la 2* entrée. Puis com- 
mence Je long service de la « toilette» (7-10, puis 19-11. Ce dernier marque la fin de la « toi- 
lette» : hr é\ nn — après (tout) cela). Donc, à Abydos aussi, le «repas» précède la «toilette 
divine». Ces deux phases du service font partie de la 2' entrée. L’accord est ainsi établi entre les 
textes des manuscrits connus de nous, et les textes gravés dans les temples. 


2° Nous avons laissé le «prêtre du roi » en haut des marches, debout devant 
la porte du naos de granit noir d’Edfou. Deux cachets de terre sigillaire se font 
vis-à-vis, scellés aux deux tiges de verrous des deux battants de la porte : un 
ruban de papyrus (itr) les relie obliquement. De la main droite, le prêtre tire 
à lui ce ruban, et détache un de ces cachets W, tout en récitant la formule : 




Levée du ruban (de papyrus). Dire : J’enlève le ruban pour protéger (ta) demeure * 2 >. 
Je détaché le cachet, pour accomplir les prescriptions divines aux portes de V « Horizon 
de Râ», (et) j’abats le mal sur ce lieu (saint) de Râ, tout entier! * 3 ) 


3° Le prêtre, tenant toujours la bande de papyrus, fait sauter le second 
cachet d’argile* 4 ). Puis, avec les deux mains ensemble, il fait glisser les deux 
verrous hors de leurs brides * 5 ), disant ; 

Enlèvement du cachet . Dire : Dote la terre (sigillaire ) , je détache le cachet , (pour} 
offrir l OeiL (divin) à son Maître . Je suis Thot , qui apporte V Oeil (sacré) à son 
Maître , qui apaise Horus avec son Oeil ( 6 ). 


(1) Cf. Edfou, pi. phot. 9 2 2. 
(4) C’est-à-dire : ton naos . 


( ^ Edfou, I, 4 o, 3-5 : Slî ttr, Dd mdw : • t ) itr r swdl iwn-t, S fh-t db*'t, r tr(*t) ssî-nir hr sbl*w 

n >fat-R , dr-t çlw hr in R', mi kd*s! En ce qui concerne l’expression r tr(-t), le texte copié par 
Rochemonteix comporte trois signes de i’« œil» superposés. Je propose de restituer un r alpha- 
bétique (bouche humaine) à la place du premier et du troisième. La confusion est parmi les plus 
fréquentes, à toutes époques. Le trait vertical du pronom suffixe -i manque (faute également 
fréquente en ptolémaïque). Quant à la formule entière, cf. la phrase parallèle à Dendéra (pr-wr) : 
St, n-i itr m hd n hm-td; sfh-t db'-t r mil d-t-t — J 3 enlève le ruban (de papyrus) au tabernacle de ta 
Majesté; j ote le cachet, pour voir ton corps (Chassinat, Dendéra, III, 76, 5-6 ; pl. phot. 191). Il n’y a 
que le titre, à la « grande place » de Dendéra : stl ttr : Chassinat, Dendéra, I, 58 , 12, pl. phot. 63 ). 
Cf. aussi le texte parallèle, aux rituels de Karnak : Moret, Rituel, p. 35-37 (n* 7) : ri n sd tîd-t = 
formule de rupture du lien . A Abydos, il n’y a pas de parallèle exact. 

(4) Edfou, pl. phot. 21 4 . 

C) Cf. Mariette, Abydos, p. 58 : 22° tableau, chapelle d’Harmakhis. 

( } Edfou, I, 25 , 1 0-1 2, et pl. XI : Sfh db^t, Dd mdw : Stî-nd tl, sfh nd db^t, srd c nh-t n nb*s. 
Nnk Dhwty in Ibt n nb-s, shtp Hr m mr-tf! Cf. la formule parallèle à Dendéra (pr-wr) : S-tî-n-t 


Dans les deux temples d’Edfou et de Dendéra, il n’est pas question des 
verrous. Mais la prière de Karnak (rituel de Moût) montre que les deux actes 
comptaient pour un seul. La scène d’Abydos ( 22 e tableau) fait voir le prêtre 
tirant les verrous de la porte du tabernacle, agenouillé devant elle. 


4° Le prêtre saisit alors dans ses mains les poignées des battants de la 
porte, et les ouvre en les tirant à lui Jentement Ù), tandis qu’il récite la qua- 
trième prière de l’office au naos W : 


SîiMhWm&MtiiTlWUIhmîv: 


Révélation de la Face. Adoration de la Face. Dire ; Lève-toi sur la terre, comme 
tu sors du Noun! Que tes rayons illuminent le monde! Vivent les dieux qui élèvent 
ta beauté : ( ils sont ) comme {tes) fils, dans V {horizon d’)Orient /M 


Cet instant où la lumière du cierge frappe la statue divine, enfermée dans 
son naos jusqu’alors, est un des points culminants du service sacré, et tout 
spécialement au rite d’Edfou. En effet, l’apparition matérielle de la Face, c’est, 
dans la théologie locale, le signal de son apparition visible sur le monde. 
Quand le prêtre ouvre la porte de 1’ « horizon de Râ», c’est-à-dire le tabernacle 
du dieu, le soleil sort des eaux célestes {Nwn) à l’Orient, et sa lumière vient 
frapper le temple : l 'âme d’Harakhthès se joint à son corps terrestre, qui est 
sa statue dans le naos. C’est pourquoi la formule de la « révélation de la 


tl, sfh-n-t db'-t. ’Ink ’lb-n-R' = J’enlève la terre (sigillaire) , j’ôte le cachet . Je suis le « Cœur de Râ» 
(^Thot). (Chassinat, Dendéra , III, 65 , 6-7, pi. phot. 187). Aux rituels de Karnak, texte paral- 
lèle : Moret, Rituel , p. 4 2-48 (n° 9). Titre seul, à la « grande place» de Dendéra (Chassinat, 
Dendéra , I, k 1 , 4 , pl. phot. 53 ). A Abydos, la variante est au 2 e tableau (p. 35 ). 

{1) La lenteur des mouvements est de règle, dans tous les actes du culte. Nombreuses sont les 
précisions sur ce point, au temple d’Edfou. 

(î) Edfou , pl. phot. 2 23 . 

(3) Edfou , I, ko , 16-17 et pl- XII • Wn hr ; dwl hr . Dd mdw : Wbn-k m tl, mi prk m Nwn! 
Wps mlw-tk ndbt! K nh ntr-w hr wts nfrw-k , mi ms-w hr Tl-wr! Les deux textes parallèles, à Dendéra, 
ne donnent que des titres semblables, mais pas de formule récitée. Cf. Chassinat, Dendéra, I, 
69,6, pl. phot. 6 k : Wn hr, n [d-t (?)]/, n [mil (?)] Wsr-t — Révélation de la Face, de sa [main (?)], 
pour [voir (?)] la Puissante ; Chassinat, Dendéra , III, 77, 2, pl. phot. 192 : Wn hr n Nb t, m hd?s 
sp s — Révélation de la face d’(Hathor-)Nb-t, en son tabernacle vénérable . Cf. aussi, pour Karnak : 
Moret, Rituel, p. Z19-5 5 (n° 10); pour Abydos : Mariette, Abydos, p. 59 (q 3 ‘ tableau). 


Face» est, à Edfou, toute différente de celles de Karnak «et d’Abydos : aucun 
rappel de la conception osirienne de la renaissance divine ne s’y laisse voir O. 

C) Contemplation et louanges. — A partir du moment où l’on voit la statue 
divine, elle est censée ne plus résider seulement dans son tabernacle : ses 
liens avec le monde sensible sont rétablis. Les décorateurs ont matérialisé 
cette croyance, tant à Abydos qu’à Edfou et Dendéra, en cessant de représenter 
le naos qui la contient. Il ne semble pas que la statue ait été réellement tirée 
par le prêtre hors du tabernacle, au cours de l’office journalier. Elle y restait 
en fait : le vvb-néw-t étendait seulement les mains vers elle, pour abaisser le 
voile qui la recouvrait, tout en récitant la cinquième prière, qu’il achevait, 
debout, les bras dirigés vers le sol : 

^ & îm T'”-.' T «■•n T J ♦ T ^ s 3 1 1 1 9 ï » 1 = f ÿ V T 

5° Vision du dieu. Dire : Je m'approche de « ( Celui qui est ) intact », [pour) 
voir l'image glorieuse de Dieu, de mes deux yeux , [pour) contempler ( 2 * 4 ) la statue de 
l'Etre divin, la forme sainte du « Faucon d' Or ! » ^ 

Le prêtre écartant le voile de la statue dans son tabernacle n’est représenté 
qu’au temple funéraire d’Hatchepsout, et ce n’est pas dans un ensemble 
concernant le culte journalier^). Mais la première phrase attestée à la fois 


^ î} Cf. pjus bas : conception théologique locale du culte journalier. 

(2) Littéralement : Je m’approche. je vois . . ., je contemple . . . 

^ Fdfou, I, 26, 4-6 et pl. XI : Ml 3 ntr . Dd mdw : Wdl-n-i WH, mil A shm h* ntr m br-tid, dg-n^t 
smn n hprw ntri, ti t dsr-t n Bik-n-Nb! Les deux textes parallèles de Dendéra, et principalement 
celui du sanctuaire S-t-wr-t, permettent de mieux comprendre la formule d’Edfou : 1 0 Mil ntr- (t ) . 
Dd mdw : Wdl-n-ttr Wdl^-t) m Tl-n-tm(-t ), snsn n-i s-t-t (sic) hnt S-t-R ( , mll-i 'î(-t)-sfy-t m ti-t-s 
dér(-t) y wlh flw-s m h ( -w-i! : Vision de la déesse. Dire : Je m’approche de la « (Déesse) intacte » (qui 
est) dans Dendéra; je touche ton (sic) siège qui est dans « S-t-R'»;je vois la Vénérable en sa forme sainte, 
(et) sa magnificence déborde en mes membres! (Chassinat, Dendéra, I, 42 , 4-7, et pl. phot. 54). 2 e Mil 
n[r(-t). Dd mdw ; Dg-n-isnd-tn Wbn-m-nh(-t) ; ébhn-t [. kl-(t)-è, êkl-n-i nfrw-srkl n p-t, phr 
ib-s m tp-rl-w-i! = Vision de la déesse. Dire : Je contemple la majesté de « Celle qui se lève (toute) d’Or » ; 

je regarde [ ] de son Âme (divine) ; j’exalte sa beauté jusqu’en haut du ciel, (pour) que son cœur 

se réjouisse de mes paroles! (Chassinat, Dendéra, III, 66, 5 - 8 , et pl. 180). Voir aussi pour Karnak : 
Moret, Rituel, p. 55-56 (n® 11), et pour Abydos : Mariette, Abydos, p. 60 (24 e tableau). 

(4) Cf. Naville, Deir-el-Bahari, I, pl. XI; II, pl. XLV (éfh Jbl), et Moret, Rituel, p. 5 i- 52 . 


»( 80 )- 


à Edfou et Dendéra < « Je m’approche de (Celui qui est) intact» semble faire 
allusion, non à la simple contemplation de la divinité par l’officiant, mais à 
son geste de s’approcher d’elle, pour toucher le voile qui couvre son image. 

6° Nous arrivons enfin à la dernière scène de la «première entrée» du 
prêtre, telle que celle-ci est représentée à Edfou. Le ivb-néw-t, toujours debout 
entre les battants de la porte du naos, garde la même attitude que pendant 
la prière précédente : il adore Horus, par quatre fois : 




C=> - 

iii^ 1 


JJ 


! 




I /W*v*A " 


Adoration du dieu, quatre fois. Dire : J’adore ta Majesté avec les formules choisies, 
avec les prières qui grandissent ta splendeur, en tes grands noms, en tes saints attributs 
en lesquels tu t’es révélé, commencement (du monde ) ! W 


Cette prière quatre fois répétée tient lieu, dans le choix de scènes arrêté 
à Edfou, des prosternations et de l’encensement dont il est longuement ques- 
tion dans les manuscrits de Karnak ( (l) 2 ), ou dans les tableaux d’Abydos W. Il est 
probable que le prêtre d’Edfou, comme celui de Dendéra, joignait aussi ces 
gestes aux paroles de la prière. Il en avait le temps matériel, puisque la réci- 
tation a lieu quatre fois de suite. La place mesurée, au sanctuaire d’Horus, 
n’a pas permis au décorateur de s’étendre sur cette fin de la première partie 


Edfou, I, Ai, 10-12, et pl. XII, pl. phot. 224 : Dwl ntr, sp fdvo. Dd mdw : Dwl-n-i hm-k 
m dlis-m stp-w, m slh-w n ( s)wr sfy-t-k, m m-w-k wr-w, hpr-wk dsr-w sp-n-k r-sn m sp tpy ! Voici les 
deux textes parallèles de Dendéra : i° Dwl ntr(-t). Dd mdw : ’lnd hr-l, Wsr-t, Hkl-t, sl-t Gbb, dt r 
tl m ’ldi(-ï) ! Swls-i ,v '/<•(/) (?) m wsl-i (?), skl-i kfl-t-t r kl-w nlri-w. Twt Sps-t hnt Pr-Sps-t, dwl 
[ 4 r nb (?) n (?)] mil s (y) ! = Adoration de la déesse. Dire : Salut à toi, o Puissante, ô Souve- 

raine, o fille de Geb, descendue sur terre à Dendéra! J’adore {ton) image (?) avec mes prières {J), j’exalte 
ta magnificence, plus {haute) que {celle de toutes) âmes divines ! C’est toi qui es la {déesse) vénérable {qui 

est) dans « Pr-Sps-t », que [chacun (?)] adore [ quand (?)] il la voit ! (Chassinat, Dendéra,!, 

6o, 4 - 8 , et pl. 62). 2 0 Dwl ntr{-t). Dd mdw : Hfl-n-i m hr-l ! rM hr sns, hri-mk-t-i hr tp-rl-w-t. 
Dwl-n-i hm-t-l, slçl n-i nfrw-t, swr-i blw-l r ntr-w nlr{-w)-t! — Adoration de la déesse. Dire : Je rends 
hommage devant ta face; tes prières sont dans ma bouche, et tes formules dans mon cœur. J’adore ta Majesté, 
j’exalte ta beauté, je glorifie ta puissance plus que {celle de tous) dieux et déesses! (Chassinat, Dendéra, 
III, 77, 11-78, 2 et pl. 190). 

(S) Cf. Morbt, Rituel, p. 56-79 ( n °* 12-21). 

(3) Cf. Mariette, Abydos, 3 % 25 % 26% 27 e , 28 e tableaux. 


— «*( 81 )**~ 

de l’office. Chose plus importante, il ne lui a pas été possible non plus de montrer 
un geste caractéristique, qui se plaçait en ce moment du service : l’« embrasse- 
ment» ( shn ) de la statue par le prêtre, qui, par simple imposition des mains sur 
l’image divine, rendait au dieu son âme^K Cet instant essentiel est au contraire 
marqué, à Karnak, par plusieurs formules insérées au Rituel. Les chapelles 
d’Abydds lui consacrent deux tableaux, qui sont des variantes l’un de l’autre < 2 L 

II. — LA «SECONDE ENTRÉE». 

Dès le début du deuxième registre d’Edfou, ia seconde partie de l’office est 
commencée. C’est dire qu’il manque certaines indications essentielles. Nous 
les connaissons par ailleurs, et devons les rétablir. Il est certain que le prêtre, 
ayant imposé les mains pour l’« embrassement», achève sa prière par une 
allusion aux offrandes qu’il apporte. Or il ne les a pas encore placées, en 
fait, dans le sanctuaire, au moment où il touche la statue. Il doit donc aller 
les chercher, au préalable, dans la «salle de l’autel» où elles sont déjà 
préparées. Il ne ferme pas les deux battants du naos, et descend les marches 
de l’escalier, la face probablement tournée, par respect, vers la statue. Sur 
la table d’autel, il prend le plateau laissé devant le dieu depuis la veille, 
et s’en va vers la porte, qu’on lui ouvre du dehors. Il sort du sanctuaire, 
à pas lents, laissant un instant seuls dans le lieu sacré le tabernacle 
entr’ouvert et la lumière allumée. Il donne alors à l’assistant — proba- 
blement le «chapelain» — le plateau de la veille. Celui-ci lui en tend 
un autre : il vient d’y placer des pains frais prélevés sur l’ensemble de 
l’Offrande ( 3 ). II ne semble pas qu’on ait introduit, en temps ordinaire, 
autre chose que des pains (de trois ou quatre formes ou natures différentes) 

(l) Cf. Moret, Rituel, p. 79-102 (n M 9 2 - 24 ). Dendéra non plus ne possède pas cette scène. 

w Mariette, Abydos, tableaux 4 et 5 (p. 37 - 38 ). L’expression spéciale qui désignait cet acte 
de l’officiant est : '4 r (h-t-nlr, shm , s-t-wr t, p*t) — « entrer » dans (le naos du dieu) c’est-à-dire : 
toucher la statue divine . 

(3) Il est important de constater que le plateau d’offrandes porté sur les mains ne se trouve pas 
dans le choix des scènes du culte journalier, à l’intérieur des sanctuaires. On ne le voit présenter, 
à Edfou, qu’au second registre des montants extérieurs de la porte du sanctuaire (qui résument 
les trois phases principales de ce service), et en d’autres lieux du temple, plus éloignés de lui 
encore. 

Bibl. d' Etudes, t. XX. 


11 


en présence du dieu t 1 '. Le prêtre, portant à deux mains ce symbole de 
l’Offrande entière, rentrait dans le sanctuaire, revenait devant le naos de 
pierre, et, probablement, déposait son plateau sur la table d’autel. Puis il 
montait l’escalier : peut-être disait-il alors, une seconde fois, la formule 
pr r rwd&K La seconde partie de l’office commençait à cet instant. 

Nous avons, dans les formules des rituels journaliers, une indication sur 
la sortie du prêtre, suivie de sa rentrée avec les offrandes : c’est le texte du 
chapitre 2 5 de Karnak, et du i er tableau d’Abydos : 

* 

Pr-ni (le signe déterminatif du verbe est tourné en sens inverse), hr-h wr 
m-fit-î = Je suis sorti, ton visage vénérable derrière moi . 


(1) Toute autre matière que des pains : viande, boisson fermentée, etc., se serait corrompue 
en restant exposée jusqu’au lendemain dans le sanctuaire. Il est certain qu’on y introduisait des 
aliments chaque jour (cf. Moret, Rituel p. 109-110 ; Mariette, Abrjdos , 6 e tableau, p. 39). Il est 
sûr également que le prêtre se retirait, le vase kbhw à la main, sans desservir le plateau à la fin 
du service (Mariette, Abydos, 20° tableau, p. 56 ). Donc le plateau restait en place depuis la 
veille. Voir les représentations de ce plateau, avec des pains, et une garniture de deux tiges de 
lotus portant chacune une fleur en bouton : Edfou, pl. XXXI a; pl. XVI, 2 e reg., 5 e tabl. et 3 e reg., 
1" tabl.; pl. XVII, 3 e reg., i er tabl.; Edfou , II, i 5 û, tabl. Y-F'; Edfou, pl. phot. 358 , etc. 

{2) C’est pourquoi les rituels de Karnak placent cette formule seulement au début de la « 2' entrée ». 
Au moins à Karnak, elle était sûrement récitée à ce moment. Il y est question de l’encensoir 
(‘ bw hr-tp wi-i ) et de la bandelette que le prêtre apporte ( hlw , hbs*ti;'rk(w ), Wk-tï) : il touche de 
cette bandelette la statue divine. Quant au 6 e tableau d’Àbydos, il ne correspond pas au 22 e cha- 
pitre de Karnak, comme Moret le pense (Rituel, p. 83 , n. û), mais aux chapitres Û2 et kk (offrande 
alimentaire, et début de la « toilette»). Il ne convient pas de donner au verbe dfl le sens spécial, 
qui ne se trouverait que dans cet exemple (c’est la solution suivie dans Wb., V, 571, 11), 
de «nettoyer, essuyer» (reinigen, abwischen). Le geste du prêtre au 6 e .tableau d’Abydos ne 
représente pas nécessairement V essuyage de la statue divine. Dans toutes les chapelles, l’officiant 
est montré tenant une bande de tissus pliée en deux dans la main droite, dont il effleure les 
pieds ou les jambes de la divinité, et tenant aussi V encensoir allumé, dans la main gauche. Ce serait 
là une peu commode façon de procéder au nettoyage de l’image sainte. La scène représente donc 
plutôt, d’une part un encensement, qui fait « passer» à la divinité l’offrande des aliments (dfl~ 
sdfi, sens normal, à l’époque ptolémaïque) , et d’autre part le début de la « toilette» divine, par 
V attouchement d’une pièce d’étoffe. Le 6 e tableau d’Abydos vient après l’« embrassement» (A e et 
5 e tableaux), et avant l’« habillement» (7* tableau). Il est plus normal de le considérer comme 
la scène qui symbolise le «repas» divin. 

( 3 ) Voir la discussion de Moret (Rituel, p. 102-10 à). 


— —*“♦♦( 83 )•#-** — 

Un indice nouveau de l’existence de la i T ‘ sortie est peut-être apporté par 
le texte d’Edfou que nous avons traduit plus haut (Edfou, II, 160, 6-1 A) : 
Le sanctuaire est purifié, à portes ouvertes; « on fait la seconde entrée »; on donne le 
repas d’offrande (au dieu ) ; on fait V encensement, (et) de même après que Von a 
mis le « ruban » (de papyrus). Ce passage concerne l’office matinal, vu de l’exté- 
rieur du sanctuaire. Il s’agit d’un service solennel, mais les phases essen- 
tielles restent les mêmes qu’au service journalier. Le début de l’office dans le 
sanctuaire a eu pour effet de le rendre pur et sanctifié (dér), apte à recevoir 
Y Ame divine, qui y rentre avec le lever du jour. Alors le prêtre sort du 
sanctuaire, et revient avec l’offrande. C’est à cette rentrée qu’il faut appliquer, 
semble-t-il, l’expression, obscure par sa concision, de '£ m hm. Elle fait partie 
du vocabulaire technique qui s’applique aux actes du culte, puisqu’on la 
retrouve, à Edfou, dans le titre d’un des tableaux de la « salle de l’autel» : 

-=“■ w/V — -1 -1 “I ▼ ^ 

* ■ — I I I km* 1 I I 1 

t 

'Je m hm; vodn îh-t; éhtp nlr-w hr îd-t-én = On fait la seconde entrée; on offre 
les aliments; on satisfait les dieux avec leur parfum W. 

Il y a un ordre dans les tableaux de cette salle. Il semble bien être celui de 
la course solaire complète : de la porte nord, en passant par l’est, le sud et 
l’ouest, jusqu’à cette même porte. Tout le quatrième registre illustre certains 
points importants du service au sanctuaire. Le tableau qui précède contient 
une adoration à Râ, quand il apparaît le matin W. Celui qui suit est une libation 
et encensement, lorsqu’on a exposé les aliments, et que le dieu est satisfait de l’offrande M. 
Le tableau intermédiaire cité ici concerne donc bien l’offrande des aliments (wdn 
ift't ) proprement dite, précédée de l’acte 'Je m hm. La traduction littérale en est : 
entrée en revenant (sur ses pas). Dans les deux exemples, s’il y a «entrée » du prêtre, 
et si, de plus, cette entrée est un retour en arrière (hm), c’est que l’officiant vient 
nécessairement de sortir du sanctuaire . Cette rentrée confirme bien la traduction 
donnée à pr-n-î, hr-h wr m-ht-î, la phrase citée au début de cette discussion. 


(l) Edfou, I, 5 oi, 16 ( 4 ' reg., a* tabl., paroi est), et pl. XXXV b. 

Edfou, I, 5 oa, 8-9. 

(5) Edfou, I, 5 0 1 , 7. 


— • • > >*( 84 )* H‘ ■ ■ 

A) Le repas divin. — 7 ° Le premier tableau du second registre, au sanctuaire 
d’Edfou, est le plus près de la porte d’entrée, sur la paroi ouest. Il montre 
le prêtre offrant le vase d’oliban Çntiw) à Horus W, et c’est bien là, semble-t-il, 
le symbole de l’offrande du repas divin. Il ne convient pas, à Edfou, et seule- 
ment là, de faire rentrer les scènes gravées sur la paroi duffond dans l’ensemble 
concernant le culte journalier. A Edfou, il s’agit véritablement, en effet, pour 
les dix-neuf tableaux désignés plus haut, du culte de chaque jour. C’est le 
contraire à Dendéra : tant au «sanctuaire des barques» qu’au pr-wr, l’en- 
semble de la décoration, loin d’être fractionné en quatre parties de nature 
différente, y forme un tout, et représente un service solennel < 2 ). Aussi, à 
Dendéra, à partir de la « 2 e entrée», le choix dés scènes est-il tout à fait 
différent de celui d’Edfou,, et du même coup de celui d’Abydos et des rituels 
de Karnak. A Dendéra, il n’y a pas d’offrande de substance aromatique, au 
début du second registre : c’est que la présentation des aliments est déjà réa- 
lisée au premier registre (paroi du fond), sous le symbole de Mi'-t. On ne 
présente que 1 ’ (huile )-md-f, qui fait toujours partie de la «toilette divine», 
et une seule bandelette, qui tient lieu des quatre du service ordinaire. Les 
purifications finales du troisième registre sont également abrégées. Au con- 
traire, à Edfou, il y a lieu de ne pas considérer la double offrande de la statuette 
de Maât par le couple royal au couple divin du temple (i er reg., mur de fond) 
comme la scène du « repas divin» de l’office journalier, mais comme celle des 
offices solennels au sanctuaire ( 3 4 L 

Une offrande d’oliban peut-elle être équivalente à celle d’une statuette de 
Maât, pour symboliser la présentation des offrandes alimentaires? La seule 
place de cette offrande insolite, qui ne se présente nulle part, dans les séries 
parallèles, au rang qu’elle occupe à Edfou, suffit à créer une présomption 
favorable en faveur de cette interprétation. Il ne faut pas en effet confondre 


Il l’offre sur une patelle de présentation sms , ornée d’une figure du roi sous forme de sphinx 
(cf. Edfou , pl. XI). L’oliban n’est pas ici une résine sèche, mais l’onguent ou huile d’oliban ti-sps. 

(S) Avec i° encensement des barques, 2° offrande de Maât sous forme de statuette au couple 
divin du temple, 3 ° présentation complète, en plus de la «toilette» (huile md-t et bandelettes), 
de la série des objets sacrés et bijoux rituels d’Hathor (dbk-w), 4 ° service annexe à l’Ennéade de 
Dendéra (associée, dans le sanctuaire même, à la divinité maîtresse). 

(3) Contrairement à Moret, Rituel, p. 162, etc. 


— ■ . 4 > «( 85 — 

avec elle les chapitres n 05 20 et 21 des Rituels de Karnak t 1 ) : Ri n êti-hb m 
bî-t = Formule du parfum (mêlé) au miel; Ri n énlr = Formule de l’encen- 
sement, ou les 8 e et 1 2 e tableaux d’Abydos W : Ri n. éfh md-t = Formule 
d’enlever (?) V (huile-)md-t ; Ri n hnk md-t, rdi md-t ^Formule d’offrande et don 
de V (huile-)md-t. Les deux premiers chapitres précèdent l’« embrassement», 
et font partie du rituel osirien : rassemblement des parties dispersées du 
corps d’Osiris. Les deux derniers sont des phases bien délimitées de la 
«toilette» de la statue, après le repas. Comme le montre la façon dont 
sa formule est conçue, le septième tableau d’Edfou n’a rien de commun 
avec eux. 

D’autre part, il existe, au mur extérieur nord du sanctuaire ê-t-wr-t 
d’Edfou < 3 ), au premier registre, quatre scènes parallèles deux à deux, de part 
et d’autre de l’axe central du temple. Les deux scènes médianes représentent 
le même «encensement et libation» au couple divin Horus-Hathor. Les deux 
scènes extrêmes montrent : d’une part, à l’ouest, l’offrande de la statuette de 
Maât au couple formé d’Amon-Râ et de Moût; d’autre part, à l’est,' celle 
du vase d’oliban au couple fait de Ptah et d’Hathor W. Il est probable que les 
deux offrandes avaient la même valeur symbolique, à Edfou : offrir l’oliban 
de Pwn-t au Lion de Pwn-t, c’était, par une transposition familière aux théo- 
logiens locaux, offrir la création à son créateur. Exactement de la même façon, 
en offrant Maât aux divinités, on leur rendait l’hommage du monde, qui est 
un aspect d’elîes-mêmes. 

Il convient donc de voir le prêtre montant au naos d’Edfou pour présenter 
le repas divin, non avec l’encensoir allumé, comme à Abydos ( 6 e tableau), 
mais avec le vase d’oliban qui en tenait lieu. Au moment même où l’encen- 
sement de toutes les parts d’offrandes servies se faisait hors du sanctuaire, 
l’officiant secret, face à face avec la divinité, lui offrait sa propre essence 
divine, sous forme d’huile parfumée. 


W Moret, Rituel * p. 70-79. 

(,) Ce dernier, dans le véritable classement des scènes, est en réalité le 18 e tableau. Il vient 
après l’habillement et la parure de la statue, et correspond au tableau n° 1 2 d’Edfou (hnk md-t 
n itf ) . 

« Edfou, pl. XV. 

(4) Edfou, I, p. 80-81 et 84 - 85 . 

Bibl. d’ Etudes, t. XX. Ja 


Le titre du tableau est : 


< 86 >» 



Présentation de l’oliban à son père W. 

La «formule» n’est pas indiquée. Seules, les épithètes d’usage, appliquées 
au roi et à la divinité, et appropriées à chaque acte des personnages, sont 
gravées au tableau d’Edfou, avec l’échange des dons qu’ils se concèdent 
mutuellement. Les paroles adressées par le roi à Horus peuvent ici tenir 
lieu de « formule » : 

Je te donne ce (fase-)hb(b-t) plein d’ (huile parfumée-)ti-&pé ( qui est ) sur {mes) 
mains, o Lion seigneur de Pwn-t, qui s'engendre de lui-même sous forme d’oliban 
sur son arbre, {pour que ) le {Lion-) Sn'-hr (?) goûte [la chair (?)] de l’Hippopo- 
tame l W. 

Il est permis de tirer deux conclusions importantes de cette offrande du 
« repas», si particulière au rite d’Edfou. D’abord, sa formule est une variante 
très régulière de l’offrande de Maât, par laquelle on « offre le dieu à lui- 
même» (3 ) ; mais elle est adaptée aux conceptions de la théologie locale. D’une 
part, Horus est Chou-Onouris, le Lion solaire, le compagnon d’Hathor- 
Tefnout, dont l’essence divine se révèle dans les parfums du pays de Pwn-t, 
l’Orient où il se lève au matin ( 1 2 3 4 ). D’autre part, sa victime éternelle est toujours 
Seth l’« Hippopotame», et le repas divin qu’on lui sert chaque jour ne peut 
manquer de lui être présenté sous cette forme. L’odeur de l’oliban au lieu 


(1) Edfou , I, 3 o, 12 : Sms c ntiw n ttf. En d’autres termes, la présentation est faite au dieu 
par le roi, son fils. 

Edfou > I, 3 o, i 3 -i 4 : De-n(-t) n*A hb{b*t) pn Itp m tt-sps [. .] hr '•wh(-i), Rw kki Pvon't, hpr 
dsf m K ntm hr snf, sml-n (?) « Sri-hr » (?) [iwf (?)] n Ai b. Le texte du dernier membre de-phrase 
est mai établi par Rochemonteix. smi signifie littéralement : se réunir à (un aliment), recevoir 
(un aliment) en offrande. Cf. sml-tiyt : Wb III, M7, 16. 

(3) Cf. Moret, Rituel , p. 16 5 , 1 . 21. 

(4) Cf. Jhnker, Die Onurislegende ( Denkschr . d. A. Ak. d. Bïss. in Wien, Bd. 69). 


de la fumée de l’encens est le véhicule de ce contact M. Ensuite, il n’est nulle- 
ment question à Edfou, pas plus qu’en aucun autre sanctuaire, de repas brûlé 
sur l’autel à feu, en ce moment de l’office journalier. Aucune des scènes figurées 
dans les sanctuaires, et se rapportant réellement aux usages de chaque jour, 
ne montre un «autel-brasero» Çh) allumé, avec les pièces de viande ou les 
volailles qu’on y faisait rôtir. En particulier, les exemples cités par Moret ( 2 ) 
à Louxor, à Abydos, à Dendéra, à Edfou, concernent tous des services solennels 
au sanctuaire, ou des fêtes annuelles. Précisément, le chapitre 26 des rituels 
de Karnak est intitulé : 

Z!£~ÎTi 

R] n wn-hr, hb-w = Formule de la révélation de la Face, {les jours de service) de 
fête. . 

On ne peut donc s’appuyer sur un tel chapitre, dont les formules ne s’ap- 
pliquent pas aux rites journaliers (*), pour supposer que réellement, chaque 
jour, « on jette {au dieu) en offrandes des milliers de toutes choses sur ses autels de 
vermeil »W, dans le sanctuaire é-t-wr-t. De plus, le mot employé dans la prière 

(1) Les allusions contenues dans les paroles du roi à Horus, et qui peut-être étaient réellement 
prononcées au moment de chaque offrande journalière, évoquent tout spécialement certaine 
scène de sa légende divine. C’est le combat de Sile ( Tlrw ), où, sous forme de lion, Horus d’Edfou 
déchire de ses griffes les hippopotames ses adversaires, et en fait ensuite un repas rituel, au 
milieu de ses compagnons (imi-w-^tf) : cf. Edfou , VI, 127, 10-1 3 . 

(2) Cf. Moret, Rituel p. 110, 6-10 et note 1 ; p. i 38 , 1 . 18, etc. 

(3) C’est bien ce qui explique le «caractère plus solennel» du chapitre 26 : cf. Moret, J Rituel, 
p. 109,1. 20-23. Cette prière n’est d’ailleurs pas seule à ne pas faire partie du « rituel journalier», 
au sens strict in mot. Tous les chapitres groupés dans les manuscrits de Karnak au début de 
la « 2 e entrée», du n 9 26 au n° 43 j ont ces caractères communs. Ils font double emploi avec les 
chapitres n 0 ’ 10 à 21. Ils sont beaucoup plus longs que ces derniers. Hs font partie, en réalité, 
du rituel spécial pour le culte de fête au sanctuaire . Les remarques de Moret (Rituel, p. 108-167) 
s’expliquent mieux, si l’on se place à ce point de vue. On peut en conclure que les mêmes 
recueils servaient pour Ips deux variétés de service au sanctuaire. Le premier est beaucoup plus 
simple. Le second est plus développé, surtout en ce qui concerne la « i re entrée». La « 2 e entrée» 
comprenait, en service solennel seulement, la très longue prière d'offrande de Maât . La «toilette 
divine» et les purifications finales (sauf quelques chapitres) s’opéraient avec les mêmes prières, 
dans les deux sortes de services. 

(4) Moret, Rituel, p, 109,1. iù-i6. 


de Karnak, pour «autel», est h’,w4. Or l’autel h>,w4, par lui-même, n’est pas 
le « brasero» % Ce dernier était de forme très basse et carrée, à quatre pieds 
courts, et à quatre angles relevés (ou «cornes», peu prononcées). Dans 
sa cavité centrale, on. allumait du charbon de bois, et on le disposait sur le 
vase de métal, en forme de coupe ou de calice, qui formait la partie supé- 
rieure de l’autel-piédestal hiw-t. En certaines scènes d’offrande par le feu 
soigneusement gravées, on voit les pieds du 'h, à droite et à gauche de la 
coupe supérieure de la h>,w4, sur laquelle le «brasero» est posé (». Quant à 
1 autel.^uM seul, on ne s’en servait que pour exposer les mets (rôtis ou non, 
places dans la coupe même, ou sur des plateaux posés sur la coupe) ( 2 ) ; pour 
exposer les boissons (dans des vases déposés dans la coupe) pour offrir 
des objets tels que des vases à feu d’encensement, ou des vases de parfum (*>• 
enfin, pour faire des libations dans le calice «. Il ne faut donc pas déduire, de 
1 expression îh4 hr h’,w-w4 = les offrandes sont sur les (autels -)fow4, qu’on 
« brûle sur l autel à feu le repas dont la fumée nourrissait le dieu » («). Le véritable 
« holocauste» (sb-n-éd4) était rare, même encore à l’époque ptolémaïque. Ce 
n était pas une offrande alimentaire M. Il S e pratiquait le plus souvent au 


FJf “•’ , C ,° Upe , dC 1 3Utel ^ bien Visibie entre les P ied s du « brasero» ’h : Chassât 

Edfou, «salle de 1 autel », paro, ouest, 3 * reg., 3 - tabl .=pl. XXXVb; id., «salle hypostyle» 
paroi sud sect. est (a gauche de la porte), 4 ' reg., 3 » tabl. =pf. XL e; id., « salle hypostyle»’ 
paroi nord, sect. est (a droite de la porte), 4 « reg., a' tabl. XL g. Il y a au temple d’Edfou 
de “ombreux autres exemples, dont la gravure est moins nette. Cf., pour l’opinion couramment 
adopt e a 1 heure actuelle sur la forme et l’usage du ’h et delà h’, w . t : Jéqiuer, Matériau, pour servir 
a etablissement d un dictionnaire d’archéologie égyptienne , B. I. F. A. O., XIX (i q a a), p 88 -ûo a 3 o 
9 o, 2 6 ; R. W EI » Sur le signe du bassin à/eu +, etc., Rev. d’Ég., IV (l 9 £)%. M . 

u Edfou, pl. phot. 36 o, 407, etc. ‘ 

^ Ecl fou, pb pbot. a 56 . (il s’agit de vin, dans cet exemple), etc. 

Edfou, pl - XX - «Couloir mystérieux» (pourtour des chapelles), paroi nord, a' reg à 
droite et a gauche du tableau de la porte de la chapelle Ménft). Voir encore pl. XXX c, les vases 
a feu allumés et posés sur des autels h’,wt, devant la barque-litière de la déesse Mehyt. 

Par exemple, Edfou, pl. phot. 4 o 9 , 4 io. Il existe à Edfou un exemple d’autel-piédestal 
h,w.t démonté en ses deux parties. Le prêtre tient à la main, pour le laver, le calice hlw (Wb III 

aa 5 , 10), dont le manche s’emboîtait dans le piédestal gnw ( Wb., V, i 7 4 , 5 ) : Edfou ni’ 
phot. 352 . * t J > y * 

(fl) Cf. Moret, Rituel, p. 110, 9-10. 

j:3 JüriKER > Die Schlacht - ™d Brandopfer und ihre Symbolik im Tempeïkult der Spàtzeit (Z À S 
XL VIII, p. 69-77). ' ' v 


89 )< 


cours des fetes avec procession, et en tous cas toujours en service solennel. 
A plus forte raison n’existait-il pas au sanctuaire, quand on présentait chaque 
jour l’offrande symbolique des pains. Il n’y a pas même de présentation de 
viande rôtie : c’est l’encensement ou, à Edfou, l’odeur de l’huile parfumée, 
qui dans ce cas tenait lieu de l’odeur des viandes. , 

Il n y a pas heu de penser qu’au moment de la « seconde entrée» de l’offi- 
ciant on apportait au sanctuaire « le coffret pour la toilette du dieu, et un autel à feu 
portatif» P). Il n’y avait pas besoin de « brasero», et le coffret de toilette existait 
en permanence au sanctuaire, à côté de la petite table d’autel ‘ô; qui servait 
à poser le plateau des pains, l’encensoir et le vase à libation. 

Ainsi donc, par le ministère du «prêtre du roi», Horus recevait l’offrande 
des aliments. Les mets étaient réellement apportés dans son temple. Ils étaient 
exposés devant lui dans la «salle de l’autel». Mais le dieu ne les agréait 
qu’en esprit et dans leur essence, sous le couvert d’un symbole : les pains 
laissés devant son image, et l’élévation vers lui de l’huile tirée de la gomme- 
resme d oliban^. Ce parfum, mieux que toute autre matière, participe à la 
nature profonde de la divinité d’Edfou. 


B) La toilette divine. 8° Aussitôt après, commence la «toilette divine». 
L’officiant descend les marches du naos. Il remet en place, dans le coffret 
mr4®, le vase à parfum qu’il vient de présenter. Il tire du même coffret la 


KjI. moret, Jthtuel, p. 109, 1. 3o à no, 1. 2. 

” GettC “ e P° uvai t être présentée pure, ou mêlée à un corps gras, sous forme 

/ „ 0DS !f nt - ' b ° RET ’ Etu<Es de droguerie égyptienne, I : L’extrait liquide surfin de stvrax 
(Rec. Trav., XVI, i 8 9 4 , p. i 34 -i 5 7 ). 1 

m II y avait, en service solennel, quatre coffrets introduits au sanctuaire sur un traîneau de 
bois ( mr-t étl-t) : un pour chaque espèce d’étoffe rituelle. On les conservait en temps ordinaire 
ans une chapelle spéciale, la première à l’ouest du sanctuaire quand on entre dans 

le couloir des chapelles (voir la dédicace des quatre coffrets d’Edfou : Edfou, pl. phot. a 6 a). 

aïs, en service journalier, la solution la plus satisfaisante à tous points de vue est de supposer 
qu il existe un seul coffret, à demeure devant le naos (cf. le chapitre 45 des rituels de Karnak = 
Ioret, Rituel, p 170-171 : Mettre les mains sur le coffre, pour (en) faire la purification, où il n’est 
question que d un seul coffret An). Ce coffre contient à la fois : 1” «.s’ = les vases d’albâtre pour 
le parfum gras d’oliban (hbb-t n ’ntiw), l(’huile>^, la résine (sntr), et le sel de soude (bd) 
a» mnh-t = les quatre pièces d’étoffe, de quatre couleurs différentes : c’est là tout ce qu’il faut 
pour achever le service sacré. Ce matériel correspond exactement à la décoration double de la 
chapelle h-t-mnh t (cf. Edfou, pl. XXI a et XXI A). 


— 90 )* # •' - 

première bande d’étoffe : elle est de couleur blanche. Il présente à deux mains 
cette bande pliée en double, les deux extrémités tombant vers le sol, devant 
la statue W, tout en récitant une formule, dont cette phrase, mise dans la 
bouche de l’officiant d’Edfou, peut tenir lieu t 2 ) : 

Habillage (du dieu avec ) le tissu blanc. Prends V Oeil-d’ Horus, munis-toi de lui (?), 

(et que ) ton (âme -) kj soit protégée contre ses ennemis : (c’est) la grande (étoffe) pure 
que fournit (?) Rennout, (c’est) l’œuvre des (deux déesses-) Mén-ti ( 3 4 ). 

9° L’officiant présente alors la seconde bande d’étoffe : c’est, à Edfou, un 
tissu teint en bleu W ï 

i;fcn-ip 

Habillage (du dieu avec ) le tissu bleu . Prends V (étoffe} pure pour cacher ton image , 
(prends) le (tissu) divin pour habilkr tes membres : ce (tissu) bleu , quil crée la 
crainte (que) tu (inspires) \ Ouadjet, quelle te revigore de sa vigueur! ( 5 ) 

(1) Il n’est pas utile, à Edfou, de supposer que le prêtre, avant la toilette divine, « tirait la statue 

du naos où elle reposait » (Moret, Rituel , p. 167, 1 . 18-19), La présentation des bandes d’étoffe v 
devant la porte ouverte du tabernacle et la face dévoilée de l’image divine avait la valeur symbo- 
lique du véritable habillage, qui n’avait lieu qu’en service solennel. Il est possible qu’à Edfou 
aussi l’officiant ait récité au préalable la formule de mettre les mains sur le dieu (cf. Karnak : Moret, 
Rituel f p. 167-168, n° 44 ; Abydos : Mariette, Abydos, 7 e tabL, p. 4 o), qui était censée établir 
la statue hors de son tabernacle. 

(2) A partir de ce moment, le parallélisme cesse avec les scènes des sanctuaires de Dendéra, 
comme nous l’avons signalé plus haut. Cf. pour Karnak : Moret, Rituel , p. 179-181 (n° £9); 
et pour Abydos : Mariette, Abydos., 19 e tabl., p. 54 . 

(3) Edfou , I, 44 , 194 45 , 2 et pl. XII (sanctuaire, paroi est, 2 e reg., i er tabl.) : Dbl mnbt 
hd. Mn n-k ir-t-Hr, htm-n-k tw (?) im-s, sl-tw kl-krhftt-wf : w'b-t wr-t htm (?) nRnn-t, m kl-tn Msn ti. 

Les deux sœurs Msn ti sont Isis et Nephthys, fileuses et tisseuses. 

(4) Cf. pour Karnak : Moret, Rituel , p. 18 1-1 84 (n° 5 o). Il n’y a pas de tableau parallèle, à 
Abydos. 

(5) Edfou , I, 3 i, 2-5, et pl. XI (sanctuaire, paroi ouest, 2 e reg., 2 e tabl.) : Dbl ninh(-t) irtiw . 

Mn n k w b't r stl shm-k, nlri r hbs k l -w-k ; irtiw nn, shpr-n-s snd-k! Wld-t, éwld>s tw m wld-sl 


10° Puis il prend la troisième pièce de tissu, de couleur verte, et la tend 
vers le dieu W : 

Habillage (du dieu avec) le tissu vert. Prends le (tissu) vert qui vivifie ta couleur , 
qu’il donne la santé à tes membres! La Maîtresse de Nbv-t < 2 ), qu elle te revigore de 
sa vigueur, quelle te pare de son (tissu de) parure! ( 3) 


11° Enfin, il saisit la quatrième bande de toile, teinte en rouge foncé, et 
l’offre à Horus d’Edfou W : 


s^nsTr-— =Js-=±*;j-îrr~r-iï-±S(i)Pz;iwf: 


Habillage (du dieu avec) le tissu rouge. Prends V (étoffe) divine (?) des mains de 
« Celle de Sais» (?) : c’est le (tissu) rouge pour tes membres, qu’Isis a tissé de ses 
mains, elle-même, (et) qu’a filé sa sœur Nephthys! 


12° Le service de la «toilette divine» s’achève, à Edfou comme à Karnak 
et à Abydos, par une onction avec l’huile mi4. L’officiant rangeait les quatre 
pièces d’étoffe dans le coffret. Il en tirait un vase d’albâtre, qui contenait 
l’huile. Il montait au naos, tenant ce vase léger sur la paume de la main gauche. 
Arrivé devant la statue, il prenait du bout du petit doigt de la main droite 
une goutte du liquide parfumé, et en touchait légèrement le front (h’,-t) de 
l’idole. La formule prononcée à cet instant était probablement peu différente 


(1) Cf. pour Karnak : Moret, Rituel, p. i 84 -i 85 (n° 5 1 ) ; pour Abydos : Mariette, Abydos, 
18 e tabl., p. 58 . 

(2) Voir, pour la correction au texte, Edfou, I, p. 66, n° 67. La «Maîtresse» de la localité 
Nby^t— Annebis de Thébaïde (cf. Gauthier, D. G., III, p. 83 ) est Ouadjet-Hathor. Il s’agit de cette 
déesse Ouadjet de Nby t, et non d > Horus, dans l’exemple ci-dessus, cité par Gauthier. 

{3) Edfou, I, 45 , 7-9 et pl. XII (sanctuaire, paroi est, 2 e reg., 2 e tabl.) : Dbl mnh-t wld-t. 
Mn n kwld't wld inm-k : swdl*s fi-w-k im él Nb(tt) Nby t, swld'ê tw m wld*s, smnh-s tw m mnhtt-s! 
L’allitération finale est difficilement traduisible. 

• (4) Cf. pour Karnak : Moret, Rituel, p. 185-190, n°* 52-53 (les deux tissus insy et idmi sont 
interchangeables : cf. Edfou, I, 4 i 3 , 12 — Edfou, I, 432 , 17) ; pour Abydos : Mariette, Abydos, 
17 e tabl., p. 52. 

(5) Edfou, I, 3 1 , 10-1 3 et pl. XI (sanctuaire, paroi ouest, 2 # reg., 3 e tabl.) : Dbl mnh-t idmi. 
Mn n k ntri (?) m *• wî Sl(y)*t (?) : (i)rfmt r h^w^k, ssn n S*t m '-wvs dé-s, msn n sn-t-s Nb-t-h t! 



de cette phrase, mise dans la bouche de l’officiant du tableau d’Edfou O : 


Don de V (huile)-mà-t à son père : Prends l’ (huile-)\bv qui vient de l’officine 
(du temple), ( prends ) l’onguent précieux fondu pour le (Lion-) Sn\ Respire le 
parfum de l’offrande (ir-t-Hr) matinale : que ton cœur se réjouisse à son ap- 
proche! ( * 2 ) 


Là-dessus, le prêtre redescendait les marches de l’escalier, et déposait le vase 
à huile d’onction dans le coffret. La seconde partie de l’office est terminée. 
Le dieu a pris ses aliments ; il est vêtu, il a reçu le* sacre comme roi de l’uni- 
vers. Il est prêt désormais pour les purifications finales, qui sont figurées, 
au sanctuaire d’Edfou, dans les tableaux du troisième registre. 

L’ensemble des six tableaux d’Edfou qui montrent la «toilette divine» est 
remarquable par sa simplicité : tout l’essentiel du service est là, pour chaque 
jour, et il n’y a que l’essentiel. C’est ce que fait ressortir la comparaison 
avec les rituels de Karnak, alourdis par les chapitres du service solennel 
intercalés au milieu de ceux de l’office journalier. C’est ce que rend manifeste 
aussi la comparaison avec les scènes d’Abydos et de Dendéra, où nous avons 
affaire à des services solennels au sanctuaire. La présentation des bijoux rituels, 
des coiffures, des sceptres, des emblèmes symboliques, y rend la « toilette 
divine» beaucoup plus longue. Aux rituels de Karnak, les chapitres 44' (mettre 
ses mains sur le dieu) et 58 (répandre le sable) encadrent toute la seconde partie 
de l’office. Ils supposent que la statue est sortie du naos, puis replacée dans 
son tabernacle. Rien de semblable ne se passait en service journalier. A Edfou 
la statue, à la fin de la « toilette divine», n’a pas bougé de sa demeure : son 
tabernacle reste ouvert pour les dernières purifications. La présentation seule 
des objets rituels avait donc la valeur du véritable habillage, que montrent 


(l) Cf. pour Karnak : Moret, Rituel , p. 197-199 (n“ 54); pour Abydos : Mariette, Abydos, 
1 a" tabl., p. 45. 

(i) Edfou, I, 45, i4-i6, pl. XII (sanctuaire, paroi est, a e reg., 3° tabl.), et pl. phot. aa 6 . 
Le texte de Rochemonteix est très fautif. A comparer avec la planche photographique, pour les 
corrections introduites : Il nk md(-l) n it-f. Mn n-k ibr pr m is, nvod sps n(w)d n Sri, snsn-k hnmw 
n ir-t-IIr nhrhr ib-k m hsfvo-s! ' 


les scènes du temple d’Abydos h). Le dernier tableau du second registre 
d’Edfou est comparable, pour l’originalité de son texte, au tableau initial de 
ce même registre. De même que le repas du Lion de Pwn-t, maître de l’arbre 
à encens, lui parvient par l’entremise du parfum de l’oliban, le sacre royal 
et divin lui est renouvelé en son nom de (Lion) qui repousse (l’ennemi) (Sn). 
Le symbolisme qui créa l’usage de présenter les quatre tissus a certes pris sa 
source dans la légende osirienne. Mais à sa suite, dans le rite d’Edfou, la 
formule qui accompagne l’attouchement d’huile sainte au front d’Horus n’a 
rien emprunté à cette même origine. 

C) Les purifications finales. — Elles débutent, à Edfou, par la double asper- 
sion rituelle du vase nmê-t et du vase dsr-t W. Il est probable qu’en pratique 
journalière le prêtre se- servait, non pas des vases spéciaux traditionnels < 3 4 ), 
mais de son unique vase à libation kbhw : c’est à ce moment surtout de l’office 
au sanctuaire qu’il en trouvait l’usage. 

13°-lZi°. Par quatre fois successives, il jetait quelques gouttes d’eau pure 
vers le naos, vers la statue toujours dévoilée et éclairée par la lueur du cierge: 
A partir du troisième registre, les textes d’Edfou ne donnent plus de paroles 
mises dans la bouche du prêtre. Le titre seul existe pour chaque scène. La 
phrase explicative habituelle, en une colonne derrière l’officiant, ne fournit 
plus que des renseignements vagues sur la nature de l’acte accompli : il devient 
inutile de la citer. 

La première libation est intitulée : 



Sw b m fd(w)-t nmê-w-t n mw ^ = Purification par les quatre (vases-)nmé-t 
d’eau. 


(l > Cf. Mariette, Abydos, 9 % 10 ', 11 e tableaux (p. 4a-44). 

m On ne trouve pas un rite équivalent, à Abydos : le tableau n° 3 2 est une purification diffé- 
rente, bien que Moret l’assimile au rite des quatre vases. Aux rituels de Karnak, cette cérémonie 
se pratique dès le début de la «toilette divine». 

(3) C’étaient, primitivement, de petites ampoules de terre cuite. 

(4) Edfou, I, 36, 3 (sanctuaire, paroi ouest, 3 e reg., i er tabl. et pl. XI). 


.(• 94 > 


La seconde a pour titre : 

Siv b m fd(w)-t dsr-w-t n mw W = Purification par les quatre ( vases-)dsr4 d’eau. 


A cette deuxième aspersion correspondait probablement, en fait, les mêmes 
gestes du prêtre. Par quatre fois encore, successivement, il projetait sur le 
naos, et tout autour de lui, une pluie légère de gouttelettes, par le col de cygne 
de son vase kbhw. Les dessinateurs ont souvent donné, dans les temples 
d’Égypte, une forme artificielle au geste de l’aspersion par les vases nmê-t et 
dsr-t. Les scènes d’Edfou n’échappent pas à cet usage : les quatre vases sont 
serrés côte à côte entre les mains de l’officiant, dans un équilibre matériel- 
lement impossible à réaliser. Un filet d’eau jaillit de chacun d’eux, pour se 
réunir en un seul, qui tombe aux pieds de la statue divine. Ainsi se trouvent 
réunis en une seule figure de convention les quatre gestes successifs, et non 
simultanés, de t’officiant avec un seul vase d’eau ( * 2 ). Quant aux paroles qui 
accompagnaient à Edfou la double aspersion, elles étaient probablement très 
voisines, dans le rituel ptolémaïque, de celles que nous ont transmises les 
manuscrits de Karnak ( 3 4 ) . 


15°-16° La purification qui suit celle de l’eau s’opère, à Edfou, par les 
cinq grains de natron, d’abord au nom de la Basse Égypte, puis en celui de 
la Haute Égypte. Là encore, les' deux tableaux se font face symétriquement, 
à l’ouest et à l’est du sanctuaire : 


<x 


©nu 


Phr h], sp fdw, m diw t\-w Mhw, n Srp = Faire le tour , quatre fois , avec les 
cinq grains de Basse Égypte, de Érp ( 5 L r 


(l} Edfou, I, 48 , 10 (sanctuaire, paroi est, 3 e reg., i er tabl. et pl. XII). 

(S) Les deux tableaux d’Edfou peuvent être rapprochés de leurs parallèles à Dendéra (Chassinat, 
Dendéra, I, pl. 5 f et 6a = 3 e reg., i* f tabl., pl. pbot. 58 et 68) : les quatre vases nms-t et 
dfa't sont présentés sur des plateaux devant la statue. Il est possible que le rite ait réellement eu 
lieu sous cette forme, au cours des services solennels au sanctuaire. 

< 3) Cf. Moret, Rituel, p. 171-176 (n°‘ 46 et 47). 

(4) Edfou, I, 36 , 10 (sanctuaire, paroi ouest, 3 e reg., 2 e tabl., pl. XII et pl. phot. 219). 

(5) Srp désigne, pour les Égyptiens, l’actuel Ouadi-Natroun. 


Phr hl, sp fdw, m diw tl-w Smw, n Nhb W = Faire le tour, quatre fois, avec les 
cinq grains de Haute Égypte, de Nhb ( 2 ). 

Il s’agit à Edfou, comme partout où ce rite était accompli, d’une simple 
présentation à la divinité. Le prêtre prend cinq boulettes de natron ( 3 ) dans le 
cofïret. Il les place dans un vase ('), de même forme que les vases à feu d’en- 
censoir. Puis, dans la paume de la main gauche tendue vers la statue divine, 
il présente a Horus le sel qui purifie le corps des hommes et des dieux 
d’Égypte. Il est probable que deux présentations successives du même vase, 
accompagnées des deux prières qu’on trouve à Abydos, avaient la même valeur 
rituelle que la présentation véritable de deux vases, contenant l’un le sel du 
Ouadi-Natroun, pour le Delta, l’autre celui d’El-Kâb, pour le Saïd. Quant 
au tour du tabernacle, que l’espace ménagé entre la face arrière du naos et 
la paroi de fond du sanctuaire rendait possible, il n’avait vraisemblablement 
lieu qu’en service de fête. Il est préférable d’admettre qu’en service journa- 
lier, par un symbolisme liturgique courant, l’indication : phr hl sp fdw avait 
la même valeur que (dd mdw ) sp fdw des formules de Karnak et d’Abydos, 
qui porte sur la clausule finale : pur, pur, est (le dieu ) X. Au lieu de faire 
quatre fois le tour de la statue divine, 1 officiant terminait sa prière en 
répétant quatre fois les mêmes paroles M. 

/ 

17°-18°. L avant-dernier acte des purifications avait lieu ensuite, au sanc- 
tuaire d’Edfou. L’officiant prenait cinq grains d’une autre sorte de sel de 


(1 > Edfou, I, 48 , 17 (sanctuaire, paroi est, 3 ' reg., 2 e tabl.), et pl. XI. 

Nhb est l’El-Kâb moderne. 

{ } On épurait le sel de natrtîn brut, venant des salines, dans des fours spéciaux. On pouvait 
donc le présenter à volonté sous forme de boulettes sphériques (cf. Edfou, pl. phot. 2 1 9 , et nom- 
breux tableaux dans les temples), d’une taille plus forte que celle des simples grains ou fragments 
naturels du «natron». Cf. Montet, Tanis (1942), p. io 5 -io 6 : fours ayant servi à traiter le 
natron. 

(J) Cf. Mariette, Abydos, tabl. 33 (p. 73) et 34 (p. 74). Le nombre des grains y est de quatre, 
et non cinq. L’ordre des deux purifications par le natron de Srp et de Nhb est inverse, par rapport 
à celui d’Edfou (si l’on accepte le classement des tableaux proposé plus haut). Il n’y a que des 
rites équivalents, et non parallèles, aux manuscrits de Karnak. 


K 96 y 


soude (appelé simplement bd = natron, dans notre texte), et cinq grains de 
résine de térébinthe ( éntr ). Il les plaçait, semble-t-il, dans ce même vase qui 
venait de servir à la purification pour le Nord et le Sud. Il présentait par 
deux fois le vase à la divinité : la première fois, pour le natron, et la seconde 
fois, pour la résine. Comme au rite précédent, la quadruple répétition de la 
clausule finale de la prière dispensait de faire le tour du naos : 


k ©un 




Phr hl, sp fdw, m diw tl-w n bd W = Faire le tour, quatre fois, avec les cinq grains 
de natron. 

Phr hl, sp fdw, m diw tl-w n éntr ^ = Faire le tour, quatre fois, avec les cinq 
grains de résine. 


Le tableau concernant l’offrande du natron montre, à Edfou, une erreur 
probable du dessinateur ancien : un vase à feu allumé a été placé dans la main 
du prêtre, au lieu du vase contenant les cinq grains de présentation. Or, il 
ne peut y avoir de doute sur la véritable nature de l’acte représenté^. 

Le prêtre déposait alors le vase dans le coffret mr-t : les purifications de 
la statue d’Horus sont terminées. Il montait une dernière fois l’escalier du 
naos. Il étendait la main vers l’image divine, et lui voilait la face avec ce même 
voile qu’il avait abaissé à la fin de sa «première entrée». Puis il refermait 
les deux battants de la porte, et poussait les deux verrous. Il prenait de l’argile, 
et un ruban de fibre de papyrus. Il scellait les deux extrémités de ce ruban 
aux deux tiges de verrous, et posait sur les cachets de terre le sceau d’Ho- 
rus, qu’il portait probablement en bague au doigt. Le dieu renouvelé, muni 


(*) Edfou , I, 36 , 18 (sanctuaire, paroi ouest, 3 ' reg., 3 * tabl.), pi. XI et pl. phot. 220. 

(9 > Edfou , I, 49, 6 (sanctuaire, paroi est, 3 * reg., 3 e tabl.), et pl. XII. 

C») Voir le tableau parallèle d’Abydos : Mariette, Abydos, tabl. 35 , p. 75. L’ordre des purifi- 
cations finales n’est pas le même qu’à Edfou. Les quatre grains de natron sont présentés avant 
la purification du Sud et du Nord. La purification par l’eau et les quatre grains de résine vient 
ensuite. Aux manuscrits de Karnak, les formules parallèles sont : Moret, Rituel , p. 2 o 4 - 2 o 5 
(n° 60) et p. 205-207 (n° 6i). 


de toute sa puissance de roi de l’univers, va régner en paix, du fond de sa 
demeure secrète, jusqu’au matin du jour suivant M. 

1 9° Le prêtre descend alors. Il ferme le coffre aux accessoires sacrés. Il prend 
en main l’encensoir, qu’il a employé dès le début déjà dans le sanctuaire. 
Tourné vers le naos maintenant clos, il encense une dernière fois la demeure 
du dieu, comme il l’a fait avant toute chose, au début du service ( 2 ). 

Le titre de ce dernier acte est : 

-îs-iüîii. 

Phr hl, sp fdw, m éntr hr éd-t = Faire le tour, quatre fois, avec la résine sur 
le feu. 

Là encore, la prière n’a pas été conservée au tableau d’Edfou. Mais le qua- 
druple circuit mentionné équivaut aux quatre répétitions rituelles des prières 
de Karnak et d’Abydos W. 

Il ne reste plus au prêtre qu’à se retirer du sanctuaire, où flotte l’odeur 
de l’encens. Il joint à l’encensoir le vase à libation, dont il répand le reste de 
l’eau sur le sol ( 5 ). Tel qu’il est venu la première fois, il fait demi-tour vers la 
porte, le visage tourné en arrière, par respect pour la présence du dieu ( 6 ). 


(1) Aucun document ne nous a conservé les prières qui, selon toute vraisemblance, accom- 
pagnaient ces derniers actes de l’office journalier. 

Manuscrits et séries de tableaux gravés comportent, au contraire, cet acte final. 

{3) Edfou, I, £9, i 3 (sanctuaire, paroi est, 3 e reg., 4 e tabl.) et pl. XII. 

(4) Voir Moret, Rituel, p. 210-211 (n 01 65 et 66); Mariette, Abydos, 29 e et 36 # tabl. (p.68 
et 76). A Abydos, le 36 e tableau est un doublet du 29 e . Celui-ci est en réalité le dernier de la 
série. Le 36 e est placé au-dessus du 20% pour lequel on a tenu à réserver la place la plus proche 
de la porte de sortie. Aussi n’a-t-il qu’une utilité décorative. 

(5) Voir l’attitude du prêtre, au 20* tableau d’Abydos (Mariette, Abydos, p. 56 ). Ce geste 
complète le éntr hbh d’usage, au moment de la sortie. À Abydos, le prêtre incline le vase à libation 
vers le sol, pour vider ce qu’il y reste d’eau. Une scène d’Edfou montre la fin du geste : le prêtre 
sort, tenant par son pied le vase à libation complètement renversé. Par le bec du vase, des gouttes 
d’eau tombent encore à terre (Edfou, pl, XXXV a : « salle de l’autel», 4 e reg. ouest, i* r tabl. ; 
texte : Edfou, I, 483 , 3). * 

(5) Voir l’attitude du prêtre dans l’acte in-t rd, en face du naos d’Amon (panneau intérieur du 
tabernacle d’ébène de Thoutmosis II à Deir-el-Bahari : Naville, Deir-el-Bahari, t. II, pl. XXV et 
XXVIII). Le 20 e tableau d’Abydos ne précise pas le geste réel du prêtre, qui part en tournant 

Bibl . d* Etudes, t. XX. ,3 


-" ’ > * ♦ ( 98 )» ♦ #» - - 

Il laisse derrière lui deux témoins de son service auprès du Roi céleste : 
le plateau des pains d’offrande, posé sur l’autel devant le naos M, et le cierge, 
cjui, seul, dans les tenebres du sanctuaire refermé, achèvera sa garde contre 
les ennemis d’Horus W. Il est peu probable que l’officiant se soit servi tous les 
' J ours ’ en sortant du « saint des saints», de la longue balayette hdn, en roseau 

de Nubie, que le 20 e tableau des chapelles d’Abydos, et aussi le naos d’ébène 
de Deir-el-Bahari, montrent dans sa main gauche. Ces deux scènes font partie 
d un service de fete, c est-a-dire intermittent, et non journalier. Au cours 
de ces services, on «répandait le sable», avant de replacer la statue dans le 
naos. Alors seulement, 1 officiant devait effacer derrière lui, en quittant le 
sanctuaire, la trace que ses pas auraient pu y laisser : la pureté parfaite du sol 
sacré était à cette condition. 

* Tel se déroulait chaque jour, à Edfou, le service secret du Maître du temple. 
Quand le «prêtre du roi» se retrouvait dans la «salle de l’Ennéade», la 
porte du sanctuaire était refermée derrière lui. Il poussait les verrous, il 
plaçait les sceaux, puis il rejoignait le « serviteur d’Horus» et son «chapelain», 
restés au dehors. 

6. — SERVICE DANS LE TEMPLE. 

Que s’est-il passé dans le temple, pendant que le premier officiant menait 
jusqu’au bout son service? Les documents d’Edfou ne contiennent que des 
allusions à cet aspect, secondaire du point de vue doctrinal, de l’office du matin. 
Cependant, on peut tenir pour vraisemblable que la purification et l’encense- 
ment continuaient leur œuvre, aux parties du temple non encore touchées par 
le passage des prêtres. Ce sont, d’une part, la «salle de L’Ennéade», qui 

’ — T ' ' ~ ‘ • «T» — — 

le dos au dieu, dans la réalité, mais laisse sa face dirigée vers lui. Au contraire, le tableau d’Edfou 
qui vient d’être cité dans la note précédente, confirme l’attitude de l’officiant de Deir-el-Bahari 
Le texte indique bien qu’il s’agit d’une sortie : Pr r kl; in [rd-wi (?)] = Sortie, (la face) vers 
1 arrière; on emporte (=on efface) les (traces des) pas (?) (Edfou, I, 483 , 3 ). 

(1) Cf. Moret, Rituel, p. 2 1 1-2 1 2 : la dernière partie de la formule n“ 66 des rituels de Karnak 
a trait à ces offrandes laissées devant le dieu. 

(,) Voir plus haut, le début du service au sanctuaire. Le plateau sera desservi, à la première 
sortie du prêtre, pendant l’office du matin suivant. Le cierge s’éteindra de lui-même, et sera 
remplacé au début du service, le lendemain. 


99 

s’ouvrait devant les offrandes exposées, et le couloir autour du sanctuaire 
é-t-wr-t; d’autre part, les salles centrales situées en arrière de l’Offrande. 

Nous savons, par les textes des bandeaux extérieurs cités plus haut (fi, que 
la «salle de l’Ennéade» (wéh-t-péd-t) , ou «salle du centre» ( wéh-t-frr-t-îb ) 
justifiait son nom : chaque divinité, adorée précisément comme hr-t-îb (ou 
« parèdre») du Maître d’Edfou possédait un naos dans cette salle W. Ces naos 
étaient probablement des tabernacles de bois de petite taille, semblables à 
ceux que nous voyons, au nombre symbolique de neuf, portés chacun par un 
prêtre, derrière le naos d’Horus, au cours de la procession du Nouvel An ( 3 ). 
On peut se les représenter posés sur un socle, munis chacun d’une table 
d offrandes, et rangés en deux groupes M autour de la salle, au pied du sanc- 
tuaire. Ainsi la cour du Roi divin prenait part aux purifications et aux aliments 
journaliers de son seigneur. Les «parèdres» résidaient non seulement là, 
mais aussi et surtout dans les chapelles (sfr-vo) desservies par le couloir r (smÿ(-f)) 
qui faisait le tour du sanctuaire central. Rangées à droite et à gauche de la 
chapelle Mén(-t), où résidaient Horus-Râ et son Uraeus royale, les demeures 
secrètes de la Cour divine renfermaient les images principales de chaque divi- 
nité d’Edfou : c’est là surtout que leurs âmes aimaient à se poser. C’est aussi 

C) Cf. Edfou, IV, 6, 1 = Edfou, VII, i 5 , 9. 

( 1 De cet usage, vraisemblablement général à l’époque récente dans les temples d’Égypte, de 
placer les naos des divinités «parèdres» dans la salle centrale de la maison divine, en face du sanc- 
tuaire du Maître du lieu, proviennent selon toute probabilité les expressions qui les désignent : 
ntr-w hri-w-tb = les dieux ( placés ) au centre (du temple ) ; péd-t hr-t-ib Bhd-t = l’Ennéade (logée) au 
centre du (temple d’Edfou-)Bhd-t. 

!3) ) Cf - Edfou, II, pl. XXXVII c (escalier ouest, paroi ouest) ; Edfou, I, 54 1 , 5-12. La « salle 
de 1 Ennéade» est souvent présentée comme le lieu de repos des dieux et des déesses qui sortent en 
procession avec lui (Hotus d’Edfou), aux «têtes de temps » (S-t htp ntr-w ntr(-w)-t h ' hn'f, m tp-m-tr) ; 
elle est comme la voûte du ciel, avec soleil et lune et toutes étoiles en elle (Sy mi gbt, hly-ti im-s , nhw 
dmd m-hnt-s) : cf. Edfou, I, 36 g, 4-6 (bandeau de frise de la salle). D’après le texte parallèle, 
à l’ouest, l’image sainte d’Horus est gravée tout autour (de la «salle de l’Ennéade ») sur sa muraille, 
avec (celles) des dieux qui sortent en procession avec lui, « à toute tête de temps qui est en son (rituel de) 
fête (tp-tr nb nt(y) m 44 /)». Lorsque Horus d’Edfou arrive du ciel, avec son Ennéade derrière lui, 
et son Uraeus sainte, qui est Hathor de Dendéra, tous, c’est là qu’ils prennent place dans le temple, 
leurs âmes étant (unies) à leurs images (des naos) (hp-sn s-t-sn hnt s-t-wr-t im , bl-sn hn' bs-sn) : 
cf. Edfou , I, 368 , 12 et i h« 

W Cf. iw-sn m itr-ti hmf (Edfou, I, 54 1, 7) : ils sont aux deux côtés de sa Majesté. 

1 3. 




— »**( 100 )«** — 

du fond de ces sanctuaires qu’elles participaient, semble-t-il, au service 
journalier des offrandes. On n’ouvrait pas, en effet, les portes de ces cha- 
pelles, sauf en temps de fête particulière à chaque dieu, ou bien toutes 
ensemble, chaque fois que le Maître d’Edfou sortait de Mén(-t) en proces- 
sion, et que sa cour entière lui faisait cortège. C’est ce qui résulte de l’exa- 
men des textes gravés aux montants des portes est et ouest du couloir 
smy('t) W, des portes de la chapelle Mén(-t)W, ainsi que des autres chapelles 
du couloir ( 3 ). 

Il est cependant probable qu’on ouvrait chaque matin, au moment où le 
prêtre entrait au sanctuaire central, les deux portes, scellées la veille, du 
«couloir» smy(4). Cela semble avoir été nécessaire, pour plusieurs 
raisons : 

- i° H est peu vraisemblable qu’on ait pu laisser de côté une partie aussi 
importante du temple, sans la faire bénéficier du service trois fois journalier 
de la purification. Le couloir smyft ) jouait le même rôle, vis-à-vis du sanc- 
tuaire central W, que le «couloir de ronde» phr(-t), pour l’ensemble du 
temple proprement dit. C’était le rôle d’un «boulevard» (ébfi-t) de défense 
contre l’esprit du mal, ennemi de la divinité. Cette défense, c’est surtout la 
purification constante, par l’eau répandue et l’encens brûlé, qui l’entre- 
tenait. Les deux chemins circulaires du temple étaient tenus pour des 
«remparts de purete». A la porte ouest du «couloir de ronde» extérieur, 
le tableau montre la libation; à la porte est, l’encensement, qui devaient y 
passer chaque jour W : de même, le smy(-t) intérieur ne pouvait échapper à 
cet usage. 

2° Il est certain que les offrandes alimentaires entraient deux fois par jour 
au temple d Edfou. Or, il n’est pas question, au sanctuaire central, d’une 


(1 > Edfou, I, 345-34 7 , 35o-35a. 

{i) Edfou , I, 228-229. 

(3) Ces textes seront utilisés plus tard, car ils ne se rapportent pas au culte journalier, sauf 
pour deux d’entre eux (culte du soir dans ns-t-R, et fermeture du couloir, le soir). 

<4) Parce que ce sanctuaire est à lui seul un petit temple complet. 

{5} Cf. Edfou , VI, 3, 1 o-i 4 (porte ouest, tableau dans l’embrasure ouest de la porte) ; Edfou, 
VI, 192, l 8 à 193 , 4 (porte est, tableau, même orientation). 


7 


• 101 )^_ 

autre présentation de ces offrandes que de celle du matin. Les offrandes du 
soir n’étaient-elles donc pas présentées ailleurs que toutes ensemble, par l’acte 
du fi iH dans la «salle de l’autel»? Un texte, gravé aux montants de la 
porte de la chapelle intérieure du «trône de Râ» (né-t-ff), nous incline à 
penser que la présentation du soir se faisait, à Edfou, dans cette chapelle W. 
Si cette pratique du culte journalier en ce lieu est exacte, elle rendait nécessaire 
l’entrée et la sortie, chaque soir avant le coucher du soleil, des prêtres chargés 
de déposer l’offrande. Ils devaient passer par la porte du smy(-t). Celle-ci 
était donc ouverte chaque matin, et refermée chaque soir. 

3° Sur les quatre inscriptions que portent, aux montants, chacune des deux 
portes est et ouest du smy(4), deux, par exception, semblent s’appliquer 
à la pratique du culte journalier (Edfou, I, 345, g-i3, et Edfou, I, 346, 2-6). 
Il s’agit de la fermeture des portes du couloir, chaque soir : ce sont les for- 
mules qui accompagnaient cette cérémonie et celle de l’apposition des sceaux. 
Il est aussi question des offrandes déposées à la chapelle du «trône de Râ». 
Donc, les portes du couloir étaient également ouvertes chaque matin W. 

Qu’il nous soit donc permis de reconstituer ainsi les rites journaliers hors 
du sanctuaire, pendant l’office matinal. Quand le «chapelain» avait introduit 
le «prêtre du roi» en présence du dieu, le «serviteur d’Horus» et lui- 
même allaient briser les sceaux des deux portes du couloir smy(-t). Puis, 
prenant avec eux encensoir et vase à libation, ils faisaient le tour du sanc- 
tuaire. Ils passaient devant toutes les portes scellées des chapelles. Sans 
toucher aux cachets, ils répandaient l’eau du vase, et brûlaient de l’encens. 
Ainsi la demeure des compagnons divins d’Horus était mise en état de 
pureté, au moment où ces mêmes rites étaient accomplis plus- complètement 
à l’intérieur du sanctuaire. Les deux prêtres sortaient ensuite du couloir, 
regagnaient la «salle de l’autel», et entraient dans l’hypostyle, placée au sud 
de celle-ci. Là encore, ils passaient en purifiant les lieux et les objets sacrés 
par l’eau sainte et la fumée de l’encens. Ils ouvraient enfin le battant' de- la 
grande porte, qui débouche au centre du pronaos. Une phrase, gravée au 


(1) Ce texte sera mis en œuvre plus loin, à propos du «service du soir». 

(S) Ces deux textes seront étudiés plus loin, avec le « service du soir». 

Bibl. d’ Études, l. XX. ,4 




— «.( 102 H*— 

montant de la porte de service qui fait communiquer, à l’est, le pronaos et 
le « couloir de ronde », nous donne là dessus cette indication : 


X <S a ~ 


J\ « 


CH -!T3 


, tGX 

I 


^ KHK 7~H*J rrî^f.'lTo 


Ses deux battants® s'ouvrent sur la « salle de l'offrande»®, pour V adoration de 
Râ, trois fois chaque jour. Les « prêtres-horaires » y entrent, et y® font leur office, 
trois fois chaque jour ® . 


Or, quel service pourrait entrer dans la «salle hypostyle» du temple, trois 
fois par jour, sinon le triple service journalier de la purification? Nous savons 
que ce service entrait uniquement par la porte dy cellier pur (sn'w w c b), et 
non par la porte où cette phrase est gravée, comme le prouve l’ensemble de 
ses inscriptions Il convient donc de voir les prêtres chargés de la purifica- 
tion journalière arrivant au pronaos du temple par sa porte intérieure 
Par conséquent, ils ne peuvent venir que de l’hypostyle. Ils purifiaient par 
l’eau et l’encens, au cours de leur ronde, toute image placée dans les deux 
salles à colonnes qui avait droit à ce bénéfice. Par cette pratique, on pensait 
non seulement protéger les « âmes divines» de toutes souillures, mais encore 
entretenir leur puissance, en les faisant participer aux offrandes exposées à ce 
moment-là devant le sanctuaire. 


Les deux prêtres revenaient ensuite à la « salle de l’autel». Ils attendaient 
la « première sortie» du « prêtre du roi» hors du sanctuaire. Ils lui donnaient 
alors le plateau des pains d’offrande, avec lequel il rentrait en présence du 



(1) Ce sont les deux battants de la porte du pronaos . 

(2) C’est un autre nom de Vwsh-t-h', ou «salle du couronnement», c’est-à-dire l’hypostyle. 
Elle est nommée ainsi à la ligne précédente. 

(3) Y ~ m-hntf \ c’est-à-dire : dans le pronaos (hnty ) . 

(4) Edfou, III, 355, 7-8 : 'ïwlf ss-tw r mbt-wdn r dwl R\ sp hmt n r nb; 'k s(w) wnw-t tr 
trw-sn m-hntf, sp hmt n Y nb. 

• (S) Cf. les deux inscriptions des montants sud et nord ; Edfou, III, p. 355-356. Il n’est question, 
hors de cette allusion à la purification journalière, que de la sortie en procession d’Horus d’Edfou 
entouré de sa cour divine, en (service de) fête^m f Jy), et de sa halte au pronaos, où l’on célèbre 
des rites spéciaux. 

{6) Le pronaos gardait toujours fermée, les jours de simple service, sa porte extérieure tournée 
vers la grande cour du temple. 


— **•( 103 >♦*— 

dieu. Puis, tandis qu’Horus d’Edfou agréait le sacrifice, chaque table placée 
devant les naos des dieux de la « salle de l’Ennéade» recevait l’eau de la liba- 
tion ; chaque tabernacle recevait la fumée dp l’encens. Ainsi les dieux venaient 
prendre leur part dii repas d’offrande servi à leur hôte divin. C’est à ce repas 
des dieux « parèdres » dans la « salle centrale » du temple que fait allusion 
cette phrase, intercalée dans une formule de prière, au moment de l’intro- 
duction des offrandes, en service solennel : 

oîû-!^-=+5=:-£g:'«i 

(O divinités du Sud et du Nord ,. . .), le dieu est sanctifié dans son (woos)-kir; 
sa nourriture est consacrée; prenez les pains d’offrande à côté de lui, dans la salle 
de l’Ennéade! ù) 

Ce repas journalier des Compagnons d’Horus d’Edfou est attesté aussi par 
ce passage, tiré d’un texte qui sera mis en œuvre un peu plus bas. Il s’agit 
de la porte est du mur d’enceinte, par où sont introduites les offrandes : 



C’est ici la porte par où passent les « prophètes », les « pères du dieu » du temple 
(d’Edfou). C’est le chemin (mi-t) des serviteurs' de l’atelier, chargés de l’Offrande 
journalière, pour nourrir le Maître des dieux, ( pour que) les divinités (d’Edfou) 
prennent (leurs) aliments après lui ® . 

7. — SORTIE DE L’OFFRANDE. 

Tel était, dans la mesure où l’on peut le reconstituer, le rôle des prêtres 
restés dans la « salle de l’autel», pendant le service au sanctuaire. Il ne restait 
plus alors qu a desservir les tables du dieu, et à remporter les offrandes des- 
tinées à la nourriture de la communauté, par ce même chemin qu’elles avaient 

(1) Edfou, III, 78 , 11-12 (Isr nlrmklrf, hwm '\b-tf : ssp(-ln) sn-w r gè-f, m msh-t n psd-t. 

Voir plus bas, le service solennel au sanctuaire. 

m Edfou, VI, 34g, 6-7 : Sbl pw pr-tw imf in hm-vo-nir it-w-ntr n s-t-wr-t, mi-t pw n hm-w srim 
hr htp-ntr n r-nb, r tr ih-t n Nb-ntr-w, ssp ' hm-w snw m-htf. 


suivi pour parvenir au centre du temple. G est ce que précisent deux phrases, 
insérées dans les textes des portes, sur le trajet de l’Offrande. La première 
a déjà été traduite plus haut* 1 * * * * ). Voici la seconde : 


«m*? ; 




^ C’est (ici) le portail où pénètrent les « prophètes »du (temple d’Edfou) Wts( . t) -Urpour 
faire offrande aux grandes divinités, à chaque (fête) solennelle, sans cesse. Ils en sortent, 
[portant ( ?)] les offrandes, après que le dieu s ’ est montré bienveillant pour tous les prêtres W . 

Ces quelques renseignements, et certaines allusions qui seront étudiées 
plus loin, suffisent à nous assurer que les gens de service étaient restés quelque 
part dans le temple ou à proximité, pendant l’office matinal. C’étaient les 
porteurs «magasiniers» (snw-w) avec leur chef, le prêtre «gardien» (gé-dp), 
qui avaient apporté les provisions avant le début du service. Ils prennent les 
plateaux déposés sur les tables d’autel, les chargent sur leurs têtes, et, passant 
par le « vestibule de l’Offrande» et la porte est du mur d’enceinte, ils rentrent 
dans les « ateliers». Là certainement, on faisait le partage effectif des revenus 
journaliers théoriquement répartis par le dieu lui-même. Ce partage était 
fixé, pour tous les ayants-droit dans la communauté, d’après des barêmes, 
qui nous sont inconnus à Edfou comme pour presque tous les temples 
d’Égypte < 3 ). Nous savons cependant, grâce au décret de Canope, entré en 

(1) Edfou, II, i 53 , i 5 -i 6 : porte extérieure du passage (hr-t-ib) des offrandes journalières 

épaisseur du montant nord du tableau (cf. texte i b, plus haut) : On confie (tout) cela au « serviteur 

d Horus» ; avec (tout) cela, on fait f « élévation des offrandes» (?) ; (puis) on retourne (tout) cela au per- 
sonnel de sa Majesté , après que le dieu s’en est satisfait . 

m Ed f ou > VI * 1 * > 348 ’ l3 ‘ l4 (P orte ^ du mur d’enceinte, intérieur, montant sud) : Mlh(-t) pw_ 

k-tw m-hntfin hm<w-ntr n Wts(-t)-Hr, r ir ih-t n ntr-w wr-w, tp-tr nb, n ’b. Pr-sn bn f \hr 1 htv-ntr 
m-ht htp ntr r wb-w ni(-tü). ‘ “ ’ 

W ün " tüe P oint de comparaison est fourni par la liste de partage des revenus journaliers du 
temple d’Anubis à Illahoun (dépendant du temple de Sobek à Sd-t= Crocodilopolis du Fayoum) : cf. 
Bokchardt, Der 2 . Papyrusfund von Kahun u. d. zeitl. Festleg. d. M. R. (Z.Â.S., XXXVII, 89 et suiv.) j 
et surtout : Besoldungsverhâltnisse von Priestern im mittleren Reich (Z.Â.S., XL, 1 1 3 -i i 7). Il s’agit 
évidemment là d’un petit temple du Moyen Empire, dont les biens fonciers devaient être loin 
d’approcher ceux d’un temple de la 1" classe, comme celui d’Edfou sous les rois Ptolémées. 
Edfou possède 7995 aroures (&•<) de terre de culture, c’est-à-dire environ 2160 hectares, 
sous Plolémée Alexandre I er , d’après le total donné par Brugsch, Thésaurus, 5 9 o. C’est là presque 
les / 5 de la contenance du domaine foncier du temple de Memphis, le troisième d’Égypte sous 


— 1-*( 105 )•**- — 

vigueur l’année même où la reconstruction du temple d’Edfou sur son plan 
actuel fut commencée <>), que c’était un conseil des prêtres supérieurs de chaque 
temple qui fixait et pouvait modifier la quote-part attribuée à chacun sur les 
revenus sacrés. Cette quote-part était fixée dès leur naissance pour les enfants 
des prêtres destinés à occuper une charge relevant du domaine du dieu « : 
il s’agit, en l’espèce, d’une charge dans le personnel attaché au culte funéraire 
royal, celui de la princesse Bérénice, et non du service régulier d’un temple. 
Mais le nombre de «portions» sur chaque service journalier n’était établi, pour 
les prêtres eux-mêmes? que lors de leur entrée dans la corporation. L’établisse- 
ment de ce revenu ne représentait pas un simple héritage : il coïncidait avec 
le moment où ils étaient investis du sacerdoce par une cérémonie spéciale «. 

On tenait pour nécessaire que tous les aliments préparés chaque jour, et 
constituant le revenu commun du clergé, fussent présentés sans exception au 
temple, matin et soir. En plus de la garantie de pureté que cet usage leur 
conférait, c’était là certainement un moyen de contrôle. On tenait à éviter 
qu’une part des revenus ne fût dissimulée, et qu’ainsi les portions dues à 
chaque ayant-droit ne fussent diminuées, probablement au profit de certains 
d entre eux. C’est du moins ce qui apparaît à la lecture de certaines inscriptions 
gravées au temple même, et que nous examinerons par la suite W. 

Ainsi se déroulait à Edfou, dans la mesure où les documents locaux nous 
permettent d en saisir les détails et l’enchaînement, le- « grand service jour- 
nalier», celui du matin. Après une assez longue période de calme, pendant 
laquelle tout service semble avoir été interrompu dans la maison du dieu, 
arrivait le second moment sacré de la journée : celui du milieu du jour. 


Ramsès III dans l’ordre d’importance des terres concédées, d’après les listes du grand Papyrus 
Harris (temple de Memphis : 2800 hectares ; (cf. Schaedel, Die Listen des grossen Papyrus Harris, 
p. 5 1 ) . Au temple d Illahoun, 2 prêtres permanents (le grand prêtre du temple, et le cérémoniaire 
en chef), 1 o prêtres de 1 wnw-t (dont 2 «prêtres du roi»), et 8 prêtres inférieurs (dont 6 «portiers» 
du temple) se partagent ce qui reste à répartir pour le service même de la maison du dieu, une 
fois déduits les revenus attribues aux prêtres, en tant que chargés du culte des morts (hm-w kl). 

(1) Dixième année du règne de Ptolémée III Évergète= 23 7 av. J.-C. 

(,) Cf. Bevan, Histoire des Lagides (trad. Lévy et Herbert), p. a h h- 2 h 5. 

(3) Pour une semblable cérémonie, cf. par exemple : Brügsch, Thésaurus, p. 1072, 1. 11-12 
(XXII* dyn., temple de Karnak). 

<4) Cf. Edfou, VI, 348-349 > Edfou, III, 3 6 o - 3 6 2 . Voir plus loin. 



CHAPITRE III. 


LE SERVICE JOURNALIER DE MIDI. 

Un fait donne sa physionomie particulière au service du milieu du jour : 
c’est qu’il ne comportait aucune offrande d’aliments. Il se réduisait donc au 
passage de la purification, en tous lieux du temple qui devaient la recevoir. 

Les textes d’Edfou déjà utilisés multiplient les preuves de l’existence de 
* cette purification du temple à midi. Sa nature, d’après tous les témoignages, 
était exactement la même que celle du service de la purification matinale. 
Chaque fois qu’un texte d’Edfou fait allusion au « service de midi», il le fait 
en même temps qu’aux deux autres passages de la libation et de l’encens, 
matin et soir W. Ce service n’étant jamais décrit seul, il est permis de conclure 
à son identité avec celui qui le précédait et celui qui le suivait, dans la même 
journée. Cependant il est également certain qu’il n’y avait que deux entrées 
des offrandes, matin et soir : tous les textes des portes à l’est du temple en 
font foi ( 01 2 L Donc, tout n était pas, en fait, identique, aux trois moments litur- 
giques de la journée. Le service de midi était obligatoirement plus bref, 
puisqu il n’y avait pas de purification d’offrandes. Le sanctuaire, refermé 
après l’office du matin, restait en dehors de son action. La « salle de l’autel» 
ne contenait à cette heure que son matériel permanent. Il s’agissait donc 
essentiellement de faire le service des images divines disposées hors du sanc- 
tuaire. Ce service s’effectuait par la seule vertu contenue dans l’aspersion de 


01 C ’ est la porte pour se présenter avec l’eau de la libation, trois fois par jour : une (fois) le matin , 
une seconde (fois ) à midi, une troisième le soir (Edfou, II, i3g, 7 ). Trois fois on y entre, à l’aube, 
à midi, et le soir (Edfou, II, i4i, 13 ). .. .Leurs âmes et leurs images sont baignées dans (cette) eau, 
trois fois chaque jour .. . (Edfou, II, i45, 3 ), etc. 

m Cf. plus haut. 


-( 108 )■ 


1 eau sainte, dans la combustion de l’encens. Que cet office intermédiaire soit 
placé, a Edfou, sur le même plan que les deux autres, montre à quel point 
était grande, dans la croyance, l’importance liturgique de ces deux actes. Non 
seulement ils étaient agréables a la divinité, non seulement ils étaient la plus 
grande des protections pour elle contre les puissances du mal, mais encore 
ils étaient par eux-mêmes un véritable et complet « sacrifice V. Eau et encens 
sont boisson et nourriture divines, en eux-mêmes : ils renouvellent l’effet de 
1 offrande alimentaire, et ils la suppléent. Voici les tâches détaillées que se 
proposait de remplir tout service de libation journalière à Edfou. La prière 
qui suit est commune aux trois moments du jour, en cette rédaction comme 
en toutes autres dans le temple. Mais ce passage „isolé dans une longue for- 
mule! 1 ), précise la nature d’un service de purification réduit à lui-même, 
comme était celui du milieu du jour : 

f 




□ m 

S © <z=» 
« J\ 




Je t’apporte le (mse-)wdhw qu’a enrichi (le Nil-)Hâpy ,. . . pour garnir V (autel) 
h;w-t de la Majesté de ta Personne (ki-k), pour remplir le (âassm-)mn-hr-nwn de 
ta demeure, pour glorifier ton temple avec les (rases-)hnm d’ (or -) nb et les (vases-) 
nmé-t (or-)dm, où tu [bois] : (pour que ) Tu (k’-k) sois puissant, ainsi que 
l Enneade qui te suit! (. . .) Je fais à ta Majesté la salutation, sous forme de « salut 
du (t'flse-)nms-t », trois fois par jour. Je purifie ta Majesté avec les (wses-)nmé-t 
(et) dsr-t , (pendant) les (cinq) jours épagomènes®, et de même aux fêtes des premiers 
(jours) de l An, avec tout le service de la Naissance divine. Je purifie ton sanctuaire 
et sanctifie ton temple avec lui, (ainsi que ) tous les chemins sur lesquels tu [passes]. 


0) Cette formule étfut probablement réservée aux purifications des services solennels au sanc- 
tuaire. 

W Littéralement : le(s) jour(s) qui sortant) en arrière (».e. : de l’année). 


A ■r-Sir-i,— 


0 


- « - * * »( 109 ) »<>•■ 

(Car) les mains d’Horus et de Thot sont derrière mai, avec (celles de) V Assemblée 
(divine) qui préside aux eaux ( primordiales ) ! W 


1-3. — ENTRÉE ET CONSÉCRATION DE L’EAU. PURIFICATION DES VASES SACRÉS. 

Il faut se représenter le service du milieu du jour comme un service tout 
semblable à celui de la purification matinale, mais réduit à elle seule. 

i° Les deux mêmes prêtres arrivaient du puits du temple, le «chapelain» 
portant la cruche hnyï sur l’épaule, le « grand (prêtre-)pur» derrière lui. 
Ils entraient au «cellier pur»; ils offraient les vases, ils les purifiaient par 
le sel de natron, et par l’encensement. 

2° Puis les deux officiants se rendaient à la «salle de l’autel»! 2 ), avec une 
aiguière ( hnm ), un vase à libation (kbhw), et l’encensoir allumé. Le «grand 
(prêtre-)pur» consacrait l’aiguière en présence de son maître (êkr-nf hnm m-b’h 
nbf), en face de la porte du sanctuaire! 3 ). 

3° On purifiait ensuite les vases sacrés. D’après l’ensemble des témoignages, 
on peut admettre que ces vases étaient, dans la « salle de l’autel», en temps 
ordinaire : un autel-piédestal bîm-t; un large bassin de cuivre sur piédestal 
mn-hr-nwn ; le petit dressoir en bois léger wdhw, ou "b 1 ,, qui contenait les 
trois vases à eau spêy, snb-t, et hnm ou nmê-t : le « chapelain» avait laissé ce 
dressoir en place, semble-t-il, depuis le matin. Pour purifier ces vases, on 
vidait l’eau qu’ils contenaient, et on la remplaçait par l’eau nouvelle fraî- 
chement tirée du puits du temple, qu’on venait de consacrer au dieu. 


cf. von Bergmann, H. I., II, pl. LVI et p. 3g-4o : . . Jn-i n ie wdhw hwd m H'py, . r shn hîm-tt 
hm h A r b h m n-hr-nwn npr-k, r é'i U-ntr-k « hnm-w n nb, nras-w-t n d'm,i[<m].k im-én, wsr IcU 
hn psd-l tmy w-ht-kl (...) Irt n hm-k nd-kr-k, m nd-hr-nmlt, sp hmt m hr-t-hrw. Twr-i hm-k n 
nms-w-t dsr-w-t, (m) hrwpr r hl, mit-t-iri m hb-w tpy-w-rnp.t, hn' irw nb n Méw-t-ntr. Sw’b'i g hmk 
Wr f ï'Xh - n £ wl : w ' t nb Md]nk hr.sn. '-wi Hr hn' Dhwly m-hti, m-'b dHU tp nwy! ” 

m Ed f 0U ’ n > l3 9> 9- Le prêtre faisait cette consécration dans la forme rituelle fréquente du 
«salut avec le (vase)W.<* (nd-hr m nmlt). C’était bien là la triple consécration journalière 
comme le précise le texte qui vient d’être traduit (Edfou, II, #3t, 11 ). 


110 ) +** — 

Pour l’autel-piédestal fow-tM, le temple d’Edfou possède deux scènes 
gravées, qui montrent le lavage de son calice fow® à deux moments diffé- 
rents : A) Le prêtre a retiré le calice de son piédestal. Il le tient de la main 
gauche par le manche, et frotte les bords, de la main droite. Légende : Lavage 
(w b) de l (autel-)h’w-t [.*...]. On jette à terre l'impureté qui s’y trouve®. B) Le 
prêtre, de la main droite, verse l’eau de lavage du calice à l’intérieur du pié- 
destal creux, et cette eau tombe à terre. Légende : Préparation de V (autel-) 

'b’M-t [ ], pour sortir vers la « salle de l’autel»®. De nombreuses scènes, 

par ailleurs, montrent un officiant versant une libation devant une divinité ®. 
Quand il n’y a pas de plateau d’offrandes posé sur l’autel hiw-t, c’est directe- 
ment dans le calice de l’autel que tombe l’eau versée par le vase kbhw. On 
conçoit donc facilement qu’à la fin de chaque service, aux trois moments du 
jour, l’eau des purifications restait dans le calice des autels. Au début du 
service suivant, on l’enlevait pour la remplacer par une libation nouvelle. Ce 
changement incessant de l’eau dans les autels semble avoir été tenu pour 
nécessaire à l’entretien de la pureté du temple. 

La «salle de l’autel » nous a conservé, dans l’un de ses tableaux, un exemple pré- 
cis de cette purification de midi, par l’encensement devant Horus, et la libation 
versée d’un vase kbhw dans le calice d’un autel hiw-t®. Voici le titre du tableau, 


(,) L’autel était démontable en deux parties : le piédestal creux (gnw), en cuivre ou argent 
battu, à pied large et col mince; le calice (hlw), fait du même métal, à bords évasés, et dont le 
manche s’ajustait au col du piédestal. Le caveau de Psousennès à Tanis a conservé un excellent 
exemple de cet autel, et du réchaud ’h dont on le couronnait, pour les sacrifices par le feu (Montet, 
Tanis, p. îao, fig. 33 ). 

« Cf. Wb. III, a a 5 , ii. 

(S) Edfou, pl. phot. 35 a ; texte : Edfou, I, h 71, 6. Cf. Jéquier, Matériaux. . ., B. I. F. A. O., 
XIX (1922), p. 245 , et n. 2, p. 248 . 

^ * Edfou, pL phot. 427 ; texte : Edfou, II, 2 7 3 , 16-1 7. Il s’agit d’un autel hlw-l conservé au 
«trésor» du temple, donc ne servant pas chaque jour (cf. plus haut). 

m Voir ’ P ar exemple, Edfou, pl. XLIV a : paroi est, 2 e reg., 2 0 tabl. ; paroi sud, 1" reg., etc. 

(,) Edfou, pl. XXXV c : paroi sud, côté est, 4 e reg., a* tabl. Ce tableau a été mis, par erreur 
du dessinateur moderne, à la place de son voisin, qui est en réalité le troisième : Edfou, I, 5 oo, 
note i . Le dessinateur ancien semble, de son côté, avoir commis une inexactitude, en représentant 
dans cette scène un plateau de pains d’offrande posé sur l’autel hlw-t. Rien, dans les légendes 
gravées, n’autorise à penser qu’il y ait eu là autre chose qu’un mtr-kbh simple, sans offrande 
d’aliments. 




— **( 111 )**— 

et la prière que disait le prêtre, quand il versait l’eau, et jetait l’encens sur le feu : 


Offrande de l’encensement et libation à Râ, à midi. Louange de sa Majesté, à voix 
haute : J’exalte ta beauté au « moment de Thot », ( pour que) tu prennes l’offrande 
qui est en mes mains : c’est la libation qui sort du « château de l’horizon», [à 
l’ouest {?)] et à l’est de l’Océan, ( pour que) ta Vie soit ( éternellement ) agréable 
par elle, (et pour que) tu te renouvelles en (dieu) jeune [ ]W. 

Ce moment où Râ était en balance, au zénith de sa course journalière, était 
une grande etape dans la vie éternelle du monde : son double « horizon » 
lui envoie l’eau divine à ce moment, par la main du prêtre. Cette eau n’est 
pas seulement répandue, sous forme d’aspersion, par le vase kbhw : ceci est 
réservé aux autels hiw-t, qui servaient aussi à d’autres usages. Mais encore, 
elle est versée plus abondamment, hors de la grande aiguière hnm, dans le 
bassin «toujours plein d’eau» (mn-hr-nwn) de la «salle de l’autel». Cette 
grande coupe de métal portée sur un pied unique, et que les dessinateurs 
anciens ne différencient guère de l’autel h’w-t, devait, comme son nom l’in- 
dique, ne jamais rester vide d’eau consacrée On remplaçait, à midi, ce que 
l’évaporation du jour lui avait fait perdre au cours de la matinée. Enfin, 
on garnissait jusqu’au bord tous les vases du dressoir, dans lesquels boit le dieu. 


4. — PURIFICATION DES IMAGES DIVINES. 

On prenait certainement soin, ensuite, de toutes les images divines qui, 
hors du sanctuaire, avaient droit au même entretien que le Maître du temple ®. 


^ ^ Edfou , I, 5 oo, 4 , 6-7 : Di sntr kbhw n R , m h y. Dwl hwf m kl tndw. Ski (*t) nfrw-k r nw n 
Th, ssp-k bw-nfr m ’-wi-i : kbhw pwy nw pr m h-t-lh-t m [imn-t (?)] ilb t h wld-wr, ndm-nh-k im-f, 
r(n)p-k m hwn [ ]. 

(,) Cette eau consacrée était le Noun lui-même, source de la purification divine pour Râ. 

(3) Cf. : Leurs âmes (kî*sn) (d’Horus et d’Hathor) et leurs images (skm-sn) sont baignées (b'h) dans 
(cette eau) trois fois [chaque jour], (et) de même [aux solennités (?)] où [V<m officie (?)], avec (celles) 
des dieux qui [les accompagnent (?)] (Edfou, II, 1 45 , 2 : texte cité plus haut). 


1 


— **( 112 ) *«-»•- 

C’est dire que chaque table d’offrandes placée devant le naos d’une divinité 
«parèdre» dans la «salle de l’Ennéade», recevait quelques gouttes de l’eau 
de libation, et que chaque «Ame divine», dans son tabernacle, prenait sa 
part de la fumée d’encens. Puis, malgré le manque de témoignages W, il faut 
voir, comme le matin, l’encens et la libation faire le tour du sanctuaire par 
le couloir smy^tj des chapelles, afin de protéger Horus et ses Compagnons 
divins. Enfin, nous savons que la purification journalière parcourait à midi 
aussi les deux grandes salles à colonnes du temple : l’inscription traduite 
plus haut en fait foi pour le pronaos Malheureusement, nous ignorons l’em- 
placement des statues divines, comme de toutes celles qu’à des titres divers 
on avait dû placer, à l’époque ptolémaïque, dans les’ grandes salles du temple 
d’Edfou : «salle de l’autel», «salle du couronnement», « vestibule» ( 3 ). 

5. — RÔLE DES IMAGES ROYALES. 

Il est pourtant une catégorie, parmi ces images, dont les bas-reliefs d’Edfou 
' garantissent la présence dans presque toutes les salles du temple. Ce sont 
les figures des rois, représentées au moment d’un acte de leur culte. Ce culte 
s’adresse tant au couple royal régnant qu’à ses ancêtres divinisés. Les tableaux 
sont souvent groupés l’un au dessus de l’autre sur plusieurs registres, ou 
bien se font face symétriquement sur deux parois. Il est également sûr 
que le couple régnant, les ancêtres royaux, et même certains membres de la 
famille royale divinisés par décrets spéciaux, possédaient des statues dans 
l’intérieur du temple proprement dit. Nous le savons par les actes officiels 
conservés^ datés des règnes de Ptolémée III Évergète, Ptolémée IV Philopator, 
et Ptolémée V Épiphane. Le temple d’Edfou, dont la reconstruction fut mise 
en route la dixième année d’Ëvergète (2 3 août 287), et dont la décoration 


(1) Ge manque de témoignages ne concerne que le culte journalier. Il existe au contraire de 
nombreuses attestations “Sur ce point, pour les services de fête. 

« Edfou, III, 355 , 7-8. 

(3) Les prêtres de tous ordres, tant « horaires » que permanents, joignaient vraisemblablement à 
leurs revenus sur le service du dieu ceux qu’ils possédaient comme prêtres funéraires {hm-w-kl). 
Ils desservaient, semble-t-il, en échange de ces revends, et probablement par la libation et l’ encense- 
ment du service journalier, des statues de particuliers placées dans les temples. 


— **{ 113 >•*— 

intérieure fut commencée sous Ptolémée IV, fut certainement doté des statues 
royales énoncées par ces décrets, et signalées par la présence des bas-reliefs. 

i° Les bas-reliefs d’Edfou représentent Philopator rendant les honneurs 
divins au couple royal formé par Philadelphe et Arsinoé II (1 >. Il est probable 
que, comme cela est attesté à Mendès et en d’autres temples égyptiens, la 
reine Arsinoé d’une part, et le couple royal de l’autre, ont possédé, dès la 
reprise du culte dans le temple d’Edfou reconstruit, des statues destinées 
à recevoir ces honneurs. 

2 0 L’année même où le travail de reconstruction du temple d’Edfou était com- 
mencé, venait d’être publié le décret de Ganope (an 9 de Ptolémée III Évergète, 
le 1 7 tÿbi). Il ordonnait de placer dans tous les temples égyptiens des deux pre- 
miers ordres la statue de la jeune Bérénice, fille du roi et de la reine, qui 
venait de mourir. L’exemplaire de Tanis précise, sur la nature de cette statue : 

Qu on dresse une statue de cette déesse (Bérénice ) , en or , incrustée de toutes pierres 
précieuses et quon la place «dans le temple M ». M 

Il s’agit donc, selon toute vraisemblance, d’une statue de bois recouverte 
d’une feuille d’or, et enrichie de pierres. Elle est destinée à être portée dans 
les processions par un prêtre de haut rang, qui tiendra dans ses bras (m hpt*f= 
êv tous àyx<x\ous) T non l’image elle-même, mais le naos où elle est enfermée. 

3 ° La preuve est donnée de la participation des statues royales au culte 
journalier par les décrets du synode du clergé d’Ëgypte, datés du i er paôphi, 


{l) Edfou , I, 46 , 1-10, pl. XII (2 e reg., 4 e tabl.) et pl. phot. 227. Edfou , I, 479, 8 à 48 o, 2, 
pl. XXXV a ( 3 e reg. ouest, 2 e tabl.), etc. 

C’est-à-dire : dans la maison même du dieu (dans les salles intérieures du temple), et non 
pas simplement dans un lieu quelconque du terrain sacré. C’est ce que. le texte grec appelle : 
«èv Tcot âylcoi » = «en lieu sacré», par opposition à «t 4 &Svtov» = «le sanctuaire» {èd~wr 4 , 
à Edfou) ou son voisinage immédiat : wsh-tpsd-t, quand il s’agit des prêtres qui peuvent y entrer. 

(3) Cf. texte égyptien : Brugsch, Thésaurus , 1570,841671,1; texte grec : Mahaffy, The Empire 
of the Ptolemies, p. 287, 1 . 3-5 : Mtwtw s'h* shm-nlr n ntr-t tn m nb, mh m nb sps , . . rdt tm-twf 
m pr-nft* = « 'ZvvTeXéaou S' avrfjs «ai lepàv âyaXya % t pv<jovv htâXidov. . «ai Ha#/Spw<rai èv tùûi 
âylai». 

Bibl . d’ Étude, t. XX. 


i5 



— »* ( 114 )«♦* — 

an 6 du règne de Ptolémée IV Philopator (novembre 2 1 7) h), et du 18 mekhir, 
an 9 du règne de Ptolémée V Ëpiphane (mars 196) ( a ). Les dispositions prises 
pour les images divines des deux rois dans tous les temples égyptiens du pays 
y sont d’abord identiques. Les voici, mises en regard les unes des autres, 
pour Philopator et pour Ëpiphane : 

A) 1. — Pithom : Il sera élevé une statue au roi Ptolémée Philopator . . . et 
aussi une statue à sa sœur Animé. . . dans les temples d’Égypte, et, dans chaque 
temple, à l’endroit le plus en vue du temple. Elles seront de style égyptien. Il sera 
élevé aussi une statue au dieu local dans le temple, érigée [près de la table d’offrandes 
à côté de laquelle est placée la statue du roi (*'], et lui présentant un glaive de victoire W. 




2. — Rosette : Qu’on élève une statue (é'h'hnty, zîkqv a) au roi Ptolémée Épi- 
phane. . . [en chaque temple (iepSi), au lieu le plus apparent ( êv rm èm<pci[vscrT<XT(M)t 
tottcah] ) W], et une statue (hnty) du dieu local (ntr bw), qui lui présente un glaive de 
victoire (rdi n-f hps n kn-t), conformément au décret rendu par les prêtres (< qui sont ) 
dans les temples W. 

B) 1. — Pithom : Les prêtres qui sont dans les temples feront le service des 
statues , trois [fois par ] jour ; placeront devant elles [les objets W] sacrés , et accom- 


(1) C’est la seconde stèle de Pithom ; Gautjhier-Sottas, Un décret trilingue en V honneur de Ptolémée IV 
(publications du Service des Antiquités de V Égypte, Le Caire 1926), et Spiegelrerg, Beitrâge zur 
Erklârung . . . (Sitzungsber . d. Bayer. Ak v 1926) : ce sont les résolutions prises par un synode 
de prêtres égyptiens réunis à Memphis, pour accueillir Ptolémée Philopator vainqueur â Raphia, 
à son retour d’Asie. 

{2) C’est la pierre de Rosette : synode général des prêtres égyptiens assemblés à Memphis, pour y 
célébrer une fête-Sed au bénéfice de Ptolémée Ëpiphane, quatre mois après son couronnement. 

(S) Le texte entre crochets est traduit d’après Spiegelberg. Le sens adopté par Sottas paraît, 
pour ce passage, moins vraisemblable. 

(4) Traduit d’après Sottas, Notes complémentaires sur le décret en U honneur de Ptolémée IV (Revue 
de V Égypte ancienne , I, 1927, p. 242 , version démotique). 

(5) Le texte entre crochets est traduit du grec. Le texte hiéroglyphique ne donne pas ce détail, 
mais le démotique le contient. 

(fl) L’ensemble est traduit du texte hiéroglyphique. Cf. Sethe* Urk II, 169-198. 

(7) Même remarque que note 8. 



115 )* 44 — 

pliront pour elles tout ce qui est convenable , de la même manière que pour tous les 
aîttres dieux , lors des fêtes, des [processions W], et les jours fixés W . 

9muynz-Œi:à,Hls+iî22s 

2. — Rosette : Que les prêtres ( qui sont ) dans tous les temples à son nom 
(w'b-w m rpw-pr-w nb hr rn-f ) fassent le service de ces statues (smé hnty ipn, 
BspaTTsvstv ràs eixôvas), trois fois par jour (m sp hmt m hr-t hrw, t pis t ris 
■fipèpas), et placent les ustensiles sacrés devant elles (hn' rdi (Jbh-w m-b;h-én, 
xai 'GfapaTtôévou ainais ispov xôtrpov), et accomplissent tous rites qui conviennent 
à leurs personnes (ir-én tp-rd nb twt n k;-én, x<xl .raXXa rà vopi^ôpeva 
ovvTeXéïv), comme on fait pour les dieux des provinces (mi ir n ntr-w sp-w-t, 
«a 6 à xai t ois ctXXots B sois) dans les fêtes des temples (m hb>w n gs-w-pr-w, 
sv[toïs sv TÎji kiyômwi (?) ■aocjvïf'yôpso’iv), et aux jours de procession, et aux 
jours éponymes (hn hrw n h', hn c y; hrw m rn-f ) ( 1 * 3 4 5 * 7 h 

Là cesse le parallélisme dans la disposition matérielle des paragraphes. 
Dans la stèle de Pithom apparaît, un peu plus loin, un seul détail caracté- 
ristique : 

[On célébrera des fêtes et des [ processions ] dans le temple et dans toute l’Égypte 
en l’honneur du roi Ptolémée. . . depuis le 10 pakhôn ,. . . et pendant cinq jours, 
chaque année ) ... On fera sortir processionnellement les naos des dieux Philopator, 
[ces jours-là ]. 

Dans la stèle de Rosette, au contraire, on prend des dispositions précises 
et nombreuses pour une seconde image divine d’Épiphane, destinée à être 
conservée dans un naos très somptueux : 


A'sL 


"1 ^ J * 

I S Î Î l , 


(1) Même remarque que page 11 4 , note 3. 
note 6 , page 1 1 4 . 


— (*) Voir la note 4 , page 1 14 . — ( 3> Voir la 


— - 4 » ( 116 )• § »•• 

Qu’on façonne une image protégée Ù) du Roi ( Ptolémée Épiphane) . . . (Mtw-tw 
ms é§mw-hw n néw-t-biti. . la statue et le saint naos étant d’or, incrustés de 
toutes pierres précieuses véritables (hnty tin' bd spé m d'm, mh m ';-t nb n m;‘; 
%6av6v ts xoù vaov %pv<jôi), dans tous les temples à son nom (m rî-w-pr-w nb hr 
rn-f ) ; quelle repose en lieu sacré avec les naos des dieux des provinces (htp m 
bw-dér hn' hd-w n ntr-w ép-w-t ; xal xadiSpvcrou èv rots àSvTOis psvà twv 
âXkwv votéov) ; et, quant aux jours des grandes fêtes, pendant lesquelles un dieu 
sort de son saint temple à date (fixée), qu’on fasse sortir en procession le saint naos 
du dieu Épiphane Euchariste avec eux (ir irf hrw hb-w wr-w pr ntr m kb( -t)-f 
spé r éw-f im-én, mtwtw éh‘ hd spé n «Ntr-pr, Nb-nfrw» hn' én). 

Tout à la fin de la stèle, un dernier détail précisede lieu où devait être placée 
la première statue : 

ï::ema;rtriiz::«----z?£fcmî¥i , 7SMTT 

rr.viiyi*-- 

Qu’on grave ce décret sur une stèle de pierre dure (Mtwtw ht éh;w pn hr 'h'w n 

'î*t rwd(-t)) et qu’on l’érige en tous sanctuaires et lieux saints à son nom, 

( qui sont ) dans les premier, deuxième et troisième (ordres), à côté de la statue du Roi 
(Ptolémée Épiphane Euchariste) (rdi 'h'-f m gé-w-pr-w, m rbw-pr-w nb hr rn-f, 
m mh-w', mh-snw, mh-hmt, r-gé hnty n néw-t-biti. . 

De cet ensemble, on peut tirer les conclusions suivantes sur le service jour- 
nalier royal, tel qu’il existait en fait à Edfou. Il y avait, pour chaque couple 
royal divinisé, deux sortes de statues dans le temple. Les premières étaient 
des statues placées à demeure, dans la partie antérieure de la maison divine ( 2) . 
Les stèles de pierre portant le texte du décret devaient être dressées à côté 
d’elles < (l) * 3 ). On imagine mal ces stèles, qui avaient besoin d’un jour suffisant 
pour être lues, dans les salles très obscures voisines du sanctuaire des temples. 


(l) Ssmw-hœ, c’est-à-dire l’ensemble formé par un naos portatif et la statue qu’il contient et 
protège. Cf. Wb., III, 2 45 , 9, et IV, 291, 16. 

(S) Cette partie antérieure et bien éclairée de la maison divine proprement dite semble désigner 
une des salles hypostyles : pronaos , ou « salle du couronnement». 

w C’est la pierre de Rosette qui précise le mieux : la statue hnty doit être élevée au lieu le 
plus apparent du temple , et la stèle «à côté d’elle» (r-gs hnty). 


-■« ■» !> * ( 117 )•€ I » » » 

Si l’expression m wéfi-t — dans une (salle) large, donnée par un des exemplaires 
du «deuxième décret de Memphis» trouvés à Philae, correspond bien à au 
lieu le plus apparent des autres versions, ce serait là un meilleur indice encore 
de l’endroit réel où se trouvaient les statues W. 

Il ne semble pas que ces «images» aient pu être des bas-reliefs, comme 
certains égyptologues l’ont pensé. Le texte du « premier décret de Memphis», 
le plus récemment étudié, nous parle de la table d’offrandes placée à 
côté d’elles : or c’est toujours à côté de véritables statues qu’on disposait 
des tables d’offrandes. Ces images du roi et de la reine divinisés étaient 
probablement en bois doré, ainsi que la statue d’Uorus qui, à Edfou, leur 
présentait le «glaive de victoire». Peut-être n’étaient-elles pas contenues 
dans des naos, quand elles reposaient à leur place habituelle, dans le temple. 
Mais elles étaient de taille assez faible et de poids assez léger pour qu’un 
prêtre «naophore» puisse les y enfermer, les jours de fête, et les porter ainsi 
«dans ses bras » , pendant la procession ( 3 h 

Il existe au temple d’Edfoü un tableau gravé dans la salle hypostyle (wéh-t- 
E), qui rappelle, par certains aspects, la description des statues royales dans 
les deux décrets de Memphis W. Ptolémée IV Philopator et Arsinoé sont assis 
sur leurs trônes, tenant les sceptres divins. Le roi, comme c’est l’habitude 


(l) Cf. A. Baillet, Le décret de Memphis (Biblioth. égyptol., XV, p.‘ 33 g, 1 . 1-4). Le deuxième 
décret de Memphis est celui de la pierre de Rosette , par opposition au premier décret de Memphis, qui 
est celui de la seconde stèle de Pithom . 

(î) Cf. le décret de Canope : Brügsch, Thésaurus , 1671, 4 (hr hp 4 -f). Les dimensions les plus 
fréquentes pour ce genre de statues étaient d’environ une coudée royale égyptienne en hauteur 
(o m. 5 q 5 ). 

(3) Elles étaient, semble-t-il, de la catégorie des statues royales de million données, attestées 
depuis longtemps dans les temples. C’étaient des images du roi debout, la canne en main, 
semblables à celles des chambres funéraires (cf. par exemple, Carter-Mace, The tomb of Tut-anhh - 
amen , I, pl. XLI), et qu’on portait dans les processions. Voir par exemple, la statue de Thout- 
mosis III, placée dans le temple de Ptah 4 Kamak, et munie par lui de revenus sur les offrandes 
pu lieu s'aint (Sethe, Urk., IV, 768, 1. i 5 ). C’étaient les prêtres réguliers* temporaires (wnw-t) 
qui en prenaient soin (ïbid., 1 . 18). De même, à Edfou, ces mêmes prêtres font la purification 
trois fois par jour, au pronaos et dans la a salle du couronnement» : ils y rendent ainsi le culte 
aux statues royales. 

w Edfou, II, 4 o, i-12 et pl. XL b (parof ouest) , 2 e reg., 4 e tabl. (au-dessus de la porte de 
V « officiné ») . 

Bibl. d’ Etude, t. XX. 16 


à Edfou dans ce genre de scène, porte à la fois le « pschent» d’Égypte, et cet 
ifxdtnop à bordure crénelée, dont Lefebvre a relevé de nombreux exemples 
aux bas-reliefs du tombeau de Petosiris, près d’Hermopolis. Là, c’est le 
grand administrateur du clergé de Thot qui le porte lui-même, ainsi que 
ses parents, et ses' intendants <*). A Edfou, debout devant ce roi en costume 
grec, le dieu Montou présente le « glaive de victoire» (bps n kn-t). Le tableau 
fait partie d’un ensemble, triple. Au-dessus, c’est le roi régnant Philopator 
qui sert les images de deux couples royaux : ses parents, et ses grands-parents. 
Montou, tenu à Edfou pour une forme secondaire d’Horus-Râ, est substitué 
au «dieu local dans le temple» : c’est la seule divergence notable avec les 
prescriptions de l’édit de l’an 6 de Philopator. Tl peut exister un rapport 
entre la présence d’un tel tableau et l’exécution du décret. Peut-être était-il 
destiné à rappeler, sous une forme plus durable encore, l’existence des trois 
statues de culte : celles du couple royal et celle du dieu, vraisemblablement 
dressées quelque part dans cette salle même, à côté de la stèle ( 1 2 >. 

En tous cas on affirme, aussi bien pour les images de Philopator que pour 
celles d’Épiphane, que devant ce groupe de statues, munies de leurs tables 
d’offrandes, se faisait le passage du service journalier de l’encensement et 
libation, trois fois par jour. Ce service s’effectuait pour elles, selon les 
prescriptions des offices de fête, « de la même manière que pour les autres 
dieux» : les images divines des rois étaient assimilées «aux dieux des 


(1) Cf. Lefebvre, Le tombeau de Petosiris , I, p. 34 - 35 , et III, pL VIII (i er , 2% 3 e registres), XII 
(i er registre, à gauche), XXXVII (i er registre), L (i er registre). Pour le temple d’Edfou, cf. pl. 
phot. CCXV, CCXVI, CCCLXV. Plusieurs autres représentations du roi revêtu de Viftârtov n’ont 
pas été reproduites aux planches photographiques de l’édition Chassinat. L’examen des détails 
de gravure, au temple d’Edfou, porte à croire qu’il s’agit d’un tissu de laine assez épais pour 
se tenir raide au-dessus de l’épaule gauche, et pour tomber jusqu’aux chevilles sans qu’aucun 
pli ne soit indiqué. L’effet de bordure crénelée semble dû à une frange dure, taillée ou inter- 
rompue à intervalles égaux. L’usage de figurer le roi régnant portant Vipartov n’est plus suivi 
dans les parties les plus récentes de la décoration murale du temple.- 

w La mise en place de ces statues n’est pas édictée au premier décret de Memphis (Philopator). 
Mais précisément la fin manque, et c’est là que le texte parallèle de la pierre de Rosette a conservé 
cette prescription d’Épiphane. Le même ensemble de trois tableaux existe (pl. XL VU, 9 e , 3 e , 
4 e reg., 4 e * tableaux), à la même place, sur la paroi ouest du pronaos (1 hnty ), décoré sous Ptolé- 
mée VII Évergète II. Les images royales ont donc pu se trouver aussi dans le pronaos , quand 
celui-ci fut achevé. 


provinces», c’est-à-dire aux divinités « parèdres»Üe chaque temple important 
d’Égypte. 

Ce qui est dit, dans les décrets, sur les objets sacrés (dbh-w) qu’on plaçait 
devant elles, s’applique, non au service journalier, mais aux jours de service 
solennel (, hb-w ) et de procession (hrw ni}). Ces jours-là, des offrandes étaient 
réellement déposées sur leurs tables. Mais chaque jour, il n’y a pas lieu de 
supposer pour elles un autre traitement que pour tous les « parèdres ». La 
libation et l’encensement seuls leur étaient offerts : c’est ce que met bien en 
évidence le service de midi, au cours duquel on n’introduisait pas d’alffiients 
au temple. 

Une autre sorte d’images était dédiée aux couples royaux divinisés : c’était, 
pour le roi et la reine, à chacun un naos portatif, contenant leurs statues de 
bois h). L’ensemble est désigné, sur la «pierre de Rosette», par l’expression 
technique ésmw-hvo : image protégée, qui n’a pas d’équivalence en grec W. 
Aussitôt après, la version hiéroglyphique précise qu’il s’agit d’une (statue-) 
hnty et d’un (naos-) Ad, c’est-à-dire d’un petit tabernacle en bois. Le texte 
grec traduit par : % 6 <x,vov (statue de bois), et par le terme général : vaos. 
Seul, le décret du synode de 196 s’étend longuement sur ce ésmw-bw d’Ëpi- 
phane. Il devra être déposé en lieu sacré (m bw dér). Le texte grec porte : 
« èv t ois àSvTOis » : dans les sanctuaires, avec les naos des dieux des provinces. 
Ces tabernacles étaient donc placés, très vraisemblablement, dans la « salle 
de l’Ennéade», à Edfou. Ils étaient tout semblables à ceux des dieux «pa- 
rèdres», puisqu’il fallait, comme la suite du texte l’indique, fixer à leur partie 
supérieure la couronne royale et l’un des blasons royaux, afin de pouvoir 
les distinguer des tabernacles des dieux. Chaque fois que ces derniers sortaient 
en procession, ils le faisaient également. Bien que la « pierre de Rosette» ne 
le précise pas une seconde fois pour eux, ils recevaient certainement le même 
culte journalier que tous les naos de la « salle de l’Ennéade». 


(1 > Le décret de Philopator mentionne ces deux naos du couple royal. Le roi vient, en effet, 
en novembre 217, d’épouser sa sœur Arsinoé. Au contraire, et bien naturellement, le décret 
cf’Épiphane ne dispose que de celui du roi, puisque celui-ci ne devait célébrer son mariage que 
quatre ans après la publication du document, en 193-192 (à l’âge de seize ans). 

(,) On trouve cependant, dans Callistratos de Délos, la traduction approximative : sUùv 
Teâvpcofxévtj. 


— | «( 120 )« € ■!■ * -*— 

Telle était la part journalière du culte royal dans le service divin ordinaire 
au temple d’Edfou (1) . Cette part était d’autant plus importante que le service 
rendu aux dieux mêmes était plus court. C’était bien le cas pendant le service 
de midi : à ce moment seul du jour, rien ne faisait s’attarder les prêtres à la 
«salle de l’autel». Au contraire, le nombre des images divines qui devaient 
recevoir la libation et l’encens était toujours semblable. Parmi elles, les naos 
royaux placés dans l’antichambre du sanctuaire, les statues royales dressées 
dans la salle hypostyle et le pronaos, occupaient une place non négligeable 
dans l’ensemble dont les prêtres devaient prendre soin. 

Le trajet suivi par ces derniers les ramenait certainement, comme le matin, 
à^a «sacristie de l’eau», ou «cellier pur». Ils j déposaient l’encensoir et 
le vase à libation; ils y rapportaient l’aiguière vide. C’était l’heure où Horus- 
Râ, le maître du temple, plane en souverain au centre du ciel d’Edfou. Laissant 
les salles dans la pénombre et le silence, les prêtres sortaient, jusqu’à l’heure 
du troisième service. 


{,) Il est probable que cette part était plus grande encore, au cours dés services solennels, et 
des fêtes à procession. Les manifestations du culte royal s’étendaient alors à d’autres parties du 
temple que les « (salles-)larges » centrales. Ainsi des prières et des rites particuliers s’adressaient 
probablement aux couples royaux divinisés dans le sanctuaire lui-même , si l’on en juge par les 
bas-reliefs qu’il contient. Le roi régnant Philopator s’y acquitte de son pieux devoir en sacrifiant 
à ses ancêtres. En retour, Thot inscrit pour lui et la Reine Àrsinoé les « noms royaux d’éternité». 
Horus fils d’Isis et d’Osiris leur tend l’acte d’héritage légitime, qui leur confère la royauté uni- 
verselle. 


N 


N 


CHAPITRE IV. 


LE SERVICE JOURNALIER DU SOIR. 

Notre connaissance de ce troisième service de chaque jour est aussi limitée 
que celle du service de midi. Cependant, la preuve de son existence est donnée 
d’abord par les multiplet témoignages du triple service de la libation. Elle 
nous est apportée d’autre part, pour les offrandes d’aliments, par la règle 
gravée au montant nord de la porte est du mur d’enceinte : Règle pour présen- 
ter tous aliments dans [les enceintes (?)] du temple, [ afin de] faire offrande au moment 
du soir ( m tr n rwh’,) W. Le service du soir se faisait certainement, d’après ces 
deux sources, avec le même cérémonial que celui du matin. Il lui ressemblait, 
du fait même qu’il combinait service de purification, et introduction d'offrandes. 
Il était, d’un autre côté, beaucoup moins important, car il ne comportait 
pas d’office au sanctuaire. On peut se représenter ainsi ses phases successives 
les plus caractéristiques : 

i° Les deux prêtres chargés d’apporter l’aiguière d’eau fraîche arrivaient 
au «cellier pur», comme le matin et à midi. Ils préparaient la libation et 
l’encensement, selon les mêmes règles. 

2° Bien avant déjà, aux ateliers du temple, les offrandes du soir étaient 
préparées. Les gâteaux de farine cuits pendant la matinée, les jarres de bière 
brassée du jour, étaient enregistrés par les comptables du bureau, comme 
ils le faisaient le matin. L'observateur [p] îmî-wnw t) avertissait de l’heure, et 
l’on déposait les aliments de la communauté sur les plateaux. Au centre, les 


(l) Cf. Edfou, I, 346, îo à 347,5. Le document a déjà été traduit et étudié plus haut. Voir 
encore ie titre significatif du bandeau de soubassement de la même porte : Porte d y introduction 
de l'Offrande divine au « Château-d’Horus-victorieux », matin et soir, pour (?) [ les Maîtres (?)] du « châ- 
teau du dieu» (Sbi n shp htp-ntr r H-t Hr-nht, m d-tf h-tf, n (?) [nb-w (?)] h t-ntr) : Edfou, VI, 
34g, i4. 


— w< 122 )*+— 

légumes, les fruits, les jarres de bière, de lait et de vin; autour, les pains 
d’offrande. Il n’est pas question, le soir, d’abattre une nouvelle bête de 
sacrifice : toute la viande de boucherie était, semble-t-il, présentée le matin, 
et répartie après le service, pour toute la journée. Avant l’arrivée du cré- 
puscule, la même procession des porteurs se formait. On encensait l’offrande, 
on entrait au temple, on disposait les plateaux sur les tables d’autel. 

3° L’aiguière (wd, ou hnm ) était apportée devant les aliments. On purifiait 
par l’eau et l’encens, comme le matin, au centre de la «salle de l’autel», 4 . 
et on consacrait les offrandes. Puis le service de la libation passait dans- tout 
le temple. Pour la troisième fois depuis le début du jour, les salles, les naos, 
les statues recevaient le culte. Par son intermédiaire, les hôtes divins d’Horus 
prenaient leur part des dons apportés au maître d’Edfou. 

Il existe, dans la « salle de l’autel», deux formules particulières au service 
du soir. Elles accompagnent un encensement et une libation d’eau. Il s’agit 
là, selon toute vraisemblance, de la purification des offrandes introduites le 
soir au temple (') : 

i . Adoration de Râ quand il se couche dans l'occident, jusqu à ce quil «ouvre la 

sphère » W, (en sortant) du << coffre de Nout» : « [ ] le Noun, (quand tes (?)) 

rayons sont détournés de la terre . Que les divinités du monde inférieur soient saisies de 
joie , (quand) tu te poses sur ton trône de Mjnw, en V horizon occidental du ciel!» ( 1 * 3 ) 



(1) Cf. Edfou , pl. XXXV b : paroi ouest, 4* reg., 2 e et 3 e tabl. Ces deux scènes complètent le 
• dispositif du 4 e registre de la « salle de l’autel» : à l’est, purification matinale (voir plus haut) ; 
au sud, purification de midi (ibid.); à l’ouest, purification du soir. 

(,) C’est-à-dire : jusqu’à ce qu’il se lève (en parlant du soleil). L’expression wbînhp-t est 
liée au symbolisme du soleil levant comparé au scarabée sacré, qui naît en ouvrant la sphère 
d’ordure dont sa larve s’est nourrie. A Edfou, le disque solaire ailé Çpy) est également sca- 
rabée ailé : il naît de la sphère modelée (nhp) sur le tour à potier. Cf. Wb., II, 294 , i3, 
et Edfou, I, i4, ligne i5 du «chant du matin*; i5, 1. 3o ; 16 , 1. 45; 17 , 1. i'5 et 3o‘; 
18 , 1 . 45 ; Edfou , I, a 3 1 , 1 5 ; 48 1 , 17 , etc. 

Edfou, I, 48 1 , 1 7 à 482 , 3 : Dwl R' htpf m nà-f, r wblfnhp-t m hnn Nw-t : [ ] Nwn, 

mlw-w-t[-k) (?), sri-sn m tî. Wd-tw irnlw Di-t m If, htp-k hr s-i-k n Mlnw, m lh-t imnt-t n p-t . 




— »*■*{ 123 )» *y ■ 

ÏÆDasSfcXWM’SZTiî 

2 . Libation et encensement à « son» O père Atoum. Adoration de son âme (k;), 
( 1 quand ) il se couche ( dans ) l’occident : «Voici ta libation, ô Atoum d’ Héliopolis : (c’est 
celle) qui est dans les deux seins de ta mère Nout. Entre'en son corps, deviens l’enfant 
qui se forme (?) dans l’eau [qui est) en son corps. O «(dieu) uni», unis-( toi) à 
ta mère! Attache ton beau visage sur moi!»® 

4° Le sanctuaire é-t-wr-t, cela semble certain, ne recevait pas le culte une 
seconde fois chaque jour ( S L Les offrandes du soir n 'étaient-elles donc pré- 
sentées au Maître du temple qu’en la seule «salle de l’autel»? Il existe aux 
montants de la porte de la chapelle intérieure du « trône de Râ» (né-t-R ( ) ® 
deux textes qui peuvent fournir sur ce point une indication : 

*m^tm(VS1tZS3-tT-»'-)Âil*T1fZ+i=iS-é 

- :Vîni1i,T — 

M S (T = *L> r5">] T A 3 ! £ S Tr. 


^ Littéralement : Don de hbation et encensement [par le rot) à son père Atoum . 

Edfou, I, 482 , 9 - 1 3 : Di kbh-sntr n %tf 3 Itm, dw> kîf htpf (m) 'nk-t : Kbh - w-k un, 3 Itm nb 
Hr w’t, tmi-w mni-wt n mw't'k Nw-t . *bk m h-t-s, kpr-k m hrd kd sw (?) m mw m h-t-s : Sljnw, 
shn-k mw-t-kl 7s n-i hr-k nfr ! Pour la lecture : Nw-t , cf. Wb., II, 21 3, io. 

(3) Le sanctuaire restait fermé depuis la fin du service journalier matinal jusqu’au matin du jour 
suivant. Il devenait, au soir, le lieu de repos du «Disque-ailé divin» sur terre, tandis que l’«Àme» 
du dieu continuait sa course dans l’autre monde. Il ne pouvait y avoir un service, qui était toujours 
un eveil de la divinité, au moment même où le dieu commençait son sommeil nocturne dans s-t-wr-t. 
C est l’entrée du dieu, fatigué de sa course diurne, et qui replie ses ailes lumineuses pour dormir 
dans le sanctuaire, que représente la scène centrale au-dessus de la porte, au 3 e registre sud de 
é-t-wr-t [Edfou, pl. XIII a; pl. phot. 282 ) : C'est le Disque-ailé qui plonge dans la nuit ; c'est Râ 
qui prend possession de sa terre et de sa résidence qu'il aime . Elle est son « grand siège » sur la terre, pour y 
dormir jusqu' au lever [du pur) [Edfou, I, 35, 3-4). Les divinités primordiales l’adorent; les Puis- 
sances de l’occident et de l’orient l’acclament; l’Éternité le reçoit sur ses mains tendues; le 
roi d’Égypte, son héritier sur terre, l’adore quand il se couche dans la Montagne de l’ouest, 
disant : Viens en paix vers ta résidence : c'est [Edfou-)Bhi-t où tu dors chaque jour! [Edfou, I, 35 , 1 4). 

(4) Cf. Edfou, pl. I, «L» (plan général du temple). 



* 


--•* > »( 124 ) 



A) La troisième chapelle à l’est de (la chapelle. centrale-) Ms'n(-t), (c’est) le « lieu 
d’où monte l’Ame de Râ vers le ciel», c’est le «palais d ! Harakhthès», depuis la 
création et l’origine de la terre. L’Ennéade d’Edfo-u est en ce lieu, en compagnie de 

dieux sans nombre W : Les «prophètes» passent (devant ce lieu, é>t tu), 

quand (le Dieu d’Edfou-) Btidtî s’est éloigné de (son) palais, au moment de la 
« révélation de la Face (divine) » au sanctuaire. (Mais) depuis le soir, sans cesse 
pendant les douze (?) heures de la nuit, les aliments (qui sont) en leurs mains (sont) 
pour être placés devant eux (= les dieux de l’Ennéade). (Quand) l’autel est garni 
[par devant eux (•én=pêd4), le dieu d’Edfou (?) se réjouit (?)] des mets (d’of- 
frande) : (quant aux) dieux et déesses qui sont en sa suite, ils prennent (?) les mets 
(d’offrande) avec lui W. 


i s 1 "" j ; t “ : r + ^ : s : i : ; : i > t : a = s 1 1 = - 

in> t Vi T* - v I * . J= r A II,' JL f rn ( V' ‘ il ZZ ^ 

i7---owï:~n*-z:na:rrîT=é~?Ti:tnSfSx 


B)' Le palais vénérable du circuit (qui est) dans Bhd-t, du côté oriental du 
Château du Faucon, c’est le « trône où trône le Vengeur de son père». Son (nom) 
sacré, c’est « le trône d’Horus» : en lui Râ monte au ciel, en sa forme de Faucon 
divin. Quand sa Majesté se lève dans l’horizon oriental, en (sa nature de) « (dieu) 
d’Edfou-au-plumage-moucheté», de grand et vénérable Disque-ailé d’or en tête de 
tous les dieux, il monte au ciel dans ce lieu : c’est en lui qu’il s’élève jusqu’à 
l’horizon d’ (Har)akhthès ! Les dieux d’ (Edfou-)M”A-]\r sont en lui, avec une 

Ennéade sans nombre W : ( ). L’autel qui est en cette place (-s = s-t tn) est 

lieu de dépôt d’offrandes. Les (prêtres-)' k placent devant eux (= les dieux) des mets 
( d’offrande ). Ils seront en face des divinités (en) (?) leurs naos, en toutes nuits 


i 1 ) Ici se place l’énumération des noms de ces divinités du «trône de Râ>>. 

(a) Edfou, I, 282, 1 0-1 5 : Sh hmOnw tî-wr n Msn(>t), s>t pr Bî-n-R ' rp*t, 'h pw n Hr-lhtt , m sp 

tpy dr p \4 t\. Péd-t Msn('t) hnt é t tn, m-b ntr-w tm îbw-sn : hm-w-ntr, hr hr s(w) r 'h 

Bhdtt, r wn-hr Ndm-nh> Dr hlwy, nn hpr îbvu m wnw-t 1 2 (?) n grh, dfî-wm *• sn r rdt Ar-s(n). Htp 
shtp[m-bîh-sn (?), hnts (?) Bhdti (?)] hrih-t; nir-w ntr(-iv-)t wn m-htf, ssp (?)-sn ihd hnf \ 

Voir note 6 à la page précédente. 



*t t * ( 125 

qui viendront, et le divin Disque-ailé prendra (?) les mets ( d’offrande ) (qui sont) 
en cette salle, en compagnie des dieux qui (y) sont avec lui W. 

Comme il arrive trop souvent dans les textes des montants de portes, les 
passages caractéristiques sont conçus sous une forme très concise. Si les 
« prophètes » «passent» (éwi), c’est certainement devant la porte fermée 
de la chapelle (il n’est question que de cette dernière dans tout le passage), 
et c’est probablement sans y entrer W. Le «palais» ('h), mentionné aussitôt 
après, ne peut être que cette même chapelle né-t-R ' : elle est désignée ailleurs 
par ce même terme, dans les deux inscriptions. Quant à Ndm-'nh, c’est, dans 
tous les textes d’Edfou, aussi bien é-t-wr-t, le sanctuaire central, que Mên(-t), 
la chapelle-sanctuaire du fond du temple. Or il est certain qu’on ne révèle pas 
la Face d'ans Mén(-t), mais bien dans é-t-wr-t, en service journalier W. Il s’agit 
donc, dans notre passage, -du moment où s’effectue l’office du matin au sanc- 
tuaire. L’allusion semble être un témoignage du passage de la purification 
matinale dans le couloir qui fait le tour de*ce sanctuaire W. Les prêtres qui 
portent l’eau et l’encens n’entrent pas dans les chapelles. En particulier, le 
« trône de Râ» ne reçoit pas leur visite, et la raison dogmatique en est donnée : 
c’est que l’Ame de Râ a. déjà quitté chaque jour, à cet instant-là, son « palais». 
La présence réelle du dieu se porte, dès l’entrée de l’officiant au sanctuaire, 
dans le lieu où il commence à recevoir le culte. 


Chaque soir, au contraire, les deux textes nous affirment, à peu près dans 
les mêmes termes, qu’on dépose des offrandes au « trône de Râ». Le premier 
témoignage n’est pas aussi net sur ce point que le second, bien qu’il apporte 



(1) Edfou, I f a83, 4-g : h sps n phr m Bhd-t, r-gs Blh n h-t-Bik, wts-t pw n wts « Nd-tl-f », 
ntri-s r Wls-t-Hr : wts : R' r p-tm-hnt-s m hpræ-f n Bik-ntri. Wbn hmf m ‘h-t ilb(-t) m Bhdti slh-sœ-t, 
m ' py-wr sps nktm-t, m hi-t n ntr-w nb-w, wlsf r p-tm-hnt s-ttn, hyfih-t Uity m-hnl-L Ntr-w M’A-t-Hr, 

wn-sn m-hnt-s, hn' psd-t tm lhw-sn ; Htp m hn-t-s m s-t w l h ih-t ; rdi 'k w xh-t hr-sn, wnn-t 

hrhr ntr-w(m) hd-sn, m wslw nb hpr-sn; ssp (?) 'py-ntri ih-t-ntr m-hnt-s, m-b ntr-w wn hn-f. 

m L’expression : « les prophètes » semble désigner les seuls prêtres de haut rang qui avaient 
accès au couloir smy(-t), autour du sanctuaire. 

(S) Sinon, on n’emploierait pas le verbe iw , qui implique l’absence d’arrêt dans un dépla- 
cement. 

(4> Cf. plus haut. 

l!) Les textes désignent généralement ce couloir par le terme : hny(-t) . mais aussi par celui 
de : phr(-t), comme celui qui entoure le temple entier. 


— -**( 126 )*m — 

quelques détails supplémentaires. L’expression sans cesse (m hpr >,bw) ne peut 
impliquer ici une permanence dans l’introduction des offrandes à la chapelle'. 
Tous les témoignages concordent, à Edfou, sur l’absence de tout acte de culte 
adressé à Horus-Râ pendant la nuit, en service journalier. A la nuit close, 
les portes du temple étaient fermées; on les ouvrait le lendemain, à l’aube. 

Il s’agit ici de la permanence des offrandes devant le dieu pendant toute la 
nuit. C’est ce qu’exprime plus sûrement le texte B par : Elles seront en face 
des divinités (en) (?) leurs naos, chaque nuit W. 

Il est permis, après examen de ces deux textes, de penser qu’ils nous 
apportent la preuve d’un détail de culte, spécial peut-être à la liturgie 
d’Edfou W. II y avait, à Edfou, une seconde introduction du plateau 
d’offrandes, chaque jour, en présence du dieu. Mais cette présentation n’avait 
pas lieu, bien entendu, au grand sanctuaire ê-t-vor-t. Elle était faite, après 
l’entrée des offrandes du soir au temple, dans la petite chapelle de Râ placée 
à l’orient de sa demeure. Le. plateau d’offrandes était laissé toute la nuit ' 
dans cette chapelle, semble-t-il, et aussi le jour suivant, puisque les prêtres 
n’entraient pas, le matin, au «trône de Râ». On ne le changeait donc que 
le soir de chaque jour. Il contenait probablement des « pains de proposition» 
semblables à ceux qui séjournaient au grand sanctuaire depuis chaque office 
matinal jusqu’au suivant. Il y a au moins deux prêtres Çk-w est au pluriel) 
désignés pour introduire les «aliments» ( df’-w ) en présence d’Horus et de 
ses «parèdres», le soir, dans la chapelle de Râ. II est possible que les desser- 
vants chargés du service de la purification du soir aient été également ceux 
qui devaient placer les offrandes sur la table d’autel du « trône de Râ». Par 
ailleurs, rien ne nous indique qu’un office véritable, analogue à celui du matin 


(l) Le chiffre indiqué pour les heures de nuit résulte d’une correction nécessaire.- Le nom de 
nombre mi — io 5< qui existe, suivi d’un -t de terminaison féminine, sur le document copié par 

Rochemonteix, est en réalité toujours masculin (cf. Erman, Neuaegyptische Grammatik (19 3 3 ), 
p. 111 (§ 2 44 , remarque 2), et ne reçoit pas, en néo-égyptien, de terminaison Apurement 
orthographique. L’erreur de graveur, par copfusion entre • t et le chiffre 2, est au contraire épi- 
graphiquement possible. Par ailleurs, dix heures de nuit ne forment pas la nuit entière, et ce 
n’est qu’à la fin de la douzième que les aliments pouvaient cesser d’être exposés devant le dieu. 

Rien de semblable, par exemple, ne se trouve aux inscriptions de la chapelle du « trône de 
Râ» (ns-t-R') de Dendéra (Chàssinat, Dendéra, IV, 1 - 32 ), qui cependant répond à une conception 
dogmatique parallèle à celle d’Edfou. 


— *»•( 127 — 

au sanctuaire du centre, ait eu lieu le soir à la chapelle de Râ : il n’y avait 
rien d’autre, semble-t-il, que le dépôt des offrandes, renouvelées chaque jour. 
Nous ignorons tout aussi de la simple formule qui, selon l’usage constant, 
devait accompagner la présentation du plateau, avant que celui-ci ne soit 
abandonné pour la nuit devant la divinité^. 

Matériellement, il n’était pas possible (de même que le matin au sanctuaire 
central) d’accomplir même le très simple service dont il est question à la 
chapelle de Râ, sans y avoir une source de lumière. Ce lieu saint était en effet 
complètement obscur. Il convient donc de supposer que les prêtres de service 
pour l’offrande du soir y apportaient ou y allumaient un cierge ou une lampe. 
En plus de l’autel qui recevait le plateau des pains, les seuls objets sacrés 
dont on fasse mention dans l’intérieur de la chapelle né-t-R" sont les naos 
des divinités. Ils ne pouvaient être que de petite taille, dans cette salle carrée 
de 4 m. 20 de côté II y avait nécessairement, en leur centre, un naos de 
Râ-Harakhthès. Les autres étaient ceux des dieux « parèdres», tels qu’ils sont 
représentés sur les tableaux gravés aux parois de la chapelle ( (l) * 3 h 

Comme il arrive souvent, les représentations de la chapelle du « trône de 
Râ» concernent le fondement dogmatique du culte rendu dans ce lieu, et 


(I) Aucune ailusion n’est faite, dans les textes de la porte ou des parois de la chapelle ns-t-R 
à l’usage de cette dernière pour le eulte journalier, en dehors des textes des montants que nous 
venons de traduire. 

(S) Cf. Edfou , VII, i 5 , 1-2 : mh-sn hft (nn) m hlw-sn = leurs mesures font pendant à {celles des 
salles) voisines , c’est-à-dire {Edfou, VII, 1 4 , 2) : ij dmmh hmmv = leurs quatre {côtés) sont de 8 coudées 
{de 0 m. 52 5 ). 

{3) C’est ce que précise le texte le plus complet parmi ceux des bandeaux extérieurs du temple : 
S-t-hb-tpy , tpf hr-s r rsy : [m n[r-w Pr-nsr (?)] ss m irw n &-t-hb-tpy ; si hr[-s r mhw , m ntr-w (?)] 
Pr-nw. Shm'én m ps.lt n sp4 tn {Edfou, VII, 1 4 , 4 - 5 ) = {Il y a la salle du) « Lieu de la Première 
Fête », dont le début, sur elle (=*= sur sa paroi), est au sud : [ce sont les dieux de Pr-nsr (?)], dessinés 
en {leurs) formes du « Lieu de la Première Fête» ; dont la fin, sur [elle, est au nord : ce sont les dieux (?)] 
de Pr-nw. Leurs images sont {celles) de VEnnéade de cette province {d’Edfou). Cette description concorde 
avec les tableaux'des parois sud et nord de la chapelle. Voir les scènes concernant Pr-nsr : Edfou , 
I, 293-294, 295-296 ; 297-298, et les scènes concernant Pr-nw : Edfou, I, 286-287 î 288-289 ; 
291-292. Cf. aussi : Edfou, pl. XXIX a-b ; Edfou, pi. phot. 32 2 {Pr-nsr) ; Edfou , pl. phot. 319- 
320 {Pr-nw). Théologiquement, la chapelle de Râ, à Edfou,, était son lieu de renouvellement 
journalier par le rite royal et divin à la fois de la fête-Sed, selon les doctrines de Bouto et d’Hermo- 
polis. 




■ ■ ■■ n* ! 128 )« < *- ■■■ 

non son exécution matérielle. Du fait que le dieu, dans la croyance, appa- 
raissait là chaque matin, renouvelé, afin de planer sur le monde diurne et 
d’animer les statues du sanctuaire, sa présence nocturne était impliquée, au 
milieu de sa Cour divine, en cette retraite profondément cachée du temple 
d’Edfou. De là, semble-d-il, en pratique, cet usage de laisser depuis le soir 
des offrandes en face de son image, dans la chapelle où son «Ame» réside - 
pour un temps fixé. Ainsi la permanence du sacrifice était réalisée- partout 
où séjournait la personne divine, pendant les vingt-quatre heures qui s’écou- 
laient entre chaque lever de l’astre solaire. 

Nous possédons par ailleurs quelques indices, qui viennent à l’appui de 
l’existence même du service d’offrandes, chaque soir, au «trône de Rà». 

Ils s’appliquent aussi à certains détails de ce service, et à la fermeture jour- 
nalière des portes du (couloir-)swÿ(4). Ils se trouvent en deux textes, gravés 
aux faces extérieures des deux montants de la porte ouest du vouloir : 

~-isi 

[■■ 

2ÎT* 

■ s I i — | | 

i . Fermeture ( * 2 ) des portes {du couloir) des ( deux rangs de) chapelles , par { Thot)- * 
Isdn qui assure la règle : « C’est pur pour toi , o {Faucon-) tsnbti-au-plumage- 
moucheté, et la Grande Mystérieuse < 3 * ) te protège! {Thot) apporte la terre {sigillaire ) , 

pour sauvegarder ton image , comme il fut fait pour son père [ ], qui vit en 

dieu, à la tête des dieux ! » Scellement de la porte au {nom du) Disque-ailé divin, quand 

(>) [, — q à restituer pour | - — >, d’après l’exemple qui suit, dans le texte parallèle {Edfou, I, 

346, 3) = 3 * J % ^ | 4( “1 ti 1 & n B ms («)» ’lsdn wr. 

(a) Les textes n 01 î et -a sont gravés dans une écriture sembcryptographique, assez fréquente 
a Edfou aux montants des portes du temple. La syllabe mn, dans le verbe smn = fermer, est notée 
par le signe de la montagne dw. Cette valeur est bien attestée pour le verbe simple mn, dont smn 
est le factitif (cf. Wb., II, 6o, 6-9, Âbk.). Elle n’est pas encore reconnue pour ce dernier. Cepen- 
dant le présent exemple (Edfou, I, 345 , 9)1 en parallèle avec : Edfou, I, 4 i 4 , 2 — smn hd*t (cf. 
plus bas, 3 8 partie), en établit l’existence. 

(3J Hathor d’Edfou et de Dendéra, assimilée à Nekhbet d’El-Kâb. 






Iftin/i; 


***[ 


T il 


ï]2^iïr [ ~» ,,, iiti5î-!ÿaiicsr5Si^ 



.( 129 > 


il traverse la Montagne occidentale (Mjnw), dans la {barque-) m'nd-t : « Le Disque- 
ailé est sauf, sa demeure est pure; Apophis {a subi) le grand massacre! Le sceau est 

sur le lien {de papyrus), l’OEil-d’Horusest [ ] qui vient de Geb (?) ! Laporte 

est tenue ferme (?) [par (?) ] Ornuris, l’OEil-d’Horus O est protégé par Thot : 
l’Ennemi, il n’entrera pas dans Mén(-t) ^ ! Les portes du {temple d’ Edfour-)Yé ts-t 
s’ouvriront {demain) matin, la {Grande place-)è‘t-wr{-t) étant ouverte devant son 
maître quelle désire : {c’est) Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-cwl ! » 


fi'l*P*[‘Y (?) ]5)* S * i3j!,ü? et! fîTn ! 1 CTD î f 1 ^ III ■ « £2 f *, 

2 . On clôt le battant des portes {du couloir) des chapelles [ ], quand le 

soleil se couche dans la Montagne occidentale (Minw) : « Le (tempfe-)Wts-t-[Hr 
du (?)] Vengeur-de-son-père est purifié, {quand) le membre de « Seth » {Be{b)) a 
été offert {en sacrifice) par le grand {Thot-)’lédn, {quand) l’Offrande (Ir-t-Hr) 
[a été élevée, (?)] pour la protection des portes de S-t-wnp ! On a ouvert les portes 
de é-t-ntr-wi ( 5 ) : d Seigneur, réjouis-toi en paix! {Quand) sa lumière se découvre , 
les habitants de Vautre monde ( J Ihké) M se prosternent , en joie! Les êtres de 


{J) C’est-à-dire : l’Offrande. 

C’est ici le sanctuaire du fond du temple. 

(3) Edfou, I, 345 , 9-1 3 : Smn *l-w n 'h-vo in y Isdn smn tp-rd (?) : W'b r-Jc, Snbti slb-swt, Stl t 

wr t m slk! 3 In nf lh(-t) r s'd shm-Ic, mt tr n itf [ ] 'nh m ntr hnt n[r vo . Htm 7 hr ' hb-ntri , 

dr dlf Mlnw m (mjnd-t : py 'd, 'lytf m ( bw ; 'pp m 'd(>t) *?(•#),• htm hr vol d* 3 Ir-t-Hr hr [ ] pr 

m Gbb (?) ; ndr rw-t (?> [in (?)] 7 n-hr-t, éwdl ’lr-t-Hr in Dhvoty : Dîdi, n %fMén(-t). Wn c î-w 
Wtst m nhpw, S-t-wr t ss-ti hr nb s nh-é : Hr Bhdti ntr ( l nb p-t! 

S-t-wnp est un des noms sacrés de Msnft) : le Siège-du-(dieu)-qui-transperce (sous-entendu : 
l’Ennemi, avec son harpon). 

(5) S-t-ntr-wi désigne la chapelle du «trône de Râ». Sur la nature des « Deux- divinités», 
cf. Edfou , I, 282, 12 (énumération des divinités qui sont dans la chapelle du « trône de Râ») : 
ntr* wi wr-wt mfk inm-sn, thn irw hnt ntr-w = (il y a la) les deux divinités couleur de turquoise, formes 
brillantes en tête des dieux, c’est-à-dire le couple Râ et Harakhthès, dont les images de bois, en forme 
de faucon accroupi, sont recouvertes d’une feuille d’or. 

(8) Cette fin de phrase semble une réminiscence du « chant du matin» et de son refrain (Edfou, 
I, i 4 , 9 : ré ti m htp = éveille-toi en paix!), au lieu de (ici) : rsw-tl m htp = réjouis-toi en paix! 

(7) y Ikks, mot rare, dont il existe plusieurs exemples au temple d’Edfou, est un synonyme de Dit. 

Bibl. d’ Étude, t. XX. 


*7 


— *♦.( 130 )*+— 

l’Occident sont dans la joie, leurs mains font le geste d’adoration, (quand) Horus 
s’est couché dans la montagne cachée! Les portes de Mén(*t) W sont gardées par 
Horus-jils-d’ Isis, (qui tient) en main les testicules de Seth! Horus d’Edfou est en paix 
dans le sanctuaire; la Maîtresse de Dendéra (y) est en paix avec lui . Ta « beauté 
t’appartient, ô (dieu) d’ Edfou-au-plumage-moucheté, (et) ton Ennéade repose (des) 
deux côtés de ta Majesté ! » ( 3 ) 

Les autres textes des montants des portes du smy(-t) (Edfou, I, 346-347 et 
3 5 o-3 52) s’appliquent tous, non plus à la sortie hors du couloir des chapelles, 
mais à l’entrée dans ce couloir. Par une habitude très fréquente, ils négligent 
de faire allusion aux rites journaliers, pour ne décrire que les cérémonies de 
fête, dont le couloir et les chapelles étaient le théâtre. Quant aux inscriptions 
qui viennent d’être traduites, elles semblent nous donner les formules mêmes 
que le prêtre récitait en fermant les portes, et en apposant le sceau du dieu 
sur les cachets de terre qui fixaient le ruban de papyrus (w’,d, ou itr) aux tiges 
des verrous. Il n’y a là; de plus, aucune allusion à quoi que ce soit. d’autre 
que le service journalier. Il est donc permis de voir en elles la meilleure preuve 
que nous possédions du passage du service, chaque soir, dans le smy(-t) . 

La première partie atteste la purification accomplie (w'& r-k; * ly-tf m bw). 
Cette purification semble s’étendre, dans l’esprit de la prière, non seulement 
au couloir, mais à toutes les chapelles qu’il dessert, et en particulier aux deux 
sanctuaires spéciaux d’Horus d’Edfou : Mén(-t), et Né-t-R\ 

Quant à la seconde partie, elle fait allusion à quelque chose de plus. Tout 
le passage depuis : « Le ( te mp le- ) W t s • t- [ II r du (!) ] Vengeur-de-son-père est 
purifié...)) jusqu’à : « (quand) Horus s’est couché dans la montagne cachée /» 
s’applique de façon plus précise à la présentation des offrandes du soir, dans 
la chapelle nâ(*t)-Æ\ Nous avons constaté plus haut que Wts-t, ou Wts-t-Hr, 
en plus du temple ou de la capitale de la province religieuse d’Edfou, désigne 


(1) Msn(-t) = le sanctuaire du fond du temple. 

(ï) Nature matérielle d’une divinité, sa personne (souvent appliqué à la statue)^ 

(3) Edfou , I, 346 , 2-6 : ’ln-tw 'l sbl*w n sbvo [ ], dr htp ttnm Mlnw : dsr Wts-t-[Hr »■'(?)] 

Hd-%tf, d't n B ms (t)n *Isdn wr, } Ir't-Hr [fl (?)] hr si 'Uw n «S+t-wnp»! Srk-tw mlhwl n «$•/- 
ntrwi » ; If kl , rswtt m htp! Mlw-tfpw gm, sn-tl tmt-w-Ihks mh" (w-t) ; ’lmntlw h', '*wps (n) m 
il vu, htp Hr m dw stl! SI 'l-w Mm(-t) tn Rr-sl-S-t, hr-wt n Sts m '•/! Htp Bhdti hnt Ndm-nh; htp 
Nb-t- Iron t hnf . Nfrw'k n-k, Bhdti slb-sw-t; htp ps^t-k (m) itr*ti hm-k! 


— **( 131 

spécialement, dans le rite local, cètte chapelle du trône de Râ, ou trône d’Horus, 
ou encore siège des deux dieux W. Cette dernière périphrase sacrée (é't-ntr'wi) 
s’explique par la théologie locale : c’est le lieu où Râ, sortant du monde infé- 
rieur, s’engendre de lui-même chaque jour. Il y devient le nouveau soleil : 
Harakhthès, héritier de son empire Or comment pourrait s’entendre, dans 
notre texte entièrement consacré au service du soir,. la description précise 
d’un sacrifice présenté à ce moment-là du jour, sinon en la rapprochant 
des déclarations gravées aux portes de la chapelle né’t-R'ï Comment sur- 
tout peut-il être question d’owrnr des portes le soir dans le temple, au mo- 
ment même où toutes les autres vont être fermées et scellées? Car il ne s’agit 
pas, comme dans le texte parallèle, d’anticiper sur ce qui se passera au matin 
suivant (m nhpw) : ici, tout parle du soir seul, des protections établies pour 
le séjour nocturne de la divine lumière dans l’autre monde, et de la joie que 
ses habitants vont éprouver à voir Râ, eux aussi, à'ieur tour. La seule porte 
qui s’ouvre au soir dans le temple, c’est donc bien celle par où l’on introduit 
‘les offrandes « qui seront en face des divinités (en) leurs naos, en toutes nuits qui 
- viendront, et que saisira (?) le divin Disque-ailé, dans l’ombre de la chapelle 
né-t-R ‘ où il prépare son retour vers le monde des vivants ( 1 * 3) . 

D’où il résulte que ce texte de la porte du « couloir» ajoute quelque chose 
aux indications de la porte de la chapelle du «trône de Râ» : c’est qu’il y 
avait bien «encensement et libation» (dér) dans né-t-R\ chaque soir; c’est 
que les prières jointes au plateau d’offrandes consacré au Soleil couchant 
assuraient la protection du monde et de son maître divin contre les esprits 
du mal, selon la théologie locale.' Ainsi le sacrifice permanent répondait à la 
présence perpétuelle de l’Ame divine dans sa demeure préférée d’Edfou. 


(l) C’est le trône (wts-t) où trône le Vengeur-de-son-père (n wis Nd-it*f^; son (nom) sacré, c’est 
« le trône d’Horus» (ntri-é r Wts-t-Hr). En lui Râ monte au ciel, en sa forme de Faucon divin (wts 
R f r p-t m-hnt-s, m hprw-f n Bik-ntri) (Edfou, I, 2 83, 4 - 5 ). 

ù Ind hr k, « Hr wtt sw » ; tnd, <tPr*nf imf m iw' mnh» ! — Salut à toi, Horus qui s’ engendre de lui- 
même ; salut, ô (Toi) qui sors de lui en parfait héritier / (Edfou, I, 2 85, 17). G’est là une formule 
spéciale à la chapelle ns-t-R\ ou S-t-nlr-wi. Les noms de la divinité y sont également caractéris- 
tiques par leur dualité : «le trône de Râ de Râ-Horus dans Bhdt (Edfou, I, 2 85 , 7)»; «le trône 
de Râ de Râ-Harakhthès, et le trône d’Horus du Vengeur-de-son-père (Edfou, I, 285, 11-12)». 

Cf. Edfou, I, 283, 8. 


* 7 - 


132 ).**— 

5° Quand le service de Râ à la chapelle né4-R ( était terminé, et le parcours 
de la purification du soir achevé, les porteurs d’offrandes desservaient, comme 
le -matin, les tables de la «salle de l’autel». La même théorie reprenait sa 
marche en sens contraire. A l’atelier, on partageait les revenus sacrés. Au 
«cellier pur», les prêtres de service laissaient les instruments de la purifica- 
tion. Puis les prêtres-gardiens fermaient les deux portes latérales du temple, 
et celle du mur d’enceinte. Avec l’ombre de la nuit tombante, s’achevait la 
journée liturgique d’Edfou. 




# 

. - • : 3 * , - TT 

CHAPITRE V. 


LE SERVICE SOLENNEL AU SANCTUAIRE. 

Les textes d’Edfou nous ont conservé de nombreux témoignages de ces 
offices de fête, qui remplaçaient, à intervalles réguliers et fréquents, le simple 
service journalier. Ces témoignages concernent aussi bien le rituel parlé que 
le nombre et la nature des officiants, l’exécution des gestes, les trajets 
suivis dans le temple, les objets de culte employés, les offrandes introduites. 
La disposition de la journée n’était cependant pas changée. Le centre de 
l’action sacrée est toujours l’office du matin, dans le sanctuaire central : il 
# n’y a pas de déplacement des images divines, pas de « sortie »*d’Horus hors 
de sa demeure secrète. Le même recueil contenait à la fois les textes du service 
journalier proprement dit, et les additions destinées aux offices solennels 
dans le sanctuaire W. 

L’office du matin donnait un rôle plus important à la purification. Celle 
du principal officiant se faisait au temple même, en plus de celle des offrandes, 
des lieux et des objets sacrés. De là l’existence, à Edfou? d’une chapelle 
pour cette purification, la maison du matin, dans le pronaos. Par ailleurs, 
on voit apparaître des cérémoniaires : ceux qui portent le ( livre rituel ) de 
fête (hrî-w-hb(-t))W. Tout le service n’était donc pas récité par cœur. Étant 
plus complexe, comprenant des hymnes chantés, il devait être lu, pour une 
grande part. De là la présence, à Edfou, d’une «bibliothèque», ou maison du 
livre, qui occupe une place, dans le pronaos, symétrique à celle de la chapelle 

(1) La preuve en est donnée par l’ordre de succession et la nature des « chapitres», aux « rituels 
de Karnak». 

Cf. Sethe, Miszelîe (Z. À . S., 70, p. i 34 ). 

Bibl. d’ Etude, t. XX. 18 




—**{ 134 >**_ 

de purification. Les deux constructions du grand vestibule du temple s’ex- 
pliquent mieux, si on les conçoit comme des commodités données au culte 
solennel dans le sanctuaire. Le service de tous les jours n’en faisait pas 
usage, mais la fréquence des offices solennels, célébrés régulièrement plu- 
sieurs fois par mois, a conduit les architectes du temple à mettre à la dispo- 
sition des desservants tout le surplus nécessaire, en ces deux «sacristies». 
Quant aux services de midi et du soir, ils avaient lieu aux jours d’office 
exceptionnel comme les jours ordinaires. C’est pourquoi les «services de 
fête» au sanctuaire' 1 ^ font en réalité partie du service régulier (mtr), et non 
des véritables fêtes annuelles (hb-w, tp-.w-tr) avec procession, qui changeaient 
le lieu même du culte selon des usages établis spécialement pour chacune 
d’elles. 

t 

Examinons maintenant d’une façon concrète, dans l’ordre déjà suivi pour 
le service journalier, les différences essentielles entre ce dernier et le culte 
solennel au sanctuaire (service du matin). 


(l) Le mot hb = fête est employé avec ambiguïté, soit dans les rituels, soit dans les inscriptions 
des temples. Il s’applique tantôt au service régulier solennel (c’est le cas, par exemple, pour le* 
titre du chapitre 2 6 du rituel de Karnak : R ’ n wn-hr, hb-w = Formule de la révélation dp la Face : 

(i Service des ) fêtes), tantôt aux véritables fêtes. Il n’y avait pas, semble-t-il, de fêtes réelles, ou 
«grandes fêtes», qui sont toutes annuelles au calendrier d’Edfou, sans «sortie» de la statue 
d’Horus hors de l’un de ses deux sanctuaires. Le dieu se trouvait alors, soit dans son tabernacle 
porté à la main : sanctuaire Msn(-t) ; soit dans sa barque-litière à cabine portée sur les 

épaules : sanctuaire s-t-wr-t . Les processions se dirigeaient alors vers des lieux divers d’arrêt 
pour la statue. PardR ces lieux, un des plus fréquents (ce n’était d’ailleurs souvent qu’une étape 
dans la marche de la procession) était la «salle du couronnement» ( wsli-t-h '). On y pouvait 
présenter une offrande alimentaire (la salle hypostyle est appelée sh n hh— salle à manger, au temple 
de Bubaste : cf. Naville, The Festival Hall of Osorkon II } pl. IV, fragment n° 2). Mais il n’y avait, 
en aucun cas, de présentation des «victimes vivantes» (Moreî, Rituel, p. 1 10, 1 . i 5 -i 6 ) devant 
la barque du dieu dans la «salle de l’autel». Jamais on n’y égorgeait les animaux (ibid., 1 . 19), 
ce qui aurait exigé iin aménagement dont la salle est dépourvue. Quant aux autres « fêtes», celles 
du mois lunaire (Moret, Rituel, p. 112), elles constituaient précisément le service solennel au 
sanctuaire du culte «régulier». Ce service ne comportait ni déplacement des statues, ni sortie 
de la «barque» vers la « salle de l’autel >r ou la « salle du couronnement». Cela revient à dire 
qu’il n’y a pas seulement deux catégories distinctes de service, mais bien trois, très différentes : 
le service journalier, le service solennel au sanctuaire (ou « service de fête ») : tous les deux forment 
ensemble le « service régulier » (mtr) ; en face d’eux enfin, les services des fêtes annuelles, dont 
aucun n’est semblable à l’autre. 


ê 


1 . 


ENTRÉE DES OFFICIANTS. 


L’heure du début était la même : le lever du soleil correspondait toujours, 
en principe, avec l’ouverture du sanctuaire é-t-wr-t. Mais l’entrée des offi- 
ciants ne se faisait plus par les portes latérales. Aux jours de « service de fête», 
la porte centrale du grand vestibule, ou pronaos, toujours close en temps 
habituel, était ouverte à l’aube, et la vaste cour antérieure participait à l’ani- 
mation du reste du temple. C’est ce qui ressort des textes placés aux montants 
même de cette porte, dans la bouche du «prêtre du roi». Au contraire, mal- 
gré l’existence des textes gravés aux deux portes nord-est et nord-ouest de la 
grande cour, rien ne permet de supposer qu’on ait fait prendre un si long 
détour à l’offrande ou au service de purification, qui venaient toujours, 
l’un et l’autre, de l’atelier et du puits sacré du temple. 

La première marque distinctive d’un service solennel est certainement 
l’entrée des prêtres, et d’eux seulement, par la porte du pronaos du temple 
d’Edfou. Ils étaient alors beaucoup plus nombreux qu’en temps ordinaire. 
En effet, la purification personnelle du « prêtre du roi » réclamait, semble-t-il, 
la présence à la maison du matin d’au moins un (prêtre-)w'à comme auxi- 
liaire. Le service au sanctuaire était conduit' par deux prêtres, qui tous deux 
se présentaient devant le tabernacle, et dont l’un lisait le livre. D’autres céré- 
moniaires nombreux psalmodiaient les hymnes, et donnaient la réplique au 
«cérémoniaire en chef» du sanctuaire W. De là l’usage constant de la «biblio- 
thèque» (pr-md’,4), où étaient conservés les exemplaires des manuscrits néces- 
saires au service régulier solennel. Quant à l’entrée des offrandes et à leur 
purification, des prêtres spécialement désignés devaient avoir la charge de ces 
parties importantes de l’office divin. 

La journée liturgique commençait vraisemblablement par ces deux dernières 
opérations, qui demandaient une mise en place assez longue. Le prêtre puri- 
ficateur, entrant derrière l’aiguière par la porte du «cellier pur», ne pouvait 
être ces jours-là le «prêtre du roi», puisque celui-ci devait faire célébrer sur sa 
personne, pendant ce temps,- les rites de la maison du matin dans la «sacristie» 

{1) Cf. Edfou, II, 160, 6-1 4 . 

18. 


— **•( 136 )*« — 

du pronaos. Un autre «prophète» consacrait donc i’eau des libations, puis, 
entrant à la « salle de l’autel» avec un ou plusieurs aides — (c’étaient pro- 
bablement des «chapelains») — purifiait les vases sacrés du dieu! 1 ). Au 
même moment l’Offrande arrivait des ateliers et des magasins, beaucoup plus' 
abondante qu’en temps ordinaire. Ces jours-là seuls, elle s’efforçait de justi- 
fier les descriptions somptueuses des textes déjà cités. Le travail de prépara- 
tion, dans les ateliers et à l’abattoir sacré, devait commencer plus têt dans 
la nuit : c’était là déjà de véritables «veilles» de fête. Plusieurs taureaux ou 
bêtes de boucherie pouvaient être égorgés au lieu d’une seule victime, mais 
toujours en dehors du temple (2 ). Leur viande parée formait le centre de la 
présentation ! 3 ). Seules la quantité et la variété des aliments étaient beaucoup 
plus grandes qu’en temps normal; mais la préparation et l’introduction au 
temple s’effectuaient selon les mêmes usages. C’est pourquoi, sauf les deux 
règles des montants de la porte du mur d’enceinte est tous les textes qui 
décrivent ces offrandes les présentent sous leur aspect des services solennels, 
même quand il y est question de ce qui se fait « tous les jours». 

La réunion des offrandes se faisait toujours dans la «salle de l’autel». 
.11 n’y a, à Edfou, aucune raison de penser que la disposition matérielle du 
service ait été modifiée, quand on passait dü «journalier» aux offices réguliers 
solennels. Les tables d’autel restaient certainement à demeure, bien qu’elles 
fussent toutes portatives, dans la salle construite exprès pour les contenir. 
Les salles «de l’autel» (wéh-t-htp) et «du couronnement» (wéh-t-fc) < 5 ) ne 
servaient à l’exposition du dieu qu’au cours des fêtes proprement dites! 6 '. 
Toute «grande fête» comporte une sortie de la barque ou du tabernacle, 
portés parles prêtres, hors du sanctuaire ( é-t-wr-t , ou Mén(-t)). Cette sortie 


(,) apportait probablement, les jours de grand service, les vases les plus précieux contenus 
dans le « cellier pur» pour garnir les dressoirs à eau d’Horus (vodhvo), à côté de ses offrandes. 

m Il n’y a aucune trace d’abattage de victimes à l’intérieur du temple proprement dit, dans 
les textes d’Edfou. Aucun indice non plus sur ce point n’est donné par l’architecture du temple, 
entièrement conservé tel qu’il existait à l’époque ptolémaïque (voir plus haut). 

« Cf. Edfou, II, i5 9 , 12 - 1 4. 

(4) Cf. Edfou, VI, 346, a à 34^, 5. 

(5) Cf. Edfou, pl. I (plan général du temple), «R» et « W». 

L'wsh-t-h' est aussi nommée justement wsh-t-hb = « salle de fête» {Edfou, II, il, 1 3 ). 


— **( 137 

est toujours faite en procession. Mais au cours des « services de fête» réguliers, 
il n’y avait pas de déplacement de la statue du dieu : l’office solennel se dé- 
roulait dans le sanctuaire. C’est ce qui résulte clairement de la disposition 
des scènes de culte dans le sanctuaire d’Edfou, en deux séries bien dis- 
tinctes! 1 ), et surtout des descriptions même du «grand service» : en parti- 
culier celle qui a ete traduite plus haut, pour comparaison avec le service 
journalier ( 2 ). . 

Les prêtres chargés. de la purification arrivaient à la «salle de l’autel», 
quand les offrandes y étaient installées. Ils procédaient à l’encensement et 
. libation sur les aliments présentés ; ils accomplissaient 1’ « élévation» (fi-îk-t), 
de la même manière qu’en temps ordinaire. 

Cependant, à l’extrémité antérieure du temple, les autres officiants se pré- 
paraient a leur service. C’est là une des différences essentielles entre les deux 
façons de célébrer le culte divin régulier ! 3 ) . - * 

Par la porte d’honneur du grand pronaos, le «prêtre du roi» est entré à 
la maison du matin, accompagné d’un officiant auxiliaire qui joue, dans le 
rite, le rôle de ém et de iwn-mw-t-f. Il a tiré le verrou, en récitant la formule 
qui signale l’ouverture des portes du naos, au sanctuaire : 

Je tire le doigt de Seth hors de l’œil d’Horus : cela est bon! Je détache le doigt de 
Seth de l’œil d’Horus, : cela est bon! ( 4 ) 

Il a pris place, à l’intérieur de la petite cellule, sur un siège qui figure le 
trône royal -des tableaux couvrant les parois! 5 ). A sa droite, dans le mur est 
de la chambre, une niche est ménagée, qui contient les ustensiles ( nécessaires ) 


(,) Voir plus bas. 

Edfou , II, 160 , 8 - 12 . Ce qui vaut pour le temple d’Edfou semble vrai aussi pour les temples 
du Nouvel Empire, tel que celui de Louxor (pris comme exemple par Moret, Rituel , p. 110 - 112 ). 
Les rituels de Karnak s appliquent aux deux sortes de service régulier, mais non pas aux véri- 
tables fêtes. Rien n est change a cette constatation, du fait que les temples antérieurs à l’époque 
ptolémaïque ne divisaient pas nettement la partie qui précède le sanctuaire central en wsh-t-htp 
et wsh-t-h\ 

{3) Le «prêtre du roi» n’arrivait au sanctuaire qu’une fois l’offrande purifiée et consacrée. 
C’est ce qui résulte des prières même qu’il récitait en chemin : cf. plus bas. 

W Edfou , III, 338, 19 . 

(6) Voir Edfou, pl. LXXXI. 


{ 


— »t*( 138 )• < 

à toute purification W. Le service de la maison du matin commence probable- 
ment par l’appel à tous les dieux locaux autour du «roi» : 

O roi ÇPtolémée ^j, que la grande Ennéade soit toute entière autour de toi! 
Qu Éternité soit à ta droite , et Toujours à ta gauche! Qu’Horus et Thot purifient 
ta Majesté! Que les deux « grandes magiciennes » W soient entre tes sourcils !® 

Viennent ensuite les purifications proprement dites. C’est l’officiant auxi- 
liaire qui les exécute sur la personne du «prêtre du roi» ( 4) . Il présente 
d’abord les cinq grains de natron au «roi», une première fois pour le sud 
de l’Égypte ( Nhb ), et une seconde pour le nord (Srp) W, en récitant l’antique, 
formule gravée au-dessus de la porte d’entrée, à l’intérieur de la « sacristie 
royale » : 


C’est pur, cest pur, 6 roi ÇPtoîémée^ ! Ton natron est celui d’Horus, et inverse- 
ment ! Ton natron est celui de Geb, et inversement! Ton natron est celui de Thot, et 
inversement! Ton natron est celui d ’ (Horus-jDwn-n- wi , et inversement! Ton natron 
est celui d’(Osiris~) Dd, et inversement! Ta bouche est la bouche d’un veau de lait 
entre les cuisses de sa mère Isis, le jour où l’a mis bas sa mère [ ] ! ( 6 ) 


L’officiant pose alors la coupe qui contient le sel de pureté, et, prenant 
l’encensoir, il fait sur la personne du «prêtre du roi» 1 ’ encensement du roi 
dans la maison du matin W. C’est enfin le tour de la double aspersion d’eau 
sur le vob-niw-t. L’auxiliaire l’opère quatre fois de suite, au nom d’Horus, 


(,) Edfou , III, 329, 11 : dbh-w n tnw ' bw , c’est-à-dire la coupe contenant le natron, et les 
vases pleins d’eau consacrée (nms-t et dsr-t). 

(3) Ce sont les deux uraeus royales. 

(3) Edfou, III, 335 , 1 i~i 3 . Cette courte formule est gravée au-dessus du battant de la porte, 
quand celle-ci est ouverte et appliquée contre le mur ouest. Elle indique sommairement l’ordre 
de la cérémonie. 

(4) L’auxiliaire est probablement muni de la peau de léopard traditionnelle pour le sm , dans 
toutes les cérémonies religieuses. Il est ainsi représenté sur toutes les scènes gravées dans la 
cellule de la maison du matin . 

(5) Peut-être l’officiant tourne-t-il réellement, cinq fois de suite, autour du siège ou le «prêtre 
du roi» se tient assis. 

^ Edfou , III, 337, 16 à 338 , 2. 

< 7 > Edfou , III, 33 7 , 8. 


139 

avec un vase nmé-t, et quatre fois, au nom de Thot, avec un vase dsr-t W. 

Les purifications sont alors terminées. L’officiant passe à l’imposition des 
couronnes, en prononçant la double formule : J’assure la Blanche sur ta tête! 
et : J’assure la Rouge sur ton front!, au nom des deux déesses Nekhbet et 
Ouadjet. Au nom du dieu Heka, il communique au «roi», par la puissance 
des deux «magiciennes» que sont aussi les couronnes, le pouvoir de 'toucher 
les âmes, et il lui dit : Je multiplie ta (force) magique sur les cœurs ! ( 2 ) 

Enfin, l’auxiliaire offre au «prêtre du roi» le repas de purification (^b-t) 
du roi dans la maison du matin. Ce repas est composé de boissons, de pains 
1 et de fruits W. 

» 

Le vob-névo-t sort alors de la maison du matin : sa résine et son natron sont 
sur (hr) ses membres; Horus et Thot l’ont purifié (par l’eau ) ; les deux uraeus sont 
réunies sur son front! W 

Il récite à ce moment, semble-t-il, pour lui-même et pour le roi régnant, 
une formule analogue à la formule traditionnelle, gravée au bandeau de frise 
de la « sacristie royale » : 


C est pur, c est pur, ô roi ^ Ptolémée J ! Ta pureté est celle d’Horus, et inversement! 
Ta pureté est celle de Geb, et inversement! Ta pureté est celle de Thot, et inversement! 


(1) Edfou, III, 336 , 3-7 et 338 , 14-17. L’officiant fait, en principe, chaque fois le tour du 
«roi» assis au centre de l’étroite chapelle. 

(î) Edfou , III, 336 , 18; 33 7 , 4 ; 33 7 , 1. 

Edfou, III, 329, 9 et 11 ; 338 , 6-n. Il faut y reconnaître, semble-t-il, un réel et court 
repas servi le matin, avant l’office, au prêtre qui va tenir le rôle primordial du « roi». Les deux 
textes parallèles de la frise donnent aux éléments de ce repas une grande importance dans la 
maison du matin : 'îfatf [Edfou, III, 329, 9)== son repas de purification, et wndwwf {Edfou, III, 
329, 11) =ses aliments, sont cités en premier lieu, avant la purification royale du temple d'Edfou 
{Edfou, III, 329, 9 : 'bw-nsw-t hnt s-t-wr-t), ou les ustensiles (nécessaires) à toute purification (Edfou, 
III, 329, 11 : dbhw n tnw ( bw). La niche de la paroi est est encadrée par les figures des objets 
qu’elle contenait. On y voit au premier rang les quatre vases nms-t et les quatre vases dsr-t, avec 
les armes royales. Mais l’essentiel du tableau est l’énumération des mets et des boissons : i° du 
pain d’offrande (mnw) ; 2 0 des fruits de jujubier (nbs) et de moringa (tsd) ; 3° cinq gousses 
d’ail (?) (i hd-t ), des graines ou fruits comestibles htm, du raisin (iîrr-t) ; 4° du lait, deux espèces 
de vin, et' de l’eau. • 

<*> Edfou, III, 333 , 6-7. 




„ ~*v( 140 

Ta pureté est celle cT (//or ms- ) D wn-'n • wi , et inversement! Tu as reçu ta tête; tes os 
ont été réunis pour toi devant Geb ! C est Thot qui les a réunis tous en sa protection ! 
C'est Thot qui a donné à Horus son œil! W. 


Le prêtre est censé, à cet instant du service, sortir de son palais royal, 
précédé, de ses enseignes divines . Les dieux Harsomtous et Montou viennent 
le prendre par la main pour l’introduire au sanctuaire d’Horus d’Edfou, son 
père, et les «esprits d’Héliopolis» poussent leurs acclamations en son hon- 
neur. L’aüxiliaire, marchant devant lui, se retourne pour l’encenser, récite 
une prière à la louange du roi d’Égypte, et une conjuration qui protégera l 
l’officiant royal, au cours du service, contre toutes influences d’esprits ou de 
divinités adverses < 2 ). 

Désormais le « prêtre du roi» est en marche vers le sanctuaire. A pas lents, 
il suit l’allée centrale du temple, du pronaos à. la «salle du couronnement» 
et à la «salle de l’autel». Les deux prières qu’il récite en chemin ont été 
gravées sur les montants de la porte du grand vestibule. Voici la première, 
formulée au nom d’Horus et de Thot, en deux parties symétriques : 




A. Purification de tout ce qui entre au temple d’Horus d’Edfou-grand-dieu-du- 
ciel. Dit Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, maître de Msn(-t), le ( dieu)-au - 
plumage-moucheté, qui sort de l’horizon W : « O ( dieu)-gracieux , (dieu)-aux- 


* 


l 


— **•( 141 ) » «< •■■ 

couleurs-multiples! O (dieu) [qui vient de (?) ], (dieu) qui règne sur ses fils ! 

O (dieu) au centre des dieux, (dieu) très redoutable ! O (dieu) qui s’est engendré de ses 
mains, (dieu) qui s’est créé en son esprit : purifiez Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel ! 

O Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, tu es pur, ton âme est pure, tout lieu 
oh tu te trouves est pur! O dieux de l’Ogdoade, adorez-le! (A dire) quatre fois. 

Il est votre maître: donnez-lui louange! O [puissances (?)], divinités, (esprits des) 
transfigurés et (des) morts, Ames des dieux qui parcourez le sud, le nord, l’ouest 
et l’est, révérez Horus d’ Edfourgrand-dieu-du-ciel, donnez louange à sa majesté! 
(A dire) quatre fois. 

Salut à toi, Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel! Sois en vie! Que ton âme soit 
en vie! Que ta chair soit intacte! Que tes os soient sains! Que Maât soit avec toi 
chaque jour! Quelle ne s’éloigne pas de toi, à jamais! W» 


s n î; : ü a 2 ; a fai i îË m - •= e t n ^ r ss : ï r ; rî 


B. (Même titre que A). Dit Thot-deux-fois-grand d’Hermopolis, maître de la 
pureté, initiateur de la libation (pure) : « Il est pur, il est pur, Horus d’ Edfou- 
grand-dieu-du-ciel, avec [ce qui est à (?)] lui! (A dire) quatre fois. 

Ses os sont purs, ses membres sont purs, son corps est pur, ses protections sont 
au complet! Son (tabernacle-) hd est pur, son (naos-)kîr est pur, son temple est pur, son 
siège est pur! Les (prêtres-)wh qui le portent sont purs, les «prophètes» qui l’assistent 
sont purs, tout ce qui entre en son temple est pur! Tous chemins sur [lesquels »/] 
passe sont purs, depuis (?) la grand’route (qu’il suit) auciel; sur cechemin terrestre : 
sur les trois chemins du sud, sur les trois chemins du nord, sur les six chemins de 


(1) Edfou , III, 334 , 5-7. Cf. Moret, Rituel p. 21-26. 

(2) Edfou , III, p. 329-333, et pl. LVIII. Cf. Piehl, L J H., II-2, trad. = texte R (p. £2), et texte 

Q + P (p- Ai- 4 a). 

(S) Il est insolite qu 'Horus d’ Edfou soit mis en scène, comme il l’est ici, pour prononcer une 
formule qui s’adresse à lui-même. L’erreufde rédaction ancienne est probable. C’est presque 
toujours Horus-fils-d'Isis qu’on associe à Thot-deux fois-grand, dans les formules semblables d’Edfou. 


(l) Edfou, III, 74, 16 à 75, 6 : èw' b ih-t nb-t 'le r ht-ntr n Hr Bhdti-ntr- l -nb-p-t. Dd-mdw in 

Hr Bhdti-ntr- l-nb-p-t nb Msn(-t), slb-sw-t pr mlh-t : 7 , nb-iml-t, * sl-itùn ; i , [pr (?) ], shm 

m ms-wf ; i, imi ntr-w, wr sfy t; i, wtt sw m wi-f \ kml sw m ibfl Sw'b-ln Hr-Bhdti-ntr- l-nb-p-t ! 

Hr Bhdti-ntr- l-nb-p-t, wb-k, w'b bide, w'b bvo nb wnlc xml 3 I , Hmny-w, tmi nf il w! (sp fdw ). 
Ntfnbtn, tmi nf swlst 3 I, [shm-w (?)], ntr-w, Ih-w, m(w)t-w, bl-w-ntr-w hb(-w) sm'w, mhw, imn-t , 
ilb-t, snd n Hr Bhdt i-ntr- l-nb-p - t, i\mï\ ilw n Sfÿ-tfl (sp fdw). 3 Ind hr-k, Hr Bhdti-ntr- l-nb-p-t : 
‘ nh-k , * nh bi le , wdl iwfk, snb kê-w-kl 3 Iw Mï-t hn-k, r-nb; n wl-s r-k, d-t! 


. — n*( 142 )*. — 

l’ouest, sur les six chemins de l'est; ( puis ) en la grand’ route de l’autre monde! 
C’est pur, c’est pur, ô Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel ! (A dire) quatre fois » W 

Le «prêtre du roi» est, comme Horus et Thot, l’initiateur et la source 
de toute pureté. A l’insfent même, il recevait le sacrement qui divinise. Main- 
tenant, il le répand sur le temple entier, sur tous les acteurs du drame sacré 
qui s’apprête. Puis il s’adresse à toutes les divinités du temple, et en parti- 
culier à celles des grandes salles qu’il traverse. Il récite une courte confession 
négative, en les conviant à l’accueillir pour le sacrifice. Il annonce sa nature 
sacrée, il détaille les buts auxquels vont tendre ses actes : 




* 

* * 

S* 

* m 




tti i r 


■!+*■£ 


*(?) 


’ i i i i : 

m 






: « O (lieux ( qui êtes ) dans [ ] 

dans le sud et Je nord , (dieux) gardiens des portes dans le grand vestibule 

{,) Edfou, III, 79, la à 80, a : Dd-mdw in Dhwty*î-î nb Hmnw, nb twr, sl''bw : W'b, 

w'b, Hr-Bhdti ntr- î-nb-p-t, hn ' [iry (?)]// (sp fdw). W'b ks-wf, w'b b d-tf, tm sî-wfl W'b 

hdf, w'b kîrf (?), w'b prf, wb è-tf! W'b w'b-w nty hrf, w'b hm-w-ntr nty r-gs-f, w'b ih-t nb t 
'k r h-t-ntrfl W'b wî-t nb hnd[f ] hr-[sn] : SV (?) m wl-t tpi(y) n p-t, ht wl-tpn n t\, ht wî-t hmt 
n rsi, hr wî-t hmt n mh-t, ht wl-t sis n imn-t, ht wU sis n ilb-t, m wl-t tpt(y) n hr-ntr! W'b , w'b. Ht 
Bhdti-ntr- l-nb-p-t! (sp fdw). A propos de wl-t pn, cf. Wb., I, p. 2/16, 1 7, et Mariette, Dendéra , I, 
pl. 62, h (col. 2) : (ph) p(l) wl-t (np(’) sbty n tfd). La forme copte de wl-t est du genre masculin. 

(3) L’expression rw(-t) wr semble désigner les deux « salles hypostyles», c’est-à-dire l’apparte- 
ment extérieur du dieu dans son temple, par opposition au «lieu secret» (ïfî-£<), au nord de la 
« salle du couronnement» : salles « de l’autel» et « de l’ennéade», sanctuaire central (£#-wr*fJ 
et chapelles (sh-w) tout autour de celui-ci. 


À. Dit le roi ÇPtolémée VI Philométor ^ 


*- 


1 


— **.( 143 >«— 

grands dieux ( qui vous dirigez ) vers la demeure secrète W (qui est ) dans (le temple 
d’ Edfou-)Vi ts-t : sanctifiez le dieu dans son (w<i 0 s-)kjr, consacrez sa nourriture, 
prenez les pains (d’offrande) à côté de lui, dans la salle de l’Ennéade! Oh! Je fais 
route, pour pénétrer en votre présence : (car) je suis l’un d’entre vous! Je suis Chou, 
le grand Aîné de son père, le grand prêtre du (dieu)-au-plumage-moucheté, qui 

purifie [ 0] grandes dieux (?) ] ... [ Ne] me [repoussiez pas sur 

le chemin du dieu, n’arrêtez point mes pas, ne (me) chassez pas hors de l’enceinte 
du grand vestibule, (afin que) je prononce (mes) paroles sur l’Offrande, (que) je 

tende les aliments à Celui qui les a créés, que je donne le pain à Horus [ Ne 

me détournez pas (?)] sur le chemin du dieu! Je n’ai pas été partial en jugement; 
je ne suis pas entré en l’ (alliance' du plus) fort, (et) n’ai pas rogné le (droit du 
plus) faible; je n’ai pas introduit l’Offrande (au temple) avec malhonnêteté W,je n’ai 

rien soustrait aux parts du sacrifice (?) ; je n’ai pas [ ] avec la balance; je n’ai 

pas attenté au nécessaire de l’ « OEil [dî'vwi] » ! Louez, ô dieux, le grand dieu 

(qui est) en ce temple ! O Grands, asseyez-vous sur la natte ^ ! 0 (dieux) messagers, 
[venez (?)] vite! Voyez, je viens en votre présence pour offrir Maât, pour rendre 
V «OEil (divin) » W agréable à son maître! Je suis Chou qui comble son autel, qui 
présente ses offrandes ! Ma bouche touche la terre, (pour) adorer (le dieu ) d’Edfou en 
ses fêtes! Je me prosterne devant la grandeur de sa majesté, (et) je me joins de 
Vie à son image ! W Je suis pur , {car) je me suis purifié /» W 

£1) Cf. J¥b., IV, 553 , 9 (sans le déterminatif de l’arbre). 

^ Cf. le texte parallèle qui suit : Edfou, III, 83 , 8 . Voir aussi, plus bas, les prescriptions sur 
l’honnêteté des prêtres en introduisant l’Offrande journalière, et en particulier : Edfou, III, 
36 i, 3-5 et VI, 348 , i 2 -i 3 . 

(3) Les objets précieux nécessaires au service divin. 

(4) Wdl-t-ntr — l’Œil divin, semble bien désigner ici Hathor-Maât, la substance même de 
l’Offrande. Le symbole est familier à la dogmatique d’Edfou. Cf. Edfou, III, 36 1 , 2 : Mhd dbh-w 
n ’lr f-/T = Ne faites pas de tort au nécessaire de l’OEil-de-Râ (Hathor d’Edfou). Il convient de 
remarquer l’intérêt de cette phase du grand service divin : le prêtre «se confesse», au moment 
où il marche vers le tabernacle. 

(5) C’est-à-dire : prenez votre repas. Cf. les expressions parallèles : hms m wh' (Edfou, II, 
161, 8); 'h' hms (Edfou, III, 83 , 3 - 4 ). 

(fi) Il s’agit toujours d’Hathor, « OEil-de-Râ». 

(7) L’expression correspond exactement au motif de décoration traditionnel : dieu et roi joints 
par la main, le dieu tendant, de l’autre main, le nœud de vie divine vers le visage du roi. Voir, 
par exemple, aux montants de cette même porte du pronaos : Edfou, pl. LV, 2* registre. 

(8) Edfou, III, 78, 10479, 4 : Dd-mdw in nswt-biti CZ3 [s»-Æ r ( 1 : *T\ ntr-w m 


_**( l hh )*. — 

5i:nia*^à , fÆT'fci,'s(‘Ju:i^^jai: ,, -n 1 in&‘i.‘-ii 

^^ïVîî&i^ÿj^xJKTri^v^iîn^ÿin-iK 

i.£3^~+-ÿ'JA!^Ttf^5))J5»*»ir)UVa*ï: 

jn‘tK=(.-]jjzjiï^jt::,Si^nŸ3aaj,T.i^ 

•î.'.ÇîX^JfirîV^Î.M^T^ÎVTlSl-lTVrîlJT^JlJ 

eyzzyisiôMvnmtftijsV'tf^fcimsîî 

B. Dit le roi (Ptolémée VI Philométor^ : « 0 gardiens des portes, grands dieux 
maîtres de la flamme, grandes [divinités) radieuses qui ouvrez les portes du ciel et 

illuminez la terre l 0 protecteurs [ ] du sud et du nord, asseyez-vous ( pour 

le repas ) à droite et à gauche, « rois du roseau et de l’abeille » du sud et du nord, 
favoris W du Maître des dieux! Je viens en votre présence, ô grands dieux : Horus m’a 
purifié, Thot m’a encensé! Faites (libre) pour moi le chemin que j’ouvre, (car) j’arrive 
sur le chemin du dieu, et j’ (y) entre agréé, et j’ (y) apparais désiré! Que le Mal ne 
barre point ma route, qu’(il) ne me repousse pas, qu’(il) ne me chasse pas, (car) le Pouvoir 
(de dieu) est mon témoin, le Pouvoir des pouvoirs est mon témoin! Je suis le grand Thot 
de S-t-R' W : je viens pour accomplir mon office ! Les deux cynocéphales sont à ma droite, 
les (deux) cynocéphales sont à ma gauche! 0 (toi) qui vis de (?) [ Maât (?) , je n’ai pas 


[ ] m slwty-w'l- wimrw(-t) wr,ntr-w wr-w rstl-é'tmWts-t! Dsrntrmklrf $ hw m 

< lbtf, ssp snw r gsf, m wêh-t n psd'tl 3 1 ïr-n-î w]*t c 44 hr 4 n : ink w* im în! 3 Ink Sw, smsw wr 

n Uf, w'b-'l nSlb-swt, [s]w c 6 [ 3 I, ntr*w (?) wr[*vo (?) t]n [ ] rl*w, [n hsf]ln 

wi hr wl't-ntr, ndl rd*wiA , n sn c m sbty nrw(>t) wr, wd-mdwA hr tbt-ntr, hnk(A) htp'W n kmlsn, dit 

tn Hr [ N (?) ] m wl*t-ntr! N nm*A m wp*t, n *kA m wsr, n hbtA mlr ; n sbA ih 4 m 

k c dl, n hbA m rl»w n 3 Ir*t-[Hr (?)], n [ ] m twsw, n tkA dbh>w n Wâî't-[nlr (?)] I H$, ntr»w, 

n ntr *1 m pr pnl Wr*w, hms hr tml! Wpwty*w , [mi (?)] m hlhl Mk, tin t hr 4 n r ir M <3 >*t n Nb- 
Ml^t,rshtp Wdî'in Nb*s! 3 InkSw, b%*i wdkwf, ”t*î htp-wf! Shn*tw r il rit, dwlA Bhdti m hb-wf! 
SnA-tl n ” n sfy-tf, hnm-i c nh n , shmf! 3 Ink w^b, twA w c b*kwî! 

0) L 3 honneur et la faveur d’avoir part aux aliments d’un maître forment l’un des plus anciens 
aspects de la notion d Amlh. Cf. Lefebvre, Grammaire, p. 67, note 4 , et Sainte-Fare-Gàrnot, 
L’imakh et les imakhous sous l’Ancien Empire (Ann. E. H. E. [science relig.] , 1943^, p. i 3 -i 5 ). 

S-f-iT désigne ici le temple d’Edfou. 


L 


— •***( 165 ) 



] le pain qui garnit les autels, je n’ai (rien) soustrait (des) gâteaux ( d’of- 
frande ), je n’ai pas diminué les aliments; je n’ai pas fait (ce qui est) souillure 
(pour) dieu, quand je me suis purifié! Mes mains sont celles d’ Horus, mes mains sont 
celles de Thot : j’apporte l’nOEil (divin)» à son maître; je mets Maât en son siège, 
(car) je suis prêtre, fils de prêtre; c’est le roi qui m’envoie pour voir dieu! W Un 
htp-dî-néw-t, (car) je suis pur!» ( 2 ) 

• Le dieu vers qui marche ie prêtre en priant ainsi est bien dans son (naos-) 
.kir, donc dans le sanctuaire ê-t-wr-t. Cela ne peut être déclaré plus nettement 
que dans la formule précédente (A) . Les dieux de sa Cour divine sont dans la 
salle de l’Ennéade : rien n’est changé dans la disposition des images saintes, 
par rapport au service journalier. Or le prêtre dont il est question à la porte 
d’honneur du pronaos ne peut qu’entrer par cette porte : il est dans ce vesti- 
bule, quand il prononce la prière ( 3 L II s’agit donc bien d’un service de fête, 
puisqu’en service journalier tous les officiants entrent par les portes latérales W. 
D’ailleurs, la même formule «A» précise encore : ma bouche touche la terre, 
(pour) adorer (le dieu) d’Edfou en ses fêtes (m hb-wf). D’où il ressort une fois 
de plus qu’il existe un type de service intermédiaire : l’office de fête au sanc- 
tuaire, qui n’est. pas «journalier», et qui n’est pas non plus une fête solen- 
nelle avec « sortie» de l’image divine. C’est bien ce service qui se déroule ici. 


2. — RÔLE DES CÉRÉMONIAIRES. RITUEL PARLÉ, ET CHANTS. 

Le prêtre s’est prosterné deux fois sur le chemin du sanctuaire. Tandis 
qu’il s’approche des autels chargés d’offrandes et déjà purifiés par l’eau et 

{I) Cf. par exemple, pour cette phrase : Moret, Rituel, p. Aa, I. 10-1 1. - " 

(î) Edfou, III, 83 , 2-1 1 : Ddmdw in nsw4-biti ( ^|, si R c ( : 3 I, trlw- c l>wt, ntr»w 

wr*w nb(-w) nblt, c j(-w) étw-t, ss c l-wt p-t, shd tî-wt, siwty-w sm^mhvù : c h c -kms hr 

wnmi Ubi, nswy*w-bitlw n smw mkty, im\hw*w n Nb-ntr^w! 3 Iln-i hr4n, ntr*w wr*w! Sw*b-n wi Hr y 
sntr*n wt Dhwty ! 3 Ir4n »•« voUt «M, iln4 hr w 3 't ntr, c ht hs*kwt, pr»n*i mrwl N il ily-t m r y ,-wl't*i, 
n hsfn-(s) wt, n sn c *»>($) wi! B 3 m mtr A, Blblw (xn) mtr A! Ink Dhwty wr si R c : tlnA r ir trwA! 

Bnty'Wt m wnmtA , bnty>wi m ilbli! 3 I, *nh m [ ] t sdfl hlw>w4 : N hbnA pl*w*t, n 

dh-nA ih't, n irA slt-nir m *bwA! m Hr, c -wt*î m Dhwty ; inA Wdlt n nb*s ; rdlnA Ml c *t 
m é t’S; ink hm^ntr si hm-nîr : in nsW't wd wi r mil ntr! Htp-di-nsW't, iwA w c b*kwi! 

w Cf. : « ne (me) chassez pas hors de l’enceinte du grand vestibule (sbty n rw('t) w)» (Edfou, III, 

78, i4). 

< 4) Voir plus haut : nombreuses attestations. 

Btbl . d’ Etude, t. XX. 19 


■« M »( 146 )♦ €»-— 

l’encens, d’autres officiants nombreux l’ont, semble-t-il, précédé dans la 
«salle de l’ennéade» W. 

Ce sont les « (prêtres-)purs, porteurs du (livre) de fête» {wb-w hrfw-hb-t), 
dont il est question au texte du couloir d’entrée des offrandes L un d entre 
eux est désigné pour entrer àu sanctuaire avec le «prêtre du roi» W. C’est 
lui qui lira l’écrit ( sd ss ), c’est-à-dire qui conduira toutes les psalmodies et 
tous les chants de l’office solennel, qui ne peuvent etre connus par cœur par 
les officiants. Les autres répondront aux versets du « cérémoniaire en chef». 
Ils forment un véritable chœur, chargé de soutenir la partie psalmodiée 
du service : nulle part, en effet, il n’est question de chantres ou de musiciens 
qui ne seraient pas prêtres (vvb-w) , au cours du gyand office au sanctuaire ' K 
Selon toute vraisemblance, c’est en vue de l’usage fréquent et régulier qu’en 
faisaient ces cérémoniaires , que les recueils utiles a la célébration des offices de 
fête ont été réunis, à Edfou, dans le temple même. Une maison du livre (pr- 
mdi't) a été construite entre deux colonnes, adossée à la partie est de 1’ « écran » 
de façade, à l’intérieur du grand vestibule du temple W. Sa position est symé- 
trique, par rapport au portail central du pronaos , a celle de la maison du matin. 
Elle sert aux mêmes offices, et au même moment de ces offices, Tandis que 
le «prêtre du roi» recevait des mains du prêtre ém les purifications cano- 
niques, les cérémoniaires entraient à la maison du livre. Un «cérémoniaire 
en chef» ( hrî-hb-t hrî-tp) semble avoir eu pour service régulier de se 
trouver pendant les douze heures du jour, sinon dans la maison du livre même, 

(») En règle liturgique constante, à Edfou, le prêtre principal marche le dernier. Quand on 
apporte l’aiguière du puits, c’est le hnty-sh qui va devant : le w'b e î le suit. Dans les processions 
figurées aux bas-reliefs (par exemple Edfou, pl. XXXVII b et e, XXXVIII e et o), le w^b-nsvo-t marche 
derrière tous les autres prêtres, immédiatement devant les tabernacles d’Horus et d’Hathor. 

(*> Edfou, II, 160, 11 (cf. plus haut). 

(3) Edfou , II, 160, 9-10. 

(*) Les chantres et joueurs d’instruments (il y avait un nombreux personnel féminin parmi eux) 
n’avaient pas qualité de w%w, ou « (prêtres-)pwr*>>, et par conséquent ne pouvaient entrer 
dans la partie sainte et toujours pure du temple, où se déroulait le grand office régulier. Nul n y 
devait jamais introduire l’impureté. Au contraire, au cours de toutes les fêtes proprement dites, 
ces auxiliaires étaient nombreux. Les naos divins sortaient alors en procession hors du temple, là 
où les musiciens, chanteurs et danseurs pouvaient les accompagner (grande cour entre le pronaos et 
le pylône, enceinte autour de la maison divine, etc.). 

m Cf. Edfou, pl. LIX. 


— »»( 147 )« *<— 

du moins dans le temple, de telle sorte qu’on puisse se servir tous les jours' 
des volumes qu’on y conservait (*). Peut-être était-il chargé, en dehors des 
offices de fête, de suppléer à un défaut de mémoire ou à une défaillance quel- 
conque des officiants du service journalier : «prêtre du roi», «serviteur 
d’Horus », ou « chapelains ». Ce prêtre entrait chaque matin à la maison du livre 
en prononçant, au moment de tirer le verrou, une formule semblable à celle 
de la porte du sanctuaire M . 

Il trouvait à l’intérieur le choix de volumes, assez restreint, dont la liste est 
gravée sur les murs W. C’étaient des rouleaux de papyrus (rndi-t), ou de «par- 
chemin pur» ('r4 n mélf w'b), rangés dans des coffrets (An), que contenaient 
deux niches ménagées dans les parois droite et gauche de la cellule de pierre. 

Les livres du pr-md\4 , répartis sous 3 2 titres sur les deux listes, comprennent : 

i° des manuels destinés au culte régulier, probablement en nombre suffi- 
sant pour l’usage des cérémoniaires, au cours des grands offices au sanctuaire ; 
2 0 des directoires pour les fête^ particulières, ou pour tels rites spéciaux à ces 
fêtes 3° des conjurations et des « protections » ; 4° des inventaires des lieux 
sacrés, un manuel de décoration dû temple, un recueil des recettes de l’« offi- 
cine» (î$), et deux traités d’observations astronomiques. Il s’agit là unique- 
ment de ce qui était utile aux divers services ordinaires du temple. Encore 
pouvons-nous nous rendre compte qu’en ce qui concerne, en particulier, 
les grandes fêtes annuelles, la maison du livre était loin de posséder à demeure 
tous les rituels spéciaux qui leur étaient nécessaires ( 4 L 



(l) Edfou, III, 9-10 et 12-1 3 . D’autres allusions au service quotidien d’un «scribe du livre 
divin» ou « hiérogrammate » se trouvent encore en Edfou, III, 345 , 18; 34 g, 3 et 9. 

Edfou , III, 344, âo-21. 

(3) Edfou , III, 347, 11a 348, 3 et 35 1, 7-11 ; Edfou , pl. LXXXII. Les deux listes ont été 
traduites par Brugsch (Z. À. S., IX, 1871, p. 43-44) et par Von Bergmann (H. L, p, 47-49). 
Il est bien indiqué (Edfou, III, 35 1, 7-8) qu’il s’agit là seulement d’un choix d’écrits sacrés (stp-vo 
n b>'W~R K ) t et non pas de tous les livres saints du temple. Ceux-là, bien entendu beaucoup plus 
nombreux, étaient conserves et sans cesse recopiés à neuf dans la bibliothèque et l’atelier des 
hiérogrammates du sanctuaire d’Edfou (pr- c nh). Les bâtiments du pr- c w/i, ou maison de vie , 
étaient construits sur le terrain sacré de tous les grands temples, à l’époque ptolémaïque. Ils 
existent encore, semble-t-il, à Philae, mais nous ignorons jusqu’ici leur emplacement sur le site 
d’Edfou. Cf. Gardiner, The House of Life (J. E. A., 24 [1938], p. 157-179). 

(4) Voir plus bas, l’étude des fêtes proprement dites. 

* 9 - 


La présence du hiérogrammate à la maison du livre, pendant les douze heures 
du jour, ou chaque jour, est trois fois affirmée à propos des conjurations de 
Seth, 1 ! ennemi du dieu, ou de celles des ennemis du roi (*). On peut rap- 
procher ce fait de la présence, au milieu des autres volumes, d’un recueil 
intitulé ' Protection de l’heure {Si wnw-t) Par ailleurs, le prêtre de 
service avait aussi à sa disposition, dans les coffrets à livres, un J ~ ‘'jjf to, » 
Mémento du mouvement du soleil et de la lune (R h nmt-t n hiy-ti), et un 
Guide du mouvement des étoiles {Hki nmt-t ébi-w) W. Nous savons par ailleurs 
que le service journalier réclamait la présence constante au temple d’un prêtre 
f ) observateur de l’heure {imi-wnw-t), de qui dépendaient, par exemple, 
la préparation et la présentation ponctuelle des offrandes du dieu, deux fois par 
jour (*). Qu’il nous soit donc permis d’émettre cette hypothèse : en plus de la 
contribution qu’il pouvait apporter, le cas échéant, à la bonne marche des offices 
journaliers f 5 ), le cérémoniaire en chef de service chaque jour au prj pr-mdi-t 
assurait peut-être une «sauvegarde» du temple et de ses activités sacrées, heure 
par heure, en y lisant certaines conjurations ( 6 >. De plus, il ne faisait peut-être 
qu’un avecl’« observateur de l’heure» ( imi-wnw-t ), ou du moins l’un d’entre 
eux ( 7 ) , chargé du service diurne . A Edfou, les arrivées de ces « observateurs » pour 
l’appel à l’atelier laissent supposer qu’ils se tenaient habituellement au temple 


(') Edfou, III, 345 , 18 ; 34 9 , 3 ; 34 9 , 9 . 

(5) Edfou, III, 3^7, îa : ce recueil est cité au troisième rang, dans la première liste. 

(8 î Edfou , III, 35 i, 9 : ces deux volumes sont cités aux neuvième et dixième rangs, dans la 
seconde liste. 

W Edfou , VI, 346 , 4 ; 347, 1 . Voir plus haut, la traduction des deux « règles» pour introduire 
les offrandes alimentaires au temple. 

(5) Ce prêtre ne prenait certainement pas part au service, en temps normal, comme officiant 
journalier. Le service au sanctuaire était le fait du «prêtre du roi» seul, et cela suppose que 
ce dernier connaissait par cœur les formules : cf. plus haut, chap. 11, § 5. 

(<s) La liste des conjurations et des « sauvegardes» diverses gravée sur les parois de la «biblio- 
thèque» de service comprend la moitié des volumes énumérés sur les deux listes (16 sur 3 2 titres) . 
La question générale de la protection rituelle des temples est traitée dans : Aksel Volten, Demo - 
tische Traumdeutung (1942). 

(7) Les «observateurs » étaient plusieurs dans chaque temple. Leur ensemble constituait le person- 
nel de V observatoire :pl t(*t) nt('t) {h)rpl mrh(>t) (cf. Edfou, VI , 222, 2 et 6). L’expression^? f(»f) 
dénote un collectif traité, en néo-égyptien, comme un singulier. Le sens, dans le passage cité, qui 
est le seul connu, est ainsi beaucoup plus satisfaisant. Voir un avis différent dans : Wb,, VI, 338, 6. 


-■ «« ■ » ( 149 }*-* — 

même. Ces occupations réunies expliqueraient, semble-t-il, d’une façon satis- 
faisante la présence continuelle d’un hiérogrammate : celui-ci pouvait faire 
usage, chaque jour, depuis- l’ouverture de la maison du dieu jusqu’à sa 
fermeture, des volumes déposés dans le pr-mdi-t du pronaos, et assurait ainsi 
une sorte de surveillance générale, en vue de la régularité du service divin'! 1 ). 

Quoi qu’il en soit, le dépôt du temple contenait les manuscrits nécessaires 
à la célébration des offices de fête du culte régulier. Ce sont les livres intitulés : 
"P" 1 Conduite du rite {Ssm fjs) , et @ ^ ^ ^ g ><■»*> Mémento 

de l’Offrande en tout ce quelle a de précieux, et de la Louange, depuis le moment 
où se lève le disque (Rh htp-nlr(-k) m sé-f nb, hnw{-k ) m ri- wbnw îtn(-k)) < 2 ). 

Le titre du premier recueil correspond à l’expression : « porter (la charge 
de) l’office (sacré), en tous points (du rite)» employée pour définir le rôle des 
deux officiants qui entrent au sanctuaire, dans le texte souvent cité de la porte 
d’entrée des offrandes (*>. On peut supposer que ce volume correspond à tout 
ce que comprennent les rituels^ de Karnak, puisque hs est un équivalent de 
ih-t-nlr, et comporte le même déterminatif du -livre écrit. Rappelons ici que 
le titre de ces rituels est ainsi rédigé : — 1 

° • -E* i i i i I i . i i •=* inni 

^ - Commencement des chapitres de l’office 

divin accompli au temple de ( ) au cours de chaque jour, par le grand { prêtre -) 

pur en son jour {de service ) W. 


(I > Il n’est pas du tout nécessaire de supposer que l’utilisation journalière du pr-mdi-t entraînait 
l’ouverture du grand portail du pronaos. Le jour qui pénétrait par dessus le mur d’entrecolon- 
nement était très suffisant pour y permettre le service du pr-mdi-t. L’entrée du hiérogrammate 
se faisait par une porte latérale j très probablement celle du côté est du hnty, car l’inscription du 
bandeau intérieur de cette porte déclare qu’on entre et sort chaque jour par elle : Porte par où 
entrent et sortent chaque jour ceux qui font leur service horaire dans ce pronaos ( sbi n c k-pr m-hnt-fp-nb, 
in «ir wnw-t- sn» m hnty'pn). (Cf. Edfou, III, 357, 6-7). Par ailleurs, à l’intérieur du réduit 
obscur de la « bibliothèque», il était nécessaire d’allumer «ne lampe ou un cierge, comme dans 
celui de la maison du matin, au moment où l’on y purifiait le « prêtre du roi». 

W M ou > HL 347, i 3 (7' titre), et 348 , 1-2 (i 9 * titre). Je supprime le pronom -k dans la 
traduction : la liste des volumes est comprise dans une dédicace, adressée par le roi à Horus d’Edfou. 
Aussi toutes les secondes personnes du singulier sont-elles artificielles dans ce texte. Elles 
n’existent d’ailleurs qu’aux *i 9 ' et 20' titres de la liste. 

< 3 > Edfou, II, 160, 10 : fi ki-t m ih-t nb-t. 

l ‘> HU- m ri-w n-w ih-t-nlr ir-t m pr ( ) m hr-t-hrw n-t r' nb, in w e b '1 imy hrm-f. 

Les deux recueils sont comparables aussi du point de vue de leur emploi. Les manuscrits de 

Bîbl . d* Etude, t, XX. 


— • * *( 150 ) * ♦» »•-- 

Quant au second recueil, son titre est double. Il comprend d’abord un 
directoire liturgique pour tout ce qui concerne l’Offrande divine, dans sa 
composition et sa présentation. Il comporte ensuite une seconde partie, 
réservée aux prières psalmodiées et aux hymnes. L’importante confirmation 
nous est ainsi donnée d’un fait que bien des renseignements rendent clair 
par ailleurs. Les textes chantés sous forme- d’« hymnes de louange» (hnvd) 
forment un gros apport, qui différencie nettement le service solennel du culte 
journalier. Trop longs pour être connus par cœur, ils devaient être suivis par 
un ou plusieurs prêtres «porteurs du livre de fête», sur les manuscrits qu’on 
emportait près du sanctuaire. Ces chants réclamaient un certain nombre d’exé- 
cutants, comme le déclare le texte de la porte d’entrée des offrandes ù). 
C’était, bien entendu, au grand service du matin que ces louanges étaient 
chantées. 

Le cérémoniaîre en chef qui avait la garde des livres à la « bibliothèque » 
n’était pas, selon toute apparence, le «prophète» chargé de suivre l’office 
sur le livre à côté du « prêtre du roi», aux jours de grand service W. Il y avait, 
pour un temple de l’importance de celui d’Edfou, plusieurs cérémoniaires ou 
hiérogrammates, tous attachés à la maison de vie, qui avaient le rang de hp-tp 
(« en chef», ou : « du premier rang»). L’un d’eux marchait devant le « prêtre 
du roi», quand il montait au sanctuaire. Les autres sont simplement, comme 
nous l’avons déjà vu, des « (prêtres-)purs, cérémoniaires ». Ils ont déjà 
précédé les deux officiants à la. « salle de l’ennéâde»; ils ont pris les volumes 
contenant les hymnes sacrés, à la «bibliothèque». 

Deux salles du temple d’Edfou, fermées en temps ordinaire, étaient ouvertes 
au moment de la préparation d’un grand service au sanctuaire : c’étaient le 
trésor (pr-hd), et la chambre de l’habillement (h-t mnh-t). La première, placée 

Karnak comprennent non seulement* V ordinaire du service sacré pour chaque jour, mais encore, 
en seconde partie, les formules du service solennel au sanctuaire. Nous avons établi plus haut que 
le prêtre unique du service journalier ne pouvait pas, pratiquement, lire ses formules, mais 
devait les connaître par cœur. Au contraire, en service solennel, le cérémoniaire adjoint empor- 
tait le volume au sanctuaire, et lisait l’office. Cf. Moret, Rituel l , p. 7-8. 

< l î Edfou , II, 160, 11 : grg vob'W kry'W-hb( 4 ) hr imn 4 ’tîb 4 , (h^r vosb hm'W-nlr r tr 4 n. 

<*> Edfou, II, 160, 9. Un « cérémoniaire» pouvait être soit du rang des « prophètes» ( hm-ntr ), 
soit seulement de celui des « (prêtres-) purs» (w'b) : des « cérémoniaires » de ces deux rangs 
sont cités au texte de la porte d’entrée des offrandes. 


—**>( 151 

sur le trajet de l’entrée des offrandes, sert à augmenter la magnificence de 
l’office, par la présentation de ses bijoux et objets précieux rituels. La se- 
conde, située tout au début du «couloir des chapelles» ( smy(-t ), fournit 
le matériel complet nécessaire à la «toilette divine», telle qu’elle est repré- 
sentée sur les murailles du temple. 

Avant qu’on n’accomplisse la cérémonie de l’« élévation» deé offrandes 
(fl ik-t), les portes du sanctuaire sont ouvertes. Les deux prêtres chargés 
de «conduire le rite» y pénètrent ô). On ne referme pas, semble-t-il, les 
portes derrière eux ( 2 ) . La première partie de l’office solennel au sanctuaire 
est caractérisée par deux faits : la plus grande longueur des prières, pour 
chacune des phases déjà examinées plus haut, et le développement des hymnes. 
C’est ce qui ressort de l’examen des chapitres 26 à 42 des rituels de Karnak, 
placés dans le recueil au début de la « seconde entrée », mais qui sont mani- 
festement des doublets ou des adjonctions aux chapitres 7-24 de la « première 
entrée». 

Au moment où l’on brisait le sceau, le chœur des « (prêtres)-purs, porteurs du 
(livre) de fête placés à droite et à gauche (de la porte du sanctuaire, dans la salle 
de l’Ennéade)» ( 3 > entonnait le chant du matin. Les rituels de Karnak, en dehors 
de la prière qui rappelait ce chant en service journalier, nous en ont transmis un 
abrégé, réuni aux autres hymnes du service solennel Le temple d’Edfou 
en présente un exemplaire très développé. Son dessin rythmique est indiqué 
par la disposition même que lui a donnée le décorateur de la salle de l’En- 
néade < 5 ). Il est gravé en deux groupes égaux, à droite et à gauche de la porte 
du sanctuaire. Chacun de ces groupes comprend trois tableaux superposés,, 
de disposition linéaire semblable. Le tout forme un seul développement, dont 
la tête se trouve en haut du groupe ouest, et la fin en bas du. groupe est. 

W Cf. Edfou, II, 160, 9-10 : Un « prophète » est devant toi, (occupé) à lire le livre; un autre (prêtre -) 
pur de haut rang est à côté de lui, faisant U encensement et la libation. 

W Cf. Edfou, II, 160, 11 ;'Voir plus haut. 

(a) Edfou , II, 160, 11 ; voir plus haut. 

Moret, Rituel, p. 121-124, n° 37. C’est la première partie d’un long hymne, intitulé : 
« Adoration à Amon». Le motif s’imposait tellement de lui-même que, sur quatre autres hymnes 
placés dans le même recueil à la suite du n 0 37, trois (n p * 38 , 39, 4 i) en contiennent la formule 
caractéristique : Eveille 4 oi bellement en paix, ou : Eveille-toi : tu es en paix . 

w Edfou, I, p. i 4 -i 8 , et pi. XXXI 0. 


30 . 


-—*-»•( 152 — 

Chacun des six tableaux coïncide à peu près avec un seul et même motif de 
la litanie. Il comprend, en haut, une ligne, et, en bas, une autre ligne, qui à 
elles deux encadrent treize colonnes de texte. Chaque colonne contient une invo- 
cation ou une phrase pieuse indépendante de ses voisines. Enfin, au-dessus 
des colonnes, un seul mot : Éveille-toi, ( Ré ) est écrit par des signes très écartés 
les uns des autres, de manière à couvrir toute la largeur des colonnes réunies. 
Au-dessous, la fin de la phrase montre une disposition semblable :(«=» — 

æt ) en paix! Éveille-toi : tues en paix! (m htp! Ré-k 

btp-til). Cette mise en scène graphique, si particulière, semble donner la clef> 
de l’exécution matérielle de la litanie W. 

Un soliste chef de chœur psalmodiait successivement chacune des colonnes, 
en l’encadrant, chaque fois, des mots déjà traduits. La première phrase ainsi 
chantée était : 

Éveille-toi, [ Horus d ' Edj hu-grn nd -die u -du-c ie l, saint Faucon au milieu de sa 
barque ], en paix! Éveille-toi : tu es en paix! [Ré, [Hr Bhdti-nlr-;-nb-p-t, Énbti 
spé hrî-ib voîîf], m htp! Ré-k htp-tl !) < 1 2 h 

Tous les choristes reprenaient alors ensemble le refrain, gravé sur les deux 
lignes d’encadrement : 

ssifT+rcninfrwgjs 

Tu es éveillé, tu es en paix! Éveille-toi bellement en paix! Éveille-toi, Horus d’Ed- 
fou, en Vie! Les dieux se lèvent de bonne heure pour honorer ton âme, ô saint 
Disque-ailé qui se lève {hors) de Nout ! ( 3 ) C ’est toi qui « ouvres la sphère (d’argile) » 

(1) L’hymne «Éveille-toi» a été étudié en grand détail par Blackman-Fairman, dans Miscellanea 
Gregoriana (1941), p. 397-428 ( A group of texts inscribed on the façade of the sanctaary in lhe temple 
of Horus at Edfu) . 

« Edfou, I, 1 A, il. 

<3) La confusion graphique est constante à Edfou entre les écritures de Nwn-t (Wb., II, 21 3 , 

1 o ) et celles de Nw-t ( Wb., II, 2 1 4 , 1 5 ) : cf. Edfou, I, 1 4 , i 3 ; 162, 4; 285, 10; 3 o 4 , 6; 

• 3 7 ° , 16; 5o2, i 4 , etc. Mais ici la locution parallèle wb\ nhp-t m hn n Nw-t doit faire préférer 
la lecture Nw-t (cf. plus haut, p. 122, n. 2). 


— «•( 153 — 

(en sortant) de Nout, et emplis la terre de poudre d’or! [C’est toi) qui ( prends ) vie 
dans l’orient, plonges dans l’occident, dors dans Bhd(-t) W, chaque jour ! M 

Vingt-six fois, le soliste invoquait Horus dans la même forme, mais toujours 
avec des épithètes différentes. Puis il passait aux divinités de l’ennéade du 
temple, dont les noms sont inscrits sur treize colonnes, en commençant par 
Hathor de Dendéra : 

Éveille-toi, [Hathor la grande de Dendéra, OEil-de-Râ « qui es au cœur » d’Edfou, 
ô Céleste, ô Dame de tous les dieux), en paix ! Éveille-toi : tu es en paix! ® 

Au onzième verset, le soliste invoquait des divinités en groupe. La for- 
mule, gravée sans variante par le décorateur, devait alors être légèrement 
modifiée : 

Éveillez-vous, [tous dieux précurseurs, tous dieux successeurs, etc. (4 b 

Quand on atteignait la seconde partie du grand hymne, la phrase d’enca- 
drement du verset n’était plus valable, car la litanie passe aux parties du corps 
d’Horus, invoquées avec leurs épithètes, puis aux objets sacrés et puissances 
protectrices du dieu, enfin aux lieux saints où se tient la divinité. Le soliste 
invoquait donc quarante-cinq fois ainsi : Tes yeux répandent la flamme; tes 
yeux illuminent l’obscurité! ; Tes sourcils s’éveillent en beauté, ô Face étincelante qui 
ne connais pas la colère! W Et ainsi de suite jusqu’au verset final, auquel répon- 
daient une dernière fois les choristes, par le refrain inchangé : 

Tu es éveillé, tu es en paix! Éveille-toi bellement en paix! Éveille-toi, Horus d’ Ed- 
fou, en Vie! etc. 


(1) C’est ici le temple d’Edfou. 

Edfou , I, i4, 1. 10 et i3 : Rs-tt htp-tt! Rs-k nfr m htp! Rs Hr Bhdti, m € nh! Dwl ntr*w r 
swîs n bl*k, *py sps whn m Nw-t! Twt ( i)rf whl nhp-t m Nw-t , mh il m nkr , c nh m B\h,éhdm 
Mlnw , sdr m Bhd-t, r c nb! 

(3) Edfou , I, i5-i6 (I r# colonne). 

< 4) Edfou , I, i5-i6 (II* colonne). 

(6) Edfou, I, 16, 16-17. 


154 j* <<* • 

* • 

Tel était le premier chant du grand service au sanctuaire. Il se présente 
sous une forme toute particulière à la liturgie d’Edfou, avec l’ampleur qui 
convient à l’un des plus grands centres du culte solaire en Égypte ù). 

La salle de l’Ennéade renferme ce chant, gravé en place d’honneur sur 
la principale de ses quatre faces. Mais elle contient aussi trois autres hymnes * 
également mis en évidence sur ses parois ouest et est. Elle se révèle donc 
comme le lieu où l’on psalmodiait, aux portes du sanctuaire, les louanges 
de la Majesté divine, tandis qu’elle s’éveillait. Les trois hymnes de la salle 
de l’Ennéade célèbrent le dieu à son lever. Ils sont le legs de la liturgie 
régulière d’Edfou, les seuls exemples conservés parmi les chants de louange, 
au moment où se lève le Disque du vieux psautier.de la «bibliothèque». Les 
autres textes de ce genre, dispersés dans tout le temple, font partie de rituels 
de fêtes particulières. Les rituels de Karnak ont placé les hymnes chantés à 
la fin de la section concernant le service solennel. Mais ils étaient exécutés en 
dehors du sanctuaire, et non par les deux prêtres occupés, au dedans, à 
«conduire le rite». On chantait probablement ces hymnes tant que durait 
la « première entrée». « 

Le premier d’entre eux s’adresse à Horus qui gouverne les temples de 
l’Égypte du sud. Il est gravé en cinq hautes colonnes sur la paroi ouest, 
entre l’angle sud-ouest de la salle et la porte de la chapelle de Min-: 






4-11 


Sfltymjüj 


)Jti 


* AAA 




{1 > Moret ( Rituel , p. 122, note 3 ) cite quelques exemples du «chant du matin», qui com- 
plètent l’étude d’Erman. Mais il n’en éclaire pas la nature exacte, et la place importante dans la 
liturgie égyptienne. Cf. au contraire Blackman-Fairman : voir note, plus haut* 


V 


155 )**— 

*>S£;¥Y.Ls«+t:¥~-ê-+nr,':T$&$:rT 

Salut à toi, Râ qui se lève au matin — ô saint Disque-ailé, .rayonnant de lu- 
mière, — qui brille à l’orient chaque jour, - — et se couche à l’occident, au cours 
de toute journée; — qui traverse le ciel chaque jour, voguant — sans fatigue vers 
sa place d’hier! — S'étant levé du Noun jusqu’en son trône du Ciel, — il éclaire 
l’Égypte de ses yeux ; — étant entré dans l’autre-monde, il illumine la terre étrangère 
— et ceux de l’autre-monde se réjouissent à son approche! — (Il est celui ) qui fait 
briller le champ de l’éclat de son disque, — et fait croître les fleurs, quand il apparaît ; 
— il est le père des hommes, le créateur. des dieux, — le Maître éternel, seigneur de 
l’Ennéade, — le premier [dieu) primordial qui s’est manifesté en tête — des [dieux) 
primordiaux, qui a créé la terre quand elle a commencé d’exister! — C’est lui l’Être 
unique qui a fait cela en entier, — et que les dieux et les hommes se réjouissent de 
voir, — [quand) son âme au ciel est sanctifiée dans l’Horizon, — et son image mysté- 
rieuse dans [la chapelle-) Mén(-t) ! — O roi Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, 
[dieu)-au-phmage-moucheté, — qui sort de l’Horizon, en tête des temples du 

Sud, — que ton beau visage soit favorable au Roi ÇPtoÜmée IV Philopator^ , — qui a 

[re)bâti ta grande place antique ! — Puisses-tu lui donner récompense de ce sien « monu- 
ment» : — c’est la grande fonction de roi d’Egypte! — [Tant que) ton disque planera 
au Ciel, [que) tu régneras sur la terre, [que) tes yeux regarderont ses sujets — 
qu’il soit un roi établi à jamais sur les [âmes-) k} vivantes, pour toujours! W 

Le second hymne au Soleil levant est dédié à Horus qui gouverne les sanc- 
tuaires du nord de l’Égypte. Il est inscrit sur trois colonnes, depuis l’angle 


(1) Edfou, I, B70, 1 4 à 371, 7, et pl. XXXI b : ’lnd hr-k, R c wbn hr-tp dwlw, ' py sps ssp hüw-t, 
psi m Blh m hr-t hrw, htp m Mlnw m rl-' n r' nb ; il hr-t r ' nb, n wrd-n-f lir skd r s-t-f n sf ! Wbn m 
Nwn r s-t-f m Nwn-t, shd-n-f tl-wi m ntr-ti-f; c k r Dl-t, wps-n-f Dsr-t, h* Dlti-w m héfwfl Sihn w m 
mlwt n itn-f wlh sml-w mprf; wtl rmt, skpr nlr-vo, Nb(-r-)dr hklpsd-t,plwti tpy hpr m hl-t plwti-w, 
a* t’ m pl-nfl Hprw w' pw ir nn r Iw, tfn ntr-m rmt m dg-tw-f, blf m hr-t dsr-tw m lh-t, bs-fstl 
hnt Mén(-t) ! Nsw-t-biti Hr Bhdti-ntr-”,-nb-p-t, Slb-sw-t pr m lh-t hnt itr-ti Sm e w, htp hr-k nfr n 
nsw-t-biti (. ....), bips s-t-wr-t-k dr-blh! Di-k n-ftsw n mnw-fpn, m ilw-t wr-t n nsw-t-bitil c h c itn-k 
m Nwn-t, nswy-k m tl, mll-n Ih-ti-k m ni-t-f, ’tw-f m bltl wlh n nhh hnt kl-w ' nh-w , d-t! 


sud-est de la salle de l’Ennéade jusqua la porte de la «cour du Nouvel- 
An» : 

= — ïivM=ï|ki^l— 

A:v^Pi-‘^AJS'vv)Ma^?r^i*Ti^wTsrn 

sic 

da:^î^*^iô£:i*vsitzTf-£i»:i->-ïï 
t:^iti^sc 

* 

Louange à toi, ( dieu ) d’Edfou, qui perce (Seth-)nhé, — Faucon d’ Or, fils de 
Râ, 6 roi! — O vaillant Harponneur, qui anéantit W celui qui l’attaque, — qui fait 
massacre de ses ennemis, et égorge ses adversaires ! — (O dieu) établi sur sa butte 
(sacrée), — qui lacère les rebelles à sa Majesté, — ô saint Faucon, aux serres 
aigües, — qui punit le Malin de sa méchanceté !' — (Tu es) celui qui se dresse en 
roi sur le trône de son père, — pour ( 1 2 ) protéger son siège du malheur! — (Tu es) 
celui qui égorge (Seth -) mgl dans l’odeur de son sang (répandu), — pour $ 
anéantir l’agresseur de sa majesté! — (Tu es) celui qui s’assied sur son trône dans 
(Edfou-) Wls- t-H r , — pour - 2 ' chasser les (mauvais) Esprits (loin) du sanctuaire! 
— O roi Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, (dieu)-au-plumage-moucheté,- — qui 
sort de l’Horizon, en tête des temples du Nord, — que ton beau visage soit favorable 

au Roi ( Ptolémée I V Phibpator^ , — qui a (re)bâti le (temple d’Edfou-) Mén(-t), 
le lieu que tu âimes ! W 

Quant au troisième chant de louange, qui s’adresse au Maître de tous les 
sanctuaires du pays, il complète la décoration de la paroi est, depuis la porte 

(1) Littéralement : «qui va jusqu’au fond (du pays) de celui qui l’attaque», 
m hr = r. 

(s) Edfou, I, 378, 1 4 à 379, 3 , et pl. XXXI b : ‘I’,w n-k, Bhdti wnp Nhs, B'tk-n-nb, si R c , nsw-l- 
bitil ‘I’wti kn, in phwy n thw sw, ir 'dm m hfti-vof, nkn sbi-wf! Mn tp il-tf, dbdb diy-w n hmf! 
Drty sps, spd-'n-w, dbi Dns m imswf! 'h' m nsw-t-biti hr s-t n itf, hr mk s-t-f r nsny! Smi Mgi m 
slt nknf,hr inphwy n tkk if fl Snjm hr tnti-t-f (?) hnt IVts- t-Hr, hr sn' htmy-w r s-t-mr-t! Nsw-t-biti 

Hr Bhdti ntr c î nb p-t, Sib svo-t pr m ’>h-t hnt itr-ti Mhvo , htp hr-k nfr n nsw-t-biti nb ti-wi ( ), 

hwi Msn (a) m é-t ib-k! 


de la «cour du Nouvel-an» jusqu’à .l’angle nord-est de la salle, sur six 
colonnes : 


1 l S _ ** ids P ï Hl n = ~ •» 4° c: ,T, üjt> “ I ' ! I i i i. 

nii'— ’ jâp*<t?i 1 ^ ¥ v ♦.'A a 1 z 1 ms + 1* s 

îïTf5?V£iiiiil->— ïïïtitilKiÿït )— “ÎS 

Louange a toi, (dieu) d Edfou-maitre-du-ciel, — saint Disque-ailé qui brille dans 
l’Horizon, — nouveau soleil qui illumine l’obscurité, — Enfant sacré qui éclaire 
la terre! — Pupille de l’OEil divin, qui fait briller l’Égypte de ses rayons, — dont 
la lumière fait luire le monde! — Dieu de l’orient qui montre sa tête (hors) de 
NoutW, — et répand les rayons de son disque sur la terre! — Vieillard le soir. 
Enfant renouvelé au matin, — dieu unique au-dessus de tous les dieux! — (O dieu) 
gros de lui-même, chaque jour, pur assurer l’aube, — qui apparaît dans l’Horizon, 
qui ■ se leve a l orient le matin, chaque jour , — et pénétré dans l occident, une fois 
le soir (venu)! — (O dieu) qui nage en son océan (céleste) W,, tout le jour, — et 
qui parcourt la (voûte du) Ciel, infatigable! — (Quand il) brille le matin dans (la 
barque-)ébt-t, les Puissances (divines) de l’orient acclament son (âme-)h ; — 
quand il se couche dans (la montagne-)Minw, à la nuit, — les Puissances (divines) 

(1) C’est l’image de la naissance du Soleil-enfant, sortant du sein de la déesse du Ciel. Pour 
la transcription Num-t/Nw-t, cf. Wb., II, ai 3 10, et la note précédente, p. i5a, note 3. 

(,) Littéralement : sur «son océan» (hr b\’f). 


r 


\ 

—■«»<( 158 )•« — 

de l’occident l’accueillent en paix! — 0 saint Disque-ailé, qui illumine l’Égypte de 
sa lumière, — et qui donne la vue à tout visage ( humain ) ! — (0 dieu) rayonnant 
d’or, qui éclaire villes et campagnes, — à la naissance de qui il fait jour, chaque 
journée! — C’est lui V Unique qui fait toutes ces choses, — (quand) la terre devient le 
trôrie de sa beauté — ( C’est lui) qui rame au ciel en sa nef, chaque journée, — (quand) 
il parcourt les deux à la voile (?), tous les jours, dans (la barque-)^ k-t-t ! — ( C’est lui) 
le grand Luminaire, qui illumine l’Egypte (sortant) de l’obscurité, — et qui éclaire le 
pays avec ses yeux! — (Lorsque) s’avance l’Uraeus qui est son diadème, — les hu- 
mains se •prosternent, en hommage à la puissance de sa Majesté! — 0 roi Horus 
d’Edfou-grand-dieu-durciel, (dieu)-aur-plumage-moueheté, — qui sort de l’Hori- 
zon, en tête des temples du Sud Ct du Nord, — que tonjbeau visage soit favorable au 

, — qui a créé cette fondation pour ton temple ! W 

Tels sont, parmi les hymnes conservés dans la décoration de la salle de 
l’Ennéade, ceux qui étaient en usage pour le culte régulier. Les autres, qui 
se trouvent au-dessus des portes du couloir smy(-t), concernent seulement 
les fêtes, dont les cortèges sortaient du sanctuaire Mén(-t) et des chapelles 
annexes. 

3. — L’OFFICE DE FÊTE AU SANCTUAIRE. 

1. — LA « PREMIÈRE ENTRÉE». 

Pour les deux prêtres au sanctuaire, le service se déroulait dans le même 
ordre qu’au «journalier», comme le montre la succession des chapitres 26 
à 42 des rituels de Karnak. Le centre du culte était, encore le grand naos (kir), 

Edfou , I, 379, 5 - 1 8 , et pi . XXXI b : ’lîw n-k , Bhdti nbp 4 , *py èpspsd m ÏKV, itn nfr shd snkw, 
sfy sps ïkh idb*w t dfd îj Wdî(*t) wbg tî*w t m stw 4 f, hly hddw 4 f ndb(*t) ! Nlr’IîbUt dt tpf m Nw*t , 
wps tî m stW't itnf; tiw m whî, hy rnp mdwlw, ntr w c krt ntr*w nb(*w), iwr 4 w tmf, r'-nb, (h)r nhm-f 
hd-tî! Dif sw m ÎKt, wbn m Bîh m d'tf, r c -nb, c k Mlnw m-ht htf, nb hr bil-f m hr>t-hrw , nmt Nwn»t 
iwtl wrd'U'f! Psd m dw\w imitw Sht*t, bî*w y Ilbt*t ktt n kîf; htp m Mlnw tp ssî't, ssp s(w) bl*w 
’ImnUt, m htp ! *py sps > shd tl*wl m mîw*tf,di dg n hr nb f psd m nb, bh nW‘W>tsp*w 4 , dwl'twr msw 4 f, 
r?- c n r c nb! W c pw tr nn r lw } hpr tl m w!$'t-nfrwf; hn hr>tm wilf, m hr 4 -hrw , hntyp 4 , r n r, nb, 
m èbt't! Shdw wr shd tî*m i m kkw, wps itr*ti m Ih'tif : spr mhn^tf hri-tp*tf, sn tl rhy 4 , Ih n blw 
hmf! NsW't-biti Hr Bhdti-ntr-'i-nb-p't, Sîb-hw'tpr m lh*t, hnt ttr*ti Sm'w-Mhw, htp hr*k nfr n nsw*t-- 
biti nb tl*wi ( ), tr mnw pn n pr*k! 



. — *-*•{ 159 — 


placé au milieu de la paroi de fond du sanctuaire. Il n’y a donc pas 
lieu de reprendre dans le détail l’étude, déjà présentée plus haut, des gestes 
et formules du rituel journalier. La différence essentielle est que l’office de 
fête au sanctuaire est un office lu. A chacune des phases : approche vers la divinité 
du tabernacle, ouverture de la porte, révélation de la Face l prières et adorations devant 
la Face, « embrassement » de l’image divine, le prêtre-lecteur lisait, en les psal- 
modiant, les formules, et le «prêtre du roi» accomplissait en silence tous 
les gestes et actes sacrés W. 

Il y 'avait, de plus, des additions au rituel ordinaire : elles sont évidentes, 
dans la disposition même des tableaux qui décorent les parois du sanctuaire, 
à,Edfou. Ces additions ne s’adressent plus uniquement à Horus d’Edfou, mais 
à lui d’abord et aux deux divinités qui forment avec lui la « triade» locale : 
Hathor de Dendéra « parèdre » à. Edfou, et Harsomtous de Hl-di. Ainsi, dans le 
«service de fête», le culte de l’Ennéade divine d’Edfou, en la personne de 
ses deux formes divines conductrices, passait en partie de l’extérieur à l’in- 
térieur même du sanctuaire é-t-wr-t. Au cours de la «première entrée», 
l’addition caractéristique est 1 ’ encensement des barques-litières. Les deux tableaux 
consacrés à ce rite se trouvent au « premier registre » dans la décoration du 
sanctuaire, à la suite des scènes réservées au culte royal. Ainsi placés, ils 
sont nettement séparés des scènes qui représentent le culte journalier W. 
L’encensement des barques était, semble-t-il, pratiqué au moment où l’on 
adorait la Face découverte du dieu dans son naos, et où l’on se prosternait 
devant elle. Le «prêtre du roi» maniait l’encensoir, tandis que le céré- 
moniaire lisait une formule semblable à celles des chapitres 35 ou 36 
des rituels de Karnak Après avoir imposé les mains sur la statue du grand 

(l} Cf. : Un « prophète » est devant toi, (occupé) à lire le livre ; un autre (prêtre-) pur de haut rang est 
à coté de lui, faisant V encensement et la libation (Edfou, II, 160, 9-10). Ces deux officiants du sanc- 
tuaire sont probablement ceux dont le 26 e chapitre des rituels de Karnak dit : Horus et Thot sont 
venus pour te voir dans le temple , Ce chapitre est spécial au service de fête, où le « prêtre du roi» 
tient la place d’Horus, et le hiérogrammate celle de Thot (cf. Moret, Rituel, p. 108-109). 

(î) Cf. Edfou, pl. XI et XII. La différence est également marquée par le changement de couronne : 
dans tous les tableaux de la série du culte journalier, le « roi» porte la coiffure de l’héritier royal, 
nms ou hprs. Au contraire, quand il encense les barques divines, il est couronné des deux puissantes : 
c’est qu’alors twt sw r kml sw — il est P égal de celui qui Va créé (Edfou, I, 28, 11-12). 

{5) Cf. Moret, Rituel, p. ii 5 -iqo. 



tabernacle, pour en symboliser T « embrassement » (shn), après l’avoir en- 
censée, le «prêtre du roi» reculait probablement jusqu’au pied de l’estrade 
qui portait la barque d’Horus. Il dirigeait alors vers elle la fumée de son 
encensoir, puis passait devant la barque d’Hathor, et l’encensait à son tour. 
Ce rite marquait la fin de la «première entrée». Aussitôt après, les deux 
prêtres sortaient du sanctuaire, dont on laissait les portes ouvertes b). 


2. — LA «SECONDE ENTRÉE». 

% 

L interruption entre la sortie et la rentrée des deux prêtres devait être plus 
longue qu’en service journalier. En effet, il fallait alors apporter dans le 
sanctuaire le matériel nécessaire à l’offrande alimentaire, à l’habillage, à la 
parure divine. Ces manipulations ne pouvaient être laissées à la charge des 
officiants : on peut supposer que des «chapelains» s’en acquittaient. L’Of- 
frande introduite était probablement plus riche et plus variée qu’en service 
journalier. Elle ne s’adressait plus au seul maître du temple, mais à Horus., 
Hathor et Harsomtous. On la faisait pénétrer, comme d’habitude, sur des 
plateaux, qu’on posait sur des tables d’autel Çb>,) et des autels à pied 
central (h>,w-t), devant le grand naos du sanctuaire < 2 ). Oh apportait aussi les 
coffrets à toilette, au nombre de quatre : ils contenaient les étoffes et les 


(,) Cf. Edfou, II, 1 60, 1 1 . A l’appui de l’opinion soutenue ici, que l’encensement des barques 
divines faisait partie, non du culte journalier, mais du culte solennel au sanctuaire, on peut citer 
aussi ce passage de la Stèle de Piankhi : Le roi en personne se tient debout, seul; il ouvre les verrous, 
tl écarte les battants (du naos) ; il regarde son père Râ-qui-est-dans-Héliopolis ; il purifie la (barque-) 
M'nd.t de Râ, et la (barque-)^ k-t-t d’Atoum; il ferme les battants, il pose le cachet d’argile (Moret, 
Rituel, p. a 1 6). La visite royale de Piankhi sortait évidemment de l’ordinaire du culte. Elle cons- 
tituait une entrée royale (bs nsw-t) d’exception, l’équivalent d’une fête particulière ; mais tous les 
gestes décrits sont ceux du service au sanctuaire, au cours de la « première entrée» (il n’y a là 
ni présentation d offrandes, ni «toilette divine»). C’est donc que le roi en personne suivait 
le rite que nous venons de décrire ici. Or, il joignait à l’adoration du dieu au naos l’encensement 
qui purifie les barques, comme on le faisait en tout service de fête au sanctuaire. 

() Une partie de cette « Offrande au sanctuaire » se trouve représentée sous les barques-litières 
d Horus et d Hathor (Edfou, pl. XI, XIV) : il s’agit, en plus des « enseignes» du dieu et des 
bijoux symboliques de la déesse, des vases à eau et à boissons diverses, couronnés de fleurs de 
lotus, et d’une grande coupe d’apparat (citée par Schïfer, Diealtâg. Prunkgefâsse, p. 3 7 , fig. 102). 


— +*•( 161 )*♦+— — 

huiles , au complet. Enfin arrivaient au sanctuaire les objets sacrés de métal 
précieux, que l’on conservait au «trésor» du temple. 

i° Le grand service des aliments . — Lorsque recommençait l’office, tout était 
prêt pour le repas des divinités. Matériellement, ce repas était présent devant 
elles. Le choix introduit valait pour l’Offrande entière, exposée à ce même 
moment dans la salle de l’autel. 

Cependant l’acte symbolique, qui résume en lui à cet instant toute l’effica- 
cité du sacrifice, semble être celui qu’on voit représenté au premier 
registre de la paroi de fond du sanctuaire. Le cérémoniaire psalmodiait 
une formule, dont le temple d’Edfou n’a pas conservé la version locale ('h 
Pendant ce temps, devant le naos d’Horus, le «prêtre du roi» élevait vers 
le dieu sur la paume de sa main, l’autre main ouverte en arrière pour la 
protéger, la statuette de Maât assise, coiffée de son insigne distinctif, la plume®. 
Cette statuette, posée sur un socle rond d’albâtre hb, était vraisemblablement 
l’un des accessoires sacrés que l’on conservait dans le « trésor» du temple. 

La décoration des parois intérieures de ce «trésor» montre uniquement des 
présentations d’objets sacrés, gardés en temps ordinaire dans cette pièce. 
Il s’agit, bien entendu, d’un choix fait parmi eux. Leur variété — les scènes 
du reste du temple le prouvent — était trop grande pour qu’on puisse les 
représenter tous dans cet espace restreint. Or, la statuette de Maât s’y trouve, 
au second registre de la paroi sud (à l’est de l’axe central, au fond de la 
salle). Horus d’Edfou la reçoit des mains du «prêtre du roi», debout dans 
une attitude toute semblable à celle de l’officiant du sanctuaire é-t-wr-t^K 

Une scène correspondante existe au «trésor» du temple de Dendéra. La 
légende gravée derrière le « roi » y est plus caractéristique : 

[ Vive le dieu bon, ] , qui élève ses mains chargées de la Maât de Maât, ( 4 ) 


(1) Cette version était vraisemblablement proche de la longue formule qu’on lisait, en pareil 
cas, au temple de Karnak, au Nouvel Empire : cf. Moret, Rituel l, p. i 38 -i 65 . 

(t) Cf. Edfou , pl. XIII premier registre (deux tableaux). 

(3) Cf. Edfou j pl. XLV a , paroi sud, et pour le texte : Edfou , II, s 84 , i 6 àa 85 ,A: Offrande de 
Maât au Maître de Maât , au dieu justifié . 

(4) Cf. Mariette, Dendéra , I, pl. 68, 2° : i'r **tvlf hr M? t n Mî t* 

Bibi. d’ Etude, t. XX. ai 


\ 



— m» ( 162 }•** — 

Les deux écritures de Maât possèdent, l’une et l’autre, le déterminatif de 
la déesse. Il faut donc donner à la première le sens de : figure symbolique de 
Maât. Nous savons, par ailleurs, que ces figurines de Maât étaient fréquemment 
portées, attachées à un collier, au centre de la poitrine des prêtres de haut 
rang : telles sont celles que l’on portait à la procession des fêtes du Nouvel-An, 
à Edfou W. Selon toute vraisemblance, la statuette de Maât destinée à la célé- 
bration du culte de fête au sanctuaire était aussi un bijou précieux. Elle 
symbolisait, au point de vue liturgique, l’offrande alimentaire rassemblée 
au temple. C’est certainement à l’heure même où les autres moyens d’expres- 
sion rituelle : odeur des parfums, fumée de l’encens, faisaient parvenir 
l’offrande à la divinité, que l’on élevait vers la statue du naos la figurine de 
Maât. Aux scènes du temple d’Edfou qui montrent l’offertoire sous cette 
forme, de courtes formules sont adjointes. Ces formules ne s’éloignent guère 
de celle que présente le mur de fond du sanctuaire : 

♦ 11 “ 

Prends pour toi Maât, ta puissante fille quaime ton (âme-) kl, [et qui rassasie ( ?)] 
ta Majesté! (Elle est) le nécessaire en aliments de ton gosier , (afin que) tu vives de 
sa vue y que tu respires le doux souffle ( qui est) en elle! W 

La paroi nord du sanctuaire d’Edfou toute entière présente une unité 
remarquable de décoration. Son caractère spécial, en face des autres ensembles 

(1) Edfou, I, 58 o, 2-3 : hm-w-ntrphr hr wnmi-ilbi hr wl-t nb n nir pn, rpw t Ml*-t r hh sn , n hsbd 

mnh m nb nfr — ( tandis que) les « prophètes » marchent en procession à droite et à gauche , sur tout 
le chemin du dieu, ( portant ) la figurine de Maât au cou, ( faite de) lapis- lazuli vrai, montée en or fin, 
(S) Edfou, I, 2 8 , 1 7 à 2 9 , 2 : Mn n-k Ml*-t, sl-t-k wr-t, mr kl-k, [shtp ( ?) ] km-k. Dbhw-kl-w hty-t-k, 
*nh-k n mil s, snsn-n-k tiw ndm imê! On peut en rapprocher utilement les formules de l’offrande 
de Maât placées au-dessus de la porte de la chapelle Msn(-t ), à l’extérieur : Mn n-k Mï-t, sl-t-k 
htp k hr-s : Ml c -t-k, nn tls-s r-k! Dbhw pw kl-w-k, c nh-k m mll-s ; hr-t hm k im-s, r z nb! {Edfou, I, 
io 3 , 1 3 -i â) = Prends pour toi Maât, ta fille dont tu te rassasies! {C’est) ta Maât, elle ne se sépare pas 
de toi! Elle est ton nécessaire en aliments, et tu vis de la voir ; la nourriture de ta Majesté , c’est elle, 
chaque jour . Mn n-k Ml z -t twl-n-i m hrk : iV(*i) d-t-k r-hft hr-k! Dbhw-klw k, 'nhk m mll-s, ssn-n-k 
Ûw ndm im-s! {Edfou, I, 117, 5 - 6 ) = Prends pour toi Maât que j’élève à ta face : {elle est) ton corps 
{que) je hausse par devant toi ! {Elle est) ton nécessaire en aliments, {afin que) tu vives de sa vue, {que) 
tu respires le doux souffle {qui est) en elle! . 


— **•( 163 )* 4 — 

de scènes gravées dans le' « saint des saints», frappe l’attention. Le culte est 
rendu par le couple royal divinisé, et s’adresse au couple divin du temple. Chaque 
acte successif en est figuré deux fois, d’abord pour le sud de l’Égypte (à l’est 
de l’axe central), ensuite pour le nord (à l’ouest de cet axe). Au contraire, 
partout ailleurs, le «roi» est seul devant les divinités. Il semble qu’on ait 
voulu exprimer là, d’une façon plus expressive que partout ailleurs, le ca- 
ractère royal de la divinité d’Edfou : ce sont deux rois, l’un de l’univers, 
l’autre de la terre des vivants, qui sont face à face. La présence des couples 
symbolise l’éternité de ces deux royautés. 

Au centre, l’encensement s’adresse aux deux Uraeus de la couronne royale 
' d’Horus. En haut, on offre l’Œil céleste du soleil, pour le jour, et l’Œil 
céleste de la lune, pour la nuit. C’est dire que la double royauté divine et 
humaine est mutuellement garantie, d’abord en tous lieux du monde et de 
la terre, puis en tous temps et pour l’éternité b). 

L’ensemble de ce service royal est à rapprocher de la présence, aux deux 
parois ouest et est du sanctuaire, de quatre tableaux qui montrent le culte 
personnel du roi d’Égypte, dieu vivant sur terre, et de ses ancêtres divinisés. 
Là encore , une mutuelle assurance est donnée : en retour de sa piété envers 
ses prédécesseurs, le roi reçoit de la main des dieux Thot et Horus les in- 
signes de sa domination éternelle. Edfou présente un ensemble «royal» 
exceptionnel, groupé au lieu où la prière s’adressait le plus assidûment à la 


Dans la réalité liturgique, il est invraisemblable qu’on ait jamais réalisé, par l’introduction 
au sanctuaire d’une femme tenant la place de la reine d’Égypte, le service du couple royal tel 
qu’il est figuré sur la muraille. Nous n’en avons aucun indice par ailleurs, aux textes du temple. 
Nous savons qu’en fait, jamais une femme ne pénétrait au sanctuaire ou dans les salles toujours 
pures qui l’entouraient: en effet, aucune de celles qui étaient au service des temples ne recevait 
l’ordination d’un w z b, et n’était astreinte aux mêmes règles de vie. Par conséquent, aucune ne 
méritait le nom de pur, c’est-à-dire de «prêtre», au sens égyptien du mot. Même aux temples 
où, à l’époque des Ptolémées, une déesse recevait le culte avant toutes autres divinités (Dendéra, 
Philae, etc.), le clergé proprement dit, dans son entier, était uniquement composé d’hommes. 

•Malgré leur « divinisation» théorique, à l’époque grecque, nous n’avons pas non plus d’exemple 
qu’une des reines d’Égypte ait jamais effectué réellement une «entrée royale», seule ou en 
compagnie du roi, dans un temple égyptien. La présence de la reine restait certainement toute 
théorique, au « grand service» : le « prêtre du roi», assisté du hiérogrammate, officiait au nom 
du couple royal, comme au nom du roi seul. C’était la coutume religieuse immuable, depuis 
la haute époque. 


2 1 . 


— **•( 164 ) * ■ >— 

divinité. Les décorateurs locaux ont obéi de façon plus complète que partout 
ailleurs aux instructions données à tous les clergés d’Égypte sous les premiers 
Ptolémées. La nature même de son culte horien et solaire semble avoir tou- 
jours poussé dans ce sens le vieux centre religieux d’Edfou. Les conséquences 
pratiques de cette tendance devaient, au cours des offices, consister surtout 
en adjonctions fréquentes, dans les formules, de demandes de bénédictions 
pour le roi régnant. Les hymnes conservés dans la salle de l’Ennéade 
possèdent tous, à la fin de leurs distiques, un appel semblable. Cette finale 
est ici plus que la formule de style qui clôt, d’habitude, les dédicaces gravées 
dans les temples. 

Par ailleurs, les tableaux réservés au culte personnel royal assimilent l’acte 
rituel qu’ils représentent à ceux que doit comprendre le registre où ils s’inter- 
calent. Ainsi, sur la paroi est, en bas, l’action du roi devant Ptolémée Évergète 
et Bérénice est un « encensement et libation» : le premier registre n’accueille, 
en effet, que des cérémonies de cette nature. Au contraire, en haut, c’est 
une offrande mnfi-t (onguent et bandelette) que le roi présente à Ptolémée 
Philadelphe et Arsinoé : c’est que le deuxième registre est réservé à cette 
partie du service. C’est pourquoi, plutôt que de correspondre à des céré- 
monies réelles du « prêtre du roi » devant des images royales réelles déposées 
au sanctuaire, les tableaux d’Edfou semblent rappeler les prières pour le roi 
ou pour ses ancêtres intercalées dans l’office divin, surtout aux jours de fête 
du culte régulier W. 

Quant à la décoration du mur de fond du sanctuaire, elle est, du fait même 
de son type spécial, à l’opposé des représentations du culte journalier placées 
près de l’entrée. C’est en un jour de fête qu’on a voulu montrer l’élévation 
du joyau sacré de Maât, symbole de l’offrande des aliments. Cet offertoire 
du « repas divin » transposé par le geste du prêtre constitue à lui seul une 
des parties primordiales de l’office. Aussi n’a-t-il pas de place consacrée, 
dans la disposition, des tableaux du «saint des saints». Il s’intercale à la 
fin du premier registre, sur le mur de fond, quand il s’agit dû culte de fête. 


(1) Il en était autrement dans les autres salles du temple. Là, les bas-reliefs consacrés au 

culte royal peuvent avoir signalé la présence effective des statues royales, munies de leurs 
tables d’offrandes (cf. plus haut). 


— ■*#•( 165 )•** — 

Au contraire, il ouvre la série des cérémonies du second registre, quand 
il s’agit du culte journalier. En l’un de ces lieux comme en l’autre, on le 
trouve à la place qu’il occupait dans le déroulement réel du service. 

Au moment où l’on présentait Maât devant le naos , dans le sanctuaire 
« à portes ouvertes», la plus grande activité régnait au dehors, dans les salles 
de l’Ennéade et de l’autel. Les chants du premier service avaient cessé. On 
présentait l’offrande aux divinités «parèdres», probablement sous forme de 
tables d’autel chargées d’une part de chacun des aliments. Le personnel 
sacré, nombreux aux jours solennels, pouvait suffire à ces manipulations 
complexes. Les textes mettent alors l’accent sur ce qui donnait aux services 
de fête leur aspect le plus grandiose. C’était l’odeur des parfums qu’on 
brûlait sur les encensoirs et les « autels à feu». C’était aussi la fumée montant 
des fragments de graisse, et des parts de viande choisie, qu’on faisait rôtir 
sur ces mêmes autels W. Ce sont là les seules offrandes par le feu dont il soit 
question à Edfou, quand on officie au sanctuaire. Aucune d’entre elles n’est 
figurée, aux bas-reliefs, en un lieu plus proche du «saint des saints» que la 
salle de l’auteL 1 2 ). C’est dans cette salle uniquement, selon toute vraisem-' 
blance que les « braseros » étaient allumés et placés sur les coupes des autels 
h’,w-t. De là l’odeur des viandes rôties parvenait aux divinités des naos de la 
salle de l’Ennéade, et jusqu’au tabernacle du sanctuaire, où aucun autel à 
feu n’était introduit^. 


(l) Voir plus haut ce qu’il faut entendre par ce terme. Il ne s’agit nullement de viandes détruites 
par le feu. Ce ne sont pas des « holocaustes». La volaille élevée dans les basses-cours du domaine 
sacré fournissait, autant que les bêtes de boucherie abattues le matin ou pendant la veille de fête, 
matière à. pièces de choix ( stp-w ) présentées sur les «braseros» sacrés. Edfou possédait proba- 
blement une construction semblable à celle de Karnak, pour l’élevage des oiseaux d’offrande : 
cLH.Ricke, Der Gejlügelhof des Amon in Karnak (Z.A.S., 73 [1987], p. ia 4 -i 3 i). Les volailles 
à rôtir sont placées entières sur l’« autel à feu» (cf. par exemple Edfou, pi. XVI, 2' reg., 2' tabl.). 

m Cf. Edfou, pl. XXXV b, paroi ouest, 3 » reg., 3 ' tabl.; pi. XXXV c, paroi sud (côté est), 
2' reg., 2' et 3 e tabl. Bien entendu, il ne convient pas de tenir compte, en ce qui concerne le 
culte au sanctuaire, des représentations placées sur ses parois extérieures. Celles-ci font partie 
du «couloir» smy(-t), et ne concernent que les fêtes annuelles à processions, auxquelles parti- 
cipaient les images sacrées des chapelles. 

(5) Cf. l’opinion contraire de Moret (Rituel, p. 109-1 10). Il est vraisemblable que, s’il y avait 
eu des autels à feu réellement introduits au sanctuaire, la décoration de ce dernier en montrerait, 
tout au moins dans les tableaux réservés à la représentation du culte solennel. 

Bibl. ■d' Etude , t. XX. a 2 


— >*♦•( 166 )•♦-» — 

C’est à l’ensemble somptueux présenté par les salles centrales du temple, 
en cet instant culminant de l’office, que font allusion toutes les descriptions 
du «vestibule des offrandes» déjà traduites plus haut W. On peut admettre 
aussi que toute statue placée dans les grandes salles de la maison d’Horus 
recevait également, en plus de la libation et de la fumée de la résine, une 
table d’offrandes servie, prélevée sur la masse introduite dans la salle de 
l’autel W. 

2 ° La toilette divine. Service de la parure. — Après le grand service des aliments 
sè déroulait dans le sanctuaire la «toilette divine». On peut voir les quatre 
coffrets d’Edfou gravés sur la paroi de fond dans la salle h-t-mnh-t, réservée aux 
tissus et aux huiles rituelles. Ces coffrets sont de bois massif, à couvercles 
arrondis couronnés d’une large poignée. Les parois en sont verticales; l’en- 
semble rappelle la forme de certains tabernacles anciens W. On les introduisait 
dans le sanctuaire, chargés tous les quatre sur un traîneau de bois W. 

Tandis que le hiérogrammate lisait les formules', le «prêtre du roi» offi- 
ciait selon le cérémonial complet. Il tirait la statue hors du naos , 1’ « établissait 
sur le sable», en avant de celui-ci. Il encensait les coffres, et les consacrait ( 5 L 
Puis, dans l’ordre pratiqué au rite d’Edfou, il commençait aussitôt la pré- 
sentation des quatre pièces d’étoffe, chacune tirée de son coffre spécial < 6 h 
Ensuite venait l’attouchement de la statue au front, avec l’huile md-t. En 
service solennel, l’ensemble des neuf huiles et fards, dont les recettes de 
fabrication sont conservées aux parois de l’« officine» d’Edfou, étaient tirés 
des coffres mr-t. On les exposait devant la statue divine, sur des tables d’autel, 


{l) Par exemple : Edfou, II, 169, 11 à 160, 4 , et .160, 6-1 4 . 

W Le revenu de chacune de ces tables semble avoir été affecté à des prêtres spécialement 
désignés pour jouir de ce bénéfice, dans le clergé d’Edfou. Cf. Edfou , II, 160, 2-3 (texte traduit 
plus haut). 

(3) Tels que, par exemple, les tabernacles imitant la forme des chapelles divines pr-nvo et pr-n$r 
de Bouto. Cf. Edfou, pL XXI a, paroi ouest (côté droit), 2 e reg., et pl. phot. 262. 

^ Selon l’ancienne tradition, que conservent les expressions : s& mr 4 — introduire sur traîneau 
les coffrets ; mr t éfA — les coffrets à traîner. Ces coffres sont par ailleurs appelés hnw dans la salle 
h t-mnfy t (Edfou, I, 128, 2). 

w Cf. Moret, Rituel, p. 167-171. 

(8) Ces pièces sont les mêmes qu’en service journalier. Elles ne semblent pas avoir été déployées, 
ni drapées sur la statue. 


— *■*{ 167 )* 4 — 

dans des vases d’albâtre. On y joignait probablement les vases de présentation 
smé-w, qui contenaient le parfum gras d’oliban W. Toute cette partie du rituel 
de fête, peu différente de ce qui se pratiquait en service journalier, n’a pas 
été comprise dans les additions du décorateur du sanctuaire. Il a, au contraire, 
longuement développé la dernière partie de l’habillage divin. C’était la pré- 
sentation des ornements et bijoux symboliques du « trésor» 

L’ordre dans lequel le «prêtre du roi» tendait les objets précieux ( s ) vers 
les statues semble indiqué par la composition décorative des parois ouest, 
est, et nord du sanctuaire. Le principe de l’alternance y est respecté, comme 
pour la série qui concerne le culte journalier ; mais les divinités adorées sont 
celles "de la «triade» : Horus, Hathor et Harsomtous. Le décorateur a pris 
soin, à l’ouest (côté d’Horus et de sa barque-litière) de placer toujours Horus 
au premier rang, sauf une seule fois, où Harsomtous, forme renouvelée de 
lui-même, le remplace. Au contraire, à l’est (côté d’Hathor et de sa barque), 
Hathor domine seule, deux fois sur quatre accompagnée de son jeune fils 
Ihy. De ce dispositif, et de la suite des bijoux sacrés chaque fois différents, 
il n’est pas nécessaire de conclure que l’officiant se déplaçait, allant tantôt 
à la statue d’Horus posée devant le grand naos, tantôt à une image d’Hathor 
placée du côté est du sanctuaire. Les textes ne nous révèlent pas, à Edfou, 
la nature de la statue d’Horus placée dans le kir de syénite noire. Mais nous 
pouvons tenir pour assuré, quelle qu’ait été la forme de l’image divine, 
qu’elle portait la coiffure éhm-tî, toujours accompagnée du diadème au 
cobra royal, ou «uraeus» : c’est l’unique et constante couronne du dieu 
d’Edfou. Or l’Uraeus de cette couronne, c’est, • dans le dogme local, 
1’ « OËil-de-Râ » : c’est Hathor elle-même. Ainsi la déesse ne se sépare pas de 


(1) Voir les représentations de la salle h-t-mnh-t, et en particulier : Edfou, pl. XXI a, paroi 
ouest (côté gauche), 1" reg., et pl. phot. 261. Cf. Moret, Rituel, p. 191-197. 

! ’> Les rituels de Kamak comprennent, en supplément, les formules pour le « service de fête» 
de la «toilette divine» (huiles et onguents). Mais ils ne comprennent pas la présentation des 
accessoires sacrés du «trésor». Les séries des chapelles d’Abydps, au contraire, décrivent uni- 
quement un office solennel au sanctuaire, et non un office journalier. Aussi consacrent-elles quatre 
tableaux à cette troisième partie du service de la «toilette divine». 

<s) On les offrait seulement, on ne les ajustait pas sur la statue. C’est ce que montrent les quatre 
scènes d’Abydos qui illustrent le rite solennel au sanctuaire. Les tableaux d’Edfou et des autres 
temples le font voir également. 


sa. 


lui, à jamais W. La conséquence pratique de cette croyance, c’est que le culte 
peut être rendu devant la seule image couronnée d’Horus d’Edfou, à la fois 
en son nom et en celui de son associée inséparable : Hathor d’Edfou-QEil- 
de-Râ, qui est aussi Hathor de Dendéra. 

A) Le « service des bijoux» commence par la présentation à Horus d’Edfou 
d’une large tablette pectorale montée en collier, et complétée par un gorgerin 
à chaînettes parallèles^. Cette pièce portait le nom d’« (amulette de) la fé- 
licité» (iw-t-ib). Elle montrait, au centre, l’image du Disque-ailé-scarabée : 
soleil aux ailes étendues. La matière dans laquelle était taillée la tablette était, 
semble-t-il, du lapis ou de la turquoise. Le montage était d’or, ou d’or et 
d’argent W. Dans le «trésor» du temple, un bijou semblable était conservé. 
Une scène des parois nous en transmet l’image. La forme de la plaque de 
pierre fine est la même, mais le motif qui l’orne est différent. La monture ne 
comporte pas de « gorgerin», et les attaches sont plus longues. Le nom général 
d’« amulette» ( wd’,w ), que lui donne la légende, s’appliquait certainement 
aussi à celle qu’on offrait en premier lieu à la statue divine du sanctuaire ( 4 L 

Aussitôt après, le prêtre élève en l’honneur d’Hathor un autre joyau, de 
valeur protectrice équivalente : c’est le collier bb, qui fait partie des bijoux 
particuliers de la déesse. Il est formé de cinq faisceaux réunis par des fleurons 
à une chaîne montant jusqu’au fermoir^. Un collier bb existe aussi parmi 
les objets précieux figurés aux murs de la salle du « trésor». C’est une variante, 
assez différente, de celui du sanctuaire Une troisième forme de ce collier, 
gravée à la même époque que celui du sanctuaire, se trouve à la fois sur la 

(1> N hr-s r-f, d-t. La formule est constamment répétée, à Edfou (cf. plus haut). 

(!) Edfou , I, 3 a, i 3 : le titre du tableau, qui est intact sur l’original, a été oublié dans la copie 
de Rochemonteix : swd’, iw-t-ib = offrande de l’(amulette de) la félicité. Cf. aussi Edfou, pl. XI 
a* reg., 5 ' tabl., et pl. pbot. 317. 

(3> Ce sont là les deux métaux et les deux pierres fines qui forment la matière par excellence 
de tous les bijoux sacrés : cf. Edfou, I, 46 , 16-17, e * c - 

(1) Edfou, II, â 85 , i 5 ; pl. XLV b (est), 3 e reg., 1" tabl. 

<S) Edfou, I, 46 , 12 ; pl. XII, 2’ reg., 5 ’ tabl.; pl. phot. 228. 

(,) La décoration des parois du .«trésor» d’Edfou date de Philométor (18 1-1 45 av. J.-C.), 
tandis que celle du sanctuaire est d’au moins 2 5 ans plus ancienne (Philopator, 221-203). 
Les travaux furent peut-être arrêtés après 206, au cours des troubles de Haute Égypte. Pour 
le collier bb du« trésor», cf. Edfou, II, 297,7-8 ;pl.XLV a (ouest), 3 e reg., 2 e tabl. ; pl.phot. 4 2 6. 


paroi extérieure est du «saint des saints *W, et dans la salle h-t-mnh-t (*). 
Le corps, au lieu de montrer un réseau de chaînons, est formé d’une seule 
plaque cloisonnée en métal et pierreries, semi-circulaire, terminée par des 
têtes de faucon en émail. Quelle que soit la forme de ces colliers, ils sont tou- 
jours consacrés à Hathor ( 3 >, seule ou en tête des autres divinités. Le troisième 
registre est de la salle h-t-mnh-t présente même une fidèle réplique des deux 
premières offrandes de bijoux présentées au couple divin dans le sanctuaire : 
l’amulette wd’,w (ou iw-t-îb) lui est offerte au sud, tandis qu’au nord c’est 
le collier bb. Par exception, la déesse n’est pas placée en tête, pour recevoir 
la deuxième offrande W . Ce « diptyque » est peut-être la transposition figurée 
de ce qui se passe au cours de l’office. Le dieu et la déesse sont adorés au 
même naos, cachés sous l’apparence d’une seule statue d’Horus, couronné 
de son diadème à l’Uraeus divine. Ainsi la salle qui, à Edfou, contenait le 
matériel nécessaire aux deux premières phases du « service de la toilette » au 
sanctuaire, semble encore amorcer, par la décoration placée au-dessus de sa 
porte de sortie, le début de la troisième phase de ce même service W. 

B-C ) Le second couple d’offrandes, qui fait suite à celui de Ywd\w et 
du bb, montre une unité plus grande encore. C’est la consécration des 
coiffures royales, suivie d’un double encensement aux «uraeus» du diadème. 
Le «prêtre du roi» présentait les deux objets précieux successivement. Le 
premier était offert à Horus d’Edfou : c’est une réduction de la couronne 

(1) Edfou, I, 69, 19 à 70,2 ; pl. XVII, 1" reg., 6° tabl.; pl. phot. 2 3 g. 

m Edfou, I, i 34 , 8^; pl. XXI b (paroi est), 3 “ reg. nord. 

Celui du «trésor» est décoré d’un pendentif à tête hathorienne. Il a comme vis-à-vis, sur 
la paroi opposée, les deux miroirs, présent spécial aussi au culte de la déesse. 

(i) Comme cela est le cas, par exemple, au «trésor» : cf. Edfou , pl. phot. 426. 

(,) A cette première partie du service des bijoux sacrés, à Edfou, semble correspondre, aux 
scènes d’Abydos, le tableau n. 1 6 (Mariette, Abydos, p. 5i), dont le texte est traduit par Moret 
( Rituel , p. 242 - 244 ). Comme nous l’avons exposé plus haut, l’ordre réel des tableaux d’Abydos 
qui montrent l’offrande des ornements sacrés se dirige, comme celui des scènes de cette moitié 
des chapelles, en sens inverse de celui de la numérotation de Mariette. II s’agit aussi d’un 
pectoral et d’un collier. Mais au lieu d’un bijou Uv-t-’tb, c’est à Abydos un joyau hldr-t; au lieu 
d’un collier bb, c’est un collier wsh. Les deux bijoux h(f)dr(-tï) figurés au «trésor» d’Edfou 
(Edfou, I, 282, 2 ; pl. XLV b, 1" reg., 4 ' tabl.; pl. phot. 429) semblent bien être, non des 
pièces portées en colliers, comme celle d’Abydos, mais une paire de bracelets, semblables aux 
IW-'-roî du tableau 1 3 de ce même temple. 


Tl l 1/0 * 1 „ 

royale complète, montée sur socle hb. Elle comprend la couronne blanche 
et la couronne rouge, la double corne de bélier hn-ti, le diadème à 1 ’üraeus et 
aux deux plumes sw-tî. Le second joyau montait vers Hathor accompagnée 
de Ihy : c’est la même coiffure, sans double plume, mais garnie du symbole 
hathorien du disque solaire entre les cornes de vache. Les deux bijoux 
sacres portent le nom de hp-t^. Dans le culte du couple divin, il est clair 
que cette offrande représente d’une part Horus-Râ d’Edfou, par sa couronne 
royale, et de l’autre Hathor, le serpent solaire (mhny-t) qui est au front de tous 
les dieux, par son uraeus ®. 

C’est pourquoi le double encensement du mur de fond du sanctuaire est 
donné par le prêtre, pour compléter son symbolisme. Il correspond, maté- 
riellement, à deux encensements successifs devant la statue d’Horus-Râ : une 
première fois, pour l’Uraeus du sud, puis une seconde, pour l’Uraeus du 
nord. Ces deux gestes, qui terminent l’épisode rituel du « couronnement 
royal» d’Horus et d’Hathor, ont été choisis pour fournir son élément inter- 
médiaire au grand panneau nord du « saint des saints » ® . La double offrande 
des couronnes est, théologiquement, le second point essentiel du grand 
service, après la consécration de Maât. Elle se retrouve au « trésor» du temple, 
présentée de la même façon qu’au sanctuaire. Le roi du sud (couronné de 
1 q u i remplace la coiffure hd- f y est debout devant Horus. Le roi du nord 
y prend la même attitude devant Hathor de Dendéra, «Œil-de-Râ dans 
Edfou». Les deux couronnes montrent les mêmes marques distinctives que 
celles du sanctuaire é-t-wr-t. L’expression spéciale qui désigne l’acte litur- 
gique : îr hp-t = dédier la couronne, est la même des deux côtés W. Il y a là 
raison de penser qu’on a voulu représenter, au lieu où ils étaient conservés 
d’habitude, les véritables objets précieux du gr an d service®. 

(l) Edfou, I, 3 a, 19 ; pl. XI, a* reg., 6 e tabl. ; pl. phot. 2 18. Edfou, I, 46 , 19 ; pl. XII, a* reg., 
6 * tabl. ; pl. phot. aag. 

Edfou, I, 33 , 6 : Je te donne la couronne primordiale de Râ, (celle de) la première fois qu’il a coiffé 
sa couronne! Edfou, I, 33 , 8 : Mon Uraeus est sur ta tête, ô Maître du monde, quand je crée ta 'majesté 
sur la terre! 

Cf. plus haut : symbolisme général des trois doubles scènes du fond de é-t-mr-t. 
l4) Edfou, II, a 85 , 8-9 et 296, 8-9; pl. XL Vb (paroi nord), 3 ' reg. 

. ^ Aux scènes d’Àbydos, le tableau n” 1 5 n’offre rien de comparable à ceux du service des 
bijoux sacrés d’Edfou. Les deux objets offerts ne sont pas faits de métal et de pierres fines. Le 


171 )*__ 

D) Le troisième couple d’offrandes de la «parure divine» se trouve figuré 
au troisième registre, et au cinquième rang, dans l’ordre de ce registre. Le 
décorateur a, ici, rompu avec l’ordonnance générale du sanctuaire. Par excep- 
tion, il a complété* avec un supplément concernant la « parure divine» ( 2 e re- 
gistre) l’espace libre laissé au troisième registre par les scènes de purification 
du service journalier. Les raisons de ce choix sont compréhensibles. Il s’agis- 
sait pour lui de ne pas répéter, pour le « service de fête », les motifs décoratifs 
déjà traités à propos de l’office quotidien. Or les actes liturgiques sont les 
mêmes, pour la «première entrée». Pour la «seconde entrée», les seules 
adjonctions importantes sont l’offrande de Maât, puis la présentation des 
bijoux; les purifications finales sont les mêmes. C’est pourquoi il s’est con- 
tenté de placer, pour rétablir la symétrie avec l’autre paroi, un seul tableau 
supplémentaire concernant la purification au troisième registre ouest, au- 
dessus des deux scènes du culte royal personnel®. En effet, il a déjà été 
nécessaire, pour représenter l’encensement final du service journalier, d’oc- 
cuper la place correspondante, sur la paroi est®. Ce tableau, qui montre 
l’offrande de l’aiguière nmé-t, doublerait sans aucune utilité la même scène, 
déjà figurée au début dû registre pour l’office quotidien ®, s’il n’était pas 
destiné, en réalité, à symboliser l’ensemble des purifications finales du « ser- 
vice de fête» W. Ainsi est mise en évidence, par la double représentation 
du même acte ®, la dualité des deux genres de service dont le sanctuaire était 
le théâtre. 

Le troisième couple d’offrandes destinées à la parure des divinités maî- 
tresses du temple comporte : pour Horus-Harsomtous, l’OEil-divin ( wdi-t ), 

premier est une pièce d’étoffe ésp ; le second, un ornement de tissus, en forme de houppe : m'nh-t. 
Au contraire, le tableau suivant (n° i4) correspond à ceux d’Edfou que nous étudions ici, mais 
avec des éléments differents. Au lieu de la couronne royale complète, on y voit offrir seulement 
le .diadème royal ssd, qui comprend les deux uraeus* et l’emblème de la double plume sw ti, 
fixé lui aussi au diadème : voir Mariette, Abydos, p. 49 . 

(l) Edfou , pl. XI, 3 e reg., 4 e tabl. (voir plus loin). 

(a) Edfou , pl. XII, 3 e reg., 4 e tabl. 

{3) Edfou , pl. XI, 3 e reg., i 8t tabl. 

(4) Là encore s’applique le principe liturgique général : le début possède la valeur du tout . C’est 
le premier acte des purifications qui a été choisi pour représenter la série toute entière. 

Cet acte est représenté la première fois devant Horus seul (service journalier), et, la seconde, 
devant le couple divin Horus-Hathor (service de fête). 


. 


— +♦*( 172 — 

complet en toutes ses parties, et, pour Hathor, la clepsydre de Thot 
( wnsb ) M. Il existe un rapport symbolique étroit entre ces deux objets, dont 
le second est toujours offert à Hathor, ou aux déesses qui tiennent sa 
place. Ils évoquent tous deux l’éternité dans la domination divine ou royale, 
soit par la possession des deux astres lumineux : soleil et lune, dans leur 
éclat maximum ; soit par la possession du temps et de ses fractions mesurées 
par ces mêmes astres. Aux légendes du premier tableau, Horus-Harsomtous 
accorde au roi « de voir grâce à l’Œil droit .(céleste), le jour, et de regarder 
grâce à l’Œil gauche (céleste), la nuit » < 2) . Aux textes du deuxième tableau, 
Hathor lui accorde « de voir grâce à l’Œil de Râ, de regarder grâce à l’Œil 
d’Horus» Le roi, dans cette offrande de la clepsydre, est l’héritier de 
Thot, «qui apaise l’(Œil-)wd;-t (c’est-à-dire Hathor elle-même), en la 
prenant dans les bras» W; il est aussi «Horus, lorsqu’il a rempli son Œil, 
et que ses membres sont complets en (toutes) leurs parties» < 5 h Ce symbor- 
lisme astronomique de l’offrande met en parallèle l’instrument qui mesure les 
parties du temps, et son modèle, la lune, clepsydre céleste. Il ne se trouve 
pas aux scènes qui décrivent le service de la « toilette divine », dans les 
chapelles du temple d’Abydos ( 6 L Les parois du « trésor» d’Edfou ne montrent 
pas la clepsydre wnsb. Elle était certainement, aux mains du prêtre qui l’of- 
frait au sanctuaire, un bijou fait d’or et de pierreries, monté sur le socle 
rond qui porte tous les objets précieux de petite taille, dans la joaillerie sa- 
crée du temple. 

E ) L’avant-dernière offrande du service de la parure divine consiste en un 
collier wêh, consacré à Horus, puis en un collier mni-t et un sistre sss-t, dédiés 


ll) Edfou , I, 87 , 17 ; pl. XI, 3' reg., 5* tabl. -f- Edfou, I, 5o, 2 ; pl. XII, 3 e reg., 5* tabl. ; 
pl. phot. 2 3 0 . 

« Edfou, I, 38, i. 
w Edfou , I, 5o, 5. 

V Edfou, I, 5o, 3. 

(#î Edfou, I, 5o, 4. Une autre scène d’offrande de la clepsydre à Hathor se trouve dans la 
salle hypostyle wsh-t-h c d’Edfou (Edfou, II, 49 , 6; pl. XL //3 e reg., 2 e tabl. Elle indique 
que la clepsydre est l’image de VŒU de Râ, et la figure de VŒU d’Horus (timsb twt n ’lr-t-R*, sdd 
Jk n Hrt-Hr), c’est-à-dire l’image d’Hathor, OEil céleste (à la fois soleil et lune) de Râ-Horus. 
W On le trouve par contre, dès l’époque d’Amenhotep III, au temple de Louxor. 


173 — 

ensemble à celle qui en fait habituellement usage : Hathor, accompagnée de 
son fils Ihy W. Le collier tendu vers le dieu est du modèle à chaînons paral- 
lèles, soutenus horizontalement l’un au-dessus de l’autre par une longue 
chaîne qui se termine aux fermoirs. Il rappelle le premier don de la même 
, série, mais ne comporte pas d’amulette. Son pouvoir est de symboliser la 
garde divine que montent toutes les divinités d’Edfou autour de leur père 
Horus-Râ®. Quant aux bijoux de la déesse, ils sont les symboles les plus 
fréquents de sa nature propre : peu d’offrandes s’adressent à elle sans com- 
prendre ces dons. De la main gauche, le « prêtre du roi » élève la chaîne d’or 
massif, au lourd contrepoids, qui évoque l’« Or» lumineux dont est faite la 
déesse solaire d’Edfou et de Dendéra. Dans la main droite, il tient le sistre, 
dont la vibration rythmait les chants agréables à 1’ « Œil de Râ», et « chassait sa 
colère». La paroi ouest de la chambre aux objets précieux d’Edfou montre les 
deux mêmes instruments du culte d’Hathor. Le temple en possédait très vrai- 
semblablement plusieurs modèles. Ils y sont offerts, non à la déesse, mais à 
son fils Ihy, le «joueur de sistre», jeune roi d’Ëgypte, semblable à Har- 
somtous W. 

F ) Le dernier geste du prêtre, celui qui met fin à la « toilette divine», est 
gravé au double tableau du mur de fond du sanctuaire. Ce sont deux of- 
frandes consécutives des bijoux sacrés wdi-t, dont l’un a déjà été présenté à 
Horus-Harsomtous, quelques instants auparavant. Cette fois, c’est [au couple 
divin Horus-Hathor que l’objet symbolique s’adresse. Il est alors 1 ’ « OEil 
droit de Râ, le jour», puis l’«Œil gauche du (dieu)-Lune (T'A), la nuit » W . 
La même élévation de l’Œil céleste vers les deux grandes divinités du temple 
est gravée en deux tableaux symétriques, à droite et à gauche de la salle 
du «trésor». Des légendes de cette double scène, on peut conclure qu’il 

< l) Edfou, I, 38, 5 ; pl. XI, 3 e reg., 6 e tabl., et : Edfou, I, 5o, 9 ; pl. XII, 3 e xeg., 6* tabl.; 
pl. phot. 23 1 . 

(S) Cf. Edfou , I, 38, 11 : Il est Atoum, que ses enfants entourent (sw m Htm, ms*wf m pkrf ). 

Edfou, II, 296 , 16-1 7 ; pl. XLV a (ouest), 3* reg., i* r tabl. Rien ne correspond, à Àbydos, 
à cette quatrième offrande d’Edfou, faite au couple divin. Le quatrième tableau concernant les 
objets précieux (n° i3 : cf.. Mariette, Abydos, p. 48) y montre l’offrande des sceptres osiriens 
wis, hkU, nhlhï, et des bracelets et périscélides (irt^ wi, tri-rd wï). 

« Edfou, I, 5o, 19 ; I, 38, 16 ; pl. XIII b, 3 e reg. 


— **•( 174 )••*« — 

s’agit de deux bijoux différents, et non d’un seul, deux fois présenté. En 
effet, le premier est ] ^OEil divin d’or ( ntrî n nb), qu’on offre 

au f' - ]- Faucon céleste ( Drty ), pour que son cœur se réjouisse à sa vue. C’est 
l’OEil droit d’Horus ( wnm-t n Hr), qui protège son 

âme du Mal sur la terre (s; k’-f r Dw hnt tî) . C’est bien leur propre substance 
qu’on offre à la fois aux deux divinités : en effet Hathor, elle aussi, est 
^3 ^ ^ ! g * f /Il T — * l’OEil droit du {dieu) d’Edfou, la ( Déesse-)soleil, 

GelMiu-disque, qui brille au front de son père (wd'-t wnm-t n Bkdti, R-t, 
Itn-t, péd m h’,-t it-é'jW . Au contraire, le second bijou, semblable au premier 
par la forme, n’est pas fait de métal, mais de pierre précieuse : il est 
V {OEU-jwd’, • t de lapis vrai (wdi-t n hébd mf) * 3 L Et, comme il est offert au 
sanctuaire comme 1’ « OËil gauche» de la Face céleste, c’est-à-dire la Lune, 
qui brille la nuit, il est permis d’en conclure — malgré le manque de pré- 
cision sur ce point au second texte du «trésor» — que l’Œil solaire était 
un bijou d’or, tandis que le joyau qui figurait l’Œil lunaire était taillé dans 
du lapis-laz,uli . 

Telles sont les dernières offrandes que le « prêtre du roi » élevait vers la 
face de la statue d’Horus et vers son Uraeus divine, avant de prendre à nouveau 
l’image du dieu dans ses mains, et de la placer à l’intérieur de son naos. 
A ce moment, le « service de la parure» est terminé. On doit y reconnaître 
un des caractères distinctifs les plus importants du « service de fête au sanc- 
tuaire». Du point de vue théologique, il ajoute aux protections des tissus, 
au sacre par les huiles canoniques, un élément symbolique de premier plan, 
qui n’existe pas dans le service journalier. Il est l’adoration qui s’adresse 
au couple divin maître du temple, et non plus au «Dieu unique »* 3 ). II est, 
au rite d’Edfou, une mise en œuvre, plus expressive encore aux yeux des 
assistants que Fonction d’huile sainte, du «couronnement royal» des divi- 
nités, grâce à la présence réelle des couronnes en miniature dans les mains 
du prêtre, et à l’encensement solennel adressé à ces couronnes. Quant aux 
troisième et cinquième «oblations» de ce service, elles marquent une diffé- 

Edfou , II, 287, 10, i 3 ; 288, 1-2. . 

(,) Edfou, II, 298, 10. 

tS) H en est de même dans tous les sanctuaires de l’Égypte, à l’époque ptolémaïque. 


— w( 175 )*«— 

rence importante avec les présentations d’Abydos* 1 ). Au lieu des accessoires 
de caractère osirien qui figurent en ses i5 e et i3 e tableaux* 2 ) : linceul, 
houppe de tissus {mnh-t) ornant les figures divines momiformes, sceptres et 
bracelets du corps du dieu dans la tombe, on voit offrir à Edfou, à quatre 
reprises* 3 ), l’Œil «intact», le plus expressif symbole, pour les divinités 
célestes, de leur nature lumineuse en son plus haut point de perfection. 

3° Purifications. Fin du service. — La dernière partie du « service de fête 
au sanctuaire» se déroulait, selon toute vraisemblance, exactement de même 
façon que chaque jour. C’est pourquoi le décorateur s’est contenté de faire 
figurer en double, au début de l’espace réservé au troisième registre pour le 
« grand service», une scène unique de purification adressée au couple divin * 4 ). 
Très probablement, selon l’ancienne coutume attestée aussi bien à Karnak 
qu’à Abydos, le prêtre, avant de saisir la statue pour la poser dans son naos, 
prenait une poignée de sable* 5 ), et la répandait sur le sol autour d’elle * 6 L 
Quand l’officiant en arrivait aux purifications par la résine sur le feu, peut-être, 
comme à Abydos* 7 ), répétait-il d’abord sur les deux barques-litières divines 
du sanctuaire l’encensement déjà donné à la fin de la «première entrée»* 8 ). 
'Puis il encensait une dernière fois la statue dans son naos. Il rabattait le voile 
sur elle, fermait la porte, et la scellait. Lès deux prêtres sortaient alors «len- 
tement, la face tournée à demi vers le dieu. Le «prêtre du roi» quittait le 


(!) Cette différence est due, d’une part, à l’évolution générale de la religion égyptienne entre 
le Nouvel Empire et l’époque ptolémaïque ; d’autre part, au caractère spécial du rite d’Edfou : 
culte solaire, moins profondément pénétré que beaucoup d’autres rites locaux par les usages du 
culte osirien. 

w Cf. Mariette, Abydos, p. 5o et 48. 

(3) La clepsydre tient lieu, d’après les légendes des tableaux, de l’(OEil-)w$-f lunaire, dans le 
culte d’Hathor de Dendéra. 

(4) Cf. plus haut. Voir Edfou, I, 37, 8 ; pl. XI, 3 e reg., 4 e tabl. ; pl. phot. 221 : « Salutation 
avec le (vase-)nmif». 

Cela suppose que l’on conservait du sable à demeure dans le sanctuaire, ou bien qu’on y 
apportait, avant la « seconde entrée», une coupe pleine de sable, avec les autres ustensiles néces- 
saires au service. 

w Cf. Moret, Rituel, chap. 58 (p. 200-202); Mariette, Abydos, 3 o* tabl. (p. 69). 

(7} Un service de fête y est figuré, et non un simple service journalier. 

Cf. Mariette, Abydos, 3 i e tableau (p. 70-71). 


— «•( 176 >«— 

sanctuaire le dernier : avec la balayette de roseau de Nubie hdn, il effaçait 
les traces de pas qui restaient imprimées sur le sable répandu à terre W. 

A la fin de l’office au sanctuaire, toutes les présentations d’offrandes 
étaient, semble-t-il, achevées dans le reste du temple. Il ne restait plus qu’à 
desservir les autels, à emporter les aliments vers les magasins : les porteurs 
entraient pour s’acquitter de leur office. Quant aux officiants restés en dehors 
du sanctuaire, ils ont pu chanter, pendant la seconde partie du service, d’autres 
cantiques que les hymnes traduits plus haut. Les parois du temple d’Edfou 
ne nous en ont pas transmis le souvenir. Au moment de la sortie des offrandes, 
ces officiants quittaient, eux aussi, la maison du dieu. Ils le faisaient proba- 
blement par la grande porte du pronaos, après avoir, au passage, déposé 
au pr-mdi-t les volumes qu’on j conservait. Alors le temple encore plein 
d’encens et de fumée, encore illuminé de tous ses cierges, retrouvait son 
silence habituel, jusqu’aux heures de midi et du soir. A ces deux moments 
passait comme d’habitude dans toutes les salles, devant chaque image sainte, 
le service de l’encensement et de la libation. 

U. — PÉRIODICITÉ DU SERVICE SOLENNEL AU SANCTUAIRE. 

Tel était ce «grand service», objet favori des descriptions apprêtées des 
textes du temple < 2 ). En lui se donnaient libre carrière tous les raffinements 
successifs apportés à la liturgie égyptienne, depuis l’institution lointaine des 
premiers services réguliers. L’office d’Edfou, cependant semblable en appa- 
rence à ceux qui se déroulaient depuis des siècles dans tous les temples du 
pays, ne devait pas manquer d’apparaître aux yeux des prêtres locaux comme 
un hommage spécialement agréable au «dieu d’Edfou». Tant étaient nom- 
breuses, dans la prière et les cérémonies, les particularités étrangères aux 
autres offices de l’Égypte entière. 

Cf. Mariette, Abydos I, p. 56 = Abydos, 20 e tabl, ; Naville, Deir-eUBahari, II, pl. 2 5 , 28. 
Cet usage n’arrivait peut-être pas, en pratique, à laisser pour tout le jour le sol du sanctuaire 
vierge d’empreintes. Il semble qu’après les -grands offices, le personnel sacré ait dû venir chercher 
au «saint des saints» les accessoires du service. Ces nombreux objets n’étaient pas conservés 
là, en temps habituel. En particulier les bijoux, qu’on venait de présenter devant la statue, 
devaient être rapportés au «trésor». 

Sauf les rares exceptions citées plus haut. 




—**( ni >«— 

Une dernière et importante question reste à résoudre, au sujet des « ser- 
vices de fête» du culte régulier : à quelles dates périodiques remplaçait-on 
le service journalier du matin par un office exceptionnel? Le temple d’Edfou 
ne fournit pas, à notre connaissance, de renseignements particuliers sur ce 
point. La question est d’ailleurs la même pour tous les temples de l’Égypte, 
où ces grands services au sanctuaire étaient célébrés de manière identique. 
Ce sont les rituels de Karnak: qui nous donnent la réponse la plus nette sur 
ce point. Au chapitre 26, on lit : 

liiH tiw] ^ ' — "T'IIIK I ‘ 

O Amon établi dans Thèbes, maître des Fêtes-du-sixième-jour, seigneur de la Fête- 
du-quartier (’lmn mn m Wié- 1 , nb ênw-w-t, îty dni-t ) M. 

I 

Au chapitre 37, on trouve : 

1 iü * i'-z — 

1 ***** J * Sl 5 * 0 I \\ & — | f) 

O Amon-Râ de Karnak, maître de la Fête-du-mois, pour qui l’on célèbre la Fête- 
de-la-décade (’Imn-R\ nb Né-t-ti-vpi, nb ibdw, irw n-f tp-hrw-md ) 

Au chapitre 54 , il est dit : 

— - III e — I V 1 1 -W li i jfL ■« e /-^ X [«= I 8 41 * — I V 1 * 

a /wmv* a \ © I III a V © 111 a V © ***** W I I I „ jiV L ***** A Cîiipr^ . an aI V ***** 

* 

1 ***** 1 1 © J/ 

On fait (cela) pour les (jours) de Fête-de-la-nouvelle-lune, de Fête-du-sixüme-jour, 
de Fête-du-quinzième-jour, en plus du « chapitre de l’offrande de V (huile-) md*t, 
en (service) journalier» (îr-t n pêdntl-w, ênw(-w)-t, md-dî-n(-w)-t (?), n hlw r pi 
« ri n hnk md-t n îmny-t ») 


Moret, Rituel, p. 108-109. 

(,) Moret, Rituel , p. 12 h, 

(3) Moret, Rituel, p. 19 û- 195, et 197. Le Chapitre de V offrande de en [service) 

journalier est le chapitre 55, qui vient ensuite dans le manuscrit du rituel de Karnak . 

Bill, d f Étude, t. XX. 


i 


«.( 178 


Un passage de l’hymne à Amon-Râ des Papyrus de Boulaq, semblable aux 
hymnes de fête des rituels de Karnak, donne au dieu des titres équivalents : 


IM III ¥ X '«o 
in a M O 


0 CZm a © 




c © 


(0 Râ), maître de la Fête-de-la-nouvelle-lune, pour qui l’on célèbre la Fête-du- 
sixième-jour (et) la Fête-du-quartier (. . ., nb pédntiw, îr(w) n-f énw-t dnî-t) h). 


Or toutes les formules et tous les hymnes cités ici sont des textes particuliers 
aux services « de fête» de Karnak. Gela est déclaré expressément au chapitre 26 , 
dont le titre, pour qu’on le distingue nettement du chapitre 27 qui suit 
ajoute aux mêmes mots : «les jours de service de fête» (hb-w). La chose est 
encore plus frappante au chapitre 54, si l’on en juge par la phrase caracté- 
ristique traduite ci-dessus. Quant aux hymnes tels que ceux du chapitre 37 
des rituels de Karnak, ou des papyrus de Boulaq, nous avons montré plus haut 
qu’ils n’étaient chantés qu’en «service de fête». Inversement, dans toute 
l’étendue des rituels de Karnak, seuls les chapitres ou les hymnes de fête font 
allusion aux fêtes du mois lunaire. Il est donc probable que les « grands 
services au sanctuaire» n’étaient autres que ceux des jours importants dans 
le cycle lunaire de chaque mois. Ces jours-là étaient depuis longtemps, en 
Égypte, ceux que citent les textes de Karnak. Ils reviennent quatre fois dans 
le cours de chaque lune, et correspondent, d’une façon générale, aux fêtes 
de « semaine ». 

Ce sont d’abord les deux premiers jours, précédés de leur veille de fête ® : 
le premier est la Fête-de-la-nouvelle-lune (pédntiw), et le second, la « Fête-du-mois » 
(lunaire). Deux jours de suite, c’était «grand office» au sanctuaire, pour 
célébrer le renouveau de l’OEil céleste, vainqueur de ses ennemis. 

La seconde fête mensuelle est la Fête-du-sixième-jour, ou fête du premier 
quartier. Cette fête avait pris une telle importance dans le culte égyptien 
qu’à l’époque des rois Ptolémées les écrivains sacrés appellent souvent 
l’Égypte : le pays-de-la-Fête-du-sixième-jour (Énw-t, avec le déterminatif de la 

^ Cf. Grébaut, Hymne à Amon-Râ, p. i 3 -i 4 (cité par Moret, Rituel, p. 112). 

W Le chapitre 27 est intitulé : «Formule de la révélation de la Face». 

(3) Cette veille était le jour de «clôture» du mois lunaire précédent, ou c rky . 


— ■+*•( 179 )*t-i — 

ville). Ce surnom la distinguait des pays étrangers, qui ne plaçaient pas le 
sixième jour du mois leur fête de la lune croissante. 

La troisième jete du mois lunaire était la Fête-du-quinzième-jour, ou Jour de 
la pleine lune (hrw mh wdi-t). C’est le triomphe de la Face céleste, dont les 
deux yeux lumineux ( h’,y-ti ) sont dans tout leur éclat et leur puissance bien- 
faisante. 

La quatrième date lunaire, et dernière grande fête au sanctuaire pour chaque 
mois, était la Fête' du (dernier) quartier (dnî-t) «L Elle avait naturellement par- 
tout un caractère osirien accusé. C’était la fête de l’OEil caché, dont la dispa- 
rition apparente annonce et prépare la renaissance prochaine. 

Enfin, à ces fêtes des phases de la lune, que contrôlait assidûment l’obser- 
vation des prêtres-astronomes des temples, venaient s’ajouter trois dates 
solaires, également anciennes : les trois Fêtes de la décade, c’est-à-dire le i er , 
le 10 e et le 20 e jour du mois solaire de 3o jours, qui pouvaient coïncider 
ou non avec les quatre fêtes lunaires. 

Tel était le rythme de la liturgie régulière, à Edfou comme en tous les 
temples du pays, à la même époque Le culte rendu aux divinités selon cet 
usage constant imprimait son caractère à toute la vie religieuse égyptienne : 
la communauté sacrée d’Edfou n’échappait pas à cette règle. 


À cause du nom spécial mw-t adopté de préférence pour la fête de la lune croissante, le 
mot dni't, qui désigne aussi bien le premier que le dernier quartier lunaire, s’est appliqué, en 
matière de noms de fêtes, à la fête de la lune décroissante. Le jour dnlt se fêtait le 2 3 e jour du 
mois lunaire. 

(1) Ce rythme correspondait déjà à celui des fins de semaine marquées par leurs grands offices, 
dans les liturgies des religions modernes. 


CHAPITRE VI. 


ESPRIT DU CLERGÉ D’EDFOU DANS SA TÂCHE JOURNALIÈRE. 


Triple «entrée» journalière, pour purifier le temple; introduction des 
offrandes, matin et soir; service au sanctuaire, chaque matinée; tous les 
quatre à sept jours, grand office du matin : c’était là de quoi fournir au 
clergé d’Edfou une tâche matérielle de tous les instants. Dans quel esprit 
chacun, du plus important au plus humble, portait-il, au long des jours, la 
charge de son ministère? Achevons cette première étude sur le culte rendu 
au grand sanctuaire de Haute Égypte, en présentant quelques textes, gravés 
aux montants de certaines portes du temple. Sur cet aspect humain de la vie 
religieuse ancienne — domaine où le moindre renseignement sauvegardé garde 
une telle valeur — ces textes sont capables de donner de précieux indices. 

Voici d’abord une double inscription, qui décore, sur quatre colonnes, 
chacun des montants intérieurs de la porte du mur d’enceinte est. C’était le 
chemin par où entraient au temple toutes les offrandes d’aliments, c’est-à-dire 
le principal revenu de la communauté d’Edfou. Ce texte montre un curieux 
aspect composite d’« instruction» (ébly-t), à la fois théologique et de morale 
pratique, sous l’invocation générale de Maât, le Bien que désirent les dieux : 

ïâànf. sr m £+îjc:s*!i, 
v. o = , iîyG)T!^ms;=£ Æ i.'( i f>5riIir;n::irn5 

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BibL (l'Etude, t. XX. 




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— +»•( 182 )•«+ — 

i° Dire : Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, (le dicu)-au-plumage-moucheté , qui 
sort de l’Horizon, c’est Râ, le Chef supérieur des dieux, l’(Il)luminateur vénérable 
de tous les dieux! C’est lui qui protège ses jeunes (faucons), (quand il est ) à leur 
tête, Lorsqu’il se lève, (Être) unique qui crée les millions (d’êtres), 

ils sortent tous de son corps, (tandis que) le respect remplit tous les cœurs W, (et que) 
sa crainte se peint sur les visages! Il est le beau Faucon divin qui se lève hors du 
Nom, veillant sur la terre entière. Quand il voit son trône : Mén(-t) bellement 
bâti, son cœur se réjouit de sa magnificence : (alors) il inonde sa demeure de tous 
les biens, pour nourrir qui(conque) est en elle ! ^ (Car) sa Majesté (divine) se sa- 
tisfait de la « très pure » : la nourriture de son âme, c’est Maât! (quand) il re- 

garde son temple d’un travail achevé, il favorise (Râ) tout ce qui s’y trouve. (Or) 
c'est (ici) son « chemin de ronde» pur, avec sa porte pour introduire sa « très pure». 
Les «prophètes», les « pères du dieu» qui passent (par là) à son service, que sa crainte 
entre en leur sein tandis qu’ils font leur office en sa demeure, chaque jour, (et) 
qu’on se garde de (tout) vol! C’est (ici) le portail où pénètrent les « prophètes » 
cTWts(-t)-Hr pour faire offrande aux grandes divinités, à chaque (fête) solen- 
nelle, sans cesse. Qu’ils en sortent, portant les offrandes, après que dieu s’est montré 
bienveillant pour tous les prêtres! Le service (?) (du dieu) dans le temple, tout (cela) 

est l’œuvre du Roi ( Ptolémée 11 , qui vit à jamais! W 


Littéralement : tous les seins. 

w Littéralement,: se mélange à. 

C'est-à-dire : le temple d’Edfou. 

( 4 ) im-$ = m s-tf Msn(-t). C’est s-tf qui entraîne le genre féminin sur Msn{>t). 

(&) Une des périphrases qui désignent le plus souvent Maât, l’Offrande des aliments. 

W C’est-à-dire : le temple d’Edfou. 

. (7) Edfou , VI, 348, 7-i 5,“ pl. phot. 6o8 ; publié par Von Bergmànn, H. L, pl. LXIII ; traduit : 

ibid., p. 45-46. Dd mdw : Hr Bhdti-ntr-'î-nb-p-t, £b-swt, pr m Ih-t, R c pw hri nlr-w hniy, (s)hdw 

sps n ntr nb . Ntf pvo Kw tl-w-f m-knt $(n (?)), tr [ ] c nh [ ] r\-\^{f)\f.Wbnf 

m w c kmî-nf kh, pr-sn iry m h c w-f, sncl-t phr m h-t (?) nb, nrw-f \bh m hr w! c km nfr wbn m 
Nwn, m gs-dp tl r Iwf.MZf s t-f Mén(-t) hws(-t) r nfr, Jf ib-f m tp-nfr-s : ¥h[-n\‘fpr-fm ih-t 
nb t nfr-t , ( h)r ir ih-t nt(y) im-è! Htp hm-fhr c bw-wr : hr(-t) kl f, Mï tl Gmh f ht-ntr-f kn m 
kU-é, hsf (R*) iry hr tm-s- Phr (■*)■*« pw w*b, m rwt-s r shp c bw-s-wr Hm-w-ntr it w-nlr phr 
m sms-f, nrw • f *k m k c -w-é(n), hr ir iry sn m pr f \ r c -nb ! Hr-tw ritm tlw-t! Mlh(*t) pw %tw m-hnt-f 
in hm-w-ntr n Wl_s(-t)~Hr, r ir ih-t n ntr-w wr-w, tp tr nb, n lb. Pr én im-f [hr (?)] htp-ntr, m-ht 
htp ntr r wb-w nb. 3 I[nv (?)]*/ m h-t-nir, m ir nb n nsw-t, sl-R . ( ), di 'nh ! 








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2 ° Dire : Horus d ’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, le grand Disque-ailé, chef des dieux, 
c’est le Faucon divin, qui fait vivre tous (les hommes), et qui met chacun sur sa route. 
C’est le grand Luminaire qui fait vivre les humains, (quand) il navigue (au ciel (?)] 
chaque jour, sans repos! Il regarde son Siège tout le jour, achevé en toutes ses façons: 
son cœur se réjouit en voyant son temple, quand il se lève à l’intérieur de l’Horizon. 
Il prend plaisir à veiller sur Msn(-t), plus que sur tous ses autres domaines. Il 
favorise (celui) qui est en sa garde en ce lieu^ , parce qu’il voit le bien qu’on y fait. 
Il garnit son temple de toutes richesses, pour nourrir & ceux qui sont à son service ! 
O «prophètes» cTWts(-t-)Hr( 3 ) , puissants «pères du dieu» d’ (Edfou-)Bhd(-t) ! 0«cha- 
pelain » du Faucon de l’Or, «garde du secret », « (prêtre-)pur du dieu » à Edfou, 
et quiconque entre par cette porte! Qu’on se garde d’entrer en (état d’)impureté, car 
dieu aime la pureté plus que des millions d’objets (précieux), plus que des centaines 
de milliers de (pièces d’)or! Ce qui le rassasie, c’est Maât! Elle est sa satisfaction, 
(et) son cœur se satisfait par la « très pure»! C’est (ici) la porte par où’ passent 
les « prophètes », les « pères du dieu » de la Grande Place c’est le chemin des 
serviteurs de l’atelier, chargés de l’Offrande journalière pour nourrir le Maître des 
dieux, (pour que) les divinités (d’Edfou) prennent (leurs) aliments après lui! Qu’Il 
se complaise en son fils bien-aimé, le Roi ^ , qui vit à jamais, comme Râ ! W 

(l * •* a pour antécédent Mné(-t). L’idée de lieu ( é-t ) entraîne le genre féminin. 

Cf. ligne 7 du même texte : r ir ih-t n Nb nlr-w, ssp ’hm-w sn-w m-htf. 

<3) Wl»(-t)-Hr désigne ici le temple d’Edfou. 

(4) S-t-wr-t est l’un des noms du temple d’Edfou. 

• (5) Edfou, VI, 348, 17 à 3 4 9 , 8 , pl. phot. 608 ; publié par Von Bergmànn, H. I ., pl. LXII; 
traduit : p. 45. Dd mdw : Hr Bhdti-ntr-'l-nb-p-t, ’py wr, hri ntr-w, Bik ntri snh tm-w, di hr 


v 


Déjà, en ces deux morceaux d’une nature particulière, l’accent est mis sur 
le rôle de la providence divine. Dieu, à Edfou, voit sans cesse ce qui se passe 
sur terre. Rien ne se produit, pour le bien des hommes, que par son action 
de tous les instants. Il est aussi celui qui connaît les consciences, qui « sonde 
les cœurs et les reins». Il laisse la responsabilité de leurs actes aux humains, 
et il les juge. La «pureté» devient ici honnêteté, piété, crainte de dieu. 
La loi morale qu’impose la foi se laisse entrevoir : chose rare dans la littérature 
officielle et traditionnelle du culte public, en Égypte! Mais voici un autre 
morceau, d’une verve plus directe, gravé en deux fragments égaux aux mon- 
tants intérieurs de la porte de service qui fait communiquer, à l’est, le grand 
pronaos avec le « couloir de ronde » : 




♦ îî = = j ^ ^ = y n = î î ’ s ü ~ ,4 : 


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► nit 1 


n ♦ Z A (Tl ^ £ 1 1 1 ï i 1 - 


i° Dire : O (vous), «prophètes», grands « (prêtres-)purs», « gardes du secret», 
« (prêtres-)purs du dieu », (vous) tous qui entrez en présence des dieux, cérémo- 
niairesqui êtes au temple! ( O vous) tous, juges (?), administrateurs du domaine, 
intendants qui êtes « en votre mois » W au temple d’Horus d’ Edfou-grand-dieu-du- 
ciel : tournez vos regards vers cette demeure en laquelle sa Majesté (divine) vous a 


nb r nm-t-sn. Hd-wr snh rhy-t, skd-f [p-t (?)] r'-nb, n hn-f ! Mil-f ê-t-f m hr-t-hrw, kn m ’trvo-s 
nb w : K ibf, dg-f h t-ntr-f, m wbn-f m-hnw ’h t. flnts-f m gs-dp Msn(-t) m-hîw r dU-t-f nb(-t)- 
Hs fitni st}w fhr-m--s,dr m?,f tp-nfr ir-sn. Hn-f h-t-ntr-f m îh-t nb(-t) nfr(-t),r irih-tnwndw-t-f! 
’I, hm-w-ntr n Wt$(-t)-Hr, it-w-ntr c ’-w n Bhd(-t), hnty-sh-nlr n B’tk-n-nb, hri shl, w'b-ntr n Bhd(-t), 'k 
nb m éb> pn! Hr-tw r 'k m sît, dr ntr mr 'bw r hh n ih-t, r h fnw n dm! S’ t-f m Mi'-t , htp-fhr-s, 
htp ib f hr 'bw-wr! Sbl pw pr im-f in hm-w-nlr it-w-ntr n S-t-wr-t, mi t pw n hmw-w sriw hr 
htp-ntr n r' nb, r ir ih-t n Nb ntr-w, ssp 'hm-w sn-w m-ht- f ! Hs- f tî- f mr-f, nsw-t-biti nb tl-wi 
( ),dt’nhmiR'J 

01 C’est-à-dire : qui avez pris le service mensuel au temple, avec votre «groupe» (*î). 


— «•( 185 >w— 

placés! (Quand) il navigue au ciel, (c’est) en regardant ici(-bas) : (et) il en est 
satisfait, selon qu’on observe (sa hi )! Ne vous présentez pas en (état de) péché! 
N’entrez pas en ( état de) souillure ! Ne dites pas de mensonge en sa demeure ! Ne 
détournez rien des approvisionnements! Ne levez pas les taxes en lésant le petit en 
faveur du puissant! N’ajoutez pas au poids et à la mesure W, (mais) diminuez sur 
eux! Ne mettez pas au pillage avec le boisseau! Ne faites pas de tort aux offrandes 
de l’OEil-de-Râ! ( (l) 2) 3 . Ne révélez pas ce que vous voyez, en toutes choses secrètes des 
sanctuaires! N’étendez la main sur rien en sa demeure et n’allez pas jusqu’à voler 
devant le Seigneur, portant au cœur une pensée sacrilège! M On vit des provisions 
des dieux : mais on appelle provisions ce qui sort de l’autel, après que dieu s’en est 
satisfait! Vois : qu il navigue au ciel, (ou) qu’il parcoure l’autre monde, ses yeux 
restent (fixés) sur ses biens, là où ils se trouvent ! W 


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111 III 


(l) Sous-entendu : en levant les impôts en nature dus au temple. 

W Littéralement : ce qu y il faut pour (composer) VŒil-de-Râ, c’est-à-dire : les offrandes d’Horus- 
Râ, qui sont faites de la substance d’ Hat h or-Maât, l’OEil-de-Râ. 

(3) Manifestement : pour le voler. 

^ Littéralement : portant une parole sacrilège dans le cœur. 

{5) Edfou , III, 3 6 o, 1 2 à 36 1 , 5, pl. LXXXIII (montant droit = sud) ; publié par Von Bergmann, 
H. I. } pl. LX-LXI ; traduit, ibid., p. 43. Dd mdw : *1, hm-w-ntr, w%w c l- w , hri-w-sstl, w*b-w-nlr, 
*k w nb hr ntr-w, hri-w-hb(-t) tmi-w h-t-ntr ! Slb-w (?) nb, c d-w-mr , hnti-w-s tmi-w ibd-èn m h-t-ntr 
n Hr Bhdti-ntr-l-nb-p-t : imi hr-tn r pr pn rdt tn Hmf m-kntf ! N'f m p-t hr mil t m, htp-f 
hr-é n-hft tp-mtr! M bs m dl-t! M 'k m sît! M dd grg m prf! M i’d hr ih-t m snmwl M ssp shwy 
m nm sri n wr! M wîh hr kd hn nwh, imi-tn hb im-sn! M it-in m hkU! M hd dbhw n Hr-t-R ! 
M pr hr ih-t n&tn m sstl nb m rl-pr-w! M dwn * r ih-t n prf ! M wstn r il hft Hkî, hr dd wh\ m 
ib! nh-tw m dfl-w n ntr-w : dd-tw dfî-wr pr hr htp , m-ht htp ntr hr-sn! Mi, ri-n fm p-t, phr-nf 
Dl-t, br-ti-f mn hr ih-tf m s-t-snl 


— w( 186 H+— 

2 ° Dire : 0 (vous), grands «prophètes» d' (Edfou^WtsQt) , puissants «pères du 
dieu» du (temple-fa t-wy*t : ne faites pas de mal aux serviteurs de Sa demeure, 
(car) Il aime beaucoup ceux qui sont à son service ! Ne vous souillez pas d'im- 
pureté, ne commettez pas de péché , ne faites pas de tort aux gens, aux champs 
ou à la ville : parce qu'ils sont sortis de Ses yeux, (et qu')ils existent par Lui ! 
Son cœur est en grande tristesse, à cause du mal qu'il doit punir : (mais) « ce qui 
n'a pas été fait sur l'heure (?) attend (de l'être ), à (ses) pieds! (?)»(*) Ne 
brisez pas court en pressant la parole , quand on débat (avec vous) ! Ne 
couvrez pas de (votre) voix la voix d'autrui! Ne proférez sur rien le serment! 
Ne soutenez pas mensonge contre vérité en invoquant le Seigneur ! W Vous qui 
êtes ( gens) d'importance, ne passez point de (longsy temps sans une invocation 
vers Lui , (quand vous êtes) déchargés de (lui) présenter les offrandes et de (le) 
louer dans son temple (ou) à l'intérieur de (son) domaine ! M Ne fréquentez pas 
l'endroit des femmes , n'y faites pas ce qui ne s'y fait pas /( * * 3 4 * 6 * 8 ) Qu'il n'y ait pas de 
fêtes en son temple (pr), sauf au lieu par devant lequel l'ensemble des serviteurs 
célèbre (les fêtes divines) ! N'ouvrez pas de jarret à l'intérieur du domaine (h-t-ntr) : 
c'est le Seigneur (seul) qui s'abreuve là ! Ne faites pas le service (sacré) à votre 
fantaisie! A qmi (bon alors) regarderiez-vous les vieux écrits, (quand) le rituel du 
temple est entre vos mains , (quand) c'est l'étude de vos enfants 

(,) La phrase est obscure par sa concision, et garde l’ali ure d’un proverbe. Dieu ne punit 

pas toujours le mal « en son heure», c’est-à-dire : dès qu’il est accompli. En effet, son cœur est 
triste d’être obligé de le faire. Mais le châtiment repose toujours à sa portée (« sous (ses) pieds») : 
tôt ou tard, il viendra. 

(3) Littéralement : le temps (qu } il est juste de donner) . Cf. Wb., V, 187, th. 

(3) C’est-à-dire : donnez aux petites gens qui ont affaire à vous le temps de plaider leur cause. 

(4) Il est préférable, avec von Bergmann, de considérer la corbeille nb comme une faute de graveur 
— le cas est très fréquent, au lieu de la lettre alphabétique k, dans le vb. kn = invoquer (cf. Jf . 
L, p. 42 , n. 6). Pour le sens de Hkl, comparer avec Edfou, III, 36 1 , 3 (voir i°, texte ci-dessus). 

{5) Le reproche s’adresse probablement aux prêtres de haut rang des «groupes». Ils étaient 
en service au temple, semble-t-il, pendant un mois seulement de suite, à l’époque ptolémaïque, 
et en étaient déchargés pendant trois ou quatre mois ensuite, suivant le nombre des groupes 
(à ou 5 ) qui prenaient leur tour. 

Cf. Maspero, L’archéologie égyptienne, 2 e éd., p. 172,!. 19-22 ; L. Keimer, Études d’ègypto- 
hgie, fascic. III (19/u), p. 6. 

W II s’agit de jarres de vin ou de bière, semble-t-il. La défense est du même genre que celle 
qui précède. 

(8) Edfou, III, 36 1, 7 a 302 , Ix , pl. LXXXIII (montant gauche = nord) ; publié par Von 


\ 


On peut être surpris de la véhémence du ton, de la simplicité et de la rudesse 
du langage. C’est ici chose tout à fait excep tionnehe, dans la littérature gravée 
sur la pierre d’un temple, en Egypte. L’ensemble apparaît comme une leçon 
de justice, d’honnêteté, de dignité de vie et de vraie piété envers dieu, adressée 
par le petit personnel du temple aux plus hauts dignitaires du clergé local. 
L’emplacement de l’inscription double n’est pas dissimulé : au contraire, 
c’est une place de premier plan qu’on a choisie pour elle. On la voit de 
toute la grande travée transversale du pronaos. 

Sur l’esprit dans lequel le culte était rendu dans les temples, au temps de 
Ptolémée Philoniétor, cette diatribe jette un jour curieux. Chaque phrase 
semble viser certains faits bien connus de tous. C’est ce qu’a pensé Von 
Bergmann W ; mais il n’a pas rapproché les textes d’Edfou d’au moins deux 
appels semblables. Ceux-là sont placés, aux temples de Dendéra et de Kôm- 
Ombos, aux montants des mêmes portes de service, qui donnent latéralement 
accès aux pronaos W. Les expressions sont souvent les mêmes qu’à Edfou; 
l’intention contenue dans ces morceaux, l’esprit dans lequel ils sont écrits, 
paraissent semblables. Il faut reconnaître qu’il s’agit bien d’une innovation 
dans le choix des textes décorant les temples : c’est probablement aux dé- 
corateurs d’Edfou que nous la devons W. Mais cette initiative a fait école 

Bergmann, H. L, pl. LX; traduit, ibid., p. 42 - 43 . ’I, hm-w-ntr wf-w n Wi$(-t ), it-w-ntr c 5 * w n S-t- 
wr-t! M % r sp-dw r hmw w n prf : sw mrf wndwtf, wr wr! M dldl m hdly, m hw édh , mwdhnr 
rmt m si m nwt, dr-nty prsn m ir>ttf, hpr m bnf ! Mr ibf, hr sp snw, m nfhr héf : « m wn trtw 
m l-t'é (?), htp hr tb 4 t ! ». M khb 14 m wstn-rl hr dits! M kl m mdw hr mdw n ky ! M wd c «4 hr 
ih-t! M Int grg r ml*-t, hr kn Hkl! Wr[n, m ir tr w n wn kn nf, sw m fesfw ih t m hsw m prf, 
m-hnw n h t-ntr! M mnmn s t n hm w-t, m ir m s-t n ir-tw im! Tm hpr wp w m prf, wpw hr s-t 
hs tw r-hft hr-s in tm w n iwnti-w! M wp hbn(-t) m-hnw n fat-ntr : Hkl nwh-tw im! M ir ih-t 
n ib-tn! Mll-tn r ss isw r-m, ssm h-t-ntr hr *• wi-ln , m sbly 4 n ms-w-tn? Cf.*, pour ce texte seule- 
ment : Brugsch, Die Aegyptologie , I, 3 ( Charakter der alten Aegypter) — p. 69-60. La traduction 
de Brugsch est deux fois interrompue, et écourtée à la fin. Cette traduction est résumée et com- 
mentée par Walter Otto, Priester und Tempel im hellenistischen Agypten , II, chap. 7 (Die soziale 
Stellung der Priester) , 2 , B : Moral — p. 288-289. 

(l) Cf. Von Bergmann, H . L, p. 44 , 1 . 1-12. 

W Cf. Mariette, Dendéra, I, pl. i 5 (c), et pl. 16 (a) ; De Morgan, etc., Kom-Ombos, II, p. 2 45 , * 
^878. Brugsch, Die Aegyptologie, p. 59, cite le premier de ces textes. Le second lui a échappé. 
W. Otto, Priester und Tempel, II, 238 , reproduit simplement les renseignements donnés par 
Brugsch. 

® La porte correspondante, à Dendéra, a été décorée sous Néron (cf. les cartouches royaux, 


—* *+{ 188 )*i — 

par la suite : une «mode» s’est établie. Les faits reprochés sont peut-être, 
à Edfou, des allusions précises. Il en donnent ailleurs l’illusion seulement. 
C’est qu’ils pouvaient se produire, et se produisaient réellement sans aucun 
doute de la même façon dans tous les clergés d’Égypte, à cette même époque. 

La présence de ces inscriptions témoigne de cet esprit égalitaire du croyant, 
si ancien dans la vie religieuse orientale. Plus la charge est élevée, plus est 
impérieux le devoir d’exemple. C’est ce qu’on a voulu rappeler sous cette 
forme, et au nom des plus humbles, aux plus puissants, aux plus instruits 
des prêtres d’Edfou W. On a choisi pour cela un passage de service, fréquenté 
chaque jour par les desservants du temple. On aurait tort de conclure de 
la présence d’une telle «instruction» à l’abaissement de la piété ou de 
1 esprit de justice de l’époque : les fautes dénoncées sont de tous les temps. 
Mais c’est un temple rebâti sous les rois grecs qui nous en transmet le té- 
moignage. telle était la liberté nouvelle, laissée au choix des décorateurs des 
édifices sacrés. Après ces révélations indiscrètes, on reste persuadé que les 
‘ officiants des temples n’étaient pas à l’abri de tout reproche. Ceux qui cé- 
lébraient chaque jour les rites de l’antique culte du pays avaient leurs fai- 
blesses. Mais que ces faiblesses leur soient ainsi rappelées publiquement est 
plutôt une preuve du haut idéal qu’on savait se fixer en ce temps. L’accent 
mis non seulement sur la justice, mais sur la bonté de dieu; l’appel, si rare 
dans nos documents égyptiens connus jusqu’ici, en faveur d’une piété plus 
pure : rien que la prière secrète allant vers le Seigneur, jettent un jour pro- 
fond sur la vie intérieure des. prêtres et des fidèles, non seulement d’Edfou, 
mais de tout le pays! 2 ). 


Mariette, Dendéra, I, pl. 1 5 (a, b) ; celle de Kôm-Ombos l’a été sous Vespasien (cf. De Morgan, 
Kôm-Ombos, II, p. a 46 , n° 879). 

(l) Il faut noter qu’aucun souhait de style en faveur du roi ne termine les deux inscriptions. 
Elles ont un caractère à part, non officiel, au milieu de la masse toute différente des textes gravés 
partout dans le- temple. 

(,) P. G. Elgood, dans son étude sur « les Ptolémées d’Égypte» (19 38 ; traduction française, 

• 1 9 ^ 3 , p. à 1 5 ) fait allusion aux recommandations à la prêtrise d’Edfou. Il ne les connaît que 
par W. Otto, lequel ne connaît à son tour que la traduction de Brugsch. Ce dernier lui-même 
n’a travaillé que sur les copies de Von Bergmann. Rien dans ces textes ne doit faire supposer 
(comme l’affirme Elgood) qu’Evergète II intervint personnellement pour faire graver une 
admonestation aux prêtres d’Edfou : i° Les cartouches royaux les plus voisins prouvent que 


v 


D’autre part, l’idéal de vie que se proposaient les «serviteurs de dieu» dans 
l’accomplissement de leur charge n’était pas dépourvu d’une haute sérénité. 
Qu’on en juge par les dernières inscriptions d’Edfou que nous présenterons 
sur ce chapitre : 


(h 


*ra 




i° [Dire : Écoutez], ô « prophètes », « pères du dieu », vous les porteurs du (dieu) 
d’Edfou! Désirez-vous une longue vie, sans destruction (de l’âme) ( ®, ù l’intérieur de 
son temple? Désirez-vous l’exemption des offrandes (dues au temple ) , (et que) vos fils 
(l’aient) après vous ? Désirez-vous que vos corps soient ensevelis (selon le rite), et que 
viennent [pour vous (?)] les dons (d’offrande (?)), dans la nécropole? [(Alors), 
soyez purs (?)], afin d’éviter la souillure : (car) la nourriture (nécessaire) à sa Ma- 
jesté (divine), c’est la pureté! Purifie-toi au [matin), dans le lac de son domaine (?) : 
celui qui aime son eau est en vie et prospérité, quand ses pieds s’avancent à l’inté- 
rieur de Son sanctuaire, (et quand) il élève sa voix dans Son temple! Sers sa 
Majesté à tous moments : qu’il n’y ait pas de cesse à réciter l’office [du mois ] ! 
Qu’on n’étende pas la main pour saisir, dans sa demeure! Celui qui sait trouve 
grâce, (mais) l’ignorant se damne ! Il est mal de retarder les heures W : fais la 


ces textes ont été gravés, non sous Evergète II, mais sous son prédécesseur et frère aîné Phi- 
lométor. 2 0 La présence d’autres textes du même genre (et de dates différentes) au temple 
d’Edfou, ainsi que l 'existence des imitations gravées en d’autres lieux saints, montrent qu’il 
s’agit d’un usage pieux, adopté spontanément un peu partout en Égypte. 

Sous-entendu : dans les processions. 

m Sk, comme mrh, désigne manifestement, dans ces textes, la mort de l’âme par condamna- 
tion divine. 

(5) Il s’agit de tout le service du temple, strictement réglé au point de vue du temps. 


consécration W à son moment (exact) ! Traite les [ petites ) gens avec justice, et obéis aux 
grands ( qui sont) dans Sa demeure! Empêche ( ceux qui sont) hostiles de [faire duf 
mal ! Qui agit ainsi est récompensé sur terre, et dieu n a point de blâme contre lui 1® 


■ ( • ’F,, •+■ { m ^ T m U * 1 ■ ! ' H! f >* G è -V » 5f 1 ZÜ! v! — 1 • J 


2 ° Dire : 0 supérieurs (du temple) (?), ô gens (de service) (?) du [saint (?)] 
( Faucon- ) Gmhé w , [désirez-vous] une longue vieillesse, sans mort (de V âme), à Vin- 
térieur de son domaine? Désirez-vous passer les ans (d’éternité ) , (avec) un héritier 
pour faire offrande (? ) à vos âmes? Désirez-vous être libres de crainte, et qu’il n’y 
ait pas de blâme de dieu contre vous? « Celui qui se purifie de son aiguière» ( 3 ), sa 
satisfaction est la pureté, [et ce qui lui est hostile, c’est (?)] la souillure J N’ayez pas 
de cesse à faire le service de sa demeure : c’est un (homme) qui vit longtemps, celui 
qui Le sert au moment ( exact ) (?)! N’oublie pas le [plus) petit instant (de son 
office) ! N’aie pas sourde (oreille) à faire son service! Ne t’éloigne pas de sa demeure! 
Vois : ce sont les provisions W de celui qui le sert! Vois : ce sont les aliments de 


( l ) Il faut entendre : toutes les consécrations journalières , et en particulier les plus fréquentes, 
celles de la libation, trois fois par jour. 

w Edfou , V, 392 , i3 à 3g3, s, pl. phot. 488 (porte nord-est de la cour, face est, épaisseur 
du montant nord = trois colonnes) : [Bd mdw : « S<im-]ln (?), hm w-ntr, it w-ntr, rmn w n Bhdtt ! 
3 In4w mr4n l liw kl, tm sk, m-hnw n h-t-nîr-f? 3 In-iw mr-tn kwt n i h t, sl4n hr élan? 3 In-tw 
mr4n tb hl44n, sm [n4n (?)] tn[-w (?)] m hr-t-ntr? [W%tn (?)], r wl r dit : hr4 hm-f pw f bw! 
Twr r tr [dwl4 (?)] m s nwtf (?) : mr mw-f (?) m 'nh-wls, m $m rd>m-f m-hnw n h4-ntr*f, 
m kl m mdw m pr-f ! Sms km f r nw nb, tm Ib* n sd ibdl Tm dwn * r itm pr • / 1 Hs rhw, tm trf km ! 
Bln htht wnw-W't : hrp th-t r nw-f 1 Wp bw-nb m bw-mï, sdm n wr-w sk mprf ! üéfhfti-w hr 
sp~dw : ir nn , hstw m f>, n iVw n nir rf /». 

~ « Épithète du dieu « maître de la pureté», à cause de la présence du déterminatif à la fin de 
Pexpression. 

( 4 ) Les offrandes alimentaires sont censées entrer par la porte que décore cette inscription. 


“T 


celui qui multiplie ses pas autour du lieu saint, qui fait taire [les voix dans (1)] 
son [temple (?)] M, qui va et vient au milieu de ses salles, qui verse en libation l’eau 
(sainte ) , qui guérit le mal, qui (se montre) discret quand il regarde en son sanctuaire ! M 
Ne révélez pas ce que vous avez vu ! Que sa crainte soit en votre sein, et sa majesté 
dans votre cœur! 








3° Dire : Qu’il est heureux, celui qui adore ton âxne, ô Maître du ciel , [celui 
qui ne cesse (?)] de [semV] ta [Majesté (?)], qui n’a pas [sourde (oreille)] à faire ton 
service ! Celui qui se réjouit d’exalter ta demeure, [de] dire tes (offices de) fête et ton 
[(service) régulier ( ?)] ( 4 ) ; celui qui ne [cesse (?)] de [glorifier ( ?)] tous tes sanctuaires ! 
Celui qui est pur dans ta demeure et purifié dans ton domaine, et qui crée la pureté pour 
le Maître de pureté! Celui qui élève sa voix en louant ta bonté, et qui exalte ta Majesté 
par ses hymnes! Celui qui loue ton âme, qui satisfait ton image, et dit ton office 


Allusion probable aux « silenciaires», prêtres qui faisaient fonction de «maîtres des céré- 
monies» dans les -temples égyptiens. 

(â) Littéralement : «en son lieu-pur». 

£3) Edfow, V, 344, 5-ii, pL phot. 483 (porte nord-ouest de la cour, face ouest, épaisseur 
du montant nord = trois colonnes) : Dd mdw : « Dldît (?), mr4 (?) n Gmhsw [sps (?), in-îw 
mr ]tn îlw4 wlh, tm mrh, m-hnw n nwt‘f? 3 In4w mr4n sb rnp w-t, iw* hr hnk (?) n kl4n? 3 In-ïw 
mr4n sw m nrw , tm db*w n nir r i(n )? « Twr-m~h&('fyf », htp*f hr *bw, hp[p4>f m (?)] dit! 
Tm Ib m sms pf-f : c nh pw lv>, sms [i(w)] r tr (sic) ! M hm 3 4 kt t! M sh-hr r ir îrw'f ! M wl r 
pr-f ! Mk kl pw (?) sms é(w) ; mk d f l-m klb nmt4 r-gs bw-dsr, sgr [hrw m h t-nir] ■ f (?), pr-hl imitw 
wéhw4-f kb ild-t, snb hlybt , hlp-[ht\ hr mil m $4-f-dér(‘t)\ Tm pr hr mll4n! 3 Imt sndft'f m 
h44n, sfyd'f m tb4n!». Au centre de la première colonne, hnk est une correction : le bras tenant 
le (vase-)nw, au lieu de la main . 

£4) On peut encore traduire : « ton festival et ton férial ». Restitué d’après le texte parallèle (Edfou, 
V, 343, i5). 


au temps (voulu) ! Celui qui consacre la libation a l intérieur de ta demeure, et 
satisfait ton [cœur] avec l’Offrande (?)! W Celui qui charme ton âme, exalte ta 
puissance, et adresse sa prière aux dieux qui sont en ta suite ! Celui qui sanctifie ! - ' 
l’instant, en servant ta Majesté au [moment (voulu) (?)]; qui [sanctifie (?)] le 
temps, comme chef des gens du temple ( ?) ; qui sanctifie la journée, en consacrant 
ton Offrande (faite) des mets précieux de la terre entière! Celui qui vit de ton 
pain, qui prospère de tes [revenus (l) , jusqu’à ce qu il passe (?)] a la faveur (éternelle) 
(jm^h) ! ® II n’y a pas de deuil pour qui « vit sous ta loi » ® < pas de damnation ® 
pour qui adore ton âme ! ® 


fwu.t 

1 1-^ J\ I 


rii v** i; p : 'i u, d. c. t t i s t t v Sx iu : t-, ~ m 
] ,r tu m ii ■ - ■* * m "-y s :.- < i î s i : & t, 




* («*) iy i -, ' 


•(?) * ■ 
I 


I A © 1 

:*sm a i 


«. 


(sic) 


g»T+*i!i£:£~fJSj«“;.^Utfîcd l *lS!~SJl , À 



P) Littéralement : avec l’«OEil-d’Horus». 

(*) Deux fois (et probablement trois, s’il convient de restituer [«’/»], pour l’expression 
parallèle intermédiaire), le verbe Ih est écrit pour le factitif slh, avec son déterminatif spécial . 
homme accroupi, la main à la bouche. 

« Il faut sous-entendre, comme dans la formule courante : après une longue vieillesse. 

(*) Littéralement : pour qui agit sur ton eau. 

(») Sur l’expression n sk=n mrh, cf. plus haut. Ici, mh (le « deuil» ou l’« affliction») semble 
concerner la vie sur terre, et sk (la « destruction», ou la « damnation»), l’avenir de l’âme après 
la mort. 

(•) Edfou,Y, 3g 2 , 4-i i , pl. phot. 488 (porte nord-est de la cour, face est, épaisseur du montant 
sud = trois colonnes) : Dd mdw : « Rs-wi sw, dw’, kl-k, Nb p-t, [tm Ib] m [sms hm]-k (?), tm 
s[h]-hr r ir irw-k! ff" m s c l pr-k, [m] sd hbw-k [mtr]-k (?), tm [16 (?)] m [sn]s (?) é-w-t-k nb! 
W*b m pr-k, tvor m h t-k, ir *, bw n Nb-'bw! Ski mdw-f m dwl nfrw-k; swls [n] hm-k m sns-w-f l 
Dml kl-k, shtp shm-k, sd ih t-nlr k r tr! Hrp kbhw m-hnw pr-k, shtp [t6]-6 m 7r[ i]-ffr (?), siml 
blk, swls éhm-k, dwl r ntr-w îmi-w-ht-k! (S)lh (?) l-t m sms hm-k r [nw, *'!$.(?)] „***« m hkl 
rmt-h-t 0), (s)’b (?) hrw m hrp hn-t-k, ( h)r ipi-w n tl dr-f; 'nh m t-k, snb m [ r kw]-k (?), [r *&•/(?)] 
r hnlh (?) ! N mh n ir hr mw-k, n sk n dwl kl-k !» 

P> Faute d’écriture pour ■ 


— »»•( 193 )•«- — 

4° Dire : Qu’il est heureux, celui qui célèbre ta Majesté, o grand dieu, et qui 
ne cesse de servir ton temple! Celui qui élève ta puissance, qui exalte ta grandeur, 
qui remplit son cœur de toi, (ô) Maître! Celui qui va sur ton chemin, vient sur ton 
« eau» W, et qui s’inquiète [des] desseins de ta Majesté! Celui qui adore ton âme 
avec les adorations ( destinées ) aux dieux, et qui dit ton office, pendant le temps ou 
disent leur «mois»® ceux qui sont dans ta demeure !® Celui qui soutient (ou : 
qui conduit ) M le ( service ) régulier et le ( service ) des fêtes, sans ignorance ; qui 
amène le Maître de V (OEil-)vtàl-t à [ceux qui] se réjouissent de lui quand ils le 
voient ! — Vous qui foulez le chemin de Râ, en son temple; qui veillez en sa demeure, 
(occupés) à conduire ses fêtes, à présenter (ses) offrandes, sans cesse : entre(z) en 
paix, sor(tez) en paix, allez heureux! (Car) la Vie est en sa main, le bonheur est 
dans son poing, toutes bonnes choses sont où il se trouve : ce sont la les mets qui 
restent de sa table; ce sont là les aliments de qui mange ses offrandes! Il n est mal- 
heur ni mal pour qui vit de ses biens; il n’est de damnation pour qui le sert, 
(car) sa garde s’étend au ciel et sa sûreté à la terre : sa protection est plus (grande) 
que (celle de) tous les dieux! ® 


< l > Il est utile ici de garder la traduction littérale de mw, afin de rendre aussi l’expression 

pr-hl = aller et venir. _ 

(»> C’est-à-dire : toutes paroles que les prêtres prononcent pendant leur service mensuel . 
<*) Il s’agit de tout prêtre d’une des confréries du temple, qui prend le service avec ses col- 
lègues, pour un mois, à chacune des trois saisons égyptiennes (tr) de l’année (dans le cas de la 
division en quatre confréries sacerdotales). 

(*) Cf.' plus bas, la note au même verbe transcrit. „ 

( 6 ! Edfou, V, 343, i3 à 344, 3, pi. phot. 483 (porte nord-ouest de la cour, face ouest 1 , épais- 
seur du montant sud = .trois colonnes) : Dd mdw ; « Rs-wi s(w), swls hm-k, ntr % tm ,b m sms 
pr-k! Ski [f]lm-k, s c l kfl-t-k, mh ib-f’m-k, Nb! Pr hr wl-t-k, hl hr mw-k, mh [hr (?)] shr-w n 
hm-k! Dwl kl-k m dwl-w h(r) ntr-w, sd ih-t-ntr-k r tr sd ibdw-sn inimi-wpr-k, Ini (?) (ou : ssm) 
mtr ht, n hm, in Nb-wdl-t (?) n t[f]n-[m (?)] im-f, n mll-sn! Sm-M mi t IT m h-t-ntrf ; ré-tn 
m pr-f, hr ssm hb-w -f, hr ir wdn-w, nn Ib : f m htp, pr m htp, nmt r-nfr! c nh m '■/, snb m hf -f, 
ih-t nb(-t) nfr(-t) r bw hr-f ! Dfl-w pw sp-w m hn-f; sps-w pw wnm plw-t-f ! N dly-t dw n e nh 
m iht-f, néknwn m smé-f : hw-frp-t, mk-t-fr tl, sl-fyl r ntr-w nb(-w) !». Au début de la 
a' colonne, le signe «très endommagé», lu tni par Chassinat, est semblable au signe qui, par 
jeu d’écriture, équivaut à ssm. C’est le signe régulier ssm, écrit sur les genoux du personnage 
accroupi, au lieu du nhlhl tenu à deux mains. Ce signe se trouve, en particulier, dans la « stèle 
de Rosette» (1. 22 ), dans l’expression ssmw-hw. Un peu plus »bas, dans 1 expression Nb-md, t, 
Vœil simple est gravé, au lieu du véritable (OEil-)w$-f. 

Bill- d’Étude, t. XK. . a5 


— 194 )♦» — 

Il n’est pas étonnant'de trouver ces textes gravés aux montants des portes 
de la grande cour les plus proches du temple lui-même. C’est là aussi que les 
décorateurs d’Edfou ont voulu placer les longues colonnes des calendriers 
des fêtes, ou listes des cérémonies locales qui ne rentraient pas dans le cadre 
du service régulier M. Les inscriptions que nous venons de traduire en dernier 
lieu précisent l’ambiance dans laquelle vivait le clergé du temple, au cours 
du calme accomplissement de sa mission sacrée. Aux montants nord, c’est 
dans la vieille forme de l’appel aux vivants des inscriptions funéraires, que 
l’on rappelle aux prêtres d’une part les avantages matériels, certes, de leur 
carrière en face des devoirs qu’elle comporte, mais* aussi le, bonheur qu’elle 
conserve à l’âme pieuse ( 2 ). Aux montants sud, ce sont de véritables hymnes 
à la joie que donne une vie toute entière consacrée à dieu ( 3 ). Que peut 
craindre celui qui passe tous les jours de son existence mortelle à son ser- 
vice, et dont la conscience est pure de toute faute envers le prochain comme 
envers lui? Ni en ce monde, ni dans l’autre quand il se présentera devant 
dieu, il n’est de mal qui puisse l’approcher : il est privilégié par dessus 
toute créature. De là, cette longue énumération de tout ce que fait un prêtre 
dans le temple. Chacun de ces actes est un élément de sa joie intérieure : 
celle-ci est son aliment véritable. La vie éternelle, le bonheur de se l’as- 
surer à jamais : voilà ce qui tient dans la main de dieu, voilà ce dont on 
se rassasie sur sa table. 

Ces sentiments élevés animaient certainement les meilleurs, au cours de 
leur vie sacerdotale. A tous, cet idéal était proposé par l’écrit (4 >. Il l’était 
aussi, à n’en pas douter, par la parole, ou mieux encore : par l’exemple. 

; — , > ■ > ^ ; — ; — - 7 - 

. Ce fait vient à l’appui de la traduction proposée pour mtr hb, hbw-k [mtr-]k — « le service 
régulier et le service des fêtes», c’est-à-dire tout le culte d’Edfou : celui qui se célèbre chaque 
jour ou à intervalles réguliers, et celui qui constitue le propre de chaque fête annuelle. 

Pour les recommandations faites au clergé, cf. celles de Thoutmosis III aux prêtres de Karnak, 
Urk., IV, 7 5 9 - 7 53. 

(3) Pour l’éloge de la vie consacrée à dieu, cf. l’éloge du bonheur réservé à celui qui marche 
sur les voies du Seigneur : G. Lefebvre, Le tombeau de Petosiris , I, p. 37-4 i. 

(4) C’est l’idéal d’une communauté protégée matériellement, consacrée à la louange et au seul 
service de dieu. Il n’est pas question de l’influence morale qu’elle pouvait exercer sur la popu- 
lation entière, si ce n’est par les allusions à la nécessité de la justice et de la bienveillance envers 


195 ^'i ï*" ■ ■ 

C’est cet idéal qui donnait leur sens aux allées et venues sans fin du service, 
aux longues psalmodies des paroles divines, aux gestes, aux soins, aux chants, 
à cet ensemble dont nous avons essayé, dans cette première part de notre 
étude, d’analyser la riche complexité. 

Le culte rendu dans le sanctuaire, à Edfou, mérite d’être examiné ainsi : 
l’abondance des renseignements conservés permet d’approfondir ce que nous 
savons de cette part commune à tous les cultes de l’Égypte. Mais là n’est 
pas l’originalité qui marquait encore, sous la domination des rois étrangers, 
les rites divins locaux à Edfou. Cette originalité doit être cherchée dans 
les cérémonies spéciales à chaque fête annuelle du temple. Ces fêtes com- 
portaient toutes la solennité égyptienne par excellence, la procession dq l’i- 
mage divine suivie de ses «parèdres», hors de son sanctuaire. 

Souvent ainsi, au cours de l’an solaire, les rites ordinaires s’interrompaient. 
On ne se contentait pas, comme pour les fêtes du cycle mensuel, d’augmenter 
la magnificence du service divin. On remplaçait ce service par un autre, d’une 
nature toute differente. Les offices comportaient alors une commémoration 
particulière à la divinité, un symbolisme spécial à son culte, et surtout un 
contact direct du dieu avec tous ses fidèles. Survivance des usages les plus 
anciens, la fête processionnelle ne donne plus au clergé seul, dans le mystère 
de la maison divine, le privilège d’approcher l’image, d’être l’intermédiaire 
secret entre dieu et son peuple. Elle convoque, autour de la litière qui sort 
du temple, toutes les confréries religieuses, et la foule des simples croyants. 
Elle appelle ceux-ci de très loin quelquefois, pour un pèlerinage. Elle est un 
lien social puissant par la joie collective qu’elle crée, qu’elle prolonge presque 
toujours pendant plusieurs journées. En dehors des actes individuels de la 
piété, la procession est la vraie communion d’un dieu avec tous ses fidèles 
assemblés. Les fêtes d’Edfou présentent fortement ce caractère. En elles se 
sont réfugiés les plus anciens particularismes. Telles que nous les présentent 
les documents du temple, elles ont traversé les âges, avec des adjonctions 
qui n ont pas affaibli leur nature propre. Chercher à mettre leur sens en 
lumière, grâce aux matériaux originaux du temple le mieux conservé de 
l’Égypte : c’est ce que nous' voulons tenter dans les pages qui vont suivre. 


DEUXIÈME PARTIE. 


LES FÊTES D’HORUS AU TEMPLE D’EDFOU, 

D’APRÈS LES «CALENDRIERS DES FÊTES”. 

» 1 

L’ensemble de ce qui n’est pas «culte régulier», mais fêtes solennelles à 
Edfou, est résumé en certains documents du temple : les calendriers des fêtes. 
Ces listes comprennent, pendant une année solaire égyptienne, les dates 
fériées, puis les noms des fêtes, et souvent un bref résumé des rites auxquels 
elles devaient leur nature. propre. Il existe d’autre part un rapport étroit 
entre les deux cultes d’Edfou et de Dendéra. Nous avons indiqué plus haut 
comment il se manifestait, pendant le «service journalier», ou le «service 
de fête au sanctuaire». Cette liaison apparaît d’une façon plus évidente encore 
pour les fêtes annuelles célébrées dans chacun des deux temples. Aussi les 
calendriers d’Edfou et de Dendéra mentionnent-ils à la fois i° ce qui concerne 
la divinité principale : Horus ou Hathor, 2 ° ce qui a trait aux divinités annexes : 
la seconde du «couple divin» d’abord, puis Harsomtous et Ihy, qui forment 
« triade» avec les deux premières, 3° enfin un certain nombre de divinités 
parèdres, qui, pour les rédacteurs des listes, ont paru mériter une mention 
spéciale. 

Cependant un examen attentif des listes de fêtes solennelles montre la très 
grande prédominance de la divinité maîtresse dans chacun des deux sanc- 
tuaires, c’est-à-dire d’Horus à Edfou, et d’Hathor à Dendéra. Il est donc 
nécessaire, pour mettre en lumière ce qui revient à Horus d’Edfou seul ou 

BibL d 9 Etude, t. XX. a 6 


—H 198 )*— 

, en position dominante dans son propre temple, de comparer entre eux l’en- 
semble des calendriers des fêtes des deux sanctuaires associés à l’époque 
des rois grecs. Il faut alors y distinguer ce qui revient en propre à chacune 
des divinités placées au premier rang dans ces fêtes, et déterminer le lieu 
exact où se déroulait chaque cérémonie. 


\ 


CHAPITRE PREMIER. 


CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES «LISTES DES FÊTES». 

Les listes des fêtes annuelles se présentent, dans les deux temples, sous 
des aspects semblables, et, dans l’un comme dans l’autre, appartiennent à 
deux catégories bien distinctes. 

1. — PREMIER TYPE DE «LISTE DES FÊTES». 

La première catégorie comprend des listes longues de quelques colonnes W, 
qui font partie d’ensembles plus généraux. Ces ensembles sont des tableaux 
des noms sacrés en usage au lieu saint où se trouve l’inscription. Ces « listes 
des noms sacrés» ont été gravées en des points des temples très variables, et 
l’on trouve plusieurs d’entre elles dans chacun des deux grands sanctuaires 
d’Edfou et de Dendéra. Leurs dates de gravure s’échelonnent sur toute la 
durée des travaux de décoration; mais si l’on examine seulement celles qui 
contiennent des listes de fêtes, leur nombre se réduit à deux. 

Là plus ancienne, celle d’Edfou, est gravéé en deux panneaux symétriques, 
au soubassement extérieur des montants est et ouest de la porte de la « salle 
de l’ennéade». C’est dire qu’on rencontre ces tableaux dans la «salle de 
l’autel», à droite et a gauche de la porte centrale qui mène à la «salle de 


(1) Trois colonnes à Edfou; sept à Dendéra. Mais les deux listes sont en réalité à peu près 
égales, avec un plus grand nombre de dates fériées citées à Edfou. En effet, la dernière fête de la 
liste de Dendéra («fête de la Navigation d’Hathor» jusqu’à Edfou, au mois d’Epiphi) est non 
seulement citée, mais décrite assez longuement. 



36. 


— ■■» §■> *( 200 )• < * - 

l’ennéade» W. Chacun des deux tableaux est divisé en i 5 colonnes W à partir 
de la porte; un espace laissé libre au-dessous des 8 premières montre l’image 
et le nom de deux des quatre barques sacrées qu’Horus possédait « sur le 
fleuve » ; enfin la partie supérieure de chacun, dans le prolongement du bandeau 
de soubassement de la « salle de l’autel», s’orne du nom et de la silhouette 
de quatre serpents, gardiens du sol du sanctuaire. La division de la liste en 
deux est toute artificielle; elle est due au but ornemental que les déco- 
rateurs du temple lui assignèrent. La partie est, qui comprend la liste des 
fêtes du temple, forme la suite de la partie ouest ( 3) ; elle la double et la com- 
plète, en ajoutant soit des termes aux mêmes catégories, soit des catégories 
supplémentaires. 

Dans l’ensemble, il s’agit des noms : i° du terrain sacré d’Edfou; 2° du 
sanctuaire lui-même; 3 ° des divinités adorées à Edfou; 4 ° des titres locaux 
des prêtres et de la première chanteuse ( srny-t ) du temple; 5 ° du tombeau 
divin, du lac et des arbres sacrés; 6° des interdits religieux ( bw 4 ) de la 
province; 7 0 des principales dates fériées annuelles; 8° du territoire arrosé 
par le Nil dans la province, et de la salle du temple dont dépend cette liste. 

Le tableau date, comme toute la décoration de cette partie de l’édifice, du 
règne de Ptolémée IV Philopator (2 2 1-20 3 ). Il est donc ancien dans la suite 
des aménagements du temple. La reconstruction, en effet, n’a demandé que 
2 5 années (237-212), et la gravure de notre document a suivi de près (six 
années au maximum : avant l’an 16 de Ptolémée IV = 206) l’achèvement 
architectural 

De cette ancienneté, et de la place d’honneur choisie pour cette liste, on 
peut conclure à l’importance qu’on attribuait à de semblables documents. 
Il semble qu’on ait voulu se hâter de munir d’une telle sauvegarde chaque 
temple rebâti, dès qu’il était prêt à abriter de nouveau les cérémonies du 
culte. 


<•> Texte : Edfou , I, 358, 16 à 35 9 , 19 . Cf. pl. XXXVa et pl. phot. 3a3-3a4. 

Numérotées en sens inverse de la lecture, dans les copies de Rochemonteix. 

(S) Cela résulte de la rédaction des noms des arbres sacrés. A l’ouest, ils sont énumérés; à 
l’est, on se borne à les rappeler ( Nom de tous les arbres du temple : comme ce qui (est dit) à V ouest : 
Edfou, I, 35o, 6 et 35o, i5). 

« Cf. Edfou , VII, 6 , 3-6. 


La même précaution fut prise plus tard, au cours de l’aménagement du 
temple de Dendéra. Là, il semble que la décoration des murs ait suivi de 
beaucoup plus loin qu’à Edfou l’achèvement architectural nécessaire à l’exercice 
du culte. On commença par graver les textes des cryptes souterraines h), 
et l’on dut pousser le travail dans les cryptes supérieures, en même temps 
qu’aux parois du sanctuaire et de ses annexes l 2 L C’est là, dans la crypte 
n° 9 de la publication de Mariette < 3 >, que se trouve la plus ancienne des deux 
listes des fêtes annuelles de Dendéra. Elle est insérée, comme la liste d’Edfou, 
à l’intérieur d’une longue énumération des «noms sacrés» du temple. Ce 
recueil composite est divisé en quatre parties symétriques, dont deux assez 
courtes (/ et k ) occupent les deux extrémités opposées de la crypte, et dont 
les deux autres, longues de 39 et 4 o colonnes ( h et n), se font vis-à-vis au 
centre des grands côtés de la cachette (4) . Le choix des catégories de noms en 
usage à Dendéra est à peu près le même qu’à Edfou, mais la variété des vo- 
cables est beaucoup plus grande. L’énumération comprend non seulement les 
dates principales, mais aussi les titres des fêtes citées; elle occupe les colonnes 29 
à 35 de la liste n de Mariette (pl. 78) W. Quant aux colonnes suivantes (35 
à 4 o), elles donnent des détails précieux sur l’antiquité du sanctuaire d'Hathor, 
au dire de ses prêtres. 

A Dendéra, l’emplacement choisi, à l’inverse de celui d’Edfou, est un des 
lieux les plus secrets du temple. Il ne semble pas qu’on ait recherché ce 
spcret, puisque plus tard le grand calendrier du même sanctuaire fut placé 
beaucoup plus en évidence. On tenait, semble-t-il, seulement à confier de 
bonne heure à la pierre le soin de conserver la liste des noms locaux en usage 
dans les temples reconstruits. 


- (1) Les plus anciens cartouches inscrits du temple s’y trouvent, au nom de Ptolémée XI Aulète 
(8o-5i). 

(a) Tous les cartouches royaux y sont laissés vides. 

W Cf. Mariette, Dendéra, III, pl. 3 b et 6 . La crypte n° 9 est ménagée dans le mur « nord» 
(orientation des anciens, suivie par Mariette) ou ouest (orientation géographique réelle, adoptée 
par Chassinat) du temple de Dendéra, à T étage supérieur des trois rangées de cryptes. 

W Cf. Mariette, Dendéra, III, pl. 77 (schéma en tête de la planche), 78 et 79 . 

W Elle a été reproduite par Brugsch (Thés., 509 - 610 ) sous le titre de : le petit calendrier de 
Dendéra, et traduite par lui. 


•( 202 )* # >* — " 


2. — SECOND TYPE DE «LISTE DES FÊTES». 

Plus tard, dans les deux édifices, une seconde liste, séparée de celle 'des 
noms sacrés, et beaucoup plus complète, fut consacrée aux fêtes annuelles 
de la divinité principale et de ses associés divins. Le temple d’Edfou comme 
toujours semble donner l’exemple, suivi après un certain temps par les déco- 
rateurs de Dendéra. Quand, à'Edfou, on eut construit le grand mur d’enceinte 
qui entoure le temple et se raccorde au pylône, on ménagea dans ce mur, 
aux angles de la cour, quatre portes latérales. On choisit alors les deux 
portes nord-est et nord-ouest, qui se font vis-à-vis à droite et à gauche de la 
façade du pronaos, pour graver, sur toute l’épaisseur de leurs montants, deux 
textes parallèles. 

A l’est, on plaça une nouvelle liste générale des noms sacrés en usage à 
Edfou, au montant nord de la porte, sur six colonnes **). Quant au montant 
sud, en face de lui, et à toute l’épaisseur de l’embrasure correspondante, 
ils furent divisés en 'vingt colonnes, et réservés à un calendrier des fêtes , 
dans lequel Horus d’Edfou joue le rôle prédominant * 2 ). A l’ouest, le montant 
sud de la porte reçut, sur six colonnes, une liste générale, parallèle à celle 
de l’est, mais dans laquelle il n’est question que des noms sacrés en usage 
à Dendéra * 3 ). Quant au montant nord et à son embrasure, on lui réserva un 
calendrier fort long : il fallût donc commencer à le graver dès la porte du 
«couloir de ronde», pour trouver sur l’ensemble de la paroi la place des 
trente colonnes nécessaires. Dans cette liste des fêtes de la porte ouest, 
Hathor de Dendéra et ses «parèdres» sont toujours au premier plan * 4 ). 
Le parallélisme dans la décoration des deux portes est voulu; il ressort 
de la disposition matérielle symétrique, et du fait que le travail fut exécuté 
à une même époque de trente années au maximum, sous les règnes de 
Ptolémée VIII Sôter II (1 16-107 et 89-80) et de PtoléméelX Alexandre I er 
(107-89). 

(,) Edfou , V, 395 , 9 à 397 , 2 ; pl. phot. 489 . 

Edfou, V, 397 , 5 à 4oi, 5, et 3g4, 10 à 3 9 5 , 7 ; pl. phot. 4go et 491 , 48g. 

<•) Edfou, V, 346, a, à 348, 2 ; pl. phot. 484. 

« Edfou, V, 348, 4 à 353, 6 , et 354, 2 à 36o, 2 ; pl. phot. 484, 485 et 486. 


■ 


— **“§•( 203 ) <♦* ■ ' ■ 

Environ 6 0 ans plus tard, à Dendéra, sous le règne de l’empereur Auguste W, 
les travaux de décoration atteignaient la région de la grande salle hypostyle. 
On choisit alors les montants des portes de deux salles contiguës construites 
au «sud» (=est) de Vwéh-t-Ji. L’une (G de Mariette = B de Chassinat) 
est une dépendance de la salle hypostyle, sorte de pronaos provisoire, où, 
d’après les textes, se rassemblent les «âmes» d’ Hathor, de Râ, et de leurs 
«parèdres», au moment des processions* 2 ). L’autre (H de Mariette = C de 
Chassinat) est le «vestibule» ( hr-t-ïb ) destiné à l’entrée des offrandes ali- 
mentaires pour les besoins de tout le culte régulier * 3 >. Un «calendrier» 
des fêtes du temple fut inscrit en huit fragments sur ces huit parois succes- 
sives* 4 ). L’emplacement en est éloigné de toute liste générale des noms 
sacrés en usage au lieu saint; il ne possède pas de vis-à-vis, comme c’est le 
cas à Edfou. Hathor de Dendéra y joue le rôle prédominant. 

3. — COMPARAISON. 

Il semble donc, par l’ensemble des faits exposés ci-dessus, que les «listes 
des noms sacrés» aient précédé, dans chacun des deux temples associes d Edfou 
et de Dendéra, les listes spéciales des fêtes. D’un choix des dates fériées 
principales de l’année, considérées comme une catégorie de noms sacrés entre 
beaucoup d’autres * 5 ), est sorti le véritable calendrier , tout entier consacre 
aux fêtes, et qui ajoute à la simple mention de leurs dates de nombreux ren- 
seignements sur leur nature * 6 ) .- Les deux grands « calendriers » d Edfou 
* gardent encore, par tradition, des listes générales des noms sacrés comme 
vis-à-vis. Le petit tableau des jours fériés et des noms des fêtes de Dendera, 
gravé à peu près à la même époque, est d’un type intermédiaire, puisqu il 

(l) Cf. les cartouches royaux les plus voisins; contrairement à l’opinion de Brugsch ( Thés . 
365) : «Epoche Konigs Ptolemàus XIII Neos Dionysos». 

W Cf. Mariette, Dendéra , I, pl. 54, 1. 7-12 (a, b). 

(3) Cf. Mariette, Dendéra , I, pi. 59 , b-c (1. 1-2); d-e (1. 1). 

M Mariette, Dendéra I, pl. £7 (schéma du dispositif), et pl. 6 a (f-g, h-i, j-k, l-m). 

( 5 ) Cf. les titres des deux listes : à Edfou, rn hb w =nom des fêtes ; à Dendéra, rn n hb-w n 

ntrt tn = nom des (jours de) fête (+ déterminatif du disque solaire) de la déesse. 

<*} Ceci est valable surtout pour Edfou, qui, par son achèvement décoratif beaucoup plus ancien, 
donne l’exemple suivi plus tard à Dendéra. 


— »>( 204 y * > — 

ajoute à la dernière des dates citées, et seulement a celle-là, un assez long 
et vague commentaire descriptif. 

Quant au grand « calendrier» de Dendéra, le plus récent de tous, il ne garde 
aucune liaison avec les « listes des noms sacrés ». Un dernier fait semble com- 
mun entre les trois grands « calendriers » d’Edfou et de Dendéra : tous les 
trois paraissent avoir été gravés avec intention aux montants intérieurs de 
portes consacrées aux offrandes alimentaires. En effet, à Edfou, les deux portes 
nord-est et nord-ouest de la cour sont censées être réservées à l’entrée des 
aliments du dieu PL A Dendéra, c’est par la porte dont les montants ont reçu 
la seconde moitié du texte du «calendrier», que passaient en réalité toutes 
les offrandes journalières, allant à la « salle Üe l’aufel». 


(1) Cf. plus haut, première partie. 


CHAPITRE II. 


LES «CALENDRIERS DES FÊTES” 

DES TEMPLES D’EDFOU ET DE DENDÉRA. 


Le moment est venu de présenter des traàuctions nouvelles des cinq 
listes des fêtes d’Edfou et de Dendéra W. Les cinq documents sont classés 
en deux séries, pour plus de commodité dans l’étude comparative qui doit 
suivre : 

i° Les deux «calendriers d’Horus», au temple d’Edfou, du plus ancien au 
plus récent. 2° Les trois «calendriers d’Hathor», dans le même ordre chro- 
nologique : a) Calendrier d’Hathor à Edfou, b) Petit calendrier d’Hathor à 
Dendéra. c) Grand calendrier d’Hathor à Dendéra. 

1 ° Petit calendrier des fêtes d’Horus (abrégé compris dans la liste des noms 
sacrés en' usage au temple d’Edfou : montant extérieur est de la « salle de 
l’ennéade», soubassement, de la 12 e à la iA e colonne) PL 


0 ® : S ? . S , ffi 1 TT an ~ « n ^ tu t ~ mu r, : „ „ » -fn i -8 

i/înon^n 

iil n • 1 1 <=» n 1 1 «=. n w 1 1 <=> n 1 1 ij «=. * 1 
•sno — m © — n ® — — — « \ — — 

■ ■ • ■ I I I 1 1 1 <=> il! I 1 1 1 o lll I 11 I <=* * 1 I I 1 © * 1 1 1 1 ©H* LO] 


o m non n o ü* n 1 1 ü* n n ^ n o 
n m ii «=> n i 1 1 i -«=» *iii © n n 1 1 i © * inu <=» * 


(*) Les deux grands «calendriers» des portes de la cour à Edfou ont été publiés et traduits 
par Brugsch, Drei Festkalender des Tempels von Apollinopolis Magna in Ober-Aegyptm (1877); le 
troisième grand « calendrier», celui de Dendéra, a été seulement traduit par lui, dans le même 
ouvrage. 

JTO Cf. plus haut (page 200, note 1), pour les références à l’édition de Chassinat : le texte 
est très lisible sur la planche phot. 82 h. Pour les éditeurs précédents, cf. Chassinat, Edfou , I, 
p. 358 , note 1. 


• __**( 206 >«— 

Nom des fêtes : Thot, le 1 ; le â ; le 5 . Paophi, le 18 ; le a 3 . Choiak, le 5 ; le là ; 
le 20. Tybi, le 5 ; le 27. Méchir, le 1 0 ; le 1 7 ; le 2 1 . Phaménoth, le 5 ; le 2 h; 
le a6. Pharmouthi, le 1 ; le 2 ; le 3 ; le 5 ; le [9] (?) ^ . Epiphi,jour de la Nouvelle 
lune®. Mésorê, le i 5 ; le 3 0 M. 

II. Grand calendrier des fêtes d’Horus (épaisseur, puis face du montant sud 

de la porte nord-est de la cour du temple, à Edfou) 

( ? ) (?) 

i [2 >] Jjg'"'® [■ I *ml] m Ü lae " ne de * >n-° 8 * 

&] ; ® laoune de 1 “• “*λW 

-=;^i..i! 2 ffl n ï”tii^-Nîrai'- 2 îSs::r,s 3 C[ü;iiacu I ie 
de 1 m. 

T.SD2W[nv:’.i;^rî^îJEz^2üTi!^[V««]:z 

g [j] si ‘28 ïï™ n r n ] i # :> ? : s 2 s ~ 1 m 

:r;;.i;sn?» w s:n: 2 Md:îi 5 é‘ , '-ri,^ 2 c; 2 <?E 

5 = 5 ml ^=1 ' """" T.TiT n n — *-=■ * «jf- « + 1 - 4 j ■" ^ ( ? ) I 1I1I n * 1 1 • ISÜ 4 
« w jr« 4 . Mil 1^01111 -ov-'» — ‘ * — » — “*---**» «in o n æ>~ 1 J '«■ -=* » 

^âwr^r^+jîtwa^iarjsflEi'i'Av+Aisfi-i 

üî>]+ir* 2 feS++ : ST'm^Tl!^^i='S!SSrî 

i^riüwïÉtf'n.T.wTiYîts »*•«■■>« <<• » 80 ■s’j ~ 

VE>i3gjitg^g^gu 

O) La planche photographique 324 (col. i 4 ) semble montrer sur la pierre une unité de plus, 
dans l’angle supérieur droit du groupe numérique. Toutes les copies publiées actuellement 
portent : 8 (?)> mais celle de Rochemonteix comporte un espace libre à droite de la première 
rangée des signes du groupe. 

W Jour initial du mois lunaire qui tombe en Epiphi, chaque année. 

P) Littéralement : «le dernier» ( c rky) (jour du mois solaire de 3 o jours). 

( 4 ) Cf. plus haut ( page 202, note 2 ) , pour les références à l’édition de Chassinat. Voir Brugsch, 
DreiFestkal., texte : pl. V, II, col. 1-1 1 et VI, II, col. 1 2-20 ; traduction : p. 9-1 1 (II). 


i 


ÏÂS® t [BU lacune de » m - 80 MII]îi'ALHHBBÆ] = l < " ,T 

H J i *> Y SS rri S - î î X » i' J m <« li 2 - ï ,2 ' 2 ' « Y 

lacune de o m. 97 aSgoJSEIITSsSV:!* ISirT.S — Y 
sï2*l'v2 V rTlÇt-'Cf '"ir^a'lslil^'nne de 1 mètre 

v mT 

raiCfjf'laennede 1 mètre ^jj .i? 7 rZ;'!Z*»T 1 !iSÎ + 

ï rîls^VÏÏ 'ilaeunede 
1 mètre jfl ■ XC^KUTtWZTYSnSaililÜjT'iV 
Z^iBBBMUsrrî^ J i lacune de o m. 75 f || | *« 

PiCKBHfâiîSsnr^^TUîï^ïtirzsAiB-Vsit 


ZttA m ] [H lacune de , m. 97* + S"W '1 C-T.]" 

+ lacune de 1 m. 22 L ';^] J ^ J( ii[TïîïS^ 7 ?.î J Y 

rîltz U U^uu^Sttgai lacune de 

‘| 8 [ff*(î>] v I ^ J mm* K lacune de i m. i 3 t i.mxiiT 

i;rsz w H-ssj;iiî5iàz^r“Zf:iiiy-iî5ï'ijfii'=iZ 

Isl-fntillYM lacune de i m. o 5 | . | q >3 2 

s» r: * *râ m ü u ;i s •' i : r. n U*^ mfii t wà~k~ 

Ti~Â\ TM lacune de i m. o 3 j 11] 1 ? f ..tL (»; e ) 

[fi j aa r s , r;ï2(2zr' 


(Col. I). [i er Thot (?)]: (C'est la) sortie (?) (pr)('l de (?) [la ( 1 )]fête-sed de /?«(?) 
([P’ (?)] hb-éd R c ), [( effectuée par (?)] le (s) porteur(s) (?) [du dieu (?)] (in (?) 

( l ) Les transcriptions seront données i° chaque fois que l’établissement du texte ou sa lecture 
offrent une difficulté; 2° quand l’expression est importante par les rapprochements qu’elle 
permet. 




n( 208 )+* 


rmn-[ntr (?)]) 0 ) : [c'est] la «[fête de) l'Ouverture [de l’an]» (Wp-[rnp-t]), 
[le] jour (?) ([pi (?)] hrw) de [la- « fête]-sed du [dieu) d’Edfou » (?) (h[b]-sd 

Bhdti) [ Le h Thot [ ?) ] W . (Col. 2)... du dieu (nntrpn). On fait 

son service du jour de la « fête-sed du [dieu) d’Edfou» W (ir nt-'-f hrw hb-éd 
Bhdti). 

Le 5 , « fête d’Horus d’Edfou[ ] W. 

g Paophi (?) (îbd [2 ih-t], éw 9) : « fête de la Navigation (hb hn) de la 
barque du dieu». 

3 0 Paophi : (Col. 3 ) «fête du Grand Luminaire (Hd-wr) qui abat ses 
ennemis». 

Du üâ au 28 Athyr : [fête (?) ] * 

[2 g Athyr : procession d’Horus d’Edfou (?) W ]. [On s’arrête dans 


r(?) (htp m p(i) (?)] [édifice -) mirw du Roi (Menibré^ (mirw n néw-t ÇMxÎ- 
( 8 ). On lui fuit offrande de toutes bonnes choses . 


< l) * * 4 5 Tout le calendrier de la porte nord-est de la cour d’Edfou est en très mauvais état de con- 
servation (cf. Edfou , pl. phot. 490, 491, 489). La moitié gauche du début de la colonne I a ete 
seule préservée, et sur la longueur de quelques signes seulement, La restitution a ici un caractère 
très conjectural. Elle doit être cependant tentée. Des analogies avec les autres calendriers seront 
souvent, par la suite, le point de départ des restitutions proposées. La probabilité n’en apparaît 
souvent qu’une fois la série entière étudiée. 

Toute la fin de la colonne I manque (2 m. o 5 , sur 2 m. 90 de hauteur totale). 

C’est ici la fin probable de ce qui concerne la fête d’Horus du 4 Thot du calendrier précédent . 
La fête-sed du (dieu) d'Edfou est celle du i er Thot, dont il vient d’être question. 

(4) La colonne est détruite sur une hauteur de 1 m. 48 . 

(5) L’épithète semble être une de celles d’Horus d’Edfou, en sa figure d’Harsomtous de Hl-di 
(qui abat ses ennemis, en sa fête de la Nouvelle lune de Pachons, à Hî-dï). Le mot hd peut être 
une spécialisation du substantif masculin hd = lumière (Wb., III, 208, 11). L’épithète hd-wç 
est citée (Wb., III, 212, 18), mais n’est pas reconnue dans .son acception des textes d’Edfou. 
Elle ne doit pas être confondue avec le nom divin des Textes des Pyramides : hd-wr (Wb., III, 
p. 209, 6). L’épithète d’Harsomtous paraît deux fois dans notre texte : Edfou, V, 895, i, et 
398, 1 (ici) ; elle existe aussi, comme épithète d’Horus d’Edfou (Edfou, VI, 349, 1 ; parallèle 
à hd-sps, Edfou , VI, 348 , 7) : l’abréviation employée là (disque solaire à trois rayons) semble 
indiquer son sens exact. 

Lacune de 1 m. 20. 

< 7) La restitution est très probable : le 3 o Athyr est le deuxième jour de la fête . De plus, Hathor 
de Dendéra sort de son temple en ces mêmes trois journées : la date du 29 Athyr est préservée 
au calendrier d’Hathor de la porte nord-ouest de la cour d’Edfou. 

(ft) Cf. Chassinat, Le mar du roi Menibré, à Edfou (B. I. F. A . O., XXX, 1981, p. 299.-308). 


Le 3 0 Athyr , (Col. 4 ) qui est le deuxième jour de la procession du dieu , on fait 
son service . 

[Le i cr ] Choiak, qui est le [troisième jour (?)] de la procession du dieu : on 
fait son service, [puis) on s arrête en son sanctuaire W . 

5 Choiak : Sortie en procession du dieu vénérable [Horus d'Edfou ( ^f^maître- 
du-ciœl, en sa [belle (?)] «fête de [monter (?)] vers son [//omon (?)]», après 

^ la « Nuit (?) du {dieu-) protégé (?)», comme on l'appelle (mbb-f [nfr (?)] 

n [pr (?)] r [ih-t (?)]*£, m-ht « p(;) grh (?) p; H [w] (?)», hr-tw r-f) W. 

On s'arrête dans V {édifice-) mjrw^; on fait son service . 

(Col. 5 ) 6 Choiak, qui est le deuxième jour* de la procession du dieu : on fait 
son* service. Le 7, même chose. Le a 0, même chose. 

ao Choiak : « fête du {dieu-)qui-plane)> {?). On déploie « {Gelui-qui~e$t-)au- 
milieu-de-{ses)-ailes» (?) (hb [D]wn; pd « Hri-ib-dm>( 4 )» (?))* 5 '; on présente 

la libation et l'offrande [ aux (?)] « {divinités-)gisantes » (éféf lw [mw (?)n] 

htp-ü-w). 

3 à Choiak : «fête du {dieu) d'Edfou » qui sauve l' habillement {funèbre) de son 
père des mains de « celui-là » (= Seth) (nhm*n-f mnh*t n it-f m-* «pf»). 


(1) C’est le «sanctuaire des barques» (s-t-wr-t) du grand temple d’Horus, à Edfou. 

(,) Sur l’espace d’environ trois cadrats, le texte est trop corrompu pour permettre une inter- 
prétation^satisfaisante . 

Il est possible de vérifier certaines des restitutions proposées, sur la planche phot. 491 , col. 4 
(de droite à gauche). Le signe carré, lu E (?) par Chassinat, peut être l’extrémité postérieure 
d’un signe pr. L’extrémité postérieure de l’idéogramme ih-t est reconnaissable. 

"Très vraisemblablement celui du roi Menibré, qui vient d’être nommé dans la colonne 
précédente, comme lieu de séjour de l’image d’Horus, pendant la «sortie» des 29-30 Athyr, 
et i* r Choiak. 

(5) La restitution [D]wn est probable, à cause du déterminatif du mot, bien conservé. Dans 
l’expression Hri~ib-dml(-t) (?), il est préférable de lire le signe du l^as en tête du mot dmî('t), 
et d’y voir une variante graphique *dmj(*f), tdm'(-t) : cf. les variantes 'd-t/id t (Edfou, VI, 216, 
10), pour idpldp-t — barqüe. Il n’y a pas de déterminatif. Le sens de cette épithète divine s’ac- 
corderait avec la nature du symbole d’Horus d’Edfou, qu’on portait, sfcmble-t-il, en procession 
à la fête du 5-2 o Choiak : le Disque-solaire, au centre de ses deux ailes étendues. 

< 6) C’est-à-dire aux âmes de toutes les divinités d’Edfou, dont les corps gisent dans la nécropole 
divine, semblables à celui d’Osiris. C’est l’ennéade momiforme, souvent représentée au temple. 
Cf. par ex. Edfou, pl. phot. 328 et Edfou, I, 173, i 3 : les momies divines, puissantes et vénérables, 
qui gisent (htp) dans Edfou, éternellement (r* nb). 

Bibl. d’ Etude, t. XX, 37 

■ 


— **•( 210 ) * t « i 

26 Choiak ; on fait tous les rites de la « fête de Sokaris ». (Col. 6) Au moment 
du matin W, on présente de nombreuses offrandes devant Osiris. (Puis) on amène 

Vâne sauvage du temple <k Seth (’l sm; n pr-ét§); [alors) [on] amène [ ]; 

les harponmurs saisissent V épieu % (ssp/[b] (?)y ( 1 2 ) (i)n ménw-w); le [prêtre du) 
roi (néw*t) [arrive (?)]; on égorge [la victime) devant Osiris. [Puis) on amène les 
dieux qui ont abattu Venrwmi dans Pr-mr-t (= temple de PJiarbaetus- Sdn) du 
Maître de Sdn (m Pr-mr-t Nb-Sdn) ( 3 * * 6 ), et le [prêtre du) roi abat Apophis (Col. 7) 

[ ] en face de ([r]-h[f]t) [ ]; on [le) met [sur Vau]tel à feu ([r c ]h) 

d’Horus en présence d’ Osiris. [[Puis) on ramène (?)] ([în*hr*tw]) 

le [prêtre du) roi à son palais (r c h-f) ; le deuil est coupé (wd c snm) ; on fait offrande 
aux [âmes des) morts (?) (wdn n nnî-w (?)). 

Le 3 0 Choiak : on fait sortir en procession le dieu et son ennéade , pour s’arrêter 
dam V [édifice-)mî rw (r htp m p(î) mjrw) W; on [y) fait son service . 

i tv Tybi : «fête de V Ouverture de Vannée [de règney d’Horus d’Edfou , 
fils de Râ , aimé des hommes» (Tpy pr-t, éw 1 : Hb wp-rnp-t n Hr Bhdti 
s i R c mri rhy*t) : [qu’il jouisse de) la durée de Râ , dam Edfou ( c h c n R c m 
Wts(-t)-Hr) ! 

(Col. 8 ) [ ], fête d’Horus [< i’Edfou (?) ]M. 

*7 Tybi : c’est la «fête de Mén(-t)» (hb pw(?) n Mén(-t)). 

il Tybi : « fête [ ] W de Chou.» 


(1) C’est-à-dire à l’heure (tr) du service journalier du matin (ou grand service). 

(5) Variante probable de la forme courante e ià(*f), si la restitution du [5] est exacte. Le déter- 
minatif du harpon est net. M c bl et *bb (•*) sont deux formes apparentées. 

(3J II s’agit ici d’une expression Pr-mr-t équivalente à Mr t seul (Gauthier, D. G III, 54 : 
« Sérapéum du XI e nome de Basse Égypte »J, ou à Pr Hr mr ti (Gauthier, D . G II, 1 i 4 ), et 
non d’une des localités citées à l’article pr (Gauthier, D . G., II, 86-87). La présence de l’Horus 
Nb-Sdn impose cette identification. Cf. Mariette, Dendéra , IV, 76, col. 16 (cité par Junker, 
Onurislegende, p. 45 ). Là^l’Horus de Pharbaethus est qualifié de nb-Mr-t = maître de Mr-t. 
Sur Sdn-V harbaethus , cf. Gauthier, Les nomes d’Égypte depuis Hérodote jusqu’à la conquête arabe, 
p. 78-79 (Mémoires de V Institut d’Égypte, XXV, 1986). 

w C’est là toujours, semble-t-il, le même m’ ? rw du roi Menibré, dont il a déjà été question 
aux colonnes 3 et 4 . Le « palais» ( c 4 ) du « roi», où revient le prêtre qui a joué le principal rôle 
dans les rites de la « fête de Sokaris» (col. 7) au moment où se termine la journée du 26 Choiak, 
pourrait être également le même sanctuaire. 

Lacune de 0 'm. 80 de hauteur. 

(6) Blanc de deux cadrats dans l’original. 


— ++*( 211 — 

Du a 5 jusqu’au 27 ; «fêtes de la fondation des offrandes des dieux d’Edfou » 
(hb>w n w;h ih-t n ntr*w n Bhd-t). 

(Col. 9) [ 2 1 Méchir : « fête de la Victoire » (?) ] M, tandis 

qu’[on (?)] châtie (hf [t] db;-[tw ( ( ?)]) [Seth (?) est (?)] un 

hippopotame ([m ( ?)] dné), et « sa Majesté»® est un faucon (iw Hm-f m 

drty). 

Du ah, au i er Phaménoth® : « fête de Ptah-qui-protège-le-grand-Disqm-ailé- 
d’ or (‘py wt n ktm(-t)). 

(Col. 10) 5 [. Phaménoth ] : « fête d’Horus-le-[ ] W ( J Ibd [ 3 ] pr(-t), 

[éw] 5 : hb Ilr p(j) [ ]). 

ah Phaménoth (?) W [ ] [se manifestent (?)] comme étoile du ciel ([ 

hpr-én] m éb; n p-t) Le cœur de Râ se réjouit en ce jour. C’est fête d’Horus 
d’Edfou pareillement. 

i6(= a6) Phaménoth : « fête d’Horus d’Edfou, à qui, l’on donne le droit ( légi- 
time ) d’Horus» (rdi-t(w) sfy-t n Hr n*f). 

(Col, 1 1) i er Pharmouthi : « fête [de Râ (?)] et de l’OEil de Râ»®. 

•• [ [ ••••]• 

[Le jour de la fête de la lune de ce mois (?) ...... «fête cfe*(?)] la Première 

fois » ( [ hb (?)] sp tpy) : Horus fils d’Isis et fils d’ Osiris est mis au monde 

en ce [jour de) fête (?) (îm-f = [hrw pn] (?)). 


{l J La restitution dans cette lacune initiale est très probable. Malgré l’extrême délabrement 
du texte, les mots db>, dns , drty suffisent à évoquer la grande fête d’Horus en Méchir, et c’est 
bien ici sa place dans l’ordre du calendrier. 

w Périphrase qui désigne ici, semble-t-il, la statue d’Horus d’Edfou iîwti kn, à corps de guerrier 
humain et tête de faucon, au cours de la «fête de la Victoire» des 21-26 Méchir. 

(3J Cette fête commence vraisemblablement avant la fin de la précédente. Au contraire, elle 
était célébrée à Dendéra les 28-29 Méchir et i er Phaménoth. Mais il s’agit d’un rite secondaire 
à Edfou, qui pouvait coïncider avec d’autres cérémonies. 

(4) Lacune de o m. 97. 

L’accord est établi sur la date du 2 4 aux deux calendriers d’Horus (abrégé) et d’Hathor 
à Edfou, pour la fête du couple Horus-Hathor disques solaires ailés. 

^ Pour la restitution, cf. le «calendrier d’Hathor à Edfou», col. i 4 . 

Cf. le «calendrier d’Hathor à Edfou», col. i 4 : «fête d’Horus et de l’GEil d’Horus» 
(c’est-à-dire Hathor). 

{8) Lacune de 1 mètre. 

^ Cf. le «calendrier d’Hathor à Edfou»,' col. i 4 . 

a 7 • 



1 er Pochons : « fête de b Main-du-dieu » (D-t-ntr), Hathor-Iousâs (’lw-é-'i-é), 
l’OEil de Râ, la mère de Chou et de Tefnout : (Col. i 2) c’est. Hathor de Dendéra 

qu’on [l’]appelle [ ] W, jusqu’au 1 er Paoni. 

1 g Pochons : « procession du dieu vénérable Khonsou d’Edfou » (Hnéw m Bhd.t) 
vers la terrasse du temple [(r tp-h-t h-t-ntr)] : on découvre la face .(wn hr); 
on revêt le vêtement (db; mnh-t); on présente l’huile (ir md-t) ( 2 ) ; (Col. i 3 ) 
on psalmodie l’hymne (nié hknw) ( 3 ) ; on fait l’ouverture [de la bouche] (ir 

«HW]): [ ] W ; 

[Le jour de la pleine /tme(?)( 5 ) : «fête de (?)] la Purification d 9 Hathor de 
Dendéra » (pi c bw n Hthr nb-t Iwn*t), [comme on] V [appelle] ([hr*t]w r*f). 
Procession d’Horus d ’ Edfou-grand-dwu-dur-cie l, et de son ennéade. On s'arrête au 

(Col. i 4 ) « mirw du Sud » (?) (htp m pi mirw réî W) W ; [ ] ( 8 ), on accomplit 

tout le service [qui se fait (?)] le jour de (?) (m hrw [ ]) [ ] ( 9 ) : 


{J) Lacune de i mètre. 

Les cérémonies de ia fête de Khonsou en Pachons sur la terrasse du temple d’Edfou sont 
celles des services réguliers dans le sanctuaire, sauf Vwp-ri; mais elles ne sont pas accomplies 
dans le même ordre. L’habillement de la statue divind y était pratiqué d’abord ; ensuite seule- 
ment on présentait l’olfr an de des aliments, à laquelle préparait Ywp-r\ funéraire. Ce dernier rite 
ne fait jamais partie du service régulier. Il est au contraire en usage au cours de nombreux 
'services spéciaux de fête, à Edfou. Comparer, à ce sujet, Jéquier, Matériaux art. ap-ro , 
p. 192, 1. 6-1 1 et n. 3, dans B . L F. A . O, XIX (1922). 

(3) Le déterminatif du lacet dont on liait les rouleaux de papyrus, employé fréquemment 
pour le mot hknw , indique qu’il s’agit d’un hymne lu : c’est la règle pour le hknw, réservé 
aux services de fête. 

(4} Lacune de 1 mètre. 

(5) Cf. « calendrier d’Hathor à Edfou», col. 17 : fête du 1 5 e jour (lunaire) du mois (de Pochons), 
le jour de la pleine lune, etc. Il s’agit d’une façon évidente de la même fête aux deux calendriers : 
celle de l’« Accouchement» (cal. d’Hathor) ou de la «Purification» (cal. d’Horus) de la déesse. 

(#) Il peut y avoir hésitation sur la lecture du mot rsi, car le signe de la bouche (ri, r) ne touche 
pas la partie inférieure de la plante sw-t (cf. Edfou, pi. phot. 490, col. 1 4 , en haut). Mais si l’on 
lit nsw-t, aucun «mirw royal» (sans nom de roi) n’est attesté ailleurs, à Edfou. D’autre part, 
le mirw rsi , bien connu, est certainement attesté à la col. (2 =) 16 (Edfou, V, 394, 1 1), avec 
une écriture comparable. De plus, on trouve le mot rsi écrit avec le signe de la bouche non 
réuni à celui de la plante sw-t (cf. Edfou, I, 554 , 11). 

(7) C’est le «mammisi» d’Edfou : une phrase inscrite sur le monument même l’affirme 
(Chàssinat, Mammisi, p. 5, 1. 2-3). 

(8) L'espace détruit est égal à 6 cadrais environ. 

(#) Lacune de o m. 75, plus espace de 8 cadrats environ. 


' — *-*•( 213 )»t 1 ■ ■ 

sortie (en procession) du dieu hors du «mirw» (m p(;) mirw). On fait le service; 
on s’arrête sur [son grand siège (?)] (htp hr [é-t-f ^ (?).]) {1) - 

(Col. i 5 ) [Le s ]5 (?) [Paoni (?)] (2) : « fête d’Horus d’ Edfou-grand-dieu-du- 

cùl [ ] M [qui est le] 3 e (?) [jour (?)] de k procession de ces [ ], (Col. i 6) 

[ on fait (?)] son [service] ([Ibd 2 smw, éw 2]5 : hb Hr Bhdtî ntr '5 nb 

P* 1 [ ] (?) [hrw (?) 3 (?)] n h c n [n]n né [ ir nt-']-f). On fait 

le tour du « m;rw du Sud » (phr p(’) m’rw réi) ; k barque va [ ]. 

[Le X-Epiphi (?) ] W; [on fait] son service. 

Le jour de k Nouvelle lune de ce mois ( d’Epiphi ), on fait sortir en procession 
Horus d’Edfou-grand-dieu-dù-ciel vers (k « barque du fleuve »-)h î -t-Hr < 5 ) , Hathor 
de Dendéra (Col. 17) (se trouvant ) dans ( 1 a « barque du fleuve »-jNb-mrw-t < 6 >. 
On fait (le rite des ) prémices des champs (ir tp-w ;h-t). (Puis) on se dirige 

vers (le temple d Edfou-jl^lui • t [ J d ) , [Hathor s’en va vers] Dendéra W, 

après (les) dix jours de fête-sed ([ sb Hthr r] ’Iwn-t, r-. él hrw 10 

hb-éd). 

i er Mésorê : fête de *« sa Majesté » (Hathor) (hb Hm-t-é). 


* * ^ es t dire qu on installe de nouveau la statue d’Horus, à la fin de la procession, sur son 
trône du grand sanctuaire. 

^ Le chiffre 5 est bien visible au centre de la colonne (Kdjou, pi. phot. A8 q). La longueur 
de la partie détruite rend vraisemblable la présence d’autres signes de chiffres en avant du 5. 
Au «calendrier d Hathor a Dendéra», il est question d’une procession commune au couple 
divin, qui dure du 27 au 3 o Paoni. 

<S) Lacune de 1 m. 97. 

(4) Lacune de 1 m. 22. C’est en un point de cette lacune que se terminait ce qui concerne la 
fête de Paoni. Une fête de plus, au minimum, d’Horus en Epipbi était vraisemblablement 
mentionnée ensuite (cf. Cal. d’Hathor à-Edfou : 1", 4 , i3, i4 Epipbi). Le fragment con- 
serve en fin de phrase : «on fait son service» ne semble pas pouvoir s’appliquer à la fête de 
Paoni. Par ailleurs, 1 expression qui suit aussitôt : « le jour de la nouvelle lune de ce mois» laisse 
supposer qu’on a déjà mentionné le mois dont il s’agit. Or la fête citée ici est celle, bien connue, 
de la «Navigation» d’Hathor vers Edfou, en Epiphi. 

^ Cf. Wb., III, 22, 1. 

(6) Cf. Wb., II, 228, 16=229, 5 et 6. 

(7) Lacune de 1 m. o 5 . 

I 

^ ^ La restitution est très probable, a cause du parallélisme avec la dernière phrase qui concerne 
la même fête, au « calendrier d’Hathor à Edfou» (col. 25 : « Hathor s’en va vers Dendéra. C’est 
la fin, après 1 4 jours»). Or précisément, la période des fêtes se divise en deux parties différentes, 
l’une de 4 , l’autre de 10 jours. 

Bibl. d’Étude, t. XX. a8 


I 


— •+»•( 214 )«« 4 — 

Le a : on fait sortir en procession « Isis-la-lumimuse » (S-t hdd-t), la Mère 
divine, parèdre à Edfou, (puis) on s’arrête dans (le sanctuaire des barques-) 
Wts-h' W. On lui fait une offrande de toutes bonnes choses. 

(Col. 18) [Le i 5 ( 1 )]® : fête du « Grand Luminaire » (Hd-wr = Harsom- 
tous) W. 

Mésorê, [du îg au ai (?) : Louange de Moût (?) W ]. 

[ Le 3 o Mésorê : fête de V Habillement & d’Horus d’ Edfou-grand-dieurdu- 

ciel (?) ; on présente (?)] ® (îbd 4 smw, [éw 19 r éw 2 1 (?) : hs Mwt- (?) 

’lbd 4 smw, 'rky : hb mnh-t n Hr Bhdti ntr nb p-t (?); ir-tw (?)]) une 
grande offrande en toutes bonnes choses. On fait sortir en procession le dieu jusqu’au 
siège de la Première fête ^ . On fait tous les rites selon le cérémonial du siège de la 
Première fête (ir îrw nb mi nty r nt-‘ n é-t-hb-tpy). 

(Le premier jour) des « cinq en plus de l’an» : Naissance d’Osiris. On fait l ha- 
billement (Col. 19) du « Grand pilier d’Edfou» W (Iwn-wr n Bhd-t) et de son 
ennéade. 

(Le second jour) des « cinq en plus de l’an » : Naissance d’Horus [ ]W en 

ce jour. On fait le service divin comme chaque jour, (et) on fait tout le rite, comme 
on fait W le 3 0 Mésorê, (à la) « fête de l’Habillement». 

(Le quatrième jour) des « cinq en plue de l’an » : Naissance [d’Isis (?). On 
célèbre (?)] la « Première fête » du dieu^ n K On (le) fait sortir en procession, (et) 


O) Cf. le «calendrier d’Hathor à Edfou», col. 10 (Edfou, V, 35 1, îjj . 

(’) Cf. le « petit calendrier» des fêtes d’Horus. 

(5) Cf. fête du 3 o Paophi, plus haut. 

W Cf. le «calendrier d’Hathor à Edfou», col. 28. 

(6 > Restitution sûre : la date complète et le nom de la fête sont conservés dans la colonne sui- 
vante, à propos de la fête du 2' jour épagomène : «Naissance d’Horus». 

’W Lacune de 1 m. i 3 . 

( 7 ) La cour spéciale à ciel ouvert, à l’est de la «salle de l’ennéade», et son «lieu-pur». 

(*) Épithète particulière d’Osiris et de tous les dieux figurés en morts osiriens (par ex. : 
Horus d’Edfou (Edfou, V, 29, 1 2 ; Edfou, I, 36 i , 10); Khnoum (Lepsius, Denkmaler, IV, 23 a; 
Bkugsch, Thés., 02 5 c), etc. 

m Lacune de 1 m. o 5 . -, 

<“) Le mot ir est trois fois répété dans le texte. 

( il > Horus d’Edfou. La « Première fête» du dieu est celle dont il s’agit dès le 3 o Mésorê, au 
cérémonial du siège de la Première fête; c’est aussi la «[fête de] la Première fois (?)» 
([hb] sp tpy : cf. col. Il, plus haut). 


s’arrêter W au siège de la Première fête, en [face de (?)] Râ (r hft-[hr (?) n] 

R c ). On invoque (?) ('s (?)) (Col. 20) [ ]; on fait une offrande ( ?) ® de 

(fête de) purification ® (îr ssp n (hb) * *bw) ; on exécute toute prescription de l’Ha- 
billement (jr tp-rd nb n dbj mn[h-t] [ \] W en ce jour. On sort (de) là en 

procession (?) (h' im), (et) il (= le dieu) s’arrête dans la sainte (chapelle-) Mén(-t) 
(htp-f^ m Mén(-t) spé). 

(Le cinquième jour) des « cinq en plus de l’an » : Naissance de Nephthys [ 

On fait (?)] tout [le cérémonial (?)] dans cette journée, comme cela est (écrit) au 
(rituel) de fête (ir nt-'nb m hrw pn, mi nty r hb-t). 


III. Calendrier des fêtes d’Hathor (paroi intérieure du mur d’enceinte ouest, 
puis face et épaisseur du montant nord, et embrasure de la porte nord-ouest 
de la cour du temple, à Edfou*®. 


î [dm lacune des 2/3 de la colonne g ^ °J' |] *.<n [WJ [f ] 

î Ifl'JfTJ lacune des a /3 de la colonne^';; 22?i'iÛ.IS w n ] 


'i ' : 1 s (ü s ,*, ! s t <« t ■ ±: ri m : 0 ~ t î a s « ^ a “ o , 

des a /3 de la colonne ~] 

lacune des 

a /3 de la colonneg^® u, (?) ] ^ ^ i % 


Faute de gravure : htp-t-n-j é-t-hb-tpy, pour : htp-f m s-t-hb-tpy . 

W Le mot ssp est rare ( Wb IV, 534 , 5 ) dans ce sens; dans cet exemple, il est privé de son 
déterminatif caractéristique. 

(3) Faute de graveur fréquente : le signe nb écrit au lieu du déterminatif de hb. 

Lacune de i m. o 3 . 

(5) Même erreur que ci-dessus, note i . 

(#) Cf. plus haut (page 202, note 4 ), pour les références à l’édition de Chassinat. Voir Brugsch, 
Drei Festkalender, texte : pl. I (I, col. 1-7), II (col. 8 -i 4 ), III (col. i5-2i), IV (col. 22-28), 
V (col. 29-30) ; traduction : p. 1-8 (I). 


»( 216 ) 


iac™e de ,/5 

de la col»nneBfffl 1 l^l>lJ£l , r: , n;]:; w + [: i . 1 ilp[^S)2-T5 ffl ]« 

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— t-**( 219 )«**—- 

(Col, 1) [i er Thot (?) : «jfête de Râ en V Ouverture de Van » (?) W]. 

[ s Thot : procession (?)] par (?) ^ le Grand Lotus ( qui s'est) manifesté 

au commencement (du monde), en sa forme du (dieu) Ihy ; un sistre (ssâ-t) est 
dans sa main droite ; un (collier-) mni-t dans sa main gauche; ses jambes sont 
écartées (pd nmt-t) ; il porte le pschent W, au premier jour où il se lève en tant 
quOsiris : (car) il apparaît semblable à ce dieu , (dès) le premier jour de sa 
naissance , pour réclamer l'héritage de son W père . 

(Col. 2) [ g Thot (?) : Procession par Hathor de Dendéra (?)]W et 

([h]r = hn c ) son ennéade . On s'arrête dans le « mammisi » (mpr-mé)W. (C'est) 
fête célébrée par les gens du domaine (sacré) (îr hb in nwti-w). Le chœur des chan- 
teuses (p(’) c -n-dd) M (et) tous les instruments de musique (h c -w nb n hé) retournent 
vers la «salle de façade »W (sti iw(=r) hfty~hr) W, jusqu'à l'arrivée du matin 


£1) Restitué d’après le « grand calendrier d’Hathor à Dendéra». Les deux premiers tiers 
environ de la hauteur de chaque colonne sont détruits, pour les quatre premières colonnes. 

(a) Malgré l’accord de Brugsch et de Chassinat pour: [...]! Nhb wr, il convient de revenir à la 
lecture de de Rougé (Inscriptions et notices recueillies à Edfou, I, pi. XXXIII) , col. I : [.....] m Nhb wr. 

£3) Description de l’aspect matériel de la statue d’Ihy, qu’on emmène en procession le 2 Thot. 
L’image divine figure un jeune homme debout, la jambe droite en avant, dans la position du 
joue'ur de sistre. C’est l’attitude même du personnage hiéroglyphique habituel, avec la cou- 
ronne royale en plus (hbs shm 4 i). 

(4) it • /• s : le dernier signe gravé est superflu. • 

£S) Lacune de même longueur que pour la colonne 1 . Date et titre restitués d’après le « grand 
calendrier d’Hathor à Dendéra». 

w Le «mammisi» de Dendéra. C’est sûrement l’ancien, bâti sous Nectanébo. Le calendrier 
d’Edfou date de Ptolémée Sôter II, et le nouveau « mammisi» de Dendéra fut bâti sous Auguste. 

W L’original porte ici, non une «figure d’orante» (cf. Chassinat, Edfou , V, 3 Û 8 , n. 9), mais 
une figure de femme agenouillée battant des mains. C’est le déterminatif bien connu du verbe 
nhm, mais sans le tambourin dans les mains de la chanteuse. De plus,]r, abrégé dep^ est à rétablir 
en avant de c surmonté de son trait vertical (cf. copie de Brugsch, Festk pl. I, col. 2). Il s’agit 
du chœur formé par les «chanteuses» de la déesse, qui s’accompagnaient au tambourin. Le 
verbe dd s’emploie dans le sens de «chanter» ( Wb ,, V, 621, 18). Le subst. ', au sens de 
«chœur» (de chanteuses) se trouve trois fois (cf. Wb., Belegst., I, 169, 16) au Pap. Greenfield 
(22 e dyn.) ; en plus du présent exemple, il se retrouve au texte de la « Navigation d’Hathor» en 
Epiphi, où il convient de traduire (Edfou, V, 126, 9) c - n-Nhb , non par «l’équipage (Mannschaft : 
x Brugsch, Festk., p. 18, col. 19) de (la ville de) Nhb », mais par : «le chœur (des chanteurs) de 
Nhb ». De même, il s’agit, aussitôt après, des « (chanteurs-)sm ç w*w», dans la barque suivante. 

(8) Cf. plus bas, «grand calendrier d’Hathor à Dendéra», note à la colonne 17. 

(9) Faute de graveur : if pour tw . 




— **•( 220 ) fi- 

(du jour suivant (?)) (r îw dwjw) W. (Ensuite}, sortie en procession (de la statue 
d Hathor ) jusqu a son a palais» ( 2 ), après V (offrande-} hn du soir (h' r tj(y)*é c h*t, 
hr-él hn rwhj) W. 

(Got. 3) [* o Thot (?) : Procession d’ Harsomtous, le grand dieu de « H >-dî » (?) 

] [On verse (une libation d ) eau (?) (éti mw (?) WJ pour les divinités de H j-di ( 5 ) 

(et pour} celles (qui sont} dans Edfou , également (n ntr-w n Hj-dî, nty m Bhd-t mit-t) . 

Le ia : (c est le} « jour de V Ouverture du pays» (hrw wp-tj*wî) ( 6 ). On fait 
lier la vache (rdi dmj ih*t) W ; on offre le lait dans le temple, en ce jour . 

Le 1 3 : (c est le} premier jour de la [«fête de V]Allégresse du début de Vannée» 
(éw i3 : hrw tpy n [hb] ih(y) hr-hî-t rnp-t). On accomplit tout le cérémonial du 
temple . 

(Col. 4 ) Thot (1}]W : « fête de Chou et de Tefnout». (Si} cest 

jour de pleine lune (quand} vient la « sœur» W (hrw mh-wdM, én-t iUi), (alors} 


{l) Pour participer, semble-t-il, à la procession du lendemain, qui clôt la grande fête de la 
« Naissance du.soleil», célébrée par Harsomtous à Dendéra, du 2 au 1 o Thot (cf. plus bas, texte 
parallèle de Dendéra, et notes). 

(5) Le sanctuaire du grand temple de Dendéra. 

(3) Faute de graveur sur le déterminatif de hn : le signe de la ville, au lieu du pain rond. Le 
détail est important. Si la procession d’Hathor rentre au sanctuaire après V offrande du soir , et 
si cette offrande est bien celle du service journalier, c’est donc que l’offrande journalière du soir est 
présentée au temple sans se confondre avec le service de fête . Ce dernier ne comportait probablement 
pas la présentation des aliments, dans le cas de la journée de fête du 9 Thot (visite d’Hathor 
à Harsomtous, pendant le séjour de ce dernier au «mammisi»). 

(4) Lacune des 2/3 de la hauteur de la colonne. Date, titre, et restitution (?) d’après le « grand 
calendrier d’Hathor à Dendéra», col. 8. 

^ Cf. «calendrier d Hathor a Dendera, col. 8 : «pour verser libation aux htptV'Vo crui sont 
hHl-di. ‘ ‘ , 

w Allusion probable à l’entrée d’Hathor en Égypte, à son retour de Nubie. C’est l’« inaugura- 
tion» de son règne sur le pays, comme déesse bienfaisante. 

( ^ Pour la traire, semble-t-il. Le déterminatif du couteau est employé depuis le Nouvel Empire, 
par influence du verbe dm (cf. Wb., V, 45 1 , 20). On liait d’ordinaire les pattes de derrière d’une 
Yache, pour la traire (cf. par ex., Montet, Scènes de la vie privée, pi. VIII et p. 107 ; G. Lefebvre, 

Le tombeau de Petosiris, III, pl. XII, 2 e reg. (= 11 , 19 : Inscr. 46 , 5 ; I, 66 et n. 3 ): «Lie ses 
pattes et fais attention: (elle) ne se tient pas tranquille (quand) on la trait»). Le sens de dml ih-t 
est rendu très probable par le fait que l’offrande du lait devant Hathor est aussitôt mentionnée. 

(5) Lacune des 2/3 de la hauteur de la colonne. Date restituée d’après le détail donné sur la 
date fériée suivante. C’est la date de l’ancienne fête wlg. 

{9) Épithète de Tefnout, la « soeur» de Chou. Brugsch transcrit (Drei Festk., p. 1) par Schont = 


. 221 — 

cette « fête de la lune » se change en jour de fête (solennelle} (?) W (hpr énw-t pw 
hrw hb). On offre les (deux ras^-)mn W d 9 Hathor, ce jour-là (ms-tw p; mn-wî 
Hthr m hrw pn). 

a 0 Thot : 3 e jour W [de la procession (?)] de la déesse et de son ennéade (tpy 
îh-t, éw 20 , mh hrw 3 [n h c (?)] n ntr-t tn hn péd-t-é). On accomplit son 
cérémonial . (Got. 5) [ ] 

Sntly-t (Wb., IV, 5 18, 3 ). Mais au présent texte, plus bas (col. 9), l’écriture de Snfy*t est 
tout différente, dans : pr-Snfiyd (Edfou, V, 35 o, 9). 

(1) Il semble que dnw t ait désigné, non seulement la fête lunaire du premier quartier (ou 
6* jour du mois lunaire) , mais aussi la fête de la pleine lune elle-même (ou 1 5 * jour du mois lunaire) : 
cf. Wb., IV, i 53 , 6. Le sens serait alors ici : si le 18 Thot du calendrier solaire coïncide, 
certaines années, avec un jour de pleine lune, c’est la fête de la pleine lune qui doit céder le pas 
à la fête de Tefnout . Cf. la traduction toute différente de Brugsch (Dret Festk., p. 1, 1. 20-22), 
et sa théorie astronomique : Thésaurus, p. 279. 

(î) Le mot snw-t est traité en substantif masculin (pw), à cause de l’attraction des mots hrw 
et hb, qui se substituent à lui dans la pensée. 

(3) Brugsch n’a pas lu correctement le signe mn (Wb., II, 66, 6 : «Art Krug») et n’a pu le 
traduire avec exactitude, malgré son double déterminatif (Brugsch, Drei Festk., I, col. 4 : « die 
Talismane (?) der Gôttin Hathor»). Grâce à la lecture de Chassinat, on peut reconnaître les 
deux vases de bière (pj mn-wi), une des offrandes les plus caractéristiques du culte d’Hathor 
de Dendéra, particulièrement dans une fête th (ou : de l’ivresse), comme celle dont il s’agit ici 
(18-20 Thot : cf. «cal. d’Hathor à Dendéra», col. 9-10). Sur la nature de la boisson (bière 
aromatique) contenue dans le vase mn, cf. p. ex. les deux scènes d’offrande de la « porte d’Hathor» 
(Edfou, cour, porte sud-est, face intérieure ouest : Edfou, V, 377, .18-17, et surtout 38 1, 
8-12). L’écriture du mot mn y est normale. Notre exemple donne au contraire une variante gra- 
phique rare. De plus, il offre une forme de duel mn>wi, qui se retrouve avec l’écriture défective 
mn'Wt + les deux vases comme déterminatif, dans l’exemple déjà cité (Edfou, V, 3 81, 9 : mn n*t 
mn-wt = prends pour toi les deux vases mn). En effet l’offrande était faite souvent d’une paire 
de vases semblables, tendus ensemble par l’officiant vers la statue diviné. Enfin la présente forme 
est suivie par un génitif direct (ce qui est plus rare dans cette expression : cf. les exemples réunis 
dans Wb., Belegst II, 66, 4-n), et précédée par l’article néo-èg. p>, au singulier : le duel 
commence à être traité ainsi dès la 18 e dyn. : pl tfyn-wi wr wi, Urk IV, 366 ; pl vor*wt, Anast., 
IV, 4 ,io; p(iysljm-ti = etc * Cf. aussi Stricker, Une orthographe méconnue (Acta Orientalia, 

XV, 21). Sur la fréquence de l’article pl dans l’expression ms pl mn (au singulier), cf. Junker, 
Gramm. d. Dend., p. 65 , 1. 9-10. 

tA) Le chiffre 3 étant sûr, les trois dates spécialement réservées à Tefnout : [i8]-2 0-[2 2], 
sont assurées du même coup. 

(6) Le signe 4 Ç a été lu par Brugsch, pour sa plus récente édition du texte du calendrier (Thés., 
368 , col. 4 : mh hrw 2 — au lieu de 3 , assuré par Chassinat — h z n nlr-t tn). 


[sa Thot (?)] W : [cinquième [jour de b (?)] procession de b [déesse] et de 
son [ennéade] {[tpy îh-t, éw 2 2 ], mh [hrw 5 (?) n] h' n [ntr-t] tn hV 
[péd-t]-é). [On accomplit son cérémonial (?)], [comme ( ? ) en b fête de 
V « OEil (?)] & d’Horus », maîtresse (?) d’ (Hermopolis-)}jm.nvf ( [ir nt-'-é mi m 
hb ’lr-t (?)]-Hr nb(-t) (?) Hmnw). 

On calcule ( cette fête (?)) le [jour du] 18 [Thot (?)] (héb m[ibd 1] jh-t, [éw] 

‘8) [ ]W [ ]. 

Le 32 (?) Thot ([tpy] ;h*t, éw 22) : « fête d’Anubis ( qui est ) dans Dendéra » 

(hb^Inpw m ’l-di) W. 

Au mois de Thot (tpy îh-t), le jour de la fête d’Harsomtous de « Hj-di » (hrw 
hb Hr-smj-ti wi nb H;-di) W, en sa belle fête de la « Naissance du soleil » (m hb-f 


Lacune de 1 /5 de la hauteur de la colonne. Restitution basée sur la correspondance de date 
de la phrase précédente. 

(4) La restitution proposée pour cette lacune de quatre cadrats est basée sur : i° l’analogie 
de la fin de phrase précédente, pour [îr nl-'-s ] ; .2° la fréquence de l’écriture de cette épithète 
d’Hathor ([i îr-tyHr ) par le signe du chemin comme second élément, dans notre texte (cf. Edfou , 
V, 35 o, 5 = col. 8 ; 35 a, 7 = col. iù, 2 ex. ; 355 , 8 = coi. 20 ; 356 , k = col. 22). L’épithète 
qui suit immédiatement (hb-, à corriger en nb(-tyffmnw) montre qu’il s’agit d’un nom de divinité. 

(3) Lacune de trois cadrats, où le texte copié par Brugsch (et détruit aujourd’hui) n’offre 
aucun sens possible, puis de quatre cadrats détruits dès l’époque de Brugsch. 

w II semble préférable de garder le chiffre de Brugsch, puisque le premier des deux traits 
numériques a probablement été recouvert de ciment (Chassinat, Edfou, V, 3A9, n. 7). La date 
du 22 présente l’avantage, sur celle du 21 (voir le texte en colonne, dans l’édition Brugsch), 
de ne pas revenir en arrière : la dernière date citée, pour la fête de Chou et Tefnout, est en effet 
déjà, vraisemblablement, le 22 Thot. 

(5) Pour la lecture proposée ( J /-«ft), cf. les variantes réunies par Gauthier ( D . G., I, 35 , et 
1 2 ù-i 26), et l’équivalence phonétique : tî*f + di — iw + dt = ù + du ’/>•£ et tw sont des équi- 
valents graphiques connus de i, à l’époque ptolémaïque. 

(<I) Il est préférable de lire ainsi, avec Brugsch, et non : «le i er Thot : fête d’Harsomtous 
de # 2 -dt», ce qui serait épigraphiquement possible (on peut lire : hrw, ou hrw 1 ). Ces indications 
supplémentaires, rejetées par le rédacteur du calendrier à la fin de tout ce qui concerne les fêtes 
du mois de Thot à Dendéra, posent un problème. On a déjà mentionné, semble-t-il, au-dessus 
et à son rang, la fête d’Harsomtous-grand-dieu-de-Ha-ii (texte rétabli d’après son parallèle du 
«grand calendrier d’Hathor à Dendéra», pour le 10 Thot). Ici, l’on donne à la fête un nom 
spécial : «Naissance du soleil»*, et l’on cite un édifice w'b(>t), «en face du temple de Râ», qui 
n’est attesté nulle part ailleurs aux calendriers d’Hathor. Il s’agit, semble-t-il, de la fête d’Har- 
somtous célébrée, non dans V enceinte du temple d’Hathor à Dendéra, mais dans son domaine pro- 
pre, au temple de Hî-dt, sur la rive est du fleuve. Cette citation d’une fête hors de Dendéra ne 


nfr n nté(w-t) itn) : on fait sortir en procession le dieu et son ennéade, à V intérieur 
de leurs tabernacles W (m-hnw hd-én); on s’arrête à son « ( sanctuaire-)pur » (htp 
hr w'b(-t)-f) en face du temple de Râ (r-hft-hr u pr-R') ; on fait (?) une offrande 
(r[di-tw (?)] mi') de pain et bière, vbnde, volailles, et toutes bonnes choses. 

(Col. 6 ) [X Paophi (?) : on accomplit (?)] tout (?) [le cérémonial] de b « fête 
[des divinités (?)] ® de la sainte chapelle (?)» (hd (?) §pé). On offre pour elles 
pain et bière, viande, vobilles, et toutes bonnes choses. 

5 Paophi : procession d’Hathor de Dendéra [et de son ennéade (?). On accomplit] 
tout le cérémonial ([ir] nt-' nb (sic)]. On dispose les aliments d’offrande (éhn hr-t) 

pour [son (?)] W père (n it*[é]), le « grand Noun » W (Nwn wr), pour (?) 

[ ] des plantes vertes (?) (rd (?)) ; on (les (?)) met dans l’intérieur du naos 

du « Créateur des plantes» (?) ; on ( les (?)) met devant (?) le « Créateur de l’eau » ^ 
(rdî-t m-hnw g;i*t n « Kmi-ém-w», rdî-t r( = hr) « Kn»i-(i)r-t»M), sans qu’aucune 


se reproduit pas ailleurs, sauf pour les «voyages» vers Hl-di et vers Edfou. Dans cette 
hypothèse, pr-R* serait le temple d’Harsomtous à Hî-di; l’édifice m c k(t*) serait placé en face 
de lui. 

(l) C’est-à-dire, semble-t-il, dans les naas de bois portés à la main, et non sur les barques- 
litières. 

(а) Le groupe de signes gravés entre hb et hd ne présente aucun sens. La phrase suivante (wdn 
n-sn) demande comme antécédent une expression qui désigne plusieurs divinités. 

<3) Cf. texte semblable : Mariette, Dendéra , I, pl. *62, t. 

(4) Cf. les deux déterminatifs conservés, et le texte parallèle de Dendéra. 

(5) Il s’agit d’un tabernacle (gU f : cf. Wb. } V, i 5 o, 1), et non du sanctuaire Msn(*t), à Ed- 
fou. La fête, en effet, se déroule à Dendéra (cf. plus bas), où il n’y a pas de Mén(*t). 

(б) L’état du texte rend ce passage obscur. Il s’agit, semble-t-il, des plantes qui poussent (rd). 
C’est l’offrande spéciale à cette journée; on la consacre au «grand Noun», c’est-à-dire au Nil 
primordial, créateur de toute eau et de toute végétation. La fête a un caractère osirien très accusé. 
Un service d’offrandes alimentaires est également consacré, en présence d’Hathor, dans la salle 
hypostyle (wsh-t c9 ,-t) (cf. grand cal. d’Hathor à Dendéra, col. 10-11). L’offrande des plantes 
(rd) se fait probablement en un lieu très secret : peut-être une des chapelles (sh) du pourtour 
du sanctuaire de Dendéra, où se trouve le naos (gU‘t) du « grand Noun», et par l’intermédiaire 
d’un seul officiant (comme le service journalier au sanctuaire central). 

De Rougé (Inscr. et not I, pl. XXXIII, col. 6) donne : rdt hr « au lieu de : rdi-t r 

Brugsch; « Chassinat. II s’agirait alors des plantes qu’on «met sous 

le dieu», aux pieds de son image enfermée dans le tabernacle. Quant au mot (t)r^ (?), dû à une 
correction de Chassinat (au lieu de n t, terme courant pour l’eau, lu par ses prédécesseurs), 
il faut le considérer comme une variante, unique à l’heure actuelle, d’un terme qui ne se trouve 
que dans la stèle de Piankhi (Schafer, Urk III, inscr. de Piankhi, 102)* 



— **•( 224 )*+« — 

créature (humaine) ne voie cela ni (l')entende (n mil n édmin ir*t nb). On lui W 

offre le [ ] de son père (rdi-t n-é « nb (?) [...]» n it4) : c'est le phallus, qui 

fertilise (tout) ce qui existe (b(j)h .pw n érwd wnn-t). On V ^ appelle (dd-tw n*é) : 
« la (déesse-) Horus», la «Maîtresse du (collier-) mni-t», « Celle qui ouvre la 
(nouvelle) année (?)» (2 ) (Hr-t, nb(-t)-mm*t, wp-t-rnp-t (?)). 

(Col* 7) 6 Paophi (?) (ibd 2 jh-t, [éw (?)...] 6) : « fête de. la grande Isis 
maîtresse du pays» M. C'est le début de V enregistrement (de) ses (annales royales) 
(fe c -tw éphr n*é), par sa mère Tefnout comme (par) son frère ainé Osiris (in mw-t-é 
Tfnw-t, mit-t én-é wr Wéir). 

Le 8 : procession d' Hathor [ ] W. On accomplit leur cérémonial . On s'arrête 

dans le (sanctuaire-) wts-h c ; on présente une offrapde de pain et bière , viande , 
volailles, et toutes bonnes choses. 

Le 1 g : procession de la déesse et de son ennéade. On accomplit son cérémonial, 
et Von fait ce (qui se fait) au port (sur le fleuve), jusqu'au 3 Athyr (= jusqu'au 
î5 e jour); et l'on annonce, après eux (= ces i5 jours ) , l'observation (îr nt-*é, 
mt-f îr « nn m mniw-t», ibd 3 ?h-t, éw 3, r mh hrw 1 5 ; mt-f dd, m él-én, 
&) On s'arrête (ensuite) sur la « grande place» Le a 0 , (on fait) de même. 
Le ai, (on fait) de même. 


{l) La déesse Hathor. 

(,) Correction probable. L’« année» est prise ici dans son sens fréquent de : production de 
Vannée , ce qui croit à nouveau chaque année. Le groupe de deux signes proposé par Chassinat (l’extré- 
mité supérieure du signe central étant détruite anciennement) ne présente pas de sens satis- 
faisant. 

Autre forme d’Hathor de Dendéra, adorée conjointement avec elle au grand temple : Isis, 
reine divine de l’Égypte. 

{t) Lacune de cinq cadrats environ. 

(l) La rédaction de ce qui concerne la fête du 19 au 21 Paophi est volontairement obscure, 
et procède par allusion. La procession d’Hathor du 19 Paophi semble inaugurer une période 
de quinze jours d’observation, qui se passe au bord du fleuve, au port (mniwt) de Dendéra. 
Il s’agit de déterminer avec la plus grande exactitude possible la hauteur de la crue du Nil 
(qui servait de base aux impositions sur les terres). La procession d’Hathor se rendait proba- 
blement au nilomètre du port de Dendéra le 19 Paophi. La déesse inaugurait, par une céré- 
monie dont rien ne nous est révélé, la période d’observation de la crue, don du « grand Noun» ; 
elle y retournait, les 20 et 2 1 Paophi. A la suite de ces quinze jours (r éî»sn), donc le 3 Athyr, 
les observateurs déclaraient (dd) le chiffre maximum qu’ils avaient enregistré (éil). 

(8} Le sanctuaire central du temple (ceci se rapporte à la fin de la journée du 1 9 Paophi). 



— -♦ » •( 225 )* ti « - 

Le 3 0 Paophi : (Col. 8) procession d'Harsomtous jusqu'au dîdj-néw-tW. On 

fait une libation (d'eau) aux divinités de H;-di, (et) on envoie [ ] des offrandes 

à Hi-di-ntr, jusqu'au 6 (Athyr) W (kbh n ntr-w n Hj-di, wd-t[w (?) ] 

htp(-t) r Qnli-ntr, nfry-t r hrw 6). 

Athyr, du 1 er au 3 0 : c'est fête de [la Maîtresse de] Dendéra (ibd 3 
éw 1 r rky : hb [Nb(-t)] lwn-t). On calcule (celle de) V « Œil de Râ, OEil d'Horus 
et OEil d' Osiris» dans (Hermopolis-)Hmnw, le aà (?) de ce mois (îp-tw « lr-t-R\ 
Ir-t-Hr, Ir-t-Wéir» m Hmnw m éw [a]â (?) n ibd pn) W. 

Le a 3 : «fête de (la déesse) Sekhet »( 5 ). 

Le a g : procession d' Hathor de Dendéra et de son ennéade. On s'avance jusqu'au 
dldj-néw t pour (la cérémonie) de V« apport du Nil » ( 11 e r p (?) dîdî-néw-t n 
«in H c py ») ; « salutation» on s'arrête dans le (sanctuaire-) wts-h c (wsd; 

htp m wts-h*). 

(l) Édifice situé dans le temenos de Dendéra. Il ne peut être identifié avec le pylône de ce temple, 
comme certains l’ont pensé, puisqu’aucun pylône n’y a été construit aux époques ptolémaïque 
et romaine (cf. plus bas). 

{1) Le texte parallèle de Dendéra (Mariette, Dendéra , I, pl. 62, i) fournit ti htp-(t), avec le 
déterminatif des offrandes alimentaires, ce qui rend la traduction de Brugsch (« die in Tentyra 
Bestattenen », comme s’il y avait htpty-w) impossible à conserver. Le rite de l’envoi des offrandes 
continue pendant six jours, mais la fête processionnelle; d’après le calendrier de Dendéra, dure 
en tout trois jours seulement. Il est difficile de ne pas considérer ici Hî-di et Rî-di-ntr (et non 
ntr-t) comme un seul et même lieu. 

(3) Le mois qui porte le nom même d’Hathor lui est en effet consacré : c’est un mois entier 
de fête locale. Cf. liste des noms sacrés en usage en Dendéra, Edfou , V, 348 , 1 : « Athyr est 
le nom de la (période de) fête (pendant laquelle) on repousse V interdit religieux ( bw t )». 

(4) Il faut sous-entendre, semble-t-il, hb de la phrase précédente, entre iptw et l’épithète 
triple de l’Hathor d’Hermopolis (cf. plus bas, l’épithète triple presque semblable de l’Hathor 
de Bubaste : col. 20). On cite souvent, dans les textes des «calendriers» des fêtes, les dates 
auxquelles les prêtres observateurs du ciel (wnwtlw, pt n mrht) «calculaient» ( hsb , tp) ou 
« fixaient » (gm) une date de fête prochaine. Cf. plus haut (col . 5 ) la mention de la fête d’ « Hathor- 
OEil d’Horus» à Hermopolis, à propos de celle de Tefnout à Dendéra le 2 2 Thot, et son « calcul». 
Cf. plus bas (col. 27)": gm tw, page 287, note 2. 

{5) Personnification divine des terres de pâture et de chasse, et l’une des «formes» (Jrtu) 
d’Hathor de Dendéra. Le déterminatif manque, et l’on peut traduire aussi par « Feldwiesen » 
(Brugsch, Drei Festk 2, col. 8) ou tout équivalent. 

(6) Brugsch traduit wsd par « prière d ’action de grâces » (Dankgebet) . II s ’agit en réalité d ’un signe 
de bon accueil , d’une marque d’agrément, que l’image divine (ici celle d’Hathor) était censée donner 
au cours de sa halte au dîdî-nsw't, en face du temple de Dendéra, et, semble-t-il, devant un symbole 
du nouveau Nil de l’année. La procession ramenait ensuite l’image d’Hathor au grand temple. 

Btbl. d’ Étude, t. XX. 


a 9 



Le S o Athyr, et second jour de la procession de la déesse : on accomplit son céré- 
monial : « Ouverture des seins des femmes»^ (wp bn-ti n hm-w-t). 

i er Choiak, et troisième jour de la procession de la déesse et de son ennéade : « Ou- 
verture des seins des femmes». (Col. 9) On accomplit son cérémonial; on s’arrête 

en (m) (?) sa « grande place » . C’est la fête (hb) [ ] (2) - 

Le g Choiak (?) : On entre au temple de Chentit f ('k r pr Snfcy-t), jusqu’au 

ü6 (* *). La procession de [Sokaris (?) ] < 4) la place (é-t) ; on s’arrête en son 

siège. Procession d’Hathor de Dendéra et de son ennéade; on fait demi-tour {étj) ; 
on s'arrête^. 

Le 28 : « fête des Offrandes sur l’autel» (hb îh-t hr hjw-t). On accomplit 
son ^ cérémonial. 

Jj, [3 ]^ ; procession d’Hathor de Dendéra et de son enneade jusqu au djd,- 
néw-t, en sa belle fête de |Nhb-k; (m hb-s nfr n nhb-k?). On accomplit son M 
cérémonial; (puis) on retourne (en arrière ) jusqu’au «kiosque» du Roi (Ptolémée) 
Philadelphe W (étj r t! lijy-t n néw(-t) Ç Wér-k’-R -mri- Imn ^ . 

Le 3 0 Choiak, et second jour de h fête de [la] déesse : on fait sortir en procession 
(Col. 10) la déesse et son ennéade; on accomplit son cérémonial; on s’arrête dans 
le (sanctuaire-) Wts-h' ) ( 9 >. « fête de l’Érection [du] (symbole-) dd» : (on agit) de 
même (hb é'h' [n] dd, mit-t). 

<«> Plutôt que de «découvrir les seins des femmes» (Brugsch), au sens matériel, il semble 

être question ici d’accomplir un rite de fécondité symbolique, qui promet de futures naissances 
aux femmes rassemblées pour la fête de la déesse ( 3 o Athyr-i' Choiak). ( 

{•) H reste l’espace d’un cadrat vide, s’il est exact que le nom du mois (Choiak) est à rétablir 

dans les deux cadrats suivants. . , n ,. 

m Ce sont les rites de la mort et de la résurrection d’Osiris en Choiak, célébrés a Dendéra 
aux sanctuaires d’Osiris, sur le toit du temple, du 9 au 26, et qui se terminaient par la « veillee 
funèbre» (Jijnker, Die Stundenwachen in dm Osirismyslerim. Devkschr. d. K. Ak. d. Wm. zu Wten, 

LIV (1910), 1" fasc.). 

( 4 ) Lacune de trois cadrats environ. 

n Le texte parallèle du «grand cal. d’Hathor à Dendéra» (col. i 5 ) est plus explicite sur cette 
double procession de Sokaris (vers le temple d’Horus d’Edfou à Dendéra : H t Hr), et d Hathor 
(vers la terrasse du grand temple), dans la même journée du 26 Choiak. 

(•>* L’antécédent est ici : la fête (hb). 

( 7 ) L’antécédent est ici : Hathor. 
m Cf. plus bas : «fête de sa Majesté» (col. 26-27). 

m Probablement le «sanctuaire des barques» du temple d’Hathor (cf. «grand cal. d Horus 
à Edfou», col. ( 3 =) 17 {Edfou, V, i 4 ). 


— «.( 227 H»— 

i er Tybi : «fête de l’Ouverture de l’année (de règne) d’Horus fils [d Osiris 
et fils (?)] d’Isis», et : « Couronnement royal d’Horus d’Edfou, fils de Râ, aimé 
des hommes » : (tpy pr-t, éw 1 : hb wp-rnp-t n [p(î) (?)] Hr si [Wéîr si] S-t; 
h'w-tiéw(-t) n Hr Bhdti, si R', mrî rhy-t). On fait tout le rite comme au i er Thot; 

[ ](») d’argent, d’or, (et) de toutes (pierres) précieuses [ ] (2) . 

Le [3 (?)] : « fête de l’Ivresse de l’OEil-de-Râ» (hb th n ’Ir-t-R'). 

L e 5 (?) : « F fête de ( 1 ) et (?)] (3) «fête de la Maîtresse de Dendéra» 

(hb Nb(-t) J Iwn t) . 

Le 7 : «fête de Rannout » (hb Ruti-t) . 

Le g (et) le 1 5 : «fête de la Maîtresse de Dendéra». (On fait) de même <<•>. 

Du î g au 21 Tybi : «fête de la Navigation de la déesse » (hb hn ntr-t tn). 

Procession jusqu’à l’embarcadère (h r tp-s) ; on s y arrête (htp tm) ' 5 ' [ ] ' ^ ■ 

(Col. il) On accomplit tout le cérémonial de la Navigation, a cet endroit (ir 
nt- nb n hn im). On fait de même, du 28 Tybi au [à (?)] « Méchir (ir mit-t 
m tpy pr-t, éw 28, r ibd 2 p[r-t, éw A (?)]). Le cérémonial fut institué (?) 
pour la déesse par son père Râ (ir-tw (?) nt- n ntr-t tn in ît-é R') ; on le célébra 
pour elle quand elle revint de Bwgm pour que le Nil [fût donné (?)] à l’Égypte 
avec toutes les merveilles de Tî-mrî W au printemps (pr-t) (10) , et (pour qu) elle 
tournât le dos au (désert de) Nubie (ir n-s m xw-é m Bwgm, r r[di-tw (?)] H py n 
Km-t hn' bily-t nb(-t) n Ti-mri m pr-t, ir-é él-é r ét-t). 


(l) Lacune de h cadrats. 

( î} Lacune de i cadrat. 

Lacune de 1 cadrat 

W Toutes ces fêtes du début du mois de Tybi ne sont pas mentionnées au « grand calendrier 
d’Hathor à Dendéra». 

(•> Il s’agit du «kiosque» (h\y-t) «qui est au débarcadère du canal (sacré) (du temple de 
Dendéra)» (cf. Mariette, Dendéra, I, pl. 62,7, col. 16 et 19). Grâce au rapprochement des deux 
textes parallèles, on peut acquérir la certitude qu’il n'y a pas embarquement de la procession 
(comme Brugsch l’a pensé), mais simplement arrêt de la barque-litière au «kiosque» de 1 em- 
barcadère, la proue tournée vers le nord. 

* 6 ) Lacune de 3 cadrats. 

< 7 > Restitution probable, grâce au texte parallèle de Dendéra (col. 19). 

(») L a Nubie ou le Soudan oriental (cf. Junker, Der Auszug der Hatfior-Tefnut aus Nubien . Abh . 
d . K. Pr. Ak. d. Mss. zu Berlin , 1911, 3 e fasc.). 

« Un des noms de l’Égypte agricole. 

( l0) Saison de la' croissance des plantes. 


29. 


a 5 Tybi : fête d’Hathor de Dendéra. ( C’est la) « Descente de la colombe » 
(h(i) p'r*t)W. 

à Méchir : « La très (et) très grande fête» (hb c ’> wr, sp én) W. Les autels sont 
garnis de bœufs et volailles , de gazelles, d'oryx et bouquetins. Il y a chant (hé), 
danse (hb), saltation (ibi) et réjouissances (gégé) W, (Col. 12 ) par les ( danseuses -) 
hnks’t du domaine (sacré) W (in hnks-w-t n nw-t tn). Or donc (hn' dd) à 
la huitième heure de [celte (?)] M journée, on s’arrête (?) dans (?) le Palais W 
(htp (m) 'h). 

Le g : « fête de la Grande flamme» (hb rkh wr). 

ai Méchir : « fête de la Victoire», dans tout le pays (hb kn(-t) m tj dr-f). 
On y célèbre le rite comme (on fait ) le 1 g Thot (îr ïrw îm-f mi tpy ;h-t, éw 1 9) 
Méchir est le nom de cette journée (Mhyr rn n hrw pn). On l’appelle (aussi) : « fête 
de la Réunion » (hb shn hr-tw r-f). 


( l ) Cf. Edfou, pl. phot. k 84 , col. 1 1 (la première colonne du montant nord de la porte). La 
correction de Chassinat est sûre. Les oiseaux p'rt figurent sur la liste du Pap. Harris parmi les 
offrandes d’oiseaux vivants aux temples de la province de Thèbes, après les pigeons mnw-t (cf. 
Erichsen, Pap. Harris, I, 20 b, 8, p. 2 h (Bibl. aegypt., V). Nous n’avons pas de renseignements 
sur ce rite de la descente de la colombe du 26 Tybi, au temple de Dendéra. 

(S) C’est la réjouissance finale, qui clôt la période des fêtes du 19 Tybi au û Méchir ien l’hon- 
neur de l’« OEil-de-Râ», qui revient de Nubie et s’installe en Égypte). Cf. texte parallèle du cal. 
d’Hathor à Dendéra. 

(3) Littéralement : «débordement» ( Wb ., V, 207, 8). Le présent emploi du mot (lecture 
améliorée par Chassinat) est nouveau. Son déterminatif du danseur rend le sens sûr. Gsgs est 
un redoublement de gsy (Wb., V, 2oû, ai) = courir. Son sens premier est donc : courir çà 
et là. 

Cf. les danseuses à la tresse de cheveux (hnsk-t ou hnlcs^ty)^ sorçs l’Ancien Empire : par 
exemple Càpart, Une rue de tombeaux à Saqqarah , pl. 69. Le mot qüi les désigne est atteste déjà 
au Pap. Westcar sous la forme hnslcyt. 

(5) Cf. Edfou, V, 12Û, 8 (au début du rituel de la «fête de la Bonne réunion», à Edfou : 
voir plus bas, û e partie). Cf. aussi Wb. , III, 111, 16 ; V, 62 û, 8. Les deux exemples d’Edfou 
précèdent la locution : wnw l hmn nt. Il s’agit ici de récriture, rare (pour àn c ), d’une locution 
explétive : littéralement et de dire. Cette locution est courante en style épistolaire (néo-égyptien), 
pour introduire le fait que va suivre, au début ou dans le cours d’une lettre. 

(6) Lacune d’un cadrat. 

( 7 ) C’est-à-dire : la procession ramène la statue divine au sanctuaire du grand temple. 

( 8 ) Fête commémorative de la victoire du dieu sur ses ennemis (cf. l’étude particulière, plus 
bas, 6 e partie). 


Du 3 1 au 3 0 Méchir : Croissance des plantes des dieux (érd ém-w ntr-w) : 
c’est la « Journée des fruits "(?) d’Osiris (?) » (hrw pf n dkr*w W (?) [Wé]ir (?))• 
On célèbre [la (?)] Navigation d’Hathor vers P^h*t < 3 ), le temple des (Col. i 3) sept 
Hathors, en ce mois (ir [p(?) (?)] hn Hthr r Pjh-t, h-t-ntr n Hthr-éfh-t, m îbd 
pn). 

Du 38 au 3 g : « fête de repousser la mort (?)» < 4 > (hb dr hp) à 3 Iw-nérér; 
«fête de Ptah-qui-protège-le-grand-Disque-ailé-d’or», qui sauve Chou de Geb 
dans (?) [ ] (5 > Memphis ('nh-t;-wî). 

i er Phamenoth : « fête de [ ] » ; «fête de la Levée du ciel» par Ptah, à 

côté d’(r -gé) Harsaphès d’ Hérakléopolis (H-t-nn-néw-t) ; «Sépulture d’Osiris à 
Bousiris» (Ddw); «fête de Ptah-qui-protège-le-grand-Disque-ailé-d’or »W. 

Le i5 : fête d’«Horus d’ Edfou-maître-de-Dendéra» W (éw i5 : Hb Hr Bhdti 
nb ’lwn-t). sâ Phaménoth : (Col. i 4) « [ fête) du dieu d’Edfou » ([hb] Bhdti). 
« Le Disque-ailé » et «la Disque-ailée» s’envolent vers l’Horizon, et deviennent étoile 
au ciel ('p r ?h*t in 'py 'py*t, hpr-én m éb; m p-t)( 9 ) [ ]< l °). 

i er Pharmouthi : «fête d’Horus et de l’OEil-d’Horus». 

Le â : « [fête (?)] de P;h*t»( u ) : c’est l’OEil-d’Horus ( Ir-t-Hr pw); « fête 
d’ Horus-maître-de-larVie ( éternelle )» (nb-'nh). 


O) Variante graphique rare : cf. Edfou, VI, 1 28, 1 (confusion entre dp-t et dkr). 
m II est possible que la lacune actuelle devant la pupille ir ait contenu, non un trait vertical, 
mais le siège vos, employé dans les variantes graphiques de Wsir. 

t 3 / L e sanctuaire de la déesse-lionne Plh t, assimilée à Hathor. C’est Speos Artemidos (1 6* pro- 
vince de Haute Égypte), près de l’actuel village de Beni-Hasan. 

C‘i Sous-entendu : loin du cadavre d’Osiris, à l’« Osireion» d’Hermopolis (?). 

(5) Lacune de 3 cadrats environ. 

Lacune de 2 cadrats environ. 

< 7 > La répétition du titre de cette fête, le premier Phaménoth, peut correspondre à la notation 
de sa durée. Au « grand cal. d’Horus à Edfou», la fête dure du 2 U Méchir au 1" Phamenoth. 
Elle se terminait probablement aussi le 1" Phaménoth à Dendéra. 

(*> Il ne peut être question ici que du dieu d’Edfou, dans le temple particulier qu’il possédait 
à Dendéra (cf. Chassinat, Le temple d’Horus Behouditi à Dendérah. Rev. Ég. anc., I, p. « 9 8 - 3 o 8 

Cl) 9 ?))' 

Fête du couple divin, tel qu’on l’adore à Edfou aussi. Horus et Hathor prennent tous deux 
la nature du disque solaire. 

Lacune de 3 cadrats. 

(U) Cf. la colonne 12 avec la note 3 , ci-dessus. 

Bibl. d’ Étude, t. XX. 


3o 


(Le jour de) la « fête de la lune » de ce mois W (’lbd n îbd pn) : Horus fils 
d’Isis et fils d’Osiris y est mis au monde (mé-tw îm-f). On célèbre V « accouchement 
de la déesse» pour Isis-mère-de-dieu (mé(w-)t-ntr-t n S-t-mw-t-ntr) en ce jour, 
jusqu’au ai, (et) la déesse fait le tour de son domaine (sacré) (phr nw-t-é in 
ntr-t tn). 

a 8 Pharmouthi : « fête d’ Horus-èpi (3) , rejeton (wjd) de Sekhmet », ce jour-là. 

(Col. i5) Pochons, fête de la nouvelle lune W (tpy smw, pédntîw) : (c’est) 
le « Voyage vers H]-di » (p; §m r H;-dî). On fait sortir en procession [Harsomtous 
et son ennéade (?)]. en sa belle fête de la « Marche vers H’,-di », ((comme) on ] 
V [appelle (’l)] (éh' [Hr-smi-tpwi hn' péd-t-f (?)] m hb-f nfr n wdl.r Hl-dî 
[hr-tw (?)] r*f). On s’avance (n‘) vers sa barque (qui est) sur le fleuve. On conduit 
les dieux-sur-leurs-pavois ^ devant lui, tandis que le hiérogrammate (s§-mdpt- 
ntr), devant le dieu, récite la « prière (pour) abattre les ennemis». On traverse (le 
fleuve) (d;) jusqu’à « H?-di ». On passe cinq jours en ce lieu, où II (= le dieu) abattit 
les ennemis. (Col. 16 ) Le sol de la salle (?) [est semé (?)] d’orge mondée (?) (6 > 
([ét (?)] sUw Ssp(-t) (?) m it d[hî] (?)). (On fait) la procession du dieu jusqu’au 
(Mî-nsw-t de Hj-dî : alors la troupe (de ceux qui suivent la procession) ré- 
pand de l’orge [sur) le sol de la salle (?) (et en) jette aux pieds du dieu (sic 
n; ms' fdk it [m] s’tw ssp(-t) (?), h;' hr rd-wi n ntr pn). On joue (du sistre) 

(1) Donc, le second jour du mois lunaire (t bd) qui commençait au cours de Pharmouthi. 

(2) L’expression msw 4 -ntr 4 s’écrit avec le déterminatif de ntr-t = déesse. Cf. le même déter- 
minatif et la même expression, pour la fête de l’Accouchement d’Hathor (col. 17). L’« accou- 
chement de la déesse» est le titre d’un cérémonial écrit, commun aux fêtes des déesses-mères. 

(3) C’est l’Horus de la ville de Spl, métropole de la XVIIP province de Haute Égypte. Cf. Kees, 

Anubis Herr von Sepa und der 18. oberâgyptiscke Gau (Z. A. S 58 , p. 79-101). $ 

(4) Le premier jour du mois lunaire qui commençait au cours de Pachons. 

(5) C’est-à-dire les enseignes divines , portées sur des ‘perches. 

W Phrase obscure, mutilée aux deux extrémités ; mais le contexte indique clairement qu’il 
s’agit d’un rite symbolique assimilant des grains d’orge jetés sur le sol à des ennemis abattus. 
Lire : sltvo (le sol), et non : stl-t (aroure), comme Brugsch. Le groupe suivant (intact plus loin, 
2* exemple) paraît présenter une erreur de transcription entre le modèle hiératique et le hiéro- 
glyphe, commise par le décorateur ancien (sur les deux déterminatifs). Le mot final peut être 
le vieux terme technique dhl, qui s’applique au grain qu’on a séparé de ses enveloppes, sur 
l’aire (cf. Montet, Scènes de la vie privée, p. 228-224). L’homme debout armé du bâton (hw) 
remplacerait, dans notre exemple, l’écriture phonétique du tombeau de Ti. 

(7) La salle où repose la statue divine, dans le didï. Dans l’exemple précédent, il s’agit, semble- 
t-il, de la salle centrale du temple même de Hî-dt. 


(hn) et du tambourin (nhm), et l on chante (dd*én) : « Tu as écrase les agres- 
seurs, tu as écrasé les agresseurs, 0 Harsomtous ! Tu as massacre tes ennemis / 
(Us sont) tombés sous tes pieds; tu les as écrasés comme l’orge! Fais que tous pays 
se prosternent (en entendant) ton nom : (Col . 17) (car ) tu es Ra, souverain des 
pays (étrangers) (h kl idb-w) ! ». On agit de même pendant les 5 jours (ir mit-t (1) 
r hrw 5 ). 

A la « fête du i5 e jour t 2 ) (lunaire)» du mois (de Pochons ), le jour de la pleine 
lune : (c’est) grande fête en tout le pays! On fait une grande offrande, en pain 

et bière, viande, et volailles, on égorge l’oryx, du vin (ir[p]) [ ] (3) en 

pièces (?) W. On découpe un porc (snk-tw iph), (et) on (le) place sur un (autel-) 
hiw-t, sur la rive W (m wdb); on fait un autel de sable à cette occasion M (hr-é), 
jusqu’à aujourd’hui : c’est la « fête de l’Accouchement de la déesse» pour Hathor 
de Dendéra (hb mé(w-)t-ntr.t n Hthr nb(-t) ’lwn-t). (Col. 18) On fait tomber 
(à terre) des graines de fruits (hr biy-W dkr-w) ; on détache les vêtements de la 
déesse; on accomplit tout le cérémonial de la «.mise au monde du dieu». On fait 
sortir en procession Harsomtous-l’ Enfant. On le porte dans les bras jusqu (?) au 
« dldl-néw-t » (ts m kniw r p(l) dldî-néw-t) . (Puis) on arrive en présence 

d’Hathor; on s’arrête dans [le mammisi (?) ^ On fait (?)] une offrande 

pour lui, de pain et bière, viande, volailles, et toutes bonnes choses. 

Le troisième jour de V « accouchement de la déesse », on fait sortir le dieu en pro- 
cession; on s’arrête dans son appartement (royal) W, dans la « salle de l’or» (m 


l*L Cf. Chassinat, Edfou, V, 354 , n. 3 : mauvaise gravure pour 

P> Brugsch corrige avec raison, semble-t-il, l’erreur du graveur dans le groupe numéral 
(disque solaire fautif, au lieu du signe de la dizaine). 

(3) Lacune de 4 cadrats environ. 

( 1 2 3 4 ) sd-w semble plutôt s’appliquer aux pièces de viande d’offrande qu’aux pains et pâtisseries, 
bien qu’il comporte ici le déterminatif du pain . 

( 5 * ) Sur la rive du fleuve lui-même, ou simplement du canal sacré de Dendéra (à cause de la 

présence du sable). 

(•) De préférence à sur elle (=la rive), pour traduire : hr-s. Le mot tvdb, malgré son 4 or- 
thographique, est du genre masculin. 

( 7 ) Lacune de 3 cadrats. Pour la restitution, cf. le texte parallèle, au «grand cal. d’Hathor 
à Dendéra», plus bas. 

(*> m %nwty-f. Le terme, qui s’emploie d’ordinaire pour les rois humains, désigne ici, semble- 
t-il, le sanctuaire du «mammisi», où réside Ilarsomtous-rEnfant, roi divin. 

3o . 


232 )« 


rwy-t n d'm). Les gens du domaine (sacré) V(y) introduisent (s>f în nwtî-w) ; 
on accomplit son cérémonial du premier jour (de la fête) (îr nt-'-f n hrw tpy) (D. 

(Col. i 9) Le 7 e jour de la fête, on fait sortir le dieu en procession, (et) on accomplit 
son (?) cérémonial de la même façon. 

Le 1 4 e jour, on accomplit son cérémonial de la même façon. 

Le 1 5 e jour de la fête, on fait sortir le dieu en procession jusqu' à la berge du grand 
canal (?) (r mry-t n S Y), (et) on fait son service de la même façon. 

(Quand) c’est le a 3 e jour de la fête (mh hrw 2 3 hb pw), on accomplit son céré- 
monial selon le [rituel de fête (?)] ([bb-t (?) )] (intitulé) : «Mut de la purification 
du dieu» (h; [ 4 ] sw'b ntr). On part de là (îm) en procession ; (puis) Il (= le dieu) 
s’arrête (dans) le naos « spé-btp » W (htp-f (m) (sic) gu-t «spé-htp»). 

1 1 fâchons W : « Accouchement d’Iousâs» (mé(w-)fn ’lw-^-é), qu’on appelle 

(aussi) Hathor de Dendéra ; c’est V «OEil-de-Râ», la mère de Chou et de Tefrwut; 
la fête dure jusqu’au ai. 

(Col. 20) 1" Pooni .-fête d’ Hathor de Dendéra « OEil-de-Râ , OEil-d’ Horus et 
OEil-d’ Atoum» W, parèdre à Bubaste. Ses sacrificateurs accomplissent la (?) céré- 
monie ( ?) (îr îh-t (?) (t)n (?)(«) imnh-w-é (?)) dans le « temple de Bubaste- 

N0rd * [ ] h « tem P k (?) [ ]-d^Nord» . Le cierge est allumé dans 

le sanctuaire des temples par porte-feu W (éhd-tw tfcw ( 8 ) m stp-si gé-w-pr -w în 


(1> Dans sa traduction, Brugsch a lié la fin de cette phrase avec le début de la suivante 

« Cf. Plus haut, col 6 Pour la même raison, il s’agit ici d’un naos (gUj-t), et non du sanctuaire 
du temple d Edfou Msn(-t), comme Brugsch l’a pensé. La dernière procession en l’honneur 
d Harsomtous aboutit probablement au naos de sofi sanctuaire: la « salle de for», au mammisi. 

(J) C’est la seule date du calendrier solaire qui soit citée, pour le mois de Pachons, les autres 
dépendant du cycle de la lune. C’est pourquoi elle est nommée à part. Les fêtes de l’« accouche- 
ment de la déesse», qui s’échelonnaient sur 9 3 jours après la pleine lune, devaient, sauf dans le 
cas ou celle-ci se produisait dans les sept premiers jours du mois de Pachons, se prolonger au 
cours du mois de Paoni. 

JJ J^pithète tri P le - P res( l ue semblable, de l’Hathor d’Hermopolis, plus haut (col. 8). 
Cf. Edfou , V, 355, n. i3. 

, (# » Pour th-t (t)n, cf. plus bas (col. 2 5) : r rsî n nw-t (t)n, etc. Le mot ih-t ne comporte pas 
d ordinaire la marque du pluriel, dans l’expression usuelle ir ih-t=, accomplir une cérémonie. 

II s agit de 1 ustensile utilisé pour l’allumage des cierges et des lampes dans les temples 
et non de celui qui le manie. ’ 

” La SeConde P artie de la forme verbale M*™ est écrite derrière l’idéogramme du cierge 


în-éd-t), (et) on frotte le bâton à feu W (sîn mdw), depuis qu (Hathor) l’«OEil- 
d’ Horus» est munie de ses accessoires (de culte), jusqu’au dernier (jour du mois) 
(dr-nty ’lr-t-Hr pr-tî m dbh-é, nfry-t r rky). 

1 er Epiphi : Seth est mis en pièces (?) ce jour-là (éd (?)-tw < 2 > été m hrw pn). 
On place sa verge et ses testicules sur la (litière funèbre d’Osiris-)vmn.t ( 3 ). (Col. 2 1 ) 
Le chef d(es) chanteur(s) (p(l) mr-hs) , qui aura sa harpe en main (nty iw tjy-f bn-t 
m d-t), (est celui qui) célèbre le [cérémonial (?)] en présence de la déesse (ir p(;)' 
[nt- (?)]m-bîh ntr-t tn). Il (?) offre [ ]«, jusqu’au (mois de) Mésorê. 

Le iâ : «fête de l’Examen (?) du jour (de fête (?))» ( 5 ) (hb énh hrw). La 
déesse détache le lien et délie ses rouleaux (de papyrus) (étl îtr, éfh rndl-w-t-é în 
ntr-t tn), tandis que (mt-t\f) les femmes du domaine (sacré) prennent les (colliers-) 
mni-t en main (t ’ mni-w-t m hm-w-t n nw-t tn m d-t-én) pour réjouir tous les 
cœurs M (r éndm îb n rmt nb), et chantent (m dd) : « Osiris est intact, et Tbh 
(= Seth) n’est plus! (Wéîr wdi, Tbh n wn)»: (alors) sortent de Lui (Col. 22) les 
pastèques (ék pr îm-f(= Wéîr (?)) %-t). — C’est V «OEil-d’ Horus» qui en 
mâcha (Tr-t-Hr pw ws‘-é hr-s) ; c’est Horus ayant soif (?) au désert (?) qui 
en mâcha (Hr pw ib (?) hr h’M, 'h'-n ws'-n-f é(-t)) ( 7 ) : (c’est pourquoi) le 

Procédé dont on se sert quand le rite demande la pureté absolue du feu, par renouvellement 
complet. 

(,) Le signe du sceau sdl est très net sur la pierre : cf. Edfou, pl. phot. 486 (col. 2 o), au centre. 
Le signe du couteau, employé comme déterminatif, l’est moins; il est cependant confirmé par 
Cbassinat. Il s’agit ici, semble-t-il, d’une fantaisie graphique dans laquelle le « sceau» est em- 
ployé pour sd/Ml (cf. l’écriture de -kl sw\ t= briser l’œuf, Edfou, I, 5 7 3, 3), et le couteau (bien 
adapté lui aussi au sens de sd = briser, mettre en pièces), comme une variante très proche par 
la forme du déterminatif habituel du verbe sd (le même que celui de la « fête-serf») . Brugsch (Drei 
Festk., p. 6) traduit par « Verwundung», et semble avoir transcrit Vd-tw (homophonie s < t(y)/s c d). 

< J) Faite de bois de sycomore, à Dendéra (cf. Mariette, Dendéra, IV, pl. 3 7 , col. 68 ). 

Lacune de h cadrats environ. 

* ^ spécial a cette fête est probablement de présenter à la déesse l’ensemble des rituels 

de fête conservés au pr-'nh du temple. La déesse est censée les examiner l’un après l’autre, et 
délier elle-même le lien de papyrus qui scelle chaque volume présenté devant son image. 

(C) Le cliquetis des colliers mnlt remplace celui des sistres, pour marquer la mesure du chant 
des femmes. 

{ } Le texte copié par Brugsch (Drei Festk., pl. IV, col. 22 ), au lieu de ib, donne 1% mais avec 
hésitation sur le second signe (le vase c ), et le premier déterminatif. Le groupe est aujourd’hui 
complètement détruit. Il est permis de penser qu’il s’agit en réalité de ce même vase à feu d’en- 
censoir, d’où sort la flamme, et qui se lit phonétiquement b. Le mot tb = avoir soif (avec le déter- 
minatif de l’eau mr) donne un sens beaucoup plus satisfaisant à cette phrase obscure. 


— hn( 234 ) ** -■ - 

(prêtre-^w^b de Sekhmet mâche de la pastèque devant Elle , {encore aujourd’hui) W 
(w£‘-tw éëp-t [r-hft-(?)] hr-é ïn w'h.éhm-t). 

â Epiphi : $ « Conception d’Horus fils d’Isis et fils d’Osiris. Il est mis au monde 
au mois de Pharmouthi, le 28. On V appelle le « beau faucon de la ( déesse ) d’Or.» 
{Quand} il est dans le sein de la déesse, il se forme un « château d’Horus» à l’intérieur 
d’elle (m-hnw-é : le nom de « château d’Horus» (h-t-Hr) {existe) àcausedecela (hr-é). 
On lève de nombreuses ( redevances ) alimentaires (tl-tw wdn-w ‘&-w) pour le temple 
de Dendéra (r Pr ’l-di), (Col. 2 3 ) jusqu au mois de Mésorê (nfry-t r ibd 4 smw). 

Le 12 : on célèbre le « Contrat de mariage (îr(-t)-hm-t) de la maîtresse des 

humains» (nb-t rhy*t [ ..]<*) Isis (?) ; Ihy est mis au monde en {ce jour) : {c’est) 

[fête (?)] de Râ. * 

Fête de la nouvelle lune de ce mois (psdn(tîw) n îbd pn) : on l’appelle {aussi) : 
« fête de la Réunion» (hb shn hr-tw r-f). On célèbre le {rite des) prémices des 
champs, conformément aux édits d’Amenemhat (îr tp-w jh(*t), r wd-w n (imn- 

m-hj-t'J . La Maîtresse de Dendéra sort en procession {hors) de son domaine {sacré). 
On arrête {l’image de la déesse ) dans {la barque du fleuve) Nb-mr(w-)t. On 
remonte {le Nil ) jusqu’à Wts(-t)-Hr .{Puis) Horus d’Edfou et la Maîtresse de 
Dendéra arrivent en paix jusqu’à Bhd-t (dî- ( 1 2 3 * 5 > m htp r Bhd-t m Hr-Bhdtî hn c 
Nb-t-Iwn-t). La « fête de la chasse » est célébrée (Col. 2 4 ) par les « harponneurs » 

(1) Allusion probable à une légende locale sur l’Osiris de Dendéra. Vers le milieu du mois 
d’épiphi (mai-juin) sortaient les pieds de pastèque, qu’on plante encore aujourd’hui à la 
même époque, en Haute Égypte, dans le lit des canaux d’irrigation mis à sec. Ces melons 
d’eau, c’est le corps d’«Osiris végétant» ressuscité (cf. par exemple le «Conte des deux 
frères»). Hathor-Isis de Dendéra mâche une de ces pastèques, dont l’eau rafraîchissante témoigne 
de la vie du dieu disparu, et son fils Horus, ayant soif, l’imite. En souvenir de cela, le premier 
sacrificateur (qui porte à Edfou et Dendéra le titre de « (prêtre-) pur de Sekhmet a), joue le rôle 
d’Horus au cours de l’office du 1 4 Epiphi, en mâchant de la pastèque devant l’image de la déesse. 
Tout ce passage, depuis : « (alors) sortent de Lui les pastèques, etc.», est une glose introduite 
après coup, sans liaison logique directe avec ce qui précède. C’est le refrain sur « Osiris intact» 
qui amène en réalité cette incidente. Le rite lui-même, objet de l’explication, n’est cité que 
dans la dernière phrase. 

(2) Il y a flottement dans l’ordre des dates d’Epiphi, qui passent du 1 4 au 4 et au î 2, pour 
se terminer par la fête du calendrier lunaire, et revenir ensuite au 27. 

(3) Lacune de 6 cadrats. 

{4) La province d’Edfou et son chef-lieu Dbî. 

(5) Pour le sens de :dt- c ;cf. Wb.,Y, h 1 9,10 (le déterminatif n’est pas écrit, dans notre exemple)* 


-*•*( 235 )•**— 


(ir hb bhs in Ménty-w); [ ] G) : {c’est) le [«cercle] d’éternité» (?) qu’on 

V appelle On marche vers le « lieu {saint) de Maât», les « lieux {saints) [ ]», 

les « lieux ( saints ) des roseaux», V «enclos du peuple», et les autres lieux ( saints ) 
{qui sont) à l’intérieur du «domaine (?) de la fête- sd» ([*rk- (?)] hh fc-tw r-é. Sm 

r îpt-Mi'-t, i;-w-t [ ], iî-w-t ni 'r-w, p(j) îhwn p(i) m§', hn' n; ky ii-w-t 

m-hnw nw-t (?) hb-éd). Il y a dix autres journées, {pendant lesquelles ) on s’arrête 
{dans) le «château divin» en (?) procession {faite) par les prophètes, pères du dieu 
et « prêtres en service» du «château divin » (îw ky hrw 1 o ; îw htp m {sic) h-t-ntr, 
m (?) M wçh in hm-w-ntr, it-w-ntr, wnwty-w ht-ntr) (Col. 2 5 {Puis) on porte {les 

dieux) en litière jusqu’à [la barque (?) ] ( 5) ; Hathor s’en va vers Dendéra. C’est 

lafin,auboutde 1 Ù jours (tsr[piwh(?) . ... . .] sb Hthr r J Iwn-t ; rk m-ht hrw i 4 ). 

Le 27 : Sortie en procession d’ Hathor de Dendéra et d’Harsomtous aussi (mît-t), 
vers le sud du domaine { sacré de Dendéra) (r réi n nw-t (t)n). On s’arrête {dans) 
V {édifice-) m;rw (htp m {sic) (6 i mjrw) de ÇSésostris~^ , qu’on appelle : « temple 
d’Horus d’Edfou » (pr Hr Bhdtî hr-tw r-f) . Le visage de la déesse est ( tourné ) vers le sud. 
On accomplit tout le rite pour le' Maître d’ Edfou (n Nb-Bhd-t). {Puis) on retourne vers 
le « château divin» {et) on s’arrête en son temple W (ét] r h-t-ntr, htp m pr-é)*. 

(Col. 26) Le 28, {et) [second (?)] jour [de procession de la déesse (?), ( 9 h 

Le 2g, {et) troisième jour, de (?) !1 °)] même : on accomplit leur cérémonial (nt--én) 


(1) Lacune de 1 2 cadrats. 

(î) Il est probable que l’enceinte sacrée dont il s’agit à Edfou porte le même nom que l’en- 
ceinte *rk-hh d’Abydos'"( Wb., I, 2i3, U). C’est elle aussi qui se trouve nommée en Edfou, VII, 
îû, 7. 

(3) C’est-à-dire que la procession de chacune de ces journées revient s’arrêter dans l’enceinte 
sacrée du temple d’Edfou; C’est le sens ordinaire de htp, dans les «calendriers des fêtes». 

'■ 4 ' Il y a probablement faute de graveur pour ce signe. 

(6) Lacune - de dix cadrats environ. 

(,) La graphie fautive des éléments alphabétiques de l’expression htp m est très fréquente dans 
les textes des calendriers. Cf. plus haut, col. 2 4 : htp m h t-ntr, etc. 

<7) H t-ntr désigne, par opposition à pr, le terrain sacré principal de Dendéra, entouré de 
son rempart de brique. 

(8) Le grand temple de pierre d’Hathor à Dendéra. Cf. la traduction de ce passage par 
Chassinat, dans « Le temple d’Horus Behouditi à Dendéra» (Rev. Ég. anc., I, p. 3 oo, 1 . 1 6-19). 

m Lacune d’environ 7 cadrats. 

(10) Les restitutions, au début et à la fin de la lacune, comprennent certainement la date du 
29 Epiphi, puisqu’il s’agit d’une seule et même période de fête de 1 2 jours, qui commence 
le 27 Epiphi, et se termine seulement le 8 Mésorê, à Dendéra. 


_ 


on s avance 


— +*•( 236 )*♦** — - 

3 o Epiphi, [et) quatrième jour de procession d'Hathor de Dendéra : 
jusqu’au « d;d?-[néw-t] » [avec) une grande torche (tkjw'j) devant elle, [faite) d’herbes 
sèches (m ém-w éw-w), qu’on appelle: « la flamme de la Veuve (?)» (p(;) bé n ék). 
On retourne [en arrière) (ét;), [et) on s’ arrête [en) son temple W (htp m pr-é). 

1 er Mésorê : « fête de sa Majesté (hb Hm»t*é), [et) cinquième jour de pro- 
cession de la déesse. On s’arrête (Col. 27) dans le « kiosque » du roi [Ptolémée) 

Philadelphe W (htp m hîy-t n néw-t) ( [Wér-kjJ-R* [mri-Tmn]^ [ ] ( 4 ) ; on joue 

du sistre (ir éhm), on moissonne Vorge ('s [h] it), on donne V essor aux ( oies (?) -) 
c pr(-w) ( 5 ); on célèbre tout le cérémonial de cette journée par devant eux (m b;h*én), 
[puis) on part de là en procession, (et) on s'arrête dans leur temple ( 6 ) (htp m pr-én). 



{l) m pr*i = la « maison » «de pierre» d’Hathor (expression calquée sur celle de la colonne 
précédente). 


w Hathor de Dendéra. 

(3) Arrêt identique à celui de la procession du 29 Choiak (cf. ci-dessus, col. 9), la restitution 
au début de la lacune étant probable. S’il s’agit bien de : hïy-t n nsw-t (Wsr-kl-R* mri-ImrTj 
pans la fête du 1 er Mésorê, un point de comparaison est fourni par le texte parallèle du « cal. 
cFHathor à Dendéra» : il y est dit qu’on s’arrête m wsh-t t — dans la grande (salle-) wéh-t du 
temple (Mariette, Dendéra, I, pl. 62, 1 -m : col. 2 4 - 2 5 ). Or cette salle est aussi, d’après de nom- 
breux témoignages, Vvosh-t-h c , c’est-à-dire la salle hypostyle, actuellement derrière le pronaos 

( hnty ). Plutôt que d’identifier cette salle hypostyle du grand temple de Dendéra avec la h\y*t du - 
roi Philadelphe (ce qui est difficile à admettre, puisqu’elle est de construction bien postérieure), 
il est préférable de penser que le lieu où l’on célébrait la fête-sed d’Hathor et d’Harsomtous le 
i er Mésorê avait changé, entre la date de rédaction du cal. d’Edfou (Ptolémée Sôter II) et celle 
du calendrier de Dendéra (Auguste). A l’époque ptolémaïquej elle avait lieu dans un édicule 
spécial, fondé parle second des Ptolémées (donc bien avant la reconstruction du grand temple), 
et, à l’époque romaine, dans l’hypostyle du grand temple. Cette conclusion coïncide avec l’o- 
pinion de Chassinat (Le mar du roi Ménïbrè, à Edfou. B. I. F . A . O., XXX, p. 3 oo, 1 . 4-i 4 ), pour 
ce qui est de la nature du « kiosque » (hly-t) ; mais il convient de rapporter au site de Dendéra 
les remarques qu’il exprime au sujet de celui d’Edfou (cf. aussi plus bas). 

(4) Lacune d’environ 5 cadra ts.* 

(5} Le mot 'pr(-w) a été lu par Brugsch; il est détruit aujourd’hui (cf. Edfou , pl. phot. 485 , 
col. 2 7)-, mais il est sûr au texte de la « Navigation d’Hathor» en Epiphi (Edfou, V, 1 3 2 , 11 = pl. 
phot. 477, col. 19), dans une expression parallèle : rdt wl-t n pl 4 c pr(-w) : « on donne l’essor 
aux quatre (1 oies (?)- c pr(-w). Le «dictionnaire de Berlin» n’a pas retenu le nom de cet oiseau, 
utilisé au cours des fêtes de couronnement et des fêtes-sed royales et divines. 

(#) Le rapprochement des pluriels : m bîh sn, et mpr-sn, indique qu’il s’agit d’une procession 
à laquelle participent, sur le même plan principal, plusieurs images divines (au moins Har- 
somtous, aux côtés d’Hathor), qui rentrent ensuite dans le « sanctuaire des barques » de Dendéra 
(où, en effet, les quatre litières d’Hathor et d’Isis, d’Horus et d’Harsomtous voisinaient). 



— **( 237 >«— 

Le a, [et) sixième jour de procession de la déesse : on célèbre son cérémonial. Du 
3 au j : [on agit) de même. 

Le 8 , [et) douzième jour de procession des grandes divinités (ntr-w 'i*w) : on 
accomplit le cérémonial, [et) on s’arrête sur la «grande place» (hr é-t wr-t) M. Cette 
fête est fixée W (gm-tw), quand la déesse est [sur le point de (?)} s’avancer vers sa 
barque, [et de) remonter [le fleuve) (Col. 3 S) jusqu’à Edfou (wn ntr-t tn [r (?)] 
wds r wfe*é, hnty r Bhd-t). Cette fête est célébrée dans Edfou (ir hb pn m Bhd-t) 
à l’époque de Mésorê, le dix (m tr n ibd 4 smw, éw 10) ( 1 * 3 ), [et jusqu’au (?) 1 g (?) 

Mésorê (?) ] la déesse, de même qu’on ( y (?) ) célèbre la « louange de Moût » 

depuis ce jour [de fête (?)] du 19 Mésorê jusqu’au s 1 Mésorê (m tr n ibd 4 §mw, 

éw 10 (?) [réw 19 (?) ]W ntr-t tn, mi ir «bsMw-t» éj' hrw pn [nhb (?)] 

m ibd 4 §mw, éw 19 r éw 21). 

3 o Mésorê : [c’est) l’ « Offrande sur l’autel» pour Osiris, en son lieu W, alors que 
commence (m Sî') le : 

[i er jour des) « cinq en plus de l’an» : « Naissance d’ Osiris». On fait l’habille- 
ment de V « Osiris-parèdre-à-Dendéra» (ir mnh-t n Wéir hrî-îb Twn-t), selon ce 
qui est au cérémonial. 

[3 e jour des) « cinq en plus de l’an» : « Naissance d’Horus». Procession de [la 
déesse vénérable (?)] Hathor de Dendéra et de son ennéade. On s’arrête en [son 
siège (?)] ( 6 ), (Col. 2 9) jusqu’à [l’heure du) repas du soir ; [puis) elle [= Hathor) 
s’arrête dans le « palais » (= pr-wr, le sanctuaire du fond du temple (?)) (htp m 
é-t-é (?), nfry-t-r é;-i‘w-(r;); htp-é m 'h) W. 

(1) Le sanctuaire central du grand temple. 

% (î) Valeur spéciale du verbe gmt = trouver, employée en matière d’observation du ciel étoilé. 

- Elle désigne, semble-t-il, le report des dates astronomiques sur le calendrier de l’année solaire 

vague. Cf. plus haut, note à îa colonne 8 du présent calendrier des fêtes (page 226, note 4 ). 

(3) Brugsch (Drei Festkal., pl. 4 , col. 28) a lu le chiffre 10, au centre de la colonne . Il y a donc 
chance pour que la date réelle de la journée soit complète ainsi. 

(4) Lacune d’environ 2 cadrats. 

w G’est-à-dirê probablement : au lieu qui lui est consacré dans le temple, et sans déplace- 
ment de sa statue (m s 4 f). 

(e) La lacune est d’un dtmi-cadrat, au bas de la colonne 28 : elle peut contenir [$•?•$]. D’après 
tous les renseignements convergents sur cet ensemble de fêtes, il s’agit de S*t-hb~tpy : îa cour et la 
chapelle spéciale w'b^t) du temple de Dendéra, toutes deux formant le « siège de la Première fête». 

{7) Cf. par exemple, Edfou, I, 345 , 9 : toutes les chapelles intérieures disposées autour du 
" sanctuaire central d’Edfou (y compris H Jsn(*t)) y sont appelées %w : les «palais». 




(3 e jour des) « cinq en plus de Van» : (on officie) selon le « cérémonial du repas 

du soir» W (mi nty r nt- c éî-ïw-(rl)) [ ] W de Veau nouvelle devant la déesse 

(mw rnp r-hft n ntr*t tn). On fait de très nombreuses offrandes par le feu, jusqu à 
la neuvième heure de la nuit (ir krr c &-wr, nfry4-r péd-t n grh) ; (puis) il y a 
procession d'Hathor de Dendéra; on envoie des porteurs (d'offrandes) (?) vers le 
(dieu) d'Edfou; on s'arrête , et on « fait un beau jour» W (h c n Hthr nb-t lwn-t; 
wd-tw fcw(t)-w r BhdtiW; htp, ir hrw nfr). 

(â e jour des) « cinq en plus de l'an » : « Naissance d'Isis » ; « fête de la révélation 
de la Face » de la déesse et de son ehnéade . On célèbre tout le rite de la « fête de 

l Habillement» [ ] selon (?) (r (?)) le cérémonial du « siège de la première 

fête» (é-t hb tpy). On fait une « grande (Col. 3o) offrande » (^b-t Vt) de pain 
et bière, viande, volailles , vin, lait, moût (sdh), [gazelles, oryx, bouquetins (?)], 
grues (çb-t), pigeons (mnw-t), canards engraissés (?) W (é-t-sd (?)), avec tous 
légumes (?) (é(m)-w), plantes fraîches (rnpw-t) (et) fruits (dkr) : il est doux de 
servir la Belle (= Hathor* de Dendéra) en juste offrande! (?) W (bnr smé c n-t m 
hnk-t-mj (*t) (?)). On fait sortir en procession la déesse, en (sa forme de) déesse-Bes 

(1) Rituel spécial, concernant les offices qui commencent à l’heure de la présentation des 
offrandes du soir (tr n rwh\). 

Lacune de 3 cadrats. 

(3) La fête commence le soir, et dure presque toute la nuit : c’est la « nuit de l’Enfant dans son 
nid» (Cal. d’Hathor à Dendéra, col. 26). Les porteurs d’offrandes (?) ne vont sûrement pas à 
Edfou (trad. Brugsch), mais au temple d’Horus d'Edfou , tout voisin de celui d’Hathor, à Dendéra. 
Quand on a ramené la déesse dans son sanctuaire, on fait un repas, à la fin de la nuit : c’est, 
semble-t-il, ce que signifie la périphrase usuelle : « on fait un beau jour». 

(4) Le participe du verbe klw(t) jkw(t) — porter, est écrit par son déterminatif usuel (employé 
comme idéogramme), et complété par le déterminatif des noms d’agent. Cf. klww (Edfou, II, 0 
160, 7), écrit phonétiquement, avec le déterminatif de l’homme accroupi. 

(5) Lacune de 2 cadrats environ, 

(<J) Le groupe qui suit mnw-t est copié et traduit par Brugsch avec inexactitude : « (Tauben und) 
vielerlei Geffiigel» (Drei Festk ., p. 8). Il convient de remplacer le signe du lézard 'ïî par le signe 
de l’outre sd, très voisin dans l’épigraphie de nos textes (cf. pl. phot. 485 ). L’expression com- 
posée s-t-sd, avec déterminatif placé derrière, est d’usage courant dans les listes d’offrandes : 
cf. Urk IV, 770, 1 . 6 (ht-l-sd) ; 756, 1 . 2 ÇsUsd= pigeons engraissés, par opposition à : 'i>- 
idr = pigeons de «troupeau», c’est-à-dire de colombier (?)) . * 

(7) Le texte est sûr ; l’extrême concision rend la phrase obscure. Brugsch traduit avec hésitation 
le premier terme par « schone Palmen (?) » ; mais le signe sms n’a rien de commun avec un déter- 
minatif de bnr-t . Le mot suivant n’est pas, semble-t-il, l’adjectif 'n, mais la forme 'n-t, épithète 
bien connue d’Hathor, dépourvue de son déterminatif habituel. 


(éh' ntr-t tn-m Bé-t) ; on consacre (édér) [ ] W; (on fait ) la psalmodie (nié) 

et l’invocation (‘â) ; on célèbre tout le rite conformément au cérémonial. 

(5 e jour des) « cinq en plus de l’an» : « Naissance de Nephthys». [ ] ( 1 2 3 ) 

en (?) toutes (?) ^ ses offrandes (m ih-t-f ( 4 5 * 7 ) [nb-t (?)]). 

[Telles sont les (?)] fêtes (?) du roi, fondées pour l’éternité W (hb[-w pw (?)] 
néw-t (?), mn r nh^i). 

IV. Petit calendrier des fêtes d’Hathor (Crypte n° 9 de Mariette, colonnes 29 - 
35 de la liste des noms sacrés placée dans cette crypte, au temple de Dendéra ) W. 


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(Col. 29 ) Nom(s) des jours de fête de la déesse : — i er Thot : « fête de l'Habille- 
ment». — so Thot : « fête de l'Ivresse ». — « fête du renouvellement de l'Ivresse 
de la déesse»; (Col. 3o) on fait naviguer sa barque à la rame: i er Athyr . — Tybi : 
«fête de Navigation de sa barque à la rame ». — Pfiarmouthi : « fête de l'Accouchement 
de la déesse». — 1 er Mésorê : (Col. 3i) « fête de la déesse». — Epiphi, (fête du) 
jour de la nouvelle lune : on fait sortir en procession la déesse, la Maîtresse de Dendéra, 
vers Edfou , pour célébrer (Col. 3 2 ) sa belle « (fête de) Navigation» (r ir hn-é 
nfr). Une grande offrande de viande, volailles, (et) toutes choses bonnes et pures 
pour le k" de la déesse est offerte, (quand) la déesse (Col. 33) entre en sa barque 
dont le nom(î) (est) « e Hnr(w-t) », par (în) les «prophètes» (et) les grands «(prêtres-) 

{1) Lacune de 8 cadrats. 

(2) Lacune d’un cadrat et demi. 

(3) Cf. Brugsch, Drei Festkal., pl. V : la moitié du signe a été vue par lui. 

(4) Donc th-t ne se rapporte pas à Nephthys. 

(5) C’est-à-dire, semble-t-il : les fêtes de fondation officielle. # 

(tf) Mariette, Dendéra , III, pl. 78 > n, col. 29-35 (1871) ; Dümichen, Baugeschichte des Dendera- 
tempels , pl. XIV, 29 et suiv. (1876); Brugsch : traduction partielle seulement, Drei Festk . 
(1877), Einleitung, p. V, 1 . 11-19 5 t ex te et traduction : Thés., p. 5 og- 5 i o^(i 883 ). 


— «•( 240 

P urs>>{1} d’Hathor de Dendéra; les serviteurs (sraé-w) (Col. 34) de la déesse (sont) 
devant la déesse; le hiérogrammate (ss-mdM-ntr) (est} devant la déesse ; on accomplit 
pour elle tout le cérémonial de procession, (Col. 35) pour (une durée de) quatre 
jours W (ir n-é nt-' nb h', r hrw 4). 

V. Grand calendrier des fêtes d’Hathor (face et épaisseur des montants des 

portes des salles G et H de Mariette, dans la salle hypostyle du temple de 
Dendéra) W. 

i • . . I ts, , — 

n-“ü.Myi%^,a x _;A:ti3¥sC0nï“Hni.!yiB; 

-i ~~ S 3 n - «*■ i : i ■ i ni râ : ~ i ô r; \ y ; ü 


kir P m Ôt J Ue BRÜCSM ’ TheS ” 510 : <<durch die vornehu,sten Propheten und Priester». Cf. 
td/ou,Ul, 36 o, 12, ou : w bw A-w = les grands «purs», est suivi aussitôt de : w'b-w-ntr = les 
«purs» du dieu. 

« Plutôt que Brügsch Thés., 5 io : «und der Hierogrammat, vor dieser Gôttin, sorgt dass 
, aiies * Gebrauchhche bei dem Feste bis zum Tage h ausgeführt werde». L’expression ir né 
(ou : n-f) nt- nb est stéréotypée, dans les textes des calendriers. La durée de 4 jours indiquée 
pour la fête semble s’appliquer aux quatre jours de voyage par eau nécessaires pour remonter 
de Dendera jusqu a Edfou. Brugsch a, par ailleurs, déjà donné précédemment une première 
raduction de ce texte, en 1877, dans son ouvrage sur les calendriers des fêtes du temple d’Edfou 

P;. : • 1 ‘'i 9 -- 11 llt le clllffre des j° urnées : cinq, au lieu de quatre (col. 35 ). Il v joint comme 
umichen (Z. A. S., 1871, p. 71), l a suite de la colonne 35 comme s’il y avait : «tout le céré- 
momal de procession ... , (qui a été écrit) par le roi Thoutmosis III, etc.». Mais l’expression • 
« qui a été écrit» n existe pas dans le texte. La suite ne se rapporte donc pas à la fête d’Hathor 
en Epiph, mais a la reconstruction du temple d’Hatbor à Dendéra sous Thoutmosis III >/» 
signifie : C est (le roi Thoutmosis)...», et non «par (le roi Thoutmosis)...». 

Plan : Mariette, Dendéra, I, pl. 4 7 ; texte, ibid.; pl. 62, f-m. Les colonnes sont numé- 

t , 3 , 1 " S6 0n 8 dls P osltlon de la P lanche de Mariette. Cf. texte publié par Brügsch, Thés 
p. 365-367, et traduction, Drei Festk., p. 19-21. 


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(Col. i ) Liste des fêtes (et) solennités en lesquelles brille la déesse, pendant l’année 
entière (rh(t) hb-w tp-w-tr, péd ntr-t tn im-én, m rnp-t r jw*é) : 

1 er Thot : jour de la « fête de Râ en l’Ouverture dé l’an»; (Col. 2) c’est fête 
de tous les dieux et de toutes les déesses. Or, après que tous rites du service divin ont 
été accomplis (ir m-ht hté irw nb n ih-t-ntr), quand vient h « 8 e heure (du jour) » 
(r îî bprwd), on célèbre tous les rites (Col. 3 ) de la sortie en procession de la déesse, 
la grande Hathor maîtresse de Dendéra, l’OEil-de-Râ, dans sa litière (wts-nfrw) W, 
(accompagnée) de son ennéade, jusqu’à la « grande voûte (du ciel)» (nw-t-wr-t) W. 
(Col. 4 ) (Elle) « touche son père» (hnm ît-é) ; les humains voient sa beauté (mu 
nfrw-s in bnmm-t) ; (puis) (elle) rentre en son temple, en marche lente ('k pr-s 
m kb nmt-t), (et) s’arrête en son siège (htp m s-t-s tn). 

(Col. 5 ) 2 Thot : quand vient la « 4 e heure (du jour)» (r iî é§tîy-t) , (il y a) 
sortie en . procession par le « grand-Lotus», en son image du « grand-Ihy-fils- 
d’ Hathor» : c’est (la statue d’)Ihy qui est dans son pavillon-(royal) W (p (;) ’lhy 
m-hnt tntî-t-f). On s’avance jusqu au didj-néw*t ^ ; les gens du domaine (sacré) 
(nwti-w) voient sa beauté; (puis) on rentre dans son temple ( c k pr-f), en grande 
sainteté ® (m dér-wr). (Col. 6) (Le dieu) part en procession (h') dans son saint 


<,) Malgré le déterminatif de la barque, il ne peut être question ici de la barque-litière d’Hathor, 
car la procession monte au «kiosque» de pierre construit sur le toit du temple. Seuls les 
tabernacles portés à la main sur leurs socles à baldaquin (cf. plus bas, 3” partie) peuvent y 
accéder (voir Mariette, Dendéra, IV, pl. 9 et 18, etc.). 

(!) C’est le nom de l’enceinte sacrée que forme la terrasse du temple, à Dendéra. Cf. Wb., II, 
21 h, 16, et : Belegst., II, 21 4, 16. 

Tntyt semble s’appliquer à la litière d’Harsomtous, comparée au pavillon contenant le 
trône de couronnement du roi (cf. plus bas, 5 e partie). 

P(1) did ï-nsw-t. C’est le même édifice qu’au «calendrier d’Hathor à Edfou». 

(5) Dsr équivaut à la fois à la pureté et à la sainteté. 


JL 


tabernacle (m-hnt hd-f spé), [qui est conservé ) dans V intérieur de son château - 
divin W (m-hnw n h-t-ntr-f); V arrêt (de la procession) (se fait) dans h-t-nmî-t ( 1 2 * * ). 
Procession d’Hathor de Dendéra et de son ennéadé; on s’arrête dans le mammisi 
(pr-mé)r Quand vient la « 10 e heure (du jour) » (r iî ét(-t)-îrw), on sort en 
procession vers le château-divin & (h-t-ntr tn) ; les divinités s’arrêtent en leur siège 

(Col. 7) Le g Thot : Quand vient la « 3 e heure (du jour)» (r îi mk(-t)-nb-é), 
(il y a) sortie en procession d’Hathor de Dendéra et de son ennéade ; on s’arrête 
dans « h-t-nmî-t»*( 5 * 7 b Quand vient la « 10 e heure (du jour)», les divinités s’en vont 
en procession jusqu’à l’intérieur du château-divin (h-t-ntr), et s’y arrêtent. 

(Col. 8) 10 Thot : Procession d ’ Harsomtous-le-grand-dieu-de-Bî-di . On s’a- 
vance jusqu’au d^dî-néw-t W, pour verser (libation d’)eau (r é[ti] mw) aux « (di- 
vinités) gisantes qui sont à fib-dî (n htp-w nt(y) m H^-dî) ; puis on va en pro- 
cession (h c ) jusqu’à l’intérieur de son château divin M (r hnt h-t-ntr-f) ; on tourne 
(étî) vers le « nord», (pour aller) dans l’intérieur de la « grande % voûte (du ciel) » W ; 
(Col. 9 ) on atteint le chemin du mur quadr angulaire W (ph p(>) w?-t n p(;) 
ébty n îfd); on fait beaucoup d’offrandes par le feu (krr), sur V (autel-) hjw-t; 


(1) «Son château-divin» désigne l’enceinte du grand temple d’Hathor à Dendéra : cf. plus 
bas, la même expression (note à la col. 8). * 

(i) C’est le nom sacré du « mammisi» de Dendéra : peut-être déjà le nouveau, bâti sous Auguste. 
Brugsch (DreiFestk.,$. 19) traduit par : Ruhegemach. Cf. Gauthier, D . G., IV, 82,4° ( hatnmem ). 

t3) H t-ntr désigne clairement le grand temple d’Hathor à Dendéra. 

w II y a donc, dans la même journée du 2 Thot, deux processions distinctes qui se succèdent. 
La première, celle d’Ihy, a lieu dans la matinée ; elle quitte le grand temple, et s’arrête au mam- 
misi. La seconde, celle d’Hathor et de sa cour divine, vient rejoindre Ihy dans son sanctuaire 
du mammisi (dans l’après-midi (?)), puis rentre au grand temple. 

(5) Le calendrier d’Hathor à Edfou (col. 2) écrit : dans le mammisi .(pr-ms) . Ce fait confirme 
l’identification des deux termes : h i-nmlt est bien le mammisi de Dendéra. 

Celui du terrain sacré de Dendéra. Il y en avait en effet un autre, à Hl-di même (celui dont 
il est question pendant la fête du Voyage d’Harsomtous vers H \-d\ 9 à la nouvelle lune de Fâchons). 

(7) L’enceinte du grand temple d’Hathor à Dendéra : les détails suivants le prouvent. Ce 
temple est aussi celui d Harsomtous, puisque sa barque-litière repose à demeure dans le sanc- 
tuaire central. 

^ ^ C est bien, sur le côté « nord» de la « salle de l’autel» de Dendéra, la direction de l’escalier 
(bâti sur plan carré) qui monte vers l’enceinte de la terrasse. L’escalier «sud», au contraire, 
est construit pour la descente des processions. 

{9) C’est certainement ici le chemin de ronde pour les processions. Il fait le tour du toit du 
temple, à l’intérieur du mur de clôture de la terrasse. 


i 


(on met ) de l’encens sur la flamme; on verse une libation (?) (k('h) (?) r t?) de 
vin® (m irt-Hr wid-t) devant le dieu; on rentre en son temple (pr-f), en marche lente. 

20 Thot : « fête de la Purification de Râ », ( et ) de l ’ « Ivresse de la Maîtresse 
de Dendéra» W. Quand vient la « 10 e heure (du jour)» : (Col. 10) procession 
d’Hathor de Dendéra jusqu à la «grande voûte (du ciel)»; elle «touche le soleil » 
(hnm îtn) ; (puis) elle rentre dans son temple , en marche lente. (Il y a aussi) 
procession de son ennéade : (les dieux) « touchent le soleil », et s’arrêtent en leur 
siège : au total, cinq jours (de fête) (®). 

5 Paophi : Quand vient la « i er heure (du jour)» (r ii wbn*t), procession 
d’Hathor de Dendéra et de son ennéade; on s’arrête dans la grande (salle-)wé h>tW ; 
(Col. n) on dispose l’offrande pour son père, le « grand Noun » (éhn hr-t n ît*3 
Nwn-wr), (puis) on s’arrête dans son temple. 

3 o Paophi ; Procession d’Harsomtous de « Hj-dî » (Col. 12) jusqu’au « d;dj- 
nsw-t » ; on fait une (libation d’)eau aux [divinités (?)] (qui sont) à «Ht-di»; on 
célèbre tous les rites (déjà) accomplis le 10 Thot, (et) on envoie les offrandes W. Au 
total : trois jours (de fête) ( * * * 5 6 7 8 1 * ). 

(Col. i 3 ) 3 4 Choiak : procession d’Osiris, dans h nuit (m d;w); on s’arrête 
en face du lac (sacré) (htp m-hr p(;) s); on célèbre tous les rites, (puis) on fait le 
tour du château-divin (phr h-t-ntr), (et) on s’arrête en son siège M . 

(Col. i 4 ) 2 5 Choiak : Quand vient la «12 e heure (du jour)» (r ii h^p-Hr- 
dér) : procession de V « Osiris qui préside à l’orient (hnt ijb(t-t) ) » W. On s’avance 


{l) Littéralement : «on courbe (le bras) vers la terre, avec l’« œil-d’Horus vert». Ce dernier 

terme est bien attesté, à l’époque ptolémaïque, pour désigner le vin d’offrande (déterminatif du 

vase mn: cf. Wb., I, 107, 19). 

(5) Le signe de l’uraeus # (tW) à tête de vache, dans les textes de Dendéra, possède couramment 
cette valeur spéciale de Nb-t-Iwn-t . Cf. par exemple i° Mariette, Dendéra, IV, pl. 9 (noms de la 
déesse, à l’angle supérieur gauche de son naos porté par les prêtres dans l’escalier du temple) ; 
2 0 la phrase suivante, dans le présent texte : Hthr nb-t 3 * 5 * 7 8 Iwn t, etc. 

(3) Du 18 au 22 Thot, semble-t-il, d’après le «calendrier d’Hathor à Edfou». 

w La salle hypo style, et non le pronaos. 

(5) Sous-entendu : à E\-di (cf. cal. d’Hathor à Edfou, col. 8). 

w Cf. la note, au texte parallèle du calendrier d’Hathor à Edfou. 

(7) La chapelle d’Osiris, au grand temple de Dendéra^ C’est la célèbre passion d’Osiris en Choiak. 

(8) Procession faite à la nuit tombante. L’image divine dont il es,t question ici sort vraisembla- 
blement du grand temple d’Hathor à Dendéra, et y retourne. Le dieu qu’elle représente est 
peut-être l’ Osiris adoré à l’Osireion de Hî-di (rive est de la province de Dendéra). 


jusqu au château d’HorusM (h*t Hr), [puis) on s'arrête en sa place d'éternité [é-\-f 
n d-t) W, 

(Col. i 5 ) a 6 Choiak : procession de Sokaris, à la « 1 er heure (du jour') », 
jusqu'au château d’Horus (h-t Hr). [On fait ) une libation ; on retourne vers le 
château-divin ^ (h-t-ntr tn), [et) on s’y arrête . Procession d’Hathor de Dendéra 
et de son ennéade jusqu'à la «grande voûte [du ciel)»; elle «touche le soleil»; 
(Col. 16) elle s’arrête dans son temple . Au total : une nuit, et deux jours [de 
fête) W. 

ig Tybi : procession d’Hathor de Dendéra et de son ennéade. On s'arrête dans 
le « kiosque » [qui est) au débarcadère [du canal) ^ (htp m-hnt h|y-t hr tp-n-s pn) , 
son beau visage étant tourné vers le nord (Col. 17) On accomplit le cérémonial 
de la « navigation»; on célèbre tous les rites ; [puis) la déesse sort en procession avec 
son ennéade; on s’arrête dans la [salle-) wéh-t, qui est le pronaos du temple W 

(1) C’est-à-dire : pr Hr-Bhdti , le temple d’Horus d’Edfou à Dendéra, dans l’enceinte au « sud» 
du temple d’Hathor. 

(8) La chapelle d’Osiris, semble-t-il, à l’intérieur du temple d’Hathor. 

(3) Le grand temple d’Hathor. 

{4) Les fêtes d’Osiris, de la nuit du 2 à jusqu’au 26 Choiak, forment donc un ensemble à 
Dendéra, comme aussi, probablement, dans tous les sanctuaires d’Égypte. 

(5) Il faut lire ici : hîy-t (comme plus loin (col. 19) : tl hîy-t), et non tntl-t, comme dans la 
colonne 5 (où le mot est écrit avec ses éléments phonétiques). Cf. calendrier d’Hathor à Edfou, 
col. 27 : hîy-t, avec ses éléments phonétiques. 

w Littéralement : la «tête du canal» = tp-s (cal. d’Hathor à Edfou, col. 10, et cal. d’Hathor 
à Dendéra, col. 19), ou ici : fp-n-S (cal. d’Hathor à Dendéra, col. 16). Expression composée, 
de genre masculin (pn) , qui désigne le débarcadère du temple, à la tête du canal sacré (les « barques 
de fleuve» des divinités y étaient amarrées). Ces constructions sont conservées, entre autres 
lieux, sur les sites des temples de Karnak et de Médamoud (cf. Wb.,Y, 291, 16.). Le terme s, 
employé seul, désignait aussi le lac sacré des temples. C’est lui qui se trouve dans la colonne i 3 
de notre texte r m-àrp(>) s = en face du lac sacré (de Dendéra). Il s’agit alors de la fête nocturne 
d’Osiris le 2 à Choiak, qui se déroulait sur les bords du lac sacré de tous les grands temples 
(cf. Hérodote, II, 170-171). 

(7) En souvenir du retour de Bwgm. La déesse fait face au nord, parce qu’elle tourne le dos au 
désert de Nubie, qui est au sud de l’Égypte (cf. texte parallèle du cal. d’Hathor à Edfou, col. 1 1). 

(8) Expression particulière à ce passage. Nulle part, dans les calendriers des fêtes, n’est employé 
le terme précis de pronaos (< hnty ), pour le temple de Dendéra. Cependant, c’est bien le seul mot 
en usage dans les inscriptions dédicatoires de cette salle elle-même (cf. Mariette, Dendéra , I, 
pl. 6). Au calendrier d’Hathor à Edfou, on emploie le terme général de fifty^fir — h « salle de 
façade» (col. 2) ; ici, une périphrase, qui semble donner l’explication de cette anomalie. A l’époque 
d’Auguste, où la présente inscription fut gravée dans la salle hypostyle, le hnty proprement dit 

Bib^d’ Étude , t. XX. r 3 a 


246 )*a — 

(t/tp m wéh-t m hnty n h-t-ntr tn). On fait la même chose, le 20; (une libation 
d’)eau est versée pour (Col. 18) « Ceux qui sont dans Hj-di», par le ( prêtre du) 
roi (?) W (éti mw n nt(y) m Hj-dî in néw-t (?)). (Il en est ) de même, le 21; 
le 22, (c’est) la même chose (m (sic) mît-t-é, m éw 21 ; éw 22 (sic), .mit-t W); 
on s’arrête en son siège W. Le 28, (c’est) la même chose; le 2g, (c’est) la même 
chose; le 80, de meme : (ce sont) les rites du 20 ; 1 er Méchir, de même ; le 2, de 
même; (Col. 19) le 3 , de même; le A, quand vient la « 3 e heure (du jour)» (r n 
mk(-t)-nb-é) : procession de la déesse. On s’arrête dans le « kiosque » (qui est) en 
face du débarcadère (htp m U hjy-t m-hr tp-s) ; on célèbre tous les rites. Quand 
vient la « 5 e heure (du pur)» (r n né(r)*t) : procession d’Hathor de Dendéra; on 
s'arrête en son temple . 

(Col. 20) Le 2 1 : procession d’Hathor de Dendéra et de son ennéade. On s’arrête 
à la « grande voûte (du ciel)». On célèbre tous les* rites de la « fête de la Victoire» 
(ir îrw nb n hb-kn(-t)); (puis) on sort en procession ; on s arrête dans le mammisi 
(pr-mé); on (y) célèbre tous les rites. Quand vient la 10 e heure (du jour) (r îi 
wnw-t md-t) W, la' déesse sort en procession; (elle) s’arrête en son temple, avec 
son ennéade . Au total : 5 jours (de fête). 

Pharmouthi, [le jour de la « fête de la lune» J de ce mois W : quând vient la 3 e heure 
(du jour), procession d’Hathor de Dendéra et de son ennéade. (Col. 21 ) On s’arrête 
(au) mammisi. Le 28, de même. Au total : 2 jours (de fête) W. 

du temple de Dendéra n’était pas encore construit (sa dédicace date de Tibère) : c’était la salle 
hypostvle (wsh-t-h , ou : wsh-t- >•<) qui faisait office d g pronaos ( hnty) pour le temple. 

(1) Et non : «des Horus wegen» (traduction de Brugsch, Drei Festk., p. 20). L’écriture de 
nsw-t, le «roi» ( = le prêtre du roi) par le faucon portant le pschent royal est fréquente, aux 
textes d’Edfou et de Dendéra, 

( ] Écriture anormale de m , par son équivalent ptolémaïque n, mais en utilisant le signe de 
a négation n. Le chiffre 2 2 est écrit 2 1 , par erreur du graveur. 

(3) Au sanctuaire du grand temple, et non plus dans la salle hypostyle (où la barque-litière 
d’Hathor restait établie, semble-t-il, pendant les nuits des 19, 20 et 21 Tybi). 

( } A partir de la colonne 20, les heures du jour sont indiquées en chiffres ordinaires, au lieu 
d’être désignées par les périphrases rituelles. 

W Cf. texte parallèle du calendrier d’Hathor à Edfou (col. i 4 ). Brugsch a restitué à tort 
[psdntiw] ( Thés p. 367, col. 20), et traduit en conséquence : « zur Zeit [des Neumondes (?)] 
dieses Monates)> (Drei Festk., p. 21). Il s’agit en réalité du deuxième jour du mois lunaire, len- 
demain du jour de la nouvelle lune. 

( } Le texte parallèle montre qu’il s’agit de la fête de la «Naissance d’Horus fils d’Isis et fils 
d’Osiris». Le second jour de fête est indiqué, aux deux textes, en date de calendrier solaire. En 


/ 


— ►»•( 247 )«w — 

Pochons, fête de la nouvelle lune : (c’est) le « Voyage vers H’-di ». Procession du 
dieu vénérable, Horus-le-grand-dieu-de-Ui-ài (*). On marche jusqu’à sa belle barque, 
dont le nom est «Péd-t;-wî» (wdi r wij-f nfr nty rn-f r Péd-t|-wi) ; on va (épr) 
jusqu’à H j-di . Le (prêtre-)smsw W est devant lui, (hr hî-t-f) , célébrant tous les 
rites, (Col. 22) jusqu’au cinquième jour (nfry-t r hrw 5 ). (Puis) on sort en pro- 
cession vers le chemin (qui va) de son château-divin jusqu’à H-t-[ ] (r wi-t m 

b-t-ntr-f r H-t-[ ..... J) ( * * 3 * 5 ). On s’arrête dans sa barque, (et) l’on va (spr) jusqu’au 
« château-divin de la Vénérable (déesse) » M (r h-t-ntr Spé-t) ; on s’arrête en son 
siège (m é-t-f) W. 

Le 11 j Procession d’Hathor de Dendéra et de son ennéade; elle « touche son 
père » (hnm ît*é) ; (puis) on s’arrête dans (?) H-t-nmî-t ( 6 7 ). 

A la fête du 1 5 e pur (lunaire) de ce mois (de Pachons ), le jour de la pleine lune : 
(c’est) grande fête dans tout le pays (hb '5 m t; dr-f). Procession d’Hathor; elle 
« touche le soleil»; (puis) on s’ arrête dans le mammisi. Au total: 3 jours (de fête) W. 

l’année où fut rédigé le calendrier d’Edfou, ce jour tombait le 2 1 Pharmouthi; en l’an où le 
fut celui de Dendéra, ce même jour tombait le 28. La nouvelle lune se plaçait donc, en ces deux 
années, le 19 et le 26 Pharmouthi, et les deux jours de fête, les 20-21, et 27-28 Pharmouthi. 

ll) Horus couronné du pschent, c’est-à-dire Horus-roi (Harsomtous) . 

Littéralement : le «serviteur». C’est le prêtre spécial d’Harsomtous de Hî-di, au temple 
de Dendéra. Il porte le même titre que son collègue du temple d’Edfou. 

(3) Il s’agit certainement ici d’un édifice construit à proximité du temenos de 1 il-di : peut- 
être le «kiosque» de l’embarcadère. Mais le signe placé à l’intérieur de ht est détruit. Brugsch 
a restitué, à tort , H-t-[Bfydti] (Thés., 367, col. 22), et traduit : « Ausgang aus seinem Tempel 
in Tentyra». Ht-Bhdti ne s’applique qu’aux temples d’Horus d’Edfou, soit à Edfou, soit à 
Dendéra. Or nous sommes ici à Hï-di, lieu bien distinct de ces deux-là (cf. plus bas). 

{4) Le grand temple d’Hathor à Dendéra. Cf. Gauthier, D . G., IV, p. i 33 (H-t-splt). 

(5) Le «siège» de la barque-litière d’Harsomtous dans ce temple : c’est-à-dire, le sanctuaire 
central. 

(<) Le mammisi de Dendéra (cf. plus haut). La fête du 1 1 Pachons est celle de l’« Accouchement 
d’Iousâs», « qu’on appelle (aussi) Hathor de Dendéra» (Cal. d’Hathor à Edfou, col. 19) : Chou 
et Tefnout sont mis au monde ce jour-là, donc Harsomtous aussi, qui est Chou fils de Râ. Les 
réjouissances se prolongeaient jusqu’au 21 Pachons. 

(7) Il n’est question ici, semble-t-il, que de la fête initiale de l’« Accouchement divin d’Hathor 
de Dendéra» (cal. d’Hathor à Edfou, col. 17-19). Les trois premières journées forment un 
ensemble, puisque la statue d’Harsomtous-l’Enfant, qui a été placée à côté de celle de la déesse, 
au mammisi, est réinstallée dans son sanctuaire de la « salle de l’Or», le troisième jour. Il y a, 
semble-t-il, ensuite une interruption dans les fêtes, qui ne recommencent que le septième jour 
après la pleine lune de Pachons. 


3 a. 


— ** ( 248 y*r * — 

(Col. a 3 ) 37 Paoni : procession d' Hathor de Dendéra , dans son saint tabernacle 
(itt hnt hd*é spé) ; procession d Horus, le grand dieu parèdre à Dendéra , avec 
elle, dans sa barque-litière (h c in Hr ntr c ; hrî-ib Hrwi r-hn hnt wts- 
nfrw-f) On fait le tour de son domaine ( sacré ) (phr nw*t*é); (puis) on s'en va 
(s^é) vers le sud de ce domaine (r réi n nw-t tn), et l'on s'arrête dans le château 
d Horus (h-t Hr). On (y) célèbre tous les rites ; (puis} ces divinités sortent en pro- 
cession; on retourne vers le nord (h c în ntr-w'ipn; st; r p(j) mh(ty)); on s'arrête 
en son temple , (qui est) dans son château-divin (htp m pr-é, hnt h4-ntr-é tn) ( * 2 3 * 5 ). 
On agit de meme , le 28 ; on agit de même , le 2g W; (Col. 2 à) on agit de même, 
le 3 0. Au total : k jours (de fête). 

Epiphi, fete de la nouvelle lune : (c'est) la « fête de* la Bonne réunion » (hb shn 
nfr, hï-tw r-f), qu on l appelle . Quand vient la 10 e heure (du jour) : procession 
d Hathor de Dendéra et de son ennéade jusqu'à la «grande voûte (du ciel) » ; elle 
«touche le soleil»; (puis) les divinités s'arrêtent en leur siège . Au total, un jour 
(de fête) W. 

1 er Mésore, quand vient la 3 e heure (du jour) : procession d' Hathor de Dendéra 
et de son ennéade . On s'arrête dans (Col. 2 5 ) la grande (salle-) wéh-t W; on (y) 
célébré tous les rites du cérémonial de la « fête de sa Majesté» (îr îrw nb n nt- c n 

(1} Il s’agit de l’image d’Horus (d’Edfou) conservée dans le grand temple d’Hathor à Den- 
déra (hri-ib Hr-wt) : c’est donc peut-être la statue destinée à la barque-litière du «sanctuaire 
des barques». Chacune des deux divinités est portée en procession dans son tabernacle parti- 
culier. Les termes de hd et de wîs-nfrw (avec déterminatif de la barque) ne sont pas employés 
avec précision dans notre texte (cf. plus haut, col. 3 ). Il est question, pour cette fête du 9 7 Paoni, 
d un itinéraire des deux divinités a l’extérieur du grand temenos d’Hathor, jusqu’au terrain 
sacré particulier d’Horus d’Edfou, au sud de l’enceinte d’Hathor. II est donc plus naturel de 
prendre ici wts-nfrw d’Horus dans son sens habituel de «barque-litière», et de considérer le 
«tabernacle» {hd) d’Hathor comme celui qu’on plaçait au centre de sa propre «barque». 

(2) Temple et château-divin d’Hathor de Dendéra. Tl h t-ntr , ou : h.t-ntr tn , désignent à coup 
sûr dans les textes des calendriers de Dendéra, le grand temple et son enceinte propre, à l’ex- 
clusion des autres constructions sacrées de Dendéra, de Hl-di, ou d’Edfou. 

(3) Le graveur a écrit 28, par erreur. 

<4) H n’est question ici que de la cérémonie annexe au temple de Dendéra, et nullement de la 
grande procession par le fleuve jusqu’à Edfou, qui durait i4 jours. 

(5) La salle hypostyle du temple : cette salle jouait toujours, quand ce calendrier fut rédigé, 
le rôle de pronaos , aux colonnes ouvertes vers l’espace libre. En effet, on y célébrait le rite royal 
du «lâcher des {oies-Ypr-w» vers les quatre points cardinaux du ciel (cf. texte parallèle d’Edfou, 
col. 27, et note), au cours de la «fête de sa Majesté». 


hb hm«t’é); (puis) on (en) sort en procession, (et) on s'arrête en son «palais» 
(htp m € h-é) W. 

Le 2 7 ; procession d' Hathor de Dendéra et de son ennéade, à l'intérieur de la 
salle de la procession ( 2 ) (h c in Hthr nb-t Iwn-t hn péchU m-k;b wéh-t-h'). On 
y célébré tous les rites, (puis les divinités) s'arrêtent en leur siège. 

Le â e des « cinq jours en plus de l'an» (hrw fd(nw) diw hrw*w hri-w rnp«t) : 
(Col. 26) c'est la belle journée de la «nuit de l'Enfant dans son nid » (hrw pn 
nfr « grh nhn m ss*f») ; (c'est) grande fête en tout le pays. Procession d' Hathor 
de Dendéra et de son ennéade, pendant la nuit qui précède cette journée (m grh 
hr-hj-t hrw pn). On fait le tour de son château-divin ^ (phr h-t-ntr-é) ; on célèbre 
tous les rites , (puis) les divinités s'arrêtent en leur siège . 


(l) Le sanctuaire d’Hathor au grand temple. On ne sortait donc plus hors de ce temple, à 
l’époque d’Auguste, pour célébrer la cérémonie de la fête-sed royale d’Hathor du i* r Mésorê 
(cf. plus haut, cal. d’Hathor à Edfou, note à la col. 27). 

(5) Wsh-t-h' et wsh-t-î't désignent la salle hypostyle du temple. La procession du 27 Mésorê 
rappelle, par le lieu où se déroule toute la cérémonie, la «fête de sa Majesté» du 1 " Mésorê. 
(S) Le terrain sacré du grand temple d’Hathor à Dendéra. 


CHAPITRE III. 


ÉTUDE PRÉLIMINAIRE. APPLICATION LOCALE DES DOCUMENTS. 

1 . — EXAMEN ET DISCUSSION. 


Tels sont les documents conservés sur l’ensemble des fêtes qu’on célébrait 
dans les deux temples associés d’Edfou et de Dendéra. Brugsch est resté, 
jusqu’ici, le seul traducteur de ces textes. Il les a aussi classés selon leur 
nature et le lieu où ils se trouvent; mais il n’a pu éviter deux genres différents 
de confusion entre ces divers «calendriers des fêtes». , 

Il a réuni d’abord sous une même désignation de véritables listes de 
fetes echelonnees sur 1 etendue d’une année solaire entière, et la description 
d une seule de ces fêtes, qui prenait place à une date annuelle déterminée. 
C est seulement aux premières, et non à la seconde, qu’on peut appliquer 
le terme de «calendrier». Il convient donc de séparer des listes le rituel de 
la «fête de la Bonne réunion» à Edfou, à la nouvelle lune d’Epiphi. Ce do- 
cument prend place, au contraire, parmi ceux qui font connaître une seule 
grande solennité d’Edfou, prise en particulier W. 

Une autre confusion, plus difficile à déceler, s’est établie sur les lieux où se 
déroulaient les cérémonies citées dans les listes. Brugsch estime que les calen- 
driers gravés l’un et l’autre à Edfou aux montants des portes nord-est et 
nord-ouest de la cour concernent tous deux les fêtes de la « triade» d’Edfou : 
Horus, Hathor , Harsomtous. D autre part, pour lui, tout rite attesté se rapporte 
au lieu où se trouve le document qui le fait connaître, c’est-à-dire : au temple 

(l) Le texte du rituel de la fête de la Bonne réunion est considéré par Brugsch ( Drei Festk.) 
comme un troisième «calendrier des fêtes», traduit par lui aux pages 12-1 5 (III), 16 (III a), 
et 1 7-1 8 (IV) de son ouvrage ; publié aux planches VII-VIII (partie III), IX (partie III a), et X 
(partie IV). 


d’Edfou seulW. Depuis la publication de l’ouvrage de Brugsch, aucun doute 
n’a été émis sur ces deux points. 

Or,T examen et la comparaison des textes rendent nécessaires les conclusions 
suivantes : 

i° Le calendrier de la porte nord-est de la cour, à Edfou, est réservé au 
culte d’Horus d’Edfou. La déesse Hathor de Dendéra y est considérée comme 
«parèdre» (sauf, bien entendu, en ce qui concerne sa réelle «navigation» 
depuis Dendéra, au mois d’Epiphi). Elle joue dans les cérémonies un rôle 
subordonné à celui d’Horus, et, même à la fête de la « Purification d’Hathor» 
en Pachons, c’est d’Horus d’Edfou et de sa visite au mammisi qu’il est question 
en premier lieu. Le dieu Harsomtous n’est mentionhé que sous son titre local 
de «grand Luminaire». Les divinités de l’ennéade, telles que Khonsou 
d’Edfou, sont citées seulement comme figures divines secondaires, et fêtées 
de la même façon qu’ Horus. 

Quant au calendrier de la porte nord-ouest de la cour, à Edfou, il est, â 
l’inverse de? son vis-à-vis, réservé à Hathor de Dendéra, et aux formes d’Horus 
qui dépendent d’elle : Ihy, son fils-enfant; Harsomtous, le jeune roi divin, 
héritier et successeur d’iïorus-Râ. Horus d’Edfou ne joue qu’un rôle secon- 
daire, en cette liste de fêtes gravée dans son propre temple. 

2 0 II faut aller plus loin : au «calendrier d’Hathor» du temple d’Edfou, il 
ne s’agit pas des fêtes d’Hathor de Dendéra dans le domaine sacré d’Edfou, mais 
uniquement de ses cérémonies dans la capitale de son culte, à Dendéra même. 

Ce fait peut paraître difficile à admettre. Normalement, les inscriptions de 
chaque temple concernent le culte qu’on y rend, et non celui d’un temple 
étranger. Chassinat a pressenti toutefois, mais sur un point seulement et non 
dans toute son ampleur, la vérité qui s’impose sur le « calendrier des fêtes 
d’Hathor» gravé à Edfou. Dans son article : Le temple d’Horus Behouditi à 
Dendéra W, il traduit, en les résumant, les indications données dans ce calen- 
drier sur la «navigation» d’Hathor vers Edfou au mois d’Epiphi (p. 3 oo), 
puis ce qui concerne la fête suivante, celle du 27 Epiphi. S’appuyant sur le 


(l) Cf. Brugsch, Drei Festk v Etnleitung , p. III. 
w Revue de V Égypte ancienne , t. I (1927), p. 298-808. 


< 253 )*- 


fait certain qu’Hathor s’en retourne «vers Dendéra» ( ‘Ivon-t ) à la fin de son 
séjour à Edfou W, il affirme que .toute la fête du 27 Epiphi se passe aussi à 
Dendéra, et que, par conséquent, le « temple d’Horus d’Edfou» ( pr Hr Bhdti) 
où l’on se rend au cours de cette fête est à Dendéra, et non à Edfou. Il ajoute 
(p. 3o2-3o3) : « On objectera peut-être, non sans apparence de raison, que 
l’introduction dans le calendrier d’Edfou d’une cérémonie célébrée dans un 
autre lieu est peu vraisemblable. Le texte, pourtant, ne souffre pas de réserve. 
Il y est expressément dit qu’Hathor va en procession « (au sud de) cette ville W, 
(r réi n ) nw-t tn »; or la dernière localité citée est précisément Dendéra». 

Tout cela est exact ; mais il faut encore y ajouter : il n’y a pas là « introduc- 
tion, dans le calendrier d’Edfou, d’une cérémonie célébrée dans un autre 
lieu», mais bien suite normale d’une énumération de fêtes qui se passaient 
toutes (sauf la «navigation d’Hathor» en Epiphi), au domaine sacré de la 
déesse. Le «calendrier d’Edfou», source de ces renseignements, s’applique 
en effet tout entier, non à Edfou, mais à Dendéra. 

En dehors de l’objection d’ordre général déjà formulée (pour la réfuter) 
par Chassinat, l’examen se heurte à des difficultés d’interprétation : elles 
proviennent du mélange de ce qui revient en propre à chaque divinité. Les 
«calendriers d’Horus» mentionnent aussi les fêtes communes à Horus et 
Hathor, et les fêtes principales d 'Harsomtous en tant que substitut d’Horus. 
Les «calendriers d’Hathor» tiennent compte des fêtes communes à Hathor 
et Horus, des fêtes d’IIarsomtous et d’Ihy, et même de certaines cérémonies 
où le seul Horus d’Edfou semble être en cause. 

Par ailleurs, on a pu penser avec quelque vraisemblance qu’il s’agissait, 
a l’angle nord-ouest de la cour d’Edfou, d’une liste des fêtes d’Hathor et 


(1) Chassinat rapproche avec justesse (p. 3 o i- 3 oa) le récit du retour de la procession fluviale 
vers Dendéra, après 1 4 jours de fête à Edfou. Il tire ce récit du grand rituel de la «fête de la 
Bonne réunion», publié à tort par Brugsch comme un «calendrier», et que nous étudierons 

plus bas ( 4 ' partie). Il oublie, par contre, que le mot : [ ] Dendéra=([ ] ’lwn-t) 

est conservé aussi au « grand, calendrier d’Horus à Edfou» (col. 17), avec une orthographe ré- 
gulière, à la place même où il est attesté (mais avec une orthographe qui laisse place au doute) 
au «calendrier d’Hathor à Edfou» (col. 2 5 ; cf. plus haut). 

(5) A vrai dire, nw-t tn ne représente pas ’Iwn-t. Le premier terme désigne le domaine sacré 
du temple de Dendéra, alors que le second s’applique à la ville entière. Il n’en est pas moins 
exact que tout së passe à Dendéra. 


— **•( 254 )»*• — 

d’Harsomtous complémentaire de celle des fêtes d’Horus qui lui fait face. 
Ce seraient là des cérémonies célébrées eij commun avec Horus à Edfou, 
meme quand le nom de celui-ci n’est pas mentionné. Ces cérémonies pour- 
raient encore venir s’ajouter aux siennes propres, à des dates différentes, sur 
le calendrier général des fêtes du temple. 

Enfin le calendrier de 1 ouest est de beaucoup le plus important par la 
taille ( 3 o colonnes au lieu de 20). Il est aussi relativement bien conservé. 
Au contraire, le calendrier de 1 est se trouve aujourd’hui détruit souvent sur 
les 2/3 ou les 3 / 4 , parfois sur l’étendue presque entière de ses colonnes; 
son interprétation en devient tributaire, pour une grande part, de celle qu’on 
adopte en etudiant le texte de l’ouest. Tout cela 'explique la confusion qui 
existe encore aujourd’hui. 

Cependant, des difficultés nombreuses s’élèvent, si l’on compare avec atten- 
tion les deux calendriers de la cour du temple d’Edfou. Elles restent inso- 
lubles, quand on continue à considérer toutes les cérémonies énumérées aux 
deux listes comme des fêtes d’Edfou. Au contraire, elles disparaissent, si l’on 
se place, pour le calendrier de l’est, au point de vue du temple d’Edfou, et 
pour celui de l’ouest, au point de vue du temple de Dendéra. Voici les prin- 
cipales d’entre elles, et d’abord celles que posent certains mots précis, ou 
certains faits de simple raisonnement : 

i° Fête du voyage d’Harsomtous à Hl-dî , à la nouvelle lune de Fâchons (Cal. 
d Hathor à Edfou, col. 15-17; cal. d’Hathor à Dendéra, col. 21-22). Les 
recherches les plus récentes sur le nom de lieu Hi-di W ont conduit à le placer 
non à Dendéra même, comme on le faisait anciennement ( 1 2 ), mais à l’est du Nil : 
donc sur la rive opposée à celle où se trouvent aujourd’hui les monuments de 
Dendera. Aucune confirmation archéologique 11’a été encore apportée; mais le 
témoignage de certains textes d’Edfou ne peut laisser aucun doute W. Ces 
textes sont : 1) L abrégé du «Mythe d’Horus» (fête du 21 Méchir à Edfou) 
gravé au bandeau de soubassement du mur d’enceinte du temple (ouest, face 
intérieure). On y passe en revue les lieux où Horus massacra ses ennemis, en 


<’> Cf. Wb., III, p. 920 , 10 . 

(,) Cf. Bmjgsch, Drei Festk., p. 5 , I. 7, 9, 1 2, 1 5 ; p. 2 1 , I. 8, 9, 10, 12, etc. 
(J) Cf. Gauthier, D. G., IV, 1 64 - 1 6 5 : khadit, khadit ntrit. 


— 255 )•**— 

descendant sur sa barque de guerre la vallée du Nil. Après un emplacement 
dans la province de Thèbes, vient un autre dans la province de Dendéra. 
Celui-là est : « H l-dî-du-dieu, à l’est de Dendéra » (Hi-di-ntr, hr îib(-t) ’Iwn-t) ,l l 

2) Beaucoup plus significatif est l’épisode concernant le troisième combat, 
au grand texte même du « mythe d’Horus». Horus poursuit ses ennemis : « il 
passe une journée, (tout) prêt contre eux, et il les découvre, sur la (partie) 
nord-est de (la province de) Dendéra » ÇF-n îr-nf hrw w ( grg (K)r-én, gmh-nf 
ê-t \r mht(-t)-iibt(-t) n Dim(-t)). Là-dessus, l’écriture traditionnelle du nom 
de ce lieu est expliquée par les paroles des divinités, selon le procédé constant 
du récit d’Edfou : Et Râ dit à Thot : «les ennemis sont là ( di ) : (voilà) 

« un massacre (pour) toi (hi[y-t]-k é-t)» Et Thot dit : « On dira Hi-di-ntr, 

comme nom de ce lieu saint» W. 

Le lieu où Harsomtous, image d’Horus d’Edfou dans la province de Dendéra, 
allait célébrer sa victoire, à la nouvelle lune de Pachons, était donc bien au 
nord-est de la province, alors que Dendéra était sur la rive ouest. Junker 
s est rallié à cette opinion, et déclare : « le lieu de culte particulier (de l’Har- 
somtous adoré au temple de Dendéra) est Hi-di, qui était situé du côté est 
du Nil » f 3 * 5 L Daressy a tenté une identification plus précise, et pense que 
Hi-di-ntr a occupé le site de la ville moderne de Qena W. Mais il faut pro- 
bablement chercher ce que les anciens Égyptiens appelaient le « nord-est 
de la province» un peu en aval de cette localité. Le «calendrier d’Hathor 
à Edfou» emploie, pour désigner le voyage d’Harsomtous vers Hi-di, le verbe 
caractéristique de : d’, W. Ce terme n’est jamais employé dans le sens vague 
de «voyager (en barque)», mais garde, à toutes époques de la langue, le 
sens de : «traverser (en barque), passer (le fleuve) »( 6 b 

Donc, si le dieu quittait vraiment Edfou pour aller à Hi-di, le mot di ne 
pourrait tenir la place du verbe hd = « descendre (le fleuve) », ou de verbes 


(1) Cf. Edfou , VI, 8 , 10 . C’est le texte cité par Gauthier, par référence à «Dümichen, Tempel- 
inschrift., pl. 102 , 1 . 18 et suiv.». 

Edfou , VI, 11 5, 1. 5-6 et 8 . / 

Junker, Ojiurislegende , p. 86. 

« Cf. B. L F . 4. 0., XII, p. 8 . 

(5) Cf. calendrier d’Hathor à Edfou, col. i5 = Edfou, V, 853, 2 . 

« Cf. m., V, 5n-5i3. 


— «•( 256 )*+■ 


plus généraux comme sm ou épr~ «aller, s’avancer», employés dans le texte 
parallèle du calendrier de Dendéra M. En effet, l’expression : di r Hi-di ne 
peut signifier que : «on traverse (le fleuve en barque) jusqu’à H’-dî » ( 1 2 ). 
Elle s applique parfaitement si 1 on quitte le temple de Dendéra, sur la rive 
gauche du Nil, pour atteindre H>,-di, sur la rive droite opposée, «au nord- 
est de la province », et probablement a peu près en face de Dendéra. 

2° Mention de la fête du î eT Mésorê, à Edfou (cal. d’Hathor à Edfou, colonne 28). 

Le 8 Mésorê est la date qui marque la fin des cérémonies dont il est question 
depuis le 27 Epiphi : c est le retour de 1 image de la déesse dans le sanctuaire 
central du temple (é-t-wr-t : fin de la colonne 27)* O** donne ensuite quelques 
explications complementaires sur « cette fête » {hdt pnj : il s ’agit évidemment 
des douze jours écoulés (27 Epiphi-8 Mésorê). Le premier renseignement est 
l’époquè à laquelle on fixe la fête sur le calendrier vague de l’année en cours W. 
C’est seulement à ce propos que la fête de la «Bonne réunion» en Epiphi 

(1) Mariette, Dendéra, I, pl .62, k (col. 21). Quand, au contraire, on remonte le fleuve en barque, 
comme c’est le cas pour le Voyage d’Hathor vers Edfou en Epiphi, les textes des calendriers 
emploient exclusivement le verbe précis : hnty = «faire voile vers l’amont». 

W B y a approximativement 175 kilomètres à descendre sur le fleuve, du site d’Edfou à celui 
de Dendéra. 

( ' Non pas que ce soit, comme Brugsch le pense, une période de fête liée au calendrier lunaire. 
Dans ce cas, le texte 1 indiquerait nettement, comme il le fait toujours, et en particulier pour la 
période de fête précédente, celle de la «Bonne réunion», qui commence à Edfou «le jour de 
la nouvelle lune d’Epiphi» (col. 2 3). Les jours suivants y sont comptés à partir de la date initiale 
lunaire. Ici, au contraire f toutes les dates (27 Epiphi et suivantes) sont données en chiffres 
simples.. C’est que l’année vague solaire était décalée, à l’époque de Sôter II, sur l’année astro- 
nomique, comme elle le fut presque toujours, sauf quand on ordonnait une correction semblable 
à celle de 237 (an IX de Ptolémée Évergète), connue par le « décret de Canope». Le 27 Epiphi, 
comme toutes les dates solaires indiquées aux calendriers des fêtes, est la date «astronomique» 
(et non la date effective de l’année courante, à laquelle commença la fête en l’an où fut gravé le 
calendrier). Les calendriers ne nous indiquent pas ces dates effectives, mais ils nous informent 
souvent du moment où on fixait chaque année les dates astronomiques, par observation du ciel. 
Le calendrier « astronomique» seul restait lié, par sa nature même, aux saisons vraies, à l’arrivée 
de la crue du Nü, aux phénomènes naturels de toutes sortes avec lesquels devaient nécessaire- 
ment coïncider les cérémonies. Aussi était-ce le seul dont on puisse tenir compte pour le culte : 
mais ses dates devaient continuellement être accommodées aux contingences de l’année vague. Il 
ne semble pas, en effet, que les édits royaux introduisant par exemple un sixième jour supplé- 
mentaire tous les 4 ans (tel le décret de Canope) aient été longtemps respectés, chaque fois 
qu’on en promulga de semblables à toutes époques, dans l’Égypte ancienne. 


"I 


est de nouveau mentionnée. Le second renseignement s’applique encore à la 
période de fête du 27 Epiphi au 8 Mésorê : mais, cette fois, il est question 
des dates auxquelles elle est célébrée dans Edfou. En effet, ces dates ne sont 
pas les mêmes. Malgré la lacune, on peut discerner qu’il s’agit d’une période 
dont le jour initial est le 10 Mésorê. Cette période prend fin avec la fête 
suivante, celle de la «Louange de Moût» (19 au 21 Mésorê). Mais, dans 
ces conditions, comment pourrait-on désigner là une fête célébrée « dans 
Edfou» (m Bhd't), entièrement en Mésorê, si la même fête, dont on vient de 
parler longuement, s’est déjà déroulée à Edfou, du 27 Epiphi au 8 Mésorê? 
Comment la mention même d’une « fête d’Edfou» est-elle possible, du moment 
que toutes les fêtes du calendrier ont lieu, suivant l’opinion reçue jusqu’ici, 
à Edfou? Si au contraire on se place dans l’hypothèse d’un calendrier valable 
pour Dendéra, toute difficulté disparaît dans ce passage. 


3 ° Chassinat, dans son article déjà cité h), démontre, avec d’excellentes 
preuves, que Y (édifice-)m]rw du roi Sésostris, ou «temple d’Horus d’Edfou», 
dont il est question à propos des cérémonies du premier jour de fête (27 
Epiphi) de notre période, se trouve à Dendéra. Il prouve en même temps 
(p. 3 o2-3o3) que toute la cérémonie du 27 Epiphi se déroule à Dendéra. 
Son analyse ne va pas plus loin, car il ne s’attache qu’à la localisation du m’,rw 
de Sésostris (col. 2 5 ). Mais la suite du texte (col. 26 et 2 7) continue à énumérer 
les journées de la même période de fête : le 3 o Epiphi est le « 4 e jour de pro- 
cession d’Hathor de Dendéra» (col. 26), comme les 27-29 Epiphi sont les 
trois premiers de ces jours. Cette énumération ne s’arrête qu’au « 8 (Mésorê), 
(et) 12 e jour de procession des grandes divinités» (col. 27). Donc, de ce 
côté là aussi, il convient d’admettre que tout se passe à Dendéra, y compris 
la «fête de sa Majesté», '« 5 e jour de procession de la déesse». L’épisode 
central de cette fête-sed divine se déroule en un «kiosque» ( h’.y-t ), que 


Chassinat identifie très justement ( 2 ) avec le « kiosque du Roi Ç Wér-ki-R\ 
mri Imn » (c’est-à-dire Ptolémée II Philadelphe) ( 3 >, dont il est question à 
la fin de la colonne 9 du calendrier, pendant la «belle fête de nhb-kî» du 


Revue de l’Égypte ancienne, I, p. 298-308. — m Edfou, V, 358 , note 12. — m Edfou, 
V, 35*, 2. 

Bibl. d’ Étude, t. XX. 





33 


■ " 1 258 )* €"§*■■■• 

29 Choiak. Étant donnée l’identité du lieu de ces deux fêtes, si la cérémonie 
du i er Mésorê se déroule à Dendéra, il faut du même coup admettre que 
celle du 29 Choiak s’y passe également, et non à Edfou. Il faut admettre que 
le «kiosque du roi Ptolémée Philadelphe» est un monument de Dendéra, et 
non d’Edfou. 

4° A la fête du soir du troisième «jour épagomène», la phrase : vod-tw 
k\w(t)-w r (Bhd-t ou mieux) Bhdti est obscure (col. 29 ) M. Si l’on garde la traduc- 
tion de Brugsch : « Man sende die Arbeiter nach der Stadt Hud» comment 
peut-il se faire qu’on envoie les travailleurs vers la ville d’ (Edfou)-Bkd-t, alors 
qu’on se trouve à Edfou même? Une fête qui se déroule à Edfou ne peut 
donner lieu à un tel envoi, qui suppose un changement de lieu. Le terme 
Bfyd-t est équivoque; il peut, avec la même orthographe, désigner, non Edfou, 
mais le (dieu) d'Edfou®. Même en ce cas, si la cérémonie est célébrée à Edfou, 
il est difficile de concevoir qu’il y ait à envoyer des «travailleurs», ou mieux des 
«porteurs» (d’offrandes), sur place. Tout rentre dans l’ordre, au contraire, 
si l’on se trouve à Dendéra. Là, les deux divinités Hathor et Horus d’Edfou 
ont des temples et des terrains sacrés contigus, mais distincts; elles échangent 
des visites réciproques W. Rien de plus normal, et facile à exécuter, que d’en- 
voyer, à la fin d’une fête d’Hathor en son temple de Dendéra, une part des 
offrandes consacrées vers le sanctuaire tout voisin d’ Horus d’Edfou, maître de 
Dendéra ®. 

5° A la fête du 4 Epiphi, on ne dit pas : «on envoie ( wd-tw )», mais : 
«on lève (tj-tw) de nombreuses redevances alimentaires pour le temple de 
Dendéra, jusqu’au mois de Mésorê» ( wdn-w ‘ s’,-w r Pr-Idi (*), nfry-t-r ibd à 
smw) Cependant le verbe wdi est employé, au même calendrier, quand il 
s’agit vraiment d 'envoyer des offrandes en un autre lieu que celui où se trouve 

(1> Edfou , V, 359 , 4-5. 

^ Brugsch, Drei Festk., p. 8 , 1. 17 . 

(S) Cf. par exemple, Edfou , V, 352, 6 (col. i4) : [Aè] Bhdti. 

(4) Par exemple, les 27-80 Paoni (cal. d’Hathor à Dendéra, col. 23-24). 

(5) Edfou , V, 352, 5 (col. i3) : Hr Bhdti nb 3 Iwn t. 

(6) La lecture, dans ce passage, du nom du temple d’Isis à Dendéra est due à Chassinat. 
Cf. Edfou, V, p. 356, note i5. 

(,J Edfou, V, 356, 7 (col. 22 - 23 ). 



- ■ *•( 259 )* « • » * - »- 

le temple. A la fête du 3o Paophi, il y a « procession d’Harsomtous jusqu’au 

didi. On fait une libation (d’eau) aux divinités de H'-di, et on envoie [ ] des 

offrandes à Hi-di-nlr, jusqu’au 6 (Athyr)» (wd-t[w ] htpft) (?) r Hi-di-mlr, 

nfry-t-r hrw 6 ) W. Comment pourrâit-on «faire rentrer, percevoir» des offrandes 
dues en impôt au temple de Dendéra, si l’on se trouve au temple d’Edfou? 
C’est wd-tw qui est attendu, et non ti-tw. Toute difficulté disparaît, si la fête 
du 4 Epiphi se déroule à Dendéra. Cela fait apparaître aussi la justesse du 
verbe wd-tw, employé dans la colonne 8 , puisque Hi-di, sanctuaire particulier 
d’Harsomtous, se trouve sur la rive est du Nil. La fête du 3o Paophi se 
. passe à Dendéra, où Harsomtous possède' droit de cité dans le sanctuaire 
même d’Hathor; mais des offrandes sont envoyées pendant sept jours jusqu’à 
H’-di, de l’autre côté du fleuve. De même, on en envoie du temple d’Hathor 
a Dendera au temple d’Horus d’Edfou, à Dendéra également, à la fin de la 
fête nocturne de l’« Enfant dans son nid»M, au matin du quatrième jour 
épagomène. 

6 ° Le 1 5 Phaménoth, on célèbre une fête dite : Fête d’Horus d’Edfou maître 
de Dendéra (éw i5 : hb Hr Bhdti nb ’lvon-t). Or les termes de nb et de hri-îb, 
suivis d’un nom de lieu, ne sont pas employés d’une façon vague dans les 
textes d’Edfou ou de Dendéra. Ils désignent, au contraire, la nature des 
divinités et de leurs images locales avec précision. Ils s’opposent l’un à l’autre. 
Nb s’applique à un être divin au lieu de son culte propre, là où il est « pro- 
priétaire» de son sanctuaire. Au contraire hri-îb accompagne toujours le nom 
d’une divinité, là où elle est au second plan, et simplement reçue chez le 
véritable « propriétaire» du lieu saint. Dans ces conditions, que peut signifier 
«Horus d Edfou maître de Dendéra», si le calendrier s’applique au culte 
rendu à Edfou? Horus d’Edfou est dit «maître d’Edfou» (nb Bhd-t ) dans sa 
capitale : mais il n’y a, dans les textes d’Edfou, aucune trace d’un culte 
adressé au « maître de Dendéra». Au contraire, si tout le calendrier d’Hathor 
à Edfou s’applique aux fêtes de Dendéra, tout redevient normal. Horus 
d Edfou possède à Dendéra un temple et une enceinte sacrée autonomes (pr Hr 

(1 > Edfou , V, 3 5 o, 4-5 (col. 8). — <’> Cf. Wh., V, p. 346, 26 . — <’> Calendrier d’Hathor 
à Dendéra, col. 26 . 


33 . 


— «.( 260 >m— 

Bhdti), au sud de l’enceinte du temple d’Hathor h). Il y était donc adoré sous 
le titre d’«Horus d’Edfou, maître de Dendéra», et sa fête particulière s’y 
célébrait, le i 5 Phamenoth. A côté de son domaine propre, il était adoré 
aussi en permanence, mais au second rang, dans le grand temple d’Hathor, 
sous le titre d’«Horus (d’Edfou) W-grand-dieu-parèdre-à-Dendéra W» ( Hr 
ntr *i hri-ib Hr-wi). 

7° Inversement, dans tout le « calendrier d’Hathor à Edfou», il n’est ques- 
tion que d ’ Hathor, maîtresse (nh-t) de Dendéra ( 1 * * 4 5 ). Elle est parfois désignée par 
son nom seul : « Hathor » W ; souvent par l’expression : « la déesse » ( 6 ), quand 
son nom vient d’être écrit à peu de distance; l’épithète seule de : «la maî- 
tresse de Dendéra» se présente aussi ( 7 ). Or, s’il s’agissait de V Hathor adorée 
à demeure dans le temple d’Edfou , on la nommerait : Hathor (de Dendéra) « pa- 
rèdre» à Edfou ( Htfrr nb-t ’Iwn-t hri-ib Bhd-t), comme c’est la règle dans les 
textes d’Edfou (8) . En effet, elle ne possédait pas, sur le site sacré d’Edfou,' 
de temple particulier, comme c’était le cas, inversement, pour Horus d’Edfou 
à Dendéra. 

8 ° A la colonne 5 , que signifierait : «le 22 Thot, fête d’Anubis-qui-est- 
dans-Dendéra» ( hb ’Inpw m ’ I-di ), si l’on se trouve à Edfou, où ie dieu Anubis 
est toujours dit : qui est dans Edfou (m Bhd-t), ou : parèdre à Edfou (f, hri-ib 


(1) Cf. i’article, déjà cité,' de Chassinat sur ce sanctuaire (f?. E. A., I, 298-808). 

Ii est bien « Horus d’Edfou » "dans ie temple de Dendéra ; par exemple, en tête de sa barque- 
litière du sanctuaire, derrière celle d’Hathor : Horus d’Edfou-grand-dieu-du-ciel, le « (dieu) 
au -plumage- moucheté » qui sort de l’Horizon (Chassinat, Dendéra , I, A 3 , i 5 à 44 , 1, et 
pl. phot. LVI). 

(5) «Calendrier d’Hathor à Dendéra» : Mariette, Dendéra , I, pl. 62, 1 =col. 23 (fête du 
S 7 Paoni), 

(4) Cf. Edfou, y , 34 g, 8 (col. 6) ; 35 o, 6 (col. 8) ; 35 o, 10 (col. 9) ; 3 5 o , 1 o à 35 1 , 1 (col. 9)'; 
3 5 1 , 9 (col. 11); 354 , 4-5 (col. 17), etc. 

(5) Cf. Edfou, V, 352 , 2 (col. 10). 

( *> Cf. Edfou, V, 35 o, 2 (col. 7); 35 i, 2 (col. 1 0), etc. 

< 7) Cf. Edfou,' V, 3 5 1 , 5 et 6 (col. 10). 

(,) Une seule exception existait à cette règle : c’est la période de séjour de l’image sacrée d’Hathor 

(maîtresse) de Dendéra au temple d’Edfou, pendant les quatorze jours de la fête d’Epiphi. Un fait 
bien connu : le voyage effectif de la statue de la déesse, de Dendéra à Edfou, en donne 
l’explication. 


— -*+( 261 )-+*■ — 

Bhd-t)l II est peu probable qu’on célèbre une divinité, à Edfou, sous le 
titre qu’elle porte à Dendéra, alors que la même divinité y est déjà adorée 
sous son titre d’Edfou. Tout rentre dans l’ordre au contraire, si la fête en 
question se passe à Dendéra. Une difficulté semblable s’élève à propos du 
texte de la colonne 28 : « (i er jour des) Cinq en plus de l’an» : «Naissance 
d’Osiris»; on fait l’Habillement d ’ Osiris-parèdre-à- Dendéra, selon ce qui est 
au cérémonial» ( ir mnh-t n Wéir hri-ib ’Iwn-t, mi nty r nt-) W. Le premier 
des cinq jours épagomènes était, dans tous les temples d’Égypte, une des 
grandes fêtes d’Osiris. Chaque sanctuaire honorait le dieu sous sa forme 
locale, et il en existait une particulière à chaque temple. A Edfou, Osiris 
est dit, par exemple : « Osiris -Sokaris , grand dieu parèdre à Edfou, le 
grand Pilier à la sainte image »( 2 ), ou bien : «Osiris, grand dieu parèdre à 
Wts(-t)-Hr »®,« Osiris qui est dans [Edfou-) Db’,^. Nulle part, on ne voit 
apparaître un Osiris-parèdre-à-Dendéra, qui serait aussi l’Osiris local lui- 
même, honoré à la grande fête annuelle de la « Naissance d’Osiris». Il faudrait 
alors supposer que non seulement la véritable « Hathor maîtresse de Dendéra » 
est installée efl permanence à Edfou, mais encore qu’elle n’y est en contact 
qu’avec les divinités locales de Dendéra ! Cette hypothèse est contredite par tous 
les textes du temple d’Edfou. Il convient donc de reconnaître que le Calendrier 
des fêtes d’Hathor, gravé à Edfou, ne concerne que le culte rendu à Dendéra. 

9 0 Au début de la colonne 3 , on trouve une fin de phrase, échappée à la 

destruction du reste, et par cela même assez énigmatique : « [ ] n ntr-w 

n H’-di nty m Bhd-t mit-t» W. Brugsch traduit : « [Opfergabe (?)] den Gôttern 
von Tentyra, welche in Hud sind, in gleicher Wei^e»^. Or il est certain 
que H’-di n’est pas Dendéra, mais une localité sur l’autre rive du fleuve. 
Ces divinités de H’-di sont-elles donc spécialement adorées à Edfou comme 
divinités «parèdres»? Aucun texte d’Edfou ne vient témoigner en faveur de 

cette hypothèse. Au lieu de traduire : [ On verse une libation d’eau (?)] 

pour les divinités de 11 ;-dî qui sont dans Edfou, de même, il vaut mieux com- 
prendre, de façon au moins aussi vraisemblable selon l’usage grammatical, 


Cf. Edfou, V, 35 g, 1-2 (col. 28). — « Cf. Edfou, I, 177, 17-18. — « Cf. Edfou, I, 
178, 9. — (4) Cf. Edfou , I, 179, 1 4 . — W Cf. Edfou, V, 348 , 8 (col, 3 ). — w Brugsch, 
Drei Festk., p. i (col/ 3 ). 

Bibl. d’ Étude, t. XX. 


34 


• >» ( 262 )•#+*— 

et bien plus satisfaisante pour le sens : [ On verse une libation d’eau (?)] 

pour Us divinités dfeHî-di, (et pour) celles ( qui sont) dans Edfou, également. Mais, 
bien entendu, dans ce cas, il faut considérer ce rite comme accompli à Den- 
déra, distinct aussi bien de Hî-dl que d’Edfou W. 

1 o° Le jour de la « fête de la lune » de Pharmouthi est réservé à un « Accou- 
chement de la déesse» (méw-t-ntr-t)®. Ce n’est pas celui d’Hathor de Dendéra 
qui est en cause : il était commémoré à la pleine lune de Pachons W. C’est 
de celui de la déesse Isis qu’il s’agit : le jeune Horus qu’elle est censée mettre 
au monde est le fils d’Osiris. A cette fête bien distincte correspond une pro- 
cession particulière, dans une enceinte sacrée dont la déesse fait le tour ( phr 
nvD't-é în nlr-t tn). Si la cérémonie se déroule au temple d’Edfou, il faut con- 
sidérer l’expression : « son enceinte» comme désignant celle du temple d’Horus 
d’Edfou. Il ne semble pas, en effet, qu’Isis ait jamais possédé, sur le, site 
sacré d’Edfou, un sanctuaire distinct de celui du « Grand-dieu-du-ciel». Or 
une expression semblable, exprimant la communauté dans la possession du 
lieu saint, entre Horus et une autre divinité placée sur un pied d’égalité avec 
lui, ne se rencontre pas dans les textes du temple. Au contraire, à Dendéra, 
Isis possédait en propre, derrière le grand temple d’Hathor, un sanctuaire en- 
touré d’une enceinte W. Aussi est-il naturel que sa procession garde un caractère 
autonome, par rapport aux cérémonies de l’Hathor du grand temple. 

2 . — CONSÉQUENCES. 

A) Calendrier des fêtes d’Hathor à Dendéra, gravé à Edfou. 

< 

Si l’on accepte l’existence d’un « calendrier des fêtes» gravé à Edfou à l’usage 
du culte de Dendéra, certaines conséquences en découlent pour la marche de 

( * Du point de vue de la liturgie d Hathor a Dendéra, il y a une grande analogie entre la de- 
meure du dieu d’Edfou, et celle du dieu de Hl-di. Harsomtous est Horus-roi d’Égypte, régnant 
sur terre, comme le dieu d’Edfou est le roi du ciel et de l’univers. C’est aussi à III -di que, d’après 
la légende d’Edfou, Horus avait remporté une de ses victoires terrestres sur « Seth et sa tribu». 

(,) Edfou, V, 35 a, 7-8 (col. i4). 

(3) Edfou, V, 354 , 4-5 (col. 1 7). Il ne s’agit pas non plus de celui de la déesse Iousâs, qui est 
aussi Hathor de Dendéra : la fête en tombe le 11 Pachons (cf. Edfou, V, 355 , 5 = col. 19). 

,4) Le terrain sacre était ’ldt; le temple était Pr-’Idi. Isis, dans le sanctuaire des barques de 
Dendéra, est dite : maîtresse d '“ldi, parèdre à ’lœn-t (Chass., Dend., I, 61, i4). 





— »•*•( 263 )•«-**— 

la construction des édifices et celle de leur décoration, sur les deux sites sacrés. 

Le Calendrier d’Hathor à Edfou fut très probablement gravé sous Ptolémée VIII 
Sôter II, ou Ptolémée IX Alexandre I er , dont les deux règnes couvrent la 
période qui va de 1 16 à 80. La date la plus tardive possible serait le début 
du règne de Ptolémée XI Aulète (8o-5i)(‘). Or, vers 80, la reconstruction 
du temple de Dendéra sur son plan actuel était probablement assez avancée ; 
les cryptes souterraines et les fondations étaient, semble-t-il, complètes, et 
le temple proprement dit n’était peut-être pas loin d’être achevé < (l) 2 3 4 L Le culte 
pouvait donc déjà s’y exercer; mais la .décoration était en retard sur le travail 
des architectes. On travaillait à cette époque à la gravure des parois des 
cryptes, qu’on n’acheva pas complètement sous Aulète W (après 80). Il est 
donc possible qu’il y ait eu intérêt à ne pas attendre plus longtemps pour 
graver, en un lieu accessible, le calendrier des- fêtes du temple de Dendéra. On 
ne pouvait encore le faire, à cette date, dans la partie construite du nouveau 
sanctuaire d’Hathor. *Mais les relations cultuelles étaient étroites entre les 
deux grands temples de Haute Égypte : les travaux de décoration semblent 
avoir été menés des deux côtés d’une façon semblable W, quoique avec un 


(l) Cf. les cartouches royaux les plus proches du calendrier, qui n’est pas lui-même daté : 
Edfou, V, 58 , 18, à 5 g, 1-2 (Sôter II, a* règne); Edfou , VI, 56 , 1-2 (Alexandre I er ). Voir 
aussi Chassinat, Avant-propos au vol. V, p. v-xi. Ptolémée X Alexandre II ne régna que dix-neuf 
jours, en l’an 80. Pour reporter la décoration des montants intérieurs de la porte nord-ouest 
de la cour à l’époque d’Aulète, il faudrait supposer que leurs surfaces aient été laissées vides, 
au milieu d’une décoration entièrement achevée sous Sôter II (a* règne),. 

(a) Cf. Mahàffy, The Empire of tke Ptolemies, p.i^etMa.Ily avait environ 3 o années (1 1 0-8 o) 
qu’on travaillait à la reconstruction du temple de Dendéra, vers 80 . 0 r, il a fallu 3 1 ans à Edfou 
pour arriver à un stade semblable, puisque, commencé en 237 (an 10 d’Évergète I er ), le gros 
œuvre de tout le temple, y compris, semble-t-il, la salle hypostyle wsh-t-h \ était achevé et clos 
de ses portes, en 206 (an 16 de Philopator) : cf. Edfou , VII, 6, 3 - 6 . 

(3) Le temple de Dendéra ne comporte pas de texte historique sur les étapes de sa construction, 
qui soit comparable à celui du temple d’Edfou (Edfou, VII, p. 6-9). Les plus anciens cartouches 
royaux inscrits, à Dendéra, sont ceux d’Aulète, dans les cryptes souterraines du temple (cf. 
Mariette, Dendéra , III, pl. 7 a-b-c, 8, 9, etc.). Dans le sanctuaire et les abords, tous les cartouches 
ont été laissés vides : on ne trouve aucun cartouche inscrit avant ceux de‘la chapelle de la 
«Fête du i fir de l’an» (n> c &(*f)) ; ce sont ceux de Cléopâtre VII (la grande), et de Césarion 
(ou Ptolémée XIV) ( 5 i- 3 o) : cf. Chassinat, Dendéra, IV, p. 216. 

(4) Cf. plus haut : i re partie, chap. vi (existence de compositions semblables sur la moralité 
du clergé des temples, à Edfou et Dendéra). 

34 . 


# 


i 


— «-►( 264 )*« — 

retard considérable de Dendera. On grava donc le calendrier des fêtes du 
temple de Dendéra, à Edfou. Une fois ce document important «éternisé» 
dans la pierre du temple allié, le clergé de Dendéra attendit jusqu’aux 
règnes de la grande Cléopâtre et d’Auguste, pour faire graver d’abord le 
«petit calendrier» de la crypte n° 9, puis la grande «liste des fêtes» de la 
salle hypostyle, dans son propre temple. 

D ailleurs, le «calendrier d Hathor a Edfou» n’est pas seul à conserver, 
au lieu où il se trouve, le souvenir des faits essentiels du culte de Dendéra. 
Il existe en face de lui, sur tout le montant sud de la même porte, un autre 
texte. Celui-là s applique d’une façon si caractéristique au sanctuaire de Den- 
déra, que sa nature n’a pu échapper aux premiers éditeurs des temples pto- 
lémaïques. Mariette, dès 1870, en tête de sa grande édition du temple 
d’Hathor, a consacré une planche à cette inscription d’Edfou, sous le titre 
de^ Document relatif à Dendéra, tiré de la grande cour du Temple d’Edfou «. 
Il s agit de la «liste des noms sacres» en usage à Dendéra, dont nous avons 
déjà parlé plus haut, à propos du parallélisme dans la décoration des deux 
portes nord-est et nord-ouest de la cour du temple d’Edfou ( 1 2 K L’importance 
de ces deux éléments de décoration des temples ptolémaïques, si souvent 
associés ( 3 4 >, était grande certainement. Le seul fait que le - « calendrier d’Hathor 
à Edfou» soit placé à dessein en face d’une «liste des noms sacrés» valable 
pour Dendéra W, constitue, par comparaison avec les documents semblables, 
la plus forte des présomptions en faveur de l’avis soutenu ici. 

Au temple d’Edfou, la liste des noms sacrés, comprenant la plus ancienne 
liste des J e tes, fut gravee au soubassement de la «salle de l’ennéade», dès le 
règne de Philopator : c’est-à-diré, dès que l’état d’achèvement de la construc- 
tion et de la décoration permit de reprendre l’exercice du culte dans le nouveau 


( ' Mariette, Dendera, I, pl. k ; titre pius complet : table des planches, p. 1. Publié aussi par 
de Rougé parmi les textes d’Edfou (Inscriptions et Notices, I, pl. XXXII). 

(5) Mariette n a pas pressenti que le texte d’en face concernait, lui aussi, uniquement Dên- 
déra, 

<3) Gf - P lus haut : «calendriers des fêtes», n“ I, II, III, IV. Seul le n” V (salle -hypostyle de 
Dendera) n est pas associé à une «liste des noms sacrés». 

^ De même que, sur les montants de la porte au nord-est de la grande cour, le calendrier 
d Horus fait pendant à une liste des noms sacrés en usage à Edfou. 


265 )« t i » ‘ 

sanctuaire W. Il en fut de même, semble-t-il, sous Ptolémée Sôter II, à l’époque 
où le culte fut rétabli, ou sur le point de l’être, au nouveau temple d’Hathor. 
Mais c’est au temple d’Edfou, au moment où l’on décorait les deux portes 
de la cour, qu’on grava le premier «calendrier» destiné au temple de Den- 
déra 

9 — 

B) Edifices sacrés d'Edfou et de Dendéra . 

* Du fait que le « calendrier d’Hathor à Edfou» concerne le culte de Dendéra, 
une* autre conséquence importante découle. C’est que tous les édifices sacrés 
mentionnés dans ce texte se trouvent, non à Edfou, mais à Dendéra. Ce sont 
donc les mêmes qui sont cités dans la « liste des fêtes » de la salle hypostyle 
de Dendéra, à l’époque d’Auguste ( 3 ). Enumérons-les rapidement W : 

1. Pr-mê (Edf. y col. 2, etc.; Dend col. 6, etc.) < 5 ), et : h-t-nmî-t (. Dend 
col. .6, 7, 22). Au « calendrier * d’Hathor à Edfou», où l’on ne trouve 
que pr-mé , c est le «mammisi» le plus ancien de Dendéra, construit sous 
Nectanébo, et achevé sous les premiers Ptolémées. C’e^t là que se trouvent la 


(1) II est évident qu’on n attendait pas la fête de consécration solennelle des temples complè- 
tement décorés, pour y reprendre l’exercice du culte. A Edfou, quand on cessa de travailler au 
temple proprement dit, on célébra cette fête, 95 ans après la pose de la première pierre, en l’an 

28 du règne de Ptolémée VII Évergète II (lia) : cf. Edfou , VII, 7, 6, à 8, 7. On décrit dans ce 
texte l’installation définitive du dieu dans son temple. La confrérie de Dendéra y participa : 

«hommes et femmes ensemble, ivres de vin, oints d’onguent parfumé, des couronnes de fleurs 
au cou». Or, c’était avant qu’on commençât les travaux de reconstruction du grand temple 
de Dendéra : on ne le fit que vers 1 10 av. J.-C. (cf. plus haut). 

(4) 0n pourrait penser aussi que, étant donnés les rapports intimes entre les cultes d’Edfou 
et de Dendéra, on tint à avoir sous les yeux, au temple d’Horus à Edfou, le calendrier des fêtes 
du temple d’Hathor. Plusieurs de ces fêtes coïncidaient d’ailleurs avec celles d’Edfou, ou se 
célébraient de façon identique dans les deux temples (par exemple la «fête du Couronnement», 
commune à Edfou et à Dendéra), Cependant la réciproque n’eut pas lieu, à Dendéra. 

w 5 o à 80 ans plus tard, environ. 

(4) Ces questions de topographie du site de Dendéra sont, par leur nature même, en dehors 
du sujet que nous traitons ici. Un certain nombre d’entre elles ont déjà été abordées dans les 
notes aux deux grands «calendriers d’Hathor», plus haut. 

Dans cette liste : Edfou signifie : « calendrier d’Hathor à Edfou» ; Dendéra signifie : « grand 
calendrier d’Hathor à Dendéra». Les premières références à chacun des deux textes sont seules 
données. 


• — ►*•{ 266 )•*+ — 

« salle de l’or» (rwy 4 n d'm; Edf., col. 18), et le naos (§ly 4 ) « spé-htp » (Edf., 
col. 19). H-t-nmi-t n’est employé qu’au «calendrier d’Hathor à Dendéra». 
C’est une périphrase spéciale (=la «demeure du lit»), a lors- que pr-mê désigne 
tous les édifices construits pour 1’ « accouchement de la déesse» auprès des 
temples d’époque récente. Il faut peut-être en conclure que b 4 -nmt 4 (qui 
alterne avec le terme_général pr-mé) désigne le nouveau « mammisi » de Den- 
déra, construit sous Auguste, à l’époque où fut gravé le calendrier. 

2. Hfty-hr (Edf., col. 2 = wéh-t m fynty n h-t-nir tn, Dend., col. 17). Voir 
la note à la colonne 1 7 du « calendrier d’Hathor à Dendéra». Le grand pronaos 
(hnty) n’existait probablement pas encore dans la première partie du règne 
d’Auguste; à plus forte raison, à l’époque de Sôter II. C’est la salle hypostyle 
wéfi-t-y qui faisait office, semble-t-il, de « salle de façade» (hfty-hr), à Dendéra. 

3 . P(i) didi-nêw 4 (Edf, col. 8, etc..; Dend., col. 5 , etc.). L’édifice ainsi 
désigné se trouvait, semble-t-il, dans la partie «sud-est» (orientation an- 
cienne) W du terrain sacré de Dendéra. C’était un but très fréquent de pro- 
cession pour Hathor et surtout pour Harsomtous W. Il existait aussi une 
construction portant le même nom, sur le terrain sacré de Hi-dî : elle servait 
au même usage que celle de Dendéra, pour Harsomtous W. Un troisième édi- 
fice, situé en face du temple d’Horus, à Edfou, semble avoir été réservé à des 
usages analogues : il est connu sous les noms de pr Bik-nhw ou de ésd-t n 
$ilw®. L’expression : pjfj dldi-néwt paraît signifier : «la salle du trône 
royal». Elle est probablement apparentée au vieux substantif didw (Wb., V, 

527, 11-1 5 ). L’orthographe en est influencée par celle de did ’,4 = conseil* 
(Wb., V, 528). Au «calendrier d’Hathor à Edfou», le mot néw 4 est écrit 
par la plante êw 4 , intercalée avant fe déterminatif; au «calendrier d’Hathor 
à Dendéra», le faucon (roi divin) lui est substitué. Les rites du didi-néw 4 

(1) C’est-à-dire nord-est, selon l’orientation géographique réelle. 

m Edfou, V. 35o, 6 (col. 8 ) : fête du 29 Athyr. Edfou, V, 35 1 , 1 (col. 9 ) : fête du 29 Choiak. 

(,) Mariette, Dendéra, I, pl. 62 , g (col. 5) : fête du 2 Thot. Mariette, Dendéra , I, pl. 62 , h 

(col. 8 ) : fête du 1 o Thot. Edfou, V, 35o, 4 (col. 8 ) = Mariette, Dendéra, I, pl. 62 , i (col. 1 2 ) : » 

fêté du 3o Paophi. Edfou, V, 355, 1 (col. 18 ) : fête de la -pleine lune de Pachons. Edfou, V, 

358, 3 (col. 26 ) : fête du 3o Epiphi. 

<4) Edfou, V, 353, 3-4 (col. 16 ) : fête de la nouvelle lune de Pachons. 

,;s ' Voir plus loin, l’étude consacrée à la fête du Couronnement royal d’Horus d’Edfou. 


. — *■#•( 267 y ** — 

à Dendéra et à Hi-di étaient donc, semble-t-il, des rites royaux, symboles 
des couronnements et des fêtes-sed. Harsomtous, Horus, Hathor en tant 
que reine du monde, allaient probablement dans ce but au didi-néw 4 . 

h. Tp-s (Edfou, col. 10 = tp-n-spn, I)endéra, col. 16;* tp-s, Dendéra, col. 19). 
Il s’agit du débarcadère où étaient amarrées les barques fluviales du temple 
de Dendéra, à l’extrémité du canal la plus proche du sanctuaire d’Hathor. 

11 y avait là un « kiosque (hiy 4 ) », où l’on exposait l’image d’Hathor, au cours 
de la fête qui commémorait sa «Navigation» au retour de Nubie, du 1 9 Tybi 
au 4 Méchir. Voir la note à la colonne 16 du «calendrier d’Hathor à Dendéra». 

5 . Pr-sntly 4 (Edfou, col. 9). Il s’agit des deux sanctuaires d’«Osiris- 
Khentamenti, le grand dieu parèdre à Dendéra», où l’on célébrait la veillée 
funèbre d’Osiris en Choiak, sur la terrasse du temple de Dendéra M. Voir 
la note à la colonne 9 du « calendrier d’Hathor à Edfou». Ils étaient peut-être 
déjà construits aux environs de l’an 80 av. J.-C., au «nord» et au «sud» 
de la partie supérieure de la salle hypostyle ( 1 2 * ), mais ils ne furent décorés que 
beaucoup plus tard. . 

6. Le (temple-)m’,rw (pl mlrw) de ( SésostîTs , ou «temple d’Horus d’Edfou», 
a déjà été reconnu comme un des monuments de Dendéra par Chassinat. 
Le fait que tout le calendrier d’Hathor à Edfou est valable pour Dendéra vient 
à l’appui des preuves déjà produites par lui t 8 ). Sur le nombre des construc- 
tions secondaires énumérées par lui dans ses deux articles, seuls le mlrw réi 

(ou mammisi d’Edfou), le mlrw du Roi ( j |, dont le nom est « hs-ki» ( 4 ) 

(cité aux textes de la «Navigation d’Hathor» en Epiphi), et le mlrw du roi 
Ménibré » ( 5 * * ) (ou temple du Faucon vivant; mentionné au « calendrier d’Horus 
à Edfou», à propos de la procession du 29 Athyr) existent encore ou ont 
réellement existé sur le site d’Edfou. 

/ <l> Cf. Chassinat, Dendéra, I, pl. phot. XLIV (cartouches royaux du dieu). 

(,) Mariette, Dendéra, IV, pl. 45 - 5 o (les 12 heures de nuit, au «nord»); pl. 5 i -56 (les 

12 heures de jour, au «sud»). 

(5) Cf. plus haut, pages 252 et 253 - (2°); pages 257 et 258 (3°). 

« Cf. Edfou, V, 34 , 5 - 6 . 

« Cf. Edfou, V, 3-98, 2. 



268 ) 

7. Quant au kiosque (hîy*t) du Roi ( Wér-ki-R\ mri ’lmn ^ (ou Ptolémée II 
Philadelphie), encore tenu par Chassinat en 1980 pour un des monuments 
d’Edfou ù), il doit être reporté, comme le mlrw de fSésôstris , sur le terrain 

sacré de Dendéra ( 01 2 * ). Son emplacement est à rechercher dans la proximité 
immédiate du grand temple d’Hathor. En effet, la procession des 29 et 3 o 
Choiak (fête de Nkb-ki), sortie de ce temple, et ayant atteint le didi-néw-t, 
revient en arrière ( éti ) vers son point de départ, et fait halte au « kiosque» W, 
avant de l’atteindre. L’image d’Hathor y passait, semble-t-il, la nuit du 29 
au 3 o Choiak. 

Le kiosque de Ptolémée Philadelphe disparut probablement entre l’époque 
où l’on grava le calendrier d’Hathor à Edfou et celle où fut composé celui de 
Dendéra 


C) Nature réelle du « Voyage d’ Harsomtous vers IJ’-di». 

■ Une dernière conséquence importante doit être tirée du fait que le « ca- 
lendrier d’Hathor à Edfou» concerne le site de Dendéra. La fête du «Voyage 
d’Harsomtous ver's H’,-di)>, à la nouvelle lune de Pachons, a longtemps été 
considérée comme une visite réelle rendue par Horus, partant d’Edfou, 
à la déesse Hathor en son temple de Dendéra. On a voulu y voir un pèlerinage 
en sens contraire, conduit par le clergé d’Edfou auprès de la déesse alliée, 
au mois de Pachons. Le clergé de Dendéra au mois d’Epiphi aurait, en ame- 
nant la statue de la déesse à Edfou, rendu les mêmes honneurs au dieu visiteur. 

Il n’était rien de tout cela. En effet, H’,-di n’est pas un des noms de 
Dendéra, comme on l’a cru; de plus, ce n’est pas d’Edfou que part Har- 
somtous en Pachons, mais de Dendéra. Il n’y a donc pas eu de visite 
rendue par le dieu d’Edfou à la déesse de Dendéra. Le voyage d’Harsomtous 


01 Cf. Chassinat, Le mar du roi Ménibrê, à Edfou ( B . I. F. A. O., XXX, 1981), p. 3 oo. 

P) Par conséquent, la remarque de Chassinat sur ce témoignage de l’intérêt que portèrent 
les rois Lagides aux grands sanctuaires du sud de l’Égypte, «beaucoup plus tôt qu’on ne 
l’imagine généralement», garde toute sa valeur; mais c’est au temple de Dendéra, et en 
faveur d’Hathor, qu’il faut l’appliquer (même article, p. * 3 oo, 1 . 7-1 A) . 

<’> Cf. «calendrier d’Hathor à Edfou», col. q = Edfou, V, 35 1, 2. 

< 4 ) Cf, plus haut, note à la colonne 27 [fête de sa Majesté, le 1" Mésorê). 


—« ■ » •( 269 )•+* — 

vers Hi-di est un fait local; il n’intéresse que le culte de la sixième province, 
et non celui de la seconde, en Haute Égypte. Par ailleurs, les deux rédactions 
d’Edfou et de Dendéra pour la fête de Pachons sont toutes entières conçues 
à la gloire unique d’Harsomtous le dieu-roi, figure renouvelée de son père, 
vainqueur de ses ennemis. Rien n’y indique qu’Hathor ait participé si peu 
que ce soit aux cérémonies célébrées à H’,-di. Le Voyage d’Harsomtous à 
H’,-di n’a aucune ressemblance avec la fête de la Bonne réunion à Edfou, 
où la barque-litière de la déesse était sans cesse accompagnée de celle d’Horus. 
Le «calendrier d’Hathor à Dendéra» affirme seulement, de façon très nette, 
qu’Harsomtous retourne après la fête vers le «temple de la Vénérable (déesse) » : 
donc sûrement à Dendéra. Gomme il s’agit manifestement de la même fête 
d’Harsomtous en Pachons aux deux calendriers, il faut constater une fois 
encore que le «calendrier d’Hathor à Edfou» ne concerne que ce qui se 
passe à Dendéra. 

Les deux divinités n’étaient donc pas placées sur le même plan. Le dieu Horus 
ne quittait pas son sanctuaire; seule la déesse alliée lui rendait visite, une 
fois l’an. Ce fait s’accorde avec tous les textes gravés dans les deux temples. 
A Edfou, toutes les parties de la demeure d’Horus attestent l’arrivée de la 
déesse de Dendéra -à la nouvelle lune d’Epiphi (0, Au rituel de la fête est 
réservé tout le soubassement des deux pylônes, du côté de la cour; cet en- 
semble raconte en détail la visite réelle de la déesse. Par contre, les textes 
d’Edfou sont muets, à l’exception du «calendrier d’Hathor», sur un départ 
d’Horus en barque vers Dendéra. Les textes de . Dendéra, comme il est 
naturel lorsqu’Hathor est au premier plan, attribuent moins d’importance 
au départ de la déesse pour Edfou W. Le «grand calendrier d’Hathor», qui 
est aussi le plus récent, ne mentionne, à la date de la nouvelle lune d’Epiphi, 
que la procession de la déesse dans son propre temple, et nullement les fêtes 
qui commençàient ce jour-là en son honneur au domaine sacré d’Edfou. 
Inversement, pour Horus d’Edfou, les textes de Dendéra ne révèlent aucun 


* 

fl) Cf. plus bas ( 4 * partie), l’étude particulière de cette fête. 

(J) Il est probable que ce déplacement d’une statue d’Hathor de Dendéra vers un sanctuaire 
allié n’était pas le seul, chaque année. Au moins un autre semble attesté par le « calendrier 
d’Hathor à Edfou» : la «Navigation d’Hathor vers Pîh-t (près de Beni-Hasan), le sanctuaire des 
sept Hathors», au mois de Méchir (col. 12-1 3 ). 



— « »» *( 270 )»«■ » • 

voyage qui l’ait amené de son temple lointain. Les déplacements d’Horus 
d’Edfou à Dendéra sont ceux de son image locale, adorée à demeure dans son 
sanctuaire tout voisin : le «m’,rw du roi Sésostris», au « sud» du temple d’Ha- 
thor, ou encore ceux de sa statue placée dans la demeure même de la déesse'! 1 ). 

3 . — VALEUR DES DOCUMENTS 
POUR LA CONNAISSANCE DU CULTE D'HORUS À EDFOU. 

Tels sont les résultats de l’étude -préliminaire des deux grandes « listes des 
fêtes» du temple d’Edfou. Il était nécessaire, avanj d’aller plus loin, de cri- 
tiquer la valeur de chacun de ces documents, dans un seul but : décrire le 
culte adressé au dieu d’Edfou, et à lui' seul, dans son propre domaine. 

Le nombre des «calendriers des fêtes» réservés au culte d’Horus passe 
ainsi, de trois, à deux seulement : celui de la porte de la « salle de l’ennéade», 
et celui de la porte nord-est de la grande cour, au temple d’Edfou. Le pre- 
mier ne donne que des dates, sans aucune indication particulière. Il n’en 
est pas moins précieux, car il est de beaucoup le plus ancien! 2 ). Sa liste res- 
treinte semble s’adresser uniquement au seul dieu « propriétaire» du temple, 
et sauvegarder seulement les dates de ses fêtes les plus importantes, à la fin 
du m e siècle av. J. -G. 

Le second est complet. Développé sur 20 colonnes, il trace le cadre annuel 
dans lequel se déroulait tout le culte de fête à Edfou, au début du i er siècle 
av. J.-G. < 3 ). Par malchance ce seul tableau développé que le temple d’Horus 
ait gardé de l’ensemble de ses fêtes est aussi le plus mal conservé de tous 
les «calendriers», à Edfou et à Dendéra. De vastes fragments tombés de la 
surface de la pierre, et aujourd’hui remplacés par du ciment, font que, sur 
20 colonnes, deux seulement! 4 ) restent tout à fait intactes. Plus d’un tiers 
— , — ^ — : >. .1- : - v .. - . . . 

Cf. la procession d’Hathor et d’Horus (d’Edfou), entre le grand temple d’Hathor et le 
temple d’«Horus d’Edfou-maître-de-Dendéra» pendant quatre jours, du 2 7 au 3 o Paoni. 

(S) Règne de Ptolémée IV Phiiopator, probablement entre l’an 10 (212) et l’an 16 (206). 

^ Environ i 3 o ans après la mise en place du premier. 

{4) Colonnes 5 et 6. La colonne 7 est également presque indemne : cf. Edfou , pl. phot. 490- 
491, et 489. 


V 


— «.( 271 )•«— 

du texte est ainsi perdu. Il est cependant possible de compléter, avec une 
probabilité suffisante,- une partie de ces lacunes, par comparaison avec les 
textes des «calendriers d’Hathor» composés pour Dendéra. En effet, Horus 
d’Edfou était adoré à Dendéra en compagnie d’Hathor, au cours de fêtes 
semblables. Par ailleurs, Hathor célébrait aux- mêmes dates, à Dendéra, un 
certain nombre de fêtes d’un caractère très proche de celui des fêtes 
d’Edfou. 

Notre dessein est donc, dans les pages qui vont suivre, de dresser le tableau 
annuel des fêtes d’Horus dans son temple d’Edfou, d’après tous les renseigne- 
ments que peuvent livrer sur elles les « calendriers» des deux temples réunis. 
Le dieu y doit être honoré au premier plan ; mais souvent une autre divinité 
telle qu’Hathor lui est associée, avec un rôle presque équivalent. Dans tous 
les cas les dieux du temple d’Edfou, constitués en une «ennéade» de com- 
pagnons divins ( péd-t ), accompagnent la ou les divinités .principales pour 
partager les honneurs rendus à celles-ci. Enfin, à titre de fêtes ayant droit 
de cité dans la maison du dieu d’Edfou, il convient de tenir compte d’un 
certain nombre de solennités qui donnaient le premier rôle à des divinités 
parèdres dans le temple d’Horus. 


CHAPITRE IV. 


FÊTES D’HORUS AU TEMPLE D’EDFOU. 

1 . — FÊTES DE LA SAISON ’>h-t (I À VI). 

!• « Fêtes du siège de la Première fête», de Mésorê à Thot ( premier renouvellement 
de l’année, en tête de la saison 

Elles comprennent le groupe entier des jours fériés à l’époque* du change- 
ment d’année : le 3o Mésorê et les cinq jours épagomènes; le i er Thot, et 
les quatre journées qui le suivent. 

i° Au temple' d’Horus à Edfou, le 3o Mésorê est une «fête de l’habille- 
ment» (hb mnh-t ) d’Horus. Elle se déroule au «siège de la Première fête», 
c’est-à-dire dans la «cour du Nouvel an», où une grande offrande est ras- 
semblée ( ïbdfi-w ), et à l’intérieur du «lieu-pur» (w'è(.f)), qui domine cette 
cour. Le dieu dans son naos, entouré des tabernacles des 'divinités de son 
ennéade, y est l’objet d’un service très complet de purification, d’habille- 
ment, et de parure : ce sont les rites du livre sacré du « siège de la Première 
fête». 11 n’y a pas de procession vërs la terrasse du temple : le naos d’Horus 
est rapporté au sanctuaire, pour laisser la place, le jour suivant, à l’image 
d’Osiris. 

2 ° Le premier jour épagomène : «Naissance d’Osiris», est précédé d’une 
«veillée» ( mêy-t ) du dieu W; il est réservé aux purifications et à la parure de 
l’image de « Sokar-Osiris », parèdre au temple d’Edfou; le dieu est placé, ce 
jour, au premier rang à côté d’Horus, d’Hathor et des autres divinités de 


{l) Cf. Wb., II, 1&2, 16 et i 43 , 2 = Belegstellen, mêmes références. 
Bibî. d' Etude, t. XX. 


35 



— «.( 274 >«— 

l’ennéade. La cérémonie ne peut guère se dérouler autrement que la précé- 
dente, dans 1 édifice w'b(-t) du temple, construit pour toutes les «fêtes de 
1 habillement» des dieux d’Edfou. L’image d’Osiris installée dans la cha- 
pelle des purifications était, semble-t-il, celle du «grand pilier d’Edfou» 
(twn wr n BH-t). Sokar-Osiris était en effet adoré sous ce nom dans la chapelle 
à ^ eux chambres, située à l’ouest du sanctuaire Mén(-t), au fond du temple^. 

3° Le second jour épagomène porte le titre de : «Naissance d’Horus», 
La cérémonie, à Edfou, est exactement semblable à celle du 3o Mésorê : c’est 
une troisième «fête de l’habillement», présidée par Horus assisté de son 
ennéade divine.. Bien que ce soit le jour de la fête particulière d’Horus, 
on ne distingue rien, dans le rite, qui aille.au delà de ce qui se faisait pendant 
les six jours avant le premier de l’an ( 2 L 

4° Le troisième jour épagomène : «Naissance de Seth», n’est pas même 
désigné, au «calendrier d’Horus». C’était probablement une «fête de l’habilie- 
ment» en l’honneur d’Horus, qui doublait celle de la veille. Au «calendrier 
d’Hathor à Edfou», on n’en tient compte que pour la préparation et le début 
de la fête nocturne de l’« Enfant dans son nid». ^ 

5° Le quatrième jour épagomène : « Naissance d’Isis», devient à Edfou une 
cinquième fête de purification et d’habillement d’Horus, sous le nom de : 
«la Première fête du dieu». On place le tabernacle d’Horus au «lieu-pur» 
(wb(.t)), la face tournée, comme l’architecture l’impose, vers le sud : par 
conséquent, «en face de Râ», dont les rayons, au milieu du jour, atteignent 
la partie antérieure de la chapelle, et les statues qu’on y expose. Rien d’original 
n’est perceptible dans ce jour de fête, par rapport aux autres « fêtes de lluh 
billement» d’Horus; mais on précis e que l’image divine revient à la chapelle 

<'> Tarn semble réservé aux divinités sous leur forme osirienne (image de Rd d’Edfou = Edfou, 

I, 36 1, 10 ; de Khnoum = Brügsch, Thés., 6a 5 c; de Khonsou-Thot = Edfou, I, 56 , 6 ; de Chou- 
Pap. mag Harris, I-, II) ; >Iwn wr, à Osiris lui-même (Edfou, I, 6o, 10 ; I, i 77 , 18, etc.). C’est 
1 image de Sokans (bs n Skr ) qui était conservée dans la chapelle d’Edfou styt-wr-t, ou : H-t-ér n 
*Iwn Bhd-t {Edfou, I, 179, i 4 -t 5 ). 

< 2 > Contrairement au rite de Dendéra, qui célèbre d’une façon toute spéciale la déesse, le jour 
de sa « naissance» (quatrième jour épagomène : naissance d’Isis-Hathor, précédé de la cérémonie 
nocturne de la «nuit de l’Enfant dans son nid». 


— w( 275 )*— 

Mén(-t). C’est donc la statue d’Horus de cette chapelle qui était le centre 
de tout le culte rendu au maître du temple, au cours des fêtes de l’année 
nouvelle. 

6 ° Le cinquième jour épagomène : « Naissance de Nephthys », se transforme, 
semble-t-il, à Edfou, en une sixième fête de l’habillement d’Horus. Il n’est 
pas plus question de Nephthys ce jour-là que d’Isis, la veille. La réciproque 
est vraie d’ailleurs à Dendéra, où le second jour épagomène : « Naissance 
d’Horus», est consacré à une procession d’Hathor. 

En résumé, les six journées qui précèdent le jour du Nouvel an sont toutes, 
à Edfou, occupées par une même procession du seul Horus, six fois répétée 
(sauf la variante en l’honneur de Sokaris, l’Horus osirien). La statue de la cha- 
pelle Méfiât), suivie des tabernacles des divinités parèdres, est apportée jusqu’à 
la chapelle des purifications, édifiéç sur le côté est de la « salle de l’ennéade». 

Un service, semblable à celui des jours de «fêtes régulières» mensuelles, 
lui est adressé. Une première différence se trouve dans l’ampleur de l’offrande 
alimentaire réunie dans la cour (Ù, à ses pieds. Une autre différence est due au 
caractère très complet des purifications, dans la première partie, à la richesse 
de l’habillement et de la parure, dans la seconde. Une dernière enfin, et non 
la moindre, c’est que le service se déroule non dans une salle fermée, mais 
à ciel ouvert, et que le soleil vient frapper la statue, quand on ouvre son 
tabernacle, en haut des marches du «lieu-pur». 

7 0 Le i er Thot est le premier jour de l’année nouvelle, et la plus grande 
des cinq journées de « fête-sed» du dieu. Horus d’Edfou se réunit à son père 
Râ, par le rite de toucher le soleil ( hnm Un), sur la terrasse du temple. La même 
fête est célébrée à cette époque dans tous les temples ; aussi la comparaison 
est-elle possible avec les «calendriers d’Hathor». Le seul qui ait conservé 
intacte une description parallèle est le « grand calendrier de Dendéra ». 
A Dendéra comme à Edfou, c’est la «fête de Râ en l’Ouverture de l’an» 
(de règne de Râ), et la «fête de tous les dieux et déesses». A Edfou, c’est 
la «fête-sed du (dieu) d’Edfou». 


(1) C’est pourquoi ia cour porte le nom significatif de «(cour de la) réunion des offrandes» 
( fb-dfî-w ) (cf. plus bas, étude particulière). 


—w( 276 >«— 

La première partie de la journée se passe à nouveau au « lieu-pur» («/à (•!)). 
Une nouvelle offrande est rassemblée ; les purifications et l’habillement complet 
renouvelés. A Dendéra, c'est seulement dans l’après-midi, à la 8 e heure du 
jour, qu on quitte la cour des offrandes, non pas pour rentrer au sanctuaire, 
comme le second jour épagomène («Naissance d’Horus»), mais pour monter 
en procession l’escalier de la terrasse. Le tabernacle de la déesse, porté à la 
main et par des courroies passées au cou des prêtres, est qualifié là d’« wts- 
nfrw-é» W. A Edfou, il en était de même : la procession montait par l’escalier 
est, et redescendait par celui de l’ouest Elle faisait halte au kiosque du toit 
du temple, dans 1 angle nord-est de la terrasse. Le tabernacle d’Horus était 
ouvert en face du soleil, et, comme à Dendéra, «les assistants Le voyaient». 
On descendait ensuite, «à pas lents», et on déposait le tabernacle dans la 
chapelle Mén(-t). A Edfou, Hathor accompagnait Horus dans sa procession 
vers le toit; on portait son tabernacle tantôt derrière, tantôt à côté de celui 
du dieu, et on la ramenait au sanctuaire en même temps que lui. 

8° II semble qu’au moins la fête du 4 Thot, et peut-être encore les journées 
du 2, du 3 et du 5 Thot, aient été, à Edfou, rattachées à la série des fêtes du 
« siège de la Première fête » < 3 ). Il y aurait eu, le 4, une répétition de la «fête-sed 
du dieu d’Edfou» : donc, une seconde procession vers la terrasse du temple. 
Le rite de «toucher le soleil» n’est plus attesté au calendrier d’Edfou, si 
fragmentaire, après les fêtes du début du mois de ThotW. Le «calendrier 
d’Hathor à Dendéra», plus récent, mentionne au contraire pour la déesse, 
dans son temple, de nombreuses cérémonies de «toucher le soleil», éche- 
lonnées sur l’année entière ( 5 L D’autre part nous sommes certains, à Edfou 
comme a Dendera, de l’existence, dans un angle de la terrasse des temples, 

ll) Cf. les bas-reliefs des parois d«s escaliers de Dendéra : Mariette, Dendéra , IV, pl. 9 et 18. 

Voir plus bas l’étude particulière. 

1 ' Les dates du tv et du 5 Thot sont formellement désignées comme fêtes d’Horus à Edfou, 
par le «petit calendrier» d’Edfou. La longue lacune du début de la colonne 2 du «grand ca- 
lendrier d’Horus» contenait donc, selon toute vraisemblance, la date du h. Ce qui reste de texte 
après la lacune semble avoir trait à cette fête. Aussitôt après est attestée la fête du 5 Thot 

« 1" Thot, k Thot, 5 Thot (?). 

« au moins sont certaines : le 1" Thot ( fête de Râ) ; le 20 Thot (J Purification de Râ, et 
Ivresse d Hathor ) ; le 2 6 Choiak ( fête de Sokaris) ; le 1 1 Pachons (Accouchement d’Iousâs) ; pleine 
lune de Pachons (Accouchement d’Hathor) ; nouvelle lune d’Epiphi (la- Bonne réunion). 


— «< 277 )•€-*—— 

d’un «kiosque» (hiy-t) construit exprès pour cet usage. Sa porte la plus 
large était tournée vers le sud des constructeurs anciens. Il est possible que 
ce rite spécial soit devenu beaucoup plus fréquent entre l’époque où fut 
reconstruit le temple d’Edfou et celle où fut rebâti celui de Dendéra W. 

II. « Fête de Chou et de Tefnout» (du 18 au 22 Thot), pour mémoire. 

(Voir la fête du 21 Méchir). 

III. Groupe des fêtes d’Horus en Paophi. 

• ' 

Les calendriers conservent très peu de renseignements utilisables sur ces 
fêtes. 

1 . La seule fête qui soit mentionnée par son titre est celle du 9 Paophi : 
fête de la Navigation de la barque du dieu. Lorsqu’elles n’ont pas de but précis 
désigné, ces « fêtes de la Navigation» (hb hn) semblent se dérouler entièrement 
sur le terrain sacré des temples (avec, comme lieu de halte, le kiosque de 
l’embarcadère dij canal, par exemple). Elles ne comportent aucun départ de 
l’image divine hors de la localité. Il peut par ailleurs exister un rapport entre 
cette «fête de la. Navigation de la barque» d’Horus, et les fêtes d’Hathor qui 
se déroulent à la même époque (5 Paophi; 19 au 21 Paophi) à Dendéra. 
Celles-là sont des fêtes agraires, en l’honneur du «grand Noun», c’est-à- 
dire le nouveau Nil plein, dont on mesure la crue à ce moment. 

2. Les deux fêtes d’Horus des 18 et 2 3 Paophi, portées au «petit calen- 
drier d’Horus», ne sont pour nous que des dates, bien que leur présence en 
cet endroit soit un indice de leur importance dans le rite d’Edfou. 

3. Quant à la fête du 3o Paophi, c’est une cérémonie dédiée en premier 
lieu à Harsomtous (appelé «le grand Luminaire», à Edfou), «qui abat ses 

(1) Edfou : 111 e siècle ; Dendéra : fin du n e siècle av. J.-C. Un fait qui vient à l’appui de cette 
hypothèse, sur le seul examen des «calendriers des fêtes», c’est que le «calendrier d’Hathor 
à Edfou», contemporain de celui d’Horus, ne mentionne au cours de l’année entière aucune 
cérémonie du «toucher du soleil» au kiosque du toit du temple de Dendéra (sauf peut-être le 
i er Thot (?) : tout le texte concernant cette fête est détruit). 

Bibl. d’, Etude , t. XX. 


36 


- *■ »» «( 278 

ennemis». A Dendéra, ie même jour (jusqu’au 2 Athyr, pour la fête; jusqu’au 
6 Athyr, pour l’envoi des offrandes à Hl-dl), on fêtait aussi Harsomtous. 
C’était le renouvellement des rites déjà accomplis en son honneur le 1 0 Thot. 
Cette fete, a Edfou, n est pas comptée comme fête d’Horus, au « petit calen- 
drier»; mais celle d 'Harsomtous- « le-grand-Lumiuaire », le i5 Mésorê, y est 
mentionnée. 

IV. Fêtes d’Horus à la fin d’ Athyr, jusqu’au i er Choiak W. 

1 . Aucun renseignement ne nous est conservé sur la fête d’Horus à Edfou, 
du 2 4 au 28 Athyr. En effet, une longue lacune §uit,*et il n’y a pas de cor- 
respondance en ce qui concerne Hathor. Un seul détail garde son importance : 
dès que le «calendrier d’Horus» offre le témoignage certain d’une période de 
fête, c’est d’un espace de cinq jours qu’il s’agit. 

Cette série de cinq journées se retrouve, au cours de l’an, pour presque 
toutes les grandes périodes de fêtes d’Horus célébrées à Edfou. 

2. La suite de trois journées de fête qui termine le mois : 29 Athyr, 
3 o Athyr, i er Choiak, correspond, à Edfou, à une festivité d’une durée égale 
à Dendéra, en l’honneur d’Hathor. La statue d’Horus, probablement portée 
en barque-litière, a comme but le «(temple-)m;ra>» du Roi Ménibrê, tandis 
qu’au même moment, à Dendéra, l’image de la déesse va en procession jus- 
qu’au dldi-néw-t. 

a) Ce fait peut déceler une analogie entre la destination cultuelle des deux 
édifices d’Edfou et de Dendéra. Il semble cependant qu’Horus se tienne 
pendant les trois jours entiers au mirw, sans revenir au grand temple, tandis 
qu’Hathor passe seulement les journées au d’,d\-nêw-t, et rentre chaque soir 
dans le sanctuaire (wts-Iy'j de sa maison divine. 

Le m’,rw du roi Ménibrê à Edfou doit très probablement être identifié 
avec l’édifice dit « temple du Faucon-vivant» ( pr Èik-nhw) au rituel de la fête 
du Couronnement du roi, le i er Tybi. Ce monument semble avoir eu une 


<li Fêtes non spéciales au rite d’Edfou. Elles ne sont pas mentionnées au « petit calendrier 
d’Horus». 


'i t* ( 279 # ■ - * - 

importance au moins égale, à Edfou, à celle du «mammisi», réservé au culte 
d’Harsomtous-l’Enfant et d’Hathor W. A la fête du Couronnement du roi, il 
était le palais où 1 on intronisait le roi divin : un Horus-faucon vivant y 
devenait le Soleil nouveau de l’année en recevant son «héritage», avec 
la consécration d’Horus-Râ d’Edfou. C’est la «succession solaire», calquée 
sur celle d’Horus dans la légende d’Osiris ( 2 ). Cet usage du «temple du 
Faucon-vivant» à Edfou se retrouvait probablement parmi ceux qui, en 
d’autres occasions, étaient réservés à la «salle du trône royal» (didi-néw-t) 
de Dendéra W. 

b) A la présente fête d’Athyr et de Choiak, la signification de la cérémonie 
d’Edfou n’est pas indiquée. On peut la supposer semblable à celle de Dendéra, 
qui est une fête de la fertilité, en l’honneur de l’apport du nouveau Nil 
(n in H'py), avec une «salutation d’accueil» (wsd) , donnée probablement 
par la statue de la déesse devant l’offrande qu’on lui présentait. Horus 
accueillait-il de même le nouveau Nil, quand celui-ci allait renouveler la 
fertilité de la terre autour du temple d’Edfou? Le Nil de l’année est aussi 
Osiris renaissant, et il est certain que les rites agraires de la renaissance 
osirienne en Choiak étaient célébrés à Edfou comme dans tous les temples 
d’Égypte, à la même époque W. 


(,) Cf. plus bas, XVII, 3° : fête de la «Purification d’Hathor de Dendéra», à la pleine lune 
de Pacbons. 

^ Voir plus bas l’étude particulière de la fête du premier au 5 Tybi, à Edfou. 

(5> Cf. les «calendriers d’Hathor», et le début du paragraphe VII, p. 282 . 

(4) Le rôle d’Horus d’Edfou qui introduit le Nil (en Égypte) en sa saison ( bs Nwn r trf ) est très 
important, dans la théologie d’Edfou. Un fait qui le montre, parmi d’autres, est la place d’hon- 
neur accordée à deux scènes parallèles, au 3 e registre, à l’est et à l’ouest de la façade du sanc- 
tuaire s-t-wr-t . Toutes deux sont consacrées à Horus nourricier des hommes et des dieux. La 
première le représente à l’est (soleil levant) sous la forme d’Harsomtous de Hi-di, devant qui 
l’on moissonne l’orge, à la Nouvelle lune de Pachons (Edfou, I, 384, 1 1-1 2 , et pi. XXXIa) , début 
de la saison des récoltes (smw). La seconde le montre à l’ouest (soleil couchant), en sa figure 
d’Horus d’Edfou, qui conserve tous les êtres vivant sur terre. On lui verse la libation, symbole 
du Nil divin (Nwn) , qu 'Isis fait couler de ses propres mains ( c th-n S-t m c -u )i*s d$-s), et qui protège 
le cadavre osirien (sbb-i hî-t-k) sur le point de renaître Çnh-h im-sn) (Edfou, I, 377 , i-3, et 
pl. XXXI a). Cette scène de création de la vie par la mort apparente du dieu que ranime l’eau 
du Nil, c’est toute la valeur symbolique des fêtes de Choiak. Placée en face d’une allusion précise 

36 . 


V. « Fêtes d’Horus le (dieu) qui plane », du 5 au 20 Choiak. 

Horus y est honoré sous son symbole du Disque solaire ailé. Une longue 
suite de journées sont consacrées à des rites qui pourraient bien s’identifier, 
sous une forme locale, avec ceux qui partout en ce moment de l’année célé- 
braient Osiris, sa mort, sa veillée funèbre, sa défense contre ses ennemis, sa 
future résurrection b). La quinzaine d’Edfou comprenait : 

1 . Le 5 Choiak, une procession du symbole solaire « qui monte vers son 
horizon (?)», c’est-à-dire, semble-t-il, qui se retire du monde des vivants. 
La procession prend comme but le m’,rw (du roi Ménibrê). La fête dure trois 
jours (5-7 Choiak). 

2 . Une période intermédiaire, avec, en particulier, L journée du i 4 Choiak. 

3 . Le 20 Choiak, une fête de clôture, voisine, en apparence, de celle du 5 , 
mais avec un rite osirien : la libation et offrande ’>w. Ce rite montre la liaison 
probable qui existait entre les cérémonies en l’honneur du dieu solaire, et 
les «mystères» de Choiak célébrés en même temps dans son propre temple. 

Les textes d’Edfou n’ont conservé aucun rituel spécial de cette grande fête 
locale. Il y font seulement des allusions. On peut cependant y rattacher le 
passage sur le rôle du Disque solaire ailé, protecteur de toutes les divinités du 
pays, à la fin du rituel de la fête de la «Victoire» du 21 Méchir ( * (l) 2 ) . 

VI. Groupe des fêtes osiriennes de Choiak à Edfou 

Le rituel des fêtes d’Osiris en Choiak était certainement le même à Edfou, 
dans ses grandes lignes, que dans tous les temples d’Égypte à la même époque. 
Au «petit calendrier d’Horus», on n’en tient aucun compte M. Au «grand 

à la fête d’IIarsomtous en Pachons, elle semble s’appliquer à la fête d’Horus qui accueille le Nil- 
Osiris, au début du mois de Choiak. 

(l) A Dendéra, par exemple, on entre au temple de Chentit, depuis le 9 jusqu’au 96 Choiak. 

(,) Voir plus bas, l’étude particulière consacrée à cette fête, et aussi la fête du Couple solaire 
divin, le 9 4 Phaménoth. 

(S) Ces fêtes ne sont pas particulières au dieu d’Edfou. 

(4) On constate sur ce point, entre autres, que le «petit calendrier d’Horus» semble éliminer 
tout ce qui ne concerne pas le seul Horus d’Edfou. 


— **( 281 )•*♦— 

calendrier d’Horus», deux dates seules sont portées : les 24 et 26 Choiak. 
La fête osirienne y était, semble-t-il, célébrée avec un éclat particulier. 

1. Le «grand deuil» nocturne d’Osiris est précédé, dans la journée 
<du 24, d’un rite spécial. C’est une «défense d’Osiris contre Seth», par 

Horus d’Edfou en sa forme secondaire de «fils d’Osiris». Horus y sauve dès 
mains de Seth les pièces d’étoffe (mnl}.-t) offertes à son père au moment de 
sa mise au tombeau. Il est probable que les cérémonies d’Edfou se succédaient 
ensuite' dans l’ordre accoutumé, comme elles le font à Dendéra W. 

2. La «fête de Sokaris», où la procession sort au soleil levait le matin 
du 26 Choiak, est une des grandes fêtes du «rite d’Edfou», par ses aspects 
liturgiques particuliers : 

a) Après le rassemblement d’une grande offrande devant Osiris, on intro- 
duit comme victime «l’âne sauvage du temple de Seth » ( 2 ) . Les compagnons 
traditionnels d’Horus, les « harponneurs», exécutent leurs chants et leurs 
danses, comme à la fête de Méchir. Le prêtre du roi préside au sacrifice de la 
victime devant Sokar-Osiris et probablement « Horus-qui-venge-son-père». 

h) Un second service succède au premier, selon le rite de Sdn = Pharbae- 
thus ( 3 b « Apophis » — c’est-à-dire, peut-être, l’hippopotame du rite de Méchir 
— est jeté dans l’autel à feu ( 4 b Horus succède à son père, sous la forme du 
prêtre officiant qui tient la place du roi. Il est couronné, et amené au « palais 


(1) Cf. le « grand calendrier d’Hathor à Dendéra» : i°) Nuit du 2 4 Choiak : procession d’Osiris^j 
arrêt en face du lac sacré ; « mystère » de la mise à mort du dieu « sur la rive de Ndi-t» ; procession 
autour du temple. 2 0 ) 2 5 Choiak , à la tombée de la nuit : procession de l’ Osiris du temple de H Lift(?), 
en sa forme dé dieu des morts, reposant dans l’«osireion». C’est le prélude de sa prochaine 
résurrection comme roi divin des vivants. 

Le nom de la victime ne doit pas être pris au pied de la lettre. De nombreuses provinces 
d’Égypte, telles que celles d’Ombos, d’Hypsélis, d’Oxyrhynchos, du Fayoum, etc., semblent 
avoir possédé longtemps d’anciens temples de Seth . Mais il n’en existait plus dans la province 
d’Edfou, du moins à l’époque ptolémaïque. Une victime animale peut recevoir traditionnellement, 
à Edfou, le nom fictif qui nous est parvenu au texte du calendrier. 

Aujourd’hui Horbeit dans le Delta : une des localités qui font partie de l’association des 
temples d’Horus, à l’époque ptolémaïque. 

(4) Il est probablement fait de cire, et non de pâte cuite ¥w-t comme celui qu’on découpe en 
guise de victime, le 2 1 Méchir. t 


— **»•( 284 y* 

du roi»: donc, du même coup, au roi régnant. A Dendéra, la liturgie de la fête 
a de grandes analogies avec celle de l’« Ouverture de l’an de règne de Râ» 
au i er Thot W. A Edfou, au contraire, grâce à un rituel conservé ou restitué par 
archaïsme f l’originalité ancienne de la cérémonie est encore perceptible^. 

VIII. Fêtes d’Horus, les 1 7 et 21 Tybi. 

Elles sont spéciales, semble-t-il, au «rite d’Edfou», bien qu’elles n’appa- 
raissent qu’au «grand calendrier d’Horus». Ce sont : la fête de Mén(-t), le 
17 Tybi, et la Fête de Chou, le 2 1 Tybi. Aucune précision n’a été conservée 
sur leur nature. La fête de Chou en Tybi rappelle probablement, à Edfou, les 
journées consacrées à ce même dieu à Dendéra. Ces journées s’y intercalaient, 
les 19 et 2 1 Thot, entre les trois jours dédiés à sa compagne divine Tefnout. 
A Dendéra encore, du 19 Tybi au 4 Méchir, c’est Hathor-Tefnout qui célébrait 
sa «navigation» et son retour de Nubie. Il semble normal qu’une fête de 
Chou corresponde, au grand temple d’Horus, à une fête de Tefnout en celui 
de la déesse Hathor : Chou était une des «formes» (Irw) principales d’Horus 
d’Edfou-fils de Râ, comme Tefnout en était une pour la « maîtresse de Den- 
déra». Quant à la fête de Ménft), qui précédait de quatre jours la «Fête 
de Chou», elle rappelle un des aspects les plus originaux du culte du dieu 
d’Edfou : les rites qui unissaient, à l’époque récente, Mén{-tj du sud avec 
tout un groupe de sanctuaires d’Horus, échelonnés au long de la vallée du 
Nil. L’autre tête semble en avoir été la ville de Silé, qui défendait la frontière 
orientale du Delta contre l’envahisseur asiatique W. Partout, Horus y était 
« fds de Râ», et « Râ lui-même» renouvelé chaque jour, comme Chou au rite 
d’ Héliopolis. 

\ 

IX. « Fête de la Fondation des offrandes des dieux d'Edfou» (25-27 ïfyW). 

C’est le type même de la fête particulière au «rite d’Edfou». Elle est citée 
aux deux « calendriers d’Horus». Le grand indique sa durée complète, du 

C’est ce que déclare le «calendrier d’Hathor à' Edfou» (col. 10). 

(S) Le titre de ce livre rituel est : « Consécration de TAme-vivante-de-Râ comme roi sur 
le (trône-)srh». Cf. plus bas, étude particulière. 

W Cf. plus bas (6* partie) : étude de la «fête de la Victoire». 



— 285 )*** — 

2.5 au 27 Tybi; le petit, sa date terminale seulement W. Cette fête coïncide, 
à Edfou, avec un intervalle dans les cérémonies qui commémorent, à Dendéra, 
le retour de la déesse en Égypte (2) . Les «calendriers d’Hathor», par contre, 
passent complètement sous silence la « fête de la Fondation des offrandes des 
dieux d’Edfou», purement locale, semble-t-il. Elle se nomme aussi « la grande 
Offrande de Râ», dans l’abrégé de son rituel conservé sur la paroi intérieure 
du mur d’enceinte du temple, à côté du grand ensemble de la «fête de la ■ 
Victoire». Elle semble apparentée aux deux fêtes d’Horus, «couronné» les 
i -5 Tybi, et «victorieux», les 21-25 Méchir. Elle est la commémoration de 
la prise du pouvoir royal sur les hommes et les dieux par Horus-Râ. Celui-ci, 
en signe d’avènement heureux, dispense à sa cour divine des revenus terrestres 
renouvelés. Elle est aussi, du point de vue de la légende osirienne, le rappel 
de la victoire d’Horus sur Seth : Horus-roi, nouvel Osiris, partage la victime 
entre toutes les divinités du groupe de Mên(-t) qui sont honorées dans son 
temple. 

X. « Fêtes de la Victoire d’Horus», en Méchir. 

Le mois de Méchir pourrait avoir emprunté son nom à celui de la « fête * 
de la Victoire», si la tradition conservée par le «calendrier d’Hathor à 
Edfou» est exacte. D’après ce texte, «Méchir» est le nom de la journée 
du 21, dans le second mois de la 'saison pr-t. L’établissement du texte 
présente une difficulté. Après les mots rn n, Rrugsch a copié et publié ( drei 
Festk., pi. Il, col. 12), en 1877, un signe d’une forme insolite, ressemblant 
à celui du mois (croissant lunaire, la face concave tournée vers le bas), mais 
en réalité beaucoup plus court et arrondi, avec un centre presque circulaire, 
et des prolongements très brefs et retombants W. Ce signe n’occupe dans la 



(1) Il arrive à plusieurs reprises que des fêtes, mentionnées ailleurs avec leurs dates initiales 
ou complètes, le soient seulement par leurs dates terminales au «petit calendrier d’Horus». 


(!) Les grandes fêtes d’Hathor-Tefnout en Tybi, qui sont célébrées chaque jour, du 1 9 au 2 2 , 
et du 2 8 au h Méchir, s’interrompent à Dendéra entre le 2 2 et le a 8 Tybi ; on y intercale seule- 
ment, le 2 5 Tybi, la fête de la «Descente de la colombe» (h(l) p'r-t) , le même jour que la fête 
de la «Fondation des offrandes des dieux d’Edfou». 

(3) Il existe une forme ptolémaïque, arrondie et courte, de ibd (croissant lunaire), mais elle 
. présente toujours des prolongements tournés vers le haut. 






copie de Brugsch que la partie gauche de la colonne, au-dessus du disque 
solaire suivi d’un trait vertical; il laisse toute la partie droite vide. Or, l’autre 
éditeur ancien du texte, de Rougé, n’indique ni ce signe, ni même une lacune, 
dans ses Inscriptions et Notices (I, pl. XXXIV, col. 12), et Brugsch lui-même, 
dans sa réédition du Thésaurus (p. 369, col. 1 2), n’a pas maintenu le signe en 
question. Aujourd’hui la colonne 12 est détruite et recouverte de ciment sur 
une hauteur de deux cadrats W : on ne peut donc plus vérifier la lecture de 
Brugsch. Cependant, le texte de 1877 est considéré comme le meilleur par 
les éditeurs modernes, et Chassinat imprime le « signe singulier» tel qu’il s’y 
trouve, tout en mettant en doute, en note, sa lecture îbd due à Brugsch 
Au même moment, le Wb. semble ne tenir compte qije de la lecture de Brugsch : 
il affirme que le substantif mfiyr du calendrier d’Edfou est le «nom du mois 
(de Méchir) lui-même» ( 1 * 3 * 5 L 

Cependant, un doute doit s’élever sur l’existence réelle du signe sur lequel 
toute la discussion repose i°) Ni de Rougé, ni Brugsch (Thés.) ne l’ont lu 
ou conservé. 2 0 ) La place même d’un signe arrondi, de petite taille, isolé 
dans une seule moitié de la colonne, au-dessus de son déterminatif, est parti- 
• culièrement insolite. 3 °) L’écriture du mot îbd, telle que la restitue Belegstellen, 
II, 1 3 1 , là W, est tout à fait aberrante (même si l’on tentait de lire le groupe 
Vh au lieu de îbd) . à 0 ) L’espace aujourd’hui masqué par le ciment (voir 
pl. phot.), n’est pas assez grand pour avoir contenu, à l’échelle des autres 
caractères gravés au-dessus et en dessous, tous ceux que Brugsch (DreiFestk.) 
a publiés : il est juste suffisant, si l’on supprime le demi-cadrat occupé par le 
signe douteux. Il vaut donc mieux admettre que Brugsch a été égaré par 
un défaut de la pierre, pris par lui pour un signe réel, ce qui l’a amené 

(1) Cf. Edfou, pl. phot. h 8 h . La colonne 1 2 est la troisième à partir du bord droit de la photo- 
graphie. 

W Cf. Edfou , V, 35 a, 1 . 1 , et note i. 

< 3 ) Voir Wb., II, 1 3 1 , 12-1 4 , et : Belegstellen, mêmes références. 

W Chassinat, dans sa note 1 à Edfou , V, 352 , accepte l’existence du signe, mais ne se rallie 
pas à l’interprétation Ibd qu’en donne Brugsch. 

(5) Le signe du croissant lunaire normal y est restitué, ce que rien n’autorise, puisque seul 
Brugsch et les anciens copistes ont pu voir le signe aujourd’hui détruit. Le disque solaire, vu 
par Brugsch et de Rpugé, est ramené arbitrairement à la taille du grain rond, suivi du trait 
vertical de cadrat. 





à laisser, dans sa copie, un espace exagéré pour lui seul. D’où la consé- 
quence suivante : le déterminatif du disque, suivi du trait vertical, est en 
réalité l’idéogramme hrw = journée, et il faut lire : Mhyr est le nom de 
cotte journée. 

L’habitude générale, lorsque furent choisis les noms récents des mois 
égyptiens, a toujours été celle-ci : i°) Ou bien l’on a donné au mois le nom 
de la divinité à laquelle ce mois était consacré comme période de fête (au 
lieu où l’usage d’un nom particulier au mois s’établissait) h). 2 0 ) Ou bien 
l’on a étendu à tout le mois le nom de la plus importante journée de fête 
* qu’il comprenait 


Il en est de même pour le nom de mois « Méchir». C’est : ( hrw n) Mfyyr = 
(le jour de) la fête du (dieu) Méchir, c’est-à-dire de Chou ( 3 L 



Thot, Athyr, Epiphi (noms choisis- à Thèbes), du nom des divinités Thot, Hathor, Epip 
( 9 Iptp-t= 9 Ipy, l’Hathor-Thoèris thébaine). 


W Paophi : pl (hrw n) y Ip-t— « le (jour de la fête) de Karnak». Choiak : ( hrw n) kl-hr-kl = « le 
(jour de la fête) kl-hr-kl». Tybi : ( hrw n) [Sf]~bd-t (variante [s/* ]-$•(*)) = le (jour de la fête) 
de « (Celui qui) fait gonfler l’épeautre» (épithète de Min) ; cf. Wb., IV, 45 Zi, 1 7, et Gauthier, 
Fêtes du dieu Min, p. 3*7. Phaménoth : pl (krw n ) 3 Imn-ktp = « le (jour de la fête) d’Àmenhotep. 
Pharmouthi ; pl ( hrw n) Rnn-t = « le (jour de la fête) de Rannout ». Pachons : pl ( hrw n) Hnsw — 
«le (jour de la fête) de Khonsou». Paoni : pl ( hrw n) 3 In-t = «le (jour de la fête) de la Vallée» 
(à Deir-el-Bahari) . Mésorê : (hrw n) msw-t R' = «le (jour de la fête) de la Naissance de Râ». 

L’étymologie de l’épithète divine «Méchir» pose un autre problème, difficile à résoudre. 
Il semble cependant que les orthographes des trois exemples hiéroglyphiques connus actuellement 
du mot permettent de proposer une solution satisfaisante. Les deux plus anciens sont fournis, 
l’un par un ostrakon du Musée de Berlin, l’autre par un papyrus du British Muséum, tous deux 
en écriture hiératique (Nouvel-Empire) . Ce sont: hrw n Mhy (déterminatif de la voûte céleste) = 
Pap . Berl., 10.637 (QstT.)/Hierat. Pap ., III, 33 ; />(') (hrw) n pl Mhy (déterminatif du lion 
couché, symbole de Chou) = Inscr. in tke hier, and demot. charficter from the Br. Mus., XXVIII, 
5 . 63 g a, verso 6. Tous deux ont un sens identique : «le jour (de la fête) du (dieu céleste, 
dieu lion) Mhy . La forme ancienne du mot ne comporte donc pas de -r final. Au contraire, 
le plus récent exemple, conservé par le «calendrier d’Hathor à Edfou», comprend le -r final 
adopté parle copte Mexip (B.)/ficyip (S.) (Spiegelberg, Kopt. Handwb., p. 58 ). Cette lettre 
a été notée (comme dans les mots récents, souvent d’emprunt étranger, qui ont conservé une 
finale -r réellement prononcée) par le groupe -trw (déterminatif de la statue momiforme debout ; 
Wb., I, 1 13 , i 3 ). Les deux premiers exemples de Mhy semblent se rapporter au dieu Chou, 
ou Horus-Chou, fils de Râ, du culte de Mén(-t) : ils constituent des formes préfixées en m-, sur le 
verbe c h (Wb., I, 2 2 4 , 2-7) ou hy (id., III, 237, 8), avec leur valeur habituelle de participes 
passifs substantivés: «le (dieu) élevé», «le (très)-haut» (cf. les deux déterminatifs du ciel, et 
du lion couché). Mais le mot a dû cesser d’être compris dans sa valeur ancienne ; le déterminatif 


, — »*§ »( 288 )•§■*— - 

Notre exemple du «calendrier d’Edfou» semble donc bien favoriser l’ex- 
plication suivante : au I er siècle av. J. -G., 1 e jour de Méchir désignait encore 
la plus grande fête du sixième mois de l.’année, celle d’Horus-Chou, le 
« (Très)-haut». Un peu plus tard, lé mois entier fut consacré à l’Horus solaire, 
le Disque aux ailes étendues du culte de Mén(-t) et d’Edfou, le lion céleste, 
Onouris ou Horus-Chou, fils de Râ L’aire de dispersion de son symbole 
s’étendait depuis longtemps à toute l’Égypte: il protégeait toutes les portes 
et corniches murales de ses temples (2) . Le nom du mois de Méchir semble 
donc témoigner de l’influence croissante du grand culte horien, et de sa fête 
delà Victoire, unanimement célébrée «dans tout le pays » ( 3 ) . Il constituait la * 
contre-partie, dans le calendrier unifié, du troisième mois de l’année, placé 
sous l’invocation d’Hathor, la divinité complémentaire habituelle d’Haroéris. 

Les dates maîtresses, dans le mois de Méchir, sont celles du 10, du 17, 
et du 21, au temple d’Edfou. Par malchance, les deux premières, attestées 
par le «petit calendrier d’Horus», tombent dans la lacune du début de la 
colonne 9 au «grand calendrier». Étant probablement spéciales au culte 
d’Edfou, elles ne sont pas citées aux «calendriers d’Hathor», qui n’attestent 
que les fêtes célébrées à Dendéra. Quant à la grande fête du mois, elle dure 
• cinq jours : c’est- la «fête de la Victoire», du 21 au 2 5 Méchir. Elle n’est 

pas particulière au temple d’Edfou : au contraire, elle a sa place, à cette même 
date, dans tous les sanctuaires d’Égypte. Le «grand calendrier d’Horus» 
citait certainement sa date et ses principales particularités, mais la lacune de 
la colonne 9 a tout fait disparaître. Seule la fin du passage a conservé quelques 
mots caractéristiques, qui ne peuvent s’appliquer qu’à la fête de Méchir. 

du lion couché a repris alors, .par fausse lecture, sa valeur phonétique habituelle -r {Wb,, II, 

1 3 1 , i2-i à), dans l’épithète de Chou. D’où la prononciation «Méchir», conservée en copte, 
d’un terme dont l’écriture, à Edfou, semble montrer qu’il n’était plus senti comme vérita- 
blement égyptien* 

Sur l’Horus-Chou de Msn( 4 ), lion céleste, cf. les textes de «Mythe d’Horus» (voir étude 
particulière, plus bas). L’affirmation du Calendrier d’Hathor à Edfou montre qu’à Dendéra l’Horus 
de la « fête de la Victoire» était bien senti comme une forme du dieu Chou : « on célèbre le rite 
(du 2 1 Méchir) comme (on fait) le 19 Thot». Or le 19 Thot était à Dendéra consacré à Chou, 
l’associé d’Hathor-Tefnout (cf. coL 4 : « [18-22 Thot] : Fête de Chou et de Tefnout »). 

(î) Probablement sous l’influence de la théologie héliopolitaine, si puissante à travers toutes 
les époques de l’histoire d’Égypte, 

( 3} Calendrier d’Hathor à Edfou, col. 12. 



— **.( 289 )**— 

Il s’agit de «châtier (dbî) l’hippopotame (dné) » : c’est là le propre du rite 
de la fête de la Victoire. A ce moment-là, la statue de sa Majesté, c’est-à-dire 
d’Horus d’Edfou, «est un rapace ( drty )», ou plutôt représente un jeune 
guerrier humain à tête de faucon, brandissant son épieu W. 

Le calendrier d’Hathor à Edfou déclare, pour notre fête : «on y célèbre 
le rite, comme (on fait) le 19 Thot». Or, le 19 Thot est une fête du dieu 
Chou. En effet, au même calendrier, le 20 Thot est dit : « 3 e jour de la fête». 
Donc, le i er jour est le [18 Thot], à restituer dans la lacune. Or cette date 
initiale est dite : «fête de Chou et de Tefnout»; le nom s’applique, comme 
c’est la règle aux calendriers, à la période entière (ici 5 jours). Puisque 
le 20 Thot est une fête particulière de la déesse (Tefnout) < 2 ), ainsi que le 
[22 Thot] (col. 5), le [18 Thot], jouç où « vient la Sœur», en est une aussi. 
De là résulte que les deux jours de fête intercalaires : 19 et 21 Thot, passés 
sous silence aux calendriers d’Hathor, sont, de toute vraisemblance, con- 
sacrés au dieu Chou. Il y a donc des chances pour que la journée du 19 
Thot (3) , comme celle du 26 Choiak, ait comporté les mêmes rites que ceux 
du 21 Méchir. Cela signifie qu’au moins trois fois au cours de l’année, et. 
non une seule, on pouvait voir se réunir à Edfou les acteurs sacrés nécessaires 
à la célébration du rite, tel que les textes et les tableaux du mur d’enceinte 
du temple nous l’ont conservé. A Dendéra, au contraire, la fête de la Victoire 
se déroulait probablement avec un cérémonial plus restreint, quoique pendant 
les cinq jours prescrits « dans tout le pays ». Hathor y jouait le premier rôle ; le 
calendrier de Dendéra ne cite que le nom de la fête, et nullement celui d’Horus. 
Le rituel, à l’inverse de ce qui se passait à Edfou, était mis en œuvre au cours 
d’une halte de la procession de la déesse sur la terrasse de son temple. Il devait 
entraîner des rappels des principaux épisodes de la «Victoire»; mais l’em- 
placement interdisait, par sa nature même, l’ampleur et la variété des 
cérémonies en usage à Edfou W. 

(I) Ce détail caractéristique ne peut être attribué au « prêtre du roi», souvent désigné dans les 
textes d’Edfou parla périphrase de «sa Majesté». Le dieuHorus aussi est fréquemment appelé ainsi. 

(J) Et spécialement d’elle, comme le montre le grand calendrier d’Hathor à Dendéra (col. 9). 
Là, on ne cite que la fête d’Hathor-Tefnout du 20 Thot, tout en attestant qu’elle fait partie 
des cinq journées de fête. 

( 3) Et peut-être celle du 2 1 Thot. 

(4) Voir plus bas l’étude particulière de la fête (6 e partie). 

Bibl. cT Etude , t. XX. . 37 



* 


XI. «Fête de Ptah qui protège le grand Disque-ailé-d’or» (aâ Méchir au 
i er Phaménoth) . 

La date est certaine au grand calendrier d’Horus; mais le «petit calen- 
drier» passe cette fête sous silence. A Edfou, les cérémonies commençaient 
avant la fin de la grande période de fête de Méchir. Il n’y a pas d’étrangeté 
à cela : cette «fête de Ptah» était certainement d’importance secondaire 
dans les temples où le symbole solaire ’py était introduit. L’influence de 
la théologie memphite a pu s’exercer spécialement sur ce symbole, à une 
époque donnée. A Dendéra, la même fête commençait seulement le 28 Méchir, 
pour se terminer le même jour qu’à Edfou (i er Phaménoth); elle y portait 
le même titre. On trouve là, de plus, ce détail" que «Ptah sauve Chou 
(c’est-à-dire le Disque-ailé) des mains du dieu Geb». Ces considérations, 
d’origine memphite W, semblent étrangères à la théologie d’Edfou. Alors que, 
dans la capitale du dieu aux ailes, étendues, le Disque-ailé était adoré 
comme le protecteur suprême de tous les dieux (y compris Ptah), la fête 
memphite accueillie à Edfou comme dans beaucoup d’autres temples posait 
Ptah en protecteur du dieu solaire. 

XII. Fête d’Horus, le 5 Phaménoth. 

/ 

Elle semble avoir été importante, ou du moins particulière au rite local,' 
car les deux calendriers d’Horus en ont conservé la date. Mais une lacune 
vient couper le texte aussitôt, au grand calendrier d’Horus : ainsi tout 
détail sur cette fête a disparu. Rien ne semble faire allusion à elle, dans les 
textes du temple. 

XIII. Fête du couple solaire divin d’Edfou, en Phaménoth. 

La date indiquée par le petit calendrier d’Horus, et par le calendrier 
d’Hathor à Edfou, est le 2 A Phaménoth. Le grand calendrier d’Horus est 
détruit, au début du passage concernant cette fête. Mais les mots conservés 

par lui à la fin : «[ ] en étoile au ciel», sont ceux-là même que porte 

le calendrier d’Hathor à Edfou. Aussi n’y a-t-il pas de doute sur l’identité 


(1) Memphis ( c nA t\*wï) est citée, au calendrier d’Hathor à Edfou (col. i3). 


— -*♦#•( 291 - 

de la fête, aux trois documents. La cérémonie n’est pas uniquement locale, 
puisque Hathor la célèbre aussi. A Edfou, le dieu dominait, dans le couple 
Horus-Hathor ; à Dendéra, dans le couple Hathor-Horus, c’est la déesse qui 
jouait le premier rôle. Il est difficile de discerner en quoi consistait le rite 
spécial à cette journée. A Dendéra le dieu d’Edfou, en sa forme de Disque- 
ailé, «s’envolait vers son horizon», accompagné de la déesse en cette même 
forme. Une fois installées dans la partie supérieure du ciel, les deux divinités 
étaient censées changer leur forme de disques ailés en celle de deux étoiles 
(textes de Dendéra et d’Edfou). Cette journée était agréable au cœur de Râ, 
comme à celui d’Horus (texte d’Edfou). 

Les prières à 1 ’ Étoile du matin et à l’Étoile du soir, aux textes annexés à la 
fête de la Victoire du 2 1 Méchir W, s’adressent, semble-t-il, à cet aspect 
particulier d’Horus. Le dieu d’Edfou, ainsi qu’Hathor-disque solaire ( (I) 2 ), ont 
comme symbole la planète Vénus (non distinguée des étoiles). Celle-ci, le soir ou 
le matin, accompagne le soleil Râ. Horus, soleil renouvelé chaque jour, est aussi, 
comme Hathor, un compagnon de Râ; il prend alors la forme de Vénus, 
toujours voisine, quand elle est visible, du disque qu’elle précède ou qu’elle 
suit. Sous cet aspect, les deux divinités prennent le nom de ’py et de ‘py-t, 
à Edfou. A Dendéra, la déesse est également connue sous, le nom de R'y-t : 
elle n’est plus alors l’Uræus solaire, mais la forme féminine du disque solaire 
lui-même. 

Ces fêtes des divinités célestes sous un aspect purement astronomique 
semblent assez récentes, dans le développement de la spéculation religieuse 
en Egypte. Elles n’en avaient pas moins pris grande importance dans la théo- 
logie d’Edfou, à l’époque des rois grecs. Aussi les textes du temple font-ils 
allusion souvent, soit au couple solaire divin, soit aussi aux fêtes qui lui 
étaient consacrées sous cette forme : 


“* — * gsaæ? 3 tvt_i — < 

1 1 1 a % I - — - 



i° (O toi ) ( déesse du) Disque-ailé, qui protèges le (divin) Disque-ailé, (tandis 
qu)il s'élève, en décrivant [sa course (?)]! ( c py»t hw c py, i c r*n-f m- c rdi m [hnd 


(I) Edfou, mur d’enceinte, face interne ouest, 2 0 registre (cf. étude particulière, plus bas). 

(î} Forme différente de l’aspect lunaire, fréquent aussi, de cette divinité (œil droit et œil gauche 
de l’Horus céleste). 


87. 


(?)])<•) (porte de la cour du temple d’Edfou, ou «porte d’Hathor», au 
sud-est). 11 s’agit de l’offrande de i’oliban Çntlw ) à la déesse. Le «prêtre 
du roi» lui présente cette offrande, dans le rôle du dieu des parfums Ghesmou, 
dont la mère est Râyt. 


(Iï:X)9V-: 


:<*> 


£ 


.. ® T — î 


2° (C'est le palais d’Harakhthès), [d’où] sort l’Ame-de-Râ ( montant ) vers le 

ciel [ ] (‘fi pw n Hr-jhti, pr B;-n-R' r p-t [im-f (?)] [ ]) 

Apy est représenté dans les sanctuaires de Râ, ( planant ) au-dessus de tous les dieux 
(ir-tw ‘py m gé-w-pr-w R', m gâ-hry n ntr-w nb-w) (Montant est extérieur 
de la porte du sanctuaire Mén(-t)). 


/ fcj * * ! * d x ^ 

VjO\ — w ! ~ 1 <=» / / 

.‘v’.nMT^winz»] 



A 

B° (On ouvre les portes du sanctuaire quand, etc , et quand) VAme-de-Râ 

monte au ciel, (sortant) d’ (Edfou-)Bhd 4 en (la forme du) saint Apy, (en) cette [ ] 

nuit où Apy se manifeste dans les temples, (planant) au-dessus [de tous les dieux (?)] 

(pr Ri-n-R' r p-t m Bhd-t, m 'py-spé, grh [ ] pf hp(r) 'py m gé(-w)-pr-w 

[ntr-w], m gs-hry [n ntr-w nb-w (?)]) (3) (montant est extérieur de la porte 
orientale du couloir qui dessert, à Edfou, les chapelles autour du sanctuaire des 
barques). 

Il y a, dans ce dernier exemple, une nette allusion à une fête du Disq'ue-ailé. 
Le rite principal s’y déroule la nuit. Est-ce la nuit du 2 4 Phaménoth, où les 
divinités du (Disque-)'py se changent en étoiles au ciel? Ou bien une des 
fêtes de la quinzaine de Choiak (du 5 au 20), où le « Dieu-qui-plane » protège 
les divinités dans tous les temples? 


XIV. Fête d’Horus : le 36 Phaménoth. 


La date est incertaine. Le petit calendrier d’Horus donne celle du 26; 
le grand calendrier donne celle du 16. Ce dernier chiffre est indiscutable 
sur la pierre W. Cependant, le chiffre précédent : 2Ù Phaménoth, étant certain 

<‘) Edfou, V, B78, 10-11. — « Edfou, I, 229, 3 . — « Edfou, I, 35 o, i 5 -i 6 . — » Cf. 
Edfou, pl. phot. 491 (10 e colonne, à la fin). 


— m< 293 )•«— 

aussi h), R en résulterait un retour en arrière, si le 16 lui succédait. On peut 
donc préférer la date du plus ancien des deux calendriers, et admettre une 
faute de graveur ou de copiste au grand calendrier d’Horus. La fête du 
26 Phaménoth à Edfou n’a pas de parallèle à Dendéra. Elle présente un 
caractère osirien prédominant, si l’on en juge par l’unique détail fourni : 
«on donne à Horus d’Edfou le droit (légitime) d’Horus (sfy-t n Hr)»( 2 L II 
s’agit du droit de succession royale d’Horus en tant que fils d’Osiris, dont 
la légitimité est reconnue par le tribunal des dieux. 

XV. Fête d’Horus et d’Hathor, du i er au 5 Pharmouthi. 

Cette période de fête était commune aux deux temples d’Edfou et de Dendéra. 
En effet, les trois calendriers indiquent des dates correspondantes : 1 , 2 , 3 , 5 

Pharmouthi (petit calendrier d’Horus); 1, 2, [ ] Pharmouthi (grand 

calendrier d’Horus); 1, h Pharmouthi (calendrier d’Hathor à Edfou). 

La première journée est dite : «fête d’Horus et de 1 QEil-d’Horus», à 
Dendéra; elle est appelée très probablement : «fête [de Râ] et de l’QEil-de- 
Râ», à Edfou. La quatrième journée, à Dendéra, était la fête de la déesse- 
lionne P’,h4 (de Beni-Hasan), «qui est l’ QEil-d’Horus», et celle d’Horus- 
nb-Ah : c’était donc encore, sous une forme détournée, une fête du couple 
Horus-Hathor, à Edfou. Sans avoir d’autres détails sur ces cérémonies du 
début de Pharmouthi, nous pouvons avoir la certitude qu’il s’agit là, une 
fois de plus, de l’alliance, cent fois fêtée sous toutes ses formes, entre les deux 
divinités masculine et féminine du ciel. 

XVI. « Fête de la Naissance d’Horus fils d’Isis et d’Osiris », au second jour de la 
lune de Pharmouthi. 

Cette festivité osirienne est célébrée en même temps à Edfou, à Dendéra, 
et dans l’ensemble des sanctuaires d’Égypte A. La date lunaire est conservée 

<*> Par l’accord du petit calendrier d’Horus, et du calendrier d’Hathor à Edfou. 

W S/y-t/s/n-t a la valeur de la forme plus ancienne sf(Wb. } IV, 455 , 5 ) = le droit. La forme 
récente a pris la valeur courante de ml € -t ( Wh IV, 45g , 8 - 1 2 ). Quant à l’écriture sfn4 de notre 
texte, elle correspond à une série de doubles formes orthographiques, telles que sf/sfn ( Wb 
IV, 455, 3, et 46o, 3) ; sf-w/gfn-w (Wb., IV, 455, i3, et 46o, 4), etc. 

< 5) Par exemple, à Esna. Cf. Brugsch, Dret Festk./ip. 26 , 1. 6-9 = Thésaurus, p. 382 , col. 1 1 , 
au centre de la première moitié de la colonne. 


seulement au calendrier d’Hathor à Edfou; mais elle doit être rétablie 
dans les lacunes des autres documents. La fête durait deux jours à Dendéra. 
Comme les lendemains du « second jour de la lune» sont indiqués en chiffres 
de calendrier solaire aux deux listes de fêtes qui concernent ce temple, nous 
pouvons constater qu’en l’année de rédaction du calendrier d’Edfou, la fête 
tombait les 20 et 21 Pharmouthi; en celle du calendrier de Dendéra, elle 
tombait les 27 et 28 du même mois. 

Le petit calendrier d’Horus, à Edfou, mentionne une date : le 9 (?) 
Pharmouthi, à la suite des fêtes du couple Horus-Hathor, au début du mois. 
Il est possible que ce chiffre corresponde au deuxième jour de la lune (fête 
de la Naissance d’Horus), mais traduit en date solaire, selon la correspondance 
de l’année en cours, sous Philopator. Cette fête de naissance d’un dieu se 
déroulait à Dendéra selon le cérémonial accoutumé : procession d’Isis-Hathor, 
à la 3 e heure du jour, auteur de son terrain sacré ; puis on allait déposer la 
statue de la déesse au mammisi ; elle ne rentrait, semble-t-il, que le lendemain 
dans son sanctuaire. A Edfou, le seul détail conservé a son importance : c’est 
probablement au Siège de la fête de la première fois, ou : Siège de la première 
fête, c’est-à-dire à la chapelle du «lieu-pur» (w'bft)), et dans la «cour du 
Nouvel-an», que se déroulaient les rites de cette journée W. 


3 . — FÊTES DE LA SAISON smw (XVII À XX). 

XVII. Groupe des fêtes célébrées au temple d’Edfou en Pochons. 

Comme déjà au mois d’Athyr, le petit calendrier d’Horus reste muet sur 
toutes fêtes célébrées au temple d’Edfou en Pachons W. Cette indication 
s’ajoute aux détails donnés par les autres documents sur ces fêtes : elle amène 


(1) Comme cela était la règle à Edfou, pour les cinq jours épagomènes et le 1 er Thot, qui étaient 

aussi des journées de naissance divine . 

w Cependant, ailleurs qu’aux calendriers, des fêtes qui ne se passent pas à Edfou sont citées 
aux textes d’Edfou. Tel est surtout le cas pour la grande fête d’Harsomtous de Dendéra, allant 

vers Hî-di à la Nouvelle lune de Pachons : cf. Edfou , I, 384 , 11 et suiv. (tableau 3 e registre, 
à l’angle nord-est de la « salle de l’Ennéade» : voir note à la fête d’Horus du 29 Athyr au 

1" Choiak). 


— +*•( 295 )•« — 

à constater qu’aucune d’entre elles n’intéresse d’abord Horus d’Edfou. Le 
grand calendrier d’Horus ne cite que trois fêtes d’Edfou en Pachons : 

1 0 Le i er Pachons : «fête de la Main-du-dieu», Hathor-Iousâs, l’OEil-de-Râ, 
la mère de Chou et de Tefnout (donc l’épouse du Soleil-Râ). Ces détails 
correspondent exactement à ceux que donne le calendrier d’Hathor, pour 
Dendéra. La même fête s’y déroule, du 11 au 21 Pachons. Il s’agit vraisem- 
blablement, à Edfou aussi, de 1’ « Accouchement de la déesse», qui met au 
monde les deux lions divins, Chou et Tefnout. 

a 0 Le 1 g Pachons : «fête de Khonsou d’Edfou». Cette divinité avait une 
importance considérable dans le culte rendu au temple d’Horus. C’est le 
dieu-lune Khonsou-Thot^, ou Khonsou-Chou fils de Râ 1 2 '. On le représente 
d’habitude, à Edfou, comme un dieu à forme humaine, *à tête de faucon, tout 
semblable (sauf le disque lunaire porté sur la tête) à Horus lui-même' 3 * ). Sa 
chapelle touche, à l’est, le sanctuaire Mén^t) d’Horus, comme celle d Osiris 
le fait, à l’ouest. La fête du 1 9 Pachons est la seule qui, au calendrier d’Edfou, 
mentionne expressément une procession «au toit du temple» ( r tp-h-t h-t- 
nlr ). Les détails conservés sur le début du rituel de la fête montrent que tout 
se passait, semble-t-il, comme à la grande fête d’Horus-Râ du 1 er Thot. Or 
celle-là comprenait aussi, certainement, une montée en procession au toit 
du temple. 

3 ° Pleine lune de Pachons : «fête de la Purification d’Hathor de Dendéra». 
C’est l’aspect local, à Edfou, de la très grande fête de l’« Accouchement de la 
déesse» au temple de Dendéra (naissance d’Harsomtous-l’enfant). A Edfou, 
l’on doit constater ce fait caractéristique : le calendrier d’Horus ne parle 
que du dieu Horus d’Edfou, et non de la déesse. La «Purification d’Hathor» 
était célébrée à Dendéra, semble-t-il, le 23 e jour seulement après la journée 
initiale de la pleine lune de Pachons : c’était la clôture de la période de fête W. 
Au contraire, à Edfou, ce dernier rite seul semble célébré, et cela, dès le jour 


{î) Edfou, I, 2 52 , 1 i . 

Edfou, I, 262, 3 . 

( 5 > Cf. par exemple Edfou, pl. XVI, 1 er reg., 4 e tabl. (smy(-t), paroi ouest du sanctuaire), etc. 
W Cf. calendrier d’Hathor à Edfou, col. 19. 


P 


38 . 


de la pleine lune. La déesse est censée, à Edfou, avoir mis au monde le dieu- 
enfant dans le « (tempfe-)mjrw du sud » (m'rw réî), c’est-à-dire au « mammisi », 
avant la pleine lune de Pachons. Ce jour-là enfin, jour de la purification de 
l’Accouchée divine, Horus d’Edfou part seul du grand temple en procession, 
suivi de son ennéade particulière. Il arrive au «mammisi»; il participe pour 
la première fois à la fête de la naissance. Le temps de l’impureté de la déesse 
étant révolu, il peut s’approcher du lieu où la mère et son fils l’attendent : 
il entre, reçoit dans ses mains Harsomtous-l’enfant, le reconnaît comme son 
héritier légitime, le fait proclamer à l’univers comme tel, par son héraut 
Thot ù). Il est possible que le séjour du dieu au « mammisi » ait duré plus 
d’une seule journée, ou bien qu’il soit retourné en procession plusieurs jours 
consécutifs au « mammisi » ( 1 2 h La fin de la dernière phrase semble marquer 

le retour d’ Horus au sanctuaire du grand temple d’Edfou. 

✓ 

XVIII. Fête d’ Horus d’Edfou en Paoni . 

Le mois de Paoni, comme le précédent, ne comporte aucune fête d’ Horus 
citée au petit calendrier d’Horus, à Edfou. Une seule fête semble attestée 
dans ce mois par le grand calendrier* d’Horus, celle du [ 2 ] 5 (?) Paoni ( 3 * 5 L 
Elle durait peut-être trois (?) jours, si la restitution discutée plus haut est 
exacte. Il y avait procession d’Horus d’Edfou autour du «mammisi» (appelé 
encore une fois le mirw du sud), dans sa barque-litière (wîl). On ne peut 
savoir à quel propos. La fête de la pleine lune de Pachons (Purification 

(1) Ce sont les cinq tableaux des parois sud et nord du sanctuaire du «mammisi» : i) Sud 

a e reg., 4 e tabl. (Chassinat, Mammisi d’Edfou, I, pl. XIII; II, pl. phot. 66). 2) Sud, 3 e reg., 

i er tabl. (ibid., I, pl. XIII; II, pl. phot. 67). 3 ) Nord, 3 e reg., 1 er tabl. (ibid., I, pl. XV ; II, 
pl. phot. 72). 4 ) Nord, 3 e reg., 3 e tabl. (ibid., I, pl. XV ; ÏI, pl. phot. 73). 5 ) Sud, 3 e reg., 

4 e tabl. (ibid., I, pl. XIII). 

(5) Le service d’Horus d’Edfou, au jour de la pleine lune de Pachons, est semblable, déclare 
le document, à celui d’une autre fête, dont la lacune du texte a détruit le nom. Son séjour au 
mlrw du sud peut être assimilé à l’une des fêtes 'de transmission de ses pouvoirs à son fds Har- 
somtous, qui se passaient dans l’aujtre mlrw, celui du roi Ménibrè (fête du 1 er Tybi, par exemple). 
Les deux longues lacunes de la colonne 1 4 ne permettent plus de se rendre compte de la nature 
exacte de la fête de la pleine lune de Pachons, à Edfou. 

(S) Le texte de la colonne 1 5 est presque entièrement détruit : c’est au début de cette 
colonne que semble commencer ce qui concernait le mois de Paoni (cf. note pour l’établissement 
du texte, plus haut). 


— 


— 


— **•( 297 )» <<-— 

d’Hathor de Dendéra) était certainement terminée. S’il s’agissait de la même 
période de fête, il est probable que le titre conservé au document d’Edfou ne 
serait- pas : « fête d’Horus d’Edfou grand dieu du ciel», pour faire suite à des 
cérémonies placées, à la ligne précédente, sous l’invocation unique d’Hathor. 

Il est vraisemblable, par contre, à cause du trajet de la procession autour du 
« mammisi», que cette fête de Paoni à Edfou réunit une fois encore les trois 
divinités : Horus, Hathor et Harsomtous-l’enfant. Elle paraît donc avoir quelque 
correspondance avec celle qui se déroulait à la même époque à Dendéra 
pendant quatre jours (27-80 Paoni), au cours desquels Hathor et Horus 
d’Edfou rendaient visite ensemble au temple de ce dernier, bâti au sud du 
terrain sacré de la déesse. 

XIX. «Fête de la (Bonne) réunion», à la nouvelle lune d’Epiphi. 

Cette fête domine de beaucoup toutes les autres en importance, au cours 
du mois d’Epiphi : c’est la seule qui soit mentionnée par les listes des fêtes 
d’Horus, dans cette période. C’est la seule aussi dont parlent les calendriers 
des fêtes de Dendéra, sauf celui d’Edfou, qui en atteste cinq autres, toutes 
étrangères au temple. , 

Le petit calendrier d’Horus cite la fête, à l’exception de toute autre en 
Epiphi. Quant au grand calendrier d’Horus à Edfou, il se place toujours 
uniquement du point de vue du dieu. Il ne tient compte que de sa sortie en 
procession vers sa barque du fleuve, au moment où Hathor est aussi dans 
la sienne. La scène commence donc pour lui à (Edfou-)Dàî, là où le dieu 
de Bkd-t a été attendre l’arrivée du cortège fluvial de la déesse. Les deux 
divinités, réunies pour la première fois, y reçoivent l’offrande des prémices 
des champs. Puis le cortège des barques sacrées quitte Db’, pour remonter le 
fleuve jusqu’au xanal du temple d’Edfou. Une lacune, en ce point, a fait dis- 
paraître tout le compte-rendu des fêtes au grand temple. Le texte ne reprend 
que pour annoncer le départ de la déesse vers Dendéra après les dix jours de 
fête-sed W. 


' (*> En efffft. , la nature des processions d’Horus et d’Hathor change, au temple d’Edfou, entre 
le quatrième et le cinquième jour. La fête se compose de deux périodes, l’une de quatre jours, 
l’autre de dix : cette dernière est plus spécialement celle de la fête-sed des divinités. 


À 


298 > 


Le petit calendrier d’Hathor à Dendéra commence le récit beaucoup plus 
haut : nous assistons là aux préparatifs du départ de la déesse, à Dendéra. 
Quoique la date du jour de la nouvelle lune lui-même soit donnée, il faut 
placer le départ de Dendéra quatre jours avant cette journée. Il y a, à 
Dendéra, une fête du départ. C’est le seul exemple où la fête d’Epiphi soit 
appelée, aux calendriers, «fête de la Navigation (hb hn )». Cette expression 
ne s’applique là qu’à la partie préliminaire : cérémonie du départ, et naviga- 
tion de quatre jours sur le fleuve. Tout le clergé de Dendéra est présent à la 
cérémonie du temple . Puis on installe la litière à bord de la grande barque 
fluviale. Un hiérogramma'te et des «serviteurs» ( smé-w ) y montent aussi, 
et ne quittent pas la déesse pendant les quatre journées d,e son voyage 
sur le Nil. On parviendra à (Edfou-)Dè; après plusieurs haltes W, la veille du 
jour de la nouvelle lune d’Epiphi, pour la cérémonie au (temple-)wjrw 
« Hs-k de cette ville. 

Le calendrier d’Hathor à Edfou relate ce qui se passe à Dendéra, puis 
à Edfou. La date donnée en tête est fictive, comme au texte précédent. En 
réalité, on célèbre la fête des prémices, «selon l’édit d’Amenemhat», le jour 
de la nouvelle lune d’Epiphi, à Dendéra; mais la* déesse est déjà partie 
depuis quatre jours. Les trois phrases suivantes s’appliquent à la pro- 
cession du départ, à Dendéra, à l’installation dans la barque du fleuve, et 
au voyage jusqu’à (Edfou -)Dbl. Puis vient la navigation du couple divin 
sur les deux barques sacrées, remorquées l’une derrière l’autre, entre Dbi et 
le temple d’(Edfou-)Sàd4. 

Suit un résumé des étapes des processions au terrain sacré d’Edfou. Ce 
récit est divisé en deux parties : l’une de quatre, l’autre de dix jours ( 2 L C’est 
ensuite le départ en sens inverse, de Bhd-t à I)b\. Une lacune' a détruit là ce 
que nous savons par le «rituel» d’Edfou. Enfin la déesse s’en retourne seule 
vers Dendéra, après les quatorze journées passées auprès d’Horus depuis le 
jour de la nouvelle lune. 

Le grand calendrier d’Hathor à Dendéra se place strictement au point 
de vue de la déesse Hathor dans son temple propre. Il n’y est nullement 


(1 > A Thèbes, à Pr-Mr (Komir), à ( I lierai; onpolis-)Nhn . 

(1 > Cf. plus bas, étude particulière de la fête (4 e partie). 


—*( 29.9 )*— 

question de voyage vers Edfou, ni des fêtes célébrées dans cette ville. Par 
contre, nous savons grâce à lui qu’à Dendéra, le jour de la nouvelle lune 
d’Epiphi, la déesse quittait son sanctuaire en procession pour monter à la 
terrasse de son temple, et «touchait le soleil» dans le pavillon du toit. La 
cérémonie se place à la î o e heure du jour, donc à la fin de l’après-midi. 
D’après le «rituel» d’Edfou, c’est vraisemblablement à ce moment même, 
c’est-à-dire à la fin de cette journée de la nouvelle lune du mois, que la statue 
du pèlerinage h) atteignait Bhd-t. Le dieu local et Hathor de Dendéra « arri- 
vaient en présence de Râ»< 1 2) * * (S) . On peut penser que cette coïncidence était 
voulue. Au moment où, pour la première fois au cours de la fête d’Epiphi, 
la bonne réunion d’Hathor et de Râ s’accomplissait à Edfou, la déesse s’associait 
aux réjouissances du temple allié à son culte, en «touchant le soleil» sur la 
terrasse de son sanctuaire de Dendéra. 

XX. Groupe des fêtes célébrées au temple d’Edfou en Mésorê. 

Ces fêtes ne sont pas des fêtes d’Horus, sauf une seule, celle du 1 5, réservée 
à Harsomtous-le- grand-luminaire (hd-wr). Celle-là seulement est portée au 
petit calendrier d’Horus, avant les cérémonies du renouvellement de l’an- 
née (à partir du 3o). Le grand calendrier' d’Horus l’atteste aussi. On 
distingue par ailleurs dans les calendriers concernant Dendéra, et aussi 
dans le grand calendrier d’Horus à Edfou, une longue période de fête ré- 
servée à la déesse. Cette période ne commençait, à Edfou, que le i er Mé- 
sorê : c’était la fête de sa Majesté ^ . Hathor d’Edfou est sûrement honorée 
ce jour. Le lendemain 2 Mésorê, c’est un autre aspect d’elle-même qui joue 
le premier rôle dans la procession : « Isis-la-lumineuse » (S-t hd/l-t), forme de 
1’ « Œil d’Horus», mère divine, parèdre à Edfou. Les cérémonies n’étaient, 
semble-t-il, nullement spéciales au temple. Elles avaient la même nature qu’à 


(1) Il y avait donc une image d’Hathor de Dendéra qui quittait réellement son temple pour 

faire le voyage d’Edfou, et d’autres images d’elle qui restaient à Dendéra. L’une de celles-là y 

accomplissait les cérémonies du jour de la nouvelle lune d’Epiphi. 

* (a) Cf. Edfou, V, 125, 8-9 (col. 10-11); voir l’étude particulière plus bas. 

(S) Au féminin (Hm-t-s). La même période commence à Dendéra le 27 Epiphi, et dure douze 
jours. 



à 


, — «•( 3p0 >«— 

Dendéra et dans les autres sanctuaires du pays. La déesse célèbre une fête-sed 
royale. A Edfou, nous ignorons en quel lieu du temple ou du terrain sacré W; 
mais on y «moissonnait l’orge» (ish. tt ), et l’on y «donnait l’essor aux 
oies» ( di wl-t n 'pr-w) vers les quatre points cardinaux du monde, selon toute 
vraisemblance, comme on le faisait à Dendéra. Après cette période de deux , 
jours, il semble exister un intervalle, à Edfou. Puis la fête de la déesse con- 
tinue. Cette fois, chose unique au calendrier d’Hathor du temple d’Edfou, 
on précise qu’à Edfou l’on reprenait la « fête de sa Majesté», le 1 o Mésorê ( 2 L 

La seconde période de fête d’Hathor à Edfou allait probablement jusqu’au 
21 , en tout. Les deux derniers jours étaient consacrés, toujours d’après le 
calendrier d’Hathor à Edfou, à un rite particulier : ,1a « Louange de Moût» W. 
C’est le i5, au centre de cette période finale, que s’intercalait la «fête 
d’Harsomtous-le-grand-luminaire » * * 3 (4) . 

Le 3 o Mésorê, enfin, recommençait, par la «fête de l’Habillement d’Horus 
d’Edfou», la période des grandes cérémonies du renouvellement de l’année 
solaire. 

FÊTES D’HORUS D’EDFOU DONT LES DOCUMENTS DU TEMPLE 

♦ 

PERMETTENT UNE ÉTUDE PLUS COMPLÈTE. 

I 

Tel est le cycle des fêtes solennelles célébrées au temple d’Edfou, en l’hon- 
neur d Horus. Le tableau peut en être dressé, grâce à la comparaison des 

(,) Au contraire, à Dendéra, nous savons qu’à la même époque la «fête-sed» royale de la 
déesse se déroulait au <( kiosque» du roi ( Piolémée ) Philadeîphe : cf. plus haut. 

{S) Et probablement jusqu’au 19 (restitution, dans la lacune), afin que s’explique la date 
de la fete qui lui fait suite, du 19 au 21 Mésorê : « Louange de Moût». C’est bien là la preuve 
que toutes les cérémonies du « calendrier» concerne Dendéra. C’est pour signaler une différence 
avec le rite de cette dernière ville, que le calendrier cite ce qui se passe dans Edfou. 

(3) On y récitait probablement les longues litanies des noms de Moût conservées au temple d’Edfou, 
en guise fie clôture des fêtes-sed royales de la déesse. 

(4) Elle ne pouvait guère avoir un autre caractère que celui de toutes les fêtes d’Harsomtous 
à Dendéra ou à Edfou (en particulier, la fête de Hî-dî à la nouvelle lune de Pachons) : celui 
d’un z fête-sed pour le renouvellement du couronnement royal (au milieu de celles de la déesse, 
qui sont de même nature). La date du i5 (restituée au grand calendrier d’Horus d’après le 
petit calendrier) est probable. A Dendéra, les fêtes d’Harsomtous du 10 Thot et du 3o 
Paophi; à Edfou, celle du 3o Paophi, ont le même caractère. 


— **( 301 

«calendriers» des deux grands sanctuaires de Haute Égypte. Chacune de ces 
fêtes avait sa nature propre, et ne revenait, semblable à elle-même, qu’au 
bout d’un an révolu. Aucun renseignement, pour beaucoup d’entre elles, 
n’a été conservé par les textes, sinon ceux que nous venons d’exposer. Or le 
propre d’une liste générale est d’indiquer seulement les traits essentiels de 
chacune des cérémonies mentionnées. 

Cependant le temple d’Edfou possède au sujet de certaines de ces fêtes 
des ensembles considérables, faits de textes et de tableaux. Ces ensembles 
étaient destinés d’abord à décorer et à protéger les parois de la grande 
demeure d’Horus. Beaucoup d’entre eux ont été gravés là où se déroulaient 
une partie des cérémonies qu’ils représentent. Ils devaient, semble-t-il aussi, 
sauvegarder les renseignements les plus indispensables contenus dans les 
livres liturgiques, si ces derniers venaient un jour à disparaître. Aussi a-t-on 
choisi, pour en représenter l’abrégé sur les murailles, les fêtes les plus 
importantes dans le rite local, selon la hiérarchie divine particulière à 
Edfou. 

Ces périodes sont, dans l’ordre qu’elles gardaient au cours de l’année : 

1 . Les « fêtes du Siège de la première fête » (So Mésorê-5 Thot). 

2 . La « fête du Couronnement du roi » ( 1 cr -5 Tybi ) . 

3 . 'La « fête de la Victoire» (a i-a-5 Méchir ). 

4. La « fête de la (Bonne) réunion » (nouvelle lune dEpiphi; là jours). 

Toutes ces cérémonies possèdent ce caractère commun d’être des fêtes 
d’Horus. Le dieu d’Edfou n’y paraît certes pas seul : son ennéade l’accom- 
pagne; Hathor y joue un grand rôle. Mais il y est toujours au premier plan; 
autour de lui, tout le reste gravite. Ainsi apparaît la volonté des décorateurs 
du temple : malgré la complexité des scènes, malgré les influences de toutes 
origines et de toutes époques qui pèsent sur le culte rendu à Edfou, ce sont 
les principales festivités d’Horus, et d’Horus seul, qui prennent une place 
importante sur les murailles de son sanctuaire. 

Les quatre grandes fêtes dont le rituel existe encore ne sont pas à placer 
sur un même plan : leur nature est très différente, leur degré d’originalité 
inégal. Le but de notre étude est, non seulement de tracer un tableau du 


— **< 302 )**— 

culte d’Horus à Edfou, mais encore de dégager, dans la mesure du possible, 
ce qui est spécial et local en lui. 

Il y a donc grand intérêt à classer ces fêtes selon leurs caractères propres. 
C’est pourquoi nous étudierons les grandes fêtes d’Horus dans un ordre 
d’originalité croissante, qui sera celui-ci : 

i° Les fêtes du Siège de la première fête; 2 ° La fête de la (Bonne) réunion; 
3° La fête du Couronnement du roi; 4° La fête de la Victoire , appuyée sur le 
souvenir de deux autres «triomphes» déjà célébrés dans l’année : celui de 
i n fête de Sokaris, et celui de la fete de la Fondation des offrandes des dieux d’Edfou . 


TROISIÈME PARTIE. 


LES «FÊTES DU SIÈGE DE LA PREMIÈRE FÊTE» (1) . 


CHAPITRE PREMIER. 


NATURE DES FÊTES, SELON LE LIEU OÙ ELLES SE DÉROULENT. 

Les textes des calendriers des fêtes fournissent son point de départ à 
l’étude qui va suivre. Au grand calendrier d’Edfou, le Siège de la première 
fête apparaît à la colonne 1 8 , à propos de la cérémonie du 3 o Mésorê : « fête 
de l’Habillement d’Horus». C’est là que se déroulent les principaux rites de 
la journée. L’office y est conduit d’après un livre spécial, auquel le lieu prête 
son nom : cérémonial du Siège de la première fête. Le même texte affirme ensuite 
que les rites du deuxième jour «épagomène» : «Naissance d’Horus», sont 
célébrés de la même façon et au même lieu du temple que ceux du 3o Mésorê. 
Quant à ceux du quatrième jour «épagomène», c’est encore au Siège de la 
première fête qu’ils prennent place. La procession se rend là directement; 
quand le service du jour est terminé, elle rentre au sanctuaire Mén(-t). Il semble 
donc n’être pas question au calendrier d’Edfou, au cours des six journées 
de fête de fin d’année, de monter en procession au toit du temple ( 2 ). Le fait 
contraire ne peut être attesté pour la fête du i er Thot, au début du même 

Cf. Edfou, V, 395, 2 : hb'W n S-t-hb-tpy. 

W Trop de lacunes existent, aux colonnes 18-20 du texte du grand calendrier d’Horus 
à Edfou, pour qu’on puisse être affirmatif sur ce point. 


-»•( 304 > 


document : la destruction presque totale du texte laisse ignorer si l’on y men- 
tionnait ou non ce dernier rite. Cependant l’absence probable de montée au 
toit pendant les jours de fete de fin d’année constitue un premier indice, 
que vient renforcer la comparaison avec les passages correspondants du grand 
calendrier des fetes d Hathor a Dendera A Dendéra, le texte ne présente 
pas de lacunes. Or, a la fete de la naissance de la déesse, le quatrième jour 
épagomene (col. 2 5-2 6), il n est pas question de monter à la terrasse du 
temple (nw-t-wr-t). Au contraire, pour la fête du i er Thot, on y monte, à la 
huitième heure du jour (donc dans l’après-midi). On- accomplit auparavant tous 
rites du service divin : la première partie de la fête de ce jour se déroule donc 
d abord en bas, dans le temple proprement dit (col. i-4). Un dernier détail 
a sa valeur, au texte du calendrier de Dendéra : c’est que toutes les montées 
au toit du temple y sont soigneusement mentionnées. Par conséquent, il est 
difficile de supposer un oubli de la part du rédacteur du document, quand 
il ne cite pas le départ de la procession pour la grande voûte (du ciel), comme 
cela se produit le quatrième jour épagomène. 

D apres les « calendriers des fêtes », il y a donc à Dendéra comme à 
Edfou deux cas possibles. Dans le premier, on célébrait entièrement les rites 
a 1 intérieur du temple meme. Comme en toute fête, les statues divines 
sortaient de leur lieu de repos au centre d’une procession. Elles parvenaient 
en une partie du temple construite pour les recevoir, à l’est ou au « nord » ( 2 ) 
de la salle de l’Ennéade. Quand les cérémonies y étaient achevées, elles retour- 
naient tout de suite vers leurs sanctuaires. 

Au contraire, dans le second cas, le service divin se prolongeait; la pro- 
cession montait par l’un des escaliers du temple jusque sur la terrasse, 
s y arrêtait, puis descendait par l’autre, avant de reconduire les images 
divines a leur point de départ. C’est là la forme que prenait la grande fête 
de tous les dieux et de toutes les déesses W le i er Thot, jour initial de l’année 
nouvelle. 


( 1 Le dispositif architectural du temple d’Hathor à Dendéra a été copié, sauf quelques détails, 
sur celui du temple d Horus à Edfou, en tout ce qui touche les aménagements destinés aux fêtes 
de la nouvelle année. 

(!) L’orientation ancienne est théorique, à Dendéra. 

(3) Cf. grand calendrier d’Hathor à Dendéra, col. 2 . 


•■« * ■ ( 305 )•«— 

Il semble donc normal d’étudier l’un après l’autre les deux aspects des 
fêtes du Nouvel an. La première partie s’appliquera aux cérémonies des six 
derniers jours de l’année. La seconde aura pour objet la fête du i er Thot, 
modèle de tous les offices qui comprennent la montée en procession au toit 
du temple. 

Le caractère commun de toutes ces fêtes est d’être célébrées en un même 
lieu, qui porte le nom de Siège de la première fête. A quelle partie du temple 
d’Edfou s’applique cette locution particulière? Les inscriptions montrent que 
ce terme désignait, à la fois : i° La cour profonde, à ciel ouvert, ménagée 
à l’est de la salle de l’ennéade, et surtout la tribune surélevée de six 
marches, qui domine cette cour au nord; 2 0 La terrasse enclose d’un mur 
(qui forme la partie supérieure du temple), et tout spécialement le reposoir 
ou «kiosque» de pierre, qui jadis se dressait dans l’angle nord-est de cette 
terrasse. 

I. Cour intérieure dans la partie est du temple , avec sa tribune. 

Le nom de «Siège de la première fête» n’est pas attesté, à Edfou même, 
par les textes qui s’y rapportent. On ne trouve partout, dans ce temple, que 
les expressions : (lieu de) réunion des aliments ( Vb-df’, ), pour désigner la 
cour intérieure, et ( lieu-)pur (w'b(-t)), pour nommer le petit sanctuaire 
compris dans cette cour, au nord d). C’est seulement au temple d’Hathor à 
Dendéra qu’apparaît le nom de cour du Siège de la première fête (wéh-t n S-t- 
hb-tpy), pour désigner un édifice tout semblable à i'b-df ; d’Edfou f 2 ). Le ban- 
deau de soubassement correspondant, au temple d’Horus, porte un texte 
conçu sous forme d’acclamation en l’honneur du dieu qui célèbre sa fête. 
Il ne comporte donc pas la formule habituelle de louange au roi qui a fait 
construire tel lieu, désigné dans ce cas par son nom précis. On trouve cependant 
à Edfou, au montant ouest de la tribune w'b(-t), une phrase explicative, qui, 


(l) Cf. par exemple Edfou , VII, 16 , 1 , et Edfou, IV, 6 , 2 : « Le (lieu de) réunion des aliments 
est à son est (= à l’est de la salle centrale, ou salle de l’Ennéade), (et) son (lieu-)pur est 
en lui.» 

l *> Bandeau de soubassement de la cour : Chassinat, Dendéra, IV, 1 85 , i4; 186 , 5. 

Bibî. d’Etude, t. XX. 3g 


306 )* 


indirectement, désigne ce lieu comme faisant partie du « Siège de ia première 
fête » : 




i£X ? i ç 

i 




1 1 1 
— 


Repos, repos sur son (lieu-)pur (hr w'b(-t)-f) ! Horus d’ Edfou-grand-dieu-du- 
ciel, le ( dieu)-au-plumage-rmucheté qui sort de l'Horizon, repose sur son ( lieu-)pur 
sur lequel Râ a reposé en la première fois, donnant ordres à sa cour (divine) 
(htp R' lir-f m sp-tpy, l?r wd mdw §nw-t*f) b). 


De cet ensemble d’indices, il est permis de conclure qu’à Edfou, comme à 
Dendéra, l’édifice constitué par la cour intérieure, sa chapelle surélevée, ainsi 
que le petit local donnant au sud de la cour et destiné au service de purifica- 
tion < 2 ), était désigné sous le nom de Siège de la première fête. 


II. Terrasse sur le toit du temple. 

De multiples témoignages, au temple d’Edfou, montrent que le Siège de la 
première fête était aussi sur la terrasse, et que les deux escaliers de la demeure 
d’Horus y conduisaient. Par exemple, on lit au bas de l’escalier est, du côté 
du cortège d’Horus : 

(sa) Majesté s’en va vers le Siège de la première fête, pour réunir son âme avec 
son image 

On voit au montant nord de la seconde porte, au bas de l’escalier est, sous 
forme de souhait au dieu qui monte en procession vers le toit du temple : 

Un million (de fois) à (te) lever et (te) coucher, à voir le soleil au Siège de la 
première fête! (4) . 


{1; Edfou, I, 4 1 5 , 5-6. W'b^-t) est traité en substantif masculin. 

m Cf. Edfou, pi. I (pian général du temple : w' b(-t ) = P (Q est imprimé, par confusion avec ia 
lettre affectée à ia cour attenante) ; i'b-df i = Q (P est imprimé, par une confusion inverse) ; local V. 
(S) Edfou, I, 576 , 5-6. 

(4) Edfou, I, 579 , ia. 


— «.( 307 

On lit au montant sud de la porte qui fait communiquer la salle de l’es- 
calier ouest avec celle de l’autel : 


■ ^ In 


CD • I - 


■J *§*-«= 22: 


• Ill l 01 


(Cet escalier) le dieu le gravit jusqu’à son Siège de la première fête, 

pour voir le soleil à la fête de l’Ouverture de l’an, et à toutes fêtes particulières^ . 


Les inscriptions des portes du «couloir mystérieux» elles-mêmes, placées 
sur le chemin de la procession, font savoir que ces portes servent 

à faire sortir (Horus d’Edfou et Hathor de Dendéra), en (la personne de) leurs 
statues (m bé-én), vers le Siège de la première fête (qui est ) sur la terrasse de 
V èsca[lier), afin de voir le soleil dans l’Horizon d’orient (r ivt-hb-tpy, nty hr 
tp-h-t n t;-[rwd (?)], r m;; itn m ;h*t iib-t) 

La porte supérieure de l’escalier est, qui débouche sur la terrasse, pro- 
clame elle aussi, malgré une lacune où la restitution s’impose : 

[Cette) porte [(serf) à] la marche jusqu’au Siège de la [ première ] fête, (que 
fait) Homs d’Edfou, le (dieu)-au-plumage-moucheté, en sa sainte statue W. 


D’après le bandeau de frise, qui couronne la grande procession gravée dans 
ce même escalier, toutes les divinités vont avec Horus. 

/ I t**"**^ flk \ J ^ 

\ 1 JT 1 1 1 1 1 1 / In f 1 111 e 1 

au Siège de sa première fête, en ses fêtes où l’on entre à la terrasse (m hb-w-f 
n 'k hr-t) ». 


. (1) Edfou, I, 5 1 3 , 1 s - 1 3 . — <*) Edfou, I, 35i, 9 - 10 . — « Edfou, I, 55i, 6 . — <‘> Edfou, 
I, 555, 9 - 10 . 


3 9 . 


— «*( 308 )•*+— 

Enfin, au bandeau parallèle à celui-ci, malgré le doute que peut faire naître 
la lacune, apparaît l’autre terme spécial aux fêtes célébrées sur le toit : 

T * - £* il A *** ^ I y <)— ' [-=<,)] K 

(C’est l’escalier ) posé pour Celui qui éloigne (sa) course, afin que 

le (dieu) d’Ed,fou atteigne la terrasse [en] la « fête (?) de la Première fois » 
(wlh-tw r Hr-nmt4, n wdj wdl-t in Bhdti, [m] hb (?) sp tpy) h). 

Ainsi le terme général de fêtes du Siège de la première fête doit être applique 
à toutes cérémonies qui se déroulent, soit dans le ( lieu de) réunion des aliments 
et son (lieur-)pur, soit au sanctuaire de la terrasse du temple d’Edfou. D autre 
part, les plus caractéristiques de ces fêtes sont celles de la fin de 1 annee 
solaire, et surtout la grande fête-sed de Râ, fête de tous les dieux et deesses, le 
jour du i er Thot, qui ouvre l’an nouveau. 


(>) Edfou , I, 553, 1 1 .[-...] r sp tpy doit être corrigé en : [m] hb (la coupe hb, au lieu de 
la bouche r?) sp tpy. 


* 


CHAPITRE II. 


LÉS «FÊTES DU SIÈGE DE Là PREMIÈRE FÊTE» EN FIN D’ANNÉE. 


1. — ENTRÉE DE L’OFFRANDE. 


Le service du Siège de la première fête commençait à l’aube. L’entrée des 
offrandes alimentaires demandait du temps : d’après tous les témoignages, la 
table du dieu était garnie ces jours-là avec une particulière abondance, 
un luxe que le.s inscriptions se plaisent à détailler. La longue théorie des 
porteurs sortant des ateliers déposait ses charges d’abord dans la salle 
de l’autel, puis au (lieu de) réunion des aliments (Cb-dfi) W. Ce passage du 
bandeau de frise de l’escalier est, placé du côté d’Hathor, décrit les 
offrandes disposées au centre du temple : 


-vi^îîîii: 

t+mSlME 

îî— 1 D s fl fri 




Le sanctuaire (é-t-wr-t) est garni de toutes bonnes choses, par (in) sa Majesté 
(royale) : pièces de viande, pain et bière, vin ( 2 ), lait, gâteaux (p > *t) , moût (sdh), 
(le tout) sans nombre. [On a abattu le bœuf (?)], l’oryx est égorgé, le mouflon (?) 
([t]; (?)) est sacrifié avec le bouquetin. Les oiseaux, adversaires (du dieu) (wn-mw), 


Cf. plus bas: 

(*) Littéralement : l’œil-d’Horus bleu ( ir-t-Hr wid-t), c’est-à-dire : l’offrande bleue (cou- 
leur du vin de teinte foncée). 

Bibl. d’ Étude, t. XX. 4o 


— *n*( 310 )•€-*—— 

sont avec (eux) tous. On les rôtit sur tous les autels : ce sont tous des holocaustes, 
(mis) dans la salle des offrandes W de son temple W. 


Une des rares descriptions préservées, sur la paroi sud de la cour du Siège 
de la première fête, énumère aussi les mets amoncelés en cet endroit, quand 
le « prêtre du roi » les consacrait à Horus : 


[UTftr^W! Il W MK BMI 




«fi 1 [«> 


IMI55 B I®:ooThtS««niïiJîgt-&t"iT}ZT 


‘ 2 1 * 3 4 N = î» S - ¥ £, ^ !: : w »] ’J t P ë i, * £ I * - -fe 
lüM-î-SAtn-Ht-tlS ■ 


[Prends pour toi ces offrandes (?)], Horus d’ Edfou-grand-dieu-aur-plumage- 

moucheté : ]. (Voici (?)) l’eau de libation : elle [sort] des cavernes 

(d’ Éléphantine) (kr-ti) ; (il y a) là de l’onguent W qui sort de l’officine (du temple) 
(îs); des tissus qui viennent du domaine de Neit W; de la (résine) blanche ( ?) en 
sorte (dont) les [grains (?)] (sont) en la forme (qu’ils ont ) sur l’arbre, dans la 
Terre du dieu (hdw m d-t-f, [tj-w (?)]•£ m irw-én hr nh-t (?)-én m (?) 
T Mi ù’) ; il y a là du pain, qui (sort) de l’atelier pur (én'w w'b); de la bière 

(dér), qui sort de son cellier frais (ét-é kb). Le vin qui est là sort de [ ] ; c’est 

le tribut de (l’oasis) Dsds ( 5 ). [Le lait] qui est là (vient du) pis de la Vache (divine) 

(îri-nph n ;h-t); le miel vient de (la déesse) Tnmy-t. Des [ ] engraissés 

(ddi) sont là, avec des oies (m-m U-w), qui viennent de [ ], 


(1) Wsh-t-wdn : c’est l’autre nom, très commun au temple d’Edfou, de la salle de l’a'utel 
( wsk't-htp ). 

« Edfou , ï, 553, i4, à 554, i. 

{3) L’antécédent de là (rnklb-s), qui se trouve dans ia lacune, est probablement t'b-dfl. 

(4) Un des noms de la salle où l’on conservait le linge sacré, au temple d’Edfou (ordinairement : 
h-t~mnh>t). 

w L’oasis Dakhla d’aujourd’hui : partie occidentale de la «Grande Oasis» (contrairement à 
l’opinion de Sethe, Z. Î.S./56, p. 5o-5i), grande productrice de vin à l’époque ptolémaïque. 


— »«- *( 311 )*«~i — 

(venant) des étangs du désert (?) h) ; les oies (rl-w) [ ] sont là réunies. Tous 

les fruits, [les •.] des jardins (n hsp (?))' sont là, et toutes les fleurs, (tous) 

les bouquets : (ce sont) les prémices (rnp-t) qui viennent des champs (jh-t), (avec) 
les lotus qui poussent aux étangs (h?-t), que je t’offre (ms-mi n kl-k) tous 
ensemble (m ki w‘), (pour que ) tu te réjouisses là de ce que tu aimes! 


2. — ENTRÉE DES OFFICIANTS. 


Le groupe des officiants arrivait alors à la grande porte du temple. On 
s’arrêtait dans le pronaos, pour les purifications du «prêtre du roi». 

Les cérémoniaires recevaient les exemplaires de l’office du jour Puis, 
psalmodiant les prières d’approche, tous montaient vers le sanctuaire : 




Le « roi » (fait) l’entrée, (avec) les « princes »W (hiti-w-) derrière lui, (allant) 
vers (r) Mén(-t), en grande pureté. Les grands prophètes sont en leurs places 
exactes (r rd-wi é-t-én), et les grands (prêtres-)purs sont -.à leur (rang de) marche 
(r nmt-t-én) W. 


A la salle de l’autel, les arrivants rencontraient ceux qui prenaient soin 
des offrandes. Le service de l’eau pure et de l’encens ouvrait les portes du 
trésor (pr-wl-hd), y prenait les objets de culte précieux. Les portes du 
couloir smy(-t) s’ouvraient aussi, puis celles de la salle des tissus (h-t- 
mnli-t). De là sortait de quoi rendre plus somptueuse qu’en toute autre fête 
bu parure des images divines. Certains prêtres traversaient la salle de 


(!) Le texte, entrés mauvais état de conservation sur ia pierre, n’est pas sûrement établi. Les 
hi t mrw pourraient désigner ici les étendues d’eau que forment les infiltrations du fleuve en 
bordure du désert, dans toute la vallée. Là étaient les terrains de chasse aux oiseaux aquatiques. 

« Edfou, I, 443, i 2 -i 8. 

(3) Cf. i re partie, rituel des fêtes régulières. 

(4) Titre général des prêtres de haut rang, à Edfou et à Dendéra. 
m Edfou , I, 553, i3-i4. 

4o. 


— **( 312 )•«« - - 

l’ennéade, sans s’y arrêter comme on le faisait aux offices des fêtes régu- 
lières. Ils s’enfonçaient par les couloirs latéraux vers la chapelle Ménft), cachée 
derrière le sanctuaire des barques. 

On touche ici l’une des différences essentielles entre les offices «réguliers» 
et les offices de fête. Au sanctuaire central seul se déroulaient les premiers. 
La décoration de ce sanctuaire en témoigne, ainsi que sa place même. Il est 
en face de la salle de l’ennéade, où les divinités parèdres s’associaient 
au sacrifice journalier. Il est en face de la salle de l’autel où les offrandes 
étaient exposées, à proximité du naos ordinaire du maître du temple W. Au 
contraire, les tableaux qui décorent Mén(-t) ne montrent pas, à Edfou, les 
gestes du service dans leur succession; ils n’isolent pas le dieu, mais le 
font voir à la tête de son ennéade, prêt à la sortie solennelle W. Les 
portes du couloir des chapelles, en dehors du passage de la purification 
journalière, ne parlent que des rites des grandes fêtes. Le sanctuaire des 
barques participait lui aussi, il est vrai, aux cérémonies de la plupart de ces 
dernières, puisqu’il contenait les grandes litières des deux principales divi- 
nités d’Edfou. Les «fêtes du Siège de la première fête» et leurs semblables 
faisaient cependant exception : les images divines n’y circulaient que dans 
leurs tabernacles légers, portés à la main, sans sortir du temple^. 

Le jour de la fête du i er Thot, ce n’est pas un hasard si le bandeau de frise 
de l’escalier oriental nomme deux fois de suite Mèn(-t) le sanctuaire d’où sort la 
divinité, avant de le désigner une troisième fois par ndm-'nh, un des substituts 
les plus fréquents de Mén(-t) au temple d’Edfou W. Une quatrième fois, les 
prêtres porteurs du tabernacle d’Horus sont désignés par le titre d’«amis 
(royaux) de Mén(-t)» (émr-w Ménft))®. Les témoignages les plus décisifs 
sont apportés par les inscriptions des portes du couloir des chapelles. 
Trois d’entre elles au moins parlent exclusivement des fêtes du Siège de la 


(l) Cf. 1 " partie. 

;î; Cf. plus bas, office des fêtes du «Siège de la première fête» dans Msn(-t). 

(3) L’opinion contraire est généralement adoptée jusqu’ici. Sur le rôle de chacun des deux 
sanctuaires de Dendéra, semblables à ceux d’Edfou, cf. Ermak, La religion des Égyptiens, 3 e édit, 
(trad. Wild, 1987 ), p. 420 . 

« Edfou , I, 553, i5 ; 554, 2 ; 554, 3. 

« Edfou, I, 554, 8 . 


( 313 )- 


première fête : en particulier de celle du i er Thot, qu’elles désignent par son 
nom spécial : V Ouverture de l’an ù). 

Voici dès maintenant la plus nette : 


-C-3 — ~ 




C’est la porte par où passent, pour [ honorer les divinités ( qui sont ) à ('?)] droite 
et à gauche du (sanctuaire central ) 3-t-wr-t, le supérieur des prophètes et [ tous 
les (prêtres-)entrant (?)], en vue de la « révélation de la face » dans ( le sanctuaire -) 
ndm- ' nh , pour faire sortir (en procession) le grand dieu d’Edfou, le (dieu) d’Edfou- 
grand-dieu-du-ciel, pour soulever le Maître de Msn(-t), le « (dieu)- au -plumage- 
moucheté» (ainsi qu’)Hathor de Dendéra, lorsqu’ils) sortent en ( l’apparence de) 
leurs statues jusqu’au « Siège de la première fête», qui est sur le toit (du temple) W. 

Une partie des assistants pouvait seule accompagner l’officiant royal à l’in- 
térieur de la chapelle Mén(-t) : elle ne mesure en effet que huit coudées un tiers, 
sur six deux-tiers et le nombre des « (prêtres-)entrant » était élevé. Le chef 
du cérémonial brisait, semble-t-il, le cachet d’argile posé sur la porte, comme 
on le faisait, en service régulier, au sanctuaire central. On fermait à ce moment 
toutes les issues extérieures du temple, et celles de sa muraille protectrice : 
ainsi toute influence impure, venue du dehors, devait se briser contre le 
rempart du lieu saint. L’encensement du sanctuaire était le premier geste de 
l’officiant : 


\'ïî±:&:Zh'? 

On parfume : V encens (pd) fait le tour de Mén(-t) ; tout alentour se réjouit : 
c'est grande pureté qui se fait au Trône d'Horus (Bhd*t-Hr). \L' assistance] 


(1) Edfou, I, 346, i4, à 347 , 3 ; 347 , 5-io ; 35 1 , 8 - 12 . Ces trois textes seront utilisés dans 
l’ordre où se succèdent les rites de la fête. 

« Edfou , I, 35 i, 8 - 9 . 

W Edfou , IV, 5, 2 ; VII, i3, 2 . Les mesures anciennes correspondent à 4 m. 46 sur 3 m. 57 , 
en «coudées de Thot» de 0 m. 535. Cf. Legrain, B. L F. 4. O., XIII (1917), p. 69. 


— w{ 314 W— 

es< nombreuse (‘§5 [rmt(?)]) au dedans du temple (Wts-t); (mais) personne n’ (y) 
entre, pas un homme n (en) sort, qui ne soit en train de faire son ouvrage (k;-t-f). Les 
portes du Trône de Râ (né-t-R') sont toutes fermées, avec tous les portails ( qui 
sont) dans son mur (d’enceinte) ; (celui) qui entre (dans) le sanctuaire est le roi 
lui-même, en la personm d’un grand prince (h?ti- c wr) h). 

3. — NATURE DU SANCTUAIRE Mên(-t). 

A) Documents. 

Comment devons-nous nous représenter l’aspept intérieur de Ménft), ie 
sanctuaire des fêtes du dieu d’Edfou? Nu et désolé aujourd’hui malgré la 
beauté des bas-reliefs qui revêtent ses parois, vide de tout mobilier sacré, 
il ne peut donner par, lui-même une impression juste de sa véritable nature, 
au temps où le culte vivait en lui. Cependant quelques textes disséminés 
dans le temple nous parlent encore de ce que Mén(-t) contenait de plus pré- 
cieux : le naos, les images des dieux, les enseignes sacrées, que hantait l’âme 
invisible d’Horus : 

*T 

S 1 1, fl 2 H fri S— 

i° Mén(-t) est en son milieu W : c’est la première chapelle. (Elle est) le grand 
trône du « ( dieu-)au-plumage-moucheté ». Maât est à côté de lui : c’est la grande 
Hathor; elle est dans son naos secret (= le naos d’Horus), ( qui se trouve) à l’inté- 
rieur (de Mén(-t)) (M;‘-t r gs-f, m Hthr wr-t, m k;r-f §ti m-hnt-é). La longueur 
(de Mén(-t)) est de 8 coudées î j3, (et) sa largeur de 6 . 2/3 ; ses parois sont décorées 
avec (les dieux de) l’Ennéade de Mén(-t) : leur forme (visible) répond à leur (nature) 
respective (ml‘ îrw-én r-hft-én) ( 3 h 




(1 > C’est-à-dire : l’officiant qui tient la place du roi est un des prêtres de haut rang du temple. 
Ce n’est pas le grand-prêtre d’Edfou : on le voit en examinant la procession représentée plus 
tard, quand elle monte l’escalier du toit du temple. Cf. Edfou, I, 554, 1-4. 

Le milieu du temple, désigné dans la phrase précédente comme « la grande place 
d’Harakhthès» (s-t-wr-t n Hr-ihti). 

< 3) Bandeau de soubassement ouest du mur d’enceinte (face externe) : Edfou, VII, i3, 1 - 2 . 


— «.( 315 > 


2 ° La « demeure du Vaillant» (h-t-kn)W, son intérieur est sa première chapelle 
(hnw-é mdi ébh-t-é tp-t) ; elle est la première dans le front (dû temple), en son 

milieu exact (m phi mtr-é) W. C’est le trône du (Faueon)-êUw, en son image 

sainte de rapace accroupi (gmhéw), haut d’une coudée y compris (littéralement : 
sous) le « flagellum » (hr nhlhl). Maât est en face de lui, (elle) qui ne s’éloigne pas 
de sa Majesté, (pour qu’)Il (=Horus) s’en rassasie chaque jour : la grande Hathor 
est avec lui, dans son tabernacle (= le tabernacle d’Horus) (qui est) dans le naos 
secret en pierre de couleur, noire (Ml'-t m bjh-f, n hr r hm-f, htp-f im-é r -nb : 
Hthr wr-t hn‘-f, m htH hnt kir §t; m înr km îwn) W.. 


aSTi:si»nr:aik*a=£!:TH+iaTTT:\»i 

3° Mén(-t) est en elle garnie de son mobilier (ih-t-é) : on lui donne le nom 
de ndm-'nh M. La statue d’Harakhthès repose en elle (m-kîb-é), en sa grande image 
du « (dieu-)au-plumage-moucheté». Cette (image) est ( celle d’)un «taureau puis- 
sant» à face [de] rapace (éw m k; nht m hr [n] drty). Le pschent se dresse sur 
sa tête . La belle Maât, avec la grande double-plume jointe aux deux cornes 9 est 


(l) Nom sacré de la chapelle Min(-f), au temple d’Edfou. 

(ï) «Son intérieur» se rapporte à h-t-kn;. emploi néo-égyptien de mdi/m-dr , dont le sens 
s’affaiblit jusqu’à devenir celui de la préposition ébh-t est attesté : Edfou, IV, 5, 11 , 
Edfou, VII, i5, dans le même sens; «sa première chapelle» se rapporte à hwy4, dry-t, etc. 
(cf. Edfou , IV, 4, 5-6), qui désignent le temple d’Edfou dans son ensemble. 

W Les dimensions intérieures de la chapelle Msn(*t) sont données ici à nouveau. 

w Edfou , IV, 5, i-3. Bandeau de soubassement ouest de l’extérieur du naos (ou temple pro- 
prement dit). 

(fi) Les antécédents sont bt-ntr, et s4-wr4 : le temple d’Edfou. 

(fl) « Douceur de vie (éternelle) ». 

(7) Périphrase pour désigner toutes les images divines ithyphalliques . Cf. plus bas. 



—♦•* *.( 316 )•«— 

sur son front. C'est un grand dieu, à b vue de qui Von tremble : cest le maître des 
dieux, le maître de b (couronne-)hipr&\ Sa grande Uraeus (de diadème ) repose avec 
lui (hr-t-tp-f wr-t htp-tw r-hn-f), b grande Hathor de Dendéra : c’est Maât, 
qui ne s’éhigne pas de sa Majesté, (pour qujll s’en rassasie chaque jour. Le « Faucon 
de l’Or » (est) dans son tabernacle, à côté d’eux (Bîk-n-Nb m hd*f r-gé-én) : 
c’est un roi sur le trône de son père. Il (a 1a forme d’)un chasseur au harpon 
valeureux, qui avec son trait met le crocodile en pièces (é'W mént(y) pr-', hr 'd 
'f' m 'bb(-t)-f) . Il est comme Râ établi dans le ciel, et que toute sa cour 
entoure W. 

=+yTSTTàVîaa?H';r;-iiï5:+:x 

4° (Le « prêtre du roi») ^ monte l’escalier, il « découvre b face », en présence 
du dieu (qui est) dans son grand tabernacle à l’intérieur du sanctuaire ^ (m hd-f 
wr hnt é-t-wr-t). Il fait apparaître le (faucon accroupi-) gmhéw hors de sa demeure 
(r-rw-t h;yt-f), en sa forme de rapace valeureux (drty pr-'). C’est un « taureau 
puissant » à visage de faucon < 4 ), avec 1a face d’Horus à (l’extrémité de) son phallus 
(m hr Hr m d-t-f ) ; c’est « le puissant» (nb M) Son Uraeus (de diadème), 
c’est rOEil-de-Râ, 1a Maîtresse de Dendéra; elle est installée (éndm-tw) au centre 
de son front (îmîtw wp-t-f) (6) . 

dÉiSïîïfJftisttâ'Sït 

5° Sa fille Maât, [en] son nom de «b (déesse d’)Or» [maîtresse de] Dendéra, 
est établie avec lui, dans son tabernacle [d’]or fin (s;-t-f Mf-t, [m] rn-é Nb-t [nb-t] 
’Iwn-t, htp-tw hn'-f, hnt hd-f [n] nb nfr) W. 

( l ) Bandeau de soubassement est de l’extérieur du naos : Edfou, IV, i3, 7 - 11 . 

(*) Dans la cérémonie de la chapelle Msn(>t ), première phase de la « fête du Siège de la première 
fête». 

(») Il s’agit ici uniquement du sanctuaire comme tout le contexte le prouve. 

(*) Le texte de Rochemonteix porte, à tort, un vautour J , au lieu du faucon bik . La même phrase 
se retrouve toute semblable au texte n° 3. 

( 5 ) Écriture récente (déterminatif du disque solaire)* du mot H synonyme de phti. 

(*) Bandeau de frise de l’escalier est du temple (côte d’Hathor) î Edfou, I, 554, 4-6. 

( 7 ) Bandeau de frise ouest de la grande cour du temple : Edfou, V, 8, 9 . 


317 )*♦+— * — 

6 ° Maât est en face de lui, de b vue de qui il vit, (et) qui ne s’ébigne pas de devant 
lui; c’est V « Or des dieux», qui est auprès (d de lui, dans son tabernacle secret 
d’(or~) ktm(-t) (Mf-t m-bih-f, 'nh-f m mîl-é, n hr irf r hft-fir-f : Nb-t ntr-w, 
wnn-é m-ht-f, hnt hd-f àtl n ktm(-t) < 2 )). 

7 0 Puissante est son image dans Edfou : c’est le Harponneur vailbnt. Son beau 
visage est (celui d’)un rapace; b (couronne-) hp-t ^ est sur sa tête : elle (lui) crée 
sa « majesté ». Son OEïl (divin) qui répand 1a flamme, Elle se dresse sur son front. 
(Quand) le harpon est empoigné dans son poing, les ennemis sont anéantis en sa présence 
(wr bs-f m Bhd-t m i(l)wty kn; [ir-f nfr m drty; hp-t m tp-f, hr éhpr sfyt-f; 
'nh-t-f hr dî nbî-t, 'h'-é hr h;-t-f. finit hf'-ti m hf'-f, ébi-w m htm-w hr-f) (4) . 

En comparant ces divers passages, qui tous décrivent avec plus ou moins 
de précision la chapelle Mén(-t) et ses images divines, il est possible de pro- 
poser la restitution suivante : 

B) Le naos et les images divines. 

La chapelle contenait un naos (k’,r) de pierre noire, probablement adossé 
au mur de fond, comme celui du sanctuaire des barques, et placé au 
centre de ce mur. Sa forme était, si l’on en juge par la silhouette de l’idéo- 
gramme du texte n° 2 , très voisine de celle du grand naos préservé jusqu’à 
nos jours au centre du temple. A l’intérieur de ce naos de pierre étaient 
déposés deux tabernacles (hd) de bois, entièrement recouverts d’une feuille 
d’or : les textes n os 5 et 6 appelent le premier : «le tabernacle d’or». 


<’) Cf. Wb., III, 345, 3. 

<’> Bandeau de frise est de la grande cour du temple : Edfou, V, 10 , 4-5. 

O) Elle est formée du pschent, auquel sont ajoutées les deux plumes et les deux cornes (sw-ti, 
’b-wi) . 

^ Bandeau de frise est de la grande cour du temple : Edfou, V, 10 , 10 - 12 . 



— **.( 318 ).#*— 

Les dimensions de ces tabernacles dépendent des mesures intérieures du 
naos qui les contenait : or celui-ci a disparu. Mais l’autre naos de pierre du 
temple, celui du sanctuaire des barques, peut fournir un point de com- 
paraison. Les dimensions intérieures en sont de 2 m. 20 (hauteur au-dessus 
de la dalle de fond) sur 1 m. 2 3 (largeur au centre) et 1 m. 80 (profon- 
deur de la dalle sur laquelle étaient posés les tabernacles). Nous savons, 
par ailleurs, qu’une des statues contenues dans le naos de Mén(-t) avait une 
coudée, c’est-à-dire 0 m. 53 environ de hauteur. La majorité des statues 
portées dans les processions ne dépassait guère cette taille W. 

Même si le naos de pierre dressé dans la chapelle Mén(-t) était de taille 
inférieure à celle du grand naos du sanctuaire central du temple, sa capacité 
n’en était pas moins, à coup sûr, suffisante pour contenir de telles statues, 
avec leurs deux tabernacles. 

Deux images divines étaient conservées à l’intérieur du premier « tabernacle 
d’or»' : 

i° L’image de l’Horus-Râ (ou Harakhthès) de Mén(-t). C’était un faucon, 
dans l’attitude accroupie [gmhéw). La matière qui le constituait ne nous est 
pas précisée Sa hauteur totale était d’une coudée. Il était ithyphallique ; 
l’extrémité de son membre viril était sculptée en forme de tête de faucon. 
II portait au-dessus du dos le «flagellum» nh’,\i>. Ses couronnes étaient com- 
plexes; l’ensemble en formait ce qu’on trouve souvent désigné par le terme 
de hp4 : d’abord, le «pschent» royal ordinaire; ensuite, les deux cornes de 
bélier Çb-wî), probablement complétées par le disque solaire central; enfin, 
les éléments du .diadème divin : la double plume (sw-li), et l’üraeus solaire, 
qui est Maât et en même temps Hatlior de Dendéra. 

2 0 L’image de Maât-Hathor (de Dendéra). Il existe une confusion certaine 
entre l’Uraeus du diadème, dressée sur le front (m h, >4, îmitw wp-t) du faucon 
divin (elle est Maât et Hathor à la fois), et une autre statue, située dans le 


(l) Cf. par exemple, les dimensions des nombreuses statues conservées dans la crypte n” 4 
du temple de Dendéra : Mariette, Dendéra, III, pi. 38-45. 

m C’était probablement, comme pour la grande majorité des statues de procession, du bois, 
entièrement recouvert d’une feuille d’or appliquée sur enduit. L’idole était souvent enrichie 
de pierres précieuses enchâssées. 


— «-*•( 319 

même tabernacle que le dieu lui-même W. Le texte n° 3 emploie pour cette 
statue la périphrase habituelle hr4-tp-f (= celle qui est sur sa tête). Cette 
expression s’appliquerait mieux à l’Uraeus de diadème W, si justement il ne 
venait pas d’être question de cette dernière, signalée par une position 
précise qui empêche de la confondre avec la statuette de Maât-Hathor. Cette 
statue était placée « à côté» (r-gé) de celle du dieu, ou encore « devant lui, en 
face de lui» (m-blh-f, r hft-hr-f), «avec lui (hn'-f, r-hn-f ) », «auprès de lui» 
( m-fit-f ). C’est d’elle qu’il s’agit, lorsqu 'intervient la phrase rituelle ou ses 
variantes si fréquentes au temple d’Edfou : « (elle) qui ne s’éloigne pas de 
sa Majesté, pour qu’il en vive chaque jour». 

Le temple d’Edfou présente sur ses bas-reliefs beaucoup moins de repré- 
sentations de statues divines que le sanctuaire d’Hathor à Dendéra. Certaines 
images sculptées dans ce dernier temple montrent des analogies étroites avec 
l’idole du faucon gmhéw, telle que les textes d’Edfou la décrivent dans Mén[4). 

De bons exemples de statues de faucon munies du « flagellum » dorsal sont 
ceux de la crypte n° î du temple de Dendéra W. Il s’agit d’une image d’Horus 
d’Edfou dans le premier cas, avec son épithète bien connue de «l’assaillant» 
(b’-tkk); dans le second, c’est une des divinités locales de Dendéra : « Osiris- 

le-Faucon, , qui se lève dans l’Horizon comme (Har)akhthès ». Ces deux 

statues de culte n’avaient pas la posture spéciale du gmhéw. L’oiseau de proie 
est représenté debout sur ses serres, et non ithyphallique; ses coiffures ne 
sont pas non plus exactement celles de l’idole de Mén(-t). 

Par contre, elles portent le «flagellum», qui n’augmente que de très peu 
la hauteur totale; elles étaient faites d’«or», et mesuraient une coudée de 
haut, comme l’Horus du sanctuaire d’Edfou. 

Une autre figure semblable, à Dendéra, se rapproche bien plus de celle 
de Mén[4) à Edfou. On la trouve gravée sur les bas-reliefs de l’« arrière- 
chambre sud-est» (niche sud, paroi ouest) M, de la «première chambre 
est» (paroi nord, 3 e reg.) W, et de 1’ « arrière-chambre sud-ouest» (paroi 

(1> Cf. les textes n * * * 04 5 1 et 2. 

Comme cela est en effet très souvent le cas dans l’ensemble des textes du temple. 

{3) Mariette, Dendéra , III, pl. 8 et pL 10. 

(4) Chassinat, Dendéra , III, pl. CLXXIX; texte : III, 42, 16 ; pas de planche photographique. 

(5) Chassinat, Dendéra, II, pl. CIX; pl. phot. CXII; texte : II, 81, i 3 -i 4 . 


sud et paroi nord, 3 e reg. de Chassinat) t». Le premier exemple semble 
montrer qu il s agissait, dans la niche de la salle, d’une statue de culte vrai- 
ment conservée en ce lieu. Des indications sur les matières dont elle était 
faite sont en effet données j 1 2 ), comme sur les autres figures de la même niche. 
Il s’agit d’une image de faucon accroupi gmhéw, dépourvu de «flagellum» 
dorsal. Par contre, il est partout ithyphallique ; il porte une coiffure frp-t, 
qui répond aux détails donnés, à Edfou, sur la coiffure de l’idole de Mén(-t). 
Partout, il porte, en premier, le titre principal du dieu d’Edfou : «Horus 

d Edfou-grand-dieu-du-ciel ». La légende la plus significative qui l’accompagne 
est celle-ci : 

1 G"*-* rn 

Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, h grand gmhéw à l’image sacrée, le faucon 
(bik) divin, le (plus) mâle des dieux, que protège l’auguste (déesse) Stî-t< 3 ), le rapace 
(drty) puissant qui est dans le Trône de Râ (né-t-R'), le dieu fort (n's) qui 
massacre ses ennemis W. 


Quatre lignes de texte, gravées à part derrière cette image, précisent que : 




». • • • • 




(il est) incrusté de toutes vraies pierres ( précieuses ), y compris le membre viril 
(iirmtQ. La double plume et le soleil (de sa coiffure) (sw-ti, îtn) sont d’or ; le 

disque-ailé ( py) est d’or ; la « joie (l)-du-kl» (r§r(s) (?)-n-kj) (»)• Mout- 

Nb-t (est d’)or W. 


Une réplique de cette statue est gravée sur la paroi nord de la même salle 
du temple de Dendéra. Elle se trouve en face d’elle, au troisième registre, au 

T ’» 1 ‘ : - 1 — 1 — -* — t — - — • — — > • — , — , 

(1) CuASSINAT ’ Dendéra, IV, pl. CCL et CGLX; pl. phot. CGLVIII et CCLXIX ; textes : IV, ao, 
3-6 et 3 o, 1 5 -i 7. 

m Le corps de l’idole était recouvert de lapis-lazuli fin (hsbd tpy ; cf. Wb., V, 279, 4); la 
coiffure royale hp-t était d’or (nb). . ” 

m La déesse vautour d’El-Kâb. 

( ‘> Chassinat, Dendéra, IV, 20, 3-5. 

1 * ® s sem ble-t-il, pour ces deux derniers objets, d’amulettes fixées sur la statue. 

() Giiassinat, Dendéra, IV, 20, 5-6; m est sous-entendu, dans (m) nb ----- en or. 


milieu d’une série d’images de statues de culte, comparables à celles qui 
entourent l’idole citée ici. Elle ne fournit pas d’indications sur les matériaux 
dont elle était faite. L’intérêt particulier de ces copies de statues est de 
montrer le faucon accroupi sur un socle (parfois orné de deux crocodiles 
percés du harpon d’Horus). Devant les serres du rapace, la face tournée dans 
la même direction que la sienne, repose un minuscule lion couché. Ce lion 
répond exactement à la description qu’en donne l’hymne de la porte ouest du 
«couloir des chapelles», à Edfou : il s’agit d’Horus-Chou, ou Harsomtous, 
«son héritier» W. Derrière le faucon, touchant l’extrémité des plumes de sa 
queue, une statuette de vautour, de petite taille, le protège de ses deux ailes 
étendues. C’est l’image de Nekhbet d’El-Kâb, sous son épithète bien connue 
de «la Cachée» (st’,4). Or c’est précisément un des titres qu’on donnait, 
à .Edfou, à l’Hathor de Mén(-t) ( 2 h 

Cette même statuette est désignée aussi sous le nom rare de MouWVè-U 3 ), qui 
unit le terme habituel employé pour la déesse vautour, à l’épithète courante 
d’Hathor de Dendéra et d’Edfou. Les graveurs de Dendéra semblent avoir 
voulu représenter, par l’image du gmhéw des chapelles, u,ne statue de culte 
très voisine de celle qui habitait le sanctuaire du temple d’Edfou, sinon celle-là 
même. L’Hathor-Maât, cachée dans le tabernacle même d’Horus de Msn ( 4 ) 
pour qu’«elle ne s’éloigne pas de sa Majesté», était donc une idole de 
faible taille, semblable à celle du vautour d’or de Dendéra qui protège Horus- 
faucon de ses ailes repliées ( 4 h 

(1) Voir la traduction de l’hymne, plus bas (sortie de la procession hors du couloir des chapelles). 

(,) «La grande Cachée te protège!» (Edfou, I, 345 , 9). L’ensemble du passage est traduit 
plus haut (1" partie). Il s’agit de la fermeture des portes du «couloir des chapelles», au cours 
du service journalier. 

(3) Le nom de Moût est écrit par Y œuf d’oiseau, qui se substitue parfois aux orthographes habi- 
tuelles de mw-t = la mère. Cf. Edfou, VI, 120, 9 (dans l’expression : « Isis, la mère divine » = 
S-t mw-t ntr-t), etc. L’idéogramme suivant est celui de l’«Or». L’Uraeus des déesses sert de 
déterminatif. 

(4) Gf. plus bas la description, plus précise eficore, de j’ensemble formé par l’idole d’Horus 
de Msn(-t) et par celle de Mout-Hathor, qui le protège en arrière ( hl-f ) de ses ailes étendues : 
hymne de la porte ouest du « coufbir des chapelles ». Si l’on donne à la statue du faucon la 
hauteur ordinaire de ces idoles :.une coudée (= o m. 53 environ) ; si, d’autre part, on conserve 
les proportions des bas-reliefs, l’image de Mout-Hathor mesurait peut-être de o m. 1 2 à o m. 1 4 
de hauteur totale (= un quart de coudée environ) . 


— «.( 322 >«— 

3° Une autre image divine habitait ie second tabernacle contenu dans le 
naos de pierre de Mén(-t). Les textes n° 3 et n° 7 , cités plus haut, nous 
l’affirment. Le premier de ces textes consacre à peu près un tiers de sa 
longueur à la description de chacune des trois idoles, qu’il place sur le même 
plan. Il précise, pour la première, qu’il s’agit d’Harakhthès, et pour la troi- 
sième, du Faucon de l’Or ( Bik-n-nb ). «Son» tabernacle semble désigner une 
seconde châsse divine, placée à côté de celle d’Harakhthès et d’Hathor. 
Ainsi la troisième statue, mieux que dans l’hypothèse d’un seul tabernacle 
commun à toutes les trois, peut être dite : « à côté d’eux» (r gé-én). Le texte 
n° 7 fait partie d’un ensemble qui s’étend sur tout le bandeau de frise de la 
grande cour du temple d’Edfou. La moitié ouest, ou « droite», en est consacrée 
à la première des deux «personnes» du dieu local : Râ-Harakhthès W, et à 
ses symboles, dont le principal, à l’extérieur du temple, est le « grand disqus- 
ailé d’or». La moitié est, ou «gauche», au contraire, exalte particulièrement 
la seconde «personne» du dieu à la double nature, si souvent désigné à 
Edfou par l’expression : les deux dieux ( ntr-wi ). C’est celle d’Horus-« Faucon- 
de-l’Or», forme éternellement rajeunie du premier^; c’est aussi celle d’Har- 
somtous, qui exerce sur terre la royauté d’Horus-Râ céleste 1 * (3) . Or précisé- 
ment devant le texte n° 6 , tiré du même bandeau, et qui décrit la position 
de l’image d’Hathor-Maât par rapport à une autre image, c’est de la statue 
d’Horus-« Faucon-de-l’Or», et non d’Horus-Râ, qu’il s’agit : 

Son image demeure dans Msn(-t), elle est établie à l’intérieur d’elle; son image 
est debout dans «Hnt-hbt-t» (ému twt-f m Msn(-t), htp-tw m-hnt-s ; dd twt-f 
hnt Hnt-iffit-t) ( 4 >. 

Aussi devons-nous nous représenter la troisième idole, conservée seule dans 
le tabernacle oriental du naos de Msn(-i), comme celle de l’Horus-harponneur 


“> Cf. Edfou, V, 7, 8 (Ihti) ; Edfou , V, 7, 9 (Hr-îhti), etc. 
» Edfou, V, 9, 11. 
w Edfou, V, 9,10. 

<*> Edfou, V, 10, 4 . 


— 3 23 >«— 

(îlwti-kn) de la légende d’Edfou à forme humaine et à tête de faucon W, 
couronné de la coiffure bp-t à l’Uraeus crachant la flamme, et brandissant, 
de la main droite, son «harpon». 

La hauteur de la statue à forme humaine ne devait pas être très différente de 
celle de l’image du rapace accroupi. Ainsi les trois statues divines formaient, 
à l’intérieur du naos de pierre, deux groupes bien distincts : à l’ouest, dans 
un même tabernacle, Horus-gmAéto, protégé par Hathor-Maât; à l’est, dans 
un second tabernacle, probablement semblable au premier : Horus-le-vaillant- 
harponneur W. 

G) Les armes divines. 

En dehors des statues divines, et de leur «siège d’éternité», les textes ou 

les bas-reliefs gravés au temple d’Edfou ne nous révèlent plus, dans le mobilier 

sacré de la chapelle Mén{-t), que deux objets d’importance : les deux armes du 

dieu, conservées à demeure dans le «sanctuaire des fêtes». Les deux bas- 

* 

reliefs gravés aux premiers registres des parois ouest et est de Mén(-t) en 
ont préservé jusqu’à nous les images. Ce sont des épieux plantés verticale- 
ment, la pointe en l’air. Chacun d’eux est maintenu par un support en bois : 
socle ou tabouret d’apparence carrée, plus ou moins élevé, garni de moulures 
à gorge, et muni, semble-t-il, d’un trou à la partie supérieure. La base de 
chaque épieu pénètre à l’intérieur : sa forme demeure donc cachée De 


(1) Les deux premiers exemplaires du gmhsw de Dendéra cités plus haut ont en face d’eux 
des images du faucon gravé dans la position droite, debout sur ses serres. Le socle qui les supporte 
est cette fois le srh , ou façade du palais royal. Ils ne sont pas ithyphalliques ; leur couronne est 
la coiffure sw-ti . Ils sont tous deux appelés : Harsomtous. Dans la niche de 1 ’ « arrière-chambre 
sud-est», Horus d’Edfou est à l’ouest, et Harsomtous à l’est; ce dernier est «Harsomtous, 
c’est-à-dire Râ sur la terre entière» (Chassinat, Dendéra, III, 4 o, 12, et pl. CLXXVIII). Sur la 
paroi sud de la « première chambre est», Harsomtous est « le faucon divin sur son srh » (Chassinat, 
Dendéra , II, 91, et pl. CXIV). 

(î) Le côté droit (ouest), au temple d’Edfou, est celui de Y immortalité conservée (sous l’appa- 
rence de la mort); le côté gauche (est) est celuhde Y immortalité renouvelée (sous l’apparence de 
la vie naissante). 

W Les épieux d’Horus gravés en caractères hiéroglyphiques de taille courante sont d’ordinaire 
munis de la base fourchue du sceptre wî$. Ce détail ne semble pas avoir répondu à la nature 
réelle des armes déposées dans Msn{-t), 


- » » < ■ * •( 324 )•#-*— 

légers détails, figurés par le sculpteur autour du point où chaque hampe 
s’enfonce dans son support, font penser à une ligature légère de papyrus, 
peut-être garnie de cachets, qui reliait l’arme à son socle. Les hampes sont 
de bois, semble-t-il, si l’on en juge par le vieux mot mdw = bâton, accom- 
pagné de son déterminatif, qui désigne l’une d’entre elles. Les deux têtes 
d’armes, au contraire, étaient probablement en cuivre. Celle de l’ouest, 
à la gauche de l’officiant tourné vers le naos de pierre, est du côté de Râ- 
Harakhthès. Aussi représente-t-elle le «protome» du faucon divin : tête de 
rapace, avec une masse de plumes se raccordant aux épaules humaines, sur- 
montée d’abord du disque solaire de Râ, puis d’une pointe d’épieu trian- 
gulaire à tige très courte, à demi effacée sur la pierre, mais encore nettement 
visible W. Celle de l’est, au contraire, à la droite de l’officiant, est du côté 
d’Horus-« Faucon-de-l’Or» ( 1 2 * * (S) * * * * 5 >. Elle montre le même protome, mais dépourvu 
du disque, et surmonté d’une pointe triangulaire à tige beaucoup plus longue. 
Cette tige est garnie d’un ornement caractéristique : une cordelette pliée 
en deux, etr nouée par la base de la boucle que forme son centre, à mi-hauteur 
de la tige de métal — . Elle semble placée là pour rappeler la corde de ce harpon 
qu’était, à l’origine, l’arme égmh, d’Horus d’Edfou. 


(1) Cf. Edfou. XI, pl. phot. 294. , 

(2 > Les inscriptions symétriques, à l’ouest et à l’est de Mén(-t), mettent bien ce fait important 
en ^lumière. Par exemple, le montant ouest de la porte d’entrée indique, comme premier nom 
du lieu saint, celui de « Mén(-t), qui est le château d’Harakhthès» (Edfou, I, 2 28, 5). Le bandeau 
de soubassement ouest nomme le sanctuaire : «le grand siège de Râ-Harakhthès » (Edfou, I, 

23 o, 4 ). Le bandeau de frise ouest le désigne comme : «le trône (bhd-t) de Râ-Harakhthès» 

(Edfou, I, 281, 1-2). Au contraire, le montant est de la porte d’entrée porte comme expression 
correspondante : «le pavois (vots-t) du Faucon de l’Or» (Edfou, I, 228, 16). Le bandeau de 
soubassement est porte : «Mén(-t) du Faucon de l’Or» (Edfou, I, 23 o, 6-7. Le bandeau 
de frise oriental écrit : « Mén(-t) du Faucon de l’Or» (Edfou, I, a 3 i, 1-2). 

(S) C’est cette cordelette, très soigneusement gravée sur la paroi est de Min(-t) (cf. Edfou, XI, 
pl. phot. 2 9 6), -qui a prêté à confusion dans le hiéroglyphe de l’épieu égmh. On la distingue 
mal, représentée par un trait sinueux : par exemple, au texte de la « fête de la Ronne réunion», 
dans 1 expression : « Horus à la face puissante, 1 ' (épieu-)sg , »»/t » (Hr éhm-hr, p(i) sgmh). L’épieu 
en question sert de second déterminatif (Edfou, V, 1 3 1 , 2 = Edfou, XIII, pl. phot. 476, col. 3 ). 
Aussi a-t-on confondu la cordelette avec le cobra d : un caractère hiéroglyphique inexact a été 
fondu pour ce signe. Par ailleurs, le Wôrterhuch (IV, 321,11 : second déterminatif de sgmh) 
autographié, non imprimé, reproduit la même erreur. 


* 


• •< ♦ ■ ( 325 )»< 1 ■ — 

Deux légendes hiéroglyphiques accompagnent les images des épieux dans 
la chapelle Mén(-t). Celui de l’ouest est dit : le bâton d' Horus d’Edfou (p(‘) 
mdw n Hr Bhdti) W ; celui de l’est, le saint épieu sorti du Nom (pl égmh spé pr m 
Nwn) W. Les images des armes d’Horus conservées aux parois de la chapelle 
Mén(-t) sont les plus soignées d’entre toutes leurs semblables dans le temple. 
D’autre existent ailleurs : en particulier dans la chapelle de Khonsou 
et son arrière-chapelle. Celles-ci présentent des différences importantes de 
forme avec celles de Mén(-t). La plus frappante est que le «bâton d’Horus 
d’Edfou» gravé en ce lieu n’a pas de pointe de métal W. Par contre, le « bâton» 
mdw de la première chapelle de Khonsou W possède, à mi-hauteur, une minia- 
ture de figure royale, debout sur une courte tige horizontale en forme de 
pavois, et coiffée de la couronne hprs. Il existe, par ailleurs, des exemples 
hiéroglyphiques du «bâton» d’Horus d’Edfou, avec la pointe d’épieu au-dessus 
du disque solaire <*). Il est donc probable que l’arme placée à l’ouest du naos 
de Mén{-t ) possédait, comme son voisin l’épieu égmh, une pointe de métal ( 6) . 

4 . — LE SERVICE DANS Mén(-t). 

Tel était l’essentiel du décor intérieur de Mên(-t), au moment où les 
officiants de la fête du Siège de la première fête y pénétraient. Le « prêtre 


Edfou, I, 2 32 , 8 . Le mot mdw est écrit par un idéogramme, copie hiéroglyphique simplifiée 

ne comprenant pas la pointe de l’épieu au-dessus du disque solaire. Le déterminatif est le signe 
du bois. La présence de ce déterminatif, et celle de l’article p(>), permet d’adopter à coup sûr 

(en rapprochant de nombreux exemples écrits phonétiquement) la lecture mdw/md. 

(,) Edfou, I, 239, 8. Le premier et le huitième signe de l’expression sont inexactement copiés 
et publiés, dans le texte de Rochemonteix. 

(5) Edfou, XI, pl. phot. 3 oi et 3 o 8 ; texte : I, 258 , i 3 (le bâton sacré d’Horus d’Edfou) ; 
I, 269, 7 (le bâton sacré d’Horus d’Edfou [grand dieu du ciel]). 

(4) Il y a là deux mdw semblables, pour Horus d’Edfou et Khonsou d’Edfou. 

(5) Edfou, XIII, pl. phot. 467, col. 5 = Edfou, V, 12 5 , 1 (p(l) md n Hr Bhdti) ; Edfou, XIII, 
pl. phot. 476, Col. 3 (le dernier signe) = Edfou, V, 1 3 1 , 3 (pi md [n] Hr-Nhn(i) ; voir aussi le 
déterminatif de hmt : Edfou , I, 38 1, i5, etc. 

(6) L’exemplaire de sgmh conservé dans l’arrière-chapelle de Khonsou (cf. Edfou, XI, pl. 
phot. 3 o 8 = Edfou, I, 269, 6 : le saint épieu sorti du Noun) comporte le disque solaire sur 
la tête du faucon, par confusion avec le bâton mdw d’Horus-Râ ; il ne possède pas la cordelette 
attachée au fer de l’arme. 

Bibl. d* Etude, t. XX. ' /j a 


— « »> •( 326 )*€•»-- 

du roi» encensait le sanctuaire; puis il «montait l’escalier» (pr r rwd) qui 
conduit à la porte du naos de pierre. Alors commençait un bref service, avec 
les deux premières parties du service journalier. C’est ce que montrent les 
trois registres de la paroi du fond de la chapelle, où le culte s’adresse unique- 
ment à la « triade» de Mén(-t) ù). Quant à la. somptueuse description du sacri- 
fice alimentaire, placée en tête des «rites pour la procession de sa Majesté» 
au texte du bandeau de l’escalier, elle anticipe manifestement sur ce qui se 
passait à la salle de l’autel et au (lieu de) réunion des aliments, quand les 
statues divines étaient installées au (lieu-)pûr. L’officiant, non pas seul comme 
en service journalier, mais entouré d’autres prêtres de haut rang, ouvrait les 
battants du naos , puis ceux des tabernacles. Alors apparaissaient les deux sta- 
tuettes d’or du dieu d’Edfou, et celle d’Hathor protégeant le maître du temple. 

Le prêtre abaissait le voile qui les couvrait. Après quelques paroles d’adora- 
tion, le shn était donné. C’est ce que symbolise l’offrande de ïwd’-t, au mur 
de fond du sanctuaire. Sous le symbole de l’œil solaire et de l’œil lunaire, 
leurs âmes sont rendues au dieu et à la déesse i 2) . Il n’y avait pas, semble-t-il, 
de « sortie» de l’officiant à cet instant du service, mais aussitôt, selon le rite 
d’Edfou W, encensement et offrande d’oliban sous forme d’huile parfumée 
Le « prêtre du roi» jetait la résine en poudre sur la flamme du vase à feu. 
Il élevait ensuite vers les images divines le porte-vase smé, sculpté à la res- 
semblance du «Lion seigneur de la terre-du-dieu » ( rw hkl tl-ntr), qui présente 
l’huile dans un godet ( hbb-t ). Ainsi, comme au service de tous les jours dans 
le sanctuaire central, l’officiant faisait monter Maât vers son créateur. La prière 
du «don de Maât» l’accompagnait; le geste tenait lieu de l’offertoire des 
aliments. Les derniers actes du prêtre étaient l’offrande au dieu des deux 
bandes d’étoffe blanche et verte, puis des deux autres bleue et rouge, qui 
« protégeront ses membres», et « défendront son lever contre ses ennemis» (5 L 

(,) Et non à cette même «triade» en tête de son ennéade, comme aux parois ouest et est 

de ia chapelle. Au premier registre de la paroi nord, les quatre personnages divins se ramènent 

à trois : la «seconde personne» d’Horus, qui est Harsomtous, est accompagnée d’une image 
d’/six de Bouta, mère d’Horus. Celle-ci ne fait que doubler le rôle d’Hathor de Dendéra. 

(2) Cf. Edfou, I, 2 /io , B-i 4 =XI, pl. phot. 998 ; Edfou, ï, 9 33 , 3 -t 4 . Plan d 'ensemble, pl. XXVlè. 
m Cf. plus haut, première partie : le repas divin du «service au sanctuaire». 

(4) Cf. Edfou, I, 9Ô9, 7-16; Edfou, I, 2 35 , 9-18. 

(s) Cf. Edfou, I, 904 , i 5 , à 945, 7; Edfou, I, 287, 16, à 238 , 9. 


5 . 


ORGANISATION DU CORTÈGE. 


A) Les dieux de Mén(-t) : la « triade » d’Edfou. 

Le service préliminaire est terminé. Les dieux sont prêts; la procession 
commence. Les prêtres-porteurs ont pris les litières. C’est dans é-t-wr-t, 
semble-t-il, qu’elles étaient posées en temps ordinaire, à côté des deux grandes 
«barques divines» W. Ils les ont apportées dans Mén(-t), en face du naos de 
pierre. Elles sont deux : l’une pour Horus, et l’autre pour Hathor. Leurs 
images sont gravées sur les deux parois des escaliers de la terrasse, à Edfou : 
la litière d’Horus y est toujours placée à droite, et celle d’Hathor à gauche, 
dans le sens de la marche de la procession ( 2 ). Le prêtre du roi, au lieu de 
terminer par les purifications d’eau et d’encens, prenait entre ses mains 
l’image gmhéw d’Horus-Râ dans son tabernacle f 3 ). Il la posait dans le pavillon 
léger qui surmonte le socle de sa litière. Il saisissait la statuette d’Hathor, 
*et la plaçait dans un pavillon et sur un socle semblable. Quant à la troisième 
image, celle d’Harsomtous, il la confiait à un tabernacle plus petit, sem- 
blable à ceux des dieux de l’ennéade qui vont suivre Horus et Hathor dans 
leur voyage à l’intérieur du temple. 

Deux textes donnent des détails précis sur la nature de la litière qui 
portait Horus, à la fête du siège de la Première fête. Le premier fait 
suite aux passages déjà traduits plus haut, tirés du rituel pour la procession 
de sa Majesté : 



S C33ZH 




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LT.Îim 





On installe le dieu sur le socle d’or qu’on appelle du nom de « socle-du-repos » 
(éhtp ntr pn hr s-n-nb, s-htp kMw m rn-f). Le ciel (de litière), au-dessus 
de lui, est d’or (p-t hr-f m nb) : c’est chose semblable à l’Horizon portant le (dieu) 


(11 Cf. première partie : mobilier sacré du sanctuaire central. 

(,) Escalier est : litière d’Horus, Edfou, I, pl. XXXVIII, 0; litière d’Hathor, Edfou, II, 
pl. XXXVIII, e. Escalier ouest : litière d’Horus, Edfou, II, pl. XXVII, b (9 0 ) ; litière d’Hathor, 
Edfou, II, pl. XXXVII, e (2»). 

< 3 > Il fait apparaître le gmhéw hors de sa demeure, en sa forme de faucon vaillant (Edfou, I, 554 , 4 - 5 ). 


K 328 >«* 


de l’Horizon (mit-t éw r îh-t hr îh-ti)! Il y a aussi quatre colonne(tte)s d’or 
aux deux-tiers, ( placées ) aux quatre angles du « socle-du-repos », (eQ quatre boucles 
aux quatre angles (du ciel ) :wn voile de fine (toile) leur est attaché Çl-w ék 4 n éj-wi, 
(b) r k't 4 n 8 -n-htp, m'y*t 4 hr k'h 4; nmé pîk-t ts r-én) (*). 

Le second texte décore le montant est de la porte qui faisait déboucher 
l’escalier oriental sur la terrasse du temple : 

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■ 8 «InU «ri™. §jj] [ •] ^f 1 * ~ “ y ~ «* = | A ^ j £ j_ ÿ j 
io cadrais environ u 


’ * ■ 


t'— % Ig 

b [ < ] Li 

C’est [/a] porte [par où ] s’en va vers le siège de la [Première] fête le (dieu) 
d’Edfou au-plumage-moucheté, en sa sainte image munie de ses accessoires (sacrés), 

toutes (les divinités de) l’ennéade étant à sa suite. (Il) repose en son tabernacle [ -, 

] sur des colonne(tte)s W d’or aux deux-tiers, et un ciel (p-t) d’or est sur 

sa tête. Sur ces quatre boucles, un voile ® de fine (toile) est dans [ ] ( htp m 

t*d-f [ ]n [ ] tp '?y-t n sl-wi, p-t iét m nb hrtp-f. Tpm'y-ttf4, s;tw n 

P’k-t m [ ]) • [ ] leurs enseignes devant [ lui] ; il ouvre le chemin, pour 

voir son disque (solaire) à (ciel) ouvert (mwbn). Puisse-t-il donner toute vie, durée, 
prospérité à [son] fils [ ] ( 4 (S) ). 


Il s’agit donc pour le dieu d’Edfou d’une litière légère, d’environ o m. 90 
de hauteur à l’échelle des figures de ses deux prêtres-porteurs. Ces porteurs 
la soutiennent à la fois par des courroies passant autour de leur cou, fixées 
aux boucles des quatre angles du socle, et par leurs deux mains placées l’une. 

<■> Edfou, I, 554 , 6-8. 

(,) Le texte porte 'ly-t, au pluriel. Le terme s’applique d’ordinaire, à Edfou, à tous sanctuaires, 
depuis le tabernacle d’un dieu jusqu’à sa chapelle bâtie (déterminatif de la maison pr). Cependant, 
grâce au texte parallèle précèdent, il semble préférable de ne pas traduire le mot par tabernacles : 
il s agit sûrement ici de la litière portative (au singulier) d’Horus. Il vaut donc mieux supposer 
une confusion du copiste ancien entre ’l-w (= les quatre colonnettes d’or de la litière), et : ’ly-t. 

(5) Le mot n’a pas été relevé jusqu’ici. Son déterminatif des tissus, son complément : « plk-t, 
et l’expression correspondante : nias plk-t, en rendent le sens certain dans ce passage. 

(1) Edfou, I, 5 5 1 , 6-9 . 


— w( 329 >w— 

en haut, l’autre en bas du cadre W. La litière proprement dite est faite d’un 
socle carré d’or massif ou de bois recouvert d’une feuille d’or (s n nb), qui 
porte une boucle d’attache (rrCy4) à chacun de ses angles. Quatre colonnettes 
d’or (‘;-w à n éi-wi) s’élèvent sur ces quatre angles. Elles ont, dans la meil- 
leure des deux gravures des escaliers, la forme de tiges de papyrus wld^K 
Elles soutiennent un ciel (p-t), légèrement arqué, dont le point d’attache 
antérieur est un peu plus élevé que l’autre. Ce toit aussi était fait d’or. 
Deux uraeus formaient fronton de la litière, au-dessus des deux chapiteaux 
antérieurs des colonnes d’angle. Les bas-reliefs montrent aussi, selon la 
coutume des dessinateurs égyptiens, ce que contient la litière, bien qu’en 
réalité les spectateurs n’aient pu l’apercevoir. La statuette du dieu était dans 
un petit tabernacle de bois (hd), à toit plat, déposé au centre. C’est aussi ce 
que déclare le texte si mutilé de la porte donnant sur la terrasse (htp m hdf). 
Il est certain, par ailleurs, que les quatre côtés de la litière étaient clos d’un 
voile de lin fin (nmé plk-t), attaché aux angles du ciel, au-dessus du taber- 
nacle ( 3 ) . Les inscriptions ne s’occupent, comme de coutume à Edfou, que de 
décrire la litière d’Horus; mais les scènes gravées montrent que celle de la 
déesse était presque semblable. La courbure de son toit était un peu diffé- 
rente; les chapiteaux de ses colonnettes portaient la figure d’Hathor. 

B) Les dieux des chapelles : l’ennéade d’Edfou. 

Les divinités du sanctuaire Mên(-t) n’étaient pas seules à partir en pro- 
cession. Les fêtes du siège de la Première fête, et surtout celle du i er Thot, 
étaient «fêtes de tous les dieux et de toutes les déesses» W. D’après le texte 
de la porte de la terrasse, « toutes les divinités de l’ennéade étaient à la suite 
du dieu d’Edfou». Les deux défilés gravés aux parois des escaliers du temple 

(l) Voir les planches au trait, dont les références sont données plus haut. 

Edfou, II, pi. XXXVIII, 0; l’autre figure de la même litière d’Horus (XXXVII, b, a") descend 

l’escalier ouest. Elle montre des colonnettes à chapiteaux hathoriens semblables à ceux de la 

litière de la déesse. 

(S) Les deux textes sont ambigus : il y a très vraisemblablement deux sortes de boucles 
(m'y-l), celles qui sont fixées aux quatre angles du socle, et celles qui sont fixées aux quatre 
angles du ciel. Ces dernières servent à attacher les rideaux ; les autres servent à fixer les cour- 
roies des porteurs. 

<*> Calendrier d’Hathor à Dendéra : Mariette, Dendéra, I, pi. 6a, col. a. 


.( 330 )■ 


montrent les dieux et déesses derrière les litières du couple divin. Ils les font 
voir sous deux aspects, qui semblent mêler la vérité liturgique à une certaine 
convention de dessin. Dans l’escalier de l’est, les figures divines sous forme 
humaine sont nombreuses, et en nombre inégal sur les deux parois. C’est 
que l’espace à décorer était plus important du côté externe que du côté 
interne W. Au contraire, dans l’escalier de l’ouest, la seconde moitié de la 
procession ^ est représentée sous une forme beaucoup plus réaliste. 

Elle montre, derrière les porteurs de litière, cinq prêtres de haut rang. 
Les deux derniers, la main droite levée, adressent leur adoration non à Horus 
et Hathor, mais à la «grande ennéade», aux « dieux du temps primordial», 
aux «grandes divinités de Mén(-t)». Cette ennéade est matérialisée par neuf 
tabernacles semblables à ceux du couple divin, mais beaucoup plus petits* 3 ). 
Chacun d’eux est tenu à deux mains, sans le secours d’aucune courroie, par 
un seul prêtre. Un porteur d’éventail ferme la marche du cortège. Nous 
avons là, en abrégé, ce qu’on pouvait réellement voir dans la seconde partie 
du cortège des fêtes du siège de la Première fête. 

D’où venaient, en fait, ces statues des dieux de l’ennéade d’Horus? 
Théoriquement, de toutes les chapelles construites au temple d’Edfou à 
droite et à gauche de Mên(-t). Ces chapelles entouraient le sanctuaire des 
barques, et s’ouvraient toutes sur le couloir smy(-t). L’une d’entre elles, en 
particulier, placée à l’ouest entre la « salle des étoffes» et la plus méridionale 
des trois chapelles osiriennes, portait le nom de «trône des dieux» ( né-t - 
nlr-w). Une foule de divinités locales y sont nommées; on les y adorait sous 
le titre de «grande et petite ennéade d’Edfou» W. Tous les dieux d’Égypte 
qui n’avaient pas de chapelles dans le temple étaient accueillis dans ce sanc- 
tuaire commun. D’autre part, des textes nous affirment que les dieux com- 
pagnons d’Horus, pendant sa grande procession de l’Ouverture de l’an, 


(1) Il y a quinze figures du côté interne (file d’Hathor), et vingt-quatre du côté externe (file 
d’Horus). 

(*) Cette partie n’est malheureusement conservée que sur la paroi ouest. La portion de la 
paroi est qui dépassait le niveau des dalles de la terrasse (et par conséquent était construite 
en superstructure sur le toit du temple) est aujourd’hui détruite. 

Environ o m. 65, à l’échelle des personnages qui les portent. 

Edfou, I, i4o, 1 3 ; i4i, î ; pl. XXII a et Ô. 


■ * * t >» ( 331 )«<■ *— — 

sortaient des chapelles voisines de MénQt), ou du moins y rentraient, une fois 
le parcours accompli : 




; fTinrriîT4*'4>' 


[Quand le dieu ) s’est assis sur son trône de la Première fois, en sa grande 
chapelle qui est dans Mén(-t), (les divinités qui Vont accompagné ) s’en vont en paix 
vers leurs places d’éternité, dans leurs, chapelles ( qui sont ) à sa droite et à sa 
gauche Ù). 


D’autres textes, placés à la sortie même des deux branches du couloir, sur 
les montants des deux portes, nomment la fête du siège de la Première fête et 
sa principale journée, l’Ouverture de l’an. Ils la décrivent dans son ensemble. 
Ils font allusion, à plusieurs reprises, aux divinités qui suivent les maîtres 
du temple dans leur procession : 


i° Porte ouest du couloir , montant ouest (épaisseur) ^ : 


IPLl'f»]STS:a»“TViJr»- s -l^='*^!îi[S2323â3 
W =»— - 4- w I V K' \js. fc» ® 1 i Îî »£=] y j - % * * ® j ; 
nÿfsi.'TjïSni* 

C’est la porte par où montent vers (pr r) les chapelles des dieux les prophètes, 
se dirigeant vers le château des (esprits divins) au cœur juste, à la bouche [habile (?)] 

(m hns h-t Mtr-w-ib, [épd-w ( ? ) ]-r ; ) [ ] en ( leur) image de (divinités) cachées 

(m lbw-t n ést;-w). (C’est) « ( Celui)-qui-vient-et-passe » (Sm-hr-swî) * 3 >, sous 
(forme de) « bâton d’Horus» (m mdw Hr), Celui dont la langue est agréable, Celui 


(1) Edfou, I, 54 1 , 8 - 9 . 

< 2 > Edfou, I, 346, i4 à 347 , 3 ; publié par K. Piehl, I. H., II ( 1 "), pl. XXXV (P), mais laissé 
sans traduction, «étant assez criblé de lacunes» (/. H., II ( 2 °), p. 22 ). 

(3) Épithète divine de Khonsou-Thot lunaire. L’astre qu’il symbolise semble s’approcher, 
puis disparaître, au cours de son cycle mensuel. 


►*< 332 )h 


dont la- pensée est profonde (bnr-né-t-f, gtl-snb-t-f ), (et c’est ) le « Bon-Intact » 
(Nfr-wdj)t 1 * ): ( ils sont ) en leur forme de [ ]. [On ouvre (?)] la porte des cha- 

pelles divines, pour (faire) la « révélation de la face» devant (hr) (leurs) statues 
dans leurs tabernacles ; on apporte l'aiguière qui lave le Prospère ® et [chasse (?)] 
(é[br] (?)) le Lâche W. (Puis) on fait sortir en procession le (dieu) d’Edfou dans 
son saint tabernacle, en (la personne de) sa statue (m bs-f), (qui va) vers le siège 
de la Première fête. La Maîtresse de Dendéra est avec lui (hn'*f), l’ennéade de sa 
Majesté [est derrière lui (?)] ([m $j]-f), ses enseignes (bknkn) [son* en] avant 
de lui ([hr] ), pour toucher le soleil (r hnm îtn), le jour de l’Ouverture de 

l’an ainsi qu’aux (fêtes) solennelles (hb-w tpi-w-tr mît-t). [Le (dieu) d’ Edfou (?)] 
apparaît (h') (alors) en (dieu) juste de voix, en pureté dettx fois grande (?) (m dérw 
wr, sp sn (?)); le sanctuaire de Râ est rempli du parfum divin (îd[-t] ntr), et 
Mén(-t) reçoit la fumée de l’olibanet de la résine (kjp Mén(-t) m 'ntiw-énlr) ! ( ) (*). 


2° Porte ouest du couloir, montant est (épaisseur) ( 3 * 5 >. 

* 

C’est la porte par où entre au lieu saint (bw dsr), en [grande (?)] pureté, pour 
là « révélation de la face » de Celui-qui-est-sur-[son]-trône ^ (hrî hndw-[f] ), 


ll) L’épithète semble désigner Osiris. Les deux divinités Khonsou et Osiris sont précisément 
adorées, au temple d’Edfou, dans les deux chapelles qui encadrent Msn(-t), à l’est (Khonsou) 
et à l’ouest (Osiris). 

(S) C’est-à-dire le dieu lui-même ( w’,d ). 

(3) Épithète du «Malin» (Seth, hmly). 

(4 > Formule stéréotypée du souhait au roi, placée en conclusion de tous les textes de ce genre. . 

(5) Edfou, I, 347 , 5-io ; publié par Piehi, I. H., II (i‘), pi. XXXV-XXXVI (Q) ; laissé sans 
traduction, pour la même raison que le texte P. 

(,) Le signe réel gravé sur la paroi représente l’homme accroupi, présentant le pain conique 
di sur sa main droite. 

m Épithète d’Horus-Râ d’Edfou. 


1 ••( 333 )« 1 • ■ ■ 

le grand ( prêtre-)pur qui entre vers (li)r sa statue secrète (ésmw-f stî), quand (r) 
on brûle résine (sntr) et aromates (sl-w) dans tout le temple, quand on découvre la 
face des grandes divinités, quand on tend (wd) le natron (?) (hsmn (?)), quand 
on présente (?) (r di(?)) V (étoffe) sacrée, quand on offre le vase (à feu) des deux 
dieux étincelants (?) (ntr-wi iîh-wi (?)). (C’est) pour donner force (érwd) aux 
membres des dieux grâce à sa fumée bénéfique (m klp-é m‘r-[sp (?)]), pour 
parer de leurs vêtements les déesses, [pour faire sortir en procession le dieu vénérable, 

(?)] hors de son sanctuaire, ainsi que les dieux qui sont avec lui ; afin que 

l’OEil-de-Râ soit intact, (afin que) touche le soleil Hathor de Dendéra parèdre 
à Edfou, afin que leurs idoles se joignent à leurs âmes (b 5) (qui sont) dans V Horizon, 
afin que l’Ame de Râ soit rendue durable (émn) en leurs images ; afin que s’en 

aillent les deux dieux (r fh ntr-wi) munis de (ces âmes) (hr-én) [ ] 

le lieu (qui est) à droite W (s-t hr wnmî), en paix, en leur saint tabernacle (m htp, 
m hd-én spé), sur leur siège d’éternité! ( ) ( 2) . 


3 ° Porte est du couloir, montant ouest (épaisseur) ( 3 h 

s5r53=iÂiiBis'svisjrT,rrî^L'[j]v®ir“: 

C’est la porte par où viennent, pour [honorer les dieux (qui sont) à (?)] (r é[wls 
ntr-w m (?)]) droite et à gauche de la grande place W, le chef (shd) des pro- 
phètes et [tous les ( prêtres-)entrant (?)] (hn' ['k-w nb-w (?)]), en vue de la 
« révélation de la face » dans (le sandwmVe-)ndm- c nh (et) pour faire sortir en 
procession h grand dieu d’Edfou, (Celui) d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, pour emmener 
(en litière) le Maître de Mén(-t), le (dieu-)au-plumage-moucheté, ainsi qu’Hathor 


Allusion au retour de la procession par le côté «droit» (ouest) du temple (?). 

(J) * Formule du souhait au roi ; cf. plus haut, texte n° 1 . 

< 3 > Edfou, I, 35i , 8-1 9 ; publié par Piehl, 1. H., II (i“), pi. XXXII (J), et traduit : II (a»), 

p. 90. 

<4) Le sanctuaire central, ou sanctuaire des barques, à Edfou. 

(5) C’est manifestement ici le sanctuaire Msn (•<) . 


1 


- - 334 ) » < •*--— 

de Dendéra. (C’est) pour qu’ils montent (pr), en (la personne de) leurs images 
(m bs<én), jusqu’au siège de la Première fête qui (est) sur la terrasse du temple, 
par l’es[calier (?)] (ni t;-[rwd (?)]), afin de voir Râ ( ?) (r m” R') dans l’Horizon 
d’orient, afin que sa lumière passe (?) [swr] leurs [statues (?)] (r éwj §w-f (?) 
[hr éhm-]én (?)), afin de rajeunir leurs membres, de renouveler (?) (émjwy) leurs 
images, de les faire vivre (éternellement) par la vue de ses rayons! Le Palais du 
trône ® (h»t-îéb*t) est pur; ses chemins sont sanctifiés, [quand (?) ] ( [h]r) y 
entrent Ceux qui y entrent®. Les portes du Pavois® sont ouvertes (wn n wts-t) 
par un prophète : (car) Ceux qui sortent vers leurs grandes salles W (wéh-w-t-én), 
(portés) [sur les mains (?) ([m '*wî (?)]) des prophètes, avec leurs compagnons 
(m-'b irî-én), ne sortent qu’en grande sainteté! ( ) ®. 


â° Porte est du couloir, montant ouest (face) ® : 

1 1 . z. * ss t- - ; : ; '* * 0 i i =■ v - rrri : r n >« t : r, E 


~ © 


Les portes de la grande place de Râ sont ouvertes, aux ( fêtes ) solennelles (hnt 
tp«w-tr), ( quand ) on porte ( en litière ) la beauté du Disque-ailé : c'est Horus 
d’Edfou qui se lève hors de sa demeure, en (la figure de) Râ qui accomplit (son) 
renouvellement (m R c hr ir whmw); tous les [dieux (?)] et [déesses (?)] voient par 
sa lumière: ils se réjouissent de le voir! C’est (ici) le beau chemin du Dîsque-ailé divin, 
par où s’ élève (Har)akhthès jusqu’à l’Horizon! Les portes des chapelles du (dieu)- 
au-plumage-moucheté sont ouvei'ies, et les voies de Celui qui s’avance en millions 


(I) Le temple d’Edfou, en général. 

( h)r *k s(w) c k-w-s(n) : Horus et Hathor, les maîtres du temple, en l’honneur de qur est 
organisée la procession. 

(3) Formule du souhait au roi, Cf. textes n M i et a. 

(4) Edfou , I, 35o, 4-9 ; publié par Piehl, L H II (i°), pl. XXXI-XXXII (I), et traduit : II (a 0 ), 
p. 19-20. 


\ — t» »( 335 )hh — 

(d’années)® sont sanctifiées! (Quand) Horus- le -puissant® apparaît en tête (pr 
m-hnt), les visages (humains) voient la lumière de son disque! C’est Celui dont 
la marche est lointaine® qui s’élève dans le ciel (?) (wts> (tw) (?) m (?) bî?)W; 
c’est Râ qui s’éloigne vers l’Horizon, c’est le Coureur dont-nul ne détourne la course 
(pbrr iwti dr gé(-t)-f), (lorsqu )il s’envole vers la route qu’il aime! Les portes du 
Siège du (Faucon-)èiivf sont ouvertes, et le siège d’en haut ® s’illumine de ses 
rayons! Le Faucon-vivant (éiîw-nh) . sort (fh) de sa demeure (é-w-t-f), et le 
lieu où brille son disque est sanctifié (dér)! Sa fille la Puissante, en face de (?) 
(m-hft-hr (?)) son siège (é-t*£), (c’est) Hathor de Dendéra! ( )( * * 3 4 5 6 7 ). 

Sur le rôle des divinités parèdres, aux fêtes du siège de la Première fête, 
le premier texte est le plus explicite. D’après son témoignage, toutes les cha- 
pelles donnant sur le couloir smy(-t) étaient ouvertes et purifiées par l’eau et 
l’encens, ces jours-là, et à chaque fête solennelle où les dieux « touchaient le soleil >> 
(hnm îtn). Il y avait de plus un véritable service divin dans chacune d’elles, 
partout où se trouvait un naos contenant à demeure une statue. 11 est probable 
que toutes ces révélations de la face s’accomplissaient en même temps que celle 
de Mén(-t). Cela suppose plusieurs officiants en second, dans le rôle du « roi 
lui-même », et par conséquent un service préliminaire auquel plusieurs « prêtres 
du roi» participaient, quand la purification royale était donnée à l’entrée 
du temple ®. 

Deux des plus importantes divinités secondaires d’Edfou semblent 
nommées, bien que cachées sous des périphrases volontairement obscures : 
Khonsou-Thot d’Edfou dont la chapelle est contiguë à celle de Mén(-t), à 
l’est, et probablement Sokar-Osiris qui occupe une position parallèle, à 
l’ouest. 


Comme le soleil au ciel. 

{i) Hr c i phty . Horus est désigné ici par une épithète qui s’applique généralement à Seth. 

(3) Épithète fréquente du soleil Horus-Râ, hr-nmt4(-f ) . 

(4) Plusieurs signes sont intervertis. Confusion graphique entre Wts-t (déterminatif du nom 
de lieu), et wts (verbe), au passif. 

(5) La voûte céleste. 

(8) Formule du souhait au roi. Cf. textes n°‘ i, 2 , 3. 

(7) Cf. plus haut, première partie : rites des fêtes du «service régulier». 


— «.( 336 >* *»— 

Le «bâton» (mdw) de Khonsou était conservé dans la première salle de 
sa chapelle, à côté de l’« enseigne» d’Horus-Râ W. Selon toute vraisemblance, 
c’étaient ces deux armes sacrées, et non pas celles de la chapelle Ménft), qui 
précédaient les deux litières d’Horus et d’Hathor au cours de la procession. 
En effet celles de Mênft) sont dites : «l’épieu (égmh) » et le «bâton (mdw)» 
d’Horus d’Edfou. 

Au contraire, les parois de l’escalier est montrent qu’on portait le lâton 
(sacré) (mdw) d’Horus d’Edjou, la grande massue (bd) du Maître des deux divi- 
nités W devant la litière d’Horus, et le bâton sacré (mdw) de Khonsou d’Edfou, 
qui ne le quitte pas dans (la chapelle) « h-t-ébk » W, devant celle d’Hathor. 
L’apostrophe adressée à Khonsou, et qui suit le titre de l’arme portée devant 
Hathor, prouve bien que cette enseigne, étrangère à la déesse W, était cepen- 
dant chargée de la protéger au cours de la procession de 1 Ouverture de 
l’ant®). 

Les divinités des chapelles participaient donc toutes aux rites des fetes du 
siège de la Première fête : c’est dans ces lieux, leurs demeures habituelles, 
qu’entraient, croyait-on, leurs âmes divines, pour animer leurs statues. Quand 
la procession ramenait les images d Horus-Ra, d Hathor et d Harsomtous dans 
Mén(-t), c’est là que leurs esprits renouvelés par le contact du soleil se 
retiraient en paix. Cependant, la présence des neuf petits tabernacles d un 
même modèle, portés par les prêtres derrière la litière d’Horus dans l’escalier 
ouest, rappelle que des tabernacles semblables étaient réunis à demeure 
dans la grande salle des dieux parèdres, la salle de l’ennéade, aux portes du 
sanctuaire central du temple. Dans les diverses chapelles construites autour 
de é-t-vor-t, les tabernacles ordinaires des divinités se distinguaient vraisem- 
blablement par des caractères propres a chacun d eux. Il est donc possible 
qu’on se soit servi de ceux de la salle de l’ennéade, pour y enfermer 


(') Voir la discussion, plus haut : cf. Edfou , pl. XXVII a, paroi ouest, 3 reg., et pl. phot. 3oi . 
<’> Edfou , I, 5 7 o, 7 - 8 ; pl. XXXVIII o. 
m Edfou, I, 55g, 5 ; pl. XXXVIII e. 

' «> Hathor aussi possédait son «bâton» (mdw), sculpté à l’image d’elle-mème. 

(*) Ce tien bâton est puissant sur la Puissante (mdw-k nn wsr-tw m Wsr-t) ! C’est ta massue, < qui 
abat tes ennemis (hd-k pw dr blnw-k) ! Quand ton poing le saisit, tout recule (hf( )-n é(w) hf( )*k, 

pr nb r h!) : il n’y a plus de mal autour de toi! (Edfou, I, 55g, 3 - 7 ) . 


— «•( 337 )++— 

l’image des dieux adorés dans le temple. En l’absence d’indications précises 
des textes, ainsi s’expliquerait l’uniformité que l’on constate, aux bas-reliefs 
de l’escalier ouest de la terrasse. 


6 . — MARCHE DE LA PROCESSION, DE Mên(-t) AU «(LIEU)-PUR». 


Le cortège d’Horus se mettait en marche par le couloir de l’ouest, et celui 
d’Hathor par le couloir de l’est W. Quand les deux files s’étaient réunies et 
complétées dans la salle de l’ennéade, leur ordre répondait à cette descrip- 
tion du bandeau de frise interne de l’escalier est du temple : 


v#-!Pf/ür:iîk:s-iii:VT:ni=i;mU&r;yA»ip 

ÏMJÎhlTW** 


Sous lui W se placent les amis (royaux) de Mén(-t), les « premiers du dieu » 
(tpy-w ntr) , comme on les nomme. (Ce sont) les fils d’Horus et de Hntî-n-îr-ti. 
Lemaître du pays est à leur tête : c’est le « roi en personne »; il porte l’encensoir 
(-n-Hr). Les princes (hjti-w-) sont auprès d’eux, les grands prophètes à 
droite et à gauche (de la litière), les gardiens du secret également. Le cérémo- 
niaire en chef psalmodie (nié) devant elle. Il fait les gestes d’adoration (swis-w), à 
quatre [reprises], pour sa Majesté (n hm-f). Les enseignes (divines) (bknkn) lui 
ouvrent le chemin 
% 

Pour le reste, l’aspect général de la procession dans la salle de l’ennéade 
ne peut que répondre aux bas-reliefs des escaliers. En tête, venaient 


(1) Les deux hymnes de sortie de la procession hors du couloir smy(-t) sont gravés au-dessus 
des deux portes. 

(3) / représente le «socle du repos» ( s-n-htp ), qui vient d’être nommé, c’est-à-dire la litière 
d’Horus. 

(3) Edfou, I, 554, 8 - 10 . Cette description s’applique à cet instant de la cérémonie. Le texte 
du bandeau de frise interne de l’escalier est décrit en effet le début de la journée du i er Thot, 
depuis l’entrée de l’officiant dans le sanctuaire Msn(-t) jusqu’au débouché des litières divines 
dans la cour de réunion des offrandes, 

BibL d’ Étude, t. XX. 


63 


— 338 )*♦— 

les enseignes des dieux des provinces W, aux mains de prêtres qui portaient 
les titres locaux du clergé d’Edfou. C’était ensuite le premier hiérogrammate, 
chargé de diriger les prières à voix haute. Avec lui marchaient les prêtres des 
plus hauts grades, portant des sistres, des vases à parfum ou à libation, et 
brûlant de l’encens. Les armes symboliques d’Horus et de Khonsou suivaient, 
devant le prêtre du roi, chef du rite. Derrière lui, les porteurs du dieu, la 
courroie passée autour du cou, soutenaient à deux mains les saintes litières 
des maîtres du temple. Quelques prêtres marchaient derrière les grandes divi- 
nités, purifiant et encensant la route, comme ceux qui les précédaient. Enfin, 
derrière un petit groupe d’officiants en prières, venaient les tabernacles de 
toutes les divinités parèdres à Edfou, portés chacun par un seul prêtre. 
Au dernier rang s’avançaient, derrière chaque file, un ou plusieurs porteurs 
d’éventails. 

Au moment où le cortège franchissait le seuil des portes du couloir, le hiéro- 
grammate «chargé du livre» entonnait un hymne, avec tous les prêtres offi- 
ciants. Ce chant est inscrit en deux groupes égaux de colonnes ( (l) 2 3 4 5 * 7 ), au-dessus 
des portes où passaient les chanteurs : 

i° Au-dessus de la porte ouest du couloir, dans la salle de l’ennéade W : 


(1) Peut-être sorties de la chapelle nê 4 -ntr*w . 

(1) La disposition symétrique des deux parties d’un seul texte est souvent due à une exigence 
de la construction à décorer. 

(3) Edfou, I, 373, 16 à 374, 6; pi. XXXI a (i 3 colonnes). 


’ 


— • «»♦( 339 )*-* — 

Louange à ton visage, acclamation à ta Majesté, prosternation à ton image- 
secrète Ù), 6 Horus d’Edfou-grand-dieu-dur-ciel, au-plumage-moucheté, qui sort de 
l’Horizon, chef de (hnt) l’Égypte du Sud! Ô (Faucon-’) déployé (Dwn) (?) ^ qui 
plane, tenant le ciel ( suspendu ), avec ses ailes merveilleuses (*) (bijy-t(-t)) , 0 (Faucon-) 
gmhéw sacré qui brille de ses yeux (ir-ti-f), (et) illumine le pays avec ses ( yeux )- 
divins (ntr-ti-f) ! ô (Faucon-)snbti divin qui se dresse sur sa queue, dont les ailes 
sont étendues sur le dos! L’héritier de son trône (phr-néd-f), en sa forme de (lion) 
puissant, est couché devant lui, à (tout) jamais W. Il porte (kjwt-f) la couronne du 
Sud (nfr) réunie à celle du Nord (nd), et sa tête est munie du pschent. Dieu aux 
cornes aiguës, aux cornes effilées, sa double plume atteint la voûte céleste. Il élève 
(sa) gloire avec sa beauté (?) (fj*f 'b'b m nfrw-f (?)) ^ : (c’est) un (dieu) 
farouche, qui affronte de son propre corps W (hs; §n' m d*t*f dé*f). La grande 
Mystérieuse forme rempart (sbh) derrière lui, protégeant ses membres de ses ailes. 
(C’est) le maître de la Nubie (Eh), qui gouverne les Échelles (de l’encens MStiw), 
(et) lève tribut en Éthiopie (Tfrr(-t)), (tandis que) sa sainte image (éhm (?)) 
repose dans le sanctuaire, établie sur son trône dans Mén(d). ( ) W. 

2 0 Au-dessus de la porte est du couloir, dans la salle de l’ennéade W : 

(l) ssmw-k-stl : cf. Edfou, I, 347, 5 - 6 . Le pronom possessif est placé tantôt au centre, tantôt 
à la fin de l’expression composée. 

La lecture Dwn, pour le Faucon divin aux ailes déployées, est beaucoup plus probable 
que toute autre proposée jusqu’ici. Il s’agit manifestement ici du participe substantivé du verbe 
dwn =* déployer, qui s’applique à l’Horus-faucon d’Edfou, de même que l’expression Dwn-sw 
= « Celui qui se déploie » désigne le Faucon d’Athribis (Ann. Sert., XVII, i 54 ,l. 178). 

(3) Adjectif nisbé dérivé de b’tîyd ( Wb I, 44 1, 12). 

(4) Rî- C n r c fautif, pour (r) rl-* n r c -nb . 

(5) Variante de l’expression fréquente : tl se glorifie de sa beauté, en parlant des statues divines 
ithyphalliques. Dans l’orthographe de f\f, comme dans celle de klwtf, le déterminatif, qui 
doublerait le pronom, n’est pas écrit. 

(e) " Périphrase spéciale aux statues des divinités ifhyphalliques, Cf. Wb., III, 161, 9. 

(7) Formule du souhait au roi. 

« Edfou, I, 38 i, 8-17; pl. XXXI a (i 3 colonnes). 

43 . 




< 


— «•( 340 )++— 

- "r .- f T v a j ^ à \ t T t~, A f ti n J a î; v l “ v ï cj % 

H!Maüik:^Jw4t>iS-t-=~'aLL:5 , */;*--z: 

S î -T- tztz 1 J » K ill - J - J A T fli C. 2 3 H A t U 1 ; J “ J T 0 î> 

Louange à ta face , jubilation à ton kj, prosternation à ton image sainte , ô Horus 
d’Edfou-grand-dieu-du-ciel, ( dieu) -au-plumage -moucheté , qui sort de V Horizon! 
Ô saint (Faucon )- snbti aux couleurs multiples ( c si-iwn) f 1 2 * 4 ), ô (Faucon)-gmhéw 
muni (de ses) ailes, rapace (drty) vaillant aux serres tranchantes (nsd-'n-w), 
qui extermine W- celui qui attaque sa majesté! La couronne du Sud et celle du Nord 
sont réunies sur sa tête ; sa double plume est haute, ses cornes sont aiguës ; cest un 
(dieu) qui porte comme «flagellum » le phallus de ses ennemis (îwh nh;h; m d-t n 
ébî-w-f). C’est un (dieu) farouche, qui affronte de son « membre de vie » (hsj sn' 
m h‘- c nh-f). Il se dresse sur sa queue: c’est le Faucon ( Bik)-sur-son-lieu-saint 
(h-t) (?)W, dont les ailes sont étendues sur le dos. Sa mère Isis, c’est la Mysté- 
rieuse W qui est derrière lui , qui protège ses membres, nuit et jour. Il est le 
Disque-ailé divin posé (ts) sur son-- lieu-saint ( ?) : ses ennemis sont anéantis 

au-dessous de lui (hfti-w-f m tsti-w hr-f j . Il est le harponneur vaillant qui repousse 
les (monstres) aquatiques, qui perce infailliblement ses ennemis (éti r mdd). ( 5 h 
Il court (pd-n-f nmt-t) ; il saisit l épieu (m'b î) ; il lacère (ses) adversaires 
(npd-n-f snty-w), il frappe à mort < 7 ) (wdi r é'rk) sans manquer son coup (nn 
whî n sp-f), il réduit à néant ses ennemis (ir hfti-w-f m tm-wn). Il lève son bras, 
empoigne l’épieu (hmt), et perce (étî-f) le mufle de l’hippopotame, découpant ses 
membres (sft h'-w-f), taillant dans sa peau (dbdb hr msk-f), (et) donnant ses os 
à la ( Flamme ) dévorante (Wnmy-t). Il est Celui qui est établi (mn) en son 


(1 * Littéralement : multiple de couleur . 

(2) Littéralement : qui pille le fond (du pays ) . 

m Le signe gravé, de même que dans l’exemple suivant, semble une faute pour iU. 
(4) La déesse-vautour d’El-Kâb. 

(8) Littéralement : qui perce ses ennemis , (droit) au but . 

(#) Littéralement : il tend le pas . 

W . Littéralement : jusqu’à achèvement . 


341 )**— 

palais (h-t) dans H-t-Hr W, et qui dure sur son trône, dans son Wts-t. W 

( ) (3) - 

Le principal motif de cet hymne est la louange précise, détaillée, de la 
statue divine qui franchissait le seuil de la porte. Le chant n’était donc pas 
réservé, semble-t-il, aux fêtes du siège de la Première fête, mais exécuté 
à toutes sorties en procession de l’idole de Mén(-t) : c’est dire toutes fêtes 
solennelles de l’année sacrée, à Edfou. 

On peut constater combien les termes répondent de façon frappante aux 
détails des statues de faucon gmhéw du temple de Dendéra, commentées plus 
haut. Ainsi la grande image d’Horus-Râ de Mén(-t) réunissait, par les deux 
statuettes secondaires fixées à son socle, devant et derrière le corps du dieu, 
la « triade» entière du lieu saint : Horus-Râ lui-même, Hathor-Mout, et Har- 
somtous, le « lion de Msn(-t) ». De même, les deux tabernacles du naos de pierre 
contenaient aussi, à eux deux, les statues des trois grandes formes divines 
du temple. 

La procession, au son des sistres, au chant des hymnes, au milieu des fumées 
d’encens, se dirigeait alors vers l’est de la salle de l’Ennéade. Elle s’en- 
gageait dans la grande porte, dont les deux battants venaient de s’ouvrir au 
centre de la paroi, et, gravissant trois marches, pénétrait dans la cour dite 
de la « réunion des offrandes ». La lumière du jour touchait les litières et les 
tabernacles : le soleil se rapprochait des images saintes. 

7. — RÔLE DU «(LIEU-)PUR», AUX FÊTES DU SIÈGE DE LA PREMIÈRE FÊTE. 

Ces textes des calendriers des fêtes nous ont déjà permis d’arriver à cette 
conclusion : il existait deux sortes de fêtes du siège de la Première fête; 
les unes s arrêtaient au (lieu-)pur, et les autres allaient à la terrasse du 
temple En ce point de notre étude, les textes du temple peuvent aider à 
répondre à une question de plus : toutes les processions du siège de la 

(1) Le Château d’ Horus, nom sacré du temple d’Edfou * 

(2) Le Pavois (d’Horus), id. 

. (8) Formule du souhait au roi. 

(4) Cf. 3 6 partie, discussion préliminaire. 

Bibl . d’ Etude, t. XX. klx 


*•( 342 ).** — 

Première fête, même celies qui montaient à ia terrasse, entraient-elles d’abord 
au (lieu-)pur, pour y accomplir la première partie des rites? (0. 

Les rites pour la procession de sa Majesté (divine), en sa sainte marche vers sa 
terrasse® ( irw nn n éh' hm-f, m nmt-t-f dér(4) r tp-h-t-f), ne nous donnent pas 
sur ce point de renseignement utile, car ils s’appliquent seulement à la journée 
principale, celle de l’Ouverture de l’an, au i er Thot. Après une description 
minutieuse des préparatifs de la procession et de sa sortie hors du « couloir 
des chapelles», le texte s’arrête. Conformément à son titre, il saute brusque- 
ment au but final : la terrasse du temple, et ses quelques phrases de clôture 
ne font allusion qu’à la cérémonie du toit W. 

D’autre part, l’expression toucher le soleil (hnm itn) s’applique aussi, sans 
aucun doute, à l’ouverture des portes des tabernacles, au moment où com- 
mence, au ( lieur-)pur , le service de la toilette divine. A cet instant, les images 
reçoivent, comme sur la terrasse, le contact de la lumière du soleil, qui plonge 
à midi sur elles entre les colonnes de façade W. Ce caractère de cérémonie en 
plein air , dans b? ( lieu-)pur , a été voulu. La cour et sa chapelle ont été bâties 
pour le réaliser. 'Il n y a sur ce point qu’une différence de degré avec la terrasse 
du temple, toute entière sous la voûte du ciel. 

Cependant, la montée du dieu vers la terrasse, après son passage au (lieu-) 
pur, fait l’objet d’au moins trois allusions directes. Elles se trouvent aux deux 


( 1 La disposition architecturale des lieux ne donne aucune indication sur çe point. Une seule 
chose est certaine grâce à elle : tout cortège entrant dans la « Cour des offrandes» le faisait néces- 
sairement par sa grande porte de la paroi ouest, et sortait en sens contraire, par cette même pfir te 
En effet, la petite porte réunissant l’escalier est de la terrasse (U) au vestibule de la purification (V) 
ne devait servir qu’à l’entrée de cette purification (éntr-kbh) pour les offrandes réunies dans la 
cour, et jamais à une sortie de procession (voir le sens des bas-reliefs). Rien ne ferait obstacle, 
du seul 'point de vue de l’aménagement du temple, à ce que des cortèges, venant de MmU), et 
allant à la porte de l’escalier est (angle sud-est de la salle de l’Autel) ne l’atteignent directement 
par la- grande porte axiale placée entre cette dernière et la salle de l’Ennéade, sans faire 
halte dans la cour des offrandes et son ( lieu-)pur . 

” BandeaU de frise inteme de l’escalier est (Edfou, I, 553, i3), déjà traduit presque en 
entier. 

m • phrases seroirt traduites plus bas, au moment de l’étude de la dernière partie de la fête. 

Voir plus bas. Le (lieu-) pur est orienté vers le plein sud, au temple d’Edfou. 


— «•( 343 ).**— 

montants de la porte du vestibule annexe, c’est-à-dire au centre de la paroi 
qui ferme, vers le sud, 1 enceinte même du lieu de réunion des offrandes : 


* • 

. 0 ; 


: J\ 


•i: 


Cl ** 




7TÎP 


i Éloigne-toi)^), (Soleil) du matin, vers ton château, (mais) ne t’ékigne pas de 
ton temple, (quand) tu (t)’ éloignes (vers) le ciel (du temple), acclamé! (hr, Dw;i, 
r h-t-k, m hr r h*t-ntr-k, hr*k « kir-t », m hs!) W. 


SiÛlf'tWSÎ: 

2 ° Le (Dieu)-de-V Horizon va faire son Horizon [au] dedans du ciel (du temple) 
(ir ihty îh-t f [m] hnw « br-t ») ( 2 1 


jîh.'r 

3° O Horus d Edfou-grand-dieu-du-ciel, reviens du ciel (du temple), (pour) te 
poser (sur) le trône qui est dans (ton sanctuaire) ! (Hr Bhdti ntr 'j nb p-t, mi m 
«hy-t», shn-k hnd(w)-k hnt-é) ( 3 ). 


Un autre indice est celui-ci : l’hymne au soleil levant inscrit en double exem- 
plaire sur le bandeau de frise du ( lieu-)pur ® est exactement du même 
modèle que celui du palier inférieur ( * 5 * 7 ) et celui du palier supérieur de l’es- 
calier est («) de la terrasse. Ils doivent être considérés comme les trois phases 
successives d un même chant de louange, exécuté au cours d’une même 
ceremonie. Enfin un texte auquel on peut attribuer une valeur de preuve se 
trouve gravé au montant est de la porte du (lieu-)pur, dans l’épaisseur : 


•*' ’b " - ® 3> î » I T- = (<)■ -■ * i ~ “ - x » é T -1 


© 
! m 


Il (— Horus d’Edfou) parcourt sa chapelle, en sa Première fête; Hathor 
de Dendéra lui est jointe; leur ennéade est avec eux, au jour de l’Ouverture 

- . — ■ ' ■ ■ . . • î b 


<■> Edfou, I, 58 9 , a-3. Cf. Wb., III, i44, 18 . — « Edfou, I, 58 9 , 4. — m Edfou, I, 

58 9 > l3 ; cf - Wb., III, 238, 5. — » Edfou, I, 4i 7 , 7 -i 7 . — m Edfou, I, 5 7 3, i 8 à 5 7 4, 

7 . — (6) Edfou , I, 55i, 19 à 552 , 7 . 

44 - 


de Van, et quand ils touchent le soleil (hr hnm-îtn-én), aux (fêtes) solen- 
nelles (‘J. 

Le i er -Thot est une journée de fête où la montée à la terrasse est absolument 
sûre : toute l’ornementation des parois des deux escaliers du toit s’applique 
à elle. Si donc, ce jour-là, la procession faisait halte au ( lieu-)pur , c’est que 
toutes les processions montant à la terrasse, auxquelles elle servait de modèle 
passaient au préalable par cette chapelle. 

Inversement, l’installation au cœur même du temple d’une cour à ciel 
ouvert, contenant un pavillon toujours éclairé par la lumière du jour, répond 
à un certain type de cortèges : ceux qui venaient là pour faire toucher le soleil 
aux divinités, au cours d’une fête de l’habillement (hb mnh-t). Ces processions 
n’allaient pas à la terrasse. Pour elles, l’aménagement architectural nouveau, 
réalisé seulement à l’époque des Lagides dans les temples d’Égypte, rem- 
plaçait une sortie plus longue. Il mettait le rite à portée commode des sanc- 
tuaires d’où partaient les statues. Suivons donc d’abord l’un de ces cortèges, 
avant d’accompagner les autres dans la dernière étape de leur parcours. 

8. — MISE EN PLAGE DU SERVICE AU (LIEU-)PUR. 

Si la procession avait trouvé, en entrant au lieu de réunion des offrandes, 
les tables d’autel déjà dressées, son passage aurait été rendu difficile. 
L’espace y est assez restreint, en effet. Comme la chapelle qui la domine, la 
cour ne mesure que huit coudées sur chaque face W, et l’escalier de six marches 
qui relie les deux parties du siège de la Première fête empiète largement sur 
son centre. Selon toute vraisemblance, les offrandes alimentaires étaient 
réunies dès la pointe du jour, comme d’habitude, dans la salle de l’Autel, 
que le cortège n’avait pas à traverser pour se rendre de Mén(-t) au ( lieur-)pur . 
Une fois seulement la chapelle occupée par les officiants, les porteurs dres- 

< l > Edfou, I, k la, i4-i 5 . Cf. Piehl, I. H., pi. XXVI, T (col. 6-7). Emploi remar- 

quable de l’expression verbale composée knm-itn-én comme d’un verbe simple. 

Cf. l’expression si souvent répétée : au jour de l’Ouverture de l’an, (et) de même à toutes les 
(fêtes) solennelles où l’on célèbre le toucher du soleil. 

(S) Environ Am. 28; cf. Edfou, IV, 6, 2-3. 


345 )« 


saient derrière eux les tables saintes, et réunissaient l’offrande (i'b-dfî) devant 
Horus, pour qu’elle soit purifiée et consacrée W. 

Les porteurs d’enseignes s’avançaient donc dans la cour, la traversaient en 
tournant vers le nord, et s’écartaient probablement à droite et à gauche, au 
bas de l’escalier de la chapelle. Ainsi ils étaient prêts à reprendre la tête du • 
cortège, quand celui-ci repartirait en sens inverse. Le prêtre du roi, le céré- 
moniaire en chef et les grands prêtres montaient au contraire lès marches. Ils 
pénétraient les premiers dans la chapelle, dont les portes venaient de s’ouvrir. 
Ils la purifiaient d’eau et d’encens, comme on fait en tous lieux où va s’ar- 
rêter une image divine. Puis les porteurs arrivaient, avec les litières suspendues 
à leurs cous. Ils «assuraient leurs pas», et gravissaient les marches, le pre- 
mier allant à reculons devant l’autre. On peut les voir encore aux bas-reliefs 
des escaliers de la terrasse, montant lentement pour ne pas heurter leurs 
charges saintes. Au centre de la chapelle, ils déposaient sur le sol les litières. 
On plaçait les deux tabernacles en face de l’entrée. Les «écrans» de pierre 
qui relient les colonnes du portail aux murs de la salle, laissant entrer le jour 
au-dessus d’eux ( 2 ), nous ont conservé l’écho de ce moment solennel : 




Œ 1 \\A 


tt r.^-r 


T 

’ S 


V Jb A a iv 

! J 1 « a w • • • 1 ■ I I 1 ] 


Porteurs du dieu, allez au bout de votre route (mh-tn wl-t-tn), vos deux mains 
sur (hr) le dieu vénérable, Horus d ’ Edfou-grand-dieu-du-ciel! Amenez-le en paix 
sur la terre, en marche lente, (ou bien) en hâte, à pas rapides ! Attachez (bien) vos 
courroies à la boucle (m'y-t) (qui est) sur le socle d’or, quand ( celui-ci ) prend contact 
au sol (m it mh hr sjtw). Le (dieu)-au-plumage-moueheté, le maître de tous les 
dieux, mettez sa majesté (îmy sfy-t-f) en votre cœur! Ce dieu-là, (il) n’en paraît 
point de pareil (?) (sn *nw*f (?)) W. 

(1) Cf. le texte du bandeau de l’escalier, déjà traduit plus haut, qui place, le jour de l’Ouver- 
ture de l’an, les offrandes dans la salle de l’Offrande (msh-t-wdn) ou salle de l’Autel. 

(,) Cf. Edfou, pl. XXXIV a; voir pour comparaison : Chassinat, Dendara, IV, pl. CCCIII, et 
pl. phot. XXXVIII. 

( 8) Cf. l’expression parallèle du texte suivant (ligne i 5 : '-wi-tn hr 'pu). 

Edfou, I, 4 1 A, 9-11. 


K 346 )< 


Aâ, ’Y' * «e i -* 

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A s I —A — " * 1_ v««» v_ * (V) » ! v_ 

«=./^ 


Z)^ qui tenez haut (twi) votre père « sorti de Râ ( 2 ), vas fa mfa «ont «r 
• le Disque-ailé ! Il suit sa route «, il s avance en paix. Le (dieu) d’Edfou est 
venu, et h terre est protégée (iî-n Bhdtî, si ti) ! (C’est) fforus d’Edfou-grand-dieu- 
du-ciel : un ciel (hjy-t) d’or est au-dessus de lui W. Hâtez-(vous) (g| rd-wi) en 
portant Râ, l’aîné des dieux (énator ntr-w) ! (C’est) le maître des divinités : placez 

sa gloire (imy kf(;)4-f) en votre pensée! (C’est) un dieu unique, il n’a point d’é- 
gal (*). 


Devant Horus, sa «massue» divine était plantée dans un support; devant 
Hathor, on plaçait celle de Khonsou. Des socles portatifs (éki) (®), assez hauts 
pour mettre les tabernacles au niveau des mains des officiants, étaient disposés 
sans doute dans la chapelle. Ayant déposé « au sol» leurs charges, les porteurs 
des litières les installaient sur ces socles. Alors venait la longue file des dieux 

parèdres, dans leurs légers tabernacles. On les plaçait en arrière : ils étaient la 
cour du roi céleste W. 

Désormais le (lieu-) pur ê tait la tribune du Soleil, élevée au-dessus de la 
terre et de ses présents. Ces dons étaient rangés devant lui, à ses pieds, sur 
toute, l’ étendue du dallage de la cour. Ils donnaient à cette cour son. nom; 
leurs images décoraient sa paroi sud, et surtout son mur est, aujourd’hui 


( 1 L’exhortation s’adresse aux prêtres porteurs, qui sont censés être les fils d’Horus. Comme 
il est frequent, le titre -est donné à la 3 e personne, et la phrase continue à la seconde. 

« Il s’agit ici de la seconde personne du dieu d’Edfou. Un peu plus loin, c’est à Râ lui- 
même (i re personne du dieu d’Edfou) que l’on s’adresse. 

. * * * * (S) Littéralement : «il marche à son pas». 

(1) Allusion au ciel de la litière. 

(S) Edfou, I, 4i4, i5, à 4i5, 2 . 

“> Cf. Wb., IV, 3o3, 18 . 

0 II va être aussitôt question de montée à l’escalier devant les naos, au début du service de 
habillement. Même si l’on ne voit là que le symbole de l’approche du prêtre, il est difficile 
e concevoir ses gestes devant un tabernacle de petite taille, posé sur le sol. Toutes les habitudes 

du service divin exigent que l’image sacrée soit placée au niveau des épaules de l’officiant debout 
devant elle. 


K 347 )■ 


presque entièrement détruit <*>. La même décoration au temple de Dendéra, 
mieux conservée, peut être utilement comparée à celle d’Edfou* 2 ). 

Alors le prêtre chargé de purifier et de consacrer l’offrande apparaissait. 
Dans la très petite et sombre chapelle bâtie pour ce seul service, l’eau et 
1 encens étaient introduits par le portillon sud, qui donne sur l’escalier est * 3 ). 
On consacrait l’eau dans les vases d’un autel wdhvo W. Puis la porte nord 
du réduit s’ouvrait ; le prêtre s’avançait vers les mets du dieu, tenant en mains 
l’aiguière h ;bhw prête aux aspersions, et l’encensoir allumé : 








tSllffl 


- — V Q 4lin V ' St- -1 - — 

173 1 *©// A © I , , 




Le Fils de Ra (Plolemée'J vient a toi, Horus d’Edfou-grand-dieu-du-ciel. Il t’apporte 
l (eau du) Noun sortant (wbn) des deux cavernes (du Nil à Eléphantine) . Il va 
purifier tes membres avec son liquide. Il vient à ta Majesté, en son temps de midi 
(tp tr-f n mtr-t). Il comble (b'h-f) ta splendeur (ilhw-k) avec l’(offrande des) 
aliments. Il ravitaille ton sanctuaire, il emplit ton dressoir (à eau) (wdhw-k), il 
fait briller ta demeure avec sa verdure. C’est pur, c’est pur, Horus d’Edfou- 
grand-dieu-du-ciel! W. 

En face du montant de porte orné de cette invocation, une autre s’adresse, 
comme il convient, a Hathor et à tous les dieux d’Edfou qui accompagnent 
Horus, les jours de fête au siège de la Première fête. Un renseignement 
précieux nous est donné ici, car nulle part ailleurs il n’est répété : la purifi- 
cation de la cour des offrandes faisait partie d’un service de midi (®) . Or seules les 
fetes du siège de la Première fête s’y déroulaient ; c’est donc au centre du jour 
qu on y ouvrait les tabernacles . La disposition même de la tribune solaire, 

m Vob- Edfou, pl. XXXIV c et WW d. 

m Voir Chassinat, Dendara, IV, pl. CCCI et CCCII. 

<’> Cf. plan général du temple d’Edfou, pl. J; pl. XXXIX c et XXXIX d, e. 

(1) Voir la pratique semblable, en service journalier, plus haut. Cf. Edfou, I, 585, note préli- 
minaire aux textes de la «chapelle annexe de l’Ouabit». 

^ Edfou, I, 586, 7 - 11 . 

<*> Voir l’étude du triple service journalier de purification : i re partie, plus haut. 


* Mp ( 348 


tournée vers le sud au fond de sa cour profonde, touchée par les rayons de 
l’astre à cet instant seul de la journée W, amène à la même conclusion sur 
les cérémonies qu’elle abritait. 

L’officiant encensait alors au-dessus des autels chargés d’offrandes, et les 
aspergeait dés gouttes d’eau rituelles : 


II- 




* ' X. T 1 * S * ' 

sac A— \ À I S il f >! a < 

0 * ~ ,ic 

m * x 


= 4 d 




i° Je rassemble le natron, je saisis ( V encensoir ) dans ma (main) droite, (pour) 
qu’en soient purifiés tes membres, (et) je fais monter l’encens ( c h-i éntr) 

2° L’aiguière d’or est dans ma main gauche, , Je purifie ta Majesté de cette 

eau divine puisée (?) (npd (?)) au lac (?) (m-hnw s)! ( 3 4 5 L 


Puis les assistants entonnaient un chant de louange : 


Joie dans Mén(-t)! Le Pavois® Wts(-t) exulte! Ceux d’Edfou sont en fête : 
Horus d’Edfou est sorti en procession (K) pour voir le soleil (itn). Il va s’unir à 
[son âme (?)], ( ainsi que ) les dieux et déesses sortis (pr) avec lui ; et toute son ennéade 
{(qui est ) à côté <Je lui . Il va voir Râ et son âme (bî»f) (se poser (?)) sur sa personne 
(tp k;*f). L épieu {sacré) (m c b^) l’accompagne W (m-ht*f); son cœur est heureux 
{quand) il touche le soleil (îtn). Son ennéade jubile ; Ceux d’Edfou chantent 
{le chant) : « protection de la terre », car le dieu va toucher sa demeure®. ( )( 7 ). 


(1) Le rebord des dalles de voûte placées au-dessus de l’escalier est (dans son état primitif) 
dominait, au sud, le sol de la cour d’environ 9 mètres. Or le côté de cette cour carrée ne mesure 
que 4 m. 28 (cf. plus haut). 

(5) L’indication liturgique principale est placée ici à la fin du texte de la formule prononcée. 

(3) Edfou, I, 590, 12-1 5 . 

(4) Le Pavois désigne ici le temple d’Edfou en totalité. 

(6) M-ht est souvent affaibli, aux textes d’Edfou (cf. Wb., III, 345 , 3 ). Par exemple, en 
Edfou , V, 10, 1 5 , Maât est à la fois m-b\h et m-ht, par rapport à Horus. 

w Le chapelle du ( lieu-)pur , semble-t-il. 

W (Souhait au roi). Edfou, I, 44 1, 8-1 5 , à gauche : bandeau de soubassement ouest de la 
cour «Réunion des offrandes». 




— «4 849 >«— 

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J Wt\i 


Joie dans Wts(*t)! Edfou exulte! Ceux qui sont au grand-siège (é-t-wr-t) W 
jubilent! Horus d’Edfou est sorti en procession dam M^n(-t) W, pour voir le soleil 
au lieu qu’il aime W ! Lui (et) son ennéade regardent les (ennemis) massacrés 
(m né-t) |4 ) sous lui; son épieu est planté en eux! Seth est trampercé; Apophis est 
traversé: c’est un Crocodile et (m-'b) un Hippopotame Ceux de M^n(-t) sont en 
joie et liesse, car le dieu est satisfait sur son trône! ( )( 6 >. 


9 . — L’OFFICE Dü (LIEU-)PUR. LES DOCUMENTS. 


L’office du (lieu-)pur se trouve résumé en deux textes. Le premier se trouve 
au bandeau de soubassement du mur d’enceinte du temple, à l’extérieur, du 
côté de l’orient : 

A) On offre V (huile parfumée-)mA, les tissus (mnh-t), les amulettes protectrices 
(wçL-w n s’-w), pour (r) munir le dieu de ses ornements. On purifie sa Majesté 

W Ici, le temple en totalité. 

Le temple d’Edfou. 

(3) Littéralement : au lieu de son cœur . 

(4) Cf. Wb., Il, 319, 5 . Le mot, dont la traduction est laissée dans l’incertitude au 
dictionnaire de Berlin, est fréquemment attesté à Edfou (Edfou, III, 349, 3 ; VI, 82, 3 ; VII, 24 , 
12, etc.), toujours au sens collectif de : les (ennemis du dieu) égorgés (et tombés à terre) ; il s’agit 
bien entendu ici des offrandes de viande et de volailles qui remplacent ces ennemis, dans le lan- 
gage conventionnel qu’on emploie pour le sacrifice. 

(5) Allusion possible à la décoration réelle du socle de la statue d’Horus-Râ de Msn(-t). Cf. plus 
haut ; voir aussi, par exemple, la statue d’Horus-Râ gmhsw sur son socle, dans la chapelle Ns't-R * 

du temple d’Hathor à Dendéra : Chassinat, Dendara, IV, pi. phot. 2 58 , au centre. 

w (Souhait au roi). Edfou, I, 44 1 , 8-1 5 , à droite : bandeau de soubassement est, symétrique 
au précédent. 


■**i 350 > 


avec ses grains (de natron), et ses (mses-)nmé-t, pour que (r) son âme (bj-f) s’unisse 
à son image (éhm-f). (La voûte du ciel W) (gb-t) appartient à son maître, dont les 
natures (successives) sont exposées (hpr-wf c pr) : Râ (y) est dans sa barque à midi; 
(la barque-) Skt-t au matin, et (la barque-)Wnà*ï au soir (y) portent Khepri et 
Atoum, éternellement (m d t f h-t-f). Le roi adore sa personne (kî-f) (et) adore 
son âme (b?-f). (Il) tue ses adversaires, et purifie sa demeure avec la (cruche-) 
hnm-t ('b pr-f m hnm(.t)) ( 2 ). 

Quant au second des deux textes, il décore, du .côté de l’intérieur de la 
chapelle, les flancs des deux colonnes qui soutiennent son plafond : 

B) u° Colonne ouest : 

1‘ — ï If t ! 3) llTïljn, 

Montée à V escalier. « Révélation de la face » devant le dieu. Offrande des (colliers-) 
wd'w et bb. Don de la pièce de tissu blanc, de la pièce de tissu bleu; ajustement du 
tissu rouge. Habillement du dieu avec le coffre à vêtements d’Horus (?) (wt ntr m 

hn sé Hr (?)). [ ] les parures. On place le diadème (ésd) et la (houppe-) 

mn h’t {3) . Le (pretre) gardien du secret (p î hri-^sf ’) fait la seconde purification 
(whm kbhw). (D’autre part), les prophètes accomplissent leur office : habillement 
de la grande ennéade (émr); vêture de la petite ennéade (rk) : (ce sont) les 
grandes divinités du grand-siège W. On exécute tout le rituel de l’habillement 
pour Hathor de Dendéra et Harsomtous. (Puis) : départ en procession (éh') de 


( 1 ï ériphrase qui désigne le plafond du (lieu-) pur, où, en effet, sont peintes les images de 
G 6 -<-Nout, et des douze barques des douze heures du voyage diurne du soleil. Dans chacune 
d’elles, Râ présente une manière d’ètre (hpr) différente. Cf. Edfou, pl. XXXIII c. 

l) Edfou, VII, 16 , a-5 (bandeau de soubassement du mur d’enceinte, face externe, est). 
Cf. Piehl, I. H., II ( ï ") . pl. XCII, col. U- 7 , et traduction : II ( 2 °), p. 64-65. 

( , Cf. 1 association du tissu ssp et de la houppe mnh-t : Mariette, Abydos, p. 5o. 

(4) Le temple d’Edfou. 


— «•( 351 )*4— 

(Celui) d’Edfou, dans son saint tabernacle, (et) arrêt (htp) sur son siège d’é- 
ternité De même, (départ) de (toutes) ses grandes ( déesses ) et de tous ses grands 
(dieux) (wr-w-t-f mit-t wr-w-f tri) vers leur siège où ils [ s’arrêtent (?)] ( ) ( 2 ). 


C) 2 0 Colonne est : 

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Montée à l’escalier. Vision du dieu dans son tabernacle. On (lui) revêt les (amu- 
lettes) protectrices (dbl sbw). Ajustement des parures ('pr hkr-w). Adoration de la 
(couronne) rouge (dwj dsr-t) ; pose de la (couronne) blanche (émn hd-t), (et) en- 
censement de leurs diadèmes (?) (îr sntr n ésd-w-én (?)). Onction de l’huile di- 
vine (?) sur son front (?) deux fois saint (gé ti-spé (?) ntri (?) hr wp-t-f (?) 
dér(*t), sp én), par le ( ministère du) chef [des prophètes (?)] (in [s]hd [hm-wntr 

(?)]). (D’autre part), on ajuste l’étoffe (rk sé (?)) [ ] sur les-grandes (divinités). 

On revêt (étlm) les membres de la Maîtresse de Dendéra de ses linges purs (w'b-w-fî). 
On habille (ém'r) son fils Harsomtous, et le grand Ihy-fils-d’ Hathor, qui satisfait son 
père et sa mère (éhtp it-f hn' mw-t-f). (Les dieux de) la [grande (?)] ennéade', 
l’ ennéade du Château d’Horus, leurs membres sont protégés par V (étoffe-) ê& p. 
On exécute pour eux leurs rites (îr n>én îrw-én), en la fête de la Naissance de 
Râ (?), de même qu’aux fêles solennelles. Leroi (?) pénètre vers eux ('k n-é(n) 
nsw-t), jusqu’à leurs saints tabernacles, alors que l’on entre ((h)r 'k) (en) leurs 
chapelles (sh-w*én) quand ((h)r) viennent leurs temps (de fête) (tr-w-én). Durée, 
durée (mn, sp én) en leurs saintes demeures (iwnmén), comme (celle) du ciel en 


(1) Le naos de pierre de Msn(-t). 

« (Souhait au roi). Edfou, I, h 1 3, 1 2 - 1 7 . Cf. Piehl, I. H., II ( 1 ”), pl. XXIV, col. 6 , à pl. XXV, 
col. 1 (texte Q), et traduction : II ( 2 “), p. i4. 

(S) Il s’agit des chapelles autour du sanctuaire, où les dieux d’Edfou résident habituellement. 


\ " Ml Qu ’ ih Rament (pr-to r-hnt) W, (eB ) far(i ,) mhmim 
(tp-Wn), comme en tout, journée oi [Kd(? } ] se manifeste (mi r’ n b hpr [*(?)] 

Le service de fête du (lieu-) pur est, de plus, figuré, avec les choix et les 
conventions de» décorateurs del’époque, sur les trois parois (de fond et lalé- 
raies) de 1 édifice sacré. En comparant écrits et tableaux, on peut reconstituer 
ainsi 1 acte central des fêtes du siège de la Première fête. 

Les grandes étapes de l’office se succédaient dans l’ordre suivant • 1 ° KM 
latum Je la face, purifcatums. Cette première partie donne le « contact du soleil » 
aux divinités. .• Protection;, offrahd, alimmtaire symbole éehan ée ^ 

mmt,; offrande de, tmm, et seconde purification. 3» Offrande des arme,, bijoux 
fards et huiles, parures et couronnes. C’est dans cet ordre que les trois registres 
es parois de la chapelle présentent l’action liturgique. L’office se déroulait 
réellement ainsi, semble-t-il, devant toutes les images divines dans leurs 
tabernacles. Cependant les rédacteurs des textes et les décorateurs des parois 
ont préféré un ordre de préséance, plus conforme à la hiérarchie des divinités 
reunies eu ces jours de fête. Les premiers énumèrent d’abord les rites exécutés 

IT'I Th r U %”° rUS ; Râ; ^ iiS Pa8Sent ““ i™ rendus 
athor et a Harsomtous-Ihy ; enfin ils mentionnent le rôle de tous les dieux 

e enneade. De meme, les décorateurs ont réservé à Horus-Râ seul la totalité 
du mur d honneur du sanctuaire u,'b(-t) : la paroi de fond (nord). A gauche 
et a droite au contraire, ,1s ont complété la représentation des phases prin- 
cipales de 1 office, en les adresKint tantôt au couple Horus-Hathor, tantôt à 
1 un des deux ou a Harsomtous, tantôt même aux statues royales ». Il est 
préférable de ne pas tenir compte d e cette disposition théorique, fréquente 

« Sous-entendu : comme le soleil qui se lève. Tel est l’effet du rite du hnm-kn appliaué à 

“I e “ "T»/? d ""” ,lés d ’"« *»ph- « le» fai, participer à 1, M ,„e‘ sol3 H 3»- 

r a T.T" '■ te,e - Sed h P”” !•» ™» de I, en les m.!t« en 

ace de Râ dont ils sont tous les fils, les hypostases. 

3;:“ : „ H ; Æ a - » <«. »>, 

.,!! à titre de divinités parèdres (statues des couples ancestraux et images du couple 

3 w' 3 ‘Z 7“ * t0 T ei “ ieS meS conune ailes 1. feiseien, Btes d„ 

mois (et. plus haut, 1 partie : service «régulier»). 


-«•( 353 )•«♦■ — 


dans la décoration des murs d’Edfou. Célébrer en effet les mêmes rites, répétés 
à la suite sur trois groupes au moins d’images divines, aurait entraîné une 
perte de temps considérable. Or tous les tabernacles étaient réunis en un 
même espace étroit, dès le début de l’office. Des prêtres nombreux étaient 
présents : ils se tenaient dans le (lieu-)pur. 

Dès le début de la journée ils ont probablement, tous ensemble, servi 
les statues divines dans leurs chapelles PL Arrivés sur le «balcon de fête» du 
dieu, à plus forte raison, ils continuent à servir ensemble les tabernacles 
des divinités d’Edfou. 


A) Le rite de toucher le soleil. 


Les gestes préliminaires se déroulaient comme en service régulier. Le 
prêtre du roi donnait le signal, en montant sur l’escalier devant l’image 
d’Horus W. Il ouvrait la porte, il abaissait le voile (von-hr), et par ce geste 
plaçait la lumière divine sur la face du dieu; il voyait le dieu dans son 
tabernacle. Puis il prenait les grains de natron du nord et du sud, et les 
offrait; il saisissait les quatre vases nmé-t et dsr-t , et aspergeait d’eau sainte 
le tabernacle, en tournant quatre fois autour de lui. Les autres images 
recevaient les mêmes soins. Le mystère s’accomplissait sur elles : la vertu 
du soleil s’unissait à leur personne divine W. C’est bien cet instant que 
marque l’hymne du bandeau de frise de la chapelle. Il est conçu dans la 
forme que prennent les autres cantiques quand on monte vers la terrasse, 
le i er Thot : 



= i ^ r v,? 1 1 : \ i 1 * : i: 


(1) Voir plus haut. 

<*> Il faut probablement prendre l’expression en son sens figuré de : s’approcher pour 
la première fois d’un dieu, au début du service. Les socles n’étaient probablement pas assez éle- 
vés pour comporter l’escalier des grands naos des sanctuaires. 

(3) Cf. texte A, ci-dessus : on purifie sa Majesté avec ses grains (de natron) et ses (vases-) nms-t, 
pour que son âme s’unisse à son image . 

Bibl d f Étude, t. XX. 


45 


— !“•*( 354 )•** — 

i. Le soleil brille, les nuées se cachent (hip-t wnh); le ciel est clair (bii-t 
bjk-ti) et sans brouillard W. Horus d’Edfou est venu en procession pour s'unir à Râ; 
il a regardé le soleil quand il apparaît ( 2 L ( Les dieux ) qui sont dans l'Horizon, 
leur cœur est en joie, (car) ses rayons * * (3) * 5 * * 8 * ont touché sop corps. L'équipage de la 
barque (l’)adore (îr-én Lw) ; la grande cour (divine) entière (l’)acclame (m hnw). 
Comme il est beau, le dieu, en paix! C’est Râ qui repose en son OEil, c'est 
(Celui) d’Edfou qui jubile et se réjouit (m h"w-t, ssp-n-f jw-t-ib) de s’être 
uni à Celui qui sort de lui\ ( 4 5 b L’OEil-droit ^ renouvelle le cercle : sa pupille 
est stable (mn) en son siège. L’OEil-gauche ^ est muni de ce qu’il lui faut 
(dbh-w-é) : l’ordre (du temps) est établi par quinzaines pour lui (gégé-tw m i5 
nd). Tu triomphes, 6 Râ, sur Apophis ! (à dire quatre fois) . Tu triomphes, Horus 
d’Edfou-grand-dieu-du-ciel, sur tes ennemis! (à dire quatre fois). 



2 . Le soleil est apparu, les nuages ont été chassés (h(î)t(i) hé(r)); le ciel est pur, 
sans brume. Horus d’Edfou est venu en procession pour se joindre à son âme, dont 
les rayons W ont pénétré son corps. (Les divinités ) qui sont dans le Noun chantent: 
« protection de la terre », (car) le dieu touche (hnm) sa demeure (iwnn-f) : Râ 
(a vogué) par (bon) vent (R' m mfw) ! M. Il a navigué à travers le ciel (dj-n-f 

(l ' Cf. Piehl, I. H., II (i*), pl. XXI, col. i : n igp. 

(,) Et non pas : « qui se lève». II s’agit de l’apparition de la lumière du soleil sur la statue 
dévoilée, dans le ( lieu-)pur , au moment de midi. 

<3) Ceux de Râ, c’est-à-dire du soleil [Un). 

m Horus d’Edfou, fils de Râ. 

(5) Hathor de Dendéra, œil droit de Râ. 

(,) Hathor-lune, qui est aussi Hathor de Dendéra. 

Les rayons de l’âme'de Râ, qui est le soleil. 

(8) Cf. Na ville, The shrine of Saft-el-Henneh, pl. I, ligne 8, à droite : tw R m mïw — Râ est 
avec le (bon) vent! 


— «•( 355 )•* > ■■■■ 

hr*t), et (le Dragon) au visage farouche (nhî-hr) a reculé, sur l’heure (m 
wnw-t-f) ! Atoum, son cœur est joyeux; l’équipage de sa barque exulte : il va atteindre 
le (pays) du soir (méw*t), le cœur serein (m îw-t-ib), pour reposer en son corps 
(hî-t)l II va faire monter (au ciel) l’OEil [de. ceux ] qui dorment (3'h'*n-f 
îr-t «tir gé-én ») ; il va soulever Celui dont le cœur est las W (ts-n-f «Bds-ib»). 
Ceux de l’Occident entrent en joie, en joie : ils vont voir Râ dans l’autre monde 
(Dm) ! Tu triomphes, ô Râ, sur Apophis! (à dire quatre fois). Tu triomphes, 
Horus d’Edfou-grand-dieu-du-ciel, sur ton ennemi! (à dire quatre fois) ( 3 b 

B) Présentation de l’offrande, et habillement des statues divines. 

Le prêtre du roi entamait alors la seconde partie du service, celle qui 
vaut aux fêtes du siège de la Première fête leur nom de fêtes de l’habil- 
lement. L’image d’Horus-Râ change de vêtements. Son corps doit être 
frotté d’huile parfumée, ses membres se vêtir de nouveaux tissus M. Tous 
les dieux, devenus Râ eux-mêmes, vont l’imiter. 

L’officiant présente à la statue divine le grand collier d’amulettes pro- 
tectrices. Les textes nomment ce collier : wd;w, ou : bb, ou encore l’appellent 
simplement : les protections. La paroi nord le montre, en bas, dans son angle 
ouest Aussitôt après, l’officiant présentait l’offrande alimentaire, comme en 
service journalier, sous le symbole de l’huile parfumée sur le plateau smé 


(1} Littéralement : VOEU [de ceux qui sont] sur leur flanc (xv-t [dd-w] hr gs^sn) : cf. Wb V, 
192, 16. Périphrase pour l’OEil gauche de Râ, la lune. 

(2) Osiris-lune. 

(3) ËdfoUj I, 417, 7“ 1 6 (à droite, puisa gauche). Cf. Piehl, /. H. >11 (i°), pl. XXI (H) et XX (G); 
traduction : II (2 0 ), p. 12-1 3 . 

(4) Ce sont les deux catégories d’objets conservés dans la chambre bt-mnh 4 du temple d’Edfou, 
et représentés sur ses parois : du coté sud (et moitié sud de la paroi ouest), les tissus d’habille- 
ment; du côté nord (et moitié nord de la paroi ouest), les huiles parfumées, pour oindre le 
corps. Les deux catégories d’offrandes ne sont présentées ensemble qu’au 3 e registre de la paroi 
ouest. Cf. pl. XXI ab. 

(5) Malgré les intercalations d’offrandes à Hathor ou à Harsomtous formant double emploi, 
l’ordre suivi par les décorateurs est, dans l’ensemble, unique pour les trois parois du sanctuaire 
wb(-t) : alternativement, à l’ouest, puis à l’est, des extrémités antérieures des parois latérales 
jusqu’au centre du mur de fond, et par registres successifs du bas vers le haut. 

(#) Cf. plus haut, i re partie. 


45 . 


L ’oliban, ici encore, est l’OEil d’Horus par excellence, et le repas divin (îfi-t- 
nir ) (1 ). Alors, tendant les deux mains vers la statue, le prêtre la tirait hors de 
son tabernacle, la posait sur le socle, enlevait le voile nmé qui enveloppait 
encore sa base : le faucon gmhévo, étincelant d’or sous la lumière du jour, 
apparaissait aux regards des officiants : 

(. Imposition des mains sur le dieu ) : (J’) ouvre les yeux sur Geb et le 
Maître de tous les grands dieux : (c’est) pur! Toi qui es nu, tu es vêtu sans étoffe : 
ta statue est revêtue de ce qui sort de ton OEil (divin) ! ( 3) Ta beauté est à toi, (dieu) 
d’Edfou, aiir-plumage-moucheté ! Tes membres ont ce qui est à eux ! W II m’ap- 
partient de voir ton image cachée : Je suis celui qui envoie le prophète pour [te 
contempler (1)] ® . ■ 

Aussitôt, l’officiant recevait des mains de celui qüi l’assistait un nouveau 
voile de lin fin. Il en entourait la statue, sauf la face qui restait découverte : 

ïiî“/PTr^;“^j:/PTr:ïKr!H±é:/PTstp:riP 

(Vêture avec le (voile-)nfnê) . La blanche offrande W qui sort de Nhb (El- 
Kâb ): le (voile-)ümé dont s’enveloppent les dieux, vient à toi! Son (voile-)nmê 


Cf. Edfou , I, 429, 3 et 5 . On constate là encore combien le rituel journalier (y compris 
ses variantes locales, telles que celle de V olib an = offrande alimentaire, au rite d’Edfou), a eu 
d’influence sur la nature de cérémonies comme celles du siège de la Première fête . 

Toute la cérémonie du siège de la Première fête, au ( lieu-)pur des temples ptolémaïques, se 
déroule d’une façon très analogue à la fête de P Habillement d’Àbydos. Seul le symbolisme du 
contact solaire ne s’y trouve pas. Ici, la scène correspondante serait : Mariette, Abydos, p. 4 o 
(7 e tableau) : mettre les mains sur le dieu . 

& C’est-à-dire : de la lumière du soleil, qui frappe à ce moment la statue. 

(4) La première partie de l’office a déjà été dite au sanctuaire Msn^t) : le dieu a déjà reçu l’em- 
brassement shn, qui rassemble les membres . 

(5) Edfou, I, h 20, 9 - i 3 ; pi. phot. 3 44 . 

(<5) Littéralement : VQEil-d’Horus blanc . 


* 


— «.( 357 )**— 

(t’)enveloppe, il te pare, il établit son siège sur ton front. Ton cœur est joyeux quand 
ton OEil s’approche (de toi) et (quand) il s’ajuste à ton corps (dmi-n-é [ié( ?)] r 
h'-w-k) ! Il m’appartient de vêtir ta Majesté de l’(étoffe-)b t, (car) les prophètes 
agissent selon ce que j’ [ordonne] Û). 

Le prêtre prenait de nouveau la statue, et la posait dans son tabernacle, 
dont la porte restait large ouverte C’était ensuite, comme à Abydos, la 
présentation «régulière» des quatre rubans d’étoffe. Les tableaux qui la 
montrent forment le second registre du mur de fond. L’ordre est le même 
qu’aux «rituels de Karnak» et aux bas-reliefs du sanctuaire central, à con- 
dition qu’on suive l’ordre alterné des tableaux, toujours le même à Edfou : 
tissus blanc, bleu, vert et rouget. Enfin, si nous en croyons à la fois l’indi- 
cation du rituel de la chapelle ( 4) * 6 et la double scène du second registre^, 
un prêtre « gardien du secret » renouvelait la purification de la révélation 
de la face Il tournait quatre fois de suite autour du tabernacle d’Horus, 
brûlant de l’encens, puis il présentait (nd-hr) le vase nmé-t. 

Pendant ce temps on officiait de la même façon devant les autres tabernacles. 
Les divinités du temple formaient au moins deux groupes. 

Le premier comprenait Hathor, placée très haut en dignité après le Maître 
du temple, puis Harsomtous et Ihy. Les textes nomment à part ces trois 


(I) Edfou, I, 429, 12-16 ; pl. phot. 346 . Cf. Mariette, Abydos, p. 43 , 10 e tableau : Formule 
de rhabillage du corps avec le (voüe-)nmé. 

(î) Toutes les offrandes qui vont suivre sont des présentations, et non un véritable habillement. 
Nous savons que la statue de Msn(-t) était un faucon de bois doré gmhsw, muni du nhlhl, cou- 
ronné de la couronne kp 4 (cf. plus haut). Il eût été impossible d’ajuster réellement sur lui les 
bandelettes, les diverses parures précieuses. Les couronnes faisaient corps avec la statue. Seul le 
voile de lin blanc, qui enveloppait l’idole entière dans son tabernacle, était un vêtement 
capable d’être changé. 

(3) C’est la meilleure preuve de l’ordre dans lequel il convient de lire les bas-reliefs de la « cha- 
pelle solaire» d’Edfou. Cf. plus haut (i re partie), pour l’office journalier. Pour les rituels de 

Karnak, cf. Moret, Rituel, p. 179-185. 

. * * * (4) 5 (I) * Le gardien du secret fait la seconde purification : cf. plus haut. 

(6) 2° tableau du 2 e registre, paroi ouest et est du (lieu-) pur (wb(*t) : Edfou, I, 42 2, 4 -i 1 ; 
43 1, 7-1 4 , et pl. XXXIII ai. 

{6) Elle est représentée aux quatre premiers tableaux du service du (lieu~)pur : offrande 
des grains de natron du nord et du sud, et aspersion par les vases nmé't et dsr-t. 

Bibl. d’ Étude, t. XX. 46 


1 


- 


— w( 358 >•*— 

divinités; les tableaux gravés les représentent seules. Elles reçoivent en même 
temps qu’Horus l’oliban, symbole des aliments réunis devant elles; le 
voile nmê qui enveloppe leur image dans le tabernacle est changé quand on 
change celui d’Horus. Quant au second groupe, il comprend la grande et 
la petite ennéade d’Edfou : toutes les divinités honorées dans le temple, 
sans .exception, et, parmi elles, les couples royaux défunts et le couple 
royal régnant. De même qu’au sanctuaire des barques W, le culte royal 
mêlé au culte des dieux est attesté dans la chapelle du ( lieu-)pur . 

Les fêtes du siège de la Première fête étaient de grandes manifestations 
annuelles de -fidélité au roi dans tous les temples, et spécialement à Edfou. 
Parmi toutes les divinités des deux ennéades, seuls sont représentés dans 
vvb(-t) les couples de Ptolémée III Evergète et Bérénice II W,. à la droite ~ 
d’Horus, et de Ptolémée IV Philopator et Arsinoé III, à sa gauche Sous 
le règne de ces derniers furent décorées les parois de la chapelle ; quant aux 
premiers, ils représentent ici tous les Ptolémées déjà divinisés : Sôter et 
Bérénice I, Philadelphe et Arsinoé II. C’est au milieu des rites de l'habillement 
divin, prenant part à l’offrande de l’huile d’oliban, que les deux couples 
royaux ont été figurés sur la muraille. Les prédécesseurs sont honorés par 
leurs héritiers, qui leur présentent l’étoffe mnh't,pour en vêtir leur corps, et l’huile 
md, pour en oindre leurs membres. Ils en reçoivent en retour une bénédiction : 
lë. droit légitime de régner sur l’Égypte et ses dépendances. Les maîtres actuels 
du pays, à leur tour, jouissent des bénéfices de leur propre divinité sur terre : 
les dieux des tissus et des parfums leur apportent de leurs propres mains 
l’étoffe neuve (sé mi) pour les vêtir, et l’huile d’oliban, pour en frotter leur 
corps. Sans doute l’effet du contact solaire se communiquait-il aux âmes 
royales, comme aux personnes divines qui les entouraient. L’attouchement 
de la lumière de Râ sur leurs images dévoilées faisait des rois d’Égypte, 
dans la croyance d’alors, des êtres de même nature que le grand dieu du 
ciel. 


(1) Les images royales y participaient aux fêtes « régulières» du mois. Cf. plus haut, i r * partie. 
lS) paroi ouest, 2 e reg., i er tabl. Cf. Edfou , pl. XXXIII a; pl. phot. 336; texte : 

Edfou, I, *4 ai, 7 , à 422, 2. 

{3} W'b(>t), paroi est, 2 e reg., i er tabl. Cf. pl. XXXIII b; pl. phot. 34 1 ; texte : Edfou, I, 
43o, îo, à 43i, 5. 


— 359 

Nous possédons ailleurs confirmation de l’importance des fêtes du Nouvel 
an pour le culte royal sous les Ptolémées. Ce sont encore une fois les deux 
décrets de Canope et de Memphis qui nous l’apportent. Le premier s’adresse 
au roi dont l’image est gravée à Edfou, du côté ouest de la chapelle : Pto- 
lémée III Evergète. Il édicte que, pour lui et pour la reine Bérénice, dans 
tous les temples du pays, il y aura panégyrie publique, le jour où se lève l’astre 
d’Isis W, ( journée ) qui est tenue, dans les écrits sacrés, pour être le ( début du) 
nouvel an II stipule qu’on célébrera ( cette panégyrie) pendant cinq jour- 
nées avec stéphanophorie, sacrifices, libations, et autres ( cérémonies ) conve- 
nables^. 

Or, si l’on affecte les cinq jours de la fête du Nouvel an à un service solennel 
pour le roi et la reine divinisés, c’est, selon toute vraisemblance, parce que 
l’habitude existait, bien avant l’époque grecque,' de faire de la Fête de tous 
les dieux une grande fête royale. Sous Evergète, grâce au même décret de 
Canope, nous savons qu’on tenta de stabiliser l’année administrative. Celle-ci, 
étant plus courte de six heures que l’an astronomique, prenait tous les quatre 
ans une journée complète d’avance sur lui. Or la journée supplémentaire 
introduite tous les quatre ans, à partir de l’an 9 d’Evergète, sous forme de 
sixième «jour épagomène » et veille de fête de l'Ouverture de l’an, était déclarée : 
fête des, dieux Evergètes®. Ainsi, tous les quatre ans, six jours de suite au lieu 
de cinq seraient particulièrement dédiés au culte de Ptolémée III et de 
Bérénice. C’est donc une longue pérode de fête qui honorait rois et reines 
divinisés, a chaque renouveau de l’an. En effet, dès le 3o Mésorê, fête de 
l’habillement d’Horus d’Edfou, les images royales participaient aux cérémonies 
du siège de la Première fête. 


(1} C’est-à-dire l’étoile Sirius ou Sothis (dont le «lever héliaque» coïncidant avec l’arrivée 
du flot de la crue à Memphis, marque en théorie astronomique égyptienne le point initial de 
l’an solaire). 

(5) Le jour wp-mp-t des Égyptiens, le i er Thot. 

(3) Cinq journées évidemment comptées à partir du i er Thot. 

< * * 3 4) 5 Cf. Mahaffy, The Empire of tke Ptoiemies, p. 2 34-235 : rsavrjyvptv hyporeXi} r rjt 

Yjpépai èv rjt êvtr éXXet rà àalpov rà rffs 1 &io$ , $f vopilerat htà rœv tepôijv ypappârcûv véov ér os 

eïvat, nal crovreXeiv avrijv êiri ïjpépas rsfévre, per à alepa vrjfioplaï nai S-vetcov xai cnrovhâv 

nai rôov âXXcov ràv rspod'tjHàvroôv. 

(5) Ibid., p. 235 : èopr^v rüv Evepyer&v &e6ov. 


66 . 


, — **•( 360 )•#-» — 

Le décret de Memphis, daté de 1 an 9 du règne de Ptolémée V Epiphane, 
fut pris quand les bas-reliefs du (lieu-)pur d’Edfou étaient depuis longtemps 
achevés. Les memes honneurs divins continuent alors d’être célébrés pour le 
successeur de Philopator, non encore marié en l’an 196 : dans les grandes 
panégyrm où il y a sortie en procession des tabernacles, le [tabernacle] du dieu Epi- 
phane~Eu[chari$te (devra) aussi ] sortir en procession W . C’est encore avec les cinq 
jours du début de l’an, comme pour Evergète, que' tombe la plus grande 
fête dédiée au nouveau roi divinisé : 

Que (les pretres) celebrent une fête et panégyrie pour le roi « Ptolémée vivant à 
jamais, aimé de Ptah, dieu Epiphane Euchariste », chaque an[née, dans les temples 
de tous le] pays, depuis la nouménie W de Thot, pendant cinq jours, au cours desquels 
ils porteront des couronnes, accomplissant les sacrifices, libations, et autres (rites) 
qu elle comporte W. 

Ainsi le dieu Epiphane a fait fixer sa principale fête aux jours même’s où son 
aïeul, le dieu Evergète, célébrait déjà la sienne. La période des fêtes de VOuver- 
ture de l’an était donc aussi en Égypte la plus grande des solennités du culte 
royal. 

C) La parure des statues divines. 

* 

La troisième partie du cérémonial dans le ( jieu~)pur commençait quand le 
rite de l’habillement était terminé pour chaque image sainte. Il s’agissait alors 
de réaliser la parure (hier) des statues divines. Il faut entendre par ce terme, 
d une façon large, tout ce qui contribue a donner à l’image d’un dieu sa 


Ibid., p. 3 2 5 : xai èv rats fxeyaXats 'tsavriyvpsaiv èv aïs èÇoZetai tüv vatüv yivovrai, xai 
t6v tov Q-eov ÈiriÇavovs Ei[%apfolov vaov (rvveJt;obev£cv. 

m Le rédacteur du texte grec a appliqué, par habitude, le mot de « nouménie» au i" jour du 
mois solaire de Thot. Ce terme n’a de sens que dans le calendrier grec, où la nouvelle lune est 
toujours censée être le premier jour du mois. Malgré l’impropriété du terme, on ne peut hésiter 
sur ce qu’il désigne ici. 

Cf. Màhaffy, The Empire of the Ptolemies , p. 3 2 6 : &yetv Sé èoprrjv xai rs avrfyvpiv r 601 . .... 
fia&tXet TtfoXeixatcot Èirtfiavet Ev^aphlon, xar ’ èvi\avrov èv rois iepois rois xarà T))v] 

catà rrjs vovprjvlas tov 0fioû0 i(p ÿpépas nrévre èv ah xai <r 1 e<pavr}Çoprj<jov<nv, <tvvreXovvres 
&V(rlas xai cnrovààs xai râXXa rà xa6rjxovra m 


t 


— «.( 861 >«— 

majesté, en plus des tissus qui la revêtent. La parure comprend, au troi- 
sième registre des parois de la chapelle solaire: les armes divines; les bijoux 
symboliques, figuration des attributs prêtés à la puissance des dieux; les 
fards de toilette et huiles parfumées W ; enfin les parures de corps (telles que 
les colliers), et les couronnes. 

Cette dernière série de soins adressés aux statues était, par sa nature même, 
fort variable W. Elle entraînait l’usage d’accessoires particuliers à chaque 
divinité. Dans les services de fête du type régulier (et le service du (lieu-)pur 
en est un, comme celui des fêtes du mois lunaire < 1 * 3) 4 , bien qu’on l’accomplisse 
pendant la halte d’une procession solennelle), la parure pouvait être plus 
complète ou plus brève. Elle suivait l’importance de la cérémonie, et les 
ressources du moment au trésor de chaque temple. La parure des fêtes du 
Nouvel an s’adressait à Horus d’Edfou et sa cour divine avec le maximum 
de magnificence. Dans w'b(-t) donc, plus qu’au sanctuaire central, les déco- 
rateurs du temple ont du éliminer certaines présentations. Ils devaient ne pas 
dépasser le cadre restreint des trois parois de la chapelle, en leur tiers supé- 
rieur encore disponible. Aussi ont-ils rejeté tout ce qui ne se passait pas 
devant le tabernacle du seul Horus W. Là même, la variété réelle des offrandes 
a pu dépasser ce que nous montrent les dix tableaux du registre. • » 

Quoi qu’il en soit, cètte unité même dans la décoration semble avoir pré- 
servé l’ordre de la cérémonie. Le prêtre du roi prenait d’abord l’arme 
symbolique du dieu. Il l’élevâit de ses deux poings fermés, la main droite 


(1) Les huiles ont déjà fait partie de V habillement , mais seulement sou^ l’aspect d’onguents 
pour parfumer le corps des dieux. Toute toilette luxueuse comportait, en Égypte, le massage 
du corps avec de l’huile, avant de revêtir des vêtements neufs. Cf. par exemple le Conte de 
Sinouhe : Blackman, Btbl. aegypt II, Sinuhe, B 293, et Ermàn-Rànke, Aegypten, p. 269-260. 
Comparer aussi : E. Devaud, Les maximes de Ptakhotep, 328 : ( nourris ta femme % habille-la et oins 
sa peau) : c’est le remède de son corps que l’huile [phr-t pw n-t h c w-s mrh-t). 

Contrairement à V habillage qui la précède. Là, les rites s’étaient fortement unifiés, sous 
l’influence des usages journaliers. La pièce d’étoffe mnfy-t ou nms qui voilait réellement la statue 
dans son tabernacle, et les quatre tissus du cérémonial osirien, ne variaient guère selon la na- 
ture de chaque divinité. 

Cf. plus haut, i re partie. 

(4) Horus est associé seulement deux fois (au début) à Hathor-Maàt, qui ne s'éloigne jamais de 
lui . 


—*+( 362 )+*— 

placée à la naissance de la hampe, sous l’effigie de métal. Il offrait le harpon 
(hmt, w) au Maître de Mèn(-t). Ainsi le rappel des combats d’Horus inau- 
gurait la grande parure. Les paroles de l’officiant s’harmonisaient avec son 
acte, et le dieu était : 

le vaillant harponneur qui capture l’hippopotame, qui perce les crocodiles ; ( le dieu ) 
aux longs pas, riche de puissance, au bras fort (mdé-') (quand il est ) parmi les 
adversaires, .... celui qui s’élance en sa barque de 'guerre, (avec) ses dix épieux 
en main W. Il est le harponneur qui épuise à la corde ( c h)( 2 > les ( monstres ) aqua- 
tiques, (il est) l’égareur® de quiconque transgresse son chemin (étnm n th mtn-f) W. 

Le roi d’ Égypte en reçoit du même coup une investiture belliqueuse : il 
devient : 

un (guerrier) au bras puissant (tmj- ), vaillant dans la mêlée (kn m éky), vi- 
goureux comme Horus, Il (sera) comme Horus, qui monte (sa) barque de 

guerre (ts-f 'hM), et perce les ennemis (qui sont) dans l’eau ®. 

Une remarque s’impose, à propos de la gravure de l’arme. Ce n’est pas le 
bâton de Râ (pi mdw), mais bien l’épieu d’Horus (pi égmh) que le ciseau du 
sculpteur a fait Sortir de la pierre. Le protome de faucon ne porte pas le 
disque solaire ; la pointe métallique est longue, au-dessus de la tête du rapace ; 
elle porte la cordelette, souvenir de l’ancien harpon Cependant il ne semble 


W Allusion précise au «mythe d’Horus». Cf. plus bas, 6 ” partië. 

Le mot, d’habitude employé pour les captures au filet, s’applique aussi à la chasse au harpon. 
(3) Dans le sens de : faire perdre sa route, d’où : perdre le sens, égarer l’esprit. Autre allusion précise 
au récit du «mythe d’Horus». 

(i) Edfou, I, 4a4, i3-i5. . , 

(5) Edfou, I, 4a4, 8 - 11 . 

Cf. Edfou, pl. phot. 338. 


- » ■» ♦ ■ > »( 363 )* < !• ■ - 

pas que ce témoignage puisse prévaloir contre celui de 1 escalier est du 
temple W. 

La seconde offrande est d’un caractère plus general. Le prêtre présente 
devant le tabernacle la statuette du dieu- Nhbi ' Ra accroupi, le disque du 
soleil en tête, tenant les deux frondes de palmier qui symbolisent l’éternité. 
C’est un bijou de métal précieux, monté sur un socle imitant la forme 
d’une coupe d’albâtre. On le retrouve aux parois du trésor du temple . il y 
est offert à (Har)akhthès dans l’Horizon par le roi fils de Râ, qui élève le ciel 
chargé de l’âme (du dieu) ^ . Ce symbolisme de 1 eternite solaire avait une 
place de choix dans les rites du ( heur)pur . L’officiant saluait, en Horus touche 
par les rayons de l’astre, Râ renouvelé pour toujours. 

Alors viennent des offrantes encore plus générales. Ce sont les sceptres 
divins : * nh , volé, hki, nhifil. Le dieu qui les saisit dans son poing (m hff) 
ne se nomme plus que Râ®. Ces attributs, groupés deux par deux sur des 
socles hb, sont montés en pièces de joaillerie. On les retrouve sur les parois 
du trésor; ils sont les insignes de la royauté divine sur la terre des 
vivants W. 

Puis l’officiant offre les fards et l’huile de consécration. Il s’agit d’abord 
des fards vert et noir (wldw, médm-t) pour les yeux. Ils complètent toute 
toilette luxueuse, humaine ou divine. On lés offre non préparés, sous forme 
de poudre de malachite et de noir d’antimoine Dans des sachets de toile 
aux orifices ligaturés, on les conservait au trésor du temple f L Les deux 
fards canoniques étaient tenus pour des produits de Pwn4 : ils avaient pour 


(>) Cf. plus haut. L’arme portée devant la litière d’Horus y est appelée : le bâton sacré d’Horus 
d’Edfou (pl mdw spé n Hr Bhdti) (Edfou, I, 570 , 7 ). Ses caractéristiques répondent à celles de 
l’enseigne déposée dans la chapelle de Khonsou, a côté de Msn(-t). 

<*> Edfou, pl. XLV a : paroi sud, côté est, 3’ reg. ; Edfou, II, 288 , 7 , 9 “ 1 0 ■ 

( 3 > Edfou, pl. XXXIII a-b, paroi ouest et paroi est, 3 e reg., 2 e tabl.; Edfou, I, 4a5, 2 ; 434, 5. 

(*) Edfou, pl. XLV a : paroi sud, côté ouest, 3 e reg. ; Edfou, II, 299 , 5-io. Edfou, pl. XLV b : 
paroi est, 2 0 reg., 2 e tabl.; Edfou , II, 2 84, 7 - 1 3. 

(5) Ou encore de sulfure de plomb (galène). 

( 6 ) Les offrandes des fêtes de V habillement n’étaient donc pas réellement appliquées aux statues 
divines. S’il s’était agi de farder les yeux des idoles, les fards vert et noir juraient été introduits 
près d’elles tout préparés, dans des boîtes ou sur des palettes spéciales. Cf# par exemple Erman- 
Ranke, Aegypten, p. 267 , et notes 3 - 7 ; 2 58, et notes i-3. 


— -"■ »» «( 364 

but de maintenir toujours brillants et sains Çd) les deux yeux (wdi-ti) d’Horus, 
le soleil et la lune h). 

Ils étaient eux-mêmes ce qui s'écoule des deux yeux, dam le Pays-de-dieu®, 
la substance même des astres du jour et de la nuit. Les fards vert et noir se 
retrouvent aux bas-reliefs du trésor d’Edfou. Ils y sont figurés séparément, en 
deux tableaux symétriques. Le premier fard est présenté au couple Horus- 
Hathor, avant de leur offrir VOEil droit , le soleil, sous forme d’un bijou d’or W. 
En face de lui, le second fard est offert aux mêmes divinités, avant d’élever 
vers elles VOEil gauche, la lune, sous l’apparence d’un joyau de lapis M. 

Quant à l’huile md(’i), elle précédait et annonçait l’offrande des couronnes, 
aux fêtes de l’habillement comme aux fêtes régulières du mois ( 5 h Un front 
royal devait être touché par elle, avant de recevoir les insignes suprêmes de 
son pouvoir. Le prêtre du roi la présentait avec le geste consacré : le vase • 
d’albâtre dans la main gauche, et la main droite tendant le petit doigt 
mouillé d’une goutte d’huile vers le front de la statue («). En service journalier 
ou aux fêtes régulières V), l’huile avait la valeur du couronnement complet. 
Aux fêtes de l’habillement, elle donnait l’onction qui lui sert de prélude. La 
convention meme du dessin correspond, au siège de la Première fête, à celle 
du sanctuaire central. L’huile au doigt du prêtre est rendue par un œil wd] • t : 
c’est l’offrande par excellence ( irt-Hr ) W qui satisfait son cœur ( éhtp îbf) ( 9 ). 

La grande parure s’achève par l’élévation des colliers et des cou- 
ronnes ( I# L Le collier de l’ouest ( wdiw ), au mur de fond de la «tribune 

^ * Edfou, pl. XXXIII a, paroi ouest, 3 e reg., 3* tabl. ; Edfou, I, 4 a 5, 11 et i5. • 

(2) Edfou, I, 42 5, i3-i4 : (in) rdw c nh*ti m Tl-ntr. 

<3) Ed f ou > P 1 - XLV a > paroi ouest, 3 e reg., 3 e et 4 e tabl. ; Edfou , II, 286 , i 5 , à 288 , 4. 

(4) Edfou , pl. XLV b, paroi est, 3 e reg., 3 e et 4 e tabl.; Edfou , II, 297 , i 7/ à 299 , 2 . 

W P^ us haut • i ra partie, chap. v. : service solennel au sanctuaire. 

(#) Edfou, pL XXXIII b, paroi est, 3* reg., 3 e tabl.; Edfou, I, 434, i4. 

(7) Cf. plus haut : i re partie, chap. n, et chap. v. 

( ] Le terme d OEil d’Horus a pris dans le vocabulaire religieux la valeur générale d’offrande. 

( } Edfou, I, 434, i4. Pour les deux figures d’(OEil-)wi>»f sur le doigt du prêtre, cf. les deux 
planches photographiques : Edfou, Xll, n° 226 (sanctuaire central); Edfou, XIII, n° 342 (lieu- 
pur). 

( ] Certaines offrar^des sont mentionnées au rituel du lieu-pur, sans être représentées dans 
la sélection de ses bas-reliefs, et inversement: par exemple, celles du diadème (.ç$d), et de la 
houppe (m c nh’t). Nous en avons plus haut cherché la raison. 


- - »§- > «( 365 )*H**-* 

solaire», symbolise à la fois la parure de fête par excellence (hier hb), et la 
protection magique (s]-w; hkl) h). Le tableau symétrique, à l’est, joue un 
rôle semblable ( 2 L Alors le prêtre du roi prenait la couronne hp-t, qui joint 
au pschent les deux cornes et la double plume, image de la lumière du soleil. 
De la main gauche il 1 elevait vers le tabernacle, bijou d’or et de pierres pré- 
cieuses ( 3 L La main droite en arrière, paume ouverte vers le dieu, protégeait 
l’offrande. C’est l’acte qui, dans toutes les scènes semblables, est désigné par 
l’expression : dédier ( ir ) la couronne. Puis il rendait à son aide le bijou, et, les 
deux mains vides, les bras tendus, le corps légèrement penché en avant W, il 
touchait du bout des doigts la couronne semblable que l’idole du faucon gmhéw 
portait a demeure sur la tete ^ . Ainsi, il affermissait ( émn ) la (couronne-) hp-t 
de Râ sur sa tête ; il rendait durable (éwîh) sa (couronne-) (fw sur son front W. 

D’après le bas-relief parallèle du temple de Dendéra, la présentation des 
couronnes pouvait comporter des types beaucoup plus nombreux. Mais là 
aussi, c’est la couronne hp-t qui termine la série, et, comme telle, elle résume 
eù elle toutes les autres W. Ainsi le nouveau Râ prenait possession du trône 
des dieux selon les usages terrestres, et des deux moitiés de tout ce qu’entoure 
(la course) du soleil (pés-ti n snw nb n îtn )®. C’était une Égypte élargie à 
1 échelle divine : l’univers habité par les dieux et les hommes. 

II faut suppléer à la décoration restreinte du (lieu-) pur, et se représenter 
le groupe des officiants, dont chacun servait une divinité dans son tabernacle. 


(l> Edfou, pl. XXXIII a, paroi nord, 3* reg., 1 " tabl. ouest; Edfou, I, 4a6, 3, 4, 7 - 
pl. phot. 348. 

m Edfou, pl. XXXIII a, paroi nord, 3* reg., î” tabl. est; Edfou, I, 435, 7 -i4. 

(5) Edfou, pl. XXXIII a, paroi nord, 3 e reg., a' tabl. ouest; Edfou, I, 4a6, 13 , à 437 , a ; 
pl. phot. 349 . Le même bijou est représenté au lieu où il était conservé. Cf. le trésor du 
temple : Edfou, pl. XLV b, paroi nord, 3“ reg. est et ouest (hp-t, h'w). 

^ ^ ^ ®st ainsi que le dessinateur traduit 1 attitude du prêtre qui touche réellement de ses mains 
la statue d’une divinité. Cf. le geste tout semblable, pour enlever le voile nms de la statue et en 
draper un autre autour d’elle, au début du service del’ habillement: Edfou, pl.phot. 344 et 346. 

(6 ! Edfou, pl. XXXIII 0 , paroi nord, 3' reg., a* tabl. est; Edfou, I, 435, 16 , à 436, 6 ; pl. 
phot. 35o. 

<#) Edfou, I, 435, 16 . 

< 7 > Chassinat, Dendéra, IV, pl. CCCVII (paroi est, 1 " registre presque en entier : 8 couronnes 
différentes) ; pl. phot. CCCIX et CCCIX bis. 

<*> Edfou, I, 436, 5-6. 


— m-( 366 )•«— 

Chaque geste du prêtre du roi, conducteur du rite, était imité devant le naos 
d’Hathor, celui d’Harsomtous, ceux des dieux de la grande et de la petite 
ennéade, y compris les images des couples royaux divinisés. La dernière cou- 
ronne consacrée donnait le signal de la fin du service de la chapelle. Les rituels 
déjà traduits passent brusquement à la remise en route de la procession. Rien 
en effet n’est terminé dans la cérémonie. Les dieux ne sont que de passage au 
lieu où ils touchent le soleil et renouvellent tissus et parures. Il n’y a donc pas 
de purifications finales, comme il y en aurait s’il fallait laisser les naos seuls 
dans l’ombre de leurs «demeures d’éternité». 

Tandis qu’Horus-Râ reposait encore sur son [lieu-) pur, les assistants 
chantaient un hymne à sa gloire, à celle de tous les dieux touchés par le soleil : 



I*îi V ITS'J — ,T f 






h «ni?/*:” 


111^11, il. « î [“□ , — O [, — ,1 


1. — Repos, repos sur son ( lieu-) pur l Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, le 
( 1 dieu-)au-plumage-moucheté ', qui sort de l’Horizon, repose sur son ( lieu-)pur , sur 
lequel Râ a reposé en la première fois, donnant ordres à sa cour ( divine ) W, ( tandis 
qu ) Hathor de Dendéra repose à son côté, {et que ) son ennéade est à sa droite et à sa 
gauche W. Harsomtous-V enfant-fils-d’ Hathor repose en face de son père; Ihy-fils- 
d’ Hathor apaise sa mère la Maîtresse de Dendéra; les dieux de Mén(-t), V ennéade 
d’ {Edfou-jWts-t sont à l’intérieur de leurs tabernacles. Ceux qui fondèrent le Grand 
siège & (krrc-sn S-t-wr-t), ils sont sanctifiés et purs (dér-én m'bw) ! Edfou (Wts-t) 
est purifié (m twr), (car) {le dieu ) d’Edfou est venu (iw) de l’Horizon de Nn*t( 4 >, 


(1) l lr wd-mdw huv-tf. Littéralement : pendant le commander ses courtisans. Cette première phrase 
a déjà été traduite plus haut, à propos de la localisation du siège de la Première fête. 

<5) psi-t-s hr wnmi-iîbif = l’ ennéade (d’Hathor) est à droite et à gauche (d' Ilorus) . 

(3) L® heu saint d’Edfou. Allusion à la légende de la fondation d’Edfou par les dieux primor- 
diaux, réunis autour de Râ, la première fois (cf. plus bas, 5 e partie). 

<*> Cf. Wb., II, ai 3, 10 . 


■ ■ 367 )■• ■ — 

pour toucher son image dans le sanctuaire (ndm-nh) d) ; les dieux et les déesses 
sont assemblés autour de lui; toute sa cour ( divine ) est derrière lui. Il regarde le 
Trône (Bhd-t) inondé d’aliments (hw), Edfou (Dhl) comblé de provisions. Durent 
à jamais leurs fêtes solennelles (tp-tr-w^n), sans fin ni cesse, toujours, éternellement 
(n kn n jb, hm ék, d-t) ! ( ) (l) (2) * * 5 . 

:s £' * s a r n ? ii i ~ à ; ï ^ ^ 

2. — Repos, repos dans (m) (sa) chapelle (w’dy-t) ! Horus d’ Edfou-grand- 
dieu-du-ciel repose sur (hr) son (lieu-) pur, sa sainte demeure où l’on a paré 
son corps, jusqu’à ce qu’il rentre en son sanctuaire ^ (r 'k é-t-wr-t-f), en gloire. 
(m dérw)( 4 ), ( tandis qu’) Hathor de Dendéra repose à son côté, en sa forme 
de puissante Maât, {et que ) l’ennéade d’Edfou, les dieux du Siège de Râ, ils sont 
tous autour de lui, voilés de leurs tissus, munis [ de ] leurs parures : toutes leurs amu- 
lettes (wd’w iri) les protègent ! {O Horus) , les prophètes te servent (m smé-k), les 
pères-du-dieu t’ accompagnent (m ht-k), le {cérémoniaire (?)) en chef ((hri-hb-t) 
hrî-tp (?)) élève pour toi la louange Ton Ame-vivante est dans la Loge-du - 
{Faucon-)&i’,w (ssd-t n éiiw); ton fils Chou ^ [te) présente sa main chargée (?) 
de l’Horizon de Râ, semblable à la voûte du ciel où est le grand Disque-ailé (hr 


(l) Sûrement ici le ( lieu)-pur lui-même. 

(,) (Souhait au roi). Edfou , I, ûi5, 5-io (montant ouest) ; cf. Piehl, I. H., II (i°), pl. XXV, 
col. 7 à pl. XXVI, col. 2 (texte S), et trad. : II ( 2 0 ), p. i5. 

(5) S t-wr-t désigne ici Msn(-t). 

Dsrw implique la pureté sainte d’une divinité glorifiée, au cours d’une cérémonie. 

(5) Allusion à l’exécution même de l’hymne, dirigée par le premier chargé du livre , comme 
c’est la règle. 

{6) Allusion à des faits précis concernant la fête du Couronnement d* Horus (voir plus bas, 5* partie) . 
ici, le terme désigne le roi et son prêtre. 


— §•*•( 368 )•♦+- — 

in n-[k] d-t hr (?) ,’h-t R', mi nw-t 'py-wr m-hnt-é) M. C'est le Chef-des-deux- 
parts (du monde) (Hntî îtr tî) qui protège ses jeunes (faucons), en sa forme de Râ 
(qui est) au-dessus des dieux : les temples porteront toujours (mn hr) son image; leurs 
portails seront gravés à son nom. (...) 

10. — SORTIE DU CORTÈGE HORS DU (LIEU-)PUR. 

RETOUR DANS : Ménft). 

Tandis qu on chantait ce cantique, les officiants voilaient la face des images, 
et refermaient la porte des tabernacles. Chacun se chargeait à nouveau de 
son fardeau sacré. Les porteurs d’enseignes, restés au pied de la chapelle, se 
trouvaient en tete pour prendre le chemin du retour. Le cérémoniaire en chef, 
le manuscrit en main, puis les grands prophètes et pères-du-dieu se rangeaient 
à leur suite. Derrière eux, les porteurs des deux litières divines ajustaient 
leurs courroies comme a 1 arrivée. Se relevant avec leur précieuse charge en 
équilibré, ils s apprêtaient a descendre les marches de la « tribune solaire». 
Les pretres charges des armes divines les tiraient hors de leurs supports, et 
se plaçaient devant les litières. Le «roi», le bras d’Horus® en main, les 
accompagnait. Le reste des officiants et des aides se groupaient en arrière. 
Chaque tabernacle retrouvait son prêtre attitré. 

Pendant ce temps, on s’affairait dans la cour des offrandes. Il fallait enlever 
les tables d’autel servies devant les dieux, dégager pour la procession la porte 
de la salle de l’ennéade. Plateaux d’argent garnis de viandes, de volailles, 
de pâtisseries et de fruits; jarres emplies de bière, de lait, de vin, de moût, 
couronnées de fleurs de lotus ; coupes en métaux précieux, enrichies de pierres 
fines ; vases garnis d encens et d aromates ; hauts bouquets de fleurs appuyés 
au long des parois W : tout devait retourner à la salle de l’autel, en vue du 


Allusion au rite h p-t ; le prêtre du roi offre de ses deux mains tendues un bijou symbo- 
lique : la voûte du ciel avec au centre le soleil au zénith, planant en forme de Disque ailé. 

W (Souhait au roi), assimilé à Harsomtous et Ihy. Edfou , I, 4i6, 6 -n (montant est); cf. 
Piehl, I.E., II (*•), pl. XXV, col. 1-6 (texte R), et trad. : II (a»), p. i4-i5. 
m Périphrase habituelle pour l’encensoir, à Edfou. 

( ' Cf. Edfou, pl. XXXIV c-d : figurations des offrandes du siège de la Première fête, sur les 
parois de la cour Réunion des aliments. 


369 )**_ 

partage, et pour faire place à l’offrande du soir. Alors la procession s’ébran- 
lait vers l’intérieur, en marche lente, La paroi ouest du (lieu de) réunion des 
aliments et l’encadrement de sa porte centrale sont consacrés à ce retour 
d’Horus et de tous les dieux du temple. Ils rentrent vers les profondeurs 
obscures où se cachent leurs trônes, gardant sur eux l’éclat de la flamme 
solaire. Le Maître de Bhd-t est un jeune roi. Il est l’héritier, qui vient de 
s’asseoir au siège de son père; il incarne son âme de nouveau. Les sept 
Hathors maternelles l’acclament, au son du tambourin, sur le linteau du 
portail. L’une, celle de la province de Thèbes, lui parle comme à (4=^î) 

un roi sur le trône de son père , qui a pris (en mains ) 


4 =? 

[lacharge (?)] d’Atoum (?). [ — i La déesse •(?)], son cœur est 

heureux ; elle a mis au monde l’héritier de RâJW. Une autre dit au jeune Soleil ; 

[>] J'î'l [° mm fi ls ( ? )1 sorti du x dedans de mon 

sein! Mon cœur a pris joie pour Horus (?) [ ] La dernière, qui semble 

être celle de l’oasis $-[?]•< ^> termine ainsi : 

-1. [ ]• O fils de rOEil-d’ Horus W [ ] : vie et durée 

éternelle ('nh dd mn), d jeune homme (hwn)! Ta narine est en vie (à jamais) 
(fnd-k m 'nh) ! * * * * (5) 

Le* dieu qui sort de w.b(-t) est, dans le dogme d’Edfou, à la fois Râ et Har- 
somtous, le nouvel astre roi de la terre et du ciel. Pour lui fut écrit le grand 
hymne du portail. La procession l’entonnait, en se mettant en route vers les 
sanctuaires. Gravé à droite et à gauche de la porte en onze colonnes, le chant 
célèbre le souverain qui règne sur l’univers des dieux et des hommes ( 6) : 

è i ~ ¥ [+ > ? h z « ~«] r; m ^ > i : s m ? s |ît + v — +■ - 

« Edfou, I, 44o, a-3. 

Edfou , I, 44o, 4. 

L’oasis « Ouadi Natroun», aujourd’hui : cf. Wb., IV, 55o-55i. 

W L’QEii-d’Horus - Hathor. 

(5) Edfou , I, 44o, îo-ii. 

w Edfou , pl. XXXIV 6. Voir les références, à la fin. 

BibL d’ Étude, t. XX. 


4? 


*( 370 } 


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1>‘-S!#,5k D %=G,lî,^T^5r[v~];+!>?-=ï 

E^+^V+im^H^kî-LIPS 


Venez M en liesse, dieux [quiètes) sur terre! Venez avec des cris de joie, (vous 
tous) les humains (p'-t rhy-t) ! Venez et acclamez, le cœur en fête! Horus, il est 

le seigneur de (iw Hr hkMi-f) son trône; il a anéanti [le mal (?) ; ] est 

achevé (?) (iwh-n-f ['b (?) ; w]n m ht[é] (?)) W ! Il va fonder (à neuf ) ce 

qui était en ruines; il va mettre la joie dans les cœurs abattus; il va sauver tous 
les hommes (hr nb) ! 

Voy(ez) donc Horus : il porte le pschent; [il est comme Râ, qui répand (ïj] 
les rayons de ses yeux ([éw mi R', étn-f (?)] miw-t n wd’-ti-f), comme le soleil 
(itn), (quand) il apparaît dans l'orient (Bjh) ! Sa marche est puissante, ’il avance 
(à grands pas) sur le pays : V ennéade pour lui se prosterne [ J ! 


my-n. Cf. Wb., II, 35, 17 . - < * * 3 4 5 * * 8 > Cf. Piehi, I. H., pi. XXVIII, col. 4 (t. IJ, 1 »). 


— •*■( 371 > 

Voyez donc Horus, dieux et hommes : on acclame l’(antenne-)wrr-t (de) sa ( cou - 
ronne) \ Son triomphe est venu (sp-f hpr-t[w]) W: son épieu (mtny-t-f) au poing, 
il a transpercé la tête de ses adversaires! 

[Voyez donc Horus, dieux (?)] et hommes, quand sa main fait rage sur [ ] ! 

Il est comme le feu quand le vent (souffle) ( 2 ), (le feu) qui parcourt les herbes sèches 
(hb-n*é înb wsr), jusqu’à ce qu'il ait dévoré tout ce qui lui fait face (r wnm-n-é 
r-dr hr-é) : rien ne reste de ce qu’a brûlé la flamme (?) (nn sp n wbd néw(-t) (?) W ! 

O dieux et hommes, faites louange à V (antenne-)v/rrd (de) sa (couronne) ! Il est 
venu (sw iw-f ) (*) en joie : il a apaisé la tempête (nh-n-f nsny) ! Soit louée sa Majesté, 
en paix! Il est comme le lion à la course rapide, qui dévore ceux qui sont sur les chemins 
(énm-n-f ( 5 ) n(;y)f m wî- w-t) ! Il [esf] comme le rapace qui saisit en ses serres (?) 
■ (ndr m 'n-w-t-f ) qui arrache le cœur des rebelles! Il est comme le taureau, qui 
perce (de sa corne) qui l’attaque, (et) anéantit (^mïr-n-f) qui (l')attend de pied ferme 
('bjw m h, (w)-f) W : son souffle est [puissant (?)] ([wér (?)] hty-t-f), (quand) 
il dompte celui qui le charge sur la prairie (?) (kn-f ph-éw m tî hf (î,)-t (?)) (8 ) ! 

Voyez donc Horus, dieux et hommes : acclamez la majesté de son aspect W (ir hnw 
n sfy-t-f iwn*f)! L’(Être) parfait s’est renouvelé; [il] se [ révèle (?)] sur (r = hr) 


W Littéralement : son heur s’est produit . CL Edfou s VI, 85, 5 : ( Khnoum-IIaroéris ) le triom- 
phateur ( c sl-sp-w). Piehl traduit par : ( son diadème) à lui dont la volonté s’effectue ; Erman ne tra- 
duit pas cette expression. 

W Littéralement : m î-t swh = à l’instant du vent. 

(3) Le dernier mot de la phrase est manifestement corrompu. Une confusion entre le signe du 
feu et la plante sw4 a pu facilement se produire ici. Cf. les orthographes sans 4 du mot nèw4 : 
Wb II, 3s4, iâ. 

(4) Sw est le pronom dépendant placé en tête de la phrase, pour mettre en relief le sujet / de 
twf. Construction classique (rare) : ainsi Urk IV, 219 , i5-i6. 

W Corriger le signe de la défense d’éléphant (Rochemonteix) en celui de la langue, détermi- 
natif de snm . 

W Corrections nécessaires : les textes de Piehl et de Rochemonteix ne donnent pas de sens 
possible i 

< 7) Littéralement : (celui) qui le combat de près. 

(8) Texte fautif; restitution hypothétique. Cf. Piehl, L H., II (i°), pi. XXVII, col. 7 , pour la 
disposition réelle des signes dans la colonne; L H., II ( 2 0 ), pi. 17 , L 4-5, pour la traduction. 
La variante hft pour bfiî't, sans déterminatif, est possible. Cf. les autres variantes : Wb. 9 III, 
271 , i4. Piehl a préféré remplacer la lettre h par le disque solaire, déterminatif ordinaire du 
mot l't = instant. Mais l’expression m l-tf—«e n son heure» ne s’applique pas bien ici. 

W Littéralement : sa majesté (et) son aspect . 

4?. 


v 


— «.( 372 >•*— 

la {butte de) sable ; {puis) il s’ avance au ciel, {et) ses yeux éclairent ceux qui {étaient) 
dans l’ombre (îkr.pn nfr, [di-f (?)] éw r s'y; Sm lir-t, ir-tî-f ésp nt(y) m énbt)M ! 
Use lève, {et) le chemin {devient) sûr pour leurs pas (wbn-f, wd; wi-tn nmt-t-én) ! 

Voyez donc Horus, dieux et hommes, {et) criez d’allégresse à sa face l Son visage 
est doux, {quand) il illumine le monde (idb-w) de sa {gracieuse) imàgel II est comme 
Noun, {qui) arrose le pays (t;*wi), qui trempe {le sol (?)], qui inonde [ la terre 
de (?)] son [flot) (th-n-f [s;tw(?)]< * 2 3 ), b'h-n-f [t; m (?) rd]w*f)! Jubilez à {cause 
de) lui, sujets (nd(-t)) ! Soyez en liesse, vous qui êtes son peuple (mr-t) ! Mettez 

{votre) joie à lui être soumis (imi hr«(t) n îr hr mw-f)W ! Le voici, le roi: son 
temps (de règne), c’est l’éternité (éw dÿ m néw-t ; îw 'h'w-f nhh), {et) le matin 
est venu sous son sceptre (iw dw; (y)-t hr wér-f)! M 

* m 

L’hymne d’action de grâces pour le retour d’Horus après la fête de l’Habille- 
ment est une des plus belles œuvres du répertoire chanté, au temple d’Edfou. 
Il vaut par son style bref et concret, qui donne leur force aux images. Le 
rythme, lancé six fois par les exclamations initiales, garde son élan jusqu’à 
la fin. L’application dogmatique du morceau n’est pas moins assurée : ce 
n est que dans le cadre liturgique de la fête qu’on en peut saisir la valeur. 
C’est un acte de clôture de cérémonie. Il en rappelle les résultats, les 
promesses pour 1 avenir : triomphe de dieu qui va régner sur terre, pour 
être la providence des hommes ; sa puissance nouvelle sur la nature, sur les 
autres divinités; souvenir de ses exploits guerriers, pour qui le compositeur 
retrouve les mots mêmes des hymnes de couronnement royal d’autrefois. Puis 


(,) Le dieu d’Edfou sortant du siège de la Première fête est loué ici avec les expressions de 
la théologie d’Hermopolis. Il est, comme Thot, le Parfait, qui règle la marche des astres; il 
prend naissance sur la butte de sable primordiale, comme au temple de Hmnw. 

<’> Cf. JW., III, 424, 3. 

(3) Le dictionnaire de Berlin (II, 369, 377) sépare artificiellement nd de nd-t, ainsi que mr 
(II, 98) de mr-t (II, 106). 

^ ■ Littéralement : a agir sur son eau . Cf. Sinouhé, B, 7^“ 7^ ( /t ^ s- 1 wnty-sy hr ni vof ) , 

< 5 > Littéralement : son pouvoir. Edfou, I, 44 a, 5 , à 443 , 8. Publié par Piehl, I. H., II (i«), 
de la planche XXVII, col. 4 (texte A), à la planche XXVIII, col. 2 ; de la planche XXVIII, col. 3 
(texte B), a la planche XXIX, col. . 1 ; traduit par lui : I. H., II (a“), p. 16-17. Les deux parties 
de l’hymne doivent être lues, en réalité, dans l’ordre inverse (B -j- A) . Erman, La religion des 
Égyptiens ( 3 * ed.), trad. Wiid, donne de cet hymne une traduction partielle, p. 423-424. 


373 )-**— 

l’accent retourne sur le lever du soleil : le rite vient de l’assurer, et du même 
coup la vie des hommes. La note finale est celle de la bonté divine. L’image 
du Nil nourricier la traduit mieux que tout autre, dans l’esprit du pays. Contre 
ces promesses éternelles, qu’on mette sa joie à obéir à la volonté de dieu. 
Cette conception de la divinité sort du cadre des hymnes royaux anciens. 
Erman écrit là-dessus : Il est superflu d’ajouter que ce bel hymne n’a pas été com- 
posé à l’époque grecque, et surtout pas en vue d’une solennité divine au temple. C’est 
le chant entonné au triomphe d’un roi du Nouvel-Empire, et il a suffi de très légères 
modifications pour en faire un hymne en l’honneur d’un dieu d). Bien au contraire, 
le. cantique dont il s’agit ici est l’un de ceux dont parle le décret de Canope : 

Les groupes (dm; ■ w) de chanteurs hommes et femmes W chanteront pour elle . . . 
les hymnes (dwlw-w) que les hiérogrammates ® écriront ( 4 ) et donneront au maître 
des chanteurs {du temple) et dont ils transcriront le double aux livres de la maison 
de Vie ^ . Les maisons de Vie ^ des temples étaient à l’époque grecque les 

. V _ . 

{1) Erman, Religion ( 3 e éd.), trad. Wild, p. 4 2 4 . Bien des hymnes conservés dans les temples 
ptolémaïques sont écrits en une langue très classique: les expressions en sont j>arfoi& celles 
mêmes des Textes des Pyramides . Cela signifie que les hiérogrammates de l’époque grecque étaient 
encore imprégnés du tour et du vocabulaire des écrits anciens. Erman donne comme exemple 
d’hymne royal, consacré ensuite tel quel au culte divin, le grand hymne à Amon du Musée de 
Leyde (cf. Erman, Religion , id., p. i 6 i-i 64 et Erman, Literatur , p. 368 - 3 7 3 ), Pour les mêmes 
raisons, il y a de fortes différences. 

(4) ... tous r s cbtbovs âvàpas kclï ràs yvvatnas = dml-w ksw-w tly*w hm'W-t. II s’agit ici, non 
de la fête de l’Habillement de fin d’année, mais de toutes les grandes processions solennelles 
hors des temples, où les hymnes à Bérénice divinisée devaient être chantés. A la fête de l’Habille- 
ment, au contraire, on ne sortait pas du voisinage des sanctuaires. Seuls, des (prêtres-) purs 
pouvaient y figurer, à l’exclusion des chanteurs et chanteuses du domaine divin. 

oi kpoypotppotTsis = Ut pr- c nh. C’est le collège de la maison de Vie, c’est-à-dire les prêtres 
lettrés attachés à chaque temple, qui conservaient les livres et composaient les écrits nécessaires 
au culte. 

ypàÿavrss — sphr ^ 

w S&krfy rüt wâoàiàaGKâXoûi — di n mr sblw n hsw-w (littéralement : le chef-maître des 
chanteurs) . 

(6) ... xati ràvr iypacpa KaTa^cepKTÔrjasTou eis ràs kpàs fiv&Xovs = ss mit-t hr sfdW'VD 
n pr- c nh. Pour le texte grec, voir Mahaffy, The Empire of the Ptolemies, p. 2 38 , 1 . 11-16. Pour 
le texte démotique, voir Brugsch, Thés., VI, 1573-1674 (traduction,, ibid., p. xvi) . Pour le texte 
hiéroglyphique, cf. Sethe, Urkunden, II, Heft 2, p. 1S1, 1 . 9 à i 52 , 1 . 2. 

(7) Sur les maisons de Vie, et leurs collèges de prêtres, cf. Gardiner, The House of Life (JE A, 2 4 
(1938), p. 157-179). 

BibL d’ Etude, t. XX. 48 


— ««>.( 374 )» <* •-- 

derniers conservatoires de ia création littéraire dans le pays. Les prêtres 
lettrés d’Edfou ont su y composer, avec bien d’autres œuvres, le grand cantique 
gravé sur la 'muraille du siège de la Première fête. 

La procession continuait sa route à travers la salle de l’ennéade. Son but 
était la chapelle Mên^t), où les deux litières devaient déposer leurs images. 
En tête, les deux files s’écartaient, entraient aux deux branches du couloir 
smy[-t ). En arrière, en face du sanctuaire central, les prêtres déposaient les 
tabernacles sur leurs socles. Seule la première part du cortège poussait jus- 
qu’au fond du temple. On installait de nouveau dans son naos de pierre la 
triade d’Edfou voilée de ses tissus neufs. Les textes du temple ne nous 
ont conservé aucun renseignement sur le service de clôture du sanctuaire 
Ménft) W. Après un encensement et une aspersion d’eau terminale, les offi- 
ciants se retiraient, la face tournée vers les divinités, effaçant la trace de leurs 
pas sur le sable avec la balayette de roseau hdn'W. 


(1) Par comparaison avec tous les usages connus, le prêtre ne pouvait toucher une dernière 
fois les statues divines, en les plaçant sur leur fiège d’éternité , sans prier encore devant elles. 

(2) Cf. plus haut, première partie : service de fête du culte régulier. 


CHAPITRE III. 


LES FÊTES DU SIÈGE DE LA PREMIÈRE FÊTE 
AU DÉBUT DE L’ANNÉE. 

1. — LE SERVICE DANS L'INTÉRIEUR DU TEMPLE. 

À) Le service au ( lieu-)pur . 

Le cérémonial du siège de la Première fête se terminait ainsi, du 3o Mesorê 
au dernier jour épagomène. Au contraire, la solennité redoublait d’impor- 
tance, avec la grande journée du i er Thot, dite Ouverture de l’an, ou fête de 
Râ et de tous les dieux. L’adjonction capitale, c’est la montée au toit du temple, 
au sortir du {lieu-) pur ; ce sont les rites de l’après-midi dans l’enceinte en 
plein air, avant de redescendre par l’escalier de l’ouest jusqu’à Mên{t). La 
procession faisait donc seulement de la tribune w’b{t) un reposoir intermé- 
diaire, et non le but principal de sa marche. 

Nos descriptions des rites du i er Thot sont toutes partielles. Les deux plus 
longues, celles des bandeaux de frise de l’escalier est, se font suite. Mais il y a 
une lacune entre elles : ce qui se passait ce jour-là au (lieu-)pur, au bas du 
temple, est passé sous silence. Cependant tous les documents sur le service 
de la terrasse insistent sur deux points : le toucher du soleil (hnm îtn ) qui s’y 
déroulait, et l’offrande des aliments aux divinités. Nulle part il n’est question 
des rites de l’habillement et de la parure au toit du temple. Il convient donc 
de reconstituer ainsi le cérémonial modifié du ( lieuffpur , aux jours où les 
rites de la terrasse allaient suivre. 


»( 376 


La procession y entre et s’installe; on réunit les aliments devant les dieux 
comme auparavant, puis on ouvre les tabernacles. Mais cette ouverture se 
fait dans la matinée, avant que le* soleil puisse toucher les images divines. 
On procède seulement à ï habillement et à la parure; puis on referme les ta- 
bernacles, et la procession se forme pour le départ. C’est alors le moment de 
midi. Le service de purification entre dans la cour et purifie les offrandes, avec 
la prière gravée au montant est de la porte qu’il franchit : 


[ y] m != m " ^ h n ; r m m* ~ î ;■ v zr ?n ^ /s ® is i t s: z 



Le temple est garni d’aliments et provisions ; le château d’Horus est [loin (?)] de 
(toute) crainte (h-t Hr [hr-]tw (?) r hry-t) : éloigne-toi (?), (Soleil-)du-matin 
(Dw;i), vers ton château W, (mais) ne t’éloigne pas de ton temple (m hr r h-t-ntr-k), 
(quand) tu (t’)éhignes (vers) le « ciel », acclamé (hr-k «hr-t», m hs) Wt — 
C’est pur, c’est pur, Horus d’ Edfim-grand-dieu-durciel ! Son tabernacle est pur; sa 
barque est pure! Le Château de la jambe est protégé W (H-t-ébk ébk-tw) ; ses lieux 
sont sanctifiés; le (Dieu) de l’Horizon va faire son Horizon [au] dedans du « ciel » 
(ir ;hti îh-t-f [m]-hnw «hr-t») W, (en) entrant au sanctuaire du Soleil-ailé (hn-tw 
r hnw n Hpy) ( * * 3 4 5 ) ! Le mal ne pénétrera pas en lui! — C’est pur, c’est pur, 
Hathor de Dendéra, OEil-de-Râ, maîtresse du ciel ! Son palais est pur, sa grande 

(,) C’est le ciel (Ar(-<), ici, et c'est aussi le temple délimité par le mur d’enceinte de la ter- 

rasse, qui porte le nom symbolique de hr(-t). 

(3) Horus est à la fois soleil au ciel, et dieu montant vers la terrasse de son temple, image du 
ciel. Une seule et même personne divine accomplit d’un coup ces deux actes. 

(3) La périphrase désigne ici le temple entier, qui était censé conserver une jambe du corps 
démembré d’Osiris. 

(4) Même équivoque voulue sur le double sens de hr(-l) : ciel réel, et terrasse close du temple 
d’Edfou. 

(5) Le sanctuaire de Hpy est une périphrase pour Ar(-f), le toit du temple. Les allitérations ini- 
tiales répétées sont mal traduisibles. 


— ►*•( 377 )•« — 

demeure (pr-wr-é) est pure; le château d’Horus est protégé contre la souillure (qui m 
vient) des (hautes) crues (h-t *11 r hn-tw r hd hr-t) h) ! Horus d’Edfou [est ap- 
paru (?)] ([pr (?)]) en son tabernacle : (Celui) d’Edfou est à Edfou, avec (Celle) 
d’Edfou : la grande Hathor de Dendéra! — C’est pur, c’est pur, Horus d’Ed- 
fow-grand-dieu-du-ciel! C’est pur, c’est pur, (o vous) ses prophètes (hm-w-f) ! C’est 
pur, (6 vous) ses cérémoniaires (hri-w-hb-t-f) ! W 

Au lieu de retourner à la salle de l’autel pour être desservies et emportées 
hors du temple, les offrandes alimentaires prennent place dans la procession 
et montent à la terrasse avec elle. G’est en haut qu’on en fera l’offertoire; 
c’est au grand soleil, sous le plein ciel, qu’on fera fumer vers le dieu et sa 
cour les autels d’holocauste. 

Les porte-enseignes prennent donc la tête du cortège, passant à travers 
les tables de la cour. Quand ils sont sortis vers la salle de l’ennéade, les por- 
teurs d’offrandes entrent, chargent les plateaux, vident les dressoirs. Leurs 
* fardeaux sur les mains ou en équilibre sur la tête, ils se rangent en deux 
colonnes, tournés vers l’intérieur du temple. Le reste de la procession 
s’ébranle à leur suite Les dieux qui ouvrent le chemin, au lieu de se diriger 
à droite vers le sanctuaire, inclinent à gauche, descendent dans la salle de 
l’autel par le grand portail central. Ils tournent encore à gauche, s’avancent 
vers la petite porte de la paroi est de la salle, près de son angle sud-est. 
G’est l’entrée de l’escalier sur plan rectangulaire qui mène à la terrasse 
supérieure. 


* Cf. Wb. } III, p. i44 , 3. Le second déterminatif est incertain; le sens de la phrase veut 
qu’il ne s’agisse pas de hr( -t) ~ crue (ordinaire) du fleuve, mais d’une crue exceptionnelle, 
source d’impureté pour les fondations des temples. Il semble exister une relation entre la pré- 
sence d’Hathor et cette protection particulière contre l’impureté de l’eau du fleuve. 

« Edfou , I, 58 9 , 2-6. Cf. Piehl, J. H II {f), pi. XXIX, col. 8, à pl. XXX, col. 3 (texte E) ; 
trad. ibid., II (9 0 ), p. 18. La composition est très nette. Les quatre phrases accompagnent les 
quatre aspersions d’eau successives du prêtre : i° celle des aliments, a 0 celle du tabernacle et 
de la litière d’Horus, 3° celle du tabernacle et de la litière d’Hathor, 4° celle des prêtres qui 
participent au service. 

(3) Cf. plus bas, ordre des différents groupes du cortège du i er Thot ; bas-reliefs des escaliers 
du temple. 



* B) Les documents écrits sur b procession montant l’escalier. 

Cet escalier formait, dans l’esprit des architectes du temple, un tout 
inséparable avec 1 escalier rectiligne de l’ouest qui, par une vaste antichambre, 
débouche en face de lui, sur la même salle de l’autel : 


môîiT<«*::77Jir:sîï<î3nii(ijj*r+®): 




Il y a une chapelle (Ù a l ouest (de la salle de l’autel ) : (elle a) 10 ( coudées ) 
sur g ; une rampe (tî-rd) s’en va vers le nord, au dedans d’elle. Il y a aussi (ié) un 
escalier coude (hnd ms'bb) à l’est (de la salle ) : (son) pourtour est de 10 ( coudées ) 
sur 8‘f 3 (phr-tw m md r éfh-f-w'+gé) W. 


- I “ë - © * J* f nTTn 

Il y a deux escaliers, (l un) a droite et (l autre ) à gauche W (de b salle de 
l’autel), pour se lever (wbn) et se coucher (htp) (en passant ) par eux. Le dieu monte 
(en procession) ( pr ) par l’escalier de l’est (hnd n ti-wr), avec sa grande (Uraeus) 
de diadème W, pour voir son disque (itn-f) ; son ennéade aussi (sk) est derrière lui 
(rn-ht-f) . (C est) pour s unir a son ame, le jour de V Ouverture de l’an. Puis il 
descend (h J • n-f ), il pénétré ( k-ii-f) (en)» son sanctuaire (' ’,■ t-f) par l’escalier de 
droite (wnmy) qui est à l’ouest (m imi-wr); sa grande Uraeus (mhny-t-f wr-t), b 
Maîtresse de Dendéra, est à côté de lui (r gs-f), ainsi que (m-'b) (les dieux de) son 
enneade, (qui retournent) a leurs sieges (r s- t-sn) . Il arrive en paix, il s’arrête 
(htp-n-f) dans l’Horizon, pour « tourner mains avec eux®, éternellement ((h)r 



iHJi 


- 11,1 
O 1 1 II 


V 


(I) Cette « chapelle» est l’antichambre (sk) au bas de l’escalier ouest. Malgré la graphie sh(-t), 
le mot est tenu pour masculin (m hnt-f). 

« Edfou, IV, 6, 34. 

(3) Orientation égyptienne : droite = ouest, gauche = est. 

Hathor de Dendéra, 

( } La périphrase désigne ia continuation de la course solaire, qui, du couchant, va tourner 
main vers un autre lever (cf, Wb., I, 4o8, i3). 

j 


— »■ * ■#»( 379 

wdb '• f hn' 4 n, r nhh). L’escalier de l’ouest a 60 (coudées) sur [ ]; l’es- 

calier de l’est (en) a 10 sur 8. Une petite porte, en (ce dernier), s’ouvre vers son lieu- 
pur (w'b(-t)) 0 ). Il y a en tout trois portes dans (l’escalier de l’est) W. La chapelle 
qui est à droite (de b salle de l’autel) a 10 (coudées) sur g ; l’escalier de droite dé- 
bouche sur elle . 

Ces descriptions gravées au temple font voir combien les rites de toucher le 
soleil ont pu avoir d’influence sur le plan adopté par les constructeurs. La 
cour et la chapelle à ciel ouvert, tout près des sanctuaires ; la salle de l’autel, 
carrefour des processions ; le circuit fermé qui en partait et y revenait comme 
le soleil monte du corps de Nout pour y rentrer le soir, avec l’escalier est, le 
chemin clos qui fait le tour de la terrasse, l’escalier ouest et son vestibule : 
tout cela était bâti spécialement pour donner leur cadre aux fêtes du siège de 1a 
Première fête. 

La procession de l’Ouverture de l’an s’engageait dans la porte étroite. Les 
deux files se confondaient alors. Tout au long de l’escalier, il en sera ains i : 
on n’aurait pu y faire avancer les deux litières de front. Les coudes fréquents, 
à angle droit; du corridor l’interdisent. Plusieurs fois les textes disent 
qu’ Hathor est derrière Horus W, et ce détail ne semble pas donné d’une façon 
vague. Cependant les décorateurs, qui avaient deux parois à graver, ont divisé 
la foule des clercs en deux files. Au moment où le cortège pouvait reprendre 
sa marche normale, il se disposait comme le montrent les bas-reliefs de l’es- 
calier. 

L’usage de l’escalier oriental est défini par les textes des deux montants de 
sa porte d’entrée nord (celle de la salle de l’autel). Il l’est aussi par ceux 
d’une seconde porte, placée plus au sud, dans l’angle nord-est de la salle 
hypostyle voisine. Cette porte donne accès à un bref escalier, de pente plus 
faible que l’autre. Cet escalier, après un palier intermédiaire, se raccorde à 


(l) Wb(-tJ fait donc aussi, du point de vue de l’architecture, partie de l’ensembie décrit. 

(,) Les deux entrées du bas, et ia porte d’en haut, sur ia terrasse (on ne compte pas ia petite 

porte qui vient d’être mentionnée). • 

i>} VII > l6 > (l) * * * * 6 > à 17, 3. Cf. Piehi, 7. H., II (*•), pi. XCII, coi. 7, à pi. XCIII, col. 2 ;■ 

trad. Ibid. , Il (2 0 ), p. 65. 

« Par exemple, Edfou, I, 555, 1 : Nb-t-'Iwn-t m-htf. Cf. plus bas. 


380 >h. 


I a 


la rampe principale, au niveau de son premier coude ®. Les quatre inscriptions 
sont rédigées dans une même forme, et constituent un ensemble : 

sie 


1. C’est V escalier de droite de V Horizon-du-(dieu-)de-V Horizon, (dans) lequel® 
il monte (%f) au ciel W (hy-t), en ( forme d’)enfdnt (hy), (quand) dieu sort 
(en procession) sur la terrasse de son temple (pr ntr pn m tp-h-t h-t-ntr-f (*)), 
pour s’arrêter dans son sanctuaire d’en face® (r htp m-hnt é-t-wr-t-f hft(w)). 
(Puis) sa Majesté sort (en procession de ce sanctuaire), pour joindre la tête de la 
cage d’escalier® ouest , qui (est) devant Elle (pr hm-f r ts tp h-t-ét;-hr-r(w)d 
imnty, nt(y) m'k’-f W). Les prophètes l’accompagnent, kspères du dieu l’entourent, 


(,) Cf. Edfou, pl. I (plan général du temple, entrée U, et entrée W-U de l’<escalier est). 

-s (dans hnt-s) représente îh-t (nom féminin) — 1’ « Horizon » d’Horus, c’est-à-dire son 
temple, comparé à cette partie ih-t du ciel oriental qui est la demeure propre du dieu so- 
laire. 

(3) C’est la terrasse du temple (les allitérations sont intraduisibles). 

^ Littéralement : la lête-de-maison de sa maison-divine. 

l5) Ce sanctuaire d’en face (Wb., III, 275, 7) désigne le kiosque (h’y-t) du toit du temple, 
ou les statues divines faisaient halte au cours de la phase suivante des cérémonies. 

m C’est ici le seul passage, semble-t-il, dans les textes du temple d’Edfou, où l’« escalier» 
ouest de la terrasse soit désigné d’une façon précise, conforme à’ sa nature architecturale. Ce 
n’est pas en effet un escalier simple (rwd) , mais un corridor de descente, ou rampe (si’,) , pavé de dalles 
lisses, complété par un large escalier central, dont les marches ne laissent qu’un faible espace 
libre entre elles et les deux parois latérales. Les architectes du temple semblent avoir voulu 
marquer ainsi la nature funéraire de cette partie du chemin du dieu. Le Roi divin est censé 
redescendre, par ce corridor, dans sa tombe royale, comparable à celles des rois humains de 
l’Égypte (cf. : pyramide de Chéops, galerie ascendante ( Description de l’Égypte, Antiquités, V, 
pl. XIII); Guilmant, Le tombeau de Ramsès IX, pl. I ; etc.). La même disposition de l’escalier 
descendant est visible au temple d’Hathor à Dendéra sur l’un des plans de la publication de 
Mariette (Mariette, Dendéra, IV, pl. I, A). Le haut (ou «tête») de l’escalier désigne la partie 
supérieure de la cage de pierre visible sur la terrasse (voir pour celle de Dendéra : Cüassinat, 
Dendéra, I, pl. phot. ùo). 

* ' f (dans m *k,f) représente hmf (nom masculin) = sa Majesté : Horus d’Edfou, le roi divin. 



— — ■ w*( 381 )*t 1 * ■ — 


les princes (hjtbw) ® sont des deux côtés de son tabernacle, afin qu (il) touche le 
soleil le jour de l’Ouverture de l’an et à toutes fêtes et solennités de même. La 
surface ® entière (de l’escalier) (comprend) 85 (figures) (tnw npr-t-f (m rpw-t). 
85) (S L (Tandis qu’)Il s’avance (nmt-f), l’ offrande (?)W est magnifique (jh-t ,’h-tw): 
ce sont bœufs et volaille en holocauste, gazelles, oryx et bouquetins! Tout le pays 
[se réjouit (?)], le temple d’Edfou (Mén(-t)) est dans l’encens et la résine (m 'ntîw- 
éntr), (quand) le (dieu) d’Edfou® arrive en l’Horizon du ciel : son âme va s’unir 
à son image, dans son tabernacle! — (Souhait au roi) ®. 




* 

** 


2. (CW) le palais de V escalier ('h-t;-r(w)d) M du Soleil-ailé divin, le grand 
échelon (hndw wr) du Chef des deux îtr-t (hnty itr-ti); eest le degré (rwd) 
pour monter au ciel ; c'est la rampe ( c r) sur quoi Von s'élève! Sa surface entière 


(1) hUl est pris ici dans le sens général de : tout prêtre de haut rang (prophète, père du 
dieu, etc.). 

w Le substantif npr-t ne se trouve qu’au temple d’Edfou. Il possède toujours le déterminatif 
de la maison, et désigne partout la surface entière des parois à 9 un escalier (décorées de figures gra- 
vées) ; d’où, V escalier entier. Cf. Wb., II, Belegst. 2^9, n et 12. Il faut ajouter aux quatre 
exemples cités (avec erreur sur la page : corriger Edfu, I, 548 en Edfu, I, 54 g) une 5 e référence : 
Edfou, 1,679,9-10. 

(3) Oubli du graveur. Cf. npr-t f tri m rpw-t 85 (Edfou, I, 54 g, 10); m rpw-t 90 (Edfou, I, 
679, 9“ 10 )î m rpw-t 83 (Edfou, I, 5 i 3 , 11). 

(4) Ih-t manque de déterminatif, mais le contexte exige cette valeur du mot. 

(5) C’est le soleil réel, dont la lumière arrive du ciel, qui semble désigné ici. 

w Edfou, 1 , 549 , 2 - 7 . 

(7) C’est-à-dire : V escalier monumental. Cf. la même expression : Edfou, I, 5 1 3 , 16 et 5 1 5 , 4. 
Le palais de Vescalicr est à rapproche^ du château de la rampe (h-t-stl) : Edfou, I, 54g, 3 . 


comprend 8 5 figures 1‘). Les prophètes le parcourent sans cesse, sans que se lassent les 
pas d’un prince (de passer) par lui (n wrd tb-ti n pi hiti hr-f). Les serviteurs ® 
piettent leurs pieds sur lui (hnd éw), quand on fait le tour du temple (m hné h-t), 

pour accomplir le rite du siège de la Première fête. [On (?)] place [ ] en 

toutes bonnes choses, (en) holocaustes de bœufs et de volaille, (en) fumigation d’oliban 
dans le temple entier, (quand) le (dieu) d’Edfou sort (en procession) (h') pour se 
joindre à son âme, (quand) sa Majesté touche le soleil, en l’Ouverture de l’an! Sa 
puissante fille sort (en procession) à son côté : c’est Hathor de Dendéra parèdre à 
Edfou; les dieux ses compagnons sont à droite et à gauche (m îtr-tî ) de sa Majesté. 
Les prophètes, les grands (prêtres-) purs, les portent (rmn én) sur l’escalier, toujours 

(r'-nb) [' ] quand il se lève : c’est Râ qpi joint le ciel à la terre ! 

Rayonne au-dessous de toi (éty lj(r)-k), Horus d’Edfour-grand-dieu-du-ciell Tu 
possèdes Và-jamais, tu as rejoint l’éternité : (car) tu es le (dieu) qui-se-lève, (et) ton 
âme est glorifiée (nbb ki • k) parmi les dieux, (quand) tu apparais (h'-k) sur ce puissant 
degré (hr hndw pn wr) ! Les Amis (royaux) du (dieu) qui-se-lève (Wbni) portent 
(hr twi) le Maître des dieux) Ceux qui sont sur leurs enseignes sont à droite et à 
gauche, (et) tu atteins (gé-k) ton sanctuaire ® (hly-t-k) en vie et prospérité! — 
(Souhait au roi) 


2 4 T V 7 1 * 3 4 7 1 ; li 7 1: “* * H l' 7 7 ; £ t, l IIT i Z ïl 4 

i 

3. C’est l’escalier oriental du (dieu)-au-plumage-moucheté, c’est la montée par où 
montent les (prêtres-)entrant, le grand échelon du Faucon-de-V Or, le degré par où 


(1) Le mot rpiv-t désigne habituellement une figure féminine, en particulier une image de déesse. 
Il est manifestement employé, en Edfou, I, 5/lç), îo ; 5 1 3 , il ; 579, 10, en dehors de son 
acception normale, puisqu’il y désigne toutes les figures humaines et divines gravées sur les 
parois des escaliers. Le Wb. ne signale pas cet emploi. 
m C’est-à-dire les prêtres, en général. 

(5) II s’agit de Mén(-t), but final de la procession quand tous les rites sont accomplis. 

<*> Edfou, I, 54 g, 9-16. 




* ' '* > *( 383 )•< !■ ■ ■ 


s’élèvent ceux qui s’élèvent (rwd n ts tsw-w) : sa surface entière' comprend go 
figures. Les prophètes y (?) ,(îin-é) pénètrent, sans cesse ; Râ s’avance sur lui pour 
s’unir à son âme; (puis) Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel marche jusqu’à sa 
demeure dans (le sanctuaire-) ndm-‘nh (r ‘iy-t-f hnt ndm-rth) siégeant (bfd) 
au (côté) droit de son naos (hr wnmi rwy-t-f), sa grande Uraeus de diadème reposant 
à son côté® : (c’est) la grande Hathor, maîtresse de Dendéra. Million (d’années) 
à (te) lever et (te) coucher ( c b-nîiw(= hh) hr wbn htp) à voir le soleil au siège de 
la Première fête, (avec) les pères du dieu en procession à ta suite (phr m-ht-k), (avec) 
les chapelains (hnti-w-sh) en marché (r nmt-t-én) ! Dure, dure sur ton grand siège, 
tant que durera Nout chargée du soleil! Million de ( fêtes-) Sed, sans qu’on cesse de te 
voir (n ib n mü-k), ô Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel ! — (Souhait au roi)®. 




4. (C’est) l’escalier par oii [mon\te à (?) la terrasse (ti-rwd pn r [t]s (?) tp-h-t) 
du temple le Supérieur des prophètes, le jour de l’Ouverture de l’an, et de même aux 
fêtes (et) solennités (hb-w lp-w-tr), pour accomplir les rites ® (de ces fêtes), au 
siège de la Première fête. Le (dieu) d’Edfou s’en va par (cet escalier) (sm hr-f) 
jusqu’à la terrasse de son temple, avec les dieux et déesses qui le suivertt; (quant aux) 


(!) C’est-à-dire : retourne jusque dans son sanctuaire. 

rwy-t , avec le déterminatif de la maison, ne peut s’appliquer à la litière portative d’Horus. 
Il s’agit donc, à propos du rôle de l’escalier est, d’une description du siège des statues de Msn(ft) 
dans leur naos de pierre. Ce qu’on en dit là vient à l’appui de ce que nous savons par d’autres 
sources. 

(3) Le présent exemple prouve que, en plus du sens d’année, l’expression c b-niiw,^\e c le dé- 
terminatif ordinaire de hh, a aussi son sens de : million . Voir la correspondance d’expression 
à la ligne suivante : hh njib-sd — million de fêtes-Sed. Le premier signe du mot est à lire par la 
corne < b. Cf. Wb., I, 173, 16. 

(4) Edfou, I, 579, 9-1 3 . 

(B) Le pluriel se rapporte à hrvo Wp-mpt et hb-w tp-vo-tr. 


enseignes , elles sont devant lui (hr hj-t-f) , pour lui ouvrir le chemin jusqu’à ses 
saintes demeures (r hd-w-f spé) (| ). Le grand-prêtre (hiti- wr) ( 2 3 * ) est à sa droite, 
portant l’encens (mn-wr); le grand-prêtre en second (h;ti- m-ht) est à sa gauche, 
portant le vase à libation (kbhw). Les prophètes vont en procession (phr) à droite 
et à gauche, sur tout le chemin du dieu. La figurine de Maât est pendue à leur 
cou, (faite) de vrai lapis, montée sur or fin W (rpw-t M>'-t r hh-én, m-hébd mf , 
mnh (sic) m nb nfr). Le cérémoniaire en chef est aussi (mît-t nn) devant lui, 
exaltant louange à voix haute (tir wjs hknw m k? mdw), jusqu’à ce qu’il repose 
en son tabernacle de droite, qui est (son) siégé* d’éternité^ (r htp m hd-f wnmi, 
é-t pw n d*t) ! 

♦ 

Les renseignements donnés par ces préambules sont fort disparates. On 
y trouve des détails précis ( 6 * * ), des explications de valeur sur le symbolisme de 
la fête de V Ouverture de Van, à côté de phrases de style, qui ne prétendent 
qu'à un sens assez vague.. D’autres textes s’appliquent plus spécialement à 
décrire la procession qui monte dans l’escalier. Le bandeau de frise du «côté 
d’Hathor», presque entièrement consacré à décrire les rites préliminaires du 


<l) Le terme hd-w semble désigner ici ce que d’autres textes appellent s-w-t ( hb-sd ) : «les 
lieux», les stations de la fète-Sed, au long du chemin de procession qui fait le tour de la terrasse 
du temple d’Edfou. 

(2) C’est bien ici du premier en dignité parmi les prêtres du temple qu’il s’agit, 

(3) L’amulette est sertie {mnh) d’or, et probablement attachée par des fils d’or formant col- 
lier. 

En chacun des textes traduits ci-dessus, il est question du but qu’atteindra la statue d’Horus : 
son sanctuaire Msn{-t) (hly*t, c ly^*t) et son naos de pierre : rwy*t. Cette fois, l’allusion est encore 

plus précise (cf. plus haut) : Horus-Râ siège à droite de son naos ( rwy-t ) (texte 3) ; il y repose en 
son tabernacle (hd) de droite (texte 4). Par conséquent, il y a bien deux tabernacles à l’intérieur 
du naos de üfs»(*f), et non pas un seul. Celui d 'Horus-Râ est placé à droite, celui d'Horus « Faucon 
de f Or», à gauche. 

(6) Edfouy I, 679 , i5, à 58o, 4. Les textes n°‘ 3 et h ont également été publiés par Piehl, 
/. H II (i q ), pl. LXIV (texte N), et pi. LXIV-LXV (texte O) ; ils ont été traduits par lui : /. H., 
II (a 0 ), p. 4o-4i. 

(#) Par exemple : nombre des figures sculptées sur les parois de l’escalier (il faut additionner 
les deux parois) ; bijou de Maât pendu au collier des prêtres de haut rang qui font partie du 
cortège; position des images diyines dans le naos de Msn(t ), 


385 } 

début de la procession W, ne parle du cortège en marche vers la terrasse qu’en 
sa toute première partie : 

JIKZ. 

[ C’est l'escalier ("l)]® par lequel [Horus monte (?) vers ] le « ciel » (3) 

([ rwd n pr Hr r (?)] : jy-t), (cest) son degré (htiw-f), posé pur Celui 

qui éloigne (sa) course, afin qu’atteigne la terrasse le (dieu) d’Edfou (wjh-tw r Hr- 
nmt-t, n wd; wdî-t in Bhdti), [en] la fête (?) de la Première fois ([m] hb (?) 
sp tpy) W. (Il est) gravé au (ciseau de) cuivre W, orné de peinture, et de tous écrits 
de proie divine. L’Ame de l’orient monte vers l’Horizon (en passant) en lui, en sa 
puissante image (ést j • f wr) du (dieu) d’Edfou, (quand) sa Majesté (= le dieu lui- 
même) fait sortir en procession sa statue jusqu’au « ciel» (hr*t) ^ , afin de voir son 
âme (qui est) dans les deux (hnt bii ) 

Au contraire, le bandeau de frise du «côté d’Horus» développe tout au 
long la description du cortège qui monte vers la terrasse : 

s rr, 1 s: «i v n ü [■— “ - * "»]' = -*■ • ' v f? 

:ïf r «Rti? î t: utti 1 [—•*•- *1 

nP.,'.TÏHJ 




t 1 ) Cf. les traductions données plus haut. 

C«) La lacune, longue de 5 m. 5o, comprenait vraisemblablement l’ensemble des cinq noms 
royaux, comme au bandeau de frise symétrique. 

(3) C’est-à-dire : la terrasse du temple. 

Correction proposée de : <=*• r, en : hb. 

( 5 ) Extension du sens de bï, = cuivre, métal. Cf. Mariette, Dendéra , III, pl. 3o, a , col. 9 . 

La terrasse du temple. 

W II s’agit ici du ciel véritable par opposition à hr*t,‘ 

< 8) Edfou, I, 553, n-i3. 

Bibl. d* Étude, t. XX. 


*9 


386 > 

=%ip-i5^“îsii^;(pf;:,:^r:-^i!=;j.!POJttîi‘ 

?;r;i:t, , ,nnMk^'fhT:i!3iin!Pa: v 47cjpnîM& 

ïî^.'UJ^C:^i.i.7V,',M¥Tîiî*Hîi'ia=^k'l 

^ m i ffi ü r. i ,r, ; ic ~ p a z: i ; î = = o = r t i ?; = 

an b iSîiT+Ti^UTŸi^nriffîjSït^îii^Miisfé 
«Pnâ'V73s-Zé^L:4 l ™lFΣnTtl!= , ^1VÎÆt’J,P-i<T? 
^T^It^ïl-PlV^HLl-PlivliPH-lT-lîr;^^ 
i-nï=p=5\Tÿ5S!-mv:n^7:iis^:isqf 
E^T+P7iftîs'f l ?,::Jî:ife^:!^;îî^3^wsi.rTMl 

1 n ! V *“ à ■ - .7 ;= — , i V 7 7 Pi ! X I * rr7 T 7 ) .*. 

i ) m iî * m :. n n n g 7 ztzïi n n n # txr= a s 7 \ *- 

IH-ieTvTl'te.V' IPI 


V-i s 

4r A t 

t A^vA I I t - » — I I 


( Titulature rôÿâïë de Ptolémée F/ Philométor et Cléopâtre II ^ : il a fait (ce) beau 

monument pour son père Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel [ -4m.- ] 

vers l’escalier de son temple, afin que touche le soleil le (dieu) d’ Edfou-au-plumage- 
moucheté, afin que monte V Horus des Horus (Hr Hr-w) M ( sortant ) de son sanctuaire 
(m hjy-t-f) jusqu’au ciel (hr-t) pour voir le soleil > en la (fête de V) Ouverture de 
l’an. — (Quand) le Maître du ciel entre au ciel ('k r p-t) en (passant par) (cet es- 
calier) (m-hnt-f), (il entre) en son Grand-siège-depuis-l’ origine ( ('k-f)hnt é-t-wr-t-f 
dr-b’h) ^ : (quand) Horus d’Edfou monte vers l’Horizon en lui (m-ht-f), il est 
comme le soleil qui se lève dans l’orient. — Sa belle Uraeus (d-t-f nfr-t) apparaît sur 
son front : elle est son Diadème qui est dans Dendéra (T-di(-t)), (c’est) la Maîtresse 


“> Cf. Wb., III, i 2 3, ii. 

(3) Ce Grand-siège-deputs-V origine désigne le kiosque de pierre bâti dans l’angle nord-est de 
la terrasse du temple (cf. p. 38o, note 5). 


-- " • i 387 )«< §*«■- 

de Dendéra, (qui est) derrière lui (m-ht-f). — (Har)somtous (est)àsoncôté;sonennéade 
est à lui; elle les (*) protège (m gé-dp-én), comme l’équipage de (la barque de) Râ 
qui se lève dans Pwn-t! — Les courtisans (snw-t) du Maître éternel (Nb-r-dr) 

[ — 3 m. 5o sans (?)] entraver le chemin ( n (?) §n' r;-w;-t), 

(esf) devant (hr h;- 1) son père. — Les princes sont en marche (r nmt-én), et les 
prophètes derrière eux; les gardiens du secret aussi (iék) sont auprès d’eux (m iri-én) ; 
les Amis (royaux) (émr-w) sont à leur place, portant sa Majesté . — Le cérémoniaire 
en chef lit le (livre de) la fête (hb-t) ; Ceux qui saint sur leurs pavois (= les en- 
seignes) sont devant eux, lui ouvrant le chemin, chassant (tout) démon et démone 
(d;yw-d;y-t) (loin) de sonchemin (m r?-wi-t-f). — Sa Majesté (= le roi d’Égypte) 
l’a muni (édfj-n é(w)) ^ des provisions et du gibier (m hw hn‘ hb) (qui sont) aux 
mains des (dieux) maîtres des aliments (nb-w dft-w). (Ces dieux sont) : Hâpi, le 
bon coureur (m gé nfr) : l’aiguière est dans son poing (kbh m hf'-f), et derrière 
lui la terre verdoie (’h-t ’hjh-tw m-ht-f); ém;-wr (= le Bouchis d’Erment), des 
mains de qui s’échappent les aliments d’offrande (shs htp-w m '• wi-f) Hesat 
aussi (îé), portant le lait (hdw) W; l’Échanson de Râ (wdpw n R') apportant le 
vin (ir-t-Hr wîd-t), et (ié) Mnk-t chargée de (6ière-)dér-t. Hd-htp accourt (m gé), 
(et) érk-t à côté de lui, portant le trésor des étoffes (nfrw n ntr-t). Ssmw marche 
(§;é), apportant l’huile de sacrifice, et l’Or des dieux est chargée des biens (qui 
viennent) de son maître. Le Sacrificateur s’avance (imnh r nmt-t-f), avec les com- 
pagnons du Mauvais ® dans son poing (smjy snty m hf'-f) ; Sekhet est derrière lui, 
portant canards (trp-w) et oies (r,’-w); Ssmw ^ vient, pour sacrifier la bête de sa- 
crifice (§m (h)r hnp hnp-wdM), pour saisir le (mouflon? -)i] ^ et le bouquetin 
(nijw). (Ces dieux) viennent tous (r dr-én) vers son siège de la Première fête, en ses 
(jours de) fête (hb-w-f) où l’on entre au ciel (p-t)( 8 >, afin de purifier (éw'b) son 


(1) «Les» représente la triade divine d’Edfou, protégée par les autres dieux. 

L’antécédent de sw est mnw (pn)nfr, c’est-à-dire : le temple d’Edfou. 

Littéralement : hors des mains» de qui courent les aliments (comme d’une corne d’abondance) : 
cf. Wb., III, 4 7 3, 9 . 

< 1 * * 4) Il convient de corriger le signe rd en la massue hd : cf. la ligne 12 , où le lait est cité à la 
suite du vxn . 

( 5) Une des périphrases fréquentes pour les bêtes de sacrifice. Le Mauvais — Seth. 
w Aspect plus rare du dieu du pressoir : il est aussi le sacrificateur des dieux. 

< 7 > CL Wb., V, 2 3 1 , 4. 

(S) La terrasse du temple. 

49. 


— «.( 388 >•*— 

chemin avec le ( vase à libation-) whm-'nh , (afin) de rendre pure sa route (twr) 
avec l’encens (dkr-ntr), (afin) de verser pour lui de l’eau au (bassin) « toujours 
plein d’eau» (mn-hr-nw-w) qui est dans le service royal d’offrandes (m hn-néw-t), 
avec le serment : «c’est pur!» (m 'nh : «xw w'b!»); (afin) de faire briller (de 
joie) son visage avec ce qui sort des champs (pr m * t) , (avec) tout ce qui pousse 
dans les prairies (§j*w), (et qui est) destiné à (r) (son) repas ('h'-hmé) de pain- 
bière qu’Horus et Thot ont purifié (?) (sw'b-n Hr hn c Dhwty) ; (afinfide rejouir 
son cœur avec le vin, de rajeunir son corps avec le lait! (Afin) de chasser sa pous- 
sière W (wh l hmw-f) , de revêtir ses membres de l’œuvre de Hd-htp (= les tissus 
consacrés), de voiler sa chair, de parer sa statue, de munir son idole du (voile-)mn\yt, 
d’enduire ses yeux du fard de sacrifice (md n ih*t-ntr}, d’oindre, son corps d’ (on- 
guent) parfumé (hknw), afin que ses narines respirent l’encens (ih-t) de l OEil- 
de-Râ, maîtresse des dieux, dame du Pays-de-dieu ! Afin de préparer (au feu) 
pour l’offrande (?) (r nwd r ir-t-Hr) l’huile (md) qui réjouit son cœur par son 
approche; afin de faire briller son visage avec la verdure (wjd) de Chemmis ! Afin 
qu’(Il ) mange (wnm) les oies posées sur les autels, et apaise son cœur avec (la chair de) 
l’ennemi de 1’ (OEil-)wàyt^ ! La (déesse) dévorante (Wnmy-t) W va se placer (îr 
é-t-é) devant lui, pour détruire ce qu’il a en haine (r dr hpt-î), pour apaiser sa faim W 
(r c hm nd ; -f ) avec les pièces (de viande) de l’image du Mauvais 6 ) (tî-t snty) ! Million(s) 
de ce qu’ils P) fournissent (îp-t-sn) ! Cent mille de ce qu’ils comptent (tnw-én) ! 
Myriades et milliers de ce qu’ils délivrent (héb-én) ! Centaines et dizaines de tout ce 
qu’ils recensent (rh-t-én) ! Ses aliments et (ceux) de son ennéade proviennent d’eux W : 
ils sont purs de souillure! Qu’il n’y ait pénurie (n fcd*t) ni disette (kn), et point de 
manque (nhw ié) et restriction (snn) ( qui soit) en eux ! — (Souhait au roi) (10) . 


(1) Expression spéciale aux rituels funéraires, rare dans le service divin. 

Hathor-Tefnout de Pwn-t, 

< * * * * S) La bête de sacrifice. 

<‘) La flamme de l’autel à feu, pendant le sacrifice. 

t‘> L’image d'éteindre {la soif) ne peut être conservée : il s’agit de pièces de viande {étp-w). 
<*> La bête de sacrifice. 

(’) «Ils» = les dieux qui créent les aliments, déjà énumérés plus haut. 

<•> Il s’agit toujours des mêmes dieux. 
m Les aliments créés par les dieux pour la fête. 
on Edfou, I, 554, i3, à 556, 3. 


• » ■ t > ■( 389 )*••*■*■* 


2. — LE CORTÈGE DAIMS L’ESCALIER DE L’EST, 

D’APRÈS LES BAS-RELIEFS DES PAROIS. 

La description poétique s’étend ainsi sur toute la longueur de l’escalier : 
elle court au-dessus des têtes des personnages, dieux et prêtres, qu’elle décrit. 
Le meilleur contrôle de son commentaire, c’est le double cortège de figures 
qui décorent les parois du chemin de la terrasse (‘L L’escalier est divisé en 
dix volées successives, construites sur plan rectangulaire W autour d’un pilier 
central de même forme. Neuf paliers intermédiaires s’intercalent, aux angles, 
entre ces portées. L’ensemble forme deux étages et demi; l’entrée (en bas) 
fait face à l’est, venant de la salle de l’autel ; la sortie (en haut) débouche 
vers le nord, sur la terrasse. Les seconde, sixième et dixième volées d’escalier, 
appuyées à l’est au mur qui clôt le temple, prennent jour à travers ce mur. 
Les deux premières sont éclairées chacune par deux soupiraux, taillés en 
biseau à travers la paroi de pierre, au-dessus des deux paliers d’angle. La 
plus élevée reçoit la lumière par un seul soupirail semblable, ménagé au-dessus 
du dernier palier intermédiaire (3) . La procession - entière, divisée par conven- 
tion décorative W en deux colonnes, apparaît telle qu’elle montait à la ter- 
rasse le jour de l’Ouverture de l’an. Des procédés conventionnels se rencontrent 
dans le choix des personnages : gravure de figures royales à la place de celles 
des prêtres du roi; représentation de divinités porteuses d’offrandes, selon 
la fiction du bandeau de frise ; présence des dieux eux-mêmes derrière les 
litières d’Horus et -d’Hathor, au lieu des prêtres qui, en réalité, portaient 
leurs tabernacles. Le nombre des figures a été arbitrairement arrêté en propor- 
tion de l’étendue des parois à décorer. La muraille extérieure de l’escalier W, 


O) Cf. plan général du temple : Edfou, pi. I. Détail de l’escalier est : Edfou, pl. XXXVIII a 

à XXXVIII ». 

Les côtés nord et sud mesurent deux coudées de plus que les faces est et ouest (îo coudées 

sur 8). 

(S) . Voir les faces intérieures des cinq soupiraux : pl. XXXVIII r, XXXVIII n, XXXVIII j, et les 
faces extérieures : pl. XCI (les tableaux voisins ont été gravés en tenant compte de l’existence 
préalable des soupiraux de l’escsdier). 

Cf. plus haut. 

(t) Il monte en tournant en sens inverse du mouvement des aiguilles d’une montre. 

Bibl. d’ Étude, t. XX. 5o 


•“-+*•( 390 )» m— 

plus longue (côté de la litière d’Horus), a reçu une figuration plus nom- 
breuse que celle du mur intérieur (côté de la litière d’Hathor). Toutes 
les images de porteurs d’offrandes ont été réunies sur. les parois extérieures. 
Cependant, d’une façon générale, chaque catégorie de personnages du cortège 
a été représentée dans l’ordre réel où ils suivaient la procession. Des légendes 
intercalées entre eux, selon la coutume constante des décorateurs, donnent 
des précisions sur chacun. Des textes plus développés, gravés aux parois des 
paliers ou sous les soupiraux, sont des extraits du cérémonial écrit de la fête. 

i° Les enseignes. — La tête du cortège, en haut de l’escalier, va déboucher 
sur la terrasse. Le roi d’Égypte lui-même, portant le manteau macédonien W, en 
laine, à bordure ornée d’entailles régulièrement espacées, figure en avant, sur la 
paroi orientale Un tel vêtement, contraire aux usages religieux égyptiens, ne 
pouvait être réellement porté dans un temple. La figure, cependant, n’est pas 
seulement ornementale. Elle symbolise le rôle primordial du roi dans le culte, 
de même que tous les « souhaits au roi » des inscriptions sont destinés à faire 
paraître le nom du monarque contemporain. Derrière lur, à droite, s’avancent 
treize (?) prêtres de haut rang W porteurs d 'enseignes sur leurs pavois, et, à 
gauche, quinze prêtres semblables. Les figures de la paroi de droite sont 
détruites à partir du dixième porteur ; les pieds seuls des onzième et douzième 
personnages sont conservés ( 4) . Au contraire, à gauche, les sept premières figures 
ont disparu, avec tout le haut du pilier central de l’escalier; la huitième est vi- 
sible encore en partie ( 5) , les autres sont intactes jusqu’à la quinzième. Grâce 
aux mêmes figures intactes dans l’escalier ouest, il est possible de retrouver 
les noms des divinités sur leurs pavois dont les figures sont détruites aujourd’hui 
dans l’escalier est. Elles sont disposées dans leur ensemble par ordre alterné, 
la première derrière le roi, du côté d’Horus; la seconde en tête de la file de 

(1) Ce manteau est représenté en Égypte, dès le début du ni' siècle av. J.-C., au tombeau de 
Pétosiris : cf. par exemple, G. Lefebvre, T. de Pétosiris, t. III, pl. XII, 1 " registre (en bas, à 
gauche). 

(’) Le même personnage se retrouve en tète de la procession descendante, au bas de l’escalier 
ouest, sur la paroi ouest (côté d’Horus) : cf. Edfou , pl. XXXVII a. 

w Et non quinze de chaque côté, comme dans la procession descendante. Les décorateurs ont 
du ménager la place des porteurs d’offrandes, tous du côté externe de l’escalier est. 

(*) Edfou , pl. XXXVIII k. 

< s > Edfou, pl. XXXVIII a. 


— •*■»•( 391 )«< » - ■ — 

gauche, du côté d’Hathor; la troisième au second rang, de nouveau à droite, 
et ainsi de suite (1) , sauf quelques irrégularités à partir de la treizième (2) * . 

Ainsi se reconstituent des groupes de deux divinités, qu’on a coutume 
d’honorer ensemble. Ce sont' 3 * : Oupouat-du-Sud et [Oupouat-du-Nord] ; Horus 
d’Edfou et [ Thot ] ; Horus-sur-son- (pilier-) w y , à et [Nefertoum]; Khnmm (?) et 
[Harsaphès (?)] ; Chou-fils-dc-Râ et [Tefnout] ; Khonsou et [V Ame-éternelle-du-roi 
(k;-'nh-néw-t) ] ; Apis et [ Mnévis ]; 1 ’Ogdoade (Hmn) et (Séchât (?) (és; • t)] ; 
Selchis et Celup-qui-est-dans-Out^ ; [Horus-qui-arbitra-le-combat-des-dcux-Égyptes 

(Hr wp r-t tî-wi) (?)] et Hâpi; [....... .] et Seped; [ ] et Cheser; 

[la première vache (divine) (hm-t tp*t) (?)] st la seconde vache (divine) parmi 
les enseignes (hm-t én-n-t m bknkn-w) ; la troisième vache ( divine ) et la qua- 
trième vache ( divine ) 

Les enseignes portées en tête de la procession étaient donc tantôt des sym- 
boles des grandes divinités elles-mêmes, tantôt des formes divines de second 
plan. Chacune d’entre elles est censée adresser à Horus une phrase d’accla- 
mation ou de bon augure W. Elles purifient la route, et chassent le mal loin 
du dieu : 

Horus d’ Edfou-grand-dieu-difr-ciel est sorti de son tabernacle pour monter ( jusqu a) 
son ciel ('îy-t-f ) , avec les grandes (divinités) de sa suite. Il illumine (hr di ésp), 

M Ainsi se retrouve encore le procédé d’alternance dans l’ordre des figures sur deux parois 
symétriques, si frappant dans toutes les parties du temple d’Edfou. 

(*) Le dieu Ssr, figuré au septième rang dans la file de droite de la procession descendante 
(cf. Edfou , pl. XXVII a), l’est seulement au douzième, et à gauche, dans la procession montante 
(cf. Edfou, pl. XXXVIII b : deux flèches croisées ). 

„ W Les noms des emblèmes détruits sont entre crochets. 

( 4 ) C’est le seul couple d’enseignes dont les images soient intactes toutes deux, dans 1 escalier est. 

w Edfou , I, 563, 5, à 564, 18 ; I, 556, 5, à 667 , 1 a ; Edfou , pl. XXXVIII/-4 et XXXVII a-h-c. 
Les trois dernières enseignes sont l’une derrière l’autre, sur la paroi interne de 1 escalier (côte 
d’Hathor). 

(«) Cf. par exemple, pour l’enseigne de Selchis (Edfou, I, 564, ii-ia) : J’ ouvre le chemin 
du ciel (s'rk-n-i wJ-t n hr-t) devant toi ; j'ouvre (ss-n-î) la porte de ton ciel (nw-t-k) ; va en paix 
vers [ ]. 

5g. 


il éclaire les ténèbres, il protège son âme (tir hw bî-f), le jour de V Ouverture de 
Van. Les images (divines) cachées de Mén(-t) « sont devant lui : elles détruisent Ven- 
nemi sur son passage! W Horus d’Edfou-grand-dieu-du-del [est sorti ( ? ) ] de [sa 
chapelle (?) pour monter jusqu’à son ciel (?); les enseignes (?)] chassent (tout) 
démon et démom (hr éhr djyw dîy-t) W sur son passage. Elles purifient sa route; 
elles rendent sûr son chemin; elles rendent pure [sa] voie (hr twr hr(-t)-(f)) ( * 1 * * 4 )l 

Les titres des prêtres porteurs d’enseignes se retrouvent dans l’escalier ouest. 
En général, dés deux côtés du temple, ces prêtres ont en mains la même figure 
divine. Cependant leurs titres n’ont pas de lien direct avec la divinité que cette 
figure représente, et semblent tous choisis par rapport au seul Horus d’Edfou®. 
Ils rappellent souvent quelques particularités de son culte W. Ils ne sont pas 
la propriété d’un seul prêtre, mais sont attribués à plusieurs à la fois W. 
Enfin aucun détail de costume ne différencie les porteurs d’enseignes munis 
de titres spéciaux. Ils sont vêtus de la même façon que tous les autres officiants 
dans la même cérémonie. Il s’agit donc là d’épithètes honorifiques en cours 
dans le clergé d’Edfou. Elles n’impliquent ni fonctions particulières dans le 
culte®, ni rang dans la hiérarchie générale des prêtres d’Ëgypte. Ceux qui 

~ J ' ' ' ■ ■ - 

(1) G est-à-dire : les enseigneSyfsstU-w) imn-vo n Msn(-t)). , 

(î) Edfou, I, 557, 153-1 à. 

^ Wb ,, V, 517, 11; 5 1 8 , 1. 

(4) Edfou, I, 564 , 17-18. Malgré le déterminatif du désert (dû, semble-t-il, à une confusion 
avec hr-t~ nécropole), et l’oubli du pronom ■/, le sens général rend préférable, après wl-t et 
mtn, de lire hr*t~ chemin. 

(5 > Ce sont les titres de : serviteur d’Horus du (dieu) d’Edfou (hm-Hr n Bhdti ); (Faucon-) 
gmhsw, et serviteur du Faucon (hm-gmksw) ; intendant du (dieu) d’Edfou (mr-Bhdtl). 

i° Importance de la «fiction royale» dans le culte d’Edfou : Chou-fik-de-Râ, donc le fils 
royal qm honore son père; V héritier (hsi-m-t), autre façon d’exprimer la même idée; (celui oui 
est) dans Pe, et : le grand de Pe, titres d’Horus de Bouto, le dieu-fils qui «venge son père» 
a» Importance de la légende des combats d’Horus : le harponneur (îîwty) ; le chasseur (d’hippo- 
potames) (msnty) ; lepiquier (wnp), 3 » Quelques titres sont moins particuliers au culte d’Horus : 
(celui qui est) à la tête (iri-hi*t) ; le modeleur du corps (du dieu) (nb à c ) ; Sa grâce (iml-tf), 

< > On retrouve des prêtres qui portent les mêmes titres dans d’autres groupes et à d’autres 
rangs de la même procession. Les porteurs d'enseignes eux-mêmes sont figurés, presque de 

bout en bout de leur groupe, par rangs de deux munis du même titre, mais tenant des enseignes 
différentes. * 0 

(,) Sauf pour le serviteur d’Horus, dans le service journalier. Cf. plus haut, t” partie. 


— «.( 393 )+*— 

les portent à la fête de l’Ouverture de l’an à Edfou sont probablement des 
prophètes et des pères-du-dieu. Ces noms témoignent seulement de l’intérêt 
porté par le clergé d’Edfou à ses traditions locales. 

2 0 Les porteurs d’offrandes. — Le second groupe dans la procession montante 
est celui des porteurs d’offrandes alimentaires. Quelques personnages, mêlés 
à eux, sont munis des éléments d’un service sommaire sé-mnft • t : les quatre 
tissus et les huiles canoniques. Les premiers parmi ces porteurs étaient, 
semble-t-il, au nombre de dix. Quatre d’entre eux ont disparu totalement de 
la paroi. D’après le bas de la légende du cinquième, celui-là portait bien, lui 
aussi, des aliments pour 1 offrande sur la terrasse. Les seconds sont au nombre 
de quatre, intercalés au centre du groupe. Les figures sont alternativement 
masculine et féminine ® : c’est une convention décorative fréquente, surtout 
au soubassement des parois. La véritable nature de ces figures ne se reconnaît 
pas aussitôt, car les attributs divins n’ont été gravés qu’au-dessus de la tête 
des deux derniers personnages M. Bien que ce soit, d’après la fiction courante 
de la formule, le roi régnant qui les envoie ®, cè sont des divinités et non des 
êtres humains que le décorateur a représentées, les mains chargées des offrandes 
de la fête ®. Les légendes gravées devant elles en font foi. Leurs noms corres- 
pondent à ceux des divinités citées par le bandeau de frise ® . Ce sont : Chesmou 

(1) Avec une exception probable, à la fin de la portion détruite (Edfou, pl. XXXVIII m), où 
deux personnages masculins se faisaient suite. 

(a> Le derni er de tous est, de plus, bien marqué par sa silhouette et son costume particulier. 

(5) Le Roi (^Ptolémêe Philométorj ^ vient par devant toi, ô Horus d’Edfou ; il t'amène 

(le dieu) Ssmw , (la déesse) Sh*t , etc . (Edfou, I, 565 , a-ù ; 7-9, etc.). 

{4) Les divinités sont également signalées, dans la convention de dessin des escaliers et de 
tout le temple, par le fait que leurs pieds sont nus. Les personnages humains sont chaussés de 
sandales. Il en va de même pour les personnages royaux. Ils sont pieds nus seulement lorsqu’il 
s’agit du prêtre du roi, qui participe à la nature des dieux dans toute cérémonie. 

(5) Par une coïncidence remarquable, les douze noms de divinités énoncés au bandeau de frise 
le sont exactement dans l’ordre inverse de la marche des personnages gravés sur la paroi ; du 
moins sûrement pour les six et vraisemblablement pour les sept premiers d’entre eux, les 
seuls conservés. Il est donc normal de considérer que le bandeau, composé après achèvement 
de la gravure de la muraille, nous donne aussi les noms des divinités détruites aujourd’hui, dans 
l’ordre exact où elles se succédaient. Les deux dernières figures : Sh*t et Whm-nh (munies de 
leurs symboles divins au-dessus de la tête) sont ajoutées à la liste du bandeau, qui débute avec la 
partie détruite et le premier personnage en avant de Sh t (H c py (?)). 


le sacrificateur divin, accompagné d’oryx, portant des pièces de viande de 
boucherie ; Sekhet la créatriee des oiseaux, des poissons et des fleurs ; le Sacri- 
ficateur, compagnon de Chesmou et tout semblable à lui : un bœuf prêt pour 
1 autel marche à ses côtés ; l’Or des dieux, surnom familier d’Hathor de Pwn-t, 
les mains chargées de deux coupes pleines d’aromates; le second Chesmou, 
maître des huiles parfumées : seul entre toutes les divinités de son groupe, il 
est représenté non avec la face humaine, mais avec la tête de lion, souvent 
sienne à l’époque récente W ; Selchis, compagne de Neith, les mains chargées 
des tissus rituels; Hedjhotpé (?)( 2 >, patron des tisserands des temples, qui 
remplit le même office. Venaient ensuite, semble-t-il, sur la partie détruite de 
la muraille : Menqet, la deesse de la bière; VÉchanson de Râ, portant le vin 
d’offrande ; Hesat, la vache céleste, nourrice des dieux; le taureau Botichis 
(ém’-wr) d’Erment, dispensateur (comme Apis et Mnévis à l’époque grecque) 
de tous les aliments, patron de la table d’autel ® ; enfin Iiâpi, le créateur des 
aliments par excellence : son image, citée en tête au bandeau, fermait la 
marche des douze premières divinités porteuses d’offrandes. Il en reste encore 
deux autres, conservées sur la muraille, à la hauteur du palier nord-est de l’es- 
calier. Elles doublent leur propre image, déjà gravée plus haut ; mais elles sont 
traitées d’une manière différente. C’est encore Sekhet, munie de son emblème, 
debout devant sa table d’offrandes à grand décor végétal; puis une autre 
image du Nil-Hapi, sous sa forme de 1 Eau-qui-renouve l le- la-vie (whm-'nh). Il 
est 1 inondation qui vient chaque année, à pas rapides, étendant son fiot, renou- 
velant la végétation pour (Horus) (n k;-k) «. Le dieu porte.sa table d’offrandes 
particulière, garnie de vases à libation couronnés de plantes fleuries, et ornée 
de longues tiges pendantes de lotus. 

Il est évident qu en réalité des prêtres portaient les offrandes de la fête. 
La fiction décorative de l’escalier déguise ce service trop humain, afin de mieux 


Cf. Wb., IV, 538, i, a* déterminatif cité pour l’époque grecque. 

( 1 C est lui que nomme à cette place le texte du bandeau de frise. 

(3) Cf. les quatre panneaux symétriques de la salle de l’autel, au temple d’Edfou : Bouchis, à 
corps humain et face de taureau , étendant les mains sur la table servie {Edfou, 1 , 47 a, 1 2 et suiv. ; 
pl. phot. 356), en compagnie d’Apis (pl. phot. 355), de Mnévis (pl. phot. 35 7 ) et d’ Igb-ivr, 
le Bélier de Mendès, tous dans la même attitude que lui (pl. phot. 358) 

Edfou, I, 56 7 , la. 


-—+■*•( 395 )■**• — 

correspondre aux paroles du rituel suivi par les officiants. Le dieu Chesmou 
à tête de lion pourrait être considéré comme un porteur muni du masque de 
la divinité. Des exemples sûrs de prêtres masqués semblables existent au 
temple de Dendéra h). 

3° Le clergé d'Edfou . — Le troisième groupe du cortège est celui des prêtres 
du plus haut rang dans le clergé d’Edfou. Il débute par les hiérogrammates. 
Deux seulement sont figurés dans l’escalier est; on les retrouve semblables 
a 1 ouest. Ce sont, à droite, le grand cérémoniaire en chef d’Edfou (hri-hb-t 
hri-tp wr n Wts-t), grand premier hiérogrammate du Grand siège W (ss hrî-tp 
wr n mdM-ntr n S-t-wr-t), et, à gauche (c’est-à-dire derrière lui), le second 
hiérogrammate du temple, qui porte le titre d ’im’, Wn ( ? ) au Trône des 
dieux®. Il est comparé à Thot, qui garde l’Égypte. Dans l’escalier ouest, les 
cérémoniaires descendent aux second et troisième rangs du groupe ; ils sont 
appelés seulement hiérogrammates, et le premier porte le titre honorifique 
d’intendant du (dieu) d’Edfou. Ils portent à deux mains, à la hauteur de leur 
visage, les formules divines secrètes de l’entrée au toit du temple®, la tablette 
d argent et d or, où sont gravés les versets du service divin. Devant le premier 
d entre eux, sous la fenêtre, est inscrite en neuf colonnes la prière lue à l’en- 
trée de l’escalier de la terrasse Les deux cérémoniaires représentent ici tous 
ceux de leur ordre — ils étaient certainement plus nombreux — qui partici- 
paient à la fête, pour lire l’office et chanter les hymnes ®. 

Derrière eux viennent deux prêtres chargés du secret (hri-ést;), et grands 
purs (w b î) au temple d’Edfou. Ils sont figurés l’un derrière l’autre à l’est, 

(l) Cf., par exemple, le prêtre d’Osiris portant le masque d’Anubis ou d’Ophoïs (Mariette, 
Dendéra, IV, pl. 3i : angle inférieur gauche de la planche). La tête de l’homme est gravée à 
l’intérieur du masque ; le prêtre domine ainsi, par sa taille, tous les autres personnages du 
cortège. Dans la procession du Nouvel-an à Dendéra (escalier descendant), non seulement le 
porteur figurant Chesmou, mais encore ceux qui tiennent la place de Hesat, de l’Apis et du 
Mnévis, en portent peut-être les masques (Mariette, Dendéra, IV, pl. 5 et 1 4 ; 6 et 1 6 ; 7 et 
1 6-1 7 ). 

(*) Nom sacré d’Edfou. Pour im > , Wn, tîf. Edfou, I, 55 7 , 1 6-1 7 : & I T 1 , + 1 É “L 

<*> Edfou, I, 56 7 , 19 . 

Edfou , pl. XXXVIII ». Cf. plus loin. 

(6) Cf. plus haut ( 1 r * partie) : les hiérogrammates à la salle de Tennéade, pendant les fêtes du 
service régulier . 


— • ♦> «( 396 )» < >■■- 

l’un à côté de l’autre à l’ouest, au gré des nécessités décoratives. Chacun 
d’eux porte dans chaque main un très petit coffret, sculpté en forme de cha- 
pelle. Ces coffrets contiennent les linges rituels de présentation, et les amu- 
lettes protectrices qu’on offrait en collier au dieu^. La présence de ces 
grands purs équivaut à celle de tous les prêtres du même rang, à Edfou, qui 
venaient de participer aux rites de la toilette , le jour de la fête du Nouvel- 
an : 




(Ce sont ) les chargés du secret qui se trouvent dans le Trône des dieux, les grands 

purs au Siège des deux dieux qui se trouvent dans Mén(-t) ; (le roi d’ Égypte) 

t’amène les grands chargés du secret de ta cité ( sacrée ) ( 3 ), etc. 


Un groupe de quatre prêtres accompagne les deux stolistes, dans l’escalier 
est. Ceux-là agitent le sistre de la main droite. Dans la gauche, chacun d’eux 
porte une coupe (') pleine de pierres fines — lapis (et turquoise?) — et de 
petits lingots d’argent et d’or W. Ce sont en réalité tous les prêtres de haut 
rang : prophètes, pères-du-dieu, les vénérables, les grands, les saints W, les grands 
purs, les chapelains, qui parcourent (en procession ) le temple (hné h-t), qui s’a- 
vancent en pureté, en grande sainteté, au moment oh le dieu se lève W . Ceux-là 
forment un groupe d’honneur ; ils ouvrent le chemin aux supérieurs du temple, 
qui marchent derrière eux. Quelques-uns sont figurés en leur place, mais avec 
des titres honorifiques plus précis, sur les parois de l’escalier ouest : un 


(,) Ces deux images de prêtres porteurs d’étoffes consacrées font double emploi avec les deux 
figures divines : Selchis et Hedjhotpé , qui les précèdent. Elles en sont la réplique, sous forme 
humaine conforme à la réalité. Donc, dans une cérémonie qui ne comporte pas d 'habillage réel 
(puisqu’il vient d’être célébré en grand détail, en bas, au lieu-pur), on ne conçoit pas d’offrande 
alimentaire solennelle sans présentation des tissus, amulettes et huiles, c’est-à-dire une toilette 
divine abrégée. 

(î) Nous venons de constater, en étudiant le cérémonial de la grande toilette divine (qui s’est 
déroulée dans w'è(-t)), qu’un grand nombre de stolistes était nécessaires pour servir à la fois 
toutes les images divines de l’ennéade. 

« Edfou, I, 558, a, 8. 

Edfou, I, 56g, î, 3. 

< 5 > Cf. Wb„ II, 364, ai : ntrj-vo. 

(•> Edfou, I, 568, io-i 2 . 


I 


397 )•«— 

jils du Seigneur (du temple) (si Hkl) W, un héritier (bri-né-t) à droite ; à 
gauche, un serviteur du Faucon (hm-gmhéw) W. Ils portent, semble-t-il, des 
vases à huile parfumée. Enfin un prêtre au titre bien connu figure seulement 
dans la procession descendante. Il montait certainement aussi l’escalier coudé 
du temple : c’est le sem, aux mains habiles, aux doigts purs, en (son) rôle de 
faire vivre le rite (m îrw n mé hs) (3 >. Il tient l’encensoir et le vase à libation.. 
C’est probablement lui qui jouait le rôle principal, au moment de la halte 
de la procession devant le smî(-f) d’Osiris W. 

Au dernier rang, le plus proche des litières divines, s’avançaient alors les 
personnages les plus considérables du clergé d’Edfou : le prince-en-second au 
« temple d’Edfou », qui voit le dieu dans Pe (h;ti-' m-ht hnt h-t-Hr-nht, m” ntr 
m P), et le grand-prince au « temple d’Edfou », qui voit les ( choses ) cachées dans le 
Grand siège (h?tî(-') wr hnt (h-t-)Wr-nht, hf imn-w hnt é-t-wr-t) ( 5) . Le premier 
porte l’eau consacrée, en deux vases snb-t et kbhvo; le second brûle de l’encens 
sur l’encensoir. Ils figurent, dans la même attitude, au mur de l’escalier 
ouest ( 6 ), où leurs noms ont été omis par le graveur. Derrière eux viennent les 
directeurs de tous les prêtres locaux : le prince, second directeur des prophètes 
d’Edfou, qui voit (la beauté de) Ceux-qui-sont-dans-(le temple ) (hjtî- c , mr hm-w-ntr 
én-nw n é-t-wr-t, m” nfrw n ’Iini-w-Blid-t), et le prince, premier Directeur des 
prophètes d’Edfou, qui accède à l’image de Ceux-qui-sont-dans-(le temple) (hiti-', 
mr hm-w-ntr tpy n Mén(-t), 'k ést; n ’Imi-w-Wts(-t))W. Tout semblables par 
leur attitude à ceux qui les précèdent, ils descendent aussi l’escalier ouest. Le 
second porte son titre inchangé ; le premier s’y nomme : le second prince de Ceux- 
q ui-son l-dans-Mén (• t ) W. Leur légende terminale les désigne comme les directeurs 


W Le titre équivaut à celui de Chou-fils-de-Râ , porté par plusieurs prêtres dans le cortège du 
Jour de l’an. Horus d’Edfou porte parfois ce titre de Seigneur ( Hkl ), dans les inscriptions de 
son temple. 

W Edfou i, I, 5Ao, 6 - 7 ; 5AA, 9 . 

(’> Edfou , I, 5Ao, A. 

Cf. plus bas. 

(8) Edfou, I, 558, i3 et i5. Le «temple d’Edfou» = le château d’Horus-victorieux, (le 
château du) Grand- victorieux. 

W Edfou, pi. XXXVII e. 

Edfou , I, 569, 11 et iA. 

(8) Edfou, I, 5Ao, 8 - 9 . Msn(ft) » le temple, comme plus haut Bhd t et Wts(-t). 


—+*>( 398 >m— . 

des prophètes. Un texte énumère, après leur titre de fonction, tous leurs quali- 
ficatifs honorifiques. Ils portent, entre autres, ceux de chapelains (hnty-w sh) 
du Siège-des-deux-dieux , et de vénérables (§pé*w), occupants de la première place 
(hnty-w é-t) W devant le Maître de Mén(-t) ( 2 ). 

Ils entrent en la demeure du Seigneur (pr-Hkj)W, au temps de (tp tr n) 
la fête-SedW ; ils partent (en procession }, portant des bouquets de ( frondes de) 
palmier et de balanite (êtl hr ‘nh n imj iëd) (*) ; ils montent au ciel ('iy-t)t 6 ) au 
jour de V Ouverture de l'an , (à) jamais ((m) 'b-nijw = nhh), sans cesse ! ^ 

Un dernier détail a son importance : on précise une fois de plus pour eux 
ce qui concerne, aux bas-reliefs de l’escalier oriental, tout le groupe des 
prêtres de haut rang (*) : 

Ils sont vêtus du costume d’entrée en présence du dieu (St n ‘k hr ntr) ; c'est (l’image 
de) Maât qui est à leur collier ^ . 

4° Le « roi » et les armes divines. — Le groupe qui vient ensuite précède 
immédiatement les images des dieux dans leurs litières, quand la procession 
monte vers le toit; au contraire, il en est séparé par les prêtres de haut 
rang, quand elle descend, Ses variantes sont nombreuses, sur les quatre 
parois où on le rencontre. C’est que la part de convention décorative est 



‘*> Cf. Wb., III, 3o5, 3. 

( * } Edfou , I, 569 , 7 et 8 . 

{3) Un des multiples noms sacrés du temple d’Edfou. 

(4) Hb-sd : un des noms de la fête de V Ouverture de Van . 

(6) Cf. Wb., IV, 354, i-3. Ce détail intéressant, connu par d’autres documents, n’est pas re- 
produit aux bas-reliefs de la fête, à Edfou. 

(8) La terrasse du temple. 

{7) Edfou, I, 669 , 9 - 10 . 

« Edfou, pl. XXXVIII n, 0* 

^ Edfou , I, 570 , 1 - 2 . Cf. Wb., IV, 558, i3. Voir plus haut. 



grande pour lui. Lés personnages réels qui le composent sont : i° L’officiant 
principal devant l’image d’Horus, c’est-à-dire le roi. 2 0 Les deux porte-en- 
seigne, tenant les armes divines d’Horus. L’un annonce la proximité de la 
litière du dieu d’Edfou; l’autre, celle de la litière d’HathorW. Les décora- 
teurs ont choisi deux façons différentes de représenter les porte-enseigne.. 
Tantôt ils leur ont placé l’arme du, dieu en main, et donné l’apparence d’un 
personnage royal : l 'héritier du trône, associé au règne de son père. Tantôt 
ils ont dédoublé ce motif en deux personnages distincts : un prêtre, réel 
porte-enseigne, et derrière lui une figure symbolique de roi, coiffé de la 
•couronne de Haute ou de Basse Égypte^. 

. Cette différence de traitement n’est pas sans motif symbolique. C’est à 
l’orient du temple, avant la cérémonie sur la terrasse, qu’on trouve la figure 
du roi «héritier», portant lui-même l’arme du dieu. Devant Horus, il a le. 
casque royal en tête, et devant Hathor le serre-tête de lin royal nmé. Des 
deux côtés, le disque solaire à la double uraeus, son «âme», plane au-dessus 
de lui. Le personnage, en réalité un prêtre tenant lieu du roi, participait en 
théorie à la nature royale et à celle d’Horus, à la fois. Or à ce moment de la 
cérémonie Horus est le dieu renaissant : c’est Harsomtous fils de Râ, qui va 
se joindre à son âme et s’identifier avec son père. Il est le jeune Horus, le 
parfait héritier du vaillant-Harponneur, Y héritier du trône du dieu (?) justifié^. 
C’est donc aussi un roi héritier, un roi guerrier, qui porte le «saint bâton» 
d’Horus d’Edfou, la puissante massue (hd wr) de T Horus des Horus, (quand) le 
roi entre au toit du temple pour abattre l’Ennemi M. 

Devant la litière d’Hathor, l’autre porte-enseigne tient, non pas l’épieu 
êgmh, comme on pourrait s’y attendre, mais le saint bâton de Khonsou d’Edfou, 
qui ne le quitte pas dans la chapelle de la Jambe. L’explication en est donnée par 
cette apostrophe au porteur de l’arme, dans son rôle d’image d’Horus : 


<" Edfou, pl. XXXVIII o, et XXXVIII «. 

<*> Edfou, pl. XXXV II A (dernier personnage à gauche, en bas), et Edfou, XXXVII e (premier 
personnage à droite, en haut). 

< s > Edfou, I, 55 9 , 3-4. 

Edfou, I, 570, 7-8. ^"-rTr^ 

- 

(BORDEAUX) 

Wr# 


Ce tien bâton est puissant par ta puissance « (mdwk nn wér m wér-k) : c'est ta 

massue, qui détruit tes ennemis! Quand ton poing la saisit, tout recule : il nu a 
plus de mal sur ta route W. 3 

Au contraire à l’occident du temple, après la cérémonie du toit, il n’y a plus 
de dieu successeur, mais un dieu-roi triomphant, Horus-Râ, régnant sur 
1 univers et la terre des humains. Son image fictive, le roi d’Égypte, marche 
donc pacifiquement, avec les couronnes du Nord et du Sud. Il ne tient plus 
lui-même le symbole guerrier, mais le sceptre wîi ou l’attribut nh : ce sont 
les insignes des dieux-rois. Les combats pour la prise du pouvoir sont finis. 
G est alors un prêtre, muni du titre honorifique de harponneur (frwti) d’Horus, 
qui porte en souvenir l’emblème guerrier du (dieu) d’Edfou W. 

Quant au prêtre du roi de la fête du Nouvel an, il monte à la terrasse im- 
médiatement devant la litière des grandes divinités. C’était, en frit, celle 
d’Horus seulement, car la litière d’Hathor ne pouvait monter de front avec 
elle dans l’escalier rectangulaire M. Il brûle de l’encens devant le dieu, la 
tête tournée vers les statues divines. Quand il descend l’escalier de l’ouest, 

1 encensoir a passé dans sa main gauche. Le corps entier tourné vers 1 arrière,’ 

il agite le sistre de la mam droite vers Horus et Hathor, qui suivent au delà 
du groupe des. prêtres W. 

Un dernier personnage, fictif celui-là, comme il l’est en général dans toutes 
.les scenes où on le rencontre à côté du premier officiant, est celui de la reine 
Egypte. Elle est représentée, trois fois sur quatre, aux parois des escaliers 


tK , Kb ° nS0U d ’f df °"’ c ’ est donc aussi Horus d’Edfou, dieu renouvelé. Par ailleurs, Hathor 
et Khonsou ont des affinités symboliques étroites, dans la théologie locale : Hathor est adorée 

dam ’’ a ' riir ' chape "' de <IU ‘ porte ,e no " dW »”“ 

™ Edfou, 1, 559,5-7. 

XXXVrfZ’ /’ 5 'i 4 ’ ï 6t 3 (<<CÔté d,Hath ° r>> )- Du <<côté d’Horus» (Edfou, pl. XXXVII a, et 
7, , j 16 Prétre , har P»nncur tenant l’enseigne de Khonsou d’Edfou n’a pas été représenté. 

üZikiT SUr r™ face qU i Ü aurait dÙ 1>être ’ p0Ur corres P on di'e à l’ordonnance 
plus stricte, commentée par des textes plus développés, qu’on trouve dans l’autre escalier. 

■ 1 J ut. plus haut. 

Zÿssiï e!t r ' pr “ par ““ p,i “ ™ >* — « * - « 


401 ) 

du temple d’Edfou W. Son attitude est calquée sur celle du «roi» de la céré- 
monie, dont elle est le doublet théorique. Le prêtre du roi agit au nom du 
couple royal régnant, ce qui donne droit aux décorateurs des temples de 
figurer ce couple au complet dans les services de fête ( 2 b 

5° Les litières divines. — Viennent ensuite les litières divines. Le taber- 
nacle d’Horus montait d’abord, celui d’Hathor ensuite, portés chacun par 
deux porteurs. Dans ce long corridor descendant en pente douce que formait 
l’escalier ouest, deux porteurs supplémentaires, l’un en avant, l’autre en. 
arriéré, aidaient les deux premiers. Ils tenaient chacun à deux mains une 
courroie qui passait sur l’épaule de leur camarade d’attelage ( 3 h 
Ce sont les «amis (royaux)» (émr-w), 


iîtnJ=,T;“r?; 


1 1 *[73 




portant le puissant Râ, se plaçant sous V image du dieu Le Disque- 

ailé monte au ciel ( c 'y-t) W sur leurs mains à V intérieur du «socle d’or» qui 
sort (en procession) (pr r-rw-t), chargé du dieu dans son tabernacle , en ses fêtes, 
autant quil y en a^K 

Deux petits textes exhortent pieusement les porteurs. Ils rappellent ceux 
de l’entrée au lieu-pur, et plus encore ceux qui encouragent les porteurs des 


(i> Son absence dans l’escalier est, du côté d’Hathor (Edfou, pl. XXXVIII e), est un indice 
de son caractère secondaire. Les décorateurs, qui devaient de ce côté réduire, sur une paroi 
plus courte, le nombre des figures, ont simplement supprimé celle-là. 

(а) La reine, dans l’escalier est, tourne la tête en arrière, du même geste que le prêtre royal. 
Dans l’escalier ouest, comme lui, elle fait entièrement face vers l’arrière. Son costume est le 
costume conventionnel des divinités hathoriennes. 

« Edfou, pl. XXXVIII 0 et e; XXXVII b et a. 

(4) La terrasse du temple. 

(б) Edfou, I, 5 7 1 , 5 - 7 . Ce passage fait clairement comprendre que la litière (s n si- ud) contient 
un tabernacle, dans lequel est enfermée la statue divine. 

BibL à* Etude, t. XX. 


-~w( 402 )•«— 

grandes barques-litières d’Horus et d’Hathor, quand elles débouchent dans 
la salle hypostyle du temple d’Edfou : 

O porteurs qui portez le (dieu) d’Edfou , pères-du-dieu qui tenez haut Harakhthès, 
Serviteur (s)-du-gmhéw du Faucon de l’Or, Serviteur (s)-d’Horus du dieu hon, puis- 
sants Héritiers dans le Château d’Horus, grands Horus de Pe qui êtes dans la 
grande Pe! Soyez attentifs (ip ib-tn) à (hr=r) porter l’Oiseau de proie (drty) : 
voyez, c est Râsur terre ! Affermissez vos bras, assurez' vos pas en faisant progresser 
sa marche (m rdi hlw hr nmt-t-f) M. Voy(ez) : il se lève pour présager le bonheur 
(r ér nfrw), pour donner vie à l’Égypte (r wd ,'nh n Ti-Mri)! ( 2 ) 

is-îS'-»jg;inîi^:S:n/r4?i^c , j, , .î5ï;fcr:z;!p; 

/*V*WV**\ f» W»¥V\ ^ A 

O porteurs qui portez la Vénérable et Puissante (Spé-t-wér-t), prophètes de la 
grande Hathor, prophète(s)-de-Haute-Égypte (hm-w-ntr Sm') de la Maîtresse de 
Dendéra (Nb-t ’l-di(-t)), qui tenez haut la Céleste (Nb-t p-t), à jamais (r'-nb) ; 
joueurs de sistre de l’uraeus (du diadème) de Râ, Agréable(s)-à-sa-Majesté de la 
Maîtresse de Dendéra (’lwn-t) ! Soyez attentifs (îp ïb-tn) a porter la Grande; assurez 
(vos) pas (tîti tb-ti), protégez (votre) marche (si nmt-t)! Voy(ez), (c’est) l’OEil-de- 
Ra (qui) est sur votre épaule, (et) tous les dieux l ont en respect! Mettez sa majesté 
en vos cœurs, (et) remplissez votre sein de sa crainte (sdf; h-t-tn m hr-t-é) ! W 

Les scènes de porteurs et litières de l’escalier ouest n’ajoutent rien à notre 
connaissance du rite, si ce n’est le nom des divinités que figurent les prêtres 


<’» La correction s’impose, d’après le texte parallèle de la salle, hypostyle. Pour la locution, 
voir Edfou, II, 34, 17 , à 35, 1 ; Edfou, VI, n4, 2 . 

{, ‘ Edfou, I, 571 , 8-1 1 (comparer le texte parallèle : Edfou, II, 34, i5, à 35, 2 ). 

(5) Edfou, I, 56o, 2-5 (comparer le texte parallèle : Edfou, II, 64, 5-8). 


*->•( 40â )- 4 w 

attelés à leur saint fardeau. Ce sont les Quatre fils d’Horus de la légende 
osirienne : Amset et Douamoutef, Hapi et Qebehserwuf. Ce sont aussi les fils de 
Khentenirty. Seul de ceux-là, le nom de Hk>, : le Seigneur, a été conservé sur 
la paroi (1) . 

6° Les images divines derrière les litières. — Le sixième et dernier groupe 
est celui des dieux de l’ennéade d’Edfou. Ce sont toutes les divinités adorees 
dans le temple, presque toutes munies du titre de grande divinité dans Edfou, 
ou parèdre dans Edfou. Elles forment la cour divine (§nw-t) du dieu-roi et de 
sa compagne inséparable. Les décorateurs, ici encore, ont dû faire un choix. 
Dans l’escalier de l’est, où la place était la moins mesurée, les dieux sont 
représentés sous forme humaine, à face humaine ou animale. Dans celui 
de l’ouest, ils le sont symboliquement, et du même coup d’une façon plus 
proche de la réalité, par neuf petits tabernacles portés chacun par un prêtre 
Un nombre égal de tabernacles et de porteurs ornaient probablement la paroi 
orientale de cet escalier, aujourd’hui détruite W. Le cortège divin de la mu- 
raille externe de l’escalier est comprend 2 à figures, et celui de la muraille 
interne, i5 : au total, 3g images divines. Il semble exister comme toujours 
à Edfou, sinon un ordre strict entre elles par classement alterne, du moins 
une correspondance des figures qui se font vis-à-vis, soit individuellement, 
soit par petits groupes. La proportion des formes locales de dieux faucons 
parèdres au temple d’Edfou est ce qui frappe le plus dans cette liste. 

a) Les maîtres du temple. — 1 . Râ d’Edfou, le (dieufau-plumage-moucheté, 
le saint gmhéw qui se complaît en Maât, qui porte le flabellum (c est le membre de 
son ennemi), le dieu ithyphallique (hs'-sn m F-nhf) ^ . G est la plus haute 
en dignité parmi les personnes du dieu d Edfou. Son idole, deposee en 
ce moment même dans le tabernacle de la litière, est sûrement désignée 


(1) Edfou, I, 54o, i4. 

(»> Dans la cérémonie réelle, la vérité était évidemment intermédiaire entre ces deux solutions 
décoratives. Les images divines étaient portées dans des tabernacles aux mains des prêtres. 
Leur nombre, qui nous reste inconnu, était supérieur à 18 . 

P) Cf. Edfou, pl. XXXVII e, raccord d. Ces deux groupes probables de tabernacles représen- 
taient la grande et la petite ennéade. 

<*> Edfou, I, 571 , i4-i5. 

5i . 


• ■ n »( 404 )♦» — 

par ces périphrases . 2 . Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel est en tête de l’autre file : 
c’est le Faucon de l’Or, fils d’Osiris, le grand prince héritier des dieux, le puissant 
créateur de Vennéade®. C’est la seconde personne du dieu d’Edfoü, qui est un 
dieu double ( nlr-voi ) en une seule essence. A lui est particulièrement dédiée 
toute la partie de la fête du Nouvel an qui précède le toucher du soleil, ainsi 
qu’à : 3 . Horus d’ Edfou-grand-dieu-du-ciel, (le dieu)-au-plumage-moucheté, qui 
sort de V Horizon, la sainte-image dans le Grande siège, qui se lève hors du Noun 
sur les mains des deux Sœurs, et s’envole au ciel en (la personne de) Khépri 
4 . Hathor de Dendéra, l’OEil de Râ, parèdre à Edfou, la maîtresse des hommes, la 
puissante, la lumineuse et 5 . Hathor de Dendéra, l’Œil de Râ, parèdre à Edfou, 
l’uraeus du diadème, qui répand la lumière (é§p hddw't), l’Or des dieux, l’Argent 
des déesses, le Lapis qui est dans l’ennéade ® : c’est l’image d’Hathor, qui mon- 
tait à ce moment l’escalier derrière celle d’Horus. 6. Horus d’Edfou de Mén(*t), 
grand dieu dans (Edfou-) Vits(-t), qui se déchaîne (sur) l’ennemi (knd (r) î’d), 
(le dieu) aux puissants harpons (?) (éhm (?)), qui saisit l’épieu ('l)b), 

repousse l’Ennemi, attaque le Lâche (hmty) dans sa fuite (m w'y-f)^. C’est une 
première forme d’Horus guerrier et combattant, qui en précède plusieurs 
autres. C’est le dieu de Mên(’t)-du-Sud, c’est-à-dire du temple d’Edfou même, 
considéré comme la réplique du sanctuaire du delta. 7. Horus d’ Edfou-grand- 
dieu-du-ciel, (le dieu) au beau visage (qui plane) au-dessus de son Grand siège, 
dieu vénérable qui apparut en tête des dieux, le (Faucon-)snhtl à la puissante 
( couronne- )èw-ti La personne d’Horus d’Edfou considérée ici est celle 

du créateur, le plus ancien de tous les dieux, qui a façonné l’univers 
8. Horus d’Edfou maître de Mén(-t), celui qui est dans Pe et Mén(-t), grand dieu 
dans (Edfou-) Wts(-t)-Hr: le disque-ailé divin dans la province de la Pointe d’ Orient, 
qui étend ses ailes en protégeant le Nord de l’Égypte C’est le dieu de Tlrw- Silé 

_ -a. — . - _ — . 

Edfou , I, 56 o, 8-9. 

w Edfou , I, 571, 17-18. 

W Edfou , I, 56 o, 10. 

(4) Edfou , I, 672, 1-2. 

(*> Edfou , I, 56 o, 12-1 3 . 

« Edfou, I, 5 7 i, 3 - 4 . 

( 7 > Cf. plus loin : fête du Couronnement ( 5 e partie) : commémoration de la création du monde 
par Horus. 

W Edfou, I, 56 o, 16-17. 


dans l’est du delta, Mén(-t)-du-Nord dont le culte était lié à celui d’Edfou, 
à l’intérieur de la confrérie d’Horus®. 9. Harsomtous, grand dieu parèdre à 
Dendéra, dieu divin dans le Château pur, fils de la terre (sj-t>) ( 2 >, qui protège son 
siège dans (la barque-) M'nd-t< 1 * 3 4 L C’est l’Harsomtous de Hl-di, sur la rive du 
Nil opposée à celle de Dendéra W. Il est placé ici avant même l’Harsomtous 
d’Edfou, dont il était la forme originale. 1*0. Le grand Ihy-fils-d’ Hathor, grand 
dieu parèdre à Edfou, à la parure brillante comme (celle de) Râ, fils d’ (Har)dkhthès, 
héritier du Maître de l’univers, qui occupe le trône en roi légitime (m m’.-hrw) ( 5 L 
11. Horus d’Edfou-qui-massacre-les-peuples-étrangers (ém;-f hîé-w-t), le grand 
dieu qui dompte ses adversaires W : forme de l’Horus dynastique, protecteur 
du roi d’Égypte contre ses ennemis. 1 2. Khentet-iabet dans la Pointe d Orient : 
c’est Isis qui protège son fils dans Silé®. Cette forme d’Isis-Hathor apparaît 
dans l’escalier aussitôt après Hathor de Dendéra, la grande déesse d’Edfou : 
elle le doit à l’importance du culte de Silé dans Mén(-t)-du-Sud. i 3 . Har- 
somtous grand dieu parèdre à Edfou, le saint enfant fils d’Hathor, l’image de son 
père Atoum, le fils vénérable (éfy Spé) de Râ-Harakhthès C’est cette fois la 
forme locale d’Harsomtous-l’Enfant au temple d’Edfou. 1 4 . Hathor de Dendéra- 
le-(Collier-) mni-t, l’OEil-de-Râ, parèdre à Edfou®. C’est une forme de la grande 
déesse, sous le nom très particulier d’une de ses idoles favorites aux temples 
de Dendéra et d’Edfou ( 10 L Elle s’identifiait ainsi avec le collier sacré lui- 
même. Telles sont les personnes divines appartenant à la triade d’Edfou. 

b) L’ennéade proprement dite. — Elle débute par le groupe des divinités 
osiriennes : 1 5 . Osiris-(le pilier-) iwn, grand dieu parèdre à Edfou, héritier de 


(1) Cf. plus loin, fête de la Victoire (6 e partie). 

W Dieu du lieu saint à son origine, souvent représenté sous l’apparence d’un serpent, 
mais montré ici avec la tête de faucon habituelle pour Harsomtous. 

w Edfou , I, 672, 5 - 6 . 

(4) Voir plus haut, 2* partie : calendrier des fêtes du temple de Dendéra. 

(5) Edfou, I, 56 1, 1-2. 

- W Edfou, I, 572, 7. 

( ? ) Edfou, I, 56 1, 3 - 4 . 

W Edfou, I, 572, 11-12. 

« Edfou , I, 672, i 3 . 

( 10) Mariette, Dendéra, III, pl. 43 , q . 

Bibl. d 9 Étude, t. XX. 5a 


->- «•* * ( 406 )«t * — 

Geb aux temples de tous les dieux, (le dieu) que suit la grande ennéade W . 16. La 
grande Isis, la Lumineuse d’Edfou, la Maîtresse (hkl-t) dans (Edfou-)Nfts( 4 y 
Hr ( 2 ). i y, Nephthys, la Soeur du dieu dans (Edfou - ) Wt s ( ■ t ) -H r , la bonne maîtresse 
à la butte-sanctuaire (ij*t) d’Osiris®. 

Les deux parois nord et sud de cette partie de l’escalier ont alors été 
complétées ainsi : 18. Nekhbet, la Blanche de Nelchen, (la déesse) qui tend le bras 
(jw-t-'), la Maîtresse de F'g W; (la Déesse-)au-plumage-moucheté, (qui réside) au 
siège ( s ■ t ) du (Dieu-)au-plumage-moucheté ; la Belle ( n*t) dans Edfou , qui est au 
front (m wp-t) de Râ; (la déesse) qui lie (ensemble) les (peuples des neuf) arcs 
(dmM-pd-w-t) W, (et) qui protège le Faucon de l’Or ® ; 19. Horus d’Edfou-k- 
grand-dieu-qui-égorge-l’ ennemi (émi ébi), le Seigneûr qui massacre ks peupks 
étrangers (ity émi-n-f h’é-w-t) Cette forme est complémentaire de celle qui 
occupe le n° 1 1 de notre liste. Sur les quatre peuples traditionnels des quatre 
points cardinaux, les deux premiers sont cités, à propos du premier Horus 
Çim-w du nord, nhéy-w du sud), et les deux derniers à propos de celui-ci 
(îwntî-w de l’est, lmh-w de l’ouest). 20. Min-k Roi®, Horus puissant, grand 
dieu parfait (mnh) qui est dans (Edfou-) Wts( 4 )-Hr. ai. Khonsou k grand dieu, 
parèdre à Edfou . Ces deux dernières divinités sont parmi les compagnons 
les plus honorés de l’Horus d’Edfou : comme Osiris, elles possèdent chacune 
un sanctuaire particulier dans le temple. 

Les parois est et ouest de la seconde portée de 1 escalier oriental sont 
ainsi décorées : 2 2 . Horus d’Edfou au centre de l’Horizon qui est dans Pr-wr, qui 
repousse ks ténèbres et apparaît dans l’Orient; qui traverse 1 e ciel, à jamais, sans 


(,) Edfou, I, 572, 16-17. 
m Edfou, I, 5 7 3 , 1. 

« Edfou, I, 5 7 3 , 3 . 

l 4) Cf. Gauthier, D. G., II, 160. C’était plus probablement le sanctuaire de Nekhbet à Esna. 
« Cf. Wb„ V, 452 , 1. 

(•) Edfou, I, 5 7 3 , 5 - 6 . 

Edfou, I, 573, 7 . 

(*) C’est l’épithète la plus souvent appliquée à Min d’Edfou. Cf. les textes de la chapelle de 
Min : Mnw-nsw-t-Sm'w (Edfou, I, 3 g 3 , 7 ) = « Min-roi-du-Sud » ; Mnw-nsw-t-ntr-w (Edfou, I, 
3 g 4 , i 3 ; 3 gg, 7)= « Min-roi- des-dieux»; Mnw-nsmt (Edfou, I, 3 g 7 , 16; 4 oo, 10; 4 o 5 , 
3 ) = « Min-le-roi». 

< 9) Edfou, I, 56 1 T 5 , 7. 




— w«( 407 }•« — 

fatigue ; (k dieu) à la course rapide (éîn gé-t), qui ne se pose pas (sur terre) 
Cette forme d’Horus semble être la forme locale dans A'/m-Hiéraconpolis, ou 
le sanctuaire dynastique d’Égypte portait le nom de Pr-wr. 23 . Horus-au-fier- 
visage (Hr éhm-hr) , parèdre dans (?) Edfou®, qui garde Râ dans Iw-nsn ®, 
qui est sorti du Noun avec Geb pour aller à 'n ® , et qui a fait son siégé au Grand 
siège (= sanctuaire-Mén(-t) d’Edfou)®. C’est la personnification de l’épieu 
sacré, qu’on porte en ce moment devant Horus. 24 . Ptah-au-beau-visage, 
grand dieu dans Edfou, chef des chefs au Grand siège, qui est venu du Noun 
dans ‘n ®. Ce Ptah local semble donc étroitement lié à l’Horus-épieu qui l’ac- 
compagne sur la paroi d’en face. 2 5 . Montou-Harakhthes, k vaillant, k puis- 
sant, k grand dieu dans (k temple d’)Edfou (Wr-nht) 26. Mehyt-fUle de Ra, 
parèdre à Edfou, l’Uraeus sur la tête d Harakhthes, la grande Sekhmet dame du ciel, 
k diadème sur la tête de son père (ir &(y))®- 2 7 * Harpocrates-jils de Mehyt, grand 
dieu dans Edfou, k bien-aimé (rwd-mrw-t) ®. 28. Chou-l aine, fils de Ra, grand 
dieu au Siège de Râ, et : 29. Tefnout filk de Râ, parèdre à Edfou, assimilée elle 
aussi à Sekhmet ( 10 >. 

Enfin, la première portée au bas de l’escalier montant a conservé, à droite 
et à gauche, les dix divinités suivantes, qui fermaient le long cortège : 3 o, Le 
bon Faucon de l’Or, grand dieu dans Msn(-l), le puissant rapace qui parcourt 
k champ de batailk (hb-n-f ptr-t), et lacère l’ennemi de ses griffes 3 i. 

« Edfou, I, 5 7 4 , 8-g. 

(*) La restitution est sûre : la figure divine porte son épieu au-dessus du pschent : Edfou, 
pl. XXXVIII h. 

(3) Le territoire sacré de la province d’Edfou. 

W Cf. Gauthier, Les nomes d’Égypte depuis Hérodote jusqu’à la conquête arabe (1935), p. i 38 * 
i 42 : le sanctuaire central du nome hérôopolite. II semble que cette localité, dont 1 emplace- 
ment est toujours incertain, soit lié aux Msn^t) du Nord et du Sud, dans les textes d Edfou. 

{5 > Edfou, I, 56 1, 10-11. 

w Edfou, I, 57/1, 1 1 . 

< 7 > Edfou , I, 5 7 4 , i 3 . C’est le dieu d’Erment, et, ici, de Pr-'hî « Oxyrhynchos . L’existence 
d’un Pr-hî à Edfou ( Wb.,l , 5 i 5 , 8), d’après les textes du Mythe d’Horus , est peu probable. 

(•) Edfou , I, 5 7 4 , 16-1 7 . C’est la déesse de This et de Sehennytos. Elle possède une chapelle 

particulière à Edfou. 

(,) Edfou, I, 5 7 4 , 18-1 g : forme locale d’Harpocratès à This. 

<*•) Edfou, I, 56 i, i 3 , i 5 . 

("> Edfou, 1 , 575,2-3. C’est une forme différenciée de l’Horus de Mén(-t), fils de Râ et d’Hathor, 
à Edfou. 

5 a . 


—m^( 408 

Thot-deux-fois-grand d’Hermopolis , maître de la formule (nb sér) au Grand siège, 
dieu vénérable qui a créé toute la terre; l’intelligent, maître de l’intelligence (é;r nb 
&r(»t)) dans Edfou, le maître de la bibliothèque au Grand siège ('h Ces deux der- 
nières divinités semblent constituer, l’une en face de l’autre, le couple 
traditionnel d’Horus et Thot, maîtres des consécrations royales et divines. 
3 2 . Khnoum, chef du grand collège d’Edfou, grànd dieu dans Edfou W. 33. Menit- 
la-grande, parèdre à Edfou, maîtresse de la cour ( divine ) (nb*tsnw-t), dame des 
(dieux) messagers (hnw-t wpwti-w), la puissante, qui inspire la crainte, qui lance 
sa flamme contre les ennemis de Méhn-t, celle qui est maîtresse en son heure 
(mtr-é) : c’est probablement la P; 4-f locale de Speos-Artemidos W. 34. Horus 
de Létopolis, grand dieu parèdre à Edfou, Khentenirti né de Nout, héritier du Prince 
vénérable (= Geb), maître des yeux ( divins ) : c’est l’image d’Ounnefer le justifié W. 
35. Horus-aux-deux-yeux (Hr mr-tî), le puissant dans Tw-nsn M. 36. Horus 
Kentehhthai (Hr hnt-hty), grand dieu dans’ Iw-nsnW. B'j. Amon-le-Secourable 
(Tmn-pj-'dr), grand dieu dans Edfou, le dieu qui lève le bras, qui se fait gloire 
de son membre, le taureau qui féconde les matrices (kj ts hm-w-t) W, Celui dont les 
femmes se réjouissent à voir le visage W. 38. Anwn-de-l’ ènseigne-du-dieu, grand 
dieu dans Edfou, le dieu qui lève le bras, qui se fait gloire de son membre, le dieu 
divin (ntr ntri)( * * * * 5 * 7 * * 10 ), puissant par sa sainte image (?) dans Edfou ( n >. 3g. Râ-Horus 
dans Edfou, grand dieu dans Wts(-t)-Hr, le soleil dans l’Horizon, qui traverse le 
ciel sans cesse, (et) repose dans Mén(-t), à jamais ( J2 ). Cette dernière image ne fait 


ll) Edfou, I, 5 6 1 , 18, à 56 a, î. 

(,) Edfou, I, 575, 4 : le Khnoum d’Edfou est créateur et dieu des origines, comme chef du 
collège des dieux (m'bîy-t) ; il est aussi nourricier, comme Hâpy. 

« Edfou, I, 5 7 5 , 6-7. 

<•» Edfou, I, 3 i 4 , 18. 

(5) Edfou, I, 575, 9-10. Ces épithètes de l’Horus de Létopolis ne sont pas conformes à sa 
nature ancienne. 

(,) Edfou, I, 575, il. ’lw-nsn — la province sacrée d’Edfou. Le dieu porte ensuite ses épithètes 
habituelles de sacrificateur des ennemis de Râ, à Pharbaithos. 

(7) Edfou, I, 56 a, 3 . C’est l’Horus d’Athribis. 

« Cf. Wb., V, 3 9 8 , 19. 

m Edfou, I, 575, i 4 -i 5 : ce sont les épithètes de Min-Amon. 

(10) Les termes de faucon et de dieu sont synonymes, au temple d’Edfou. 

<**» Edfou, I, 56 s, 6-7. 

Edfou, I, 56 a, 8-9. 


— **■( 409 — 

pas partie de l’ennéade : elle est une forme abstraite, supplémentaire, du 
dieu d’Edfou, importante au rite du Nouvel an : c’est, par anticipation, 
le dieu tel qu’il va redescendre, après le toucher du soleil. C’est l’entité unifiée 
des deux-dieux d’Edfou : celui qui renaît, et celui qui se conserve éter- 
nellement. 

Tel est le choix fixé par les décorateurs, dans la vaste foule divine des 
ennéades du temple. Sur les 39 divinités, 18 sont des variantes, locales ou 
étrangères, de l’Horus solaire d’Edfou : c’est à bon droit que toute puis- 
sance divine devient, dans le vocabulaire théologique local, un horus, une 
hypostase du dieu faucon. Mais de plus ce choix avait une autre raison 
d’être, qui résulte de la précédente. Selon l’usage de l’époque, les péri- 
phrases particulières désignant les images divines montrent qu’il s’agit 
d’idoles bien déterminées. Il est extrêmement vraisemblable que nous 
voyons défiler sur les parois de l’escalier d’Edfou, sous l’apparence de divi- 
nités à forme humaine, l’ensemble des icônes les plus vénérables des sanc- 
tuaires et des cryptes du temple, à l’époque de Philométor. 

La procession descendante montre un changement sensible dans l’ordre 
des personnages qui suivent les litières. Au lieu de ne tenir compte que des 
dieux assistant à la fête, elle intercale cinq prêtres à droite, et cinq aussi à 
gauche, qui sont aujourd’hui presque entièrement détruits h). D’après 
les légendes en partie conservées, les trois premiers, de grands princes sans 
plus préciser (h’,tî- wr), purifiaient et encensaient le chemin des dieux. 
Les deux derniers (un intendant du (dieu) d’Edfou, et un autre grand prince) 
psalmodiaient, la main droite levée en signe d’adoration, les chants conduits 
par les hiérograinmates et cérémoniaires devant les litières. Ces hymnes 
s’adressent à cet instant, déclarent les notices, aux dieux de l’ennéade dont 
les images suivent dans leurs petits tabernacles (2 h Derrière la foule des prêtres 
pastophores dont les titres honorifiques étaient, avec moins de variété, ceux 
des porteurs d’enseignes^ marchaient, les derniers de tous, deux flabelliferes 


O Edfou, pi. XXXVII c : les cinq premiers personnages avant les porteurs de tabernacles; 
pl. XXXVII e partie inférieure des figures de prêtres, derrière la litière d’Hathor. 

W Edfou? I, 54 o, 19, à 54 1, 4 . 

W Edfou j I, 54 1 , î o-i 2 . On trouve neuf titres différents. Il y en avait, semble-t-il, neuf autres, 
appartenant aux porteurs de tabernacles de la paroi est, aujourd’hui détruite. 


410 )h 


dont l’un a disparu avec la paroi qu’il décorait. Le centre de leur éventail 
de plumes d’autruche était décoré au cartouche royal d’Horus d’Edfou, 
encadré des deux uraeus. 

Deux petits commentaires s’appliquent au défilé des dieux à la fête du 
Nouvel an. Voici leurs deux portions terminales, qui donnent quelques 
détails sur cette partie de la procession. Les textes en sont gravés en colonnes 
derrière chaque file, au bas de l’escalier est : 


8 .=.. fi -= 4-1 

^^“=1 * 0 v~T ! JT— P ! 

1 1 ~ o j ; ~ s : «l *1- 


i . Ils marchent en paix, ils s’avancent en joie, en leur marche triomphale. Ils 
défilent tous lentement, très saintement (m-én r-iwén m kb-nmt-t, m dsrw wr). 
La statue d’Harakhthès a pris (sa) course à leur tête : elle est comme le soleil qui 
bulle au ciel. C’est un (faucon-)gmhéw, qui a saisi le membre de son ennemi. 
Les deux couronnes d’Égypte sont réunies sur sa tête; la belle plume et la grande 
(double-) plume apparaissent sur son front (sw-t nfr(-t) hn c sw-ti-wr(-tî) hr wp m 
dnn-t-f) W.Son fils Chou est un lion sur son sanctuaire ; (est là) aussi sa fille 
aînàe (s;.f Sw m mji hr Îî t-f, m-b sM-f wp-h-t-f) WJ (Sa) Majesté s’en va au 
siégé de la Première fête, pour joindre avec joie (éimj) son âme à son image : 
(alors) (les dieux) seront stables en leurs corps dans Edfou; Msn(-t) durera (à 
jamais) sous leurs idoles W. 




(1> Allusions précises à la statue d’Horus-Râ : cf. plus haut. 

m Cf. un texte parallèle à ce passage : Mamette, Dendéra, IV, pl. ao, col. 4 : ii-t, au lieu de 

E f u > l ' 5 ? 6 > a ' 6 ;> f - P^HL, /. H., II (.•), pl. LXII-LXIH (L), et trad.: xi., II (a»), 
p. 3g-4o. , > \ 


—♦-*•( 411 )•« — 

2. Leurs images sont en place pour monter (en) leur grand ciel (^y-t-én wr-t), 
(en) ce jour de l’Ouverture de l’an. Ils suivent le chemin de l’escalier jusqu’à 
l’Horizon, ils s’avancent en triomphe; la grande (déesse-)Faucon qui brille à leur 
tête, c’est la puissante Hathor.de Dendéra! (Alors) ils dureront en leurs formes (é'h) 
par devant le Maître de Mén(«t), sans fin sur terre, à jamais W. 


3. — LA PROCESSION SUR LA TERRASSE. 

i° Le débouché sur le toit du temple. — Tel est l’ensemble de la documenta- 
tion imagée ou écrite sur la procession en marche, dans l’état actuel du temple. 
Par elle se révèle le long cortège qui défilait dans le secret des murailles, aux 
fêtes du renouveau de l’année. Les enseignes montaient, haut levées au- 
dessus des têtes. Les plateaux chargés d’aliments, les jarres pleines de bois- 
sons, les bouquets serrés sur leur armature, les tables d’autel légères et les 
socles des tabernacles suivaient, sur la tête ou dans les mains des porteurs 
sacrés. Le petit matériel de la toilette divine arrivait, aux mains des prêtres 
de l’escorte. D’autres prêtres aspergeaient les marches et les parois de gouttes 
d’eau pure, ou faisaient flamber, sur les braises du bras d’Horus, des pincées 
d’encens. Les cérémoniaires de la fête psalmodiaient à voix haute les formules 
du manuscrit, et chantaient des hymnes. Certains accompagnaient de leurs 
sistres le rythme des chants de louange. Alors arrivaient les armes d’Horus 
et de Khonsou, puis le roi montant les marches à pas lents, l’encensoir en 
main, la face souvent tournée vers les dieux. La litière d’Horus s’élevait vers 
le ciel, pendue au cou de ses porteurs, dont les mains soutenaient le socle 
d’or. On ne voyait que le voile de toile fine tendu aux quatre angles ; le dieu 
restait caché derrière, dans son tabernacle. Hathor suivait, toute semblable; 
des cérémoniaires purifiaient et chantaient derrière elle. Le long cortège des 
hôtes divins du temple montait à son tour. Chaque tabernacle contenant son 
idole reposait sur les mains de son porteur, qui l’écartait de son corps, devant 
lui. Tout au fond, tandis que les premiers officiants arrivaient déjà sur la 


(,) Edfou, I, 56a, i4-i6 ; cf. Piehl, I. H., II (i°), pl. LXIII-LXIV (M), et trad. : id., II (a 0 ), 


K 412 


terrasse, les éventails royaux <■> inclinaient encore leurs plumes blanches pour 
protéger les images des dieux. r 

Quelques fragments du rituel nous sont parvenus. Ils sont inscrits au-dessus 

des paliers, et sous les fenêtres. C'est d’abord la prière du premier hiéro- 
grammate : 




Lecture du cérémonial : J’ai prit la tablette d’argent et d’or, ci sont gravées le s 
formules du service dmn (et) les hymnes (tiw;.») en (écriture) cachée, .pour entrer 
a a terrasse [du temple ) et au ( chemin ) circulaire qui [se trouve) sur elle (r 'k 
tp-b-Unw hr.f), en perfection (r nfr-wr)». [J’ai pris) aussi le «grand cérémo- 
nial (hs-w) de toucher le soleil », gravé (ddb) sur tabktte, avec une copie des « livres 
de conjurations [J) pour abattre les adversaires » (hn' én-nw md^-w-t îh-w (?) n éhr 
ébi. w ) W . Je les lis formule par formule, que je psalmodie (nîé-n-î) devant toi (hr h’-t-k) 
Je lis dans le livre (m sfdw) «pour abattre ton ennemi sur ton chemin»: Je chante 
(dd-n-i), portant le rituel (nt-') pour prier ta Majesté, afin d’apaiser ton cœur, 

• YT* tU ° S \ dans ton ciel (^y-t-k) ! r exalte ton Uraeus qui brille sur ton front 
(m b M-k), la grande Hathor de Dendéra, réjouissant ton image et ton âme au ciel, 
ainsi que l’ennéade gui le mit! (Puis) j’mtmmrai l’.hymm de l’arrêt mr toi 
(lmu-)pur, (iw-ln-i éw;8 n htp (,r w'b(.t).f), « Us t grandes formules cachées 
de la terrasse » (r;-w »)., wr-w n tp-h-t), (qui son,) établies à jamais, stables 
pour toujours, indestructibles sur terre, éternellement /W 

Ce sont aussi trois hymnes au soleil levant. Le premier, gravé au-dessus 
du second palier de l’escalier, est trop endommagé pour présenter un sens 

; — — - — — ^ ' — • * * 1 

2 ÎT ,2T“w •* J '""" ** d “ d ’. Mru ’ l “ W'< •/*> «ftp) : Rituel de Meut, Pop. Berlin, , 6 , 6 . 

, «» ’“« r“. “ “ kiér »Blypl«t< était vraisemblablement corrompu. 
hdfou, I, 568, i -6 (=9 colonnes : io3 à m); pl. XXXVIII n. 


suivi W. Les deux autres font suite à ceux du bandeau de la cour où l’on 
« réunissait les aliments ». Ils sont conçus dans la même forme poétique, et 
sont d’égale longueur. Ils faisaient vraisemblablement partie du même recueil, 
et forment lien entre les diverses parties du temple où la même fête se dérou- 
lait : 

a) Hymne du second palier (angle nord-est), sous la fenêtre-soupirail : 

Le soleil est apparu du côté de l’orient : la voûte céleste est débarrassée de nuages 
(gïw-tw m igp). Horus de l’Orient brille au ciel, il entre au soupirail du Grand 
siège (ws(y) n é-t-wr-t). C’est l’âme de l’Orient qui s’envole vers les deux, et fait 
resplendir sa lumière par la fenêtre (ssd) ! L’ Horus des Horus se lève; û s’éloigne 
vers le ciel, unissant ses rayons à [son) image sainte (m s 'h sps) : c’est le dieu 
matinal, c est Khépri [qui sort) du monde inférieur à l’aube (tp bkj), et dont l’éclat 

(imjw-f) [ ]! Râ se manifeste sur la montagne de l’Est, s’élevant (pl) * * (3) 4 5 au 

firmament (hy-t) ; sa splendeur illumine le Siège des deux-dieux! C’est le juge 
suprême qui tranche le ciel W (wd'-ry-t wd'-n-f ry-t), [quand) son éclat (hddw-t-f) 
fait resplendir le Château d’ Horus, [quand il) brille aux (îmitw) deux sur les mains 
des deux Sœurs [ divines ) Son être renaissant (méw-t)W s’unit à son image : le 

t‘> Edfou , I, 5 7 3, 9 - 1 5. 

<*>-Cf. plus haut. 

(3) Faute de graveur : l’oiseau qui se pose, aü lieu de l’oiseau qui s’élève. 

(4) Jeu de mot peu traduisible, entre md'-ry-l = Celui qui tranche h jugement, et wd < ry-t — tran- 
cher la voûte du ciel (dans sa course, en parlant du soleil). 

(5) Image traduite par le groupe hiéroglyphique récent pour dwlw ( Wb V, 4s 2 , 1 ) : Isis 
et Nephthys portant le soleil naissant sur leurs mains, au-dessus de la falaise de l’Orient 

Wb.,ll, i4i, ik. 


puissant Râ apparaît dans l’Est (imi-wr-t), et donne lumière sur son Siège (ô ! Il 

sort du Noun, sortant de Pwn-t, et illumine (éjsp*n*f) [ J depuis la 

montagne (l'Orient (B; h) ! (Quand) il se posera sur celle d’Occident (Mjnw), son 
cœur (ib) sera (toujours) sur son Grand siège : il descendra sur sa statue, et sa 
Majesté [sera satisfaite (?)•] ([htp (?)] hm-f). (Car) c’est un dieu (?) qui se ré- 
jouit du bien, à tout jamais (ntr ;mé-îb*f m tp-nfr mn r nhh), qu’(il) brille (lui- 
même) au ciel, (ou) que ses images étincellent dans le temple d’Edfou! (wbn-tw m 
hr-t, é'h»w*f péd hnt P) ( * 2 3 4 ). 


b) Hymne du palier du temple osirien (angle sud-est, montant est de la 
porte) : 

! * i ut i : flf ± n - î ) : rc n t uï 


Le Soleil est apparu : il a repoussé le(s) nuage(s), et le ciel est débarrassé de (sa) 
brume. Les ténèbres (une fois) chassées (knhw hér), le brouillard s’écarte (rwi ïgp), 
et la voûte céleste est pure de tout mal (gb-t twr-tw r dw nb) : c’est Horus d’Edfou- 
grand-dieu-du-ciel, qui se lève en l’Horizon d’orient; ce sont ses rayons qui illumi- 
nent le pays! Il emplit le monde de sa lumière, il brille sur la montagne de l’Est, 
tous les jours, et s’avance vers sa place d’hier. Ses yeux éclairent le cercle des terres, 
son éclat éblouit l’univers, (quand) il apparaît hors du Noun, Soleil-ailé divin, et 
monte au (ciel) lointain, à l’aube (dwjw dwîw) ! Sa forme sainte est celle d’un 
disque d’or; il est un puissant Soleil-aiU <f (or-)ktm(-t). C’est le Maître des dieux, 
le faiseur de dieux, le maître universel, le Seigneur de l’ennéade, l’(être) qui fut par 


(1) C’est-à-dire : le temple d’Edfou. 
m M ou > I» 5 7 3 , 1 8, à 5 7 4 , 7 ; pl. XXXVIII r. 


■ "U »( 415 )*«h — 

lui-même, l’(être) sans pareil! (Il est) celui qui brille, et l’on vit de sa vue. Il est 
un scarabée sacré, et sa forme est celle du faucon. Il est le Beau-de-visage au Grand 
siège, (il est) le (Très)-Haut (tnî) qui se lève dans l’orient. C’est le (dieu) d’Edfou 
au-plumage-mnucheté, riche d } existence, divin en sa forme nouvelle, qui dans l’Horizon 
sort du Noun, parcourt le ciel, illumine cette terre, quand sa Majesté sort du Champ 
d’Ialou, avec la grande Hathor de Dendéra, sa puissante fille, devant lui W ! — 
(Souhait au roi) W. 

2° Le service sur la terrasse. ■ — La procession débouchait alors sur la terrasse 
pour y déposer les tabernacles, et faire toucher le soleil aux divinités. Le cortège 
.suivait le chemin de procession qui tourne autour du centre de cette terrasse, 
de l’est à l’ouest, au long du mur d’enceinte qui la clôt. C’est ce que la prière 
du hiérogrammate W appelle : la terrasse (du temple), et le (chemin) circulaire qui 
(se trouve) sur elle (tp-h-t, snw hrf). On ne passait pas au centre : ce dernier 
est constitué par une toiture plate en dalles de pierre, de niveau plus élevé 
que le pourtour W. 

La procession, s’avançant vers le nord, passait d’abord entre le mur de 
clôture de la terrasse, à sa droite, et, selon toute vraisemblance, un parapet 
de pierre très bas - 5 ). Ce parapet protégeait le haut du puits rectangulaire, 
à ciel ouvert, que formait la cour des offrandes vue du toit ( 6 ). Le passage 

11 * Allusion à l’uraeus du diadème, au front du dieu solaire. 

(S) Edfou, I, 55i,i9, à 552 , 7 ; pl. XXXVIII k : la porte qui mène au sanctuaire osirien h-t-nb 
(Edfou, I, 552 , i 3 ; - 553 , 2 et 4 ) doit être rétablie, à gauche du fragment de paroi conservé. 
C’est le seul hymne, parmi les quatre de la même série, dont Piehl ait publié une traduction 
dans son opusçule : Quelques petites inscriptions provenant du temple d’ Horus à Edfou (1 89 7), p. 4 - 6 , 
après la ^publication de Von Bergmann (H. L, pl. XXIV), et sa traduction (H, L, p. 17-18). 

(3) Cf. plus haut, p. 4i2 : Lecture du cérémonial. 

(4) Cette toiture centrale surélevée correspond aux surfaces réunies de la salle de V autel, de la 
salle de Vennéade, du sanctuaire des barques , et du couloir circulaire (smy(’t) qui entoure ce dernier 
(cf. Edfou, pl. I et II). Le chemin de procession correspond, de son côté, à la surface réunie de 
toutes les chapelles (sh>w) desservies par le couloir smy(-t ) au rez-de-chaussée du temple, et, 
en plus, à la moitié environ de l’épaisseur totale du mur extérieur du temple proprement dit. 
Les cryptes ménagées dans ce mur se trouvent donc sous le chemin de procession de la terrasse 
(cf. Edfou, pl. II). 

(5) Ce parapet est détruit aujourd’hui. 

(#) Cf. le plan de la terrasse du temple d’Hathor à ‘Dendéra, montrant une disposition sem- 
blable (Mariette, Dendéra, IV, pl. I), et le plan de la terrasse du temple d’Horus à Edfou, 
publié dans le présent ouvrage. 


- * ** > * ( &16 )*t i ■ ■ ■ 

resserré faisait ensuite place à un large chemin de ronde, jusqu’à l’angle 
nord-est du toit du temple. Là se dressait à l’époque ancienne un petit 
temple de pierre, de nos jours complètement détruit. Le souci d’en chercher 
les traces sur les dalles d’Edfou est dû, chez les archéologues modernes, 
à l’existence d’un édifice tout semblable, encore en place aujourd’hui dans 
l’angle correspondant de la terrasse du temple de Dendéra W. 

Le nom de l’édifice d’Edfou est beaucoup plus difficile à reconnaître, dans 
les inscriptions du temple d’Horus, que le nom de l’édifice semblable de 
Dendéra dans les textes du sanctuaire d’Hathor : nulle part, en effet, on ne 
l’y rencontre suivi du déterminatif du kiosque (hly-t), qu’il comporte à Den- 
déra ( (l) 2 * * 5 b Les mots qui désignent le toit du temple, c’est-à-dire sa terrasse 
close, y sont par contre très nombreux : on trouve non seulement le 
terme propre : tp-h-t h-t-ntr®, mais encore une foule de transpositions 
rituelles, qui toutes s’appliquent à la fois au ciel proprement dit (dont 
le déterminatif est toujours employé), et au ciel figuré : la terrasse du 
temple ®. 


‘J 1 C’est ainsi qu’on a pu relever, en des emplacements semblables à ceux de Dendéra, les 
marques laissées par le pourtour des dalles de soubassement dej 'ancienne chapelle de la Première 
fête sur les -blocs de toiture du temple d’Edfou. Les savants de la Commission de l’Institut d’É- 
gypte n’ont remarqué, semble-t-il, à Edfou aucun vestige encore visible du kiosque du toit, en 
1799. Cf. Description de l’Égypte (Édition Panckoucke), t. I, chap. v (E. Jomard), § 2, p. 273- 
287, et spécialement : terrasse du temple d’Edfou, p. 276-277. 

(S) Il existe cependant à Edfou deux exemples du mot hly-t avec le déterminatif du kiosque. 
Mais ils se trouvent au calendrier d’Hathor à Edfou (Edfou, V, 35 1 , 2 ; 358 , h : ((J) hly-t n nsw-t 

, et désignent un petit temple bâti sur le terrain sacré de Dendéra. 

Cf. plus haut, 2 e partie. 

(5) Nombreux exemples dans tous les textes concernant les fêtes du siège de la Première fête. 

w Ce ciel s’oppose au sol des salles intérieures, qui figure à la fois la terre (tl) où vivent les 
hommes, et le lieu divin où sont les morts ( hr-t-ntr ). Les termes qûi le désignent sont : le plus 
souvent hr(-t) ( passim ); ensuite, 'ly(-t) (Edfou, I, 557 12 > etc.); mil (•/) (Edfou, I, 553 , 11 ; 
563 , 6, etc.) ; hy(-t) (Edfou, I, 564 , h ; 58 g, i 3 , etc.) ; Ih-t (Edfou, I, 562, i 5 ; 563 , 6, etc.) ; 
m’b(-t) (Edfou, I, 556 , i 3 ) ; nn-t (Edfou, I, 563 , 10), ou nu:-t — comme au grand calendrier des 
fêtes d’Hathor à Dendéra (Edfou, I, 564 , 12) — enfin même ’ry(-t) (Edfou, I, 557, ®)> mentionné 
avec doute au Wh. (I, 209, 7), et wls(-t) j Edfou , I, 563 , i 5 ), non signalé au même Wh., avec 
le déterminatif du ciel. P-t n’est employé qu’une fois dans ce sens : c’est une répétition voulue 
par le rédacteur (Edfou, I, 554 , 17). 


c 


Wsr-kî-R* mri- Imn 


] 


Il existe cependant, aux textes d’Edfou, des mots qui désignent bien, non 
pas la terrasse entière, mais le petit temple construit spécialement pour y faire 
trôner Râ. Ce sont d’abord des mots vagues, pris parmi ceux que nous venons 
de citer : wb(-t), le (lieu-)pur® , et ly('t), le (lieu-) grand (?) ( 2 ). Ils sont alors 
munis du déterminatif de la maison n, et leur contexte se prête mal à ce 
qu ils s’appliquent au toit entier. C’est ensuite é-t-wr-t=le grand siège, dont 
la valeur précise est fortement marquée en deux passages : son grand siège 
depuis l'origine®, et surtout : son grand siège d’en face®. Là, le tabernacle du 
dieu est décrit au moment ou il débouche sur la terrasse, en marche- vers le 
nord, juste en face de la chapelle du toit. Enfin ce sont des termes qui, à 
Dendera, désignent indiscutablement \ édifice, et non la terrasse ou «ciel» 
du temple, parce que l’image de cet édifice y est gravée comme déterminatif «. 
Ces termes sont : hly-t = le kiosque (c est le mot propre, au sens architec- 
tural), et : é-t-hb-tpy = le siège de la Première fête (périphrase rituelle). 

 Edfou, le premier ne se trouve que dans une seule phrase en ce sens 
précis, aux textes concernant les fêtes du siège de la Première fête. Il garde, 
dans cet exemple, le déterminatif du ciel, et non du kiosque. Ce fait semble 
lui donner là aussi, en apparence, le sens de ciel (qu’il a ailleurs), d’où celui 
de terrasse, ou ciel du temple ®. Cependant la comparaison entre l’usage 
de ce mot a Dendéra et à Edfou montre, bien au contraire, que hly-t n’y 
désigné jamais le «ciel», ou toit du temple, mais le kiosque qui est sur ce 
toit La phrase d’Edfou prend alors sa vraie valeur, et c’est le modèle de celle 


(l) Edfou, I, 568 , 6. 

(J) Edfou, I, 537, 6 . 

(,) S-t-wr-tf dr-blh (Edfou, I, 554 , 17). Cf. plus haut, p. 386 , 1. 22 et note 2. 

( ‘> S-t-wr-tf hft(w) (Edfou, I, 549, 2). Cf. plus haut, p. 38 o, 1. 10 et note 5. 

(5) A Dendéra, ces termes se trouvent dans le même texte, en haut de l’escalier du sud : tu 
rejoins ton Ame dans ton kiosque, ton beau visage (tourné) vers le sud (hnm-i bi t m hly-t-t, hr-t nfr 
r rsy ) . Mariette, Dendéra, IV, pl. 2, col. 2 5 — et : elle rejoint son père dans le siège de la Pre- 
mière fête (hnm-s it-s m é-t-hb-tpy) : Mariette, Dendéra, IV, pl. 2, col. 12. 

Le sens de Dach eines Gebâudes, indiqué par le Wb. (II, 4 7 6 , i 3 ), prête également à 
confusion. Tous les exemples cités en Belegstellen, II, 4 7 6 , i3, montrent qu’il s’agit, non de 
toits, mais de plafonds (Dccke, et non Dach), 

< 7) Il faut donc rattacher tous ces exemples de hly-t à Wb., II, 4 7 6 , 7 : Tempelchen aufdem 
Dach der Piolemâertempel, 


. — w( 418 >«— 

de Dendéra : — ^ ^ Jv, M ’T'i' +T ( Les enseignes 

lui ouvrent le chemin ) , jusqu à ce qu II s’arrête dans son kiosque (r htp-f m hjy-t-f), 
et ( y ) touche le sohil (hnm-n-f itn), muni de ses offrandes (dbl m ih-t-f), son 
beau visage (tourné) vers le sud (hr-f nfr r réy) W. 

Quant au second des deux termes : é-t-ljb-tpy, il est très fréquemment 
employé à Edfou dans les textes concernant les fêtes du siège de la Première 
fête (2 ), et c’est lui qui donne à ces dernières leur titre le plus caractéristique. 
Ce nom est une périphrase : son sens est vague, si on l’examine en lui-même. 
Mais l’existence ancienne du kiosque sur la terrasse permet de préciser ce 
sens. Lorsque le siège de la Première fête ne désigne pas la «tribune solaire» 
(ou (lieu-)pur, wb- (t)) et sa cour des offrantes, c’est-à-dire l’ensemble 
construit pour la fête au niveau du sol, il désigne le kiosque (h’,y>t) bâti 
sur l’angle nord-est du toit du temple, avec la partie attenante de la 
terrasse, où les offrandes de fête étaient déposées devant les tabernacles * 3 4 ). 

Nous devons donc nous représenter matériellement le petit temple de pierre, 
le kiosque ou siège de la Première fête de la terrasse d’Edfou, comme très proche 
de celui qu’on construisit plus tard, à son image, sur le toit du temple de 
Dendéra W. C’était probablement une légère construction de pierre, sur plan 
rectangulaire * 5 ), posée sur un soubassement très plat. Ce soubassement ne 
touchait en aucun point les murs est et nord de la terrasse, ni la partie cen- 
trale, surélevée, de cette même terrasse. Cependant l’édifice barrait complète- 
ment le chemin circulaire des processions. Ses douze colonnes étaient réunies 
par des murs d’entrecolonnement ou «écrans» de pierre, hauts d’un tiers 

(1) Edfou, I, 554 , îo-n. C’est ia dernière phrase du rituel pour la procession de sa Majesté divine 
(bandeau de frise de l’escalier est, côté d’Hathor). Cf. plus haut, p. 887, 1. 9-19, le texte et 
la traduction de ce qui précède. 

(,) Cf. par exemple Edfou, 1 , 8 5 1 , 9 ; 5 i 3 , i 3 ; 55 1 , 6 ; 555,9 ; 558, 3 ; 576 , 5 ; 579, 1 2, etc. 

<3) Ainsi l’usage du terme s-t-hb-tpy, comme celui du mot h’,y-t, s’avère semblable à Edfou 
(où on ne trouve jamais le déterminatif du kiosque) et à Dendéra (où on le trouve : cf. Mariette, 
Dendéra, IV, pl. 2, col. 12). 

(4) Cf. pour l’emplacement du kiosque disparu au temple d’Edfou : Edfou, t. IX, pl. phot. i o 
(republiée); Robichon-Varilie, En Égypte (1987), pl. i 35 ,etle plan n° 2 du présent ouvrage. 
Cf., pour le kiosque du toit au temple de Dendéra : Chassinat, Dendéra, I, pl. phot. 4o, 4 1 , 
m 4 e. Ce kiosque était invisible du dehors du temple, sauf peut-être la partie supérieure de son 
toit voûté : cf. ibid., pl. phot. 24-27. 

{5) La hly»t de Dendéra mesure environ 6 m. 5 o sur 8 mètres. 




seulement de la hauteur totale des colonnes : les rayons du soleil passaient 
donc librement entre elles. Chacune des faces du pavillon montrait quatre 
colonnes,’ un peu plus largement espacées entre elles sur les grands côtés. 
Une architrave et une corniche à gorge reposaient sur les chapiteaux. Au- 
dessus, une toiture de bois stuqué, voûtée à cintre surbaissé, recouvrait selon 
toute vraisemblance le kiosque, et formait un fronton arrondi au-dessus de sa 
façade principale W. Celle-ci était tournée vers le sud : c’est là que s’ouvrait, 
entre les deux colonnes centrales, la porte d’entrée, la plus large, qui faisait 
face au débouché de l’escalier est sur la terrasse *' 1 2 ). Une porte de sortie, plus 
étroite, regardait vers l’ouest et le haut de la rampe à escalier bâti au-dessus 
du dallage de la terrasse, dans l’angle nord-ouest du mur d’enceinte du toit (3 >. 

La procession s’arrêtait devant la porte du kiosque qui lui faisait face (4 ). 
On dressait et on garnissait les tables d’offrandes, en face de cette porte. 
Les porteurs d’images divines continuaient leur marche, entraient au siège 
de la Première fête, posaient leurs fardeaux sur les socles préparés à l’inté- 
rieur. La lumière du soleil de midi devait dans quelques instants toucher 
la face des divinités. Aussi tournait-on leurs tabernacles en sens inverse de la" 
marche de la procession* 5 ), vers la porte supérieure de l’escalier est. Puis 


(I) Toutes les hly-t étaient ainsi recouvertes, semble-t-il. Cf. le signe gravé à Dendéra et à 
Edfou comme déterminatif du mot; voir Chassinat, Mammisi d’Edfou, II, x, note 8. 

C’était l’inverse à Dendéra, où l’orientation était différente. La procession entrait par la 
porte la plus étroite, qui fait face à l’est (des anciens), et sortait par la plus large, qui regarde 
le sud. C’est de ce côté que les faces des idoles devaient être touchées par le soleil. Les portes étaient 
de simples passages entre les colonnes, au centre de l’un des côtés du kiosque. Deux montants 
de pierre soutenaient des vantaux de bois, s’ouvrant vers l’intérieur du pavillon. Fermés, ces 
vantaux formaient une barrière basse, qui s’élevait à la même hauteur que les « écrans» d’entre- 
colonnement. 

® Cf. plus haut, p. 38 o, 1. 3-4 et i i-i 3 . Voir cette tête d’escalier encore intacte à Dendéra : 
Chassinat, Dendéra, I, pl. phot. 4 o. 

(i) Comparer la reconstitution qui va suivre avec la description d.’une fête du siège de la Première 
fête au temple de la terrasse à Dendéra : Mariette, Dendéra, III, pl. 37, i , col. I-II. Plusieurs 
fois, à Dendéra, le kiosque est appelé, au moment du toucher du soleil, le trône (ns-t) de la 
déesse (Mariette, Dendéra, III, pl. 37, i, col. 6 ; IV, pl. 2, col. 2 4 ) : à Edfou comme à Dendéra, 
le sanctuaire du toit est bâti au-dessus de la. chapelle intérieure (sh) qui porte le nom de trône 
de Râ ( ns-t-R '). 

(s) Donc parallèlement à l’axe longitudinal du temple. 


53 . 


les prêtres purifiaient, encensaient la terrasse; les cèrémoniaires chantaient 
l’hymne de l’arrêt sur son ( lieu-)pur 

Alors on procédait à la purification des offrandes, comme à l’instant où 
commence tout service, en tout lieu où il se déroule. Pour cela, le dressoir 
contenant les vases d’eau consacrée arrivait par l’escalier est sur la terrasse. 
C’était là l’usage principal de l’« entrée de service» construite au bas de l’es- 
calier W. Sa décoration intérieure montre uniquement le roi du Sud et du 
Nord, les mains chargées des vases kbhw, conduisant vers le haut deux cor- 
tèges de Nils avec ces mêmes vases ; ou bien encore le prêtre du roi versant 
quatre fois l’eau pure avec le vase nmé-t devant l’image d’Horus W. Ainsi 
le service du celliqp pur n’avait pas besoin de quitter la salle hypostyle, qu’il 
traversait de l’ouest à l’est, pour gagner l’escalier oriental du temple < 5 ). 

Après la consécration des offrandes, le roi donnait le signal du service 
devant les tabernacles. L’office comportait des formules spéciales : c’était le 
grand cérémonial de toucher le soleil gravé sur tablette de métal, et les grandes 
formules cachées de la terrasse. Au moment de la révélation de la face, l’âme de 
dieu se joignait à son corps, quand Horus d’Edfou touchait le soleil. Il le 
faisait d’une manière plus parfaite, semble-t-il, que dans le {lieu-) pur d’en 
bas aux fêtes de fin d’année, puisque la fête du i er Thot était la plus solen- 
nelle de toutes les cérémonies semblables-. 

La présentation des offrandes qui suivait cette phase du service avait grande 
importance au jour de l’Ouverture de l’an, comme elle l’avait au {lieu-) pur 

(1} Cf. plus haut : prière du premier hiêrogrammate, dans l’escalier. 

{,) C’est la « 2* entrée de l’escalier est» : Edfou, I, 677-683 ; pl. XXXVIII t-u, et XLc. 

(3) Contrairement à l’affirmation du commentaire de l’édition Chassinat (I, p. 677, 6-7), l’usage 
de la seconde entrée de l’escalier oriental n’est pas « soigneusement défini par les textes gravés 
sur l’épaisseur des montants de la porte». Le premier texte imprimé (p. 679) a été rattaché à tort 
à l’entrée de l’escalier : il n’a aucun rapport avec l’usage de cette entrée ; il est d’ailleurs gravé 
en un lieu extérieur à elle (cf. pl. XL c). C’est un hymne chanté au moment de l’entrée en proces- 
sion de la barque-litière d’Horus dans la salle hypostyle ( Ih-ïb : Edfou , I, 679, 7), au cours 
d’autres cérémonies que celles du Nouvel-an. Quant aux textes des montants {Edfou, I, 579, 9, 
à 58 o, 4 ), ils ne concernent (cf. plus haut) que l’usage rituel général de l’escalier est dans son 
entier, et non l’utilisation particulière de sa deuxième entrée. 

<4) Edfou, I, 58 o, 7-12, et figure dans le texte. 

{5} Peut-être la porte centrale d’entrée dans la salle de V autel devait-çlle rester fermée, à ce 
moment des offices du Nouvel-an. 


— -§- > *( 421 )•< -»— — 

d’en bas, les derniers jours de l’année. C’est elle que décrivent avec emphase 
les textes des bandeaux d’escaliers. On peut faire état, en cette cérémonie 
de plein air, de la mention des holocaustes {sb-n-édd) : des volailles et des 
pièces de viande étaient entièrement brûlées sur les autels à feu en sou- 
venir de la destruction des ennemis du dieu. Quant à la toilette divine, elle 
était déjà accomplie. La présentation des bandelettes et huiles n’était que le 
complément rapide de l’important sacrifice alimentaire. 

La cérémonie du toit se terminait, avant que les tabernacles ne soient 
refermés, par une présentation de l’idole d’Horus et peut-être de celle d’Hathor 
à tous les prêtres rassemblés au « ciel» du temple W. C’est ce qu’on exprime 
par la périphrase consacrée : les assistants {sacrés) voient sa beauté {mv, nfrvof 
in hnmm-t). 

4. — SORTIE DU CORTÈGE HORS DE LA TERRASSE. 

RETOUR DANS Ménft). 

i° La procession dans l’escalier de l’ouest. — Les purifications finales étaient 
données, les tabernacles refermés. Chaque porteur soulevait de nouveau sa 
charge divine et la procession s’ébranlait dans le même ordre qu’à l’arrivée, 
sauf le groupe des prêtres chargés des offrandes alimentaires. Ceux-là, 
semble-t-il, desservaient les tables d’autel après le départ des dieux. Ils 
faisaient redescendre les mets consacrés, par l’escalier oriental et son « entrée 
de service», vers la salle hypostyle. Ils atteignaient ainsi directement le ves- 
tibule de sortie, en direction des magasins du temple. Le cortège divin, de 
son côté, tournait vers l’angle nord-ouest de la terrasse. Là il trouvait 
l’entrée de l’escaher ouest, dont la partie supérieure montait au-dessus du 
dallage du toit . Il s’y engageait et descendait, dans la fumée d’encens, 

<‘> C’est ce qui se passait à la cérémonie de la terrasse, le premier jour de l’An, au temple de 
Dendéra. Le rite était vraisemblablement le même à Edfou. C’est à la fin des services que les assis- 
tants voient la beauté des images divines : cf. plus bas, fêtes d’Hathor en Épiphi, cérémonie du 
départ d’Hathor pour Dendéra, au temple de Dbi. 

(’> Cette construction a été détruite, au temple d’Edfou : les marches supérieures de l’escalier 
ouest sont visibles aujourd’hui de l’extérieur. Cf. Edfou, pl. VIII ancienne, et pl. X republiée 
(dans l’ombre portée par le mur d’enceinte ouest de la terrasse. C’est la porte d’entrée vers le 

Bibl. d’Étude , t. XX. 54 


au bruit des versets psalmodiés, la vaste rampe en pente douce qui le menait 
d’une seule traite au niveau du sol du temple : 


JTP8i, , iz::ïT.T;;^=iôj:;nr>rr^ri^i'-iMT«*ii 
+^tHflV,V.T\l-l,:»2S4-PTT2)Mik21=TB=L“ 
*^ÇiT^sr;i^feiT«rs:TJ:z,?!Tïnife=5;}: 
i'Yap>j:i0it,^P2gt.Tfsësr;rife,rjfc^i7Uij 
[., «*». ,.™ “ B] f \ KiiV^S'rfPIiiiiXtiSiiîP — 

#üpî- “ t • t «j-rr a Viril i dt - î.a a tp *, t n *, 

Tii ^si;Tr.s:iïTIn, — -f'Ir 


Ol./ 


!Ü . Il a bâti un escalier pour ( Har-)akhthès - 

dans-l’ Horizon, afin qu (II) se rendît par lui jusqu’à son sanctuaire (hm-t-f). C’est 
l’escalier qui est à l’ouest du temple (Mén(-t)) : il (Le) ^ fait passer ( c p) en lui 
jusqu’à sa demeure. Le roi en personne, V encensoir en mains, met en fête sa de- 
meure avec l’encens (kj*t Pwn-t). Ses porteurs sacrés sont les fils d’Horus : ils 
emportent sa Majesté jusqu’à sa demeure. Les fils de Khentenirti, leurs mains sont 
avec les leurs ; ils avancent tous à pas lents (sm-én nb(-w) m kb-nmt-t). Le grand 
prince est à la droite de sa Majesté, et le prince en second est à sa gauche; les prophètes 
aussi (mit-t) font leur office, à jamais (hm ék) ! Le cérémoniaire en chef lui adresse 


( Protocole du ~R<n ! Ptolémée Evergète 


siège du { dieu)au-plumage-moucheté , Horus d’Edfou-grand-dieu-du-ciel, après que le ciel s’est uni 

à la terre Sa Majesté [a été ointe (?)] avec l’huile consacrée; il a respiré {le parfum de) l’huile- 

md(»t) de la Première fête On a accompli pour [lui (?)] les rites du siège de la Première 

fête, chaque année, à jamais! Sa grande Uraeus est [entre ( irnilw)] ses sourcils : c’est la grande 
Hathor de Dendéra, sa nourriture (?) (dîr-f (?)) de justification (n inT-lirw). Qu’il s’assoie sur le trône 
d’Horus, etc ! {Edfou, I, 545, t 8 , à 546, 4). 

(1) Le = le dieu : Horus-Harakhthès d’Edfou. 


l’hymne de louange : ce sont les formules d’entrée au palais (divin) ; les enseignes 
lui montrent le chemin, et chassent l’Adversaire hors de sa route. On a fait holo- 
causte de bœufs gras : (l’odeur de) leur graisse a atteint le ciel. Il y a eu défilé 
(éd-m-rj) du {petit bétail (V*t) : on a rôti leur (chair) dans le temple. On a fait 
massacre d’oies, et de tous oiseaux (lpd-w) engraissés t (ce sont) tes ennemis! Le 
vin et le moût, tribut de V (oasis-) Dédé W, ont fait gloire à ton ennéade. L’oliban et la 
résine, leurs essences (hi-t-tjw-én) furent brûlées, et ton temple est (plein) (m) de 
l’odeur de ton parfum (éti id-t- k). Légumes (frais) (rnpw-t), fleurs, tous fruits 
savoureux (ht nb bnr), on en a fait offrande devant ta Majesté. Les champs (éh-t) 

[ (Maintenant)), [avec (?)] ceux qui te suivent, tu t’en vas en paix vers ta 

sainte demeure. Toute ton ennéade t’accompagne; tous les dieux acclament et exul- 
tent; les déesses saisissent leurs (colliers-) mni«t. Ceux qui sont dans le Château 

du Faucon chantent (le chant) « protection de la terre ». [ ] Le dieu repose 

en son saint tabernacle, après que s’est unie (son) âme (b’) avec l’image de son Ica, 
(et que) ses rayons se sont mêlés à son corps (h'-w-f ) . Les (dieux de) l’ennéade aux 
formes cachées, dont la nature (nfrw-sn) (2 > est secrète (imn), les grandes Puissances 
de é-t-wr-t, elles s’en vont reposer en leurs tabernacles, (car) la lumière de Râ a brillé 
sur elles (Souhait au roi) (3) . 




- m 


ivwi-tiftPiîDiTjyTfypsiLinirï^ 
&r»;?0ë: s gtÏTi2i2;«pgiii2:iP^siiTi:s 
1,2. JL TT Pt- U — ¥3 Y»! VIST Ü 5 1 ! S\î VI !;!.?.* P “ 

i k “izrtit,iT»rî:!n:TPî«T'f?,ssrTtïâS'»^:TS 

reste du texte est détruit.] 

(Protocole du Roi Ptolémée Evergète 7/J. Il a achevé l’escalier par où (r)entre 


(l) Aujourd’hui l’oasis de Dakhla. 

M Cf. Wb., II, 260 , i. 

’(*) Edfou , I, 536, 4, à 537 , 2 : bandeau de frise de l’escalier ouest (côté d’Horus = paroi 
ouest). 


— «.( 424 >«— 

au sanctuaire (Vy-t) le grand Disque-ailé <f (or-)ktm(4) ; il a construit le degré 
(sp;) du .( dieu)-au-plumage-moucheté ', qui se hâte (m éin-gé( 4 )) vers son grand 
siège (svt-wr-t’f ) après la révélation de sa face sur (le toit de ( ?)) son temple 
(m-ht wn hr-f hr tp (-h 4 ( ?)) h • t-ntr • f ) M, avec son ennéade derrière lui, s’a- 
vançant (?) (rwi?)( 2 ) en paix vers sa sainte demeure (r pr*f spé) en sa belle fête de 
l’Ouverture de l’an, et de même (mit4 ié) aux fêtes (et) solennités (m hb*w tp-w-tr) 
(où) sa Majesté sort pour voir le soleil, pour unir (son) image avec (hn c ) son Ame- 
(qui-est)-dans-V Horizon (b;*f m ;h4), (quand) sa lumière est en face de son do- 
maine (sacré) ^ (étw-t-f m-éty n ép*t»f ) W. 

Sa Majesté-en-personne ^ brûle pour lui l’oliban, encense sa demeure avec les 
grains divins. Elle a sanctifié son temple avec une grande réunion ( d’aliments ) ; elle 
lui a- consacré une grande offrande : pain et bière tant qu’il y en a (r e §Mn), 
bœufs (iw’»w, wndw-w) innombrables, gazelles, oryx, bouquetins, tant et tant 
(m rh-t-én) qu’on n’en sait le nombre, ainsi que des oies (rj* w) : (ce sont là) victimes 
ennemies, qu’on fait rôtir sur tes autels! Le vin et le moût ont coulé à flots (ttf-tw) 
en ta demeure; légumes ( frais), fleurs et fruits (dkr- w) savoureux que donne la 
terre, tous mets et toutes offrandes ........ ( 6 7 k 

2 0 La « chapelle des grands dieux)) et son décor. — Le cortège touche terre. 
Il traverse alors une vaste antichambre, encore élevée de six marches au- 
dessus du niveau de la salle de l’autel : c’est la chapelle des grands dieux, 
ou de la grande ennéade W : on y crée les offrandes pour tous les dieux. Le décor 
des murailles de cette chapelle W ne rappelle en rien, à première vue, celui 
des parois des escaliers : rien n’y concerne directement la procession du 
Nouvel an. Partout il n’est question que d’offrandes alimentaires à Horus, 
Hathor, à la triade, à tous les dieux d’Edfou, pour qu’ils les rendent aux 

(,) Il est préférable pour le sens de rétablir un [h-t], oublié à cause de la dittographie. 

(,) Le dieu (et non plus le roi). 

(S) C’est-à-dire : quand, à midi, le soleil est en face du temple. 

<4) Sens rare (inconnu au Wb.) : la province (d.’un dieu) = son domaine. Cf. Edfou, VI, 
i35, 9 . Il est probable que le signe = sp-t a été confondu avec le signe i-i-h dU-t, domaine. 

* * * 5 ' Équivaut à nsw-t ds-f : le premier officiant de la cérémonie. 

Le reste du texte est détruit. Edfou, 1 , 5 3 7 . 4 - 1 3 : bandeau de frise de l’escalier ouest 
(côté d’Hathor= paroi est). » 

(7) Edfou, I, 5 18 , 2 et 8 : ivonn, hly-t. 

<•> Edfou, pl. I, S; pl. XXXVI a, 4. 


• — 425 >«— 

hommes au centuple ; ou bien encore d’hommages aux divinités qui fécondent 
le sol dans la province. Cependant le lieu ne pouvait servir à un autre usage 
qu’au passage des processions qui descendaient du toit. Une fois franchie 
la porte d’en haut, pour rentrer au siège du (dieu)-au-plumage-moucheté, Horus 
d’ Edfourgrand-dieu-du-ciel, après la réunion du ciel à la terre, etc. W, nulle autre 
issue n’est possible vers ce siège que le sombre vestibule inférieur, dédié 
aux divinités nourricières de l’Égypte. Les inscriptions principales de ce 
lieu le proclament, par ailleurs. D’après le bandeau de soubassement de 
l’embrasure de sa porte, il est 4 „ » f ^ £ t , | ^ * 1 \ g 

le vestibule d’escalier ('h t;-rd) ® du (dieu) rayonnant d’or, par où il s’élève 
pour voir l’éclat du soleil au montant nord de la même porte, il est 
+ fe «•*<* d’escalier * 

ce sanctuaire (shm pn), le lieu [par où] entre ('k) à la terrasse le [dieu ( ? ) 
letc.^l 

C’est donc que le symbolisme général des fêtes du Nouvel an comportait 
cet accent sur la fertilité, la fécondité renouvelées dans tout le pays. Rappelons 
à ce sujet qu’au linteau de la porte de l’escalier est, des divinités nourricières 
toutes semblables ont déjà accueilli la procession montante, en marche vers 
le toit et le toucher du soleil : ce sont les grandes déesses célestes, qui se lèvent 
au ciel avec le soleil, au matin; qui entrent dans le monde inférieur avec Atoum, 

, qui créent sa nourriture, ses offrandes journalières . Le contact du 

soleil renouvelle en effet m^4, l’ordre naturel ou exactitude du monde. Aussi 
Horus-Râ uni à son âme solaire répand-il sur la terre, quand il y redescend, 
les bénédictions de la fécondité. À son contact, toutes les puissances créatrices, 
au ciel et sur la terre, s’empressent de rajeunir la matière et la vie. C’est ce que 
symbolise l’offrande de Maât à l’ogdoade d’Hermopolis, gravée au linteau de 

(1) Porte supérieure de l’escalier ouest : Edfou,, I, 545, 18 . 

(i) Cf. Wb.y V, 226 , 4. 

(3) Edfou , I, 5i5, 4. Il est remarquable de constater, ici et dans d’autres textes du même 
vestibule, qu’il est toujours questfon pour le dieu en sa procession du jour de l’An de 
monter (V), et non de descendre. Or il descendait par là, en réalité. Mais l’écrire n’aurait pas été 
de bon augure, semble-t-il; aussi le mot hî ou ses synonymes sont-ils proscrits, et l’escalier 
ouest assimilé à celui de l’est. 

» Edfou, I, 5 1 3, 16 . 

W Edfou , I, 54 7 , 7 - 9 , et pl. XXXV b. 


- — ■+#•( 426 )mm — - 

la porte de sortie du vestibule, du côté de la salle de l’autel «. Et comme 
les fêtes de l’Ouverture de l’an coïncident avec l’arrivée de Sothis et du 
flux du Nil, les divinités fécondantes qui font sortir Hâpy de sa caverne ou qui se 
cachent dans les eaux du fleuve sont aussi à l’honneur, dans leur rôle de 
créatrices des nourritures divines et terrestres W. 

Les quatre vaches des quatre régions du ciel qui approvisionnent les 
tables des dieux; les sept vaches divines, c’est-à-dire les sept Hathors et leur 
taureau fécondateur, qui nourrissent Râ de sa vertu journalière (mf-'t 
r nb), et du même coup la terre entière W; les bons génies de l’offrande : 
le Bouchis d’Erment, le Bélier de Mendès, l’Apis de Ptah et le Mnévis de Râ 
derrière les dieux d’Edfou^; l’ogdoade des dieux qui façonnent la matière ou 
réalité sensible (6) ; les ancêtres royaux divinisés, gardiens de la fertilité de 
1 Egypte ^ ; enfin les serpents sacrés du sol de la province d’Edfou^, et les 
génies de l’eau fécondante du fleuve W : telles sont les principales figures, 
qui sont autant d’indices, gravées à l’intérieur du vestibule de l’escalier ouest. 
Elles affirment toutes que le rite de fête-sed du Nouvel an a atteint son but( 10 >. 


(I) Edfou, I, 507 , 11 , à 5o8, 8 . 

(,) Edfou, I, 5o8, 12 , à 609 , 2 . 

w Chacune de ces quatre régions cardinales est symbolisée par un des gouvernails de la barque 
solaire, placé derrière chaque divinité : cf. Edfou, I, 5s4, n,à5a5, 3. 

Edfou, I, 532 , 3 - 12 . 

(5) Edfou, I, 619 , i3, à 520, 5. 
x Edfou, I, 521, 9 , à 522, 2 . 

(7) Edfou, I, 527 , 1 - 18 . 

« Edfou, I, 525, i3-i6. 

(9) Les mêmes que ceux du portail du vestibule de V escalier ouest : cf. Edfou, I, 533, 4 - 8 . 

(10) Cf. Erman, Religion, 3 e édition (trad. Wild), p. 423. Le jugement porté là sur la valeur 
symbolique du rite de toucher le soleil apparaît superficiel (1. 9 - 25 ). Ce ne sont pas seulement 
les rites funéraires qui ont eu influence sur les rites divins. La spéculation théologique, d’origine 
extrêmement ancienne, a développé jusqu’à l’époque ptolémaïque un symbolisme rituel dont 
on peut reconnaître le germe dans les plus vieux textes sacrés de l’Égypte. Telle est l’explication 
profonde donnée par les représentations de la chambre de Fescalier ouest à Edfou. Ce n’est pas 
seulement pour rencontrer leur père, ou pour contempler le soleil comme des morts divins, que des 
divinités telles qu’Horus à Edfou et Hathor à Dendéra célèbrent leurs fêtes-sed solaires. 
C’est pour entretenir et renouveler éternellement la création du monde, la vie des dieux et des 
hommes. Bien entendu, il n en est pas moins vrai que les dieux redescendent ducie/ vers la terre 
pour reposer en leurs sanctuaires sous forme de morts divins, tout rayonnants de vie cachée. Aussi 


:< 


1 


-«.( 427 

Les derniers actes de la procession du jour de l’An s’achevaient sans parti- 
cularité aucune, semble-t-il. Tel, au cours des jours de fête préliminaires, le 
cortège du dieu quittait la cour des offrandes pour ramener l’image sainte 
dans Mén(-t), tel il y rentrait au jour le plus solennel, sortant de l’escalier 
ouest de la terrasse. Traversant la salle de l’autel, puis la salle de l’en- 
néade, la double colonne de la procession s’engageait dans les deux 
branches du couloir smy^t). Les porteurs des tabernacles de l’ennéade lais- 
saient leurs charges en arrière. Horus, Hathor et Harsomtous parvenaient en 
leurs sanctuaires. On chantait probablement, sur le chemin du retour, le 
cantique de triomphe inscrit sur la paroi ouest de la cour des offrandes W . 
Peut-être aussi le prêtre du roi psalmodiait-il la prière gravée au montant 
ouest du passage de la purification, qui s’ouvre sur cette même cour des 
offrandes W : 

Ton siège est pur : plus de souillure en lui! (0) Horus d’Edfou- 

grand-dieu-du-ciel, (re)viens du « ciel », et pose-toi (sur) ton trône que (ce siège ) 
contient! W 

Deux citations du nom de Mén(-t) M, dont l’une est le dernier mot de la 
prière, semblent s’appliquer au sanctuaire où rentrent les images d’Horus 


la décoration extérieure de la porte du vestibule de Fescalier ouest se conforme-t-elle à la 
symbolique générale du culte, commune à toutes les divinités de l’Égypte. Elle présente aussi 
une vertu de conservation et de protection . Ce sont les génies du monde inférieur, les divinités aux 
formes cachées, qui montent la garde, le couteau en main, debout sur les serpents gardiens, à 
droite et à gauche du portail (voir Edfou , I, 5i 1 , 6 , à 5i3, 9 , et pl. XXXV b : deux colonnes, 
divisées au sud en sept registres et au nord en six, encadrent, comme les 3 o hmws-t des 3 o 
jours du mois solaire, la porte et son linteau consacré aux dieux de la fertilité du sol). 

(i) Cf. plus haut : rituel de la fête du siège de la Première fête sans procession à la terrasse. ' 

(1) Edfou, I, 589 , 9 - 1 5. Cet hymne fait pendant à celui du montant est, qui exalte la pureté 
du temple au moment où le cortège va monter vers la terrasse (voir la traduction de ce dernier, 
plus haut). L’hymne ouest est un des rares textes de la fête du Nouvel an qui fasse une allusion 
précise à la descente de la procession revenant du toit. 

< 3 > Edfou, I, 58 9 , i3. 

(4) Edfou, I, 589 , 12 et i5. 


— w( 428 )**— 

et d Hathor. L installation des statues se faisait selon le cérémonial accoutumé. 
Tard dans 1 après-midi, le service de fête prenait fin. Les officiants se 
retiraient; on prenait soin des accessoires sacrés. Seul le dernier service 

de purification, à la tombée de la nuit, venait animer encore les salles du 
temple. 


CHAPITRE IV. 


LES «FÊTES DU SIÈGE DE LA PREMIÈRE FÊTE» 

DANS L’ANNÉE LITURGIQUE, ET LEUR SYMBOLISME GÉNÉRAL. 

Les fêtes du siège de la Première fête occupaient au total une longue période, 
répartie sur la fin de chaque année et le début de l’année nouvelle. Elles 
commençaient le 3o Mesore, avec la fête de l'Habillement du dieu principal 
de chaque temple ; elles continuaient pendant les cinq jours suivants avec le 
même cérémonial, quoique ces journées soient, en principe, dédiées chacune 
à une divinité différente W. Une sixième journée semblable, placée sous le 
patronage des dieux Evergètes, fut même instituée dans le but de stabiliser 
1 année vague en Égypte, par le décret de Canope ® ; mais la réforme ne semble 
pas avoir été appliquée au delà du règne de Ptolémée III. Ces six ou sept 
journées voyaient le cérémonial se dérouler entièrement sur le sol du temple. 
Les statues divines touchaient le soleil pendant l’office du ( lieu-) pur . 

Le i er Thot, ou Ouverture de l’an, inaugurait la période de fête de Râ et de 
tous les dieux, qui comprenait l’habillement au [lieu-) pur, puis le toucher du 
soleil et le sacrifice alimentaire sur la terrasse des temples. Le début du grand 
calendrier des fetes d Horus au temple d’Edfou, malgré ses mutilations, montre 
que le cérémonial du 1 er Thot était célébré cinq jours durant! 3 ). Une con- 
firmation décisive est donnée par les passages des décrets de Canope et de 
Memphis déjà traduits plus haut. 


* * II est facile de se rendre compte de ce fait par la comparaison des calendriers des fêtes d’Horus 
à Edfou, et d 'Hathor à Dendéra. Cf. plus haut, 2 e partie. 
w Décret de Canope, 1 . 3 9-4 5 ; cf. Mahaffy, The Empire 0/ the Ptolemies, p. 2 35. 

(S) Cf. plus haut, 2 e partie, résultats généraux. 


— «< 430 )•«— 

C’est donc onze journées au total (et même douze sous le règne d’Evergète, 
tous les quatre ans) qui prenaient chaque année, au temple d’Horus d’Edfou 
et ailleurs, le titre de fêtes du siège de la Première fête. Étaient-ce les seules 
pendant lesquelles les mêmes rites étaient célébrés, soit au (lieu-) pur d’en 
bas, soit à la terrasse? Certainement non. Au moins une fois, le 19 Pachons, 
le calendrier des fêtes d’Horus à Edfou cite une fête au toit du temple : c’est la 
grande solennité en l’honneur de Khonsou d’Edfou, ou Khonsou-C hou fils de 
Râ, l’«alter ego» d’Harsomtous. Elle revêt les caractères principaux d’une 
fête-sed royale, comme les fêtes du Nouvel an de Râ Ù). . 

Une phrase stéréotypée revient à tout propos dans les textes d’Edfou que 
nous venons d’utiliser : (en sa belle fête de l’Ouverture de l’an), et de même aux 
fêtes (et) solennités (où) sa Majesté sort pour voir le soleil (mit-t m hb-w tp-w-tr 
pr hm-f r m\\ îtn). Quelles sont donc ces fêtes tp-w-tr, sans cesse assimilées 
à celles du jour de l’An, où la divinité touche le soleil ? Brugsch, entraîné par 
sa théorie astronomique, a voulu y voir les fêtes des débuts de saison : donc, 
avec le i er Thot (ih-t), la fête du i er Tybi (pr-t), et celle du i er Pachons (smw). 
Rien de semblable ne sort de l’examen des calendriers des fêtes. Au contraire 
la fête de Khonsou, la seule qui soit citée avec des rites semblables à ceux 
de la fête de Râ, tombe le 19 Pachons et non le i er , à Edfou. Au grand ca- 
lendrier d’Hathor à Dendéra, la déesse touche le soleil au reposoir de la terrasse 
de son temple chaque fois que son cérémonial propre s’associe aux fêtes 
d’Horus-Râ d’Edfou, c’est-â-dire très fréquemment au cours de l’année litur- 
gique W. Mais elle ne le touche ni le i er Tybi, ni le i er Pachons. Quant au 
sens réel et courant de l’expression composée : tp-tr, plur. tp-w-tr (subst.), 
il apparaît nettement quand on en compare plusieurs exemples. En voici 
quatre, dans lesquels nous emploierons pour plus de précision la traduction 
littérale : tête-de-temps : 

Usage du cellier pur ( Edfi , II, 2 Ai, 4 - 5 ) : [On y consacre la libation, trois fois 
par jour,] (et) à toutes têtes-de-temps où Von officie ([hrp kbhw Imf, sp hmt m hrw ], 
tp(-w)-trnb n irîh-t-ntr). Cf. plus haut (i re partie), p. 23 , 1 . 26 et p. 24, 1. 4 . 

{1) Cf. plus haut, 2 * partie : grand calendrier d’Horus à Edfou . 

{3) A propos de cette fréquence du rite de toucher le soleil au temple d’Hathor à Dendéra, cf. 

1 epithete de mr-shn = Celle qui aime la réunion , portée par la déesse dans son sanctuaire (Duhicqen, 
Baugeschichte des Denderahtempels , p. 6). 


1 >« ( 431 

2° Usage de la salle de l’ennéade : 

[’ L’image sainte de « (Celui qui est) sur son grand siège » est gravée (tout) autour 
(r phr) sur sa paroi], avec (celles) des dieux qui sortent en procession avec lui, à 
toute tête-de-temps qui (est) une sienne fête (fin ntr-w nt(y ) ff kn-f, tp-tr nb nt(y) 
m hb-f) W. 

I 

3 ° Cet autre exemple déclare que la salle de l’ennéade est : 

Le lieu de repos des dieux et des déesses qui sortent en procession avec lui, aux 
têtes-de-temps (ê-t htp pw n ntr-w ntr-w-t h' hn-f, m tp(w)-tr) ( 3 ). 

Il s’agit ici des tabernacles de tous les parèdres d’Horus à Edfou. Il est 
bien évident qu’ils accompagnent l’image du Maître du temple chaque fois 
que celui-ci sort en procession, et non pas seulement trois fois l’an. Or le 
dieu ne sort pas de son sanctuaire aux fêtes régulières du mois : il n’en sort 
qu’aux fêtes énumérées aux calendriers des fêtes, et qui ne reparaissent 
qu’une fois par année. 

4 ° Ce dernier exemple est encore plus probant : c’est le début du grand 
calendrier d’Hathor à Dendéra : 

® 111 1 * m } | ” 

Liste des fêtes (et) têtes-de-temps au (cours) desquelles resplendit la déesse, pendant 

l’année entière (rh-t hb-w tp-w-tr, pêd nlr-t tn îm-én m rnp-t r lw-é) W. 

« 

Il ne peut être question ici que de toutes les fêtes énumérées au calendrier 
annuel, c’est-à-dire des fêtes solennelles. L’expression tp-w-tr vient donc 


(1) Bandeau de frise de ia salle de l’ennéade : Edfou, I, 368, 11 - 12 . 
« Id., Edfou, I, 36 9 , à. 

{î>) Mariette, Dendéra, I, pl. 62 / (col. 1). 


■ ■■ »» > ( 432 )» < ««■■■■ 

doubler hb-w (4°), ou tenir complètement sa place ( 2 0 , 3°). Elle modifie 
peu le sens de hb-w; la traduction pratique semble être : solennités, ou : 
(fêtes) solennelles. Lorsqu’on rencontre l’expression abrégée : au (jour de) 
l’Ouverture de l’an, (et) de même aux (fêtes) solennelles (m wp-rnp-t, tp-w-tr 
mit-t), il est nécessaire de suppléer le complément déjà indiqué plus haut : 
(où) sa Majesté sort pour voir le soleil Ù). Nous ne pouvons donc nous appuyer 
sur l’expression stéréotypée : tp-w-tr mit-t pour déterminer d’autres dates 
précises dans l’année, où les dieux touchaient le soleil, en dehors de celles 
du i er au 5 Thot, et aussi du 3o Mésorê au 5 e jour épagomène. Mais il est 
vraisemblable qu’en beaucoup d’autres grandes journées, entre autres celles 
du 18 au 22 Thot, ou celles de la nouvelle lune d’Épiphi, la procession 
d’Horus pt de son ennéade allait à la terrasse, et y dévoilait les statues 
devant les rayons du soleil. 

Les fêtes du siège de la Première fête sont des fêtes-sed royales, célébrées 
par la divinité. Dieu est le seul roi : il reçoit le culte royal, il en assure les 
bénéfices matériels à tout le pays, selon l’antique croyance sur le rôle des 
rois d’Égypte. Au temple d’Horus, la fête de l’Ouverture de l’an est la fête- 
sed du (dieu) d’Edfou 1 (2) , comme celle du i er Tybi y porte le nom de fête du 
Couronnement royal d’Horus d’Edfou. On y retrouve les éléments qui caracté- 
risent à la fois le vieux culte solaire de Râ à Héliopolis, et la fête-sed royale. 


(1) Edfou, I, 537, 8. Le Dictionnaire de Berlin signale l’expression tp-tr, sans se prononcer sur 
sa valeur précise; cf. Wb V, 270, 12 : Anfang der Zeit. La comparaison entre les deux ex- 
pressions : fêtes et têtes-de-temps (hb-w tp-w-tr ), et : offrande de tête-de-temps ( hby-t n t tp-tr , au 
singulier) (Wb.,Y, 270, i 5 et 16) semble cependant permettre d’aller plus à fond. Tp-tr — 
tête-dc-temps signifie au sens propre : ( fête ) initiale d'un temps (de fête). Il est facile de constater, en 
se référant à la 2 e partie de la présente étude, que de nombreuses fêtes du calendrier liturgique 
des Égyptiens n’étaient pas des journées isolées, mais des périodes entières, de durée variable. 
La journée initiale fournissait le thème liturgique, qui se répétait (parfois avec certaines modi- 
fications) au cours des journées suivantes de la période. La durée de ces temps, comparables 
aux temps de l’année liturgique chrétienne, mais plus brefs et plus nombreux, était de 5 , 10, 
i5 jours, 1 mois solaire, ou encore d’un quart de mois ou d’un demi 'mois lunaire (lune 
croissante). Le sens de tp-tr semble, de là, s’être généralisé et beaucoup rapproché de celui 
de fêtes (solennelles) (hb-w). Nous sommes loin, en tout état de cause, du sens de fête initiale 
des trois saisons (de l'an égyptien ) . 

W Cf. Edfou, V, 397, 6 (grand calendrier d'Horus, col. 2). Comparer Edfou, I, 347, 2 : 
wp-rnp-t, avec comme déterminatif le double pavillon de la fête-sed . 


433 )**— 

La célébration en plein air (*), l’aspersion par l’eau consacrée dans un lieu 
pur (wb(-t)) en pleine lumière, le contact matériel des rayons sur l’image 
divine au centre du rite : autant de caractères communs entre le culte du 
soleil divin et celui d’Horus-Râ d’Edfou en sa fête du Nouvel an. 

L’aspect osirien de la cérémonie, quoique secondaire, est- marqué, et se 
rattache aux rites correspondants de la fête-sed. C’est le corps (d-t) du 
dieu-roi — on le répète souvent — qui monte au toit pour être ranimé par 
les rayons de son âme céleste. Il en est de même pour toutes les divinités de 
l’ennéade, qui sont l’objet d’un service identique, en même temps qu’Horus. 
La reine, dont le rôle est constant dans la fête-sed, semble représentée par 
Hathor, sœur et épouse d’Horus. Les enfants royaux sont tous les dieux 
parèdres, souvent attestés aux textes d’Edfou comme fils de Râ. Le double 
pavillon est remplacé sur les terrasses d’Edfou et de Dendéra par la 
chapelle solaire. Le dieu y prend le nom de Râ, roi des dieux et des hommes 
vivants sur terre. Il reçoit les acclamations des divinités des provinces : ce 
sont les enseignes portées devant lui, et qui l’entourent en ce moment. 
Les chants des prêtres servent d’interprètes entre le nouveau roi et ses sujets. 
La terrasse du temple est tenue pour une cour des fêtes-sed célestes, où les 
viandes de sacrifice fument en l’honneur du dieu qui renaît. Horus-Râ des- 
cend ensuite vers la terre, vers son sanctuaire, d’où il étendra sur le monde 
jusqu’à sa prochaine fête la puissance qui émane de son âme rajeunie. 

Les fêtes du siège de la Première fête n’étaient nullement spéciales à Edfou: 
les grandes divinités de l’Égypte entière les célébraient, chacune en son 
temple, aux mêmes dates. Elles étaient moins marquées que d’autres par le 
particularisme du lieu saint : nous avons donc étudié leurs rites en premier 
lieu. Abordons maintenant, dans la mesure où les documents le permettent, 
le cérémonial de la seconde grande fête annuelle d’Edfou par ordre d’origi- 
nalité croissante : celle de la Bonne réunion d’Horus et d’ Hathor, à la nouvelle 
lune d’Épiphi. 

(1) Comme dans l’ancien temple d’Héliopolis, d’après le sanctuaire solaire du roi Niouserrê : 
cf. Von Bissing, Dos Re-heiligtum des Konigs Ne-woser-rç, Band I, Blatt I. 

La statue d’Horus-Râ dans son tabernacle ouvert, c’est le corps de Râ, comme l’est son 
image de pierre (bnbn), demeure de son kl à Héliopolis. Râ reçoit alors l’embrassement shn de 
la lumière, qui est son âme (bl). 

BibL d' Étude, t. XX. - 55 


w 


à 







U temple cfHorus à Edfou. Partie nord . Etat ancien de. la terrass 






TABLE DES MATIÈRES. 

Pages. 

Introduction . , ix 

\ ( * 

PREMIÈRE PARTIE. 

Le CULTE REGULIER AU TEMPLE d’EdFOU. 

Introduction * 1 

Chapitre premier. — La journée du culte régulier à Edfou. Service journalier et service 

solennel au sanctuaire 3 

Chapitre II. — Le service journalier du matin, ou grand service journalier. 9 

i . Entrée de l’eau ^ * 9 

9. Introduction de l’offrande.. 9 5 

3 . Purification de l’offrande * 46 

4 . Consécration de l’offrande. Rôles du prêtre du r roi et du serviteur 

d'Horus 5 o 

5 . L’office journalier au sanctuaire 69 

I. — La «première entrée» 60 

A) Actes préliminaires 60 

B) Révélation de la Face divine 69 

C) Contemplation et louanges 79 

II, — La «seconde entrée» 8t 

* À) Le repas divin 84 

B) La toilette divine 89 

C) Les purifications finales 93 

6. Service dans le temple •. . ., ; 98 

7. Sortie de l’offrande io 3 


55 . 


4-**( 636 ) m i" ■ 


Pages. 

Chapitre III. — Le service journalier de midi...' I0 7 

1 - 3 . Entrée et consécration de l’eau. Purification des vases sacrés 109 

4. Purification des images divines 1 1 1 

5. Rôle des images royales 119 

Chapitre IV. — Le service journalier du soir 191 

î-B. Entrée de l’eau. Introduction de l’offrande. Purification et consé- 
cration de l’offrande. Service dans le temple 1 9 1 

4. Service du trône de Bâ * 19 ^ 

5. Sortie de l’offrande *^ 9 

Chapitre V. — Le service solennel au sanctuaire *33 

1 . Entrée des officiants Vi i 

3 . Rôle des cérèmoniaires. Rituel parlé, et chants i45 

3. L’office de fête au sanctuaire ‘58 

o) La « première enttée »...., .•«•••_ 1 ^ 

b) La «seconde entrée» • 

1 . Le grand service des aliments..,. *••• 181 

3.. La toilette divine. Service de la parure 166 

3. Purifications. Fin de service. . . . •••• - *7® 

4. Périodicité du service solennel au sanctuaire 176 

Chapitre VI. — Esprit du clergé d’Edfou dans sa tâche journalière 181 

Conclusion. — Le culte régulier et les fêtes ' • *9^ 

% 

DEUXIÈME PARTIE. 

Les fêtes d’Horus au temple d’Edfgu, d’après les caiexdriem des fêtes . 

Introduction * *97 

Chapitre premier. — Caractères généraux des listes des fêtes 1 99 

1. Premier type de liste des fêtes « *99 

2 . Second type de liste des fêtes * »• * • * 209 

3. Comparaison 20 ^ 

Ghàpitre II. — Les calendriers des fêtes des temples d’Edfou et de Dendéra • * 

î. Petit calendrier des fêtes d’Horus, à Edfou... 

2 . Grand calendrier des fêtes d’Horus, à Edfou 

3. Calendrier des fêtes d’IIathor (valable pour Dendéra), à Edfou .... 2 1 5 

4. Petit calendrier des fêtes d’Hatbor, à Dendéra 9 3g 

5. Grand calendrier des fêtes d’Hathor, à Dendéra 

» 


— < 137 

Chapitre III. — Étude préliminaire. Application locale des documents »5'i 

i . Examen et discussion. . a 5 1 

a. Conséquences - 9 ® 9 

A) Calendrier des fîtes d’Hathor à Dendéra, gravé à Edfou 26 a 

B) Édifices sacrés d’Edfou et de Dendéra . . , * 9 85 

C) Nature réelle du « Voyage d’Harsomtous vers. H!-di» 268 

3 . Valeur des documents pour la connaissance du culte d’Horus à Edfou . . 270 

Chapitre IV. — Fêtes d’Horus au temple d Edfou 9 7*^ 

1 . Fêtes de la saison lh-t (I à VI) 9 7^ 

2 . Fêtes de la saison pr-t (VII à XVI) 9 ^ 9 

3. Fêtes de la saison imw (XVII à XX) •- 9 9^ 

Conclusion. — Fêtes d’Horus d’Edfou dont les documents du temple permettent une 

étude plus complète ^ 00 

TROISIÈME PARTIE. 

Les fêtes do siège de la première fête (3o Mésorê-5 Thot). 

Chapitre premier. — Nature des fêtes, selon le lieu où elles se déroulent 3o 3 

Chapitre II. — Us fêtes du siège de la Première fête en fin d’année 3o 9 

‘ i . Entrée de l’offrande ^°9 

3 . Entrée des officiants ^ 1 1 

3. Nature du sanctuaire Mén(-t ), 

. A) Documents » 3i4 

B) Le naos et les images divines . ... 3 i 7 

C) Les armes divines ^ 9 ^ 

4. Le service dans Msn(-t) 

5. Organisation du cortège *327 

A) Les dieux de Màn(-t) : la triade d’Edfou 327 

B) Les dieux des chapelles : l’ennéade d’Edfou . 3a 9 

6 . Marche de la procession, de Msn{-t) au ( lieu-)pur . . 337 

7 . Rôle du (lieu-)pur aux fîtes du siège de la Première fête »... 3 4 1 

. 8 . Mise en place du service au ( lieu-)pur ' 

o. L’office du [lieuApur. Les documents 34 9 

A) Le rite de touchsr U soleil 

B) Présentation de l’offrande, et habillement des statues divines 355 

C) La parure des statues divines 36o 

1 0 . Sortie du cortège hors du ( lieu-)pur . Retour dans Msn(-t) 368 


*( 438 

Page». 


Chapitre III. — Les fêtes du siège de la Première fête au début de l’année 376 

1. Le service dans l’intérieur du temple. 376 

A) Le service au [lieu-)pur {purification, habillement et parure ; départ de 

la procession vers la terrasse du temple) . . . .\ 375 

B) Les documents écrits sur la procession montant V escalier 378 

2 . Le cortège dans l’escalier de l’est, d’après les bas-reliefs des parois ... 389 

A) Les enseignes $90 

B) Les porteurs d'offrandes ' 3 93 

C) Le clergé d'Edfou * 3g5 

D) Le roi et les armes divines 398 

E) Les litières divines 4o 1 

F) Les images divines derrière les litières * . 4o3 

3 . La procession sur la terrasse 4 n 

A) Le débouché sur le toit du temple ( lecture du cérémonial et chant des 

hymnes) / 4 ü 

B ) Le service sur la terrasse ( halte ; purification et consécration de V offrande ; 

toucher du soleil; présentation de V offrande; vision du dieu) 4 i 5 

4 . Sortie du cortège hors de la terrasse. Retour dans Mén(*t) 4 qi 

A) La procession dans V escalier de V ouest 42 1 

B) La chapelle des grands dieux et son décor 4 q 4 

Chapitre IV. — Les fêtes du siège de la Première fêle dans l’année liturgique, et leur 

symbolisme général 429 

Table des matières 435 

Planches hors-texte. 


I. Le temple d’Horus à Edfou. Partie nord Entre p. xx et p. i t 

II. Le temple d’Horus à Edfou. Partie nord. État ancien de la tarrasse 

Entre p. 434 et p. 435 






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